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Je vais être le plus bref possible.
Merci beaucoup de m'avoir invité à adresser la parole au comité. J'ai une documentation à parcourir avec vous, mais comme je n'ai pas beaucoup de temps, je vais sauter quelques diapositives et insister sur les plus importantes.
Le Conseil du bâtiment durable du Canada, pour ceux qui ne le connaîtraient pas très bien, est un organisme national sans but lucratif créé en 2002 et composé surtout de représentants de l'industrie. Son conseil d'administration est élu et comprend des représentants de divers secteurs de l'industrie d'un bout à l'autre du Canada, dans ses comités et sections.
L'organisme s'autofinance en grande partie et offre à l'industrie des programmes visant à améliorer le rendement des immeubles. Pour le faire, il utilise le système d'évaluation des bâtiments LEED qui vient des États-Unis. Nous l'avons adapté au Canada en 2004. Depuis lors, cette formule adaptée sert au Canada à certifier les bâtiments commerciaux et institutionnels nouveaux et existants, les tours d'habitation et les améliorations apportées par les locataires. Les deux systèmes d'évaluation sont directement applicables à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.
Il y a quatre niveaux de certification: certifié, argent, or et platine. L'évaluation est faite par des équipes indépendantes. Au fond, il s'agit d'une vraie certification indépendante du rendement des immeubles.
On demande souvent pourquoi les immeubles doivent avoir la certification LEED. LEED offre un cadre ou un langage commun qui définit ce qu'est un bâtiment écologique. Cinq points sont pris en considération: énergie, eau, matériaux, qualité de l'environnement intérieur, aménagement du site. Je le répète, la vérification du rendement réel d'un immeuble est confiée à une équipe indépendante. Ce système permet d'établir des comparaisons avec ce qui se fait ailleurs, et est devenu depuis trois ans la norme nationale de facto des immeubles écologiques au Canada.
Plus important encore, l'application de LEED donne les coûts les plus bas sur l'ensemble du cycle de vie des immeubles. Le contrôle de qualité est intégré au système LEED pour garantir que les immeubles soumis au processus ont un excellent rendement et que sont maintenus des éléments qui risqueraient par ailleurs d'être oubliés au cours de la conception. De plus, l'orientation et la discipline sont maintenues dans la conception pour atteindre certains objectifs de rendement pour l'immeuble.
Au Canada, LEED a été assez largement accepté. On trouvera en page 6, une liste d'organisations qui l'ont adopté. Des administrations provinciales et locales, les Jeux olympiques d'hiver de 2010 et divers promoteurs du secteur privé l'ont fait, comme Dockside Green, de Victoria, l'ont fait et exigent que les immeubles soient certifiés selon le système LEED.
Les organisations se sont engagées à respecter des niveaux de certification variables. D'habitude, c'est l'argent et l'or, mais au moins une organisation, Dockside Green, s'est engagée à exiger le niveau platine pour tous les immeubles qu'elle construit. Il s'agit d'une entité privée.
Il a souvent été question du coût de LEED. J'ai des diapositives qui font le point sur ce que nous savons maintenant du coût de LEED et de la certification LEED.
On voit en page 7 le coût de LEED pour la General Services Administration, aux États-Unis. La partie gauche du graphique correspond au palais de justice, un nouvel immeuble. Quant à l'immeuble à bureaux de la droite, il s'agit de rénovations dont la GSA a fait une analyse approfondie. Le graphique montre en somme qu'il est possible d'atteindre le niveau certifié, argent et parfois or, en ne dépassant pas le budget pour imprévus établi par l'organisation nationale. La GSA est le plus important propriétaire d'immeubles aux États-Unis, et elle a étudié la question à fond. Elle a conclu que, même sans incitatifs, elle pouvait facilement obtenir la certification LEED pour ses immeubles. Par contre, si elle avait plus d'argent, elle pourrait atteindre des niveaux plus élevés de certification.
En page 8, il est question d'une étude réalisée en Californie. Elle établit une corrélation entre la prime moyenne et le niveau de certification LEED. Les conclusions concordent avec ce que nous constatons dans les projets LEED canadiens. En moyenne, il est possible d'atteindre les niveaux argent et or de LEED en acceptant un coût supplémentaire d'environ 2 p. 100. Au fur et à mesure que l'industrie prendra de l'expérience avec les immeubles écologiques, ces coûts continueront de diminuer. Au Canada, nous sommes toujours en train d'apprendre, en somme, et le fait est reflété dans ces coûts.
Les coûts et avantages de la certification LEED sont présentés en page 9. Ce sont les chiffres de la Californie, mais ils montrent clairement que la valeur acquise sur le plan énergétique dépasse vraiment la prime à payer pour les immeubles écologiques sur une période de 20 ans, avec actualisation.
Même si l'énergie coûte moins cher chez nous, l'expérience montre que le surcroît de coût peut être recouvré sur une très courte période et que le propriétaire en tire un avantage sur la vie de l'immeuble.
La question qui se pose à la plupart des propriétaires d'immeuble est la suivante: sont-ils prêts à payer un peu plus cher aujourd'hui pour économiser sur la vie de l'immeuble ou veulent-ils qu'il consomme plus d'énergie? Au fond, veulent-ils payer maintenant ou plus tard? Voilà la décision à prendre.
Les gains sont là, c'est clair, et les avantages qui sont souvent négligés concernent la productivité et la santé. L'employeur investit plus dans son personnel que dans un immeuble: les salaires sont une dépense bien plus élevée.
L'étude californienne a conclu que 70 p. 100 des gains se situaient sur les plans de la santé et de la productivité. Pour obtenir ces 70 p. 100, il suffit d'améliorer la productivité des employés de l'État de 1 p. 100, soit cinq minutes par jour. Vous pouvez constater tout ce que rapporte l'investissement dans un bon milieu de travail, dans de bons immeubles pour le personnel d'un gouvernement fédéral ou tout autre employeur.
On trouve en page 10 les coûts de LEED. Ce sont les coûts moyens de l'inscription et de la certification LEED, et ils dépendent toujours de la taille de l'immeuble. Ils sont calculés au pied carré.
Il y a aussi le coût des documents LEED qu'il faut préparer pour nos équipes d'évaluation. Ils coûtent en moyenne de 25 000 $ à 30 000 $. Ce coût assez constant a été calculé à partir des 25 immeubles certifiés au Canada selon le système LEED. Ces coûts sont fort raisonnables pour obtenir la certification LEED.
Où en est le gouvernement du Canada? Travaux publics a été l'une des premières organisations à adopter une politique LEED au Canada, une politique de certification LEED de niveau. À ce jour, quatre immeubles ont été certifiés selon le système LEED et 16 sont inscrits. Il y a dans toutes les régions des projets immobiliers dont le gouvernement fédéral est propriétaire ou exploitant. Les immeubles inscrits sont aux stades de la conception ou de la construction.
Les projets fédéraux représentent plus de 5 p. 100 des immeubles inscrits et certifiés au Canada. Nous progressons bien, mais l'application de LEED n'est pas uniforme dans les régions. Je crois que le gouvernement a une politique de certification or. Des quatre immeubles certifiés, deux sont au niveau certifié, un au niveau or et l'autre au niveau platine. Un immeuble des Parcs à Saanich, en Colombie-Britannique, est le meilleur immeuble écologique au Canada. Jusqu'à maintenant, c'est le seul immeuble platine au Canada.
Deux rapports récents montrent que les immeubles verts peuvent beaucoup contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une étude de la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie révèle que, si nous réduisons la consommation d'énergie des immeubles résidentiels, commerciaux et institutionnels de 50 p. 100, nous réaliserons près de la moitié de nos réductions d'émissions prévues par Kyoto.
La deuxième étude a été réalisée par RNCan sur les tendances au Canada en matière d'efficacité énergétique. Les chiffres sont moins élevés, mais l'étude confirme que les immeubles peuvent beaucoup contribuer à la réduction des émissions et nous rapprocher des objectifs de Kyoto. Une réduction de 30 p. 100 de la charge de consommation est réalisable, et une autre de 20 p. 100 est possible en modifiant la durée de fonctionnement des ventilateurs, refroidisseurs, systèmes de climatisation, etc. La technologie et les connaissances en conception permettent déjà d'atteindre ces objectifs.
Le Conseil du bâtiment durable du Canada recommande au gouvernement du Canada de se donner comme objectif de réduire de 50 p. 100 les émissions de gaz à effet de serre des immeubles au Canada. C'est déjà possible. Il pourrait commencer par ses propres immeubles et utiliser à cette fin l'outil qu'est le système LEED. Avec le temps, il pourrait adopter des programmes pour inciter le secteur privé à en faire autant.
Le gouvernement pourrait élaborer une politique globale sur son parc immobilier, immeubles nouveaux et existants confondus.
Les objectifs de durabilité pour les immeubles verts peuvent s'appliquer à toutes sortes de projets: conception ou construction de nouveaux immeubles, locations, achats ou baux avec option d'achat. En ce qui concerne les baux, il y a toutes sortes d'immeubles dont le gouvernement est le propriétaire ou l'exploitant et pour lesquels une politique d'écologisation serait bénéfique.
Le gouvernement compte aussi un certain nombre de ministères qui ont la garde d'immeubles et que la politique pourrait encourager à élaborer une stratégie pour atteindre l'objectif.
La certification LEED est cruciale en ce moment. Nous sommes au début de l'écologisation des immeubles, et cette certification pourrait être très utile pour établir un point de repère afin de continuer à mesurer le rendement des immeubles après leur conception, voir comment ils se comportent et obtenir des réactions afin d'en améliorer constamment le rendement partout au Canada. C'est très important. Il faut aborder la question des immeubles en s'appuyant sur des données, sur le rendement et sur des points de repère.
Le Conseil du bâtiment durable du Canada a plusieurs programmes qui pourraient aider le gouvernement fédéral: formation, sensibilisation, mise en oeuvre des politiques. Il propose aux propriétaires plusieurs cours sur la mise en oeuvre de la politique. Il offre aussi des cours destinés à l'industrie, aux entrepreneurs et aux concepteurs pour les aider à bâtir de meilleurs immeubles.
La prochaine étape pourrait être une collaboration entre le gouvernement du Canada, les ministères qui ont la garde d'immeubles et le Conseil du bâtiment durable du Canada: repères en matière de rendement et vérification, sensibilisation et formation, politiques d'écologisation et élaboration et application de normes. Nous encouragerions aussi les ministères qui ont la garde d'immeubles à devenir membres du Conseil, car tous les revenus découlant du travail qu'ils accomplissent servent directement à accélérer l'écologisation des immeubles au Canada.
Merci beaucoup.
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Bien sûr, et merci beaucoup de m'avoir invitée. Je vais poursuivre dans la droite ligne de cet excellent exposé.
Une très grande partie de l'information fournie par Thomas est tout à fait liée à celle que possède notre association. Je me permets de préciser que nous sommes en train de travailler sur un accord officiel de collaboration en raison de la compatibilité et de la synergie qui existent entre le système proposé par le Conseil pour les constructions neuves et le programme BOMA du Canada, qui vise les immeubles commerciaux existants.
Un mot pour présenter BOMA Canada, la Building Owners and Managers Association of Canada. C'est une association nationale sans but lucratif qui représente le secteur de l'immobilier commercial. Surtout des immeubles de bureaux, mais aussi des installations industrielles et des commerces de détail. Précisons que le résidentiel est laissé de côté. Ce sont surtout des immeubles de bureaux un peu partout au Canada.
Le secteur que notre organisation nationale représente a quelque 1,9 milliard de pieds carrés de locaux commerciaux un peu partout au Canada et nos membres sont des propriétaires et gestionnaires, des promoteurs et des gestionnaires de biens, des agents de location et des courtiers. Voilà notre domaine d'activité.
L'organisation s'occupe des questions qui préoccupent le secteur. Une de ses plus grandes initiatives, lancée récemment — ces deux dernières années —, est Visez vert, programme national de certification et d'homologation environnementales. Voilà pourquoi je suis ici et voilà pourquoi nous collaborons avec le Conseil du bâtiment durable du Canada.
J'insiste sur le fait que c'est un programme conçu au Canada. Il est l'oeuvre de la BOMA, de l'industrie et de ses représentants. Une partie du programme concerne l'établissement de repères dans le contexte canadien. Il est d'application facultative et mis à la disposition de tout le secteur et pas uniquement des membres de la BOMA. Dans ce cas particulier, nous continuons d'entretenir une étroite collaboration avec Travaux publics et Services gouvernementaux Canada pour étendre le programme à tous les immeubles appartenant à l'État.
Voici quelques détails sur le programme même.
Pour les immeubles existants, le programme est d'application volontaire. Il vise à favoriser une gestion et une exploitation respectueuses de l'environnement. Lorsque les immeubles sont là, les étapes suivantes consistent à s'assurer qu'ils sont exploités efficacement du point de vue environnemental et qu'on cherche à réduire la consommation de ressources. Le programme vise à faciliter cet effort, à mesurer les résultats et à en prendre acte dans l'industrie.
D'un bout à l'autre du Canada, dans à peu près toutes les provinces, plus de 250 immeubles ont été certifiés. Une dizaine des plus grandes sociétés immobilières se sont engagées à soumettre tous leurs immeubles au programme au cours des prochaines années, à les faire certifier et à participer à l'ensemble du processus.
Travaux publics et Services gouvernementaux Canada... Bien sûr, comme je l'ai dit, nous sommes en train d'étendre le programme aux 300 immeubles qui appartiennent à l'État, et le ministère albertain de l'Infrastructure et des Transports a adopté le programme pour la province. Je dois ajouter en passant, mais vous l'aurez peut-être lu dans le journal hier, que l'Office de l'électricité de l'Ontario collabore avec BOMA Toronto sur un programme d'économies qui est directement lié au programme Visez vert. Dans ce programme, Visez vert sera le moyen d'établir les économies réalisées et donc d'offrir des mesures incitatives. Il s'agissait d'une annonce très réjouissante pour nous.
Visez vert comprend deux éléments, au fond. Le programme BOMA Visez vert élaboré au départ met l'accent sur les pratiques exemplaires. Il est sans doute destiné plutôt aux petits immeubles pour lesquels il est difficile d'appliquer un programme complet, mais dont les propriétaires ne renoncent pour autant à assurer un leadership environnemental et à être reconnu à ce titre. Visez vert Plus est fondé sur le rendement et repose sur l'outil d'évaluation en ligne Green Globes. BOMA Canada se charge de Green Globes pour les immeubles existants au Canada, et cet outil se rattache maintenant à Visez vert Plus. Nous envisageons le programme Visez vert Plus pour Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.
Pourquoi au juste? Parce cela non seulement encourage le leadership environnemental, mais fournit également les outils de mesure et d'évaluation des changements, des progrès, des améliorations dans la consommation de ressources et d'énergie, par exemple, et fait participer les gestionnaires d'immeuble à tout le processus. Ce n'est pas un consultant indépendant qui intervient pour tout faire. Les gestionnaires participent à l'évaluation de leur immeuble et font des mesures régulièrement.
Les domaines visés sont exactement les mêmes que dans le programme LEED: consommation d'énergie et d'eau; réduction des déchets, construction et recyclage; matériaux de construction, y compris les produits dangereux et le choix des matériaux; environnement intérieur, dont la qualité de l'air et l'entretien du système CVC; composante très précise liée à un programme de communication et à la sensibilisation des occupants, car, dans les immeubles commerciaux et les immeubles de bureaux, les locataires participent au processus.
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Je vais ralentir. Le programme me remplit d'enthousiasme.
Je le répète, Visez vert Plus est un moyen plus sérieux d'établir des repères qui fait appel au système en ligne Green Globes, et les données sont recueillies en ligne. Lorsqu'une organisation participe au programme, elle signe un accord lui donnant accès pour trois ans à cette enquête en ligne. Elle peut ensuite participer et évaluer ses améliorations au fur et à mesure. Le point essentiel, je le répète, est que le système permet aux participants de prendre part à l'application du système.
L'autre élément du système en ligne concerne la gestion du parc immobilier. Les immeubles faisant partie d'un parc, dont ceux de Travaux publics, par exemple, peuvent être mesurés l'un par rapport à l'autre et par rapport aux normes de l'industrie. Ce n'est donc pas une application isolée, propre à chaque immeuble.
Le programme fait ressortir les économies et il peut certainement servir de fondement à des décisions stratégiques sur la façon d'améliorer le rendement.
Je présente à la page 10 une citation d'un participant, CREIT Management, sur les économies mesurées qu'il attribue à sa participation au programme. Je ne vais pas, comme Thomas, entrer dans le contenu du mémoire et les données statistiques, car ce cas est représentatif. Dans le cas présenté, il y a eu des économies appréciables grâce à une diminution de la consommation d'eau et de la quantité de déchets envoyés à l'enfouissement et une augmentation de plus de 30 p. 100 du recyclage. Ce sont là des résultats concrets.
Quant à la participation de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, nous sommes ravis, bien sûr, de pouvoir collaborer avec le gouvernement sur cette question. C'est là une manifestation de leadership, et c'est assurément notre objectif dans la mise en oeuvre du programme. Et nous estimons que cette convergence entre le public et le privé s'impose.
Merci de m'avoir permis de m'exprimer. Je suis désolée d'avoir parlé si vite.
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Pour ma part, vous savez probablement d'après mon accent que j'ai grandi en Allemagne, et j'ai passé beaucoup de temps en Europe et aux États-Unis.
Les États-Unis ont le Green Building Council. Nous travaillons beaucoup avec cette organisation sur l'élaboration du système LEED, la définition des politiques et tout ce qui concerne l'écologisation des immeubles. Dans le dossier des immeubles verts, on accélère très rapidement aux États-Unis non seulement au niveau fédéral, vu le changement de la composition du Congrès et du Sénat, mais aussi au niveau des villes. Cela se rattache à ce que vous avez dit des villes. Je ne sais plus combien de villes ont adhéré jusqu'à maintenant à un programme de lutte contre les changements climatiques aux États-Unis. Elles sont appuyées par l'initiative mondiale de la Fondation Clinton sur les changements climatiques. Dans le monde entier, 42 villes ont déjà adhéré.
Il y a beaucoup de coopération entre les villes. Je ne vois pas de collaboration semblable au Canada. La FCM a les Partenaires dans la protection du climat, mais ce n'est pas très en évidence. Dans notre plan d'affaires cette année, nous avons prévu essayer de rassembler les 13 plus grandes villes au Canada pour discuter d'écologisation des immeubles et de changements climatiques et de ce dont vous avez parlé: mise en commun d'information et immeubles verts.
La réflexion ne se borne pas à l'immeuble. Nous réfléchissons au contexte communautaire dans lequel il s'insère. Au fond, il nous faut construire des villes plus compactes, de plus haute densité, avec des immeubles au rendement bien meilleur que maintenant.
Voilà en quelques mots notre programme. Nous voulons commencer par les 13 plus grandes villes: Toronto, Montréal, etc. Beaucoup ont déjà une politique sur l'écologisation des immeubles ou sont en train de s'en donner une. Souvent, elles s'engagent aussi à appliquer le système LEED.
Par rapport aux États-Unis, nous tirons un peu de l'arrière sur le plan, mais nous sommes en avance sur d'autres plans. Le Canada a beaucoup de capacités et de connaissances et innove beaucoup en ce qui concerne les immeubles verts et le développement communautaire durable. Nous pouvons profiter de cette richesse. Grâce à ces compétences, une sorte de grappe d'entreprises est en train de se développer au Canada.
Je n'ai pas passé autant de temps en Europe que certains autres membres de notre conseil. Pour ce qui est du rendement des immeubles, nous faisons également partie du World Green Building Council, entité internationale qui regroupe des conseils du monde entier. Il compte neuf membres. Ou plutôt dix à partir de cette semaine, puisque le U.K Green Building Council vient de s'y joindre. Il y a également l'Inde, les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Émirats arabes unis, le Japon. Voilà certains des pays qui ont des conseils d'écologisation des immeubles et des systèmes d'évaluation des immeubles verts, pas nécessairement le système LEED, mais des systèmes de leur cru. L'Europe est là également.
Je peux vous dire, d'après ce que j'ai vu la dernière fois que je suis allé là-bas, l'an dernier, que les Européens sont très en avance sur l'Amérique du Nord en matière d'énergie. J'ai vu des maisons différentes. L'une d'elle s'appelle la maison passive. On en construit maintenant environ 6 000 en Autriche et en Allemagne. Ces maisons ne consomment que 25 p. 100 de l'énergie de nos maisons les moins gourmandes au Canada. La technologie est commercialisée. C'est une technologie peu avancée qui utilise la construction à ossature de bois. Ces technologies existent, et il est fascinant de les observer.
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S'il s'agit de la politique de tout l'appareil gouvernemental, le rapport de la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie dont j'ai parlé dans mon exposé propose un programme assez convaincant qui montre comment les immeubles peuvent contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et quelles stratégies on peut employer dans les immeubles dès maintenant — immeubles commerciaux et résidentiels — pour réduire de 50 p. 100 la consommation d'énergie dans les immeubles neufs et existants dans tout le Canada. C'est très convaincant.
C'est pourquoi j'ai parlé des technologies et du savoir-faire qui existent pour le faire. Cela dépend vraiment de la volonté de l'industrie et du gouvernement d'appliquer une politique. C'est le point important à souligner.
Quant aux immeubles neufs où le système LEED est appliqué, ce que vous décrivez doit aller au-delà du niveau platine de LEED. À ce niveau, l'amélioration énergétique par rapport au point de repère est de 65 p. 100. Vous avez déjà dans votre parc immobilier un immeuble de Travaux publics, en Colombie-Britannique, qui est de 75 p. 100 au-dessus de la norme actuelle en matière d'énergie. Ce modèle montre que tout cela est réalisable dès maintenant.
Dans cet immeuble, on n'a pas dépensé une fortune pour obtenir ces résultats. Cela tient autant à la technologie qu'à la conception des immeubles. Il s'agit d'avoir un processus intégré de conception et d'agir. Tous les acteurs — propriétaire, concepteur, constructeur — se sont fait une idée de ce que l'immeuble était censé être. C'est l'intégration qui permet vraiment d'obtenir l'efficacité. Les codes du bâtiment sont très linéaires, mais c'est grâce à l'intégration qu'on peut bâtir des immeubles extrêmement performants.
À propos de ce dont vous parlez, j'appliquerais une politique qui s'étendrait à tous les ministères fédéraux qui possèdent et exploitent des immeubles. Vu l'urgence de la lutte contre les changements climatiques, je proposerais un rendement énergétique amélioré de 50 p. 100 d'ici 2010 ou 2015, après quoi on relèverait les exigences tous les ans.
C'est le type d'approche qu'on observe sur le terrain. Il ne s'agit pas d'agir maintenant et d'en rester là pendant 10 ou 20 ans. C'est une démarche d'amélioration constante qui utilise des mesures quantitatives du rendement. Ces données permettent d'apprendre et ainsi d'améliorer encore le rendement. Ensuite, on fait des comparaisons avec ce qui se fait ailleurs, comme en Europe, au Japon et aux États-Unis. On peut constater les progrès, et cela encourage d'autres autorités à progresser également. C'est au fond une approche quantitative de l'amélioration du rendement des immeubles.
Selon moi, on peut maintenant fixer l'objectif à 50 p. 100, et il est possible d'opter pour un objectif plus élevé. Par exemple, la SCHL présente l'initiative de la maison saine à consommation énergétique nette zéro. J'ai vu certaines des propositions. Encore une fois, c'est une technologie applicable. On arrive à la consommation nette zéro. Il est donc possible d'avoir des bâtiments sans émissions de carbone dans le secteur résidentiel. C'est certainement possible aussi dans le secteur commercial, pour peu que nous adoptions la bonne approche. Un cycle d'amélioration constante qui progresse dans le temps nous permettra d'y arriver.