Bienvenue à la 64e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Cette réunion se déroule de façon hybride, conformément à l’ordre de la Chambre du 23 juin 2022.
Je vous rappelle que vous devez adresser vos commentaires à la présidence. Il est interdit de prendre des captures ou des photos de votre écran. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. Conformément à la motion de régie interne du Comité concernant les tests de connexion dans le cas des témoins, j’informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests requis avant la réunion.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 18 janvier 2022, le Comité reprend son étude des impacts sur l’écosystème et de la gestion des populations de pinnipèdes.
Je souhaite la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Nous accueillons M. Glenn Blackwood, vice-président à la retraite de l’Université Memorial de Terre-Neuve, qui témoignera à titre personnel et par vidéoconférence. Par vidéoconférence également, nous entendrons Jim McIsaac, directeur général du B.C. Commercial Fishing Caucus, de même que Kilian Stehfest, spécialiste de la conservation marine qui représente la Fondation David Suzuki.
Merci d’avoir pris le temps de rencontrer le Comité aujourd’hui. Vous disposerez chacun de cinq minutes pour une déclaration préliminaire.
Nous allons commencer par M. Blackwood, qui a cinq minutes ou moins.
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Merci, monsieur le président.
C’était mon titre officiel avant que je ne prenne ma retraite, mais dans mes deux dernières années d'activité, j’ai entrepris — un peu à contrecœur au début — de me pencher sur l'examen de la science du phoque dans le cadre du processus ayant mené à la création du Groupe de travail sur la science des phoques de l’Atlantique.
Sept personnes ont participé à ce travail, et j’ai d'ailleurs remis une trousse qui sera traduite et vous sera remise plus tard. Malheureusement, pendant la pandémie de COVID-19, nous n’avons pas pu tenir de réunions publiques et nous ne nous sommes jamais rencontrés en tant que comité, mais nous avons eu une excellente représentation de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi que la participation d’un représentant des Îles-de-la-Madeleine qui, malheureusement, en raison d’engagements professionnels, n'a pas pu aller au terme du processus et qui a dû quitter après quelques mois. Je dois mentionner que nous avons reçu des représentants du Nouveau-Brunswick ainsi que de la Fédération du saumon de l’Atlantique.
Je vais essentiellement vous faire un bref résumé de notre rapport et vous parler de la façon dont celui-ci m'a amené à modifier ma perspective au sujet des populations de phoques et de certains des défis auxquels nous avons fait face, cela à partir d'un grand nombre de données scientifiques. Une bonne partie de ces données prouvaient raisonnablement que les phoques ont un impact majeur sur des espèces, comme sur la morue 4T. Par ailleurs, les échantillons prélevés par l’industrie sont complètement différents de ceux prélevés par les scientifiques du MPO dans l'espace et dans le temps, de même qu'en ce qui concerne le contenu de l’estomac. J’y reviendrai un peu plus tard.
J’ai grandi sur la côte nord-est. J’ai présidé le Centre canadien pour l’innovation dans les pêches. J’ai été sous-ministre adjoint des Pêches et ma famille vit depuis longtemps de la mer. Je connais bien les phoques, mais je m’en suis éloigné pendant un certain temps. Je trouve que c’est une question très polarisante, que les gens prennent parti et se braquent. Parlant de la pêche, un de mes amis a dit un jour que c'est un univers sans cadeau, et que les phoques peuvent être polarisants et controversés.
À la présidence du comité, j’ai dû tenir compte des plaidoyers passionnés de l’industrie pour que quelque chose soit fait immédiatement... De plus, nous ne faisions pas de recommandations sur la taille de la population de phoques ni sur les espèces dont ils se nourrissent. Nous cherchions à déterminer pourquoi les résultats obtenus par le MPO à l’époque étaient différents de ceux obtenus par l’industrie.
Sur une période de deux ans — malheureusement, cela a pris un peu plus de temps que prévu, en grande partie en raison des restrictions liées à la COVID-19 —, nous nous sommes entendus en tant que groupe, et nous avons formulé neuf recommandations dans l’espoir de combler cet écart. Je comprends que le MPO travaille à ces recommandations, mais il faudra du temps pour les mettre en œuvre.
Comme je l’ai dit, dans d’autres secteurs comme ceux fréquentés par le phoque gris, nous avons recueilli beaucoup de preuves, et la situation de l’industrie et celle du MPO à cet égard ne sont pas très différentes.
Je crois que cela fait près de cinq minutes, monsieur le président.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m’avoir invité à m’adresser à vous aujourd’hui.
Je me trouve très privilégié d’avoir grandi sur cette côte et d’avoir travaillé dans le secteur des pêches toute ma vie. Cela m'a permis de payer mes études universitaires et, quand j’ai obtenu mon diplôme, on m’a offert un poste d’enseignant et de chercheur, mais j’ai continué à pêcher. Je suis de descendance écossaise du côté de mon père qui vient d’une communauté de pêcheurs des îles Orkney, et irlandaise du côté de ma mère qui vient d’une communauté agricole du comté de Meath. Je m’appelle George Patrick et je suis le fils d’Anne et de James. J'appartiens naturellement au monde de la production alimentaire.
Je vais vous parler de quatre choses, soit: de certaines des répercussions de la Loi sur les pêches de 1970 sur les mesures de protection du saumon, de l’eulakane et de la crevette; de la gestion écosystémique à Parcs Canada; de la gestion intégrée des écosystèmes à Pêches et Océans Canada; et de la nécessité de modifier la gestion intégrée des écosystèmes à Pêches et Océans Canada.
Je vais suivre les diapositives qui, je crois, ont été distribuées aux membres du Comité.
J’ai pris cette photo en novembre dernier à Cowichan Bay. Ce quai a été mis en place par les pêcheurs il y a huit ans, et les otaries ont pris la relève presque immédiatement. Entre 300 et 400 otaries passent de septembre à novembre à ingurgiter 10 à 16 kilogrammes de saumon par jour. Les marins-pêcheurs ne peuvent pas utiliser ce quai en toute sécurité.
Le MPO a modifié la Loi sur les pêches en 1970 afin de protéger pleinement les phoques et les otaries. Avant cela, une prime de cinq dollars était versée par museau de phoque et d’otarie en Colombie-Britannique. Ce graphique montre une croissance exponentielle puis une stabilisation de la population de phoques communs dans le détroit de Georgia. La pêche sportive est également représentée sur ce graphique, et on y constate une inversion de tendance. Certains secteurs d'activités sont autorisés à protéger leur gagne-pain contre les pinnipèdes, mais pas les pêcheurs.
La croissance de la population d’otaries au cours des 50 dernières années continue d’augmenter, comme le montre ce graphique. Ils consomment maintenant plus de poisson que toute la pêche sauvage, soit presque le double. Le déclin des prises de saumon remonte au début des années 1970. La pêche a fait l’objet d’une restructuration avec injection de 1,2 milliard de dollars en 1995-1998. Les données de modélisation les plus récentes montrent que la biomasse des phoques et des otaries continue d’augmenter.
Outre la pêche au saumon, le nombre de pêcheurs commerciaux est passé de 21 000 en 1990 à 5 000 en deux ou trois ans seulement. Encore une fois, c’est l’inverse de la croissance des pinnipèdes. Nous sommes en train de réduire encore plus la pêche au saumon, en fermant encore 60 % de la pêche. Les phoques et les otaries ont un régime alimentaire très diversifié, et bien d'autres espèces que le saumon sont touchées. Ces animaux mangent plus de 54 espèces différentes.
J’étais à Knight Inlet à cette époque l’an dernier. C’est l’un des endroits les plus éloignés de notre côte. L’eulakane remonte à cette période de l’année. Diverses espèces suivent l’eulakane, comme le phoque, l'otarie et le marsouin. Cette photo montre un groupe de marsouins poursuivant les eulakanes dont ils se goinfrent. Les Premières nations ont installé des déversoirs dans la rivière pour récolter des eulakanes et produire de la graisse, ce qui est de l’or dans cette régions. Les otaries remontent la rivière pour se nourrir d’eulakanes. L’an dernier, elles ont réussi à franchir le déversoir pour festoyer dans la nuit. À l'instar du saumon, la population d’eulakane est en déclin depuis le début des années 1990. On estime que les otaries et les phoques consomment 60 à 70 % de la montaison d’eulakanes sur notre côte.
Au milieu des années 1990, la pêche à la crevette en Colombie-Britannique était l’une de nos pêches qui rapportait le plus, avec 10 millions de dollars annuellement dans le seul détroit de la Reine-Charlotte. La pêche à la crevette donne lieu à des prises accessoires d’eulakanes. En 1998, le MPO a blâmé la pêche à la crevette pour le déclin de l’eulakane. Or, le phoque et l'otarie consomment un volume d’eulakanes équivalent à plus de 250 fois les prises accessoires actuelles associées à la pêche à la crevette. Le MPO a maintenu la fermeture de la pêche à la Reine-Charlotte à 10 millions de dollars au cours des 25 dernières années. Aujourd’hui, notre pêche à la crevette vaut moins d’un million de dollars, tandis que nos voisins, les États de Washington et de l’Oregon, ont une pêche à la crevette qui pèse plus de 300 millions de dollars.
Parcs Canada prend au sérieux son rôle de gestion des écosystèmes. Le ministère gère toutes les espèces et les activités humaines. Il administre des programmes d’éradication et d’abattage qui maintiennent l’équilibre des écosystèmes. Le MPO appuie la gestion écosystémique le long de nos côtes, mais son principal objectif est l'encadrement des pêcheurs. Son approche axée sur le risque consiste à fermer d’abord les pêches. La gestion écosystémique doit aller plus loin.
Si nous voulons manger du poisson de chez nous, le MPO ne doit pas se contenter de gérer les gens et plutôt imiter Parcs Canada pour faire une véritable gestion écosystémique.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je suis biologiste et j’ai l’agrément en Colombie-Britannique. Je travaille actuellement comme spécialiste de la conservation marine auprès de la Fondation David Suzuki. Avant de me joindre à la Fondation, j’ai étudié les écosystèmes marins et côtiers tempérés comme scientifique de recherche pendant 10 ans.
Je témoigne devant vous aujourd’hui pour vous exposer un point de vue scientifique sur deux questions qui, selon moi, sont fondamentales pour l’étude du Comité sur les impacts écosystémiques et la gestion des populations de pinnipèdes.
Tout d’abord, j’aimerais aborder la croyance selon laquelle il y a une surpopulation de pinnipèdes sur les côtes, comme l’affirme la motion ayant donné lieu à cette étude. Cette croyance se fonde généralement sur la forte croissance qu’ont connue de nombreuses populations de pinnipèdes pendant la seconde moitié du XXe siècle. Or, pour bien comprendre l’état actuel des populations de pinnipèdes, il faut aller au-delà de cette conception très limitée souvent présentée par les partisans de l’abattage des pinnipèdes.
Au milieu du dernier siècle, de nombreuses populations de pinnipèdes ont été gravement décimées en raison de la chasse commerciale et des programmes de contrôle des prédateurs qui se sont échelonnés sur des décennies. Par exemple, dans le Pacifique, les populations de phoque commun avaient été réduites à 10 % de leur abondance historique. La forte croissance observée après la protection dont a bénéficié cette espèce n’est donc pas le signe d’une explosion de la population, mais plutôt celui d’un rétablissement après la surexploitation. Depuis leur rétablissement réussi, les populations de pinnipèdes sont, pour la plupart, stables ou près de leurs niveaux historiques et ont connu très peu de changements au cours des dernières décennies.
Les populations qui sont stables depuis des décennies ou qui sont près des niveaux historiques ne montrent à l’évidence aucun signe de surpopulation. Signalons que, par le passé, le même nombre de pinnipèdes qu’aujourd’hui a coexisté avec d’abondants stocks de poissons.
La seconde question dont j’aimerais parler est l’idée voulant que, parce que les pinnipèdes consomment une certaine quantité de stock de poisson, il suffise de réduire le nombre de pinnipèdes pour avantager ce stock de poisson. Les réseaux trophiques marins sont beaucoup trop complexes pour adopter une approche aussi simpliste. Sur la côte Ouest, par exemple, on propose d’abattre des pinnipèdes afin de rétablir les populations de saumon du Pacifique. Or, selon les plus récentes données sur le régime alimentaire du phoque commun dans la mer des Salish, ce dernier se nourrit de 57 espèces différentes. L’abattage de pinnipèdes risquerait d’avoir des conséquences inattendues pour chacune de ces 57 espèces qui pourraient se répercuter sur le réseau trophique marin et avoir des effets dévastateurs sur l’écosystème et les stocks de poissons qu’on tente de rétablir.
Parmi les conséquences inattendues, il pourrait y avoir une augmentation de la population du merlu du Pacifique. Le merlu du Pacifique est la proie la plus courante du phoque commun dans la mer des Salish; il constitue en moyenne jusqu’à 24 % de son régime alimentaire, comparativement à 3,5 % pour le saumon chinook et à 2,2 % pour le saumon sockeye. Comme le merlu du Pacifique se nourrit de saumoneau, l’abattage de pinnipèdes pourrait en réalité entraîner une augmentation et non une réduction du taux de mortalité du saumon du Pacifique.
Mon exemple porte sur la côte Ouest, mais les facteurs sous-jacents, qui sont inhérents à la complexité des réseaux tropiques marins tempérés et aux habitudes alimentaires générales des pinnipèdes, s’appliquent ailleurs. C’est pour cette raison que les examens exhaustifs des programmes d’abattage d'espèces ciblées de partout dans le monde montrent que l'on observe souvent des conséquences inattendues pour les espèces visées et pour l’écosystème dans son ensemble.
L’abattage de pinnipèdes afin de favoriser des stocks de poissons d’importance commerciale compromet par conséquent la santé des écosystèmes côtiers de façon incommensurable en plus de susciter des doutes quant à l’atteinte du résultat escompté. Au caractère imprévisible et risqué de cette approche s’ajoutent les changements importants et rapides que nous observons déjà dans l’écosystème côtier en raison des changements climatiques. En plus de nuire à la survie et au rétablissement des stocks de poissons d’importance commerciale comme le saumon ou la morue, ces changements ont un effet sur les populations de pinnipèdes en raison de la réduction de la couverture de glace, de l’intensification des éclosions de maladies et de la diminution de la disponibilité des proies.
Or, les pinnipèdes ne sont pas seulement touchés par les changements climatiques; ils contribuent de façon importante à les atténuer. Selon une étude publiée pas plus tard que le mois dernier dans une importante revue scientifique, en protégeant et en restaurant les populations d’animaux sauvages, dont les pinnipèdes, on peut améliorer considérablement le captage naturel du carbone et la capacité de stockage des écosystèmes.
La meilleure façon de préserver les pêches du Canada pour les générations futures dans le contexte des changements climatiques est donc de maintenir des écosystèmes sains, diversifiés et résilients. L’abattage de pinnipèdes, dont les résultats sont imprévisibles, irait à l’encontre de cet objectif.
Je vous remercie grandement du temps que vous m’avez accordé et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Je serai heureux de vous fournir la documentation que j’ai citée dans ma déclaration liminaire.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous ceux qui se sont joints à nous aujourd'hui.
Monsieur Stehfest, je vais probablement m'attarder surtout avec vous au cours de cette série de questions, parce que votre organisation et son homonyme, ainsi que de nombreux militants célèbres, ont certainement eu une influence marquante sur l'opinion publique. Je relève l'utilisation du terme « abattage sélectif » dans votre témoignage. C'est une chose à laquelle nous avons justement essayé de ne pas faire référence. De fait, nous avons parlé de « récolte » lorsque les animaux sont utilisés après leur capture.
J'aimerais vous présenter des données empiriques et vous demander ce que vous en pensez. La Norvège a trouvé le moyen de faire disparaître ses pinnipèdes. Elle est très discrète quant à la façon dont cela s'est passé, mais nous avons entendu dire que ses stocks de morue se rétablissent très bien.
Dans le Canada atlantique, les populations de pinnipèdes continuent de croître pour atteindre les niveaux les plus élevés jamais vus, selon certains témoins que nous avons entendus. Nos stocks de morue, après toutes ces années — 30 ou 40 ans — ne sont toujours pas au point où nous pourrions parler de stabilité. Pouvez-vous nous parler de cette preuve empirique et de ce qu'elle vous dit?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être présents, car c'est toujours instructif.
Je me réjouis de la présence de quelqu'un qui est un petit peu plus sceptique sur la gestion des pinnipèdes et sur la façon dont réfléchir autour de cette table pour en arriver à de bonnes recommandations pour le gouvernement. Il est important d'entendre des points de vue parfois polarisants pour se remettre en question et s'interroger de façon juste et sage sur la suite.
Monsieur Stehfest, je vais m'adresser à vous. Je connais bien la Fondation David Suzuki, d'ailleurs.
Je pense qu'il n'y a personne autour de cette table qui souhaite un abattage sauvage — ou un abattage tout court — d'une population, qu'il s'agisse de pinnipèdes ou autres, dans l'unique but d'abattre des animaux. En fait, très peu de gens soucieux de l'équilibre écosystémique de nos fleuves et de nos océans le souhaitent. Je défends fortement le respect de l'animal, et surtout celui de la nature.
Dans cette optique, j'aimerais entendre votre point de vue sur l'équilibre entre la proie et le prédateur, un sujet que j'ai souvent abordé à cette table. Il existe sur la planète un équilibre naturel entre proies et prédateurs. Dans l'histoire, l'humain fait partie de l'exercice. Bien sûr, il y a eu des abus, comme dans toute chose. Nous ne parlerons pas non plus de l'abus fait aux autres animaux qu'on élève de façon industrielle et qu'on suspend, vivants, sur des crochets pour les transporter parce que ça coûte moins cher. Il y a tout plein d'horreurs sur la Terre.
Toutefois, si on parle de ce que les Autochtones font dans leurs rituels et de ce que font les gens des Îles‑de‑la‑Madeleine, qui ont survécu grâce à la chasse aux phoques, n'avons-nous pas brisé un équilibre écologique proie-prédateur précieux pour la suite des choses lorsque nous avons cessé de permettre cette chasse?
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Je suis d'accord pour dire que les humains font partie de la nature et de l'écosystème. Je ne suis pas ici pour m'opposer de quelque façon que ce soit à une récolte de phoques gérée de façon durable. Cependant, la distinction que je fais entre un abattage sélectif et une récolte est différente, je crois, de celle que font certains membres du Comité. Je peux comprendre pourquoi l'utilisation finale du phoque est importante pour un chasseur ou pour une discussion sur les valeurs de la société, mais pour l'écosystème, ce qui arrive au phoque une fois tué n'a pas d'importance.
Pour moi, dans une perspective d'écosystème, une distinction plus significative est la façon dont nous établissons nos objectifs de gestion pour la récolte. En général, dans la gestion des pêches conventionnelles, notre objectif est la santé de la population et de la fonction écosystémique, mais si on veut tuer des phoques pour le bien des stocks de poissons, c'est le contraire. C'est essayer de diminuer la population et d'intervenir activement dans le fonctionnement de l'écosystème.
Se rattache à cela la façon dont on établit le taux de récolte. Un taux de récolte fondé sur des populations viables et en santé, ce n'est surtout pas comme dire que nous voulons avantager un certain stock de poissons. En effet, la littérature confirme très clairement que pour avoir la moindre chance que les populations de poissons profitent de l'abattage sélectif des pinnipèdes, il faut éliminer au moins 50 % des pinnipèdes. Cela déborderait complètement les limites d'une récolte gérée durablement.
Pour moi, c'est une distinction plus importante, dans une perspective d'écosystème, entre un abattage sélectif et une récolte.
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Je vais vous raconter une petite histoire de famille. Mon père était pêcheur de morue. Il a observé la mer toute sa vie et connaissait bien les phoques et leurs interrelations avec les bancs de poissons dans le Saint‑Laurent. C'était sa science à lui, comme elle est celle, encore aujourd'hui, d'autres personnes que nous connaissons bien, dont certaines ont témoigné devant le Comité d'ailleurs.
Au moment où est arrivée toute la polémique menant à l'arrêt de la chasse au phoque, j'étais un jour à la pêche avec mon père. Il m'a alors dit spontanément qu'il fallait profiter de ce moment où nous pouvions encore manger de la morue, maintenant qu'avait cessé la chasse au phoque, parce que, d'ici une dizaine d'années, les stocks commenceraient à diminuer et ce serait terminé.
Quelques années plus tard, je me suis fait un amoureux, qui faisait de la plongée sous-marine. Alors qu'il plongeait aux Escoumins, il a vu des tapis de morues éventrées, dont les viscères avaient disparu. Il a aussi observé des phoques s'attaquer aux morues dans la mer. Alors, pour moi, tout cela a un sens.
Quelle est votre opinion à ce sujet? Je pense que nous nous entendons sur certains points, notamment sur le fait qu'il faut gérer la population de pinnipèdes de façon juste et équilibrée, mais la gérer ne veut pas dire les abattre de façon massive. Quelle est votre opinion sur les connaissances recueillies sur le terrain? Est-ce que votre fondation récolte des données sur le terrain, auprès des gens qui habitent le long du fleuve?
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Merci beaucoup de votre question. C'est une bonne question.
C'est difficile, parce que nous avons des opinions polarisées sur tout type de récolte pour l'avenir ou sur une réduction de la population au profit des pêches et sur la question de savoir si c'est bon ou non pour l'écosystème.
Quant à nos pêches d'ici, si vous regardez les vidéos sur la pêche au hareng depuis deux mois, vous verrez des filets de pêche au hareng pleins d'otaries et de phoques qui entrent dans les filets et qui mangent et perturbent la pêche. Si vous avez tendu un seul filet maillant pour une pêche au hareng, il est nettoyé net. Il aurait fallu tendre plusieurs filets pour en avoir un qui ramène du poisson.
On a une population qui est hors de contrôle du point de vue des pêches — peut-être pas d'un point de vue d'écosystème, mais d'un point de vue des pêches —, de sorte qu'il faut faire une certaine forme de gestion. Si le secteur de l'aquaculture est autorisé à tuer lorsque sa subsistance est menacée, je pense que nous devons envisager quelque chose du même genre pour aider les pêcheurs à protéger leur moyen de subsistance. Si on ne nous permet pas de récolter des phoques et des otaries, qu'il nous soit au moins permis de protéger notre moyen de subsistance.
Merci.
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Bien sûr, et je vous remercie de votre question.
Pour le Columbia, il est important de comprendre qu'il s'agit d'une solution très restreinte sur le plan spatial à un problème de consommation excessive de saumon par les otaries qui est causée par des infrastructures artificielles, principalement des barrages et des échelles à poisson.
Je pense que ce qui est vraiment important, ce sont les chiffres. Le prélèvement annuel total autorisé d'otaries là-bas est d'environ 900. C'est 10 % de ce qui serait un taux de récolte durable pour cette population. C'est loin d'une réduction de 50 %. La motivation qu'inspire le taux de prélèvement dans le Columbia est précisément de ne pas nuire à la population ou ni d'en modifier la viabilité. C'est une proposition très différente d'une réduction à grande échelle des populations de phoques.
Il y a des leçons à tirer pour la Colombie-Britannique. Je pense qu'une priorité, si nous sommes préoccupés par la consommation de saumon par les phoques, serait de voir s'il y a des cas de consommation excessive créée par une infrastructure humaine, que nous pourrions modifier ou ramener à un état plus naturel pour avantager le saumon, grâce à un meilleur habitat, et faire disparaître le problème de la prédation excessive par les pinnipèdes?
J'aimerais maintenant m'adresser à M. Blackwood, si vous me le permettez.
Monsieur Blackwood, on vous a interrogé plus tôt au sujet d'autres ministères qui pourraient avoir leur mot à dire sur la question, en ce qui concerne les marchés, l'approbation et les questions touchant la Loi sur la protection des mammifères marins aux États-Unis.
À votre avis, faudrait-il renvoyer la question à d'autres ministères fédéraux, comme le Commerce international, les Affaires étrangères, les Relations Couronne-Autochtones ou les Services aux Autochtones? Serait-il utile de mettre ces ministères au courant de ce qui s'est passé?
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Je crois que oui. Comme je l'ai dit, il n'y a pas de problème de conservation à leur égard. Ce ne sont pas des espèces en péril dans le cas du phoque du Groenland ou du phoque gris. Ce sont en fait des espèces qui ont atteint des niveaux de population historiques.
Tout à l'heure, M. Stehfest a parlé de la gamme de régimes alimentaires et des produits qu'on y trouve. Je crois qu'il a dit 57. C'est très comparable aux phoques du Groenland et aux phoques gris. La différence, c'est que nous pourrions atteindre une capacité de charge pour nos deux espèces. Quelqu'un a dit tout à l'heure que les régimes et les territoires changent. Les phoques gris s'étendent depuis l'île de Sable et peuplent maintenant le détroit de Northumberland, les îles et même le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, avec des colonies établies à Terre-Neuve-et-Labrador, nous a-t-on dit, de même que dans la région du Cap-Breton. Ces nouvelles rockeries commencent avec quelques animaux, qui deviennent rapidement plusieurs milliers.
Les nombres représentent la grande différence. Quand on regarde la Norvège ou ailleurs, avec 7,6 millions de phoques du Groenland — quel que soit l'impact —, 7,6 millions multipliés par quoi que ce soit, c'est un peu beaucoup. Il y a des indices d'alimentation opportuniste. La morue et le capelan sont nos deux espèces clés. Le capelan est la base de la chaîne alimentaire. La morue est une pêche historique emblématique. Ces deux espèces se trouvent probablement dans ce que j'appelle une « fosse des prédateurs » — comme Carl Walters appellerait cela — où les populations n'ont peut-être pas été décimées par les phoques, mais les phoques, je crois, sont...
Je peux vous dire que j'ai travaillé sur les baleines — vous pouvez voir mon épingle ici — et sur les prises accessoires de baleines et de dauphins avec le Fonds mondial pour la nature au Mexique. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il faut tuer les phoques ou les baleines et les blâmer pour cela, mais à nos niveaux de population, je crois sincèrement que nos pêches traditionnelles sont en danger et que ces écosystèmes se trouvent dans la fosse des prédateurs. Tout ce qui est lié à la croissance ou au renouvellement est écarté.
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Les trois premières recommandations visaient à mieux comprendre les répercussions, mais d'un autre côté, nous avons documenté les répercussions, je pense que... Il est très difficile d’établir un rapport de cause à effet. Il existe une corrélation étroite entre les noyades au Canada et les ventes de sucettes glacées. Les deux ne sont pas liés, même s’ils sont fortement corrélés.
Ce que j’ai trouvé le plus intéressant, c’est l’écart entre les données scientifiques du MPO qui disent... Une cinquantaine d’autres scientifiques ont examiné les données et confirmé qu’elles étaient exactes, mais les données qu’ils ont examinées provenaient d’échantillons de contenus d’estomacs prélevés à la fin de l’automne et au début de l’hiver sur la côte nord-est de Terre-Neuve, dans des secteurs comme La Scie, St. Anthony et Wild Cove. Si vous prélevez des échantillons de contenus d’estomacs de phoque...
George Rose est un scientifique spécialiste du poisson de fond et de la morue. Je lui ai demandé d’examiner où l’échantillonnage a été effectué et la période de l’année. La majeure partie de la population de phoques évolue à 80 ou 100 milles des côtes. En hiver, toute la morue et tout le capelan sont à 80 à 100 milles de ces lieux. À cause du courant du Labrador, ils ne peuvent pas survivre près des côtes, alors vous avez une situation où les phoques, comme on l’a mentionné, sont presque... Ce ne sont pas des structures artificielles, mais il y a des zones de frai de la morue, et, l'évolution aidant, les phoques connaissent ces zones. Ils se patrouillent dans ces secteurs. Ils ne se nourrissent pas forcément de morue pendant six mois de l’année, mais ils peuvent se nourrir intensément pendant la période de frai, quand la morue est vulnérable, de la même façon qu’ils le seraient s’ils étaient pris dans une passe migratoire du fleuve Columbia.
C’est le nombre de phoques qui sévissent sur la côte est du Canada par rapport à d’autres régions du monde. Il y a une énorme controverse en Australie au sujet de plus de 100 000 animaux. Chaque fois que nous parlons de 7,6 millions, et les scientifiques de la Norvège parlent de l’impact sur leurs pêches côtières quand les phoques envahissent...
Excusez-moi de poursuivre, mais compte tenu du grand nombre de phoques gris, de la taille des animaux et de leur expansion géographique, et compte tenu de la taille de la population de phoques du Groenland, idéalement, il s’agirait d’une chasse qui assurerait un certain équilibre à l’écosystème. Il semble y avoir un déséquilibre. Je pense qu’il y a un puits de prédation, comme je l’ai mentionné plus tôt.
Je suis désolé d’avoir dépassé mon temps de parole.
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Merci. C’est très utile.
Il y a deux thèmes que vous avez mentionnés et que j’aimerais aborder dans le temps qu’il me reste.
Comme je suis issu du milieu de la santé publique, tout ce qui est opposition entre association et lien causal m'apparaît très important. La population de phoques est abondante, mais pas celles des poissons. Les phoques mangent du poisson. Cela, c’est une association, tandis qu'un lien causal... Pour revenir sur ce que vous avez dit au sujet du caractère unique de la côte Est, est-ce la raison pour laquelle nous avons des points de vue différents, même au cours de la séance d’aujourd’hui? Y a-t-il des différences entre la dynamique de la côte Ouest et celle de la côte Est?
Je crois avoir entendu M. Stehfest dire que la population de phoques sur la côte Ouest est stable, mais ce n’est pas ce que j’entends sur la côte Est.
Les solutions peuvent-elles être différentes sur les différentes côtes en raison de dynamiques écosystémiques très différentes?
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Je pense que dans l’écosystème — si vous regardez la dynamique et l’écosystème de la côte Est —, il y a une certaine productivité. Il y a le phytoplancton, qui se transforme en zooplancton lequel alimente le capelan ou le lançon, et qui se retrouve quelque part dans l’écosystème.
Nous constatons qu’il n’y a pas de nourriture supplémentaire ou de croissance supplémentaire dans le système, ce qui tend à dire qu'il se produit probablement un problème d’équilibre face à de très grandes populations de mammifères marins à un moment où il existe sans doute une surpêche. Je ne blâme pas les phoques pour le déclin, mais je pense qu’ils empêchent le rétablissement.
Au cours des 45 dernières année, j’ai travaillé dans le domaine des pêches en tant que biologiste de la vie marine et j’ai mis sur pied des organisations scientifiques. Je ne dis pas cela à la légère, même si je n’ai pas beaucoup de preuves scientifiques, mais les phoques ont un impact sur la morue et le capelan. Au cours des deux années que j’ai passées à étudier les données scientifiques et à cerner les lacunes, et au cours des 45 années que j’ai passées à observer l’effondrement, puis la reconstruction et de nouveau l’effondrement de cette pêche, je crois qu’il y a un impact.
Nous avons recommandé que les scientifiques du MPO se concentrent sur les zones extracôtières, sur toute la gamme des phoques du Groenland et des phoques gris et tout au long de la saison. C’est très important. Si cela a un impact, il faut le déterminer, et l’échantillonnage actuel ne le fera pas.
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Bonjour,
hello, Kwe. Je vous remercie de m’avoir invitée à comparaître devant vous aujourd’hui.
Je suis ici à titre de propriétaire de Natural Boutique, mais je porte de nombreux autres chapeaux. Natural Boutique est spécialisée dans les produits de fourrure de phoque, mais je suis aussi propriétaire de plusieurs entreprises liées au tourisme. Je suis militante et auteure, pêcheuse commerciale et chasseuse de phoques. Je suis amatrice de plein air. Je suis mère. Je suis la cible de membres d’une secte des droits des animaux et je suis conservationniste. Je suis Autochtone de la Première Nation Mi'kmaq Qalipu.
J'ai grandi sur la terre, et j’ai beaucoup de respect pour toutes les créatures terrestres et marines. J’ai fait des études postsecondaires en biologie environnementale, et j’ai à cœur le bien-être des animaux de même que notre rôle d'intendants de la nature. Certaines de ces affirmations semblent contradictoires, mais toutes m’amènent au même point en ce qui concerne les phoques. J'appuie la gestion de la population de phoques parce que je me soucie pour l'environnement, pour la conservation et pour le bien-être animal, et non parce que je m'en désintéresse.
La population de phoques constitue un problème majeur. Comme M. Rose vous l’a dit lors d’une réunion précédente du Comité, sa biomasse est supérieure à celle des niveaux trophiques inférieurs, ce qui indique que l’écosystème est malsain. Il faut abaisser la population de phoques pour le bien des espèces marines et des phoques eux-mêmes.
Nous avons deux options. Premièrement, si le gouvernement dépense de l’argent pour financer l'abattage sélectif, il paiera des gens pour réduire la population, et il n’y aura pas d’autre génération ou de retombées économiques. Il faudra que le gouvernement consacre de l’argent à l’élimination des carcasses. Deuxièmement, nous pourrions donner aux gens les moyens de s’occuper de la question, de gagner leur vie en le faisant, de générer des recettes fiscales et de ne pas gaspiller la ressource. À mon avis, l’argent du gouvernement serait mieux employé dans ce dernier cas, mais cela ne peut fonctionner que si le gouvernement est éduqué et que nos marchés rouvrent.
Mes recommandations varient grandement en portée et en importance
Premièrement, tous les députés devraient regarder les documentaires My Ancestors were Rogues and Murderers d’Anne Troake et Angry Inuk d’Anne Troake et Angry Inuk d’Alethea Arnaquq-Baril. Ces documentaires poignants mettent en lumière les injustices causées par des campagnes de défense des droits des animaux mal conçues, racistes et trompeuses.
Deuxièmement, tous les députés devraient suivre le cours de récolte du phoque sans cruauté que tous les chasseurs doivent suivre. Il décrit les trois étapes que les chasseurs doivent respecter pour le prélèvement d’un phoque. Le principal problème du secteur de la chasse au phoque est qu'il est perçu comme inhumain, mais cette formation a le mérite d'ouvrir les yeux, car elle montre que ce que nous faisons pour garantir l'absence de cruauté produit l'effet contraire. Cette formation contribuerait à dissiper cette perception erronée.
Troisièmement, je suis convaincue que les plus hauts échelons des gouvernements devraient produire une déclaration bipartite condamnant ceux qui font campagne contre la chasse au phoque hautement réglementée, surveillée et sans cruauté sur toutes les côtes canadiennes. Ainsi, cette importante activité écologique et économique ne sera pas utilisée comme un stratagème politique entre les partis.
Quatrièmement, nous appliquons l’approche de précaution dans le cas des phoques, mais qu’en est-il du reste de l’écosystème? Pourquoi ne pas appliquer cette approche en se disant que les phoques ont un effet dévastateur sur les stocks de poissons? Il n’y a aucun risque écologique à réduire la population de phoques — nous avons déjà vu des niveaux plus bas —, mais il y a tout à gagner, potentiellement, pour d’autres espèces marines. J’ai entendu des gens dire qu’ils craignaient que d’autres pays réduisent notre accès au marché, mais que si nous ne faisons rien au sujet des phoques, il n’y aura plus rien à pêcher. Nous n’aurons rien à commercialiser. Occupons-nous d’abord de la ressource et mettons résolument les boeufs devant la charrue.
Cinquièmement, nous devons commencer à contester la violation des conventions internationales par les pays qui interdisent les produits dérivés du phoque canadien, des pays hypocrites qui gèrent activement leurs propres problèmes liés aux pinnipèdes comme ils l’entendent. Je suppose qu’il est toujours bon de détourner l’attention dont on fait l'objet.
Shane Mahoney, de Conservation Visions, à Terre-Neuve, est un expert inestimable de renommée internationale dans ce domaine, et s’il n’a pas été un témoin expert, il devrait être en tête de liste. Il dit que le Canada, l’Union européenne et les États-Unis sont tous signataires des conventions sur la biodiversité et les espèces migratrices, ce qui nous engage à respecter les principes de ces conventions. L’un des trois piliers de la Convention sur la biodiversité est l’utilisation durable des ressources vivantes pour le plus grand bien des gens. Demandez à ces pays pourquoi ils contreviennent aux conventions internationales dont ils sont signataires.
Il y a aussi la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. De plus en plus, les populations locales sont inclusent. Il s’agit d’assurer la justice et de veiller à ce qu'aucun intervenant lointain n’impose de pratiques injustes aux gens, comme c’est le cas avec l’interdiction des produits du phoque. Le gouvernement du Canada et d’autres se sont déjà engagés à respecter des principes qui devraient s’appliquer à la gestion et aux marchés des phoques. D’une façon ou d’une autre, cela a été oublié.
Le Marine Mammal Protection Act des États-Unis est une mesure législative bien intentionnée, mais qui est très mal appliquée aux phoques du Groenland en particulier. Nous devons collaborer avec les États-Unis pour obtenir une exemption afin de protéger les phoques. Il faut réduire la population pour protéger ce mammifère marin.
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Merci, monsieur le président. Merci de me donner l'occasion de témoigner.
La B.C. Wildlife Federation est le principal organisme de conservation de la Colombie-Britannique. Nous sommes la plus grande et la plus ancienne organisation de conservation, avec plus de 41 000 membres répartis dans 100 clubs de la province.
En ce qui concerne les bassins hydrographiques, les terres humides, le saumon, la truite arc-en-ciel et l'esturgeon, nos clubs et nos membres consacrent des centaines de milliers de dollars et d'heures de bénévolat à la restauration de l'habitat dans toute la province, à l'exploitation d'écloseries qui ont été privées de financement par le MPO et à la défense de changements législatifs, réglementaires et politiques pour favoriser un avenir où le saumon et la truite arc-en-ciel seront abondants. En ce qui concerne l'eau, les terres humides et le poisson, la B.C. Wildlife Federation investit des millions de dollars chaque année dans des projets en collaboration avec les Premières Nations et d'autres groupes partenaires.
Étant donné que la plupart des témoins de la Colombie-Britannique parleront du saumon et des pinnipèdes aujourd'hui, je m'en tiendrai à la truite arc-en-ciel.
J'aimerais rappeler au comité que la truite arc-en-ciel est légèrement différente des autres espèces de saumon, parce qu'elle survit après le frai. On appelle ces des charognards. Les charognards sont capables de retourner dans l'océan et de revenir frayer une deuxième fois comme des poissons plus vieux et plus gros. Plus le poisson est gros, plus il y a d'œufs, plus il y a de descendants.
Par le passé, je vous ai parlé du processus d'examen par les pairs par le Secrétariat canadien de consultation scientifique, qui est censé être un processus officiel et transparent pour fournir des conseils scientifiques examinés par les pairs au MPO et au public. Ce processus fait partie intégrante de la Loi sur les espèces en péril du Canada et, en ce qui concerne la truite arc-en-ciel du Fraser, qui est en voie de disparition, il a été complètement compromis.
Dans le cadre de ce processus, la prédation par les pinnipèdes des saumoneaux et des truites arc-en-ciel adultes, la concurrence avec d'autres saumons dans l'océan, l'interception par la pêche, les conditions océaniques et les conditions d'eau douce ont toutes été déterminées comme des facteurs qui pourraient appuyer le rétablissement. Parmi tous ces facteurs, la prédation par les pinnipèdes est l'aspect le plus important, mais dans le rapport, tous les facteurs ont été regroupés sans qu'on ait déterminé l'importance relative de chacun, ce qui empêchera probablement le MPO de faire quelque chose d'utile pour rétablir ces poissons en voie de disparition.
Dans le détroit de Puget, au sud de la frontière, les populations de truites arc-en-ciel ont chuté à moins de 5 % de leurs niveaux historiques. Au sud de la frontière, ils investissent des sommes considérables dans la surveillance, la recherche et, de façon générale, la science et la gestion. Les indicateurs qui expliquent la plus grande variance dans la survie des saumoneaux de truites arc-en-ciel comprennent l'abondance des phoques communs, le saumon quinnat d'écloserie, la salinité des eaux marines et le débit des rivières. L'abondance des phoques était la plus importante variable explicative.
En ce qui concerne les pinnipèdes et la truite arc-en-ciel en Colombie-Britannique, le projet de survie des saumons dans la mer des Salish a montré que les phoques communs font beaucoup de prédation sur les saumoneaux de truites arc-en-ciel et les truites adultes. Par le passé, nous avons discuté de la baisse de population de la truite arc-en-ciel de l'intérieur du Fraser, principalement des poissons de la rivière Thompson et de la rivière Chilcotin, dont la population était supérieure à 3 000 poissons en 1985 dans chacune des deux rivières, alors que seulement environ 19 et 104 poissons y ont respectivement été repérés en 2022.
Ce ne sont pas les seules populations de truites arc-en-ciel qui sont rapidement éliminées. Sur l'île de Vancouver, la situation est à peu près la même, mais dans certains bassins hydrographiques, le résultat est encore pire. La rivière Gold, sur la côte ouest de l'île de Vancouver, était autrefois célèbre pour sa pêche à la truite arc-en-ciel. Le dénombrement au tuba de truites arc-en-ciel anadromes a atteint 909 en 1999. Depuis 2019, le dénombrement annuel au tuba était respectivement de quatre, zéro, deux et zéro poissons. La population actuelle de truites arc-en-ciel dans la rivière Gold représente moins de 10 % de la capacité d'accueil du bassin versant.
Au cours de la dernière décennie, la surveillance de la rivière Gold par les biologistes provinciaux et la Première Nation Mowachaht/Muchalaht a permis de déterminer que les phoques communs utilisent la rivière et l'estuaire de manière constante, alors que la seule proie notable accessible aurait été la truite arc-en-ciel, même si celle-ci était presque disparue. Même quand il y a des milliers de tonnes de hareng qui fraient devant la rivière Gold, les phoques ont été observés chassant dans la rivière pour les quelques truites arc-en-ciel qui restent.
Dans les rivières, la truite arc-en-ciel se trouve habituellement dans les tronçons droits et les fosses dans la rivière, et elle se cache maintenant dans des roches dans des parties extrêmement peu profondes de la rivière pour éviter la prédation. Les pêcheurs à la ligne et les biologistes de l'île de Vancouver l'ont remarqué récemment. Le poisson de la rivière Gold est en voie de disparition et ne se rétablira pas sans intervention.
Chez nous, avec la B.C. Wildlife Federation, après des années de webinaires et de présentations d'universitaires et de chercheurs sur le saumon au sujet des tendances entourant la truite arc-en-ciel, la semaine dernière, la B.C. Wildlife Federation a adopté une résolution lors de son congrès et de son assemblée générale annuelle à Nanaimo pour appuyer une récolte durable et gérée des pinnipèdes. Notre organisation et nos clubs membres qui, encore une fois, consacrent des millions de dollars à la restauration de l'habitat, à l'exploitation d'écloseries et à la promotion de politiques favorisant l'avenir du saumon, de la truite arc-en-ciel et de l'esturgeon, sont maintenant officiellement en faveur de la gestion des pinnipèdes.
En ce qui concerne la truite arc-en-ciel et un certain nombre de populations de saumon, nous sommes en crise. Nous devons utiliser tous les outils de la trousse pour employer la gestion adaptative et, en tant que pays, nous devons nous concentrer sur les résultats, et non sur le processus.
Je terminerai en disant que la truite arc-en-ciel est en voie de disparition, mais pas les pinnipèdes.
Merci de votre temps.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous et merci de l'invitation.
Je m'appelle Murray Ned. Je suis le directeur exécutif de la Lower Fraser Fisheries Alliance, et je travaille pour cette organisation depuis sa création en 2010.
À l'heure actuelle, nous comptons sur une petite équipe de programme composée de quatre personnes, et sur 10 biologistes et techniciens qui supervisent le travail qui comprend la restauration de l'habitat, la gestion des ressources, l'intendance et les activités scientifiques. La Lower Fraser Fisheries Alliance fournit des services de coordination, de communication, de consultation et de soutien technique à 30 des Premières Nations du bas Fraser.
Aujourd'hui, je m'adresse à vous au nom de la Sumas First Nation, en Colombie-Britannique, pour vous présenter le point de vue de cette Première Nation du bas Fraser sur les répercussions des populations de pinnipèdes. La région du bas Fraser s'étend sur 200 kilomètres, de l'embouchure du fleuve Fraser à Yale, en Colombie-Britannique, et comprend cinq bassins hydrographiques et des centaines d'affluents, bien sûr.
Les phoques et les otaries ont toujours fait partie de l'écosystème du fleuve Fraser, et leur relation avec le saumon existe depuis des temps immémoriaux. Contrairement au saumon, les pinnipèdes sont en mesure de maintenir une population stable et saine depuis les années 1990, et peut-être même depuis plus longtemps.
Nous les voyons régulièrement à l'embouchure du fleuve Fraser, jusqu'au canyon Yale, mais leur présence est maintenant observée dans bon nombre de nos affluents peu profonds, à quelques kilomètres à peine du bras principal du Fraser. L'hypothèse est qu'ils se nourrissent de saumons juvéniles et adultes et d'autres espèces résidentes, mais cela reste à déterminer.
Nous savons tous que le saumon du Fraser traverse une crise depuis quelques décennies dans de nombreux stocks et de nombreuses espèces, et qu'il fait face à un nombre effarant de répercussions, y compris la dégradation de l'habitat, les changements climatiques, la pollution, la maladie et, plus récemment, les rivières atmosphériques de 2021 qui ont causé des ravages lors de la migration de frai dans tous les affluents et dans le Fraser, dans une certaine mesure.
Nous savons également que la prédation par les pinnipèdes a une incidence sur le saumon, et qu'elle a été identifiée comme un facteur limitatif lors du récent processus d'évaluation des espèces en péril pour le saumon quinnat du Fraser, le saumon rouge du Fraser, le saumon coho du Fraser intérieur et la truite arc-en-ciel du Fraser intérieur. Nous ne connaissons toutefois pas l'ampleur des répercussions des pinnipèdes, car le gouvernement a manifesté un intérêt limité à investir dans cet important travail.
Toute stratégie de gestion des pinnipèdes proposée devrait accorder la priorité à la collecte de données de référence afin d'être en mesure de produire des estimations exactes de la population et de déterminer les répercussions de leur prédation sur le saumon du bas Fraser et les stocks migrateurs vers le haut Fraser et le mi-Fraser.
La stratégie doit également tenir compte des droits inhérents des Premières Nations du bas Fraser et les respecter, car ces nations ont la capacité et l'expertise nécessaires pour diriger ce travail, si elles ont accès aux ressources nécessaires. Un cadre d'étude et de méthodologie a été élaboré par la Lower Fraser Fisheries Alliance pour mener cette étude. La table de concertation du bas Fraser, qui complète le secteur commercial de la zone E, soit sept organismes de loisirs et 23 Premières Nations, apporte également son appui.
Avec la promulgation de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, nous voyons une excellente occasion pour le gouvernement fédéral et d'autres de s'associer à la Lower Fraser Fisheries Alliance pour mener ce travail sur les territoires des nations. De plus, nous considérons qu'il s'agit d'une forme de travail de garde et de travail technique fort nécessaire qui permettrait de renforcer la capacité des nations et de leurs membres et de produire des données précieuses et des recherches concluantes dans l'intérêt de tous les Britanno-Colombiens et, bien sûr, du saumon.
Le saumon du Fraser est en crise depuis beaucoup trop longtemps, et il est crucial pour nous de déterminer si la prédation par les pinnipèdes contribue à son déclin. Le temps presse. Nous devons agir maintenant.
Encore une fois, merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
En écoutant et en lisant tous les témoignages, je commence à recouper certaines choses.
J'aimerais avoir votre opinion sur une mesure intéressante de l'État de Washington. À Puget Sound, on a pris certaines mesures limitées dans le cadre de l'autorisation de mettre en œuvre ce qu'on appelle des « stratégies sélectives de gestion létale ». Les États peuvent en faire la demande en vertu de la loi sur la protection des mammifères marins.
Ils se sont servi de quelque chose dont nous avons entendu parler dans des témoignages précédents. Parfois, ce sont des infrastructures artificielles comme des échelles à poissons, des estacades flottantes ou d'autres moyens permettant aux phoques d'avoir accès aux ressources halieutiques concentrées dans cette région. Quelqu'un vient de dire que les pinnipèdes sont très intelligents; c'est un fait.
Cet extrait du rapport de l'État de Washington nous serait peut-être utile. Je vous le lis:
L'élimination de lions de mer de Californie ayant une connaissance particulière des sites de Willamette Falls a également permis de constater une réduction de l'utilisation des sites par ces animaux et du recrutement de nouveaux individus. Ces résultats donnent à penser qu'il serait peut-être possible de perturber les comportements de prédation socialement transmis chez les pinnipèdes en éliminant des sujets spécialistes.
Cela en dit long sur l'ingéniosité de ces animaux. Cela permet également de penser que nous n'avons pas besoin de nous engager dans la voie qui préoccupait le représentant de la Fondation David Suzuki, à savoir, bon gré mal gré, l'abattage massif de phoques. Il s'agit de faire ce dont on a déjà parlé, c'est-à-dire de s'attaquer aux animaux qui posent problème.
Qu'en pensez-vous, monsieur Zeman, et pourriez-vous nous parler de la possibilité d'une chasse raisonnable, compte tenu des conditions actuelles du marché? Ce serait un un résultat utile, et cela nous éviterait de faire ce qui incite manifestement des militants à s'en mêler, comme Mme Shears en a fait l'expérience.
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Certainement. Je peux vous dire que j'ai aussi reçu plus que ma part de menaces de mort concernant le rétablissement des caribous en voie de disparition. Je vis dans ce monde-là. Très franchement, je ne pense pas que cela ait sa place dans notre société. Il faut avoir une discussion plus large sur ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.
Concernant ce qui se passe au sud, quand je parle de la rivière Gold — monsieur Hardie, vous savez probablement où elle se trouve —, je parle d'un cours d'eau qui ne comporte pas beaucoup de modifications artificielles ou « anthropiques ». Si je comprends bien, vous dites que ces phoques se spécialisent. C'est ce que nous constatons parfois parmi les caribous de montagne et les cougars.
On peut aller un peu plus loin. Il y a les éléments immergés et les estacades. Je suis certain que tout cela contribue à la situation. Avec nos saumons arc-en-ciel, nous avons mis des émetteurs sur environ 35 saumons noirs avant qu'ils ne partent vers l'océan. Aucun d'entre eux n'est revenu dans la rivière. La moitié de ces poissons ne dépassent pas la zone continentale. La moitié d'entre eux meurent à moins d'un kilomètre de la côte.
Je vais m'en remettre à M. Carl Walters. Et à M. Ned-Kwilosintun pour la suite.
Les Premières Nations ont assisté à notre assemblée générale annuelle en fin de semaine. Elles ont toujours chassé le phoque et elles ont toujours géré ces populations animales. Il y a l'environnement en rivière et l'environnement fermé, mais il y a aussi l'environnement dans le Pacifique. Le plus important est...
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Je dois vous interrompre ici.
J'ai une autre question que j'aimerais vous poser à tous. Je sais que vous n'aurez pas tous le temps de répondre et je vous serais reconnaissant de répondre par écrit si possible.
On nous a dit que le principal obstacle à la gestion des populations animales est le sentiment populaire que c'est cruel. C'est attribuable à beaucoup de gens dont les intentions peuvent être bonnes, mais qui ne comprennent vraiment pas ce qu'est la vie pour les intéressés et les parties prenantes. Que faire?
Monsieur Ned-Kwilosintun, je m'adresse à vous. Les autres témoins pourraient s'exprimer par écrit, au besoin.
Peut-on mobiliser les groupes autochtones, les pêcheurs et les syndicats des deux côtés de la frontière pour qu'ils puissent s'exprimer d'une seule voix sur ce qui doit être fait et sur la meilleure façon de le faire?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leurs précieux témoignages.
Madame Shears, vous m'avez particulièrement émue, parce que votre approche est très humaine et que vous semblez avoir un respect marqué pour l'ensemble de l'œuvre, c'est-à-dire pour l'animal, ainsi que sa survie et son équilibre écologique. Vous êtes également soucieuse des ressources. Vous nous avez dit que, si nous ne nous occupions pas de gérer la population de pinnipèdes, il n'y n'aurait plus de marché, puisqu'il n'y aurait plus de poissons.
Comment peut-on faire en 2023 pour rétablir l'acceptabilité? Je trouve que votre approche est bonne, mais comment peut-on la faire rayonner davantage? Pouvons-nous vous aider?
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Oui, merci, et, en passant, vous vous en tirez assez bien avec la prononciation de Kwilosintun.
La plupart des pays sont en train de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, et il faut parfois attendre que des ministères, comme le MPO, s'y mettent. On ne peut pas attendre trop longtemps, surtout qu'il y a un déclin du saumon. Je sais que nous parlons ici des pinnipèdes, mais peut-être devrions-nous trouver un équilibre. Nous avons le droit inhérent et l'obligation de nous occuper des ressources qui se trouvent sur nos territoires, et les nations considèrent effectivement que c'est une occasion de travailler avec le gouvernement, de créer des partenariats autant que possible, mais, si ce n'est pas possible, je crois qu'il faut parfois faire des choses pour le bien de la ressource.
Par exemple, le saumon quinnat est employé dans les cérémonies du saumon, mais nous ne pouvons plus en avoir pour un certain nombre de raisons. J'ai dit, dans mes commentaires, que les changements climatiques ont une incidence sur le saumon, mais, si nous ne pouvons plus en avoir, il faudra circonscrire les problèmes. C'est parfois la prédation, et ce sont les pinnipèdes qui chassent activement ces poissons.
Pour ce qui est de la DNUDPA, de la LDDPA et de la réconciliation, le moment est venu, et les Premières Nations sont prêtes, du moins dans la vallée du Bas Fraser.
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D'accord. Compte tenu de la taille de l'organisation, c'est une opération d'envergure que de faire venir plus de 41 000 personnes, mais, pour l'essentiel, des résolutions sont adoptées chaque année et nous y donnons suite.
L'une d'elles portait sur les pinnipèdes, et c'est M. Murdoch McAllister qui l'a présentée. En fait, nous appuyons un projet post-doctoral de l'Université de la Colombie Britannique sur le rétablissement du saumon arc-en-ciel et nous avons donc reporté la résolution jusqu'à ce qu'il ait terminé ce travail. Comme organisation assumant désormais tous les aspects du rétablissement du saumon, nous sommes en faveur de la gestion des pinnipèdes.
Nous sommes évidemment d'accord avec Mme Shears au sujet de l'utilisation durable. C'est un mode de vie pour nous et pour nos membres. M. Ned-Kwilosintun a parlé de la table de concertation sur le bas Fraser: nous en faisons partie, et les groupes ont le même point de vue.
Il y a des jours où nous avons des discussions enflammées, mais, au sujet des pinnipèdes, les groupes sont d'accord. C'est simplement une façon d'officialiser le mode de réflexion et de direction de notre organisme de conservation.
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C'est une question très chargée.
Lorsque le groupe contre la chasse au phoque ou des groupes de défense des droits des animaux en général s'en prennent à des gens... Ils n'ont peut-être pas nécessairement l'intention de s'en prendre à eux, mais, quand on s'en prend à des gens qui vivent de la terre, on s'en prend aux peuples autochtones et on s'en prend aux ruraux. Ils ne semblent pas comprendre comment les êtres humains s'inscrivent dans l'écosystème et comment, depuis des temps immémoriaux, nous faisons partie de l'écosystème. Nous ne sommes ni meilleurs et ni pires, mais nous en faisons partie. Nous en assumons l'intendance. Ils n'ont aucun égard.
L'interdiction imposée par l'Union européenne en 2009, par exemple, prévoyait une exemption pour les produits autochtones, mais les peuples et les communautés autochtones ont réagi en expliquant que cela ne fonctionnait pas pour eux, parce que cela faisait baisser le prix des peaux de phoque au point où ce n'était plus financièrement viable. Et pourtant, ils ont poursuivi leurs manoeuvres et leurs plans.
C'est très condescendant et raciste, c'est certain.
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Nous avons beaucoup de demandes en provenance des États-Unis et de l'Europe. Nous recevons des commandes en ligne, parce que les gens ne se donnent pas la peine de lire... Ils ne se donnent pas la peine de lire la ligne en-dessous, qui indique que nous ne pouvons rien envoyer aux États-Unis ou aux pays de l'Union européenne, mais ils essayent peut-être de nous convaincre de leur expédier des produits quand même. Nous recevons ce genre de commandes toutes les deux semaines ou tous les mois, mais nous devons les rembourser. Nous leur répondons: « Nous sommes désolés, mais nous ne pouvons pas expédier nos produits dans votre pays en raison d'interdictions mal conçues. »
Au centre-ville de St. John's, sur la rue Water, des navires de croisière arrivent avec des milliers de personnes à la fois. Ce sont pour la plupart des Américains. Ils se précipitent au magasin. Ils adorent nos produits. Ils adorent le concept. En fait, nous avons demandé à nos employés de suivre le cours sur la chasse sans cruauté pour que, même s'ils ne sont pas des chasseurs de phoques, ils soient bien informés de l'ensemble du processus. Les visiteurs veulent acheter. Ils veulent soutenir les initiatives locales. Ils veulent acheter des produits renouvelables. On leur demande d'où ils viennent en espérant qu'ils ne répondent pas « des États-Unis », mais on sait bien que c'est le cas, et ils quittent le magasin.
Au cours des 12 derniers mois, j'ai dû rembourser environ 25 000 $ à des Américains. Et cela ne tient pas compte des gens qui auraient acheté, mais qui ont lu l'avertissement au bas de la page et qui n'ont pas pris la peine de passer la commande.
Le marché est là. Il y a des gens qui sont demandeurs, mais nous ne pouvons tout simplement pas remplir les commandes.
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Voilà. Croyez-moi, vous ne voulez pas être M. Kelloway.
Merci. C'est également généreux de votre part, monsieur Cormier.
J'aimerais faire un commentaire, puis poser une question à Mme Shears. Vous avez parlé des menaces subies par votre famille. Vous avez dit que c'était malheureux et raciste. C'est en effet répréhensible. C'est ignoble, et je dirais même que c'est criminel. Je suis désolé que vous ayez dû subir cela, et régulièrement semble-t-il.
J'aimerais aussi connaître plus précisément vos réflexions sur nos recommandations, car beaucoup d'excellents arguments ont été avancés au sujet de l'accès aux marchés, de l'infrastructure nécessaire et de l'harmonisation des coalitions de partenaires pour une même cause. Aujourd'hui, M. Hardie a parlé de la collaboration entre les groupes autochtones des États-Unis et du Canada. Comment s'y prendre? Comment s'informer de ce qui se passe ailleurs?
M. Hardie a notamment parlé de la situation des phoques en Norvège à de nombreuses reprises et il a posé beaucoup de questions sur ce qui leur est arrivé. Personne ne semble savoir ce qui est arrivé aux phoques de Norvège. Il aurait été bon d'aller en Norvège pour poser cette question aux gens du coin. Il ne semble pas possible de faire venir de témoins. Soit qu'on ne le souhaite pas, soit qu'on le craigne.
Cela dit, compte tenu des recommandations et de ce rapport... Comme femme d'affaires qui en dépend pour gagner sa vie dans le cadre de ce qui représente votre culture et votre identité, qu'aimeriez-vous voir dans cette recommandation qui susciterait votre intérêt et votre attention et qui vous permettrait de prendre pied et de dénouer la situation?
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J'en prends bonne note. J'apprécie l'image de la colonne vertébrale, synonyme de détermination. Nous avons entendu beaucoup d'excellents témoignages concernant... Je dirais simplement que personne autour de cette table n'a jamais prononcé le mot « abattage ». Je ne l'ai pas entendu. Personne n'en a parlé. Certains témoins en ont parlé.
Nous parlons d'une récolte incluant les Premières Nations et mettant l'accent sur la nécessité d'ouvrir nos marchés et sur les moyens de s'y prendre. Il y a une volonté commune ici. Souvent, à Ottawa, quand on regarde la chaîne CPAC, on voit beaucoup de cinoche de tous les côtés, mais nous devons faire ce qu'il faut ici. Ce n'est pas important seulement pour les espèces halieutiques. On nous a dit que quatre espèces étaient en danger, et probablement plus. On nous a parlé de l'impuissance des gens qui dépendent de cette ressource pour gagner leur vie et vivre leur culture et du harcèlement dont ils sont victimes. Il faut renverser la vapeur.
Je vous félicite de vos efforts, de votre détermination et de votre colonne vertébrale. Vous parlez de colonne vertébrale collective, mais je rends grâce à votre colonne vertébrale, parce que la solution ne passe pas seulement par le gouvernement. Il faudra créer des coalitions d'entreprises, de syndicats de pêcheurs, d'universitaires, d'autres paliers de gouvernement, de gouvernements des Premières Nations, etc. J'ai bien aimé votre exposé préliminaire, mais j'ai aussi apprécié ce que vous avez dit sur la nécessité de reconnaître le savoir traditionnel.
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Merci, monsieur Calkins.
Je tiens à remercier chaleureusement nos témoins de cette deuxième heure — M. Zeman, M. Ned-Kwilosintun et, bien sûr, Mme Shears — de nous avoir fait part de leurs connaissances cet après-midi.
Merci à Mme Shears de comparaître en personne. C'est toujours agréable d'avoir des gens en chair et en os, si je peux m'exprimer ainsi, car nous pouvons voir l'expression de leur visage, et ils peuvent voir exactement comment fonctionne le Comité.
J'informe le Comité que nous aurons notre huitième et dernière réunion lundi de la semaine prochaine, qui sera bien sûr en mai, avec des témoins pour notre étude sur les pinnipèdes. Jeudi, nous donnerons des instructions de rédaction aux analystes pour le rapport sur les pinnipèdes et nous discuterons des travaux du Comité. Ce sera jeudi prochain: donc ne l'oubliez pas si vous avez une question à soulever pendant les travaux du Comité. Nous aurons également des instructions de rédaction pour le rapport de cette étude.
Encore une fois, bonne fin de semaine à tout le monde.
Allez-y, madame Desbiens.