:
Mesdames et messieurs, nous avons le quorum. La séance est ouverte.
Soyez les bienvenus à la 11e réunion du Comité législatif chargé du projet de loi .
Nous avons aujourd'hui deux témoins présents et un troisième que nous entendrons par téléconférence. Sont présents le professeur Richard Peltier
[Français]
du département de physique de l'Université de Toronto, et M. John Stone, professeur auxiliaire à l'Université Carleton et membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'ONU.
Je vous souhaite la bienvenue.
[Traduction]
et le professeur Andrew Weaver, de la School of Earth and Ocean Sciences et de l'Université de Victoria.
Soyez tous les bienvenus.
Nous allons procéder comme nous le faisons d'habitude avec les témoins: nous accordons dix minutes à chacun et nous nous efforçons de ne pas dépasser ces dix minutes, de manière à permettre le maximum de questions. Nous allons entendre les trois exposés, après quoi, nous inviterons les membres du comité à poser des questions.
L'ordre dans lequel nous allons commencer est un peu différent de celui qui est indiqué dans l'ordre du jour du comité.
Professeur Stone, vous avez la parole.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le président et les membres du comité législatif, je vous remercie de m'offrir cette occasion de comparaître devant vous aujourd'hui pour vous communiquer certaines des principales conclusions du rapport récemment achevé par le Groupe I d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Ce rapport porte sur les causes physiques du changement climatique.
Pour commencer, je voudrais faire quelques observations de caractère général.
Ce rapport confirme que le débat sur la science du changement climatique est terminé. Il est aujourd'hui indiscutable que le climat est en train de changer. D'après ce rapport, le réchauffement climatique est maintenant une évidence. Selon la définition du dictionnaire anglais Oxford, cela signifie que les données scientifiques sont maintenant établies.
Dans la majorité des cas, l'augmentation observée des températures moyennes à l'échelle mondiale depuis les années 1950, est — c'est aujourd'hui très probable — due à l'activité humaine qui a provoqué des augmentations de la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. « Très probablement », selon les termes utilisés par le GIEC, cela signifie que les données sont certaines à 90 p. 100. Il est assez rare que les résultats scientifiques soient aussi nets.
Le rapport du GIEC fait autorité. Il est bien équilibré et il est le fruit des travaux évalués par leurs pairs de milliers de scientifiques du monde entier. Comme il s'agit d'une évaluation, il traite cependant les nouveaux résultats avec prudence et a de ce fait un caractère assez conservateur.
Ma propre interprétation des documents me conduit à penser que le changement climatique s'accélère et que les tendances ne sont plus simplement linéaires. À mon avis, cela indique qu'il est urgent de s'attaquer au problème du changement climatique. Il y a en effet un corpus de plus en plus important d'études qui indique que plus longtemps nous attendrons avant d'affronter la menace du changement climatique, plus grands seront les risques et plus grands les coûts potentiels.
Permettez-moi de dire quelques mots au sujet de nos observations, et d'abord au sujet de la cause profonde de la menace; c'est-à-dire les changements que nous avons provoqués dans la composition de l'atmosphère, surtout en brûlant des combustibles fossiles.
La concentration du CO2 dans l'atmosphère en 2005 dépasse de loin les concentrations des 650 000 dernières années, c'est-à-dire sur six ou sept périodes glaciaires. En résumé, nous avons fait en sorte que nous nous trouvons en territoire inexploré, pour ce qui est de l'état de l'atmosphère.
Ce qui est plus inquiétant, c'est que le taux de croissance annuel de la concentration de dioxyde de carbone est maintenant plus élevée qu'il l'a jamais été depuis que l'on a commencé à effectuer des enregistrements continus aux alentours de 1960, ce qui concorde avec la croissance continue des émissions. Nous sommes manifestement loin de stabiliser, sans même parler d'inverser, la cause profonde du problème.
Des données physiques bien établies, nous montrent que l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère affectera le climat, et c'est effectivement ce que l'on a pu observer. Les mesures faites depuis 1850 environ, montrent que 11 des 12 dernières années ont été parmi les plus chaudes, et la tendance linéaire du réchauffement continue à s'accentuer.
Les températures moyennes mondiales ont augmenté de près de trois quarts de degré au cours des 100 dernières années. Nous avons maintenant la preuve que les océans se sont aussi réchauffés et en fait, qu'ils ont absorbé près de 80 p. 100 de la chaleur ajoutée au système climatique, ce qui s'est traduit par des augmentations de température jusqu'à une profondeur de trois kilomètres. Cette accumulation de chaleur dans les océans demandera des siècles pour se dissiper dans le système climatique.
Les températures moyennes mondiales sont aujourd'hui plus élevées qu'elles ne l'ont jamais été au cours des 1 300 dernières années, et selon les projections, ces tendances récentes se maintiendront. Il est extrêmement peu probable que les changements observés au cours des 50 dernières années puissent être expliqués sans que l'on invoque les augmentations des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
En outre, les températures moyennes dans l'Arctique ont augmenté deux fois plus vite que la moyenne mondiale au cours des 100 dernières années, et la superficie des glaces marines de l'Arctique a diminué de près de trois pour cent par décennie, avec des diminutions beaucoup plus marquées en été; certains indices indiquant d'ailleurs une augmentation des taux de diminution.
Depuis les années 1970, on a observé des périodes de sécheresse beaucoup plus intenses et plus longues dans des zones plus étendues. Dans le même temps, la fréquence des fortes précipitations a crû. Les observations révèlent une augmentation du nombre des ouragans les plus violents dans l'Atlantique Nord depuis 1970 environ. En dehors des tropiques, les vents d'Ouest des latitudes moyennes — le type de vents qui frappent la côte ouest en décembre — sont devenus plus forts dans les deux hémisphères depuis les années 1960. C'est ce que nous avons pu observer.
En ce qui concerne l'avenir, au cours des deux prochaines décennies, au moins, d'autres hausses de la température mondiale de l'ordre de 0,1 degré Celsius par décennie sont en fait inévitables à cause de ce que nous avons déjà fait à l'atmosphère. Tous les scénarios relatifs aux émissions futures prévoient que le réchauffement pourrait en fait être le double de ce chiffres. Selon les meilleures estimations, les augmentations de température d'ici la fin du siècle iront de 1,8 degré à quatre degrés Celsius, avec une hausse prévue du niveau de la mer d'environ 0,2 à 0,6 mètre. En outre, on prévoit que la couche de neige et les glaces marines vont se rétracter, si bien qu'il est possible que la glace marine de l'Arctique disparaisse presque totalement en été. En conséquence, il n'y aura plus de glace de plusieurs années dans la seconde moitié du siècle. Les phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes, y compris les vagues de chaleur, les périodes de sécheresse, les fortes précipitations et les vents continueront à augmenter en intensité et en fréquence.
De récentes observations de l'accélération inattendue des vitesses d'écoulement des glaciers issus de lacs au Groenland et dans l'Antarctique, ainsi que des inlandsis, ont amené les scientifiques à revoir leur conception de la physique des glaciers. Selon les prévisions, la contraction de l'inlandsis du Groenland devrait se poursuivre et contribuer à la hausse du niveau de la mer.
Les modèles actuels indiquent que les pertes de masse glaciaire augmentent plus rapidement que les gains dus à de plus fortes précipitations lorsque les températures moyennes mondiales dépassent les niveaux de l'époque préindustrielle de plus de 1,9 degré Celsius. J'ajouterai que nous n'en sommes même pas encore à mi-chemin. Si cette tendance se maintenait pendant plusieurs millénaires, l'inlandsis disparaîtrait complètement et le niveau de la mer monterait d'environ sept mètres. Nous n'avons pas connu une telle hausse du niveau de la mer depuis la dernière période interglaciaire, il y a quelque 125 000 ans.
En conclusion, comme je l'ai suggéré, ce rapport met un point final au débat sur les bases scientifiques du changement climatique. Il faut maintenant concentrer nos efforts sur la recherche de solutions avant qu'il ne soit trop tard. Ce sera le sujet des deux prochains rapports du Groupe de travail du GIEC.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Membres du comité, John a évoqué pratiquement tous les points contenus dans le Sommaire pour les décideurs du RE4; et je n'y reviendrai donc pas.
Ce que je souhaiterais faire, c'est concentrer mes remarques sur les hautes latitudes de notre hémisphère et sur les commentaires du rapport concernant la situation à laquelle le nord canadien peut s'attendre, sinon au cours de la prochaine ou des deux prochaines décennies, du moins, au cours du siècle prochain.
Une des caractéristiques principales des prévisions du modèle et des observations en surface du processus de réchauffement de la planète est que celui-ci se caractérise par une très forte amplification aux latitudes septentrionales élevées. Je crois que John a dit que nous observons, ce que confirment les projections des modèles, une différence d'un facteur de deux environ dans l'augmentation de températures moyennes en surface entre le globe dans son ensemble et la calotte polaire.
Cela a d'énormes conséquences pour notre pays. Par exemple, il y a deux ans, le rapport Arctic Climate Impact Assessment, le précurseur du RE4 actuel, contenait des analyses détaillées ce qui pourrait devenir la glace marine recouvrant l'océan Arctique avant la fin du siècle.
Il est très clair que d'ici 2050 — peut-être un peu plus tard, mais en tout cas vers le milieu du siècle — il y aura une assez longue période pendant laquelle l'océan Arctique sera une voie navigable continue. Cela a d'énormes conséquences pour la souveraineté canadienne. C'est un sujet qui a été abondamment discuté dans la presse populaire le mois dernier.
Mais c'est là seulement un des problèmes auxquels nous devons faire face dans nos régions les plus septentrionales. Nous commençons à nous apercevoir qu'il existe des aires importantes de dégradation du pergélisol; la couverture de glace dans les îles de la Reine-Elizabeth et l'archipel canadien diminue aussi de manière très sensible.
Je voudrais en particulier attirer votre attention sur un point qui n'est pas traité dans le RE4, parce qu'il s'agit de résultats qui n'ont été présentés dans les publications scientifiques qu'au cours des six derniers mois environ. Ces résultats sont ceux qui ont été obtenus par un satellite expérimental se trouvant actuellement dans l'espace. Cette expérience appelée la Gravity Recovery and Climate Experiment est le fruit de la collaboration entre la NASA américaine et l'Allemagne, il s'agit d'un tandem de satellites qui survolent le pôle et sont utilisés pour mesurer l'influence du temps sur le champ gravitationnel de la planète. Ce système a surtout ciblé le Groenland. Un des points très clairement établis, après seulement quatre années d'observation du champ gravitationnel par GRACE, est que la perte de masse de l'inlandsis du Groenland s'accélère. Ces quatre dernières années, le taux de perte de masse a quadruplé. Cela confirme les commentaires présentés dans le RE4 selon lesquels il y a un début d'accélération des glaciers effluents au Groenland.
C'est là un point extrêmement important du changement continu que connaît le climat mondial: une amplification du phénomène aux hautes latitudes; des taux croissants de perte de masse pour les glaciers alpins et l'inlandsis du Groenland.
D'autre part, le rapport attire l'attention sur un ensemble d'observations très importantes concernant le passé de la planète, plus précisément une époque remontant à environ 120 000 années, celle que l'on appelle la période interglaciaire éémienne. C'est la dernière fois dans l'histoire de notre planète que les régions septentrionales ont connu une chaleur comparable à celle d'aujourd'hui. En fait, au cours de cette période interglaciaire, la température dans la calotte polaire était d'environ cinq degrés supérieure à celle d'aujourd'hui. Selon notre projection dans le RE4, nous devrions atteindre la même température dans la calotte polaire d'ici le milieu du siècle.
Au cours de la période interglaciaire et éémienne, lorsque les températures de la calotte polaire atteignaient ce niveau, l'inlandsis du Groenland était nettement plus petit qu'il ne l'est aujourd'hui. Et à cette époque, il y a eu une hausse très marquée du niveau de la mer, de l'ordre de quatre à six mètres; nous pensons que l'augmentation de quatre mètres était due à la fonte de la glace du Groenland et les deux autres mètres éventuels, à la perte de la glace de l'ouest de l'Antarctique.
L'intérêt de ce qui précède tient au fait que pendant l'ère interglaciaire éémienne, ces changements, cette évolution de la température de la calotte glaciaire s'est produite sur une très longue période. Le système a évolué très lentement avant d'atteindre le stade d'une diminution relativement importante de la glace polaire. L'expérience que nous effectuons aujourd'hui porte sur une période beaucoup plus courte. Selon la terminologie que nous utilisons, notre système est très loin d'atteindre un équilibre radiatif. Il n'a jamais été dans une telle situation, jusqu'à présent. Les changements des concentrations de gaz à effet de serre ont été si rapides que la chaleur demeure prisonnière des océans de la planète, ce qui contribue au déséquilibre radiatif.
Reste à savoir ce que cela signifie pour la capacité de l'inlandsis du Groenland et de l'ouest de l'Antarctique de demeurer stable. Nos modèles de climat sont incapables de prédire la manière dont l'inlandsis réagirait à ce déséquilibre du régime radiatif. Cela confirme vraiment le fait que nous effectuons une expérience sur la planète dont nous sommes totalement incapables de prévoir le résultat. Et cela devrait nous inspirer beaucoup de prudence dans la manière dont nous abordons cette question sur le plan politique.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Merci beaucoup monsieur le président et membres du comité.
Je tiens à me faire l'écho de ce que M. Peltier a dit au sujet du remarquable résumé que M. Stone a fait du Sommaire pour les décideurs du GIEC.
Permettez-moi de préciser que j'ai participé aux trois dernières évaluations du GIEC. La seconde a été publiée en 1995-1996; la troisième, en 2001; et la dernière publication, du moins celle du Sommaire pour les décideurs, en 2007.
Je préfère éviter de prescrire le genre de mesures que le gouvernement devrait prendre; je vais donc me mettre à votre disposition pour répondre à vos questions au sujet du débat scientifique.
Je tiens cependant à revenir sur un point mentionné par John Stone, celui du caractère inévitable du réchauffement. Si vous étudiez le rapport, vous verrez que même si nous maintenions et stabilisions immédiatement les émissions — il ne s'agit même pas des émissions, mais des niveaux de dioxyde de carbone — nous ne pourrions pas éviter un réchauffement de 0,1 degré par décennie, réchauffement qui atteindrait environ un demi degré au cours des prochains siècles.
Chaque option politique présentée, c'est-à-dire tous les scénarios présentés par les divers groupes de travail du GIEC, conclut à un réchauffement d'environ 0,2 degré par décennie au cours des vingt prochaines années. La différence entre les scénarios n'apparaît que par la suite, si bien que les décisions que nous prenons aujourd'hui, feront en fait sentir leurs effets sur plus de deux décennies.
Nous avons des décisions qui nous engagent sur la voie de la stabilisation des niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, et nous avons aussi les scénarios traditionnels selon lesquels il n'y a pas de stabilisation. La période au cours de laquelle cela se produit... Et si vous demandez quels niveaux de dioxyde de carbone ou d'émissions il est nécessaire d'atteindre globalement, la réponse est que si nous descendons au-dessous d'une réduction de 60 à 90 p. 100 des émissions mondiales, nous stabiliserons les niveaux de dioxyde de carbone au niveau existant au-dessus d'un réchauffement de deux degrés, niveau qui n'est pas nécessairement acceptable.
Donc, ce que l'on vise, ce sont des réductions de 60 à 90 p. 100 d'ici 2050, pour stabiliser les gaz à effet de serre à un niveau qui n'est pas jugé « dangereux ». On considère souvent que le niveau de dangerosité est de l'ordre de deux degrés, et cela parce que nos estimations du point où l'inlandsis du Groenland, par exemple, dépassera le point de non-retour, correspondent à un réchauffement légèrement supérieur à deux degrés, en fait de l'ordre de 2,5 à trois degrés.
Je m'en tiendrai là et je suis prêt à répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup monsieur le président.
Je vous remercie tous les trois, professeurs. C'est bien cela? Vous avez certainement tous les trois un doctorat. En tout cas, je vous remercie vivement d'être venus.
Je voudrais revenir avec vous sur deux questions différentes et avoir votre avis à leur sujet. La première semble d'ailleurs avoir déjà été réglée.
Les factions prosciences et antisciences s'affrontent sur le plan national et international depuis des décennies. Je souhaiterais que vous répondiez tous les trois à ma première question. N'est-il pas clair que le Protocole de Kyoto lui-même appelle tous les signataires à consentir de gros investissements en faveur de la science du changement climatique, et que la notion de certitude ou d'incertitude qui s'attache à cette science est en fait un attrape-nigauds. Ce que l'on devrait considérer, c'est si les données scientifiques sont complètes ou incomplètes. Pour le Canadien moyen qui suit la situation, les données scientifiques seront-elles jamais complètes?
Second point: pouvez-vous nous aider, nous et les Canadiens qui nous observent, et nous dire quel est le lien entre les travaux scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur le changement climatique et le travail qui se poursuit sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, et en particulier le Protocole de Kyoto qui en est issu?
Je tiens à rappeler à tout le monde que c'est notre gouvernement qui a créé la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère, pour satisfaire à nos obligations à l'égard du Protocole de Kyoto. Cette fondation est dirigée par M. Gordon McBean et se trouve à deux pas d'ici, sur la rue Sparks.
Pouvez-vous nous aider à comprendre ces deux points? Quelqu'un a commencé par déclarer que le débat sur la science est terminé, mais nous entendons encore des représentants élus, des représentants non élus et des représentants de l'industrie exprimer des doutes et des critiques sur les données scientifiques. Dans le passé, ces critiques émanaient surtout du secteur gazier et pétrolier, du monde de l'industrie énergétique. On entend moins de critiques aujourd'hui, mais elles continuent à venir de ce secteur ainsi que d'autres.
Pourriez-vous donc nous aider à comprendre les deux points suivants: premièrement, le caractère à la fois complet et incomplet des données scientifiques; deuxièmement, le lien avec le GIEC et le Protocole de Kyoto.
:
Je vais essayer de répondre à la première de ces questions concernant le caractère exhaustif des données scientifiques.
Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que les études scientifiques sont une entreprise permanente. À la fin de mon exposé, par exemple, je dis que nous sommes incapables de prédire ce qui est peut-être un des effets les plus importants du changement climatique de la planète, à savoir la stabilité de la cryosphère. Autrement dit, nos connaissances scientifiques sont incomplètes. Nous sommes incapables d'incorporer suffisamment de connaissances dans nos modèles pour que nos prévisions soient convaincantes.
Ce que nous pouvons dire en nous fondant sur le RE4 — je ne m'aventurerai pas plus loin et je ne pense pas que mon collègue avait non plus l'intention de le faire — c'est que les données scientifiques sont sans équivoque. Je crois que ce qu'il voulait dire, c'est qu'elles le sont au sens de la conclusion à laquelle on est parvenu. On peut dire, sans guère d'hésitation, que le genre humain est en grande partie responsable du réchauffement survenu au cours des quatre dernières décennies.
Je crois que c'est là l'essentiel du message véhiculé par le rapport RE4, mais cela ne signifie pas que les études scientifiques sont terminées. Il nous reste encore beaucoup de choses à comprendre avant de pouvoir faire des prévisions valables concernant certains aspects très importants du système climatique.
:
Je vais essayer de vous répondre.
Les deux organismes sont des créations des Nations Unies. Le GIEC a été créé par les gouvernements aux environs de 1988 afin de leur fournir des évaluations faisant autorité sur l'état des connaissances dans le domaine de la science — j'utilise ce terme au sens très large — du changement climatique.
Sa première évaluation a été achevée vers 1990, et a coïncidé avec une importante réunion intergouvernementale à Genève appelée la Seconde conférence mondiale sur le climat. Les résultats de cette première évaluation faite par le GIEC ont été présentés ici et ont inspiré le désir de créer un organe de négociation, ce qui a abouti à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique.
Le second rapport du GIEC a été terminé vers 1995, et ce n'est probablement pas exagéré que de dire qu'en fait, cela a fortement contribué à l'achèvement des négociations relatives au Protocole de Kyoto.
La troisième évaluation a été terminée en 2001, et dans une certaine mesure, il est encore un peu trop tôt pour comprendre exactement ce que seront les répercussions de ce rapport sur le processus de convention-cadre des Nations Unies.
Nous en sommes maintenant à la quatrième évaluation qui sera terminée cette année, en 2007.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue au comité et merci pour les données que vous nous avez transmises. Nous les avions lues, mais c'est toujours agréable de les entendre de vive voix.
Depuis qu'on étudie le projet de loi C-30, on s'est plutôt préoccupés — et on s'en préoccupera encore beaucoup — de la réduction à la source des émissions de gaz à effet de serre. Comment pouvons-nous atteindre nos objectifs de Kyoto? Quelles technologies pourrons-nous mettre en vigueur? Quels instruments fiscaux ou réglementaires devrions-nous utiliser pour lutter contre les changements climatiques?
On parle beaucoup de réduction à la source des émissions, mais vos présentations m'amènent plutôt à vous parler d'adaptation aux changements climatiques. La politique gouvernementale, que ce soit celle du gouvernement actuel ou celle du gouvernement précédent, ne contient aucune politique d'adaptation aux changements climatiques.
Vous avez parlé d'un risque d'augmentation du niveau des mers et d'impact sur les populations plus au nord. De quels aspects une politique d'adaptation aux changements climatiques devrait-elle traiter? Les régions maritimes devraient-elles être incluses dans une telle politique? Les populations autochtones plus vulnérables situées dans le nord du Québec, où le pergélisol est appelé à fondre, devraient-elles recevoir une attention particulière? Dans une perspective canadienne, quels aspects fondamentaux une politique d'adaptation aux changements climatiques devrait-elle intégrer?
:
Je pourrais parler un peu de cela, si vous le voulez.
Premièrement, en tant que scientifique, je ne suis pas du tout enclin à discuter des options politiques qui devraient être adoptées. Nous sommes ici en tant que scientifiques venus pour vous présenter les meilleures données scientifiques disponibles, de manière à vous permettre de prendre les décisions les mieux informées possibles en matière de politiques.
Que nous apprennent ces données scientifiques? Elles nous apprennent, par exemple, que si nous réduisons les émissions de dioxyde de carbone de 50 p. 100 dans le monde, vers la fin du siècle, et les stabilisons à ce niveau, nous parviendrons à un point d'équilibre au dioxyde de carbone dans l'atmosphère sera quatre fois plus élevé qu'il ne l'était à l'époque préindustrielle. C'est un niveau que l'on n'a pas connu depuis le Jurassique, le Crétacé, le Triassique, à l'époque où les dinosaures peuplaient la planète. Ce n'est pas acceptable.
Cette extrême n'est pas acceptable. Il faut que les émissions soient beaucoup plus réduites que cela et cela d'ici le milieu du siècle pour que nous puissions avoir un climat qui n'aura pas d'effets catastrophiques majeurs sur les grands écosystèmes, ici comme ailleurs.
La question est donc de savoir ce que nous devons faire. C'est à vous de décider. Il faut réduire les émissions. Nous connaissons le problème; c'est le dioxyde de carbone. Nous savons d'où il vient; il vient des émissions produites par la combustion des combustibles fossiles. C'est maintenant au tour des ingénieurs, des décideurs, des économistes de proposer des manières de réduire ces émissions de carbone qui envahissent l'atmosphère.
:
Je vous remercie de cette question.
Oui, pour chaque chapitre individuel, il faut un accord. Certains prétendront qu'il n'y a pas de consensus dans le domaine scientifique, mais en fait, il y en a un. Il y a consensus pour l'utilisation de mots tels que « probablement » et « très probablement », auxquels s'attache une notion de probabilité. Vous constaterez que lorsque vous atteignez un consensus, les extrêmes ont disparu. C'est un rapport très pondéré.
En fait, il y a des gens qui ont étudié les résultats, les prévisions et projections du GIEC depuis son premier rapport en 1990. Ils ont examiné ce qui était arrivé au cours des deux dernières décennies, depuis que le GIEC a commencé à publier ses projections. Vous constaterez que ce qui s'est produit s'inscrit dans les limites des projections du GIEC, mais sont proches des limites supérieures.
Il convient donc de considérer que les projections du GIEC sont très prudentes, mais pas au sens politique du terme. Elles le sont en ce sens qu'elles n'ont rien d'alarmiste; elles sont très modérées et présentent des données scientifiques de qualité rassemblées par les meilleurs cerveaux scientifiques du monde.
:
Puis-je ajouter un mot?
J'ai participé à la rédaction du chapitre 10, celui qui traite de ce qui se passera à l'avenir, selon les projections relatives au climat de la planète. Pas une seule de nos déclarations n'a été modifiée.
Les seules différences entre le Sommaire pour les décideurs présenté par les scientifiques et celui qui a finalement été approuvé par ces derniers se réduisent à quelques ajouts. Je crois que c'est significatif.
Je ne sais pas combien d'entre vous ont en fait passé le Sommaire pour les décideurs à des décideurs, mais ce document est manifestement écrit par des scientifiques. La plupart des décideurs considèrent que ce n'est rien d'autre que du jargon prétentieux.
En ce qui concerne les ajouts, par exemple, nous avons présenté une figure qui comportait une fonction de distribution de probabilité et qui montrait comment cette fonction évoluait avec le temps à travers tout le XXIe siècle. La séance plénière au cours de la récente évaluation à Paris a montré que l'on voulait que SPD-7 soit ajouté. C'est un schéma squelettisé qui est plus facile à interpréter; cette figure a donc été ajoutée à notre chapitre afin d'expliciter la figure plus compliquée. Nous avons aussi fait ajouter un tableau de certains des résultats qui figuraient dans notre chapitre, mais ce changement fondamental n'a pas eu lieu.
Aucun changement n'a donc été apporté qui aurait altéré la valeur scientifique du texte. Les scientifiques ne l'auraient pas toléré. Ils seraient montés aux barricades si cela c'était produit.
:
Merci, monsieur le président; je remercie tous les témoins d'être venus aujourd'hui.
J'ai trouvé tout cela assez déprimant. En fait, je dois préciser que, ces dernières années, faisant partie du comité sur l'environnement, venant du nord de l'Alberta et témoin des changements, je n'ai pas le moindre doute sur la réalité du changement climatique. Il se passe quelque chose.
Je voudrais vous lire une information et je souhaiterais avoir vos réactions lorsque l'on dit que le Canada est un leader mondial. Je voudrais aussi savoir comment nous pouvons nous assurer que si nous jouons ce rôle, quelqu'un suit effectivement notre exemple, de manière à ce que cela fasse une différence.
J'ai lu un article de l'Ottawa Sun, qui citait les dix principales raisons pour lesquelles le Protocole de Kyoto est condamné à l'échec. Je vais les passer très rapidement en revue et j'aimerais avoir vos commentaires.
La première raison était que les États-Unis, qui produisent plus de 20 p. 100 des émissions mondiales, ne participent pas.
La seconde est que la Chine, qui est la seconde plus importante source d'émissions, à 14,8 p. 100 est dispensée de l'obligation de réduire les gaz à effet de serre.
La troisième est que l'Union européenne, qui est la troisième source d'émissions, avec 14 p. 100, bénéficie de l'effondrement financier et économique de l'Allemagne de l'Est, si bien qu'elle n'est pas obligée d'atteindre les objectifs de réduction des émissions.
La Russie, au quatrième rang avec 5,7 p. 100, a connu un effondrement économique et se trouve plus ou moins dans la même situation.
L'Inde, vient au cinquième rang, parce qu'elle est un pays en développement.
L'Australie n'est pas impliquée. Elle a, par habitant, les plus fortes émissions de dioxyde de carbone de la planète, à cause de sa dépendance à l'égard du charbon. Elle pourrait, malgré tout, encore accroître ses émissions.
Le plus inquiétant était que la construction de 850 centrales thermiques au charbon est prévue pour les prochaines années: 562 en Chine, 213 en Inde, 72 aux États-Unis. Les dispositions du Protocole de Kyoto ne s'appliquent à aucune d'entre elles. Essentiellement, on estime que les 850 centrales déverseront cinq fois plus de CO2 dans l'atmosphère que Kyoto n'en enlèverait, même si tous les autres pays parvenaient à atteindre leurs objectifs 2012.
La huitième raison est que... le Canada, naturellement, n'est responsable que de deux pour cent des émissions mondiales, si bien que même si nous atteignons nos objectifs, selon cet article, la seule façon d'y parvenir serait d'acheter de l'air chaud...
Essentiellement, messieurs, on dit que Kyoto sert surtout à transférer de la richesse des pays industrialisés aux pays du tiers monde. Et cela semble être le seul mécanisme efficace existant, à l'exception, peut-être de l'APAC 6.
J'aimerais avoir vos commentaires à propos de Kyoto et du rôle du Canada comme chef de file mondial et non comme suiveur.
:
Puis-je faire une remarque à ce sujet? Je crois que c'est très important.
Tous les points que vous avez évoqués ne manquent pas de mérite. Mais ce dont nous parlons ici, et ce qui me paraît indispensable, c'est de modifier profondément la manière dont notre système économique fonctionne. À mon sens, les changements climatiques globaux nous obligent à pratiquement réinventer nos modes de fonctionnement.
Le contexte législatif actuel joue, à mon avis, contre l'innovation. Nos entreprises privées, nos sociétés, parce qu'elles ne sont pas soumises au cadre de réglementation, ne sont pas motivées à innover. En l'absence de toute impulsion sur le plan législatif, nous les avons laissées devenir des luddites qui vivent dans le passé. Nous n'avons rien fait pour les motiver à créer.
Comme mon collègue John Stone l'a dit, ce que nous recherchons ici, et ce que nous devrions viser dans notre régime législatif, c'est de faire de notre pays un leader et nous n'y parviendrons pas sans créer les mesures incitatives que seules des lois peuvent établir. Nous ne voulons pas de luddites; nous voulons des entreprises qu'anime un esprit de création, qui s'imposent comme des chefs de file mondiaux et qui soient les moteurs d'une société aspirant elle aussi à servir d'exemple au monde entier.
À mon avis, il nous appartient en tant que législateurs de créer le genre de régime législatif qui propulsera notre pays en avant et incitera nos entreprises à créer et à innover, au lieu de se reposer sur leurs lauriers, ce que beaucoup d'entre elles font depuis bien trop longtemps.
:
Merci. Je ferai de mon mieux. C'est une excellente question.
Comme mes collègues l'ont dit, il est inévitable qu'avec le temps nous allons être contraints de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, et cela de 60 p. 100 et même plus. Cela dépend beaucoup de nos modèles de cycle du carbone et d'une foule d'autres choses. À cause de l'inertie du système climatique, et aussi de l'inertie de nos systèmes socio-économiques, il y aura inévitablement des impacts, et nous ne pouvons pas nous permettre de les ignorer.
Ces impacts diffèrent selon qui vous êtes, où vous vivez, et ce que vous faites de votre vie. Il y a certaines régions — par exemple, dans l'Arctique — où comme le disait M. Peltier, le changement climatique est exacerbé et où les impacts sont déjà visibles. Les habitants de l'Arctique sont inconscients du changement climatique et de ce qu'ils voient, et de la menace pour leur santé et pour leurs subsistances. Dans certains de ces endroits, il est assez logique que l'on soit obligé de penser à des mesures d'adaptation.
D'autres régions, parce qu'elles peuvent être riches, ou à cause d'autres facteurs, ne sont peut-être pas aussi vulnérables. On prétend, par exemple, que l'Afrique est très vulnérable. J'ai le plaisir d'être associé au programme dirigé par le International Development Research Council, avec l'aide financière du Canada et du Royaume-Uni, qui étudie les possibilités d'adaptation en Afrique, car il est entendu que ce continent est une des régions les plus vulnérables. Je ferais remarquer que si l'Afrique est vulnérable, sa sécurité est aussi la nôtre, et qu'il est dans l'intérêt direct du Canada d'essayer d'aider ces pays vulnérables à faire face au changement climatique, parce que si nous ne le faisons pas, cela entraînera inévitablement des répercussions pour le Canada.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens tout d'abord à souhaiter la bienvenue à nos invités et à les remercier pour les exposés qu'ils ont présentés aujourd'hui.
M. Stone vous avez dit qu'il fallait essayer d'atteindre les niveaux, mais que ceux-ci n'étaient pas dangereux pour notre existence, si je vous ai bien compris. Vous avez dit que les gaz à effet de serre demeurent dans l'atmosphère pendant des dizaines d'années et que nous sommes donc condamnés à subir des effets additionnels du changement climatique, même une fois que les émissions auront été réduites. C'est la situation à laquelle nous sommes confrontés, et il faut que nous élaborions les mesures nécessaires pour nous adapter à ces changements.
Selon vous — et tout le monde est libre de répondre — quelles sont les mesures clés nécessaires pour créer une économie écologiquement durable en essayant de trouver un équilibre entre les préoccupations que nous inspire l'environnement et le souci de pouvoir continuer à vivre et à travailler dans notre pays.
On a l'impression que la plupart des témoins sont partisans d'une option ou d'une autre, mais pas des deux. En vous écoutant ce soir, j'ai constaté que vous vous cantonniez à la croisée des chemins. Le changement climatique vous préoccupe, mais au moins êtes-vous capable d'apporter quelques idées là-dessus. Il semble que ce soit une préoccupation majeure pour les Canadiens.
En conclusion, si vous me le permettez, je dirais ceci: lorsque vous posez aujourd'hui la question aux Canadiens, c'est l'environnement qui est leur première préoccupation. Mais tout de suite au second rang, leurs moyens de subsistance leur inspirent de fortes inquiétudes.
:
Permettez-moi de faire quelques observations.
J'estime personnellement que nous ne parviendrons pas à lutter efficacement contre le problème du changement climatique si nous considérons qu'il s'agit simplement d'une question environnementale. Ce l'est indiscutablement, mais la grande question est de savoir comment le problème est présenté. Je crois que c'est un élément clé de la réponse à la question qui a été posée plus tôt au sujet de la manière de mobiliser les autres pays.
Il faut procéder de manière à créer une certaine mutualité, qui permettra elle-même d'établir une certaine cohésion, un certain groupement d'intérêts et nous permettra ainsi de considérer le changement climatique sous des angles divers: comme une question liée à la compétitivité technologique; mais aussi une question liée à la santé, au développement, à la sécurité énergétique, et à bien d'autres choses.
Si nous adoptons cette démarche et présentons le problème en ces termes, nous pourrons attirer plus de participants. Nous parviendrons à une entente entre les pays, quelles que soient les raisons qui les inspirent, pour nous attaquer au problème du changement climatique.
Je voudrais faire deux remarques. Premièrement, pourquoi ne voudrait-on pas créer d'autres sources d'énergie propres lorsque le monde entier est un marché et un consommateur d'énergie? Ce sont les premiers à trouver une nouvelle astuce qui seront les bénéficiaires, car il n'y a aucune raison de ne pas utiliser une source quelconque d'énergie durable et propre, lorsque celle-ci est disponible, au lieu de brûler quelque chose qui une foule d'effets négatifs sur la santé, la qualité de l'air, etc.
Deuxièmement, il me semble que les règles du jeu ne sont pas équitables. Cela tient en effet à la façon dont nous calculons le coût de l'énergie. Lorsque nous le faisons, quel est le coût environnemental lié à la combustion des combustibles fossiles? Ce coût entre-t-il dans l'équation?
Lorsque l'on construit une centrale nucléaire, le coût de son déclassement doit être immédiatement intégré au coût de mise en service de l'usine. Lorsque vous construisez une centrale thermique au charbon, tout ce que vous avez à faire est de trouver un gisement de charbon, de construire une centrale dessus et de brûler le charbon. Qui paie le coût des émissions de cette centrale? Je ne sais pas. Probablement personne. C'est la raison pour laquelle je ne crois pas que les règles du jeu soient équitables.
Je préférerais m'en remettre aux économistes pour cette question, car je crois qu'il faut vraiment reconsidérer la situation. Ils savent beaucoup mieux que nous quelles solutions économiques sont possibles.
:
Permettez-moi de répondre à cette question et de faire quelques observations.
Premièrement, les coprésidents du Groupe de travail I du GIEC étaient Susan Solomon, qui est Américaine, et Dahe Qin, qui est Chinois et est en fait le chef de l'administration météorologique chinoise. Les compétences de ces deux scientifiques sont au-dessus de toute critique. Vous ne pourriez pas en trouver de meilleurs. C'est à cause de leur éminence qu'ils ont pu amener le reste des scientifiques à collaborer.
Ce qui est intéressant dans le processus du GIEC, comme Andrew Weaver l'a dit au début, c'est qu'il a été en fait rédigé par des scientifiques et qu'il est fondé sur des textes approuvées par des pairs, c'est-à-dire des textes publiés dans des revues scientifiques et soumis à un examen extrêmement rigoureux.
Dans les séances plénières — par exemple à Paris — les gouvernements négocient le Sommaire pour les décideurs. Ce sommaire est la version abrégée du rapport. Encore une fois, son texte est rédigé par des scientifiques et le rôle du gouvernement est de s'assurer qu'il est compréhensible, accessible et équilibré. Bien entendu, la définition d'« équilibre » peut varier selon le gouvernement. En fin de compte, cependant, rien n'est écrit qui n'ait été approuvé par les scientifiques.
En dernière analyse, cela signifie que lorsque le maillet tombe pour la dernière fois, tous les gouvernements présents conviennent que le Sommaire pour les décideurs est une évaluation adéquate, appropriée et équilibrée de l'état actuel des connaissances.
:
Merci, monsieur le président.
Considérant la série de questions posées par M. Scarpaleggia, je suis presque tenté de lui céder ma place, ne serait-ce que parce qu'il nous a appris que ce sont des conservateurs tels que Thatcher et Mulroney qui ont été parmi les premiers à intervenir dans le domaine du changement climatique. Si l'on ajoute à cela les propositions du gouvernement actuel pour commencer à s'attaquer à ce problème, on peut se demander où étaient passés les libéraux pendant plus d'une décennie.
Une voix: Bravo, bravo!
M. Jeff Watson: Je voudrais en fait poursuivre dans la même veine que M. Manning. Il y a deux ou trois points que je voudrais examiner. Le premier a trait à l'objectif international, mais j'y reviendrai tout à l'heure.
Je voudrais parler de la difficulté de concevoir, comme l'a dit M. Stone, les clés de la création d'une économie durable du point de vue de l'environnement. Pourriez-vous nous apporter quelques éclaircissements à ce sujet?
Sur le plan scientifique, vous avez clairement évoqué certaines des réalités auxquelles nous pourrions être confrontés au cours des prochaines décennies. Pourriez-vous nous indiquer certains des changements indispensables? À votre avis, quelles sont les clés d'une économie durable sur le plan de l'environnement?
:
Bien, le temps dont nous disposions est épuisé.
Monsieur Watson, merci beaucoup
Les rondes normales de questions sont terminées. Il nous reste un peu moins de 25 minutes, mais nous avons deux ou trois points à discuter.
Le comité est-il d'accord pour que nous nous en tenions là? Bien. Je vous remercie.
Je tiens à remercier les témoins.
Messieurs Stone, Peltier et Weaver, je vous remercie vivement pour le temps que vous avez bien voulu nous consacrer et pour les idées que vous avez échangées avec nous. Je suis certain que cela a été utile pour le comité.
J'espère que vous avez fait un bon dîner et, M. Weaver, j'espère que vous apprécierez aussi le vôtre, quel que soit l'endroit où vous le prendrez.