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Nous sommes prêts à ouvrir la séance. Nous allons discuter de la sécurité économique des femmes et nous recevons les représentants de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants qui sont Noreen O'Haire, directrice et John Staple, secrétaire-général adjoint; et la représentante de la Registered Practical Nurses Association of Ontario, Sheri Oliver, la directrice.
Comme on vous l'a dit, vous disposez de 10 minutes pour faire une déclaration. Allez-vous partager votre temps? Oui? Comme d'habitude, nous allons surveiller l'horloge de près. Si vous me voyez vous faire signe, cela voudra dire que votre temps est écoulé.
Quand vous aurez terminé de parler, nous passerons aux questions et après les questions, nous vous accorderons une minute chacun pour conclure.
Comme nous devons voter à 17 h 30 aujourd'hui, la réunion se terminera à 17 heures afin de nous laisser 15 minutes pour discuter des travaux du comité.
Madame O'Haire, allez-vous commencer ou préférez-vous laisser Sheri commencer?
Madame Oliver, vous disposez de 10 minutes.
Merci, madame la présidente et bon après-midi. Je m'appelle Sheri Oliver. Je suis directrice des Initiatives stratégiques infirmières auprès de la Registered Practical Nurses Association connue sous le sigle « RPNAO ».
Je pense que beaucoup d'entre vous savent déjà que la RPNAO est une association professionnelle bénévole qui parle au nom des infirmiers et infirmières auxiliaires autorisés habilités par la Loi de 1991 sur les infirmières et infirmiers et la Loi de 1991 sur les professions de la santé réglementées à exercer leur profession en Ontario. La RPNAO est membre de PN Canada, l'association professionnelle regroupant les infirmiers auxiliaires à l'échelle du pays. Je suis heureuse d'être parmi vous aujourd'hui.
Je voudrais vous parler un peu des infirmières auxiliaires autorisées en Ontario et, ce faisant, corriger quelques préjugés que nous entendons parfois.
Comme je vous l'ai déjà dit, les infirmières auxiliaires autorisées sont des professionnels des soins de santé soumis à la réglementation. On les désigne en Ontario sous l'acronyme IAA. D'autres provinces, on les appelle des infirmières auxiliaires immatriculées. Nous constituons la deuxième profession de soins de santé réglementée. En Ontario, les infirmières autorisées, les IA et les infirmières auxiliaires autorisées sont régies par les mêmes règlements et font l'objet de la même formation.
Vous trouverez des IA et des IAA dans tous les secteurs des soins de santé. Ce qui les distingue, c'est surtout la population qu'elles desservent. Ces différences proviennent de la formation qu'elles ont reçue. Je m'étendrai dans un instant sur la disponibilité de la formation professionnelle.
Depuis le 1er janvier 2005, les personnes qui viennent de recevoir leur diplôme souhaitant s'inscrire auprès de l'Ordre des infirmières et infirmiers de l'Ontario pour exercer en qualité d'IAA doivent avoir en poche un diplôme en soins infirmiers auxiliaires qui s'obtient après deux ans d'études dans un collège communautaire. On compte à travers le Canada 64 000 infirmières autorisées dont presque la moitié, 29 000, exercent en Ontario.
Maintenant que je vous ai sommairement présenté la profession, je voudrais d'étendre sur des questions auxquelles la profession est confrontée et qui sont du ressort du Comité permanent sur la condition féminine. On compte parmi les IAA 94 p. 100 de femmes. À ce titre, beaucoup des difficultés auxquelles nous sommes confrontées sont communes à celles que connaissent sur leur lieu de travail d'autres professions à forte composante féminine. Certains des problèmes que nous connaissons sont toutefois propres à notre milieu.
La majorité des IAA travaillent par roulement les fins de semaine et pendant les jours de fête. Nos adhérentes dénoncent beaucoup le peu d'accès à des bonnes garderies abordables et souples pour leurs enfants. L'accès à une garderie n'est pas pour nos IAA un caprice ou un luxe, mais une condition indispensable pour pratiquer la profession et ainsi contribuer aux ressources humaines dont notre système des soins de santé a tant besoin.
La sécurité financière pose aussi problème à nombre d'IAA. Leurs salaires varient très largement en Ontario. C'est dans les hôpitaux où elles sont les mieux payées puisqu'une IAA qui travaille à plein temps peut compter sur une rémunération annuelle comprise entre 42 000 $ et 47 000 $. C'est peu dans le monde d'aujourd'hui, surtout compte tenu des dépenses auxquelles elles doivent faire face tous les jours.
Si les infirmières sont communément dans des situations stressantes, tant physiquement qu'émotionnellement, ces situations sont dans la nature de la profession qu'elles ont choisie. Par exemple, les infirmières auxiliaires autorisées qui dispensent des soins à long terme dans des secteurs communautaires ont des charges de travail absolument épuisantes, oeuvrent le plus souvent seules et sont dans l'ensemble les plus mal payées dans le système provincial des soins de santé. Les IAA employées à plein temps, en particulier celles qui ont des emplois à plein temps dans nos hôpitaux, peuvent s'estimer relativement heureuses.
Seules 55 p. 100 des IAA en Ontario ont réussi à trouver un poste à plein temps. Je sais que ce chiffre vous surprendra étant donné le manque d'infirmières dont vous avez tous entendu parler. On compte aujourd'hui 2 000 IAA dans notre province, soit 7 p. 100 du total, qui sont à la recherche d'un emploi fut-il à temps partiel ou à temps plein. Certaines dispensent des soins dans un environnement non réglementé alors que d'autres tiennent des postes qui échappent au système des soins de santé. Il s'agit ici d'un problème chronique de notre profession. Des professionnels des soins de santé ne peuvent trouver de travail dans le système lui-même. Vous conviendrez sans doute de l'absurdité de ces situations compte tenu du manque d'infirmières que nous dénonçons tant.
Vous apprécierez sans doute aussi le stress induit par cette précarité de l'emploi sur la santé même des intéressées, sur le bien-être de leurs enfants et par cette contrainte de devoir équilibrer les obligations personnelles et professionnelles. Nos adhérentes nous disent que leurs objectifs qui leurs sont les plus chers et les plus importants consistent à trouver un bon emploi à temps plein tout en contrôlant leur charge de travail.
Le gouvernement de l'Ontario a mis en place des incitations financières pour encourager l'emploi à plein temps des infirmières. Notons toutefois que ce sont les organismes qui font surtout appel à des infirmières autorisées qui ont mieux su se prévaloir de ces dispositions. Il en ressort que le taux d'emploi à plein temps des IA est bien supérieur à celui que l'on observe pour les IAA. En réalité, ces mesures ont peu contribué à créer des postes à temps plein pour les IAA.
À l'instar des femmes dans d'autres professions, les infirmières sont moins en mesure ou désireuses d'accepter un emploi ou une promotion qui nuirait à l'accomplissement de leurs tâches familiales. En conséquence, la main-d'oeuvre féminine doit se satisfaire d'emplois plus précaires, moins bien payés et où les possibilités de promotion sont plus rares.
Vous vous demanderez peut-être comment nous avons aujourd'hui un nombre important d'IAA au chômage ou sous-employées quand nous connaissons un manque chronique d'infirmières. Plusieurs facteurs entrent en jeu.
D'abord, certains hôpitaux et autres organismes de soins de santé n'apprécient pas à leur juste valeur la compétence des IAA. Certains hôpitaux en Ontario ont mis en oeuvre une politique axée exclusivement sur les IA, pensant ainsi améliorer la qualité des soins dispensés. Les IAA qui y travaillent sont congédiées sans aucune forme de procès.
Sans doute faut-il voir dans ce modèle « pro-IA » l'effet d'études réalisées aux États-Unis. Je dois signaler à cet effet que les infirmières autorisées immatriculées sont moins bien formées aux États-Unis que ne le sont les infirmières auxiliaires autorisées en Ontario et qu'elles n'ont pas les mêmes aptitudes professionnelles. Il en ressort que ces études américaines sous-estiment les connaissances, les aptitudes et la valeur professionnelle des IAA.
Nous savons tous que l'amélioration des soins de santé dépend en partie de l'accès à la formation professionnelle. Toutefois, des obstacles tels que la maigre place faite à la formation professionnelle dans les conventions collectives, le manque de garderies pour les enfants, le fait que la profession ne soit pas reconnue à sa juste valeur par les employeurs et les obstacles qui parsèment le système éducatif limitent l'effet du travail des infirmières qui, par conséquent, deviennent moins à même de gérer correctement leurs possibilités de formation professionnelle.
Le deuxième facteur est que, pour des raisons historiques, les IAA sont représentées par tout un ensemble de syndicats dont elles ne forment qu'une partie infinitésimale des syndiqués. Même si on peut parfaitement apprécier les fondements historiques de cette situation, il en découle que la condition des IAA ne figure pratiquement jamais dans les priorités des syndicats. En revanche, les infirmières autorisées disposent de leur propre syndicat qui, bien évidemment, se focalise exclusivement sur les questions les intéressant.
Le troisième facteur est qu'on ne trouve que rarement des IAA dans des postes de direction, en particulier dans les hôpitaux. Ce sont pratiquement toujours des infirmières autorisées qui dirigent la section des infirmières et malheureusement comme ailleurs dans notre société, chacun défend son territoire.
Un dernier point que je voudrais signaler parce qu'on en parle que rarement : c'est la violence verbale auxquelles sont' confrontées les infirmières sur leurs lieux de travail. C'est en particulier dans les endroits les plus difficiles des soins de santé - où il faut travailler vite dans un stress constant - que l'on observe fréquemment la violence verbale dirigée contre les infirmières et autres employées de sexe féminin, au point que tolérer la violence verbale devient une composante de la description des taches d'une infirmière. Rares sont les infirmières qui se plaignent ou qui rapportent la violence verbale dont elles font l'objet de peur de nuire à leur carrière. D'autre part, peu d'établissements de soins de santé ont mis en place de bonnes procédures de dénonciation d'abus. Les mêmes difficultés existent s'agissant de dénoncer les violences verbales auprès des organismes professionnels de réglementation. Ainsi donc, libre cours est donné à la violence verbale qui est devenue une composante quotidienne et malheureuse dans la vie professionnelle de nos infirmières.
Madame la présidente, comme je suis presque arrivée au bout de mes 10 minutes, je vais m'arrêter là de façon à laisser le maximum de temps pour les questions.
Je vous remercie de votre attention.
Je remercie le comité.
Cette conférence a été un grand succès. Si nous avons l'air un peu fatigués, c'est parce que nous avons travaillé très fort ces trois derniers jours pour terminer tout ce travail. Merci encore une fois.
Je vais parler un peu du nombre de femmes qui sont dans l'enseignement après quoi je parlerai, de façon plus générale, de la place des femmes dans la société. Ensuite, je redonnerai la parole à John pour qu'il vous fasse part de certaines solutions que nous préconisons.
En 2003-2004, 67 p. 100 des enseignants canadiens à temps plein étaient des femmes, de même que 78 p. 100 des enseignants canadiens à temps partiel selon les chiffres de Statistique Canada et nos propres chiffres. Je crois utile de mentionner qu'au recensement de 2001, 57 p. 100 des enseignants du sexe masculin ont déclaré un salaire de 50 000 $ ou plus contre seulement 37 p. 100 pour les enseignantes ayant le même niveau de scolarité. En 2001, 26 p. 100 des enseignants et 26 p. 100 des enseignantes gagnaient moins de 40 000 $.
Les enseignantes ayant un salaire moyen plus bas touchent également une pension de retraite plus faible si bien que leur pouvoir d'achat est inférieur non seulement au cours de leur carrière, mais pendant leur retraite et le reste de leur vie.
Il est à noter que les femmes n'occupent qu'environ 45 p. 100 des postes d'administrateurs scolaires même si elles représentent 67 p. 100 des enseignants. C'est également un des facteurs pour lesquels leur salaire est plus bas étant donné que les administrateurs reçoivent, bien entendu, une allocation, une prime pour remplir les fonctions d'administrateurs.
La situation évolue graduellement. Dans nos écoles élémentaires, davantage de femmes deviennent administratrices. Néanmoins, cela reste une profession dominée par les hommes au niveau des écoles secondaires.
Le revenu moyen des femmes qui exercent un emploi reste nettement plus bas que celui des hommes, même si elles travaillent à temps plein. En 2003, les femmes qui ont travaillé à temps plein, toute l'année, ont gagné un salaire moyen de 35 000 $, soit 71 p. 100 de ce que leurs homologues du sexe masculin ont gagné.
Les femmes sont davantage touchées par le chômage chronique que les hommes, surtout celles qui élèvent seules leurs enfants. Ces familles monoparentales sont celles dont les gains ont été les plus instables au cours des deux dernières décennies, selon Statistique Canada.
Au cours des deux dernières décennies, le salaire des hommes a été stagnant jusqu'en 2000 où il a augmenté pour la première fois depuis 1980. La bonne nouvelle est que par contre, au cours de chaque décennie, les gains des femmes ont augmenté régulièrement. Par conséquent, le travail accompli par des comités comme le vôtre et par les associations d'enseignants et d'infirmières a commencé à porter ses fruits. Néanmoins, malgré une progression de leur salaire au cours des deux dernières décennies, les femmes gagnent toujours moins que les hommes, non seulement dans l'enseignement, mais de façon générale.
Les femmes ont réalisé des gains sur le plan de l'emploi en travaillant un plus grand nombre d'heures et de semaines, et surtout parce qu'elles ont beaucoup investi dans l'enseignement supérieur ce qui leur permet d'exercer des emplois mieux rémunérés. Toutefois, au début de leur carrière, leur revenu dépend de nombreux facteurs tels que l'accès à une garderie, l'accès à l'assurance-emploi, les prestations complémentaires comme les congés de maternité et, bien entendu, le fait d'avoir à assumer les frais d'éducation de leurs enfants.
Par conséquent, les coupes récentes dans les programmes comme celui de la Condition féminine et le programme d'alphabétisation ont certainement réduit les chances d'amélioration de la situation des femmes et autres groupes. Comme John l'a mentionné, nous croyons que les programmes qui visent à aider les enfants contribueront largement à aider également ces femmes.
Je vais de nouveau donner la parole à John qui va vous faire part de certaines de nos suggestions.
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La Fédération dit depuis longtemps qu'une intervention précoce et de meilleures possibilités d'apprentissage dès le plus jeune âge sont essentielles pour assurer la prospérité à long terme et la cohésion sociale de tous les Canadiens. À cet égard, les programmes et les services qui renforcent les familles sont les objectifs que nous préconisons.
Nous croyons très important d'examiner de très près ce que nous faisons au Canada sur le plan des garderies. Nous disons que le rétablissement des ententes de financement conclues avec les provinces et les territoires pour créer 100 000 places de garderie supplémentaires est un objectif louable. Tout gouvernement devrait viser cet objectif.
Nous avons de sérieuses préoccupations à l'égard du financement des organismes d'aide à l'enfance des premières nations. Nous recommandons énergiquement de les financer de façon à ce qu'ils puissent fournir des services communautaires de soutien à domicile et de prévention à leur clientèle.
Nous sommes à une époque où un plus grand nombre d'enfants d'immigrants et de réfugiés entrent dans nos écoles. La situation démographique de notre pays nous permet de croire qu'il ne s'agit pas d'un phénomène à court terme, mais d'une tendance qui durera pendant de nombreuses années. Les écoles ont besoin d'aide. Les parents, les enseignants et les étudiants ont besoin d'aide, surtout pour les programmes d'enseignement de l'anglais et du français comme langue seconde, mais également les programmes à l'intention des enseignants et des parents qui portent sur les différences culturelles et l'amélioration des compétences linguistiques.
Nous disons depuis longtemps qu'un meilleur accès aux prestations d'assurance-emploi pour les congés de maternité, d'adoption et parentaux aura des répercussions importantes sur la sécurité économique des femmes en âge d'avoir des enfants. Nous voudrions également des politiques qui favorisent davantage l'amélioration des prestations complémentaires prévues dans les contrats d'emploi. Lorsque vous perdez une partie de votre revenu au début de votre carrière, cela se répercute sur toutes les prestations auxquelles vous aurez droit par la suite. Voilà pourquoi, même si leur échelle salariale est la même que celle de leurs collègues du sexe masculin, les enseignantes ont un revenu moyen inférieur.
Nous suggérons d'améliorer les dispositions de non-participation du RPC et du RRQ pour les parents qui quittent le marché du travail pour élever des enfants âgés de moins de sept ans. Nous avons examiné les études récentes qui montrent que les femmes consacrent toujours beaucoup plus de temps aux tâches ménagères que les hommes. De plus, elles prennent davantage soin des personnes âgées que les hommes. Les observations de Sheri au sujet de la « génération sandwich » étaient intéressantes. Nous en sommes bien là.
Nous croyons qu'il est important pour assurer la sécurité économique des femmes, surtout celles qui sont âgées de 40 à 60 ans, qu'elles obtiennent de l'aide pour prendre soin d'un parent âgé. Un meilleur accès aux prestations pour soins prodigués par compassion du programme d'assurance-emploi y contribuerait énormément, tout comme la possibilité de se prévaloir, là aussi, des dispositions de non-participation du RPC-RRQ. S'il est légitime de se prévaloir de ces dispositions pour élever des jeunes enfants, il devrait être tout aussi légitime de s'en prévaloir pour prendre soin d'une personne âgée.
Les veuves âgées sont quatre fois plus nombreuses que les veufs âgés. Selon les données de Statistique Canada, un grand nombre de femmes âgées tombent sous le seuil de bas revenu suite à leur veuvage et y restent pendant plus longtemps que les autres. Nous croyons qu'il faudrait apporter des changements au RPC pour éviter cette situation ou au moins la minimiser. Il faudrait notamment que, lorsqu'un cotisant au RPC-RRQ meurt laissant derrière lui un conjoint survivant, les prestations de survivant versées au conjoint ne soient pas réduite par le versement d'autres prestations dans le cadre du RPC-RRQ.
Je vais m'arrêter là, madame la présidente, et je suis prêt à répondre aux questions.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie pour vos exposés qui étaient tous excellents.
Ce n'est pas une situation facile à résoudre, car elle est très étendue et elle est influencée par de nombreux facteurs. La sécurité économique des femmes est importante et je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus après avoir entendu les trois groupes de témoins d'aujourd'hui.
Je voudrais commencer par Mme Oliver en ce qui concerne le travail d'infirmière auxiliaire à temps partiel. Lorsque l'accord que nous avions conclu avec les provinces sur les services de garderie a été abandonné, une des raisons qui ont été invoquées est que nous avions besoin d'un système qui donnerait le choix à tout le monde afin que les femmes qui travaillent la nuit, le jour ou par postes puissent choisir où investir leur argent. Voilà pourquoi nous avons ce montant de 1 200 $, qui est imposable, comme vous le savez, et qui ne crée aucune place de garderie. Aucune place n'a été créée depuis.
Pourriez-vous me parler un peu de la réalité? Vous avez mentionné le grand besoin de services de garde d'enfants, mais pourriez-vous parler du travail à temps partiel et plus précisément des mesures qui amélioreraient les choses à cet égard, sans oublier que lorsque le gouvernement national finance les services de garde d'enfants, comme nous l'avions prévu dans le cadre de l'accord avec les provinces, nous ne dictons pas aux provinces comment offrir les services; cela reste un objectif plus ou moins général.
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Merci, madame la présidente.
Encore une fois, merci à vous tous d'être venus aujourd'hui.
Vos deux organismes représentent des milieux de travail qui emploient surtout des femmes. Nous avons entendu parler d'un grand nombre de difficultés.
Madame O'Haire et monsieur Staple, j'ai été un peu étonnée par vos chiffres sur les inégalités sur le plan salarial… car nous savons que les hommes et les femmes reçoivent le même salaire. Néanmoins, lorsqu'on fait le lien entre les périodes d'absence et les possibilités d'éducation, c'est parfaitement logique; il y a une lacune de ce côté-là.
Nous étudions toute la question de la sécurité économique des femmes. Vos deux organismes ont formulé un certain nombre de recommandations portant sur la justice sociale et les iniquités dans l'ensemble de la société. J'aimerais savoir ce que vous nous recommandez d'inclure dans nos recommandations pour mieux redresser le déséquilibre auquel les femmes de vos professions sont confrontées.
Bien entendu, vous avez dit que les services de garderie revêtent une importance primordiale et qu'il faudrait un programme national de garderies à la fois souple et accessible. Avez-vous d'autres suggestions à nous faire pour redresser le déséquilibre en ce qui concerne les possibilités économiques des femmes?
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier Mme Oliver pour son témoignage. Il était intéressant et nuancé. Mais je voudrais adresser mes observations à la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants.
Vous parlez beaucoup d'égalité, mais il y a au sein de votre organisation un élément intellectuellement contradictoire dont j'aimerais que vous nous parliez. Une deuxième contradiction intellectuelle est le fait qu'un de vos membres est la Catholic Teachers' Federation.
Nous savons tous qu'en Ontario le gouvernement provincial finance les écoles catholiques. Ce sont les seules écoles confessionnelles financées en Ontario, pourtant vous dites que vous soutenez un système d'éducation public solide. Je vois là une contradiction intellectuelle. Ce n'est tout simplement pas logique.
L'Ontario est la population la plus diversifiée du pays. La population de Toronto compte plus de 50 p. 100 de minorités visibles. Nous finançons l'éducation catholique — ce que vous appuyez étant donné qu'un de vos membres est une organisation catholique — mais nous excluons les autres confessions chrétiennes, les écoles confessionnelles musulmanes ou juives. Je trouve donc curieux que vous veniez nous parler d'égalité alors qu'il s'agit là d'un exemple flagrant d'inégalité, d'une situation qui a également été mise en lumière par les Nations Unies.
Ou bien vous croyez dans l'éducation publique et vous financez seulement un système d'éducation publique à l'exclusion de toutes les écoles confessionnelles ou bien, dans une société qui devient de plus en plus diversifiée et qui évolue rapidement, vous financez toutes les écoles confessionnelles, qu'elles soient de n'importe quelle confession chrétienne, musulmane ou autre.
C'est une des contradictions intellectuelles que je crois nécessaire de souligner, car vous dites que vous soutenez l'éducation publique et que vous croyez dans l'égalité.
La deuxième chose que je mentionnerais est qu'à mon avis la société doit favoriser l'égalité entre les sexes. C'est très important. Je pense que c'est un facteur déterminant pour une société; les bonnes sociétés sont des sociétés où les femmes et les hommes ont réussi à atteindre l'égalité ou sont en voie de réussir. Néanmoins, je dirais qu'un des gros problèmes de votre organisation c'est l'absence de diversité, l'absence de représentation des minorités parmi vos membres et j'aimerais donc savoir quelles sont les initiatives que vous prenez —
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Il est difficile de parler de la sécurité économique des femmes dans le cadre de cette question. Je tiens seulement à dire que j'ai déjà comparu devant un certain nombre de comités et que poser des questions, c'est une chose, mais chercher à discréditer un témoin, c'est une toute autre chose. C'est malheureusement l'impression que j'ai eue.
Nous sommes les défenseurs de l'éducation publique. Nous comptons parmi nos membres des organismes qui sont financés par l'État et qui enseignent dans un contexte religieux dans les écoles catholiques de l'Ontario, mais cela ne diminue en rien notre appui à l'éducation publique ou le fait que tous nos membres, y compris cet organisme, sont d'ardents défenseurs de l'éducation publique.
Nous avons hérité des systèmes d'éducation qui existent dans les provinces où nous travaillons. Tant que les citoyens de ces provinces ne les auront pas modifiés, nous continuerons à travailler dans le cadre de ces structures.
Oui, nous sommes très conscients de la nécessité de déployer beaucoup d'efforts pour assurer la diversité de la profession enseignante. Nous avons réalisé des études à cet effet. Nous avons fait des études pour analyser la diversité de la clientèle scolaire et du corps enseignant et, dans toutes les provinces, nous avons suggéré des solutions pour faire face à la situation.
C'est une tâche très difficile. Nous allons devoir redoubler d'efforts. Nous devons travailler en collaboration avec les universités et les gouvernements dans le but de favoriser la diversité au sein de la profession enseignante comme nous le souhaitons.
Cela nous préoccupe tellement que nous avons eu, deux années de suite, deux grandes conférences nationales sur toute la question de la diversité et de l'inclusion. Nous savons qu'il y a un problème et nous faisons certainement des efforts pour le résoudre.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup pour votre exposé, madame Oliver. Je veux simplement vous dire que je suis tout à fait consciente de l'aspect difficile de votre travail. J'ai travaillé pendant trois ans dans un public health centre for the elderly comme travailleuse sociale et j'ai eu à gérer la liste de rappel des infirmières auxiliaires. Je peux vous dire le casse-tête que c'était et à quel point les conditions de l'ensemble des infirmières auxiliaires qui travaillaient dans les institutions publiques québécoises étaient précaires. Je constate que ces conditions sont similaires en Ontario. Vous avez tout mon respect, et je pense que vous avez raison de lutter pour obtenir de votre gouvernement provincial — parce qu'en effet, vos problèmes relèvent de compétences provinciales — de meilleures conditions de travail, de façon à offrir de meilleurs services aux gens hébergés ou à ceux qui ont besoin de vos soins en matière de santé.
Je peux tenter d'expliquer tout ce débat qui, à ma grande surprise, se tient ici sur les services de garde. Ce qu'on voit aujourd'hui — et vous en avez un exemple concret —, c'est la confrontation de deux courants de pensée. Avec sa prime à l'enfance, qui s'apparente à mon avis davantage à une allocation familiale, le gouvernement aide sûrement les familles à arrondir leurs fins de mois, mais il n'assure aucunement la sécurité économique des femmes.
J'ai trois enfants, qui ont fréquenté la garderie. Quand j'ai commencé à faire garder mes enfants, je payais des frais de garde de 200 $ par semaine, soit 50 p. 100 de mon salaire. Quand le Québec a institué la garderie à 5 $ par jour, mon pouvoir économique, en tant que femme, s'est beaucoup amélioré. En effet, pour faire garder mes deux enfants, je devais dorénavant débourser 50 $ par semaine. J'avais davantage les moyens de contribuer à leur éducation, leur habillement et leur logement.
Une certaine incompréhension règne entre le gouvernement et les partis de ce côté-ci. Les garderies, entre autres au Québec, ont été créées par des femmes; non pas par le gouvernement, mais par des femmes québécoises qui voulaient avoir accès au marché du travail pour améliorer leur sécurité économique de façon à ne pas devoir dépendre du père de leurs enfants pour subsister. C'est une lutte de femmes, et je ne crois pas que M. Harvey soit au courant de la chose.
Les femmes se sont constitué un réseau de garderies, et les travailleuses de ce milieu se sont battues pour améliorer leur propre salaire parce qu'elles aussi étaient des travailleuses. Il faut quand même souligner que ça ne fait pas très longtemps que le réseau de service de garde québécois est devenu une institution publique. On a un beau réseau qui répond aux besoins des femmes, leur permet d'améliorer leur condition économique et d'accéder au marché du travail, et on le doit en grande partie à ces femmes québécoises qui ont lutté pour sa mise sur pied.
J'ai travaillé pendant 20 ans dans le domaine de la santé au Québec, et quand j'entends dire, entre autres par M. Harvey, qu'on ne devrait pas ressentir les réductions appliquées à Condition féminine Canada parce que l'argent est investi dans les services de première ligne, je me rends compte que pour moi, l'expression « première ligne » signifie urgence, service de nourriture, services vraiment directs. À mon avis, ce dont les femmes ont besoin, c'est d'apprendre à lutter pour exprimer leurs droits, dénoncer les abus, croire à leur importance au sein de la société. Malheureusement, elles ont encore besoin de soutien à tous ces égards.
Je vous pose une seule question, mesdames O'Haire et Oliver. Vous avez la chance de parler à ces cinq élus du gouvernement conservateur. Comme femmes, et non comme auxiliaire ou enseignante, quelles revendications aimeriez-vous adresser au gouvernement fédéral, qui est censé vous écouter? Quel genre de mesures permettraient vraiment aux femmes d'améliorer leur sécurité économique?
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Merci, madame la présidente.
Je comprends certaines des déclarations qui ont été faites, mais on ne guérit pas le mal par le mal. En réalité, la Commission des droits de la personne qui a entendu tous ces appels a dit que la loi était inefficace parce qu'elle n'a pas pu l'appliquer. Chez Bell, les femmes se battent maintenant depuis près de 25 ans et c'est la même chose aux Postes. Vous dites qu'on a engagé plus de personnel. La procédure continue de reposer sur les plaintes. Cela va s'éterniser. C'est la Commission des droits de la personne qui l'a dit.
Certains parlent des compressions budgétaires du début des années 90 et c'est un argument qu'on pourrait nous resservir encore très longtemps. En réalité, nous avions hérité d'un déficit de 42 milliards de dollars. Il y a eu des compressions, mais la situation a changé. Par-dessus le marché, l'ancien premier ministre s'est engagé à présenter un projet de loi à l'automne 2005. Malheureusement, à l'automne 2005, il y a eu des élections.
Cela ne change rien au fait que deux ministres et l'ancien premier ministre ont pris cet engagement. Cela ne change rien au fait que la législation actuelle, qui se fonde sur les plaintes, est inefficace. Cela ne change rien au fait que la Commission des droits de la personne dit que la loi est inefficace parce qu'elle ne peut pas l'appliquer. Et cela ne change rien au fait que deux provinces ont une législation proactive qui donne des résultats alors que le reste du pays n'en a pas.
Je crois qu'il est temps d'agir. Merci.
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C'est une question très importante, car de ce côté-ci de la Chambre, nous prenons la question de l'équité salariale très au sérieux. Sans vouloir critiquer qui que ce soit, l'ancien gouvernement a eu 13 ans pour agir, mais il ne l'a pas fait. Nous avons étudié la question. Nous l'avons étudiée ici au Comité de la condition féminine. Nous avons tous convenu que c'était très important. Nous avons déposé notre rapport à la Chambre et si vous examinez la réponse que nous avons alors reçue, elle ne contenait aucun engagement ferme.
Je dirais que ce rapport a été présenté et que nous l'avons examiné. Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons constaté qu'un grand nombre des éléments nécessaires étaient déjà en place, mais qu'ils n'avaient pas vraiment été mis en oeuvre. Notre ministre a été très actif et il a mis en oeuvre — La loi adoptée par la Chambre des communes était restée lettre morte, car aucun programme n'avait été prévu pour sa mise en oeuvre.
Cela dit, j'applaudis certaines des initiatives de nos collègues du Québec. J'aimerais beaucoup jeter un coup d'oeil sur la loi québécoise en question.
Nous allons devoir voter contre cette motion, car nous avons déjà l'équité salariale et nous avons prévu un programme de mise en oeuvre. Le ministre est déterminé à veiller à ce que les travailleuses soient traitées de façon tout à fait juste et équitable.
Cette motion est une répétition inutile. Nous avons déjà eu une motion similaire, nous avons eu un rapport, nous avons déjà déposé le rapport sur l'équité salariale à la Chambre des communes et avec le plan de mise en oeuvre de l'initiative d'équité salariale que nous avons maintenant, des améliorations vont être apportées. Si nous nous lançons dans ce genre d'aventures, il va certainement se passer des mois et peut-être des années avant que nous n'ayons une nouvelle loi alors que nous agissons maintenant avec ce que nous avons.
Je pense que nous devons discuter davantage de cette question afin que nous sachions ce que nous faisons au lieu de nous lancer dans quelque chose qui retardera la mise en oeuvre de l'équité salariale, qui est extrêmement importante.