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PACC Rapport du Comité

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Armoiries parlementaires

CHAMBRE DES COMMUNES
CANADA


INTRODUCTION
OBSERVATIONS ET RECOMMANDATIONS
CONCLUSION


 

 

Conformément à l’article 108(3)e) du Règlement, le Comité permanent des comptes publics a l’honneur de présenter son

 

QUATORZIÈME RAPPORT

Le Comité permanent des comptes publics a étudié le chapitre 4 du rapport déposé en avril 2000 par le vérificateur général du Canada (Affaires indiennes et du Nord Canada — L’enseignement primaire et secondaire) et le Comité s’est entendu sur ce qui suit :

 

INTRODUCTION

Le gouvernement du Canada assume la responsabilité de l’enseignement dispensé aux Premières nations depuis 1600. Cette responsabilité a toutefois été transférée peu à peu aux Premières nations et aux provinces depuis les années 1950. La Loi constitutionnelle de 1867 ainsi que d’autres lois, traités, accords et politiques donnent au gouvernement fédéral pleine compétence à l’égard des Premières nations et des terres qui leur sont réservées. Quoique l’éducation soit exclusivement du ressort des provinces, le gouvernement fédéral est habilité dans plusieurs traités à dispenser des services d’enseignement aux jeunes vivant dans les réserves.

Affaires indiennes et du Nord Canada (AINC) a mis en place un réseau d’accords selon lesquels le Ministère continue de financer l’enseignement primaire et secondaire dans les réserves. Le gouvernement fédéral applique les normes provinciales à l’enseignement offert aux élèves des réserves peu importe qu’ils soient inscrits à une école de réserve ou à une école provinciale ou fédérale.

Le gouvernement fédéral et les Premières nations accordent une grande priorité à l’éducation. La qualité de l’enseignement offert aux Premières nations a des répercussions importantes sur le développement des individus, la survie des cultures des Premières nations ainsi que la situation socio-économique de ces populations.

Soucieux d’aider le Ministère à s’acquitter de son mandat concernant l’enseignement primaire et secondaire fourni aux Premières nations, le Comité a décidé d’examiner le chapitre 4 du rapport déposé en avril 2000 par le vérificateur général du Canada. Le 18 mai 2000, le Comité s’est réuni pour entendre les témoignages. Mme Sheila Fraser, vérificateur général adjoint, et M. Grant Wilson, directeur principal des opérations de vérification, représentaient le Bureau du vérificateur général du Canada. Les témoins représentant Affaires indiennes et du Nord Canada étaient Mme Shirley Serafini, sous-ministre, M. Dennis Wallace, sous-ministre associé, et M. Bob Coulter, directeur de l’emploi et du développement humain.

 

OBSERVATIONS ET RECOMMANDATIONS

Mme Fraser a dès le début fait remarquer au Comité que peu importe qu’AINC offre les services d’éducation directement aux enfants des réserves ou délègue cette responsabilité au moyen d’accords spéciaux avec les Premières nations, le Ministère garde la responsabilité financière et qualitative de cet enseignement. Dans ce contexte, la vérification a posé les questions suivantes. Le Ministère a-t-il l’assurance raisonnable qu’il atteint ses objectifs en matière d’éducation? Le Ministère tire-t-il parti des possibilités qui existent pour améliorer son fonctionnement? Le Ministère a-t-il démontré qu’il assumait sa responsabilité à l’égard des résultats? Si AINC a déjà pris des initiatives à certains égards, il reste encore plusieurs questions fondamentales à régler.

Premièrement, quel rôle AINC doit-il jouer dans la prestation des services d’éducation aux Premières nations? Le Ministère n’a pas encore articulé parfaitement son rôle dans ce domaine malgré qu’il offre des services d’enseignement aux Premières nations depuis au moins 30 ans. Un éclaircissement s’impose pour que le Ministère puisse déterminer s’il possède la capacité et les ressources nécessaires pour atteindre ses objectifs.

La vérification a aussi révélé un écart sérieux entre les élèves vivant dans les réserves et l’ensemble de la population pour ce qui est du degré de scolarisation atteint. Le Ministère est au courant de la situation depuis un certain nombre d’années, mais n’a pas pris de mesures pour corriger promptement et efficacement la situation.

En dernier lieu, si AINC recueille des données de base sur l’éducation, il n’a pas encore mis au point d’indicateurs du rendement et des résultats pour démontrer qu’il assume sa responsabilité et donner l’assurance qu’il atteint ses objectifs.

Il est également nécessaire d’apporter des améliorations opérationnelles aux ententes de financement conclues avec les Premières nations, notamment à l’administration par le Ministère des fonds destinés à l’éducation. Il s’agit surtout de recueillir des données plus pertinentes sur les coûts, de mieux gérer les ententes de financement, d’effectuer des consultations plus étroites et plus fréquentes avec les Premières nations afin de mieux adapter les programmes et les instruments d’enseignement, ainsi que d’obtenir et d’utiliser les évaluations des écoles pour évaluer leur rendement global et cerner les problèmes propres à chacune.

La sous-ministre, Mme Shirley Serafini, a assuré le Comité qu’AINC était déterminé à donner suite aux recommandations du vérificateur général. Le Ministère est sensible aux préoccupations exprimées dans la vérification, notamment à la nécessité de préciser son rôle concernant l’enseignement dispensé aux Premières nations, de mettre au point et d’utiliser des mesures du rendement adéquates et de renforcer l’importance opérationnelle du Ministère.

Les membres du Comité se sont dits préoccupés par l’absence d’un rôle clairement défini pour le Ministère dans la prestation des services d’éducation aux Premières nations. Même si l’objectif déclaré du Ministère en matière d’éducation est d’aider les Premières nations à satisfaire leurs besoins et leurs aspirations, il reste beaucoup d’ambiguïté et d’incohérence dans la manière dont AINC s’acquitte de son mandat. Certaines administrations régionales d’AINC considèrent que leur responsabilité première consiste à fournir un service de financement tandis que d’autres régions estiment qu’il s’agit davantage de concevoir des programmes d’enseignement. Le Ministère devra tôt ou tard décider si son rôle à l’égard des Premières nations est celui d’un organisme de financement, de surveillance ou de normalisation de l’enseignement, d’un catalyseur de capacités, d’un conseiller ou d’un coordonnateur — ou encore l’ensemble, une partie ou aucun de ces rôles.

Le Ministère doit préciser et officialiser son rôle et ses responsabilités. Autrement, sa responsabilité de rendre compte des résultats s’en trouvera affaiblie et les assurances que les fonds accordés à l’éducation sont bien dépensés manqueront à tout le moins de clarté. Le Comité recommande dès lors ce qui suit :

 

RECOMMANDATION No 1 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada entreprenne immédiatement une étude complète de son rôle dans l’éducation afin de mieux atteindre ses objectifs et assumer ses responsabilités à l’égard des Premières nations. Et qu’au terme de cette étude, le Ministère énonce clairement et officiellement ses rôles et ses responsabilités dans son Rapport sur les plans et les priorités et dans son Rapport ministériel sur le rendement à compter de l’année financière se terminant le 31 mars 2001.

RECOMMANDATION No 2 :

Que dans la définition de son mandat, Affaires indiennes et du Nord Canada tienne compte du rôle et des responsabilités des autres parties, définisse clairement les produits à livrer et les comptes à rendre à l’égard des résultats, et communique ses rôles et responsabilités à toutes les autres parties.

Étant donné qu’au cours des 30 dernières années, le Ministère a délégué à un grand nombre de Premières nations la responsabilité d’assurer les services d’éducation, le Comité a demandé si AINC avait effectué des évaluations pour déterminer si les Premières nations étaient capables de dispenser ces services à la population.

La vérification a révélé que les ententes de financement contenaient certaines dispositions visant à évaluer la capacité des Premières nations au moyen d’auto-évaluations, mais que celles-ci ont été exécutées de façon irrégulière (1605). Le Comité recommande par conséquent :

RECOMMANDATION No 3 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada, avant de déléguer la prestation des services d’éducation aux Premières nations, analyse d’abord leur capacité de s’acquitter de ces responsabilités, cerne les faiblesses, et mette au point des plans d’action communs, assortis d’échéanciers, pour s’assurer que les Premières nations sont en mesure d’assumer ces responsabilités d’enseignement.

Le Comité est très préoccupé par l’écart important qui sépare les élèves indiens et non indiens sur le plan des résultats scolaires. Entre 1991 et 1996, le taux de réussite des études secondaires chez les élèves vivant dans les réserves est passé de 31 % à 37 %. Malgré cette légère amélioration, les résultats scolaires des Autochtones demeurent encore faibles comparativement au taux de réussite de 65 % enregistré dans l’ensemble de la population canadienne en 1996. Au train où vont les choses, il faudrait environ 23 ans pour combler le fossé entre les deux groupes.

Cette situation ne peut plus durer. La faiblesse des résultats scolaires des élèves vivant dans les réserves n’est pas sans nuire à leur bien-être actuel et à leur situation socio-économique future. Soucieux d’empêcher le déclin scolaire de s’accentuer, le Comité exhorte le Ministère à prendre immédiatement les mesures correctives qui s’imposent. Il recommande par conséquent :

RECOMMANDATION No 4 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada, en collaboration avec les Premières nations, établisse immédiatement des plans d’action et des échéanciers afin d’abolir l’écart entre les élèves des réserves et l’ensemble de la population étudiante canadienne. Et qu’il fasse part des progrès de ces initiatives dans son Rapport ministériel sur le rendement à compter de l’année financière prenant fin le 31 mars 2001.

RECOMMANDATION No 5 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada mette au point des indicateurs de rendement pour comparer les résultats scolaires des élèves des réserves et du reste de la population canadienne, et s’en serve pour mesurer les progrès réalisés grâce aux plans d’action visant à combler le fossé entre les deux groupes.

RECOMMANDATION No 6 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada rende compte des résultats des plans d’action destinés à combler le fossé entre les deux groupes dans son Rapport ministériel sur le rendement à compter de l’année financière prenant fin le 31 mars 2001.

Quant à la gestion et à l’administration des programmes d’enseignement du Ministère dans les réserves, le Comité a remarqué qu’il y avait place à l’amélioration sur le plan des indicateurs de rendement et des résultats, de la collecte et de la qualité de l’information financière, ainsi que des formules de répartition des fonds.

RECOMMANDATION No 7 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada mette au point immédiatement des indicateurs du rendement et des résultats, ainsi que des objectifs de réussite scolaire conformes à ses objectifs déclarés, et qu’il rende compte des progrès de cette initiative dans son Rapport ministériel sur le rendement à compter de l’année financière se terminant le 31 mars 2001.

RECOMMANDATION No 8 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada établisse immédiatement un plan d’action pour améliorer la collecte des données financières afin de connaître les coûts exacts, pertinents et comparables par étudiant et de procéder aux analyses de coûts requises pour faciliter les décisions de répartition des ressources. Que les progrès de cette initiative soient communiqués dans le Rapport ministériel sur le rendement à compter de l’année financière prenant fin le 31 mars 2001.

RECOMMANDATION No 9 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada établisse immédiatement un plan d’action ainsi qu’un échéancier pour perfectionner la formule d’attribution de l’aide financière par les régions. Que les progrès de cette initiative soient communiqués dans le Rapport ministériel sur le rendement à compter de l’année financière prenant fin le 31 mars 2001.

Le Comité est certes préoccupé par les nombreux points à régler au sujet des ententes de financement. La vérification a révélé de nombreuses lacunes à l’égard de leur gestion et administration, en particulier l’absence d’ententes de financement dans certains cas, le règlement des différends entre les Premières nations et les autorités provinciales, le suivi de la mise en œuvre des accords, etc.

RECOMMANDATION No 10 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada établisse et applique immédiatement des plans d’action visant à corriger les lacunes des ententes de financement de l’éducation avec les Premières nations, et qu’il rende compte des progrès de ces plans d’action dans son Rapport ministériel sur le rendement à compter de l’année financière prenant fin le 31 mars 2001.

RECOMMANDATION No 11 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada, en collaboration avec les Premières nations et les provinces, mette en place des mécanismes de surveillance et de consultation pour assurer la rétroaction et la reddition de comptes qui s’imposent entre toutes les parties en cause. Et que le Ministère rende compte des progrès de cette initiative dans son Rapport ministériel sur le rendement à compter de l’année financière prenant fin le 31 mars 2001.

La question de la divulgation des états financiers des Premières nations a été un sujet de préoccupation. Lorsqu’un membre du Comité s’est informé de la disponibilité de l’information financière sur les programmes d’éducation, les fonctionnaires d’AINC ont indiqué qu’ils recevaient des Premières nations les rapports de vérification sur les revenus et les dépenses par programme, mais que les vérifications consolidées globales n’étaient pas rendues publiques. Cette situation résulte d’une décision judiciaire rendue en 1988, selon laquelle les états financiers consolidés des Premières nations ne pouvaient pas être divulgués au public parce qu’ils contenaient souvent des rapports financiers sur des entreprises appartenant aux Premières nations.

Les fonctionnaires d’AINC ont en outre indiqué que le Ministre cherchait actuellement avec les Premières nations et des comptables généraux licenciés des moyens d’améliorer la divulgation de l’information financière des Premières nations, particulièrement pour ce qui est des fonds publics reçus et dépensés. L’objet de ces discussions consiste surtout à établir des barèmes montrant les contributions fédérales et leur utilisation par les Premières nations.

Le Comité est conscient des efforts déployés et fait la recommandation suivante :

RECOMMANDATION No 12 :

Qu’Affaires indiennes et du Nord Canada ajoute dans les ententes de financement à venir des dispositions qui obligent la divulgation des états financiers des Premières nations en ce qui a trait à la réception et à l’utilisation des crédits versés par les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada.

 

CONCLUSION

Le Comité est très préoccupé par l’éducation primaire et secondaire assurée aux Premières nations. L’écart observé dans les résultats scolaires des élèves de niveau secondaire vivant dans les réserves et l’ensemble de la population scolaire n’est pas tolérable. On ne doit plus laisser une telle situation durer, car elle n’est pas de bon augure pour le bien-être actuel et futur des Premières nations et du Canada en général.

Le Comité est insatisfait de l’attitude non interventionniste du Ministère dans la gestion et l’administration des programmes d’éducation et des ententes spéciales de financement. Bien qu’il soit en principe judicieux de décentraliser ou de déléguer les responsabilités, il faut que les rôles et les responsabilités soient clairement définis et que toutes les parties conviennent de s’y conformer, et il faut également prévoir des mécanismes de surveillance et de consultation pour favoriser la rétroaction et empêcher les désaccords de devenir ingérables.

La problématique étant bien comprise, le Comité espère que le Ministère ne tardera pas à régler les nombreuses lacunes cernées dans la vérification.

Conformément à l’article 109 du Règlement, le Comité demande au gouvernement de déposer une réponse globale au présent rapport.

Une copie des Procès-verbaux pertinents (séances nos 25 et 28) est déposée.

Respectueusement soumis,

 

Le président,

JOHN WILLIAMS, député