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FAIT Rapport du Comité

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CONFLIT, DROITS DE LA PERSONNE
ET DÉMOCRATIE EN COLOMBIE :
UN PROGRAMME D'ACTION CANADIEN

…La Colombie n’est pas un pays de seigneurs de la drogue, de sauvages ou de gens ayant une tendance génétique à la guerre. La Colombie, malgré les injustices flagrantes et les abus causés à l’intérieur et à l’extérieur du pays par une minorité, est un pays composé de gens d’origines les plus diverses et des plus créateurs, qui ont le droit de vivre dans ce monde, comme l’a dit Garcia Marquez… (lorsqu’il a reçu le Prix Nobel de littérature en 1982)

Emmanuel Rosenthal
Porte-parole, Pueblos Hermanos Lazos Visibles,
Ottawa, décembre 19992

Le Canada a toujours condamné le terrorisme, quelle que soit sa forme. Aucune cause ni aucun besoin ne pourra jamais justifier la mort de civils innocents.

Bill Graham, ministre des Affaires étrangères
Déclaration devant le Comité permanent des
affaires étrangères et du commerce internationaL
18 avril 20023

PRÉFACE

            En février 2002, le Sous-comité des droits de la personne et du développement international s’est rendu en Colombie pour la dernière étape de ses audiences sur la situation complexe et tragique dans laquelle ce pays est plongé4. Au moment de la visite, le Canada et d’autres pays qui partagent ses idées et font partie de la Commission de facilitation (G-10) avaient travaillé récemment avec le conseiller spécial par intérim du Secrétaire général de l’ONU, James LeMoyne, que le Sous-comité avait rencontré à Ottawa, afin de convaincre le gouvernement de la Colombie et le plus important des groupes armés insurgés du pays, les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC) qui comptent 17 000 membres, de ne pas renoncer aux pourparlers de paix amorcés en 19985. La persistance des attaques des FARC avait durci l’opinion publique, cependant, et nombre de ceux que le Sous-comité a rencontrés au début de février étaient d’avis que, à tout le moins, le processus de paix changerait de façon significative après l’élection d’un nouveau gouvernement colombien, probablement plus intransigeant, en mai 2002.

            Après l’enlèvement d’une sénatrice colombienne très en vue, le 20 février, le président Andres Pastrana a annoncé qu’il mettait fin au processus de paix, et il a ordonné à l’armée colombienne de reprendre l’importante zone « démilitarisée » qu’il avait cédée aux FARC pour faciliter les pourparlers de paix. Dans les semaines qui ont suivi, les opérations militaires et les attentats des FARC, surtout contre les infrastructures, se sont intensifiés. Le nombre des victimes, tant chez les civils que chez les militaires, a certes augmenté, mais, heureusement, on ne peut parler du « bain de sang » immédiat, que beaucoup redoutaient.

            La tournure des événements a transformé la situation en Colombie et, du même coup, les priorités immédiates, car il faut désormais protéger les civils colombiens — et plus particulièrement les victimes du conflit — et encourager un accord sur des principes humanitaires, par exemple la fin des enlèvements et des opérations visant des civils, ce qui pourrait, espère-t-on, constituer le point de départ de nouveaux pourparlers de paix. Étant donné que les combats avec les FARC ont pris plus d’ampleur et qu’un nouveau gouvernement sera élu dans les mois à venir, il est crucial qu’en plus de protéger les civils contre les guérilleros, les autorités colombiennes redoublent d’efforts pour combattre les groupes d’« autodéfense » de droite — le plus souvent appelés les forces « paramilitaires » — qui sont généralement considérés comme responsables de la majorité des atteintes aux droits de la personne en Colombie.

            S’il est vrai que les travaux du Sous-comité ont porté surtout sur la situation des droits de la personne en Colombie, il était indispensable que le Sous-comité, pour formuler correctement ses recommandations sur la politique à long terme du Canada, examine des questions connexes comme la résolution du conflit, le renforcement de la démocratie et la lutte contre le narcotrafic.

            Après de nombreuses audiences et discussions à Ottawa et en Colombie, les membres du Sous-comité estiment que, dans ses grandes lignes, la politique canadienne sur la Colombie est juste : solide soutien pour le gouvernement démocratique du pays et pour un règlement négocié du conflit armé, protection et promotion énergiques des droits de la personne sur le terrain, en Colombie, et au niveau international et aide humanitaire. Ils croient néanmoins que, étant donné son capital diplomatique dans la région et ses autres ressources, le Canada peut et devrait faire encore plus. Des recommandations précises suivent, mais, plus généralement, le Canada devrait expliquer avec plus de conviction sur la scène internationale ce qui se passe en Colombie.

            Le gouvernement de la Colombie soutient que, en tant que démocratie aux prises avec des « narcoterroristes » bien armés, il devrait recevoir l’aide des autres pays et non se faire critiquer pour des problèmes de droits de la personne et autres, qu’il admet. Le gouvernement du Canada et les membres du Sous-comité condamnent tout acte de terrorisme. Les membres du Sous-comité reconnaissent que le gouvernement de la Colombie est dans une position très difficile, car il s’efforce d’accroître ses moyens d’action, son pouvoir et sa crédibilité auprès de tous les secteurs de la société, mais ils soulignent qu’il n’a pas à s’attaquer seul à cette tâche. Des pays amis comme le Canada continueront de soutenir les institutions démocratiques de la Colombie et de collaborer avec elle bilatéralement et multilatéralement au moyen de mécanismes comme l’ONU. Si on veut que la Colombie règle ses nombreux problèmes et profite de ses abondantes ressources naturelles et humaines, il faut que le Canada et d’autres membres de la communauté internationale prennent des mesures plus importantes à cet égard.

            Les membres du Sous-comité qui se sont rendus en Colombie ont été impressionnés par le leadership dont fait preuve l’ambassadeur du Canada dans ce pays, Guillermo Rishchynski, et par le dévouement et la compétence de toute l’équipe de l’ambassade à Bogotá. Mais la politique doit aller au-delà des personnes en place, et le Sous-comité ose espérer que le présent rapport servira de point de repère pour la politique actuelle et à venir du Canada à l’égard de la Colombie.


2             Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international de la Chambre des communes, Témoignages,
               2 décembre 1999, p. 25 (ci-après, Témoignages).

3             Exposé sur la situation au Moyen-Orient, présenté par l’honorable Bill Graham, ministre des Affaires étrangères au CPAECI le 18 avril, p. 3.

4              Ce rapport ne vise pas à résumer les témoignages que le Sous-comité des droits de la personne et du développement international
                a recueillis, mais ses membres invitent instamment les lecteurs intéressés à se rendre sur site .

5              Outre le Canada, les autres pays du G-10 sont la Suède, la France, Cuba, le Mexique, le Venezuela, la Norvège, l’Espagne,
                l’Italie et la Suisse. Le Canada a également   fait partie du groupe de soutien du processus de paix, réunissant 26 pays, l’ONU et le
                Vatican, et le groupe officieux de haut niveau de Bruxelles. Outre les entretiens avec les FARC, il y a également eu des pouparlers
                moins officiel  avec le deuxième groupe marxiste le plus important, l'Armée de libération nationale (ELN).