:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de m’avoir invitée, au nom du CRSNG, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, à venir vous parler des efforts que nous déployons pour combler les lacunes dans les compétences. Nous sommes très heureux de pouvoir souligner les progrès que nous avons réalisés au chapitre de la formation de la prochaine génération de scientifiques et d'ingénieurs afin de remédier à la pénurie de main-d’œuvre dans ces professions très en demande.
Notre mandat consiste en grande partie à développer de nouveaux talents au Canada dans le domaine des sciences naturelles et du génie. Le CRSNG vise à faire du Canada un pays de découvreurs et d’innovateurs. Au cours de la dernière décennie, le nombre d’étudiants et de stagiaires postdoctoraux qui ont bénéficié de l’appui, direct ou indirect, du CRSNG, s’est accru de 88 p. 100.
[Français]
L'investissement de un milliard de dollars du CRSNG permet à 41 000 stagiaires et chercheurs chevronnés des universités et collèges de l'ensemble du pays d'explorer des idées et des innovations prometteuses qui rendent le Canada concurrentiel au XXIe siècle.
Bien que ces chiffres soient encourageants, un fait demeure: le Canada ne forme pas assez de scientifiques et d'ingénieurs. Qu'il s'agisse du nombre de diplômés de premier cycle ou de doctorat, le Canada se classe parmi les derniers à l'échelle internationale en ce qui concerne la formation de diplômés universitaires en sciences naturelles et en génie.
[Traduction]
Ce qui est inquiétant, c’est que nous constatons que les étudiants sont moins enclins à poursuivre des études en sciences naturelles et en génie au niveau du baccalauréat et de la maîtrise par rapport à il y a dix ans. Le Canada compte de plus en plus sur les étudiants étrangers, particulièrement à la maîtrise et au doctorat, pour mener les travaux de recherche universitaires qui déboucheront sur des découvertes et des innovations.
[Français]
Toutefois, on ne peut pas compter sur l'apport des étudiants et des chercheurs étrangers pour que le Canada améliore son classement, aujourd'hui ou à l'avenir. Alors pourquoi parle-t-on de manque à gagner au moment même où les inscriptions universitaires atteignent des sommets? De nos jours, le défi consiste à motiver des jeunes, particulièrement plus de jeunes femmes, à étudier et à poursuivre une carrière en sciences naturelles et en génie.
[Traduction]
Même si les garçons et les filles sont représentés à part égale aux niveaux primaire et secondaire, il n’en va pas ainsi dans les programmes universitaires en sciences naturelles et en génie. Les femmes sont sous-représentées. Par conséquent, toute initiative visant à orienter les femmes vers ces domaines contribuera grandement à combler les lacunes dans ces professions de qualité et bien rémunérées.
Le CRSNG en est conscient et prend des mesures à cet égard. Par exemple, notre programme PromoScience vise maintenant davantage les groupes sous-représentés. Nous voulons que les élèves continuent d’étudier les mathématiques, les sciences et la technologie au niveau secondaire afin d’élargir leurs perspectives d’avenir.
[Français]
Le CRSNG a également renforcé ses politiques pour aider les chercheuses et les étudiantes à établir un équilibre entre leur carrière et leur vie familiale. Ces politiques aident les femmes en sciences et en génie à aller jusqu'au bout.
Le CRSNG fait également un suivi du processus d'évaluation par les pairs pour assurer que le processus de prise de décision ne soit pas sexiste.
En plus de l'importance accordée à la nécessité d'attirer plus d'étudiants dans les domaines des sciences naturelles et du génie, le CRSNG élabore de nouveaux moyens pour parfaire les compétences de ceux et celles qui poursuivent une carrière dans ces domaines, afin de les préparer au marché du travail.
[Traduction]
Ce qui est généralement ressorti de nos consultations à l’échelle du Canada, c’est que nos diplômés ont beau avoir acquis des connaissances et des capacités exceptionnelles, ils ne possèdent pas suffisamment de compétences générales ou professionnelles. Nous offrons désormais davantage la possibilité aux étudiants de travailler au sein d’équipes interdisciplinaires et de parfaire leurs compétences en communications, en gestion de projets et en affaires dans le cadre d’une formation en cours d’emploi.
Par exemple, en 2009 et en 2010, on a affecté des fonds additionnels dans le cadre du Programme de stages en recherche et développement industriels, le programme SRDI, afin de financer les stages des étudiants et des stagiaires postdoctoraux dont les compétences répondent aux besoins de l’industrie.
Nous avons également mis sur pied le programme FONCER, soit le Programme de formation orientée vers la nouveauté, la collaboration et l’expérience en recherche. Ces subventions permettent à des stagiaires qualifiés d’acquérir des compétences professionnelles. Les nouveaux chercheurs passeront ainsi plus facilement du statut de stagiaire à celui d’employé productif.
[Français]
Bien entendu, je ne prétends pas que ces initiatives à elles seules vont régler la situation. Il y a encore beaucoup de chemin à faire avant que le Canada ne rattrape la vingtaine de pays qui le dépassent au classement et qui forment proportionnellement plus de diplômés en sciences et en génie.
[Traduction]
Les progrès que nous avons réalisés ces dix dernières années laissent entrevoir que le Canada est en mesure de produire la main-d’œuvre qualifiée dont il a besoin pour demeurer à la fine pointe de l’innovation.
Merci. Je suis impatiente de répondre aux questions du comité.
:
Merci, monsieur le président. Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui.
Le Conseil canadien des techniciens et technologues, ou CCTT, est une association nationale qui a vu le jour en 1972 et qui représente les intérêts de plus de 512 000 travailleurs des sciences appliquées et de la technologie au pays. Nous ne représentons pas une profession en particulier, mais bien 14 disciplines différentes telles que l'architecture, le bâtiment, les sciences biologiques, le génie civil, la chimie, l'électricité, l'électronique, la foresterie et la technologie de l'information, la dernière discipline à s'être greffée aux autres. Or, les femmes représentent uniquement 18,3 p. 100 de l'ensemble de cette main-d'oeuvre.
Les travailleurs de la technologie des sciences appliquées et du génie sont le pilier des employeurs canadiens qui font face à la concurrence mondiale. Depuis 1980, moins d'un jeune sur 20 a fréquenté l'université. Le Canada a réussi à promouvoir les métiers spécialisés et les programmes d'apprentissage, et nous l'en félicitons. Mais il est peut-être temps de s'intéresser au groupe situé entre les deux.
Nous sommes heureux d'avoir attiré votre attention dans le cadre de la Semaine nationale de la technologie, plus particulièrement avec notre programme TECHNO, les filles. Nous sommes très conscients des lacunes dans les compétences et des pénuries actuelles de main-d'oeuvre dans les professions à forte demande au Canada.
Pour que je puisse traiter la question convenablement, permettez-moi d'abord de définir le rôle des techniciens et des technologues. Les architectes, les ingénieurs et les scientifiques sont les chercheurs, les innovateurs et les concepteurs. En revanche, les technologues collaborent à la conception des systèmes et s'occupent de leur mise en place, planification, gestion et intégration. De leur côté, les techniciens dessinent les systèmes et s'occupent de les monter, de régler les problèmes et d'en assurer le fonctionnement. Pour réussir, le Canada a besoin de chacun de ces trois groupes. En termes clairs, il manque aujourd'hui de main-d'oeuvre dans ces domaines.
Nous proposons plusieurs programmes aux établissements postsecondaires, comme les collèges, les cégeps et les écoles polytechniques, qui mettent en valeur certaines professions de la technologie. Certains se plaignent que la situation est devenue trop complexe pour les jeunes d'aujourd'hui et que trop de choix s'offrent à eux, mais je réserve ce débat pour une autre occasion.
Après deux ou trois ans d'apprentissage pratique, on peut dire que les diplômés sont prêts pour le marché du travail; c'est ce qui distingue les collèges communautaires des universités. L'an dernier, un diplômé collégial recevait en moyenne un salaire à l'embauche de 54 560 $ au Canada, ce qui est loin d'être mauvais.
Au cours des prochaines années, les jeunes seront de moins en moins nombreux à fréquenter les établissements postsecondaires. À la lumière de nos statistiques et d'un projet de recherche réalisé conjointement avec Ingénieurs Canada, nous avons appris que la cohorte âgée de 15 à 19 ans a atteint son plus haut niveau en 2009. C'était il y a trois ans. Nous enregistrons déjà une baisse, et le déclin va se poursuivre. Si on se fie aux dernières prévisions de certains économistes, la courbe continuera de descendre jusqu'en 2020. C'est un grave problème que de manquer de main-d'oeuvre pour entrer sur le marché du travail.
Pour que l'économie canadienne soit forte, la main-d'oeuvre qualifiée du pays doit être répartie équitablement entre les genres. Notre message est clair: comment Julie, Sally ou Francine peuvent-elles envisager une carrière de technicienne en qualité des eaux ou de technologue en génie biomédical si elles ignorent l'existence de ces professions?
Un bon exemple est la Coalition canadienne des femmes en ingénierie, sciences, métiers et technologie, aussi connue sous le long sigle de CCWESTT. Le congrès semestriel de la coalition aura lieu du 3 au 5 mai à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Nous aimerions que notre programme « TECHNO, les filles » soit de la partie une fois de plus, mais nous manquons de fonds pour parrainer les étudiantes et les mentors qui, selon nous, devraient assister au congrès.
De plus, la date de l'événement est discutable, car elle empêche les jeunes femmes de première ou deuxième année du collège d'y participer. En effet, leur emploi d'été commence le 1er mai, mais le congrès aura lieu la première semaine de mai; selon nous, il s'agit là d'une lacune.
L'an dernier, nous avons réalisé un sondage auprès de jeunes femmes de la 9e à la 11e année des écoles secondaires de quatre villes — Toronto, Vancouver, Ottawa, et Halifax. D'une part, nous avons découvert que la majorité d'entre elles ne comprennent pas bien en quoi consiste une carrière dans le domaine de la technologie des sciences appliquées ou du génie. Par conséquent, comment pourront-elles faire un choix de carrière éclairé?
En deuxième lieu, moins de 42 p. 100 d'entre elles avaient déjà entendu parler de la Semaine nationale de la technologie, et plus de la moitié ont exprimé une opinion défavorable des professions ayant trait au génie et à la technologie. Les jeunes femmes n'ont pas beaucoup de modèles auxquels elles peuvent s'identifier.
Pour terminer, les parents n'encouragent pas leurs filles à étudier les mathématiques et les sciences au secondaire, ce qui limite plus tard leur choix de carrière.
Qu'allons-nous faire?
La Semaine nationale de la technologie et la campagne « TECHNO, les filles » sont des marques de commerce déposées. Nous proposons un programme national de sensibilisation et d'information, et un programme particulier qui s'adresse aux personnes d'influence, comme la mère, le père, la grand-mère, le grand-père, les professeurs, les conseillers d'orientation professionnelle, les travailleurs sociaux — tous ceux qui pourraient aider les jeunes à arrêter leur choix.
Voici un petit exemple. Il y a quelques années, nous avons demandé à la Banque de Montréal de nous accorder un financement limité. Au dos d'une enveloppe servant à contribuer à un régime enregistré d'épargne-études, la banque avait gentiment inscrit « Ceci est pour tes études universitaires ». Il y a 10 ans de cela. Après bien des tentatives de persuasion de notre part, la Banque de Montréal a fini par accepter de modifier la phrase ainsi: « Ceci est pour tes études postsecondaires », car les jeunes d'aujourd'hui ont un choix à faire. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est efficace.
Nous avons énormément recours aux médias sociaux. Comme le dit le proverbe, « Si vous ne pouvez les vaincre, ralliez-vous à eux », donc si c'est là que se trouvent les jeunes, nous devons y être nous aussi. Le samedi matin, nous parrainons également des camps de jour techniques dans les collèges d'un bout à l'autre du pays. Si l'on veut que Sally vienne de 9 heures à 12 heures afin d'essayer autre chose, de se salir les mains, de démonter un ordinateur ou de souder une carte de circuits électroniques imprimés, entre autres — nous offrons bien des projets —, tout en dégustant un bagel et un jus d'orange, il faut absolument que papa et maman soient là. Pourquoi? Nous devons au moins les convaincre de laisser leur fille essayer.
Ces camps fonctionnent, et le programme prend de l'ampleur. Devons-nous prendre de l'expansion? Tout à fait. Avons-nous besoin de ressources supplémentaires? Et comment! C'est pour cette raison que nous sommes ici.
J'ai cinq éléments à mentionner.
Tout d'abord, nous devons redoubler d'effort pour informer les jeunes canadiens des différents choix de carrière qui s'offrent à eux, surtout ceux qui appartiennent aux minorités visibles et les Autochtones.
Deuxièmement, nous avons lancé le 19 janvier dernier un programme d'évaluation des qualifications internationales sans le moindre denier public. Il s'agit d'un nouveau service de reconnaissance des titres de compétences étrangers qui est offert aux nouveaux arrivants. Puisque nous savons que ceux-ci possèdent des compétences, nous leur remettons un certificat électronique afin d'accélérer le processus d'embauche. Celui-ci est stocké sur notre serveur, et tout employeur peut le valider afin d'éviter les reproductions frauduleuses. Nous en conservons un exemplaire. C'est une solution.
Les employeurs représentent le plus important groupe que nous ciblons directement, alors s'ils veulent une stratégie nationale à l'égard des travailleurs qualifiés, c'est ce que nous leur offrons. Le 1er avril, le CCTT lancera un registre national des programmes coopératifs de technologie des sciences appliquées et du génie. Il s'agit d'une sorte de site de rencontres pour les chercheurs d'emploi; si un employeur de Calgary a des postes vacants et qu'un étudiant de la Nouvelle-Écosse souhaite faire un stage de trois ou quatre mois, nous allons les mettre en relation. C'est nous qui allons gérer le site, mais il n'existe pas encore. Des confrères m'appellent pour m'inciter à aller de l'avant, alors c'est ce que nous faisons.
Nous sommes ravis d'avoir l'occasion de travailler avec le Musée des sciences et de la technologie du Canada, les Manufacturiers et Exportateurs du Canada et l'Association des produits forestiers du Canada. Nous nous sommes associés à Compétences Canada et à d'autres organismes pour pallier la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée. Nous devons travailler en harmonie, car nous nous disputons tous les mêmes Sally et Francine.
Le dernier point que je voulais mentionner, mais non le moindre, c'est le changement de paradigme. Au cours des 25 prochaines années, le nombre de Canadiens âgés de plus de 65 ans, dont je fais partie, va plus que doubler pour atteindre 10,4 millions de personnes. Les employeurs devront faire preuve de souplesse et de créativité afin d'intégrer les travailleurs âgés à leur organisation — et j'entends ici ceux qui ont 60 ans et plus. Que cela nous plaise ou non, les gens devront travailler plus longtemps.
C'est lorsque les secteurs privé et public collaborent dans leur intérêt commun que naissent les histoires de réussites. Si on compare le Canada à d'autres pays, notre situation actuelle n'est pas exceptionnelle. Mais la véritable épreuve, ce sera notre façon d'y faire face.
Merci.
Je suis vraiment ravie d'avoir l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui. Je vais m'y prendre un peu différemment. Je ne parlerai pas beaucoup des programmes de Parlons sciences, mais je serai très heureuse de répondre à vos questions à ce sujet un peu plus tard.
Je vais parler de mon expérience des 20 dernières années en tant qu'entrepreneure sociale. J'ai travaillé du niveau de la prématernelle au cinquième secondaire, et je dois dire que tout à l'heure, j'aurais voulu dire quelque chose.
Je vais vous donner un petit aperçu de mon parcours, et je répondrai à vos questions avec plaisir un peu plus tard.
J'ai passé les 20 dernières années de ma carrière à travailler pour faire en sorte que les jeunes Canadiens soient capables de prospérer, jouissent d'une bonne qualité de vie et contribuent en tant que citoyens engagés.
J'ai une formation de chercheuse scientifique. J'ai un doctorat en physiologie, mais j'ai quitté le laboratoire. Au cours de ma formation de chercheuse, j'ai acquis les compétences et les qualités dont j'avais besoin pour fonder un organisme et continuer à le diriger encore de nos jours.
Mon parcours a commencé il y a environ 20 ans, lorsque j'ai lancé Parlons sciences, un petit programme de promotion bénévole, en sortant de l'Université de Western Ontario, qui est maintenant devenue l'Université Western, durant la récession au début des années 1990. Si vous vous souvenez bien, à l'époque, des décisions financières visant à réduire le financement à la recherche en sciences et technologie ont rendu des conseils subventionnaires passablement vulnérables.
À l'époque, je poursuivais des études supérieures. Je faisais partie d'un certain nombre de comités à l'université lorsque la panique totale s'est emparée du milieu de la recherche à l'idée que les gens ne comprenaient pas la recherche et la valeur des sciences et technologie. À ce moment-là, on parlait de science fondamentale et de sciences appliquées, et maintenant, de science fondamentale et de science translationnelle.
En tant qu'étudiante diplômée, je croyais qu'il était possible de faire quelque chose à cet égard, car j'étais convaincue que la recherche était une pierre angulaire de l'économie canadienne et représentait l'avenir du pays. En 1991, j'ai lancé un petit projet avec environ six étudiants diplômés, et je ne l'ai pas abandonné. Nous avons des partenariats avec 36 universités et collèges, collaborons avec environ 3 000 bénévoles partout au pays, établissons le contact avec des centaines de milliers de jeunes chaque année, avons des enseignants formés, faisons beaucoup de recherches sur les répercussions de notre travail, et nous avons commencé très tôt avec un programme que nous offrons et qui s'appelle Wings of Discovery, un programme auquel font appel les garderies.
Depuis le lancement, nous avons établi le contact avec plus de 2,5 millions de jeunes dans le cadre de nos programmes, dont la plupart sont mis en oeuvre par des bénévoles. Je pense que nous avons mobilisé au moins 10 000 personnes; ce sont pour la plupart des étudiants de niveau collégial et universitaire, des chercheurs principaux et des professionnels de l'industrie. Je serai heureuse de vous en reparler un peu plus tard.
Nous avons formé environ 30 000 enseignants et éducateurs de la petite enfance. Nous avons pu créer beaucoup de matériels d'apprentissage qui sont utilisés partout au pays; malgré le fait que c'est un domaine de compétence provinciale et qu'il existe 15 systèmes d'éducation, nous avons pu créer des programmes et préparer du matériel qui peuvent être utilisés partout au pays. De plus, nous avons fait beaucoup de recherche.
Je suis ici pour parler de quatre leçons sur lesquelles j'ai réfléchi. J'aime beaucoup réfléchir lorsque je travaille. J'espère que cela vous aidera pour votre rapport.
Je veux tout d'abord dire que lorsque je parle de science, c'est dans un sens très large: sciences de la vie, sciences physiques, technologie, ingénierie et mathématiques, ce qu'on appelle parfois STIM. J'aime beaucoup employer le mot « science ».
Ce que je crois avant tout, c'est que l'apprentissage des sciences est à la base du développement de talents nécessaire pour le XXIe siècle, et si votre rapport peut faire des liens avec l'économie créative, je pense que vous pouvez contribuer grandement à dissiper le mythe selon lequel les sciences ne sont pas nécessairement à la base des talents dont on a besoin; en fait, c'est l'activité créatrice humaine qui nous amène à comprendre le monde et qui sous-tend toutes les questions auxquelles nous sommes confrontés de nos jours, mais bien des gens ne le voient pas. Ils ne voient pas le rôle que jouent les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques dans tous les secteurs.
Les sciences sont également utiles pour la personne qui répare votre cellulaire, votre médecin, votre chirurgien orthopédiste, les électriciens, les agriculteurs et les coiffeurs stylistes.
Dans le cadre de votre rapport, les sciences ne devraient pas être associées à des laboratoires de recherche, mais à des emplois. Cela contribuera grandement à changer les perceptions. L'apprentissage des sciences prépare les gens non seulement pour des professions à forte demande, mais aussi pour des professions peu spécialisées, qui ne sont plus ce qu'elles étaient il y a une génération.
Malheureusement, la plupart des jeunes ne savent pas à quel point les sciences peuvent leur ouvrir des portes, et ils abandonnent tôt, surtout pour ce qui est de la chimie et de la physique, mais le nombre d'emplois exigeant une formation au collégial ou dans les métiers spécialisés qui comprennent un volet scientifique dépasse le nombre de ceux qui exigent une formation universitaire. Nous devons en faire davantage pour promouvoir la valeur de l'apprentissage des sciences pour tous les emplois, car trop de jeunes ferment la porte très tôt parce qu'ils ne terminent pas les programmes dont ils ont besoin.
C'est ce qui a incité FedDev Ontario à lancer son initiative en STIM l'an dernier. Grâce à un investissement de l'agence, Parlons sciences a pu changer sa façon de travailler. Nous nous sommes penchés sur de nouvelles façons de faire pour tout le Sud de l'Ontario. Nous travaillons avec des enfants, des enseignants, des universités et des collèges, l'industrie, des collectivités autochtones, d'autres organismes sans but lucratif, et les deux ordres de gouvernement pour offrir des programmes axés sur la création d'un réservoir de talents.
Ensuite, le développement de talents commence à la garderie, ce qui exige l'élaboration d'une vision à long terme mise en oeuvre avec patience et de façon cohérente. Trop de discussions sur le talent sont axées sur les doctorants, et nous commençons à remarquer que les investissements faits récemment se traduisent par une augmentation des inscriptions aux études supérieures. Toutefois, seulement 1 diplômé du secondaire sur 143 obtiendra un doctorat dans un domaine scientifique.
Imaginez seulement ce qu'il nous est possible de faire en intervenant beaucoup plus tôt dans le parcours. Nous pouvons combler l'écart des compétences. Nous ne pouvons pas abandonner au niveau postsecondaire, mais il nous faut un plus grand bassin. En fait, Parlons sciences collabore avec le CRSNG, les IRSC et la FCI, car ils comprennent également qu'il nous faut un plus vaste bassin de talents même pour avoir des doctorants.
Il nous faut accroître les efforts pour faire en sorte que personne ne soit désavantagé. Parlons sciences commence dans les garderies avec des programmes qui leur sont destinés. Le programme d'aide préscolaire aux Autochtones dans les réserves a mené à des histoires vraiment intéressantes. Nous sommes surpris de l'intérêt qu'ont suscité certains volets de nos programmes destinés à de jeunes enfants dans cette collectivité.
Après avoir éveillé l'intérêt très tôt, nous devons favoriser cela de la maternelle à la douzième année. Il nous faut mieux établir les liens avec les emplois tout au long du processus. Ces efforts ne seront pas inutiles, car dans chaque domaine, l'esprit analytique, la curiosité et la pensée critique représentent des avantages pour les emplois.
Par ailleurs, ce qui peut être mesuré attire l'attention. Je ne me suis jamais rendue aussi compte de cela avant cette année, lorsque nous avons entrepris une étude comparative qui sera rendue publique en mai. On y examine la progression des élèves et des étudiants en sciences au niveau élémentaire, secondaire et postsecondaire, tant à l'université qu'au collège, et les prévisions en matière d'emploi, en collaboration avec RHDCC et le conseil sectoriel pour voir où en sont les prévisions.
Nous avons appris que puisqu'il n'y a pas assez de renseignements cohérents et de suivi au pays, il est très difficile de rassembler les données et de présenter un bon aperçu de ce qui se passe. S'il n'est pas possible d'avoir facilement accès aux données, nous ne pouvons pas bien comprendre ce qui se passe.
La dernière chose que je veux dire, c'est que le Canada est le seul pays développé qui n'a pas de ministère de l'éducation national ou de secrétariat d'État pour l'apprentissage ou l'éducation. Il n'y a pas de système officiel qui réunit tous les intervenants de façon régulière ou qui alimente une vision sur la formation ou l'éducation.
Tout à l'heure, j'ai parlé brièvement du fait que Parlons sciences tente de combler ce vide dans l'apprentissage des sciences. Nous collaborons avec sept ministères de l'Éducation et sept associations d'enseignants pour notre plus récent programme, CurioCity, un programme harmonisé sur le Web destiné aux élèves de la huitième à la douzième année. C'est le premier outil qui nous permet de réunir un plus grand groupe d'intervenants, et bien des ministères veulent participer aux discussions.
Pour que ce soit un succès à grande échelle et pour que personne ne soit désavantagé, nous ne pouvons vraiment pas axer nos efforts qu'au niveau régional; il nous faut arriver au point où nous parlons d'une vision nationale. En fait, dans les pays qui peuvent alimenter une vision nationale, nous remarquons une croissance phénoménale. Au Canada, la proportion d'étudiants de premier cycle qui poursuivent des études en sciences et en ingénierie stagne; elle se situe entre 20 et 25 p. 100 depuis des décennies, alors qu'en Chine, elle dépasse les 50 p. 100. Je suis en train d'écrire au sujet de l'apprentissage des sciences au Canada par rapport à ce qui se passe en Chine, et les chiffres sont assez fiables. C'est intéressant; la situation est différente en Chine parce que le diplôme en ingénierie est presque le baccalauréat de facto.
Enfin, je veux vous dire qu'il est vraiment important d'étudier les sciences au XXIe siècle. Il nous faut commencer tôt et faire un effort national qui peut être mesuré. Sinon, nous continuerons à tirer de l'arrière.
Pour les emplois à forte demande dans une économie créative, il faut des candidats ayant des compétences et des connaissances acquises par l'apprentissage des sciences. Bon nombre d'emplois pour lesquels on semble exiger peu de spécialisation ont vraiment changé et on exige des compétences en sciences. Pour tous les emplois, il est avantageux d'embaucher des gens qui ont un esprit analytique et qui sont curieux. Ce sont les qualités qui stimulent l'innovation.
Je veux terminer en vous disant que Parlons sciences est là pour aider. Nous faisons ce travail depuis 20 ans et nous aimerions vraiment mettre à contribution ce que nous avons appris au niveau régional afin de passer à l'étape suivante pour l'avenir du Canada.
Merci.