Passer au contenu
Début du contenu

CHPC Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.

Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.

Publication du jour précédent Publication du jour prochain
Passer à la navigation dans le document Passer au contenu du document






Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent du patrimoine canadien


NUMÉRO 053 
l
1re SESSION 
l
41e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le lundi 25 février 2013

[Enregistrement électronique]

  (1530)  

[Traduction]

    Bonjour, mesdames et messieurs. Bienvenue au Comité permanent du patrimoine canadien. Nous entamons aujourd'hui notre étude sur l'état de l'entraînement amateur au Canada.
    Aujourd'hui, nous accueillons trois témoins de 15 h 30 à 16 h 30. Il s'agit de Jeffrey Partrick, de Patinage Canada, de Dino Lopez, du Oakville Soccer Club, et de Jamie Atkin, d'Airdrie, en Alberta; il est le directeur et l'entraîneur principal du Airdrie Edge Gymnastics Club.
    Bienvenue, messieurs. Merci de nous aider dans notre étude.
    Comme la greffière vous l'a probablement déjà dit, vous avez le temps de livrer un exposé et ensuite, lorsque vous aurez tous terminé, les membres du comité vous poseront des questions.
    Quelqu'un doit commencer; monsieur Partrick, nous allons vous entendre en premier.
    Nous vous remercions de votre invitation à comparaître devant le comité pour discuter de l'entraînement dans le sport amateur; il s'agit d'un sujet très important pour les Canadiens.
    Patinage Canada a une riche et longue histoire qui fait notre fierté, et qui nous apporte un trésor de connaissances et une vaste expérience sur notre sport et le sport au Canada. En 2014, Patinage Canada célébrera le 100e anniversaire des Championnats canadiens de patinage artistique, ce qui n'est qu'un exemple de cette riche histoire.
    Patinage Canada chapeaute plus de 180 000 membres, 1 150 clubs et plus de 5 100 entraîneurs. La structure de Patinage Canada est unique, puisque tous les patineurs, clubs et entraîneurs sont membres de notre association. Cette structure centralisée est extrêmement avantageuse, car elle nous permet de créer et de mettre en oeuvre des normes relatives aux activités des clubs et des programmes rigoureux et cohérents qui favorisent en retour la rétention des membres et la formation d'athlètes de haut niveau qui ont remporté de nombreuses médailles olympiques et de calibre international, et qui ont représenté le Canada avec tant de fierté sur la scène mondiale.
    Nos sections, qui sont au nombre de 13 — l'Ontario est réparti en quatre sections, le Yukon fait partie de la section de la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut font partie de la section de l'Alberta —, sont chargées d'aider à la réalisation des priorités stratégiques de l'association, et de favoriser le respect des règlements et des politiques et l'exécution des programmes auprès des clubs membres. Tous les patineurs, les entraîneurs et les clubs paient des frais d'adhésion à Patinage Canada, et Patinage Canada verse une partie de ces frais aux sections, en vue d'aider au soutien et à l'exécution des programmes et de l'entraînement.
    Les entraîneurs de Patinage Canada sont tous des membres de Patinage Canada. Pour devenir membre, un entraîneur doit détenir un certificat du Programme national de certification des entraîneurs, il doit détenir un certificat de secourisme valide, il doit présenter un certificat de police, il doit réussir l'atelier Prise de décisions éthiques de l'Association canadienne des entraîneurs, et il doit adhérer à titre de membre de Patinage Canada et payer les frais connexes.
    Les entraîneurs sont rémunérés pour leurs services par leurs clients, et non par Patinage Canada. Certains travaillent à temps partiel, et d'autres à temps plein. Les entraîneurs fixent aussi leurs propres tarifs d'entraînement. En effet, Patinage Canada ne fixe pas les tarifs des entraîneurs et les tarifs ne sont pas fixés en fonction du niveau de certification.
    Le modèle de développement de l'entraîneur de Patinage Canada comporte un profil Instruction et un profil Compétition, lesquels sont composés de différents niveaux ou contextes. Vous trouverez un modèle dans le document.
    En ce qui concerne les taux de participation dans tous les niveaux de sport amateur, au cours de la saison 2011-2012, Patinage Canada comptait 5 182 entraîneurs. Au cours des 10 dernières années, le nombre d'entraîneurs a augmenté, tandis que le nombre de patineurs membres est demeuré stable et que le nombre de clubs a diminué. Par conséquent, le nombre d'entraîneurs ne représente pas un problème pour Patinage Canada.
    Le nombre d'entraîneurs par niveau de certification, encore une fois pour la saison 2011-2012, était de 510 dans le programme Patinage Plus, 48 dans le programme Patinage intensif Plus, 1 950 dans le programme Patinage STAR primaire — qui est essentiellement un programme pour apprendre le patinage artistique —, 1 411 dans le programme Patinage STAR intermédiaire et provincial, 778 dans le niveau 3, 42 dans le niveau 4, et 10 dans le niveau 5. Il y a seulement 120 entraîneurs de niveau 5 au Canada au total.
    Si on divise les entraîneurs par sexe, nous avons 4 622 femmes entraîneuses et 500 hommes entraîneurs. Dans l'ensemble, Patinage Canada est bien représentée par les entraîneuses, ce qui n'est pas le cas dans tous les sports.
    Comment le gouvernement fédéral peut-il faire davantage la promotion de l'entraînement amateur au Canada? Nous avons quelques recommandations à cet égard.
    Tout d'abord, il peut mandater la GRC pour permettre à des tiers d'avoir accès aux renseignements relatifs à un travail auprès de personnes vulnérables. Cela garantira l'uniformité des renseignements, l'uniformité des tarifs des entraîneurs, et des temps de traitement rapides. En effet, la sécurité des enfants est plus importante que le respect de la vie privée des personnes qui font l'objet d'accusations relatives à des mineurs.
    Deuxièmement, nous recommandons l'élaboration de formulaires nationaux uniformisés pour les certificats de police et de vérification et les vérifications relatives à un travail auprès de personnes vulnérables. Encore une fois, les raisons sont similaires, mais dans l'ensemble, c'est pour assurer la sécurité des enfants qui participent à une activité physique sous la supervision d'entraîneurs.
    Troisièmement, il faut favoriser le perfectionnement professionnel continu des entraîneurs. C'est important, car la formation des entraîneurs est très dispendieuse, mais essentielle à la qualité de l'expérience sportive de tous les participants à une activité physique.
    Quatrièmement, il faut soutenir le mouvement Au Canada, le sport c'est pour la vie, la participation à des activités physiques et les autres initiatives visant un mode de vie sain. C'est essentiel pour encourager un mode de vie sain, réduire les coûts en soins de santé et offrir une meilleure qualité de vie à tous les Canadiens.

  (1535)  

    Cinquièmement, il faut valoriser et reconnaître le rôle de l'entraîneur. En effet, les entraîneurs jouent un rôle essentiel dans la qualité de l'expérience sportive des participants et à l'égard de la possibilité qu'ils demeurent actifs pendant toute leur vie.
    Merci beaucoup.
    Merci, monsieur Partrick.
    La parole est à M. Lopez.
    Bonjour, honorables membres du comité. Merci de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
    Si vous allez à la deuxième diapositive, vous verrez une photo de moi. J'étais un joueur de soccer âgé de 12 ans, et c'était ma première expérience de soccer organisé. Je jouais dans une ligue locale, à Mississauga. En grandissant, ce petit garçon a eu l'occasion de jouer au niveau professionnel au Canada et aux États-Unis, et de jouer pour notre province, et pour notre pays à une occasion, ce que je considère comme étant un grand honneur. Mais tout cela a été le fruit du hasard; c'était vraiment une question de chance. En effet, il n'y a aucun plan d'ensemble dans la structure au Canada — même si nous nous dirigeons actuellement dans cette voie — qui vise à garantir le succès des athlètes en herbe.
    Le Oakville Soccer Club a été créé dans le garage de plusieurs bénévoles dévoués il y a environ 40 ans et nous avons aujourd'hui environ 12 000 participants. Onze mille d'entre eux jouent dans une ligue locale ou sont des joueurs récréatifs, et 1 000 d'entre eux — ou un peu moins — sont des joueurs de compétition. Dans le groupe de compétition, il y a probablement environ seulement 200 joueurs qui, à notre avis, font partie du volet haute performance.
    Nous visons le succès par la mise en oeuvre d'un plan stratégique de cinq ans que nous avons lancé en 2011. Ce plan repose sur les principes du développement à long terme des joueurs, et s'inscrit dans le développement athlétique à long terme, qui est appuyé par Sport Canada. Nous croyons que l'entraînement joue un rôle essentiel dans notre réussite et dans l'atteinte de tous les objectifs de notre plan stratégique. Dans notre club, nous avons actuellement trois joueurs qui font partie du bassin national de joueurs masculins. Nous avons une petite joueuse appelée Diana Matheson, qui a marqué un but qui a valu une médaille de bronze au Canada aux derniers Olympiques. Kara Lang est une ancienne capitaine de notre équipe nationale, et elle habite aussi à Oakville. Nous avons aussi plusieurs joueurs dans les clubs actuels de jeunes à différents niveaux au Canada et dans les équipes juniors nationales sur la scène internationale.
    Sur la diapositive suivante, si vous examinez le taux de participation au Canada, vous constaterez que nous avons une base très élargie de joueurs, c'est-à-dire environ 867 000 joueurs de soccer canadiens inscrits. Le Canada est 10e au monde à cet égard. En ce qui concerne l'ensemble des joueurs inscrits et non inscrits, nous occupons le 22e rang, ce qui est seulement deux rangs et probablement environ 100 000 joueurs de moins que la première puissance mondiale actuelle en matière de soccer, c'est-à-dire l'Espagne.
    Nous avons remarqué que le nombre d'inscriptions dans les clubs commençait à stagner ou qu'il diminuait faiblement. À notre avis, c'est en partie en raison d'un manque d'entraîneurs qualifiés, d'un manque de ressources, et en raison de la concurrence venant d'autres sports, mais aussi au sein du sport.
    Nous pensons que la différence entre le Canada et l'Espagne, c'est que l'Espagne peut compter sur une importante infrastructure nationale qui favorise le développement des joueurs et des entraîneurs à un très haut niveau. On vise l'excellence à un très haut niveau, et cela profite à tout le monde. En effet, on compte, en Espagne, environ 23 000 entraîneurs de licences B, A et pro de l'UEFA, l'équivalent des entraîneurs canadiens de licences A et B. Nous en avons environ 553 un peu partout au pays.
    Il est important de faire la distinction entre le soccer communautaire et celui de haute performance. Le soccer récréatif est très différent, mais les deux sont reliés. Par exemple, le soccer communautaire est très abordable. Il s'agit d'avoir du plaisir, de s'amuser et de profiter du jeu. On peut jouer du berceau à la tombe. Nous avons des joueurs de 4 ans et des joueurs de 55 et 60 ans dans notre club. Le club doit investir dans ce type de soccer, mais le gros des investissements se fait dans le soccer de haute performance. Cela coûte très cher. C'est très intense, et une très petite partie de nos joueurs utilisent une grande partie des ressources. Nous dépensons énormément d'argent pendant une période de 20 ans sur ces athlètes. Toutefois, en ce qui concerne le soccer, et je pense que c'est la même chose pour l'ensemble des sports au Canada, c'est-à-dire que la ligne de démarcation entre le sport de haute performance et le sport communautaire n'est pas très claire. Nous voulons que tout le monde participe, mais on ne peut pas traiter tout le monde sur un pied d'égalité dans ces deux niveaux.
    Mais je dirais que le sport communautaire et celui de haute performance sont certainement reliés. En effet, tous les athlètes de haute performance ont commencé par jouer au soccer récréatif et y reviennent plus tard dans leur vie. Comme je l'ai dit, en ce moment, étant donné que la distinction entre les deux types de soccer n'est pas claire, on ne répond pas très bien aux besoins de chacun des groupes.
    Le Oakville Soccer Club a investi dans les entraîneurs. Nous avons plus de 800 entraîneurs dans notre club et parmi eux, 750 sont des bénévoles. Les parties encerclées sur la feuille sont les domaines dans lesquels nous avons énormément investi. Dans la partie en rouge, nous avons 28 entraîneurs en chef répartis par groupe d'âge. Il s'agit d'entraîneurs professionnels rémunérés à temps partiel. De plus, nous avons quatre entraîneurs à plein temps: moi-même, deux entraîneurs et un responsable du développement des entraîneurs.

  (1540)  

    Une fois encore, nous avons investi considérablement pour développer des entraîneurs et augmenter nos ressources à cet égard. Nous avons également financé ou subventionné toutes les licences pour l'ensemble des joueurs et des entraîneurs de notre club.
    Si nous investissons dans les niveaux U8 à U12, où nous affectons une bonne partie de nos ressources, c'est qu'il s'agit du plus important bassin de joueurs possédant le potentiel pour se diriger vers le profil d'excellence. Nous croyons aussi que les athlètes qui bénéficient d'un meilleur perfectionnement des compétences aux niveaux U8 à U12 s'adonneront plus longtemps au sport et, ici encore, constitueront des atouts au sein de la grande communauté du soccer dans les années à venir.
    Pour l'instant, nous mettons l'accent sur le perfectionnement des compétences en misant sur le plan de développement à long terme des joueurs, ou DLTJ. Nous ne mettons pas l'accent tant sur l'équipe que sur le joueur.
    La diapositive suivante porte sur les profils d'entraînement canadiens. Tous nos entraîneurs sont également inscrits au Programme national de certification des entraîneurs. Il existe un profil communautaire et un profil de haute performance. Le premier profil est géré par la province et l'association provinciale, et chaque niveau du cours coûte environ 250 à 500 $. Les participants doivent également suivre les cours sur la prise de décision éthique et le respect au soccer, qui coûtent aussi de l'argent. Pour entrer dans le profil de compétition, il faut avoir déjà joué au niveau national ou professionnel, ou suivre le cours de soccer pour la vie.
     Quand on entre dans le profil d'excellence, les deux premiers niveaux, la licence provinciale B et les essais préliminaires de la licence B, sont gérés par l'association provinciale. Ces cours coûtent entre 900 et 1 200 $, sans compter les frais de voyage. Le club de soccer d'Oakville subventionne ces cours pour chacun de ses 800 entraîneurs.
    Si vous passez à la diapositive suivante, la structure constitue le message. Comme Marshall McLuhan l'a indiqué, le médium est le message. Nous croyons fermement que la structure est le message. Si nous établissons convenablement la structure, elle nous permettra de faire des choix éclairés au sein du club concernant la manière d'affecter les ressources.
    La relation de pouvoir est inversée dans le domaine du soccer au Canada. L'Association canadienne de soccer a très peu de pouvoir, car ce sont en fait les provinces, voire les clubs dont font partie les 867 000 joueurs, qui se partagent ce pouvoir. Pour résoudre la situation, il faut évidemment disposer de pouvoir économique, mais aussi de pouvoir organisationnel et d'expertise. Si l'ACS disposait de ces pouvoirs, nous pourrions susciter davantage d'intérêt et de passion à l'égard du sport et constituer un modèle d'excellence dont nos entraîneurs pourraient s'inspirer.
    Nous considérons en outre qu'il est essentiel d'assurer le développement à long terme des joueurs et de suivre les lignes directrices pour permettre à ce sport de prendre de l'expansion au Canada. C'est là qu'il faut faire une distinction entre le profil d'excellence et le profil récréatif, qui doivent tous deux recevoir un financement adéquat.
    À la diapositive suivante, qui porte sur la répartition des fonds, le club de soccer d'Oakville dispose d'un budget annuel de 7,5 millions de dollars, alors que l'ACS a un budget annuel de 12 millions de dollars. Le fait que ces deux budgets soient si proches l'un de l'autre nous semble problématique. De plus, le club de soccer d'Oakville dépense 10 % de ses fonds pour le perfectionnement des entraîneurs, et dépense ainsi environ 750 000 $ par année pour le formation ou la rémunération des entraîneurs.
    À la prochaine diapositive, vous verrez que nous comptons sur un excellent bassin qui comprend un grand nombre de joueurs, ce qui est formidable. Mais dans la plupart des pays, s'il existe un aussi grand bassin, le perfectionnement des entraîneurs est financé par un solide réseau professionnel et national. En Espagne et en Angleterre, littéralement 40 à 50 équipes contribuent au développement des joueurs et des entraîneurs et font figure de modèles d'excellence au sein de la communauté.
    Nous savons qu'au Canada, le pouvoir d'investissement global de tous les clubs dépasse de loin ce que les associations provinciales et nationales peuvent investir. Une fois encore, nous considérons qu'une structure adéquate aidera à affecter intelligemment les ressources au sein de ces clubs.
    À la prochaine diapositive, nous considérons que la formation d'entraîneurs est une question d'intervention et d'attraction.
     L'intervention se fait à la base. Nous devons continuer de déployer des efforts pour effectuer le changement structurel à l'échelle provinciale, en Ontario, où nous constituons une ligue de haute performance régie par des normes. Nous considérons que cela nous aidera à affecter des fonds adéquats là où il le faut. Il faut faire la distinction entre le profil de haute performance et le profil récréatif. Nous devons appuyer pleinement le développement à long terme des joueurs ainsi que la planification stratégique pour tous les clubs. Sans planification, on jette l'argent par les fenêtres, et c'est du gaspillage de ressources.

  (1545)  

    Quant au pouvoir d'attraction, il doit être source d'inspiration. Nous sommes convaincus qu'il faut remettre en valeur la formation des entraîneurs au pays. L'ACS et les associations provinciales doivent constituer des pinacles et des modèles d'excellence, car celui qui cherche l'inspiration aspire à ressembler au meilleur de l'industrie.
    Nous sommes d'avis qu'il faut, au Canada, investir dans l'entraînement et les compétences administratives et organisationnelles, en recrutant à l'étranger au besoin. Nous considérons également que sur le plan de l'inspiration, il faut appuyer et encourager le sport professionnel au Canada.
    Notre dernière diapositive montre une photo qui était affichée à notre club, où l'on voit Diana Matheson serrant la main d'une joueuse de notre ligue locale de jeunes de cinq ans. Même si tous les joueurs du pays n'atteignent pas le niveau d'excellence, quand ils y arrivent, tout le monde en profite. Nous qualifions donc ces joueurs de héros et espérerons être en mesure d'appuyer les deux profils de notre club.
    Merci beaucoup.
    Merci, monsieur Lopez.
    Nous entendrons enfin M. Atkin.
     Merci de me donner l'occasion de participer à cette séance du comité.
    Je suis entraîneur principal et directeur du club Airdrie Edge, dont je fais partie depuis 19 ans. Au fil des ans, j'ai été entraîneur à tous les niveaux, qu'il s'agisse de jeunes d'âge préscolaire, de sportifs d'un ou de deux ans, ou d'athlètes de haut niveau. Je suis actuellement entraîneur de l'équipe nationale.
    Comme le témoin précédent, j'ai agi comme participant et entraîneur aux niveaux récréatifs et de haute performance, et ai travaillé au sein de nos organisations provinciale et nationale.
    Au Canada, dans les sports acrobatiques, nous sommes confrontés à un défi particulier au chapitre de l'entraînement amateur. Notre recrutement va très bien. Nous observons une excellente participation de la part des jeunes, qui deviennent entraîneurs à un niveau relativement précoce, obtiennent la certification initiale à un jeune âge et font un excellent travail. Mais nous éprouvons beaucoup de difficultés à conserver ces entraîneurs et à leur permettre de se perfectionner pour atteindre un niveau auquel ils sont suffisamment instruits et expérimentés pour travailler auprès des athlètes d'élite.
    Les difficultés associées à la conciliation travail-vie personnelle des entraîneurs sont problématiques quand vient le temps de passer du niveau élémentaire au niveau élite. Dans les disciplines acrobatiques, les athlètes de compétition s'entraînent quatre, cinq et six fois par semaine, les soirs et les week-ends. Au niveau élémentaire, ce sont bien 85 ou 90 % de nos entraîneurs qui sont des jeunes, surtout des femmes, qui accordent une grande importance à la famille. À mesure qu'elles gravissent les échelons et qu'elles acquièrent des connaissances et de l'expérience, elles ont de la difficulté à s'occuper de leur famille et à être disponibles les soirs et les week-ends. Nous constatons notamment que nos femmes entraîneurs abandonnent au moment où elles pourraient commencer à entraîner les athlètes d'élite.
    Nous n'avons aucun entraîneur bénévole. Tous nos entraîneurs sont des professionnels rémunérés, instruits et formés. Il faut posséder des années d'expérience pour devenir entraîneur de niveau 3 et 4, où on commence à travailler avec des athlètes d'élite.
    Une bonne partie de nos problèmes concernent la rétribution financière, c'est-à-dire le revenu et les avantages sociaux qu'un entraîneur à temps plein obtiendra, au regard du temps perdu et d'autres facteurs. Lorsque j'ai discuté avec nos entraîneurs en prévision de ma comparution, ils ont déploré une attitude encore courante au sein de la population canadienne en général. Lorsqu'ils disent qu'ils travaillent comme entraîneurs, ils se font demander quel est leur vrai travail et quelles sont les véritables fonctions qu'ils assument avant d'être entraîneurs à temps partiel le soir. L'entraîneur professionnel qui s'occupe de sport amateur est une entité relativement méconnue et prise à la légère au Canada.
    Nous considérons que pour encourager les gens à devenir et à rester entraîneurs, et à s'intéresser à l'entraînement amateur, il faut que l'entraînement amateur soit considéré comme un vrai travail viable. Il faut également reconnaître l'influence que l'entraîneur professionnel en sport amateur a sur le développement, le recrutement et la persévérance des jeunes dans le sport.
    Au final, les entraîneurs amateurs aux niveaux initiaux ne feront pas apparaître d'athlète au gym ou sur le terrain, mais les toutes premières expériences des enfants seront influencées par leur comportement, leur énergie positive et leur capacité de permettre aux sportifs de s'amuser et de se dépasser.
    À l'heure actuelle, le défi consiste à faire reconnaître le travail d'entraîneur et à assurer un sain équilibre à cet égard. L'estime du public peut jouer un rôle. Le financement, l'éducation, le mentorat et l'investissement dans les excellents travaux réalisés relativement au modèle de développement d'athlète à long terme sont aussi importants. Il faut aussi que ces travaux profitent directement aux entraîneurs qui travaillent avec les concepts. Ainsi, il faut s'assurer que chaque entraîneur ait un excellent accès aux travaux de développement d'athlète à long terme grâce à l'éducation, au mentorat et aux diverses manières dont nous appuyons les professionnels qui veulent faire de l'entraînement amateur.

  (1550)  

    En l'absence de gens instruits, expérimentés et dévoués pour encadrer les athlètes tout au long de leur démarches sportives aux niveaux amateur et élite, nous ne verrons pas augmenter le nombre de jeunes s'adonnant aux sports amateurs, alors que c'est un facteur extrêmement important pour la santé générale et le développement de nos jeunes, et participant aux sports de niveau élite qui contribuent à la renommée du pays tout entier.
    Merci.
    Merci, monsieur.
    Je remercie chacun d'entre vous de vos exposés. Nous commencerons maintenant la période de questions.
    Nous laisserons d'abord la parole à M. Young.

  (1555)  

    Merci, monsieur le président.
    Je vous remercie de témoigner, monsieur Atkin.
    Messieurs, nous vous remercions d'être venus jusqu'ici aujourd'hui. Nous vous en sommes reconnaissants. C'est une bonne chose que de pouvoir compter sur des gens de votre expertise.
    À Oakville, nous sommes très fiers de notre club de soccer et de ses réalisations, ainsi que de Diana Matheson, dont la détermination a permis au Canada de remporter la médaille de bronze aux Jeux olympiques.
    J'aimerais saisir les liens qui pourraient exister entre ce que vous appelez le profil récréatif et ce que vous avez appelé, je crois, le profil professionnel. À moins que ce ne soit le profil de performance?
    C'était le profil d'excellence ou de haute performance.
    Oui, le profil de haute performance.
    M. Dino Lopez: Oui. J'emploi les deux sans distinction.
    M. Terence Young: Pour commencer, je veux vous demander, puisque je trouve primordial de parler des résultats, si vous pourriez traiter brièvement, Dino, des avantages que les athlètes retirent de la pratique du soccer en général.
    Nous essayons d'adopter une approche holistique dans la manière dont nous entraînons nos joueurs. Nous voulons avant tout en faire des personnes saines; nous travaillons donc beaucoup au développement de leur caractère.
    J'ai constaté que l'entraînement permet aux jeunes adultes de mieux gérer leur temps, d'avoir une meilleure estime d'eux-mêmes et d'exploiter leurs compétences. C'est comme apprendre à jouer du piano: nos acquis nous suivent partout et nous servent tout au long de la vie. Nous formons des jeunes capables de travailler en équipe et d'agir pour atteindre un but, lesquels deviendront des adultes plus compétents. Nous abordons l'entraînement de manière holistique.
    Ils apprennent aussi à suivre les directives d'autres personnes que leurs professeurs ou leurs parents.
    Je connais au moins une jeune fille d'Oakville qui s'est vue offrir une bourse d'étude pour un établissement postsecondaire. Savez-vous si cela arrive souvent parmi les membres du club?
    Je serai parfaitement honnête: au club de soccer d'Oakville, cela arrive plus souvent aux garçons qu'aux filles. Comme je l'ai indiqué, un groupe international de particuliers et de clubs professionnels investissent dans le soccer à l'échelle mondiale. Relativement parlant, la situation est difficile du côté masculin en raison des fonds investis à cet égard. Chez les femmes, cinq athlètes ont reçu des bourses pour aller étudier aux États-Unis cette année. L'an dernier, sept en avaient reçues. Cette année, un homme ira étudier aux États-Unis. De nombreux joueurs peuvent ainsi aller étudier gratuitement aux États-Unis.
    Est-ce que certains reçoivent des bourses pour étudier dans des universités canadiennes?
    Oui.
    D'accord. C'est utile également.
    Oui, et nous soutenons tout autant les universités canadiennes, car nous savons que nous pouvons compter sur notre système d'éducation.
    Vous avez indiqué que le nombre de joueurs est relativement stable actuellement au club de soccer d'Oakville. En passant, y a-t-il plus de filles que de garçons, ou est-ce assez égal?
    Il y a un peu plus de filles que de garçons, mais c'est presque moitié-moitié.
    D'accord. Et vous attribuez au manque d'entraîneurs le fait que les nombres restent stables actuellement au lieu d'augmenter. Est-ce un gros problème? Que faites-vous pour le résoudre?
    Comme je l'ai indiqué, nous investissons 750 000 $ par année dans les entraîneurs. Je crois qu'au Canada, nous sommes aux prises avec une situation difficile. C'est presque comme une entreprise qui prend de l'expansion trop rapidement. Il y a tant de joueurs que nous manquons d'entraîneurs compétents; nous peinons donc à trouver des entraîneurs qui conviennent au niveau des joueurs. C'est un des problèmes qui se posent. Les gens abandonnent le sport, car ils ne peuvent développer pleinement leur potentiel.
    Vous est-il plus difficile de trouver des entraîneurs de haute performance ou de profil récréatif?
    Je dirais que oui, mais je crois que la norme générale pourrait être plus élevée pour les entraîneurs du profil récréatif. Il faudrait rehausser la norme pour les bénévoles et les entraîneurs professionnels à temps partiel.
    Comment vous y prenez-vous pour trouver plus d'entraîneurs? Comment faites-vous pour y parvenir?
    Nous recourons à la publicité et aux réseaux. Nous tentons d'établir un réseau dans le milieu, car quand on a déjà entraîné un joueur de haut niveau ou un joueur vraiment solide dans son club, on veut qu'il revienne aider le club ou, au moins, les jeunes joueurs de soccer en général.
    Pourriez-vous nous parler du programme national de certification des entraîneurs et de l'importance qu'il revêt pour le développement d'entraîneurs aptes à s'occuper de sportifs de haut niveau et de jeunes? Pourriez-vous nous indiquer si ce programme comporte des lacunes?
    Une bonne partie de ce que j'ai dit dans mon exposé n'a rien de révolutionnaire. Nous sommes sur la bonne voie. Le PNCE est une bonne ressource, car il a renforcé l'excellence dans tous les sports en nous obligeant à suivre ses lignes directrices. À mon avis, les meilleurs plans ne réussiront pas toujours, à moins qu'on ne dispose d'un modèle d'exécution adéquat. Je crois que c'est ce que nous tentons de faire dans le domaine du soccer.
    En ce qui concerne le gouvernement, il offre son soutien par l'entremise d'initiatives comme le programme À nous le podium et les comités des Jeux olympiques et paralympiques.
    Pouvez-vous nous indiquer comment ce soutien a contribué au développement général et à l'amélioration de nos entraîneurs amateurs et de ceux qui agissent au niveau élite? S'il existe des liens, quels sont-ils?
    Oui, il a des liens. La communauté sportive est très petite. Les entraîneurs de haut niveau ne sont jamais loin. C'est ce qui se produit avec notre équipe. Certains de nos joueurs ont grandi en jouant avec... Par exemple, j'ai des amis qui veulent organiser une partie avec Brendan Shanahan et qui parlent des liens qu'ils entretiennent avec les entraîneurs de haut niveau.
    Les liens avec le sport d'élite nourrissent l'intérêt et la passion pour le jeu. Ils nous donnent aussi accès à un peu plus d'argent pour former les entraîneurs. Cette relation aide le sport en général.
    La plupart du temps, les investissements au plus haut niveau ont des retombées positives pour nous.

  (1600)  

    Quelles normes votre organisme applique-t-il pour les bénévoles potentiels? Portez-vous attention aux gens qui ont échoué un test d'alcoolémie dans les barrages routiers ou...
    Non, nous avons un plan stratégique pour trouver plus de bénévoles. Je pense que nous sommes chanceux dans la mesure où la communauté tient beaucoup à participer. Les bénévoles ne nous posent pas beaucoup de problèmes.
    Ils sont le moteur de toutes nos activités. Nous leur disons constamment à quel point nous sommes reconnaissants et nous cherchons à rendre un peu plus agréable leur expérience avec l'équipe, en leur donnant le crédit qui leur revient.
    Mais je répète que les bénévoles ont tendance à offrir de l'aide eux-mêmes. Ils veulent tous soutenir l'équipe dans la communauté.
    Vous avez dit que les installations, les entraîneurs et les organisations doivent permettre à l'ACS et aux associations provinciales d'atteindre l'excellence.
    Comment faut-il s'y prendre?
    La plupart des associations nationales disposent de leurs propres installations. Mais l'ACS n'a pas vraiment de lieux où elle peut donner la meilleure formation qui soit aux arbitres, aux joueurs et aux entraîneurs. C'est un besoin réel.
    Par exemple, des bobeurs de classe mondiale vont à Calgary depuis qu'une piste a été construite là-bas. La seule présence des installations ne règle pas tout, mais c'est important d'avoir un point de convergence pour donner la meilleure formation à tous en vue d'atteindre l'excellence.
    Nous pourrions construire des installations à Oakville.
    Nous pourrions les accueillir.
    Oui.
    Me reste-t-il du temps, monsieur le président?
    Votre temps est écoulé. Merci, monsieur Young.
    Monsieur Dubé.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
     Je veux d'abord remercier les témoins d'être parmi nous aujourd'hui.
    J'ai trouvé le point de vue de Patinage Canada très intéressant. Même s'il semble être un organisme centralisé...
     On n'entend pas le français?

[Traduction]

    Je vais continuer en anglais jusqu'à ce que le problème soit réglé.
    Il y a bon nombre d'équipes de patinage artistique dans ma circonscription. Elles font un travail remarquable sur le terrain, et malgré la centralisation...
    Ça va maintenant?

[Français]

    Je vais donc poursuivre en français.
    Malgré cette centralisation, de quelle façon collaborez-vous avec les clubs? Lorsque j'ai rencontré vos patineurs et patineuses d'élite sur la Colline, ils m'ont dit qu'il y avait des plans pour tenter de trouver des façons de valoriser davantage les clubs.
     Patinage Canada accomplit un certain travail, mais du côté des entraîneurs, surtout, que fait-on pour collaborer avec les clubs? Ceux-ci ont vraiment une meilleure idée de ce qui se passe chez nous, dans les régions et les provinces.

[Traduction]

    Si vous le permettez, je vais répondre à votre question de deux manières. Tout d'abord, il y a les liens avec nos équipes. Je répète qu'un peu plus de 1 100 équipes sont membres de Patinage Canada. Nous communiquons avec elles régulièrement. Pour rester membres, nos organisations doivent respecter des normes de prestation, mais aussi de gestion des programmes. C'est là que se fait le lien avec l'entraîneur, qui est le principal prestataire des programmes. Nous donnons une formation centralisée dans la mesure où nous élaborons nos programmes seulement aux bureaux nationaux, avec l'aide des entraîneurs. En gros, nous demandons ensuite à nos sections, qui sont au fond nos représentants régionaux, de donner la formation aux entraîneurs.
    Nous veillons à ce que la qualité diminue le moins possible à partir de l'élaboration du programme national jusqu'à la prestation de la formation pour les entraîneurs dans les provinces. Les entraîneurs doivent assister aux séances pour rehausser leur formation ou recevoir une formation en vue de diriger une équipe. Ce sont des façons pour nous de tisser des liens avec les entraîneurs. Lorsque ces derniers sont membres de notre organisme, nous communiquons avec eux régulièrement. Par exemple, nous leur envoyons des courriels deux fois par semaine pour faire une mise à jour sur les questions techniques, la formation, les règles et la politique et pour les aider à mieux diriger leurs équipes et à mettre en oeuvre les programmes. Nous prenons contact avec les équipes et les entraîneurs qui appliquent nos programmes, car comme M. Lopez l'a dit, c'est extrêmement important que les programmes et la prestation soient très solides. Ce ne sont que quelques façons pour nous de communiquer avec nos membres.

  (1605)  

[Français]

    Plusieurs personnes de mon entourage ont été patineurs. L'un des défis est le coût relié à ce sport. Ce peut être assez élevé. On pense qu'il s'agit simplement d'une paire de patins, mais il y a beaucoup de frais de déplacement, notamment pour les différentes compétitions, qui se déroulent parfois à l'autre bout du pays. Une de mes amies habite à Longueuil et elle était à Calgary en fin de semaine.
    Parlons de coûts. Vous dites que les entraîneurs sont rémunérés, mais le sont-ils par le club? J'imagine que vous ne le faites pas directement. De plus, j'imagine qu'une partie du budget sert à payer le déplacement des athlètes, etc. Y a-t-il des défis à relever à cet égard?
    Cette question est pertinente, car il s'agit d'un sport où les entraîneurs travaillent avec un seul athlète beaucoup plus souvent qu'au soccer ou au hockey. Tâchez-vous d'aider les clubs de chez nous à relever ces défis?

[Traduction]

    Je vais tout d'abord répondre à la question sur les coûts. Je pense que les coûts du sport amateur sont plutôt prohibitifs. Ma fille s'est inscrite au soccer récemment. Elle joue aussi au hockey et fait du patinage artistique. Je connais donc assez bien les coûts liés à la pratique de divers sports en bas âge. Le patinage peut coûter cher, mais ce n'est pas le seul sport qui présente ce problème. Je pense que, dans bon nombre de sports, on tente de limiter les coûts, parce qu'au bout du compte, c'est ce qui force les patineurs et ceux qui pratiquent d'autres sports à se retirer plus tôt. Ces sportifs n'ont pas la chance d'améliorer leurs compétences pour compétitionner toute leur vie.
    Nous avons parlé un peu aujourd'hui du développement à long terme de l'athlète ou du joueur, selon le sport en question.
    Pour nous, le développement à long terme de l'athlète se fonde sur des approches qui visent à limiter les coûts. À défaut d'un terme plus juste, il y a une forte tradition concernant la façon dont les jeunes devraient pratiquer le sport. Malheureusement, nous avons les mêmes exigences pour les enfants de 8 ans que pour les athlètes d'élite qui ont reçu beaucoup de formation, qui ont beaucoup patiné et pour lesquels beaucoup d'argent a été investi sur le plan de la formation; c'est inapproprié. Les entraîneurs, les communautés, les équipes et les bénévoles doivent comprendre que le développement des athlètes est très différent selon l'âge et la progression.
    Les patineurs de bas niveau ne parcourent pas de grande distance pour participer aux compétitions. Ils restent dans la région pour limiter les coûts. Pour être honnête, je dirais que nous supprimons même les compétitions qui peuvent décourager les très jeunes athlètes. Les coûts peuvent être assez prohibitifs. Nous voulons donner la chance à ces athlètes d'améliorer leurs compétences et leur confiance avant de participer aux compétitions.
    C'est un certain nombre d'approches que nous employons pour développer les athlètes à long terme et limiter les coûts.

[Français]

    Cela nous amène à ma prochaine question, que j'aimerais poser à M. Lopez.
    Ma question concerne cette idée controversée en Ontario: pas de pointage, pas de classement. Cela rejoint un peu ce que vous disiez pendant votre présentation. Pour les jeunes de moins de 12 ans, il n'y aura plus de pointage ni de classement pour les équipes de soccer. Je pense que cela rejoint ce que vous disiez par rapport au fait d'accorder la priorité à l'individu et à son développement personnel.
    Avez-vous un commentaire à faire là-dessus? Est-ce un pas dans la bonne direction pour le soccer et pour tous les sports?

[Traduction]

    Veuillez donner une réponse très brève.
    Je suis tout à fait d'accord avec M. Patrick. C'est ce que nous faisons pour le soccer. Je pense qu'une grande difficulté, c'est l'intérêt des adultes pour le pointage et les victoires. Nous cherchons à imposer notre point de vue sur le jeu aux enfants, mais ils jouent de façon très différente par rapport aux adultes. Le principal défi consiste à changer la mentalité des parents et de tous les entraîneurs, car c'est la voie à suivre. Dans les principaux pays européens, les enfants ne font pas de compétition avant 12 ans au soccer. C'est une question de développement des compétences.

  (1610)  

    Merci, monsieur Dubé.
    Monsieur Simms, pour sept minutes.
    Merci aux témoins de leur présence.
    Est-il exact de dire qu'il est plus difficile de garder les entraîneurs de haut niveau dans les sports individuels comme le patinage artistique, par rapport aux sports d'équipes comme le soccer? Vous avez dit plus tôt que les paiements sont versés aux entraîneurs par l'intermédiaire de l'athlète. Le patineur prometteur va bien sûr engager son propre entraîneur, qui va rester avec lui durant un certain temps. Au soccer, les joueurs qui passent à un niveau supérieur changent d'entraîneur. Est-ce un problème pour les sports individuels, selon vous?
    Dans quelle mesure?
    Je parle de garder les entraîneurs. Par exemple, l'équipe de patinage de ma petite ville compte présentement trois entraîneurs. Il me semble que, si un entraîneur a un avenir prometteur, il va sans doute partir.
    C'est possible. C'est pourquoi les entraîneurs qui se situent au premier niveau dans notre hiérarchie sont très nombreux. Je dirais qu'ils représentent 50 % de nos entraîneurs. Les entraîneurs de premier niveau dirigent des patineurs de même niveau. Des entraîneurs de nos communautés dirigent des patineurs de haut niveau. Mais c'est vrai que des patineurs et des entraîneurs partent à l'occasion. En général, nous ne semblons pas avoir de mal à garder les entraîneurs de haut niveau, qui ont tendance à collaborer et à élaborer en quelque sorte une approche d'équipe. Donc, deux ou trois entraîneurs vont travailler ensemble pour aider les patineurs d'une équipe à s'améliorer sur tous les plans.
    Je pensais que c'était un peu plus difficile de convaincre les jeunes de continuer à pratiquer le sport à cause du manque d'expérience des entraîneurs de premier niveau. Je suis sûr que c'est différent pour le soccer. Les joueurs passent simplement à un niveau supérieur.
    C'est l'idéal pour les bénévoles en ce qui a trait aux ligues locales et récréatives. En général, le père ou la mère fournit de l'aide, mais ils enseignent ce qu'ils ont appris au hockey, à la ringuette, au basketball ou dans le sport pour lequel ils ont déjà été entraîneurs bénévoles, parce que la culture du soccer n'est pas bien implantée partout au Canada. Ça change maintenant, parce que les jeunes joueurs de soccer sont très nombreux. La plupart des parents n'ont pas les connaissances. Nous les sensibilisons en espérant trouver des diamants bruts. Nous voulons des bénévoles qui comprennent le jeu et qui peuvent réellement aider les joueurs.
    Au niveau compétitif, nous payons les entraîneurs, qui peuvent être très compétents. Par le passé, le modèle général consistait à ce qu'un entraîneur dirige une équipe du niveau U10 à U17. Ce n'est pas toujours ce qu'il y a de mieux pour les stades de développement. Tout comme à l'école, les meilleurs modèles européens demandent aux entraîneurs de se spécialiser dans un ou deux groupes d'âge, comme U11 et 12 ou U13 et 14. Mais il manque d'entraîneurs qualifiés qui peuvent donner un programme de compétition très élevée. En général, ces entraîneurs veulent rester avec la meilleure équipe. Cet aspect est un peu problématique pour nous.
    Désolé, je ne voulais pas vous exclure, monsieur Atkin. Je présume que vous avez le même problème que pour le patinage artistique. Avez-vous du mal à garder les entraîneurs de premier niveau?
    Oui. Les athlètes de premier niveau sont très nombreux, et nous avons un assez bon nombre d'entraîneurs, mais ça reste difficile de les garder.
    Comme Dino l'a dit, nous avons du mal à faire passer les entraîneurs au niveau compétitif. Les entraîneurs ont besoin de beaucoup d'expérience. Je dirais que moins d'un entraîneur de premier niveau sur dix va passer au niveau compétitif. Certains vont faire un essai durant six mois ou un an avant d'abandonner.
    Nous devons chercher à conserver les entraîneurs de haut niveau. Comme le patinage artistique, notre sport est très technique et exige beaucoup de formation. C'est merveilleux de pouvoir compter sur un parent bénévole comme entraîneur, mais ce n'est pas la réalité de notre sport. Le bassin d'entraîneurs qui pourraient passer au niveau supérieur est très, très restreint. Comme Dino l'a dit, nous trouvons parfois des diamants bruts parmi les parents. Nous leur demandons parfois d'être juges et arbitres, mais pas entraîneurs. Le bassin est très restreint.

  (1615)  

    J'ai bon nombre de questions, mais je dois maintenant concentrer mon attention sur un aspect précis.
    C'est un problème dans ma région. On me pose beaucoup de questions sur les vérifications pour travailler auprès de personnes vulnérables. Les ressources sont très modestes et constituent un problème important. Le processus est très lent. Nous perdons des bénévoles, qui sont frustrés. Les gens dont le nom ressemble...
    Les vérifications sont nécessaires, mais il me semble qu'il manque de ressources. Rencontrez-vous ce genre de problème pour les entraîneurs? Connaissez les antécédents des entraîneurs de ce niveau?
    Tous les entraîneurs membres de Patinage Canada doivent demander une vérification de casier judiciaire auprès de la police. Je répète que nous rencontrons des problèmes concernant la vérification pour travailler auprès de personnes vulnérables, parce que l'information est limitée. Nous faisions appel à l'entreprise BackCheck de la Colombie-Britannique. C'est un tiers qui nous aidait à organiser l'information et qui la fournissait parfois dans les 24 heures. Mais c'est terminé, et ça nous pose beaucoup de problèmes.
    Lorsque nous avons tenté d'appliquer la mesure, nous avons constaté que l'information obtenue était tout à fait incohérente. Les villes voisines nous présentaient des formulaires de police complètement différents qui contenaient des renseignements sans commune mesure. C'était très difficile de déchiffrer et de comprendre l'information et de savoir quoi en faire.
    Monsieur Lopez.
    Nous avons aussi une politique sur la vérification des antécédents en vue d'un travail auprès de personnes vulnérables. Je dois avouer que jusqu'à l'an dernier, cette politique était plutôt mal appliquée. Nous nous sommes aperçus qu'il y avait finalement peu de personnes qui se faisaient vérifier. Nous avons redoublé d'efforts pour nous assurer qu'une vérification du dossier de police soit faite pour tous nos entraîneurs.
    La police est sur place lors de l'inscription à notre ligue maison et lorsque les entraîneurs viennent ramasser leur... lors de cet événement que nous appelons « le coup d'envoi des entraîneurs ». Nous finançons le processus. Les entraîneurs doivent remplir les formulaires, puis faire vérifier leurs antécédents et nous ramener les documents.
    Le problème avec cela c'est que bien que nous appliquions et payions la procédure, les entraîneurs ne nous rapportent pas les documents. Il nous a été un peu difficile de faire respecter cette procédure dans l'ensemble de l'organisation, surtout qu'elle compte 800 entraîneurs. Et nous ne sommes qu'un club de soccer parmi d'autres dans la province.
    Merci, monsieur Simms.
    Passons maintenant à M. Richards, pour une période de sept minutes.
    Merci et merci à tous ceux qui sont ici. Jamie se joint à nous par vidéoconférence depuis ma ville natale d'Airdrie. Merci, Jamie.
    Je veux poser quelques questions à chacun d'entre vous, si j'y arrive dans le temps qui m'est imparti.
     Je commencerai avec vous, monsieur Partrick, de Patinage Canada. Je crois que vous avez recours au programme national de certification des entraîneurs pour le patinage artistique. C'est quelque chose que je connais un peu compte tenu du temps que j'ai passé jadis comme entraîneur de hockey. Je me demandais si vous pouviez nous donner quelques précisions à ce sujet. Votre exposé a bien montré qu'il y avait deux volets distincts. Il y a ce que vous appelez le volet instruction, qui se rapproche de ce que décrit M. Lopez au sujet de son volet récréatif, puis le volet compétition, qui, de toute évidence, peut se comparer à son volet « haute performance ». Je crois savoir que ce type de classification se retrouve dans la plupart des sports.
    Pouvez-vous nous expliquer comment le programme d'entraînement varie pour ces deux volets? Quand je m'occupais de hockey, je dirigeais ce que l'on pourrait appeler les équipes de compétition; je n'étais qu'au niveau 1. À cette époque, cela était perçu comme une condition préalable pour être en mesure d'évoluer comme entraîneur au niveau provincial. Essentiellement, c'était tout ce que nous faisions. À vrai dire, nous ne tentions pas de nous perfectionner en tant qu'entraîneur. Mais c'était il y a environ 20 ans, et je crois que les choses ont beaucoup changé depuis. Pouvez-vous me donner un aperçu des différences qui existent entre les programmes d'entraînement de ces deux volets?
    En gros, lorsque vous commencez en patinage artistique, vous évoluez surtout dans le volet instruction. Le tracé pour débutant que vous voyez sur cette page est vraiment le niveau d'entrée tant pour nos athlètes et nos patineurs que pour nos entraîneurs. À certains égards, le volet instruction est en fait le point de départ. Puis, après avoir survolé les différents niveaux pour débutants, vous décidez si vous souhaitez rester dans le volet instruction ou passer au volet compétition. En fait, compte tenu du fonctionnement de nos clubs, il se peut que vous donniez l'impression d'être dans le volet instruction alors que vous aurez bel et bien les compétences voulues en entraînement pour évoluer dans le volet compétition.
    Si l'on se penche sur les détails qui différencient les deux, l'on s'aperçoit qu'il s'agit essentiellement de niveaux de compétence. Cela s'exprime par l'habileté et le savoir-faire que l'entraîneur doit avoir pour travailler avec les athlètes dans un contexte donné. Si l'entraîneur travaille avec des sportifs occasionnels, les caractéristiques de son savoir-faire sont établies en fonction du travail avec ce type de sportif, et il en va de même pour les athlètes de compétition, mais avec des caractéristiques différentes. Le niveau et les standards sont différents avec les athlètes de compétition. Sans entrer dans les détails, voilà la façon habituelle de distinguer le travail associé aux deux volets. On ne fait pas de distinction en ce qui concerne l'importance de ces entraîneurs, car la majorité de nos membres sont dans le volet instruction.
    Notre organisation compte environ 180 000 membres. Seulement 4 000 d'entre eux sont considérés comme patineurs de compétition. Il s'agit de patineurs qui évoluent dans notre système avec l'objectif de se qualifier pour des championnats nationaux. Il y a un grand nombre de compétitions, mais les athlètes qui visent vraiment les championnats nationaux ne sont que 3 000 ou 4 000. Nous accordons beaucoup d'importance au volet instruction. C'est pourquoi nos entraîneurs, dans bien des cas, travaillent pour les deux volets. Cela dépend en fait de la nature de l'athlète avec lequel ou laquelle les entraîneurs doivent travailler et du niveau de compétence qu'ils ont pour le faire.

  (1620)  

    Merci.
    Je passerai maintenant à Jamie. Je connais pas mal votre club de gymnastique. Je l'ai bien sûr visité et nous avons déjà discuté ensemble. Je sais que vous êtes instructeur et entraîneur à toutes sortes de niveaux, tant pour les athlètes que pour les enfants, des débutants aux champions nationaux. J'aimerais que vous nous parliez de votre expérience dans ce club.
     Tout d'abord, je ne suis pas certain que Gymnastique Canada ou la gymnastique fasse partie du Programme national de certification des entraîneurs, le PNCE. La gymnastique dispose-t-elle d'un programme d'entraînement distinct du PNCE?
    Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de ce que nous faisons passe par le PNCE. Nous avons des certifications distinctes pour chaque type de gymnastique: la gymnastique artistique pour femmes, la gymnastique pour hommes, la gymnastique sur trampoline, le programme Enfant actif, qui s'adresse aux enfants de 2 à 5 ans. Ce sont tous des volets différents qui demandent différents types de certification, mais tous sont couverts par le Programme national de certification des entraîneurs. Des mentorats, des cliniques et toutes sortes de formation très répandues dans tous les sports hautement techniques viennent s'ajouter au PNCE, mais ce programme est notre base, notre point de départ.
    Nous demandons les fondements, ce qui correspond à un niveau 1. Fondamentalement, c'est l'équivalent du niveau 1 que vous avez suivi autrefois, mais avec de légères différences. C'est le niveau que vous devez atteindre pour être entraîneur auprès des enfants d'âge préscolaire ou des participants qui débutent en gymnastique récréative. Il faut de six mois à un an pour terminer cette formation qui comprend trois week-ends de cours, un cours de premiers soins, une formation sur le respect dans les sports et certaines notions de pédagogie. Ceux qui souhaitent passer à un niveau supérieur en gymnastique récréative ou de compétition doivent viser la certification de niveau 2 ou même de niveau 3, où les athlètes tentent d'atteindre le niveau des championnats nationaux. Il y a ensuite le niveau 4, pour les entraîneurs des athlètes de haute performance qui cherchent à compétitionner pour le Canada à l'étranger.
    C'est comme la ceinture aux arts martiaux. Il y a une légion d'entraîneurs qui ont la certification de niveau 1, puis le nombre diminue drastiquement au niveau 2 et encore davantage aux niveaux 3 et 4. En gymnastique sur trampoline, le pays compte moins de 10 entraîneurs de niveau 4. À ces niveaux élevés, le nombre d'entraîneurs est très restreint.
    Je crois que la gymnastique est un peu différente du soccer et du patinage artistique. Dans un volet de compétition, l'athlète peut être un jeune qui s'adonne à une discipline de faible difficulté sur le plan technique, mais qui vise tout de même les compétitions. Il se peut qu'il s'entraîne avec des participants de la gymnastique récréative de son âge, mais qui suivent une voie différente. Habituellement, le volet compétition nécessite des entraîneurs qui pourraient avoir la certification de niveau 3 ou 4, même s'ils travaillent avec de jeunes athlètes, tandis que des athlètes en gymnastique récréative plus âgés et peut-être un peu plus doués travailleraient avec des entraîneurs de niveaux 1 et 2. C'est une approche rationalisée.

  (1625)  

     Merci, monsieur Richards.
     En dernier lieu, pour cette heure, nous aurons M. Cash, pour une ronde de cinq minutes.
    Monsieur Cash, c'est à vous.
    Merci, monsieur le président.
    Je cherche à faire la synthèse des problèmes liés à l'entraînement et à examiner la façon dont ceux-ci sont liés à la participation générale des jeunes au sport. Selon le document « Évaluation des programmes de Sport Canada », paru en mai 2011:
Il y a un besoin continu de soutenir la participation au sport et l’excellence dans le sport. Le besoin continu d’encourager et de faciliter la participation au sport de l’ensemble des Canadiens est attesté par le déclin de la participation générale au sport et des niveaux de condition physique des enfants et des jeunes.
     Bien entendu, c'est là un grand sujet de préoccupation pour les responsables de l'élaboration des politiques, ici à Ottawa, mais aussi pour l'ensemble des Canadiens.
    Que peut faire le gouvernement fédéral pour remédier à la situation? En votre qualité d'entraîneurs, avez-vous l'impression de recevoir le soutien fédéral dont vous avez besoin pour votre mission consistant à faire en sorte que les Canadiens fassent plus de sport?
    Ma question est une question ouverte qui s'adresse à vous trois.
    Je crois qu'il est toujours possible de faire plus à cet égard. On n'a qu'à regarder le nombre grandissant de personnes qui se sédentarisent et les coûts de nos soins de santé qui ne cessent d'augmenter... Je crois qu'une bonne partie de cela est attribuable au niveau général d'activité physique pratiquée dans notre société.
    Il y a environ deux semaines, j'ai assisté au sommet national du mouvement « Au Canada, le sport c'est pour la vie », et cela a vraiment ravivé ma conviction qu'il nous faut faire plus pour améliorer le niveau général d'activité physique au pays. Il est donc important d'avoir une base solide d'entraîneurs, qu'ils soient des bénévoles dans quelque sport que ce soit ou des professionnels rémunérés, car ce sont ces personnes qui procureront et façonneront l'expérience dont les jeunes ont besoin, quels que soient leurs objectifs. Un entraîneur peut éteindre une flamme très rapidement et mettre fin au développement d'un talent ou gâcher le plaisir de pratiquer une activité physique. Il est extrêmement important qu'un soutien accru soit accordé pour rendre les gens plus actifs, pour encourager les entraîneurs ainsi que pour encourager et soutenir le développement des entraîneurs. L'un ne va pas sans l'autre et tous les aspects sont essentiels.
    Je suis tout à fait d'accord avec tout ce qui s'est dit sur le soutien qu'il faut accorder aux entraîneurs et pour encourager la participation à la carrière d'entraîneur.
    Nous devons créer des héros pour les jeunes, pas seulement des champions olympiques. Il nous faut des personnes qui font n'importe quoi qui soit lié à la bonne forme physique, à la santé, à l'action positive et à l'énergie positive, mais qui le font avec une grande intensité. Le sport professionnel a son rôle à jouer à cet égard, mais le sport amateur aussi, et la vaste gamme de sports contenue dans le sport amateur, qui attirent tant d'enfants différents, de différentes familles et de différentes façons... Nous voulons promouvoir le concept de la participation dans le sport et des héros dans les sports de toutes sortes comme étant un objectif très honorable et qui vaut la peine d'être poursuivi. Cela se fait par des annonces de type Participaction et par de petits coups de coude aux médias pour qu'ils accordent de l'attention à des héros moins axés sur la télé-réalité et sur des personnes plus saines qui ont poursuivi des objectifs avec passion et énergie et qui ont accompli de grandes choses. Ce type d'intérêt ciblé sur ce genre de choses est ce dont les jeunes ont besoin pour leur donner le goût de participer.
    Je suis d'accord avec Jeffrey et Jamie. Le sport doit être une célébration. Cela doit vraiment se passer de cette façon.
    Je crois que nous nous souvenons tous de cet enseignant ou de ce professeur qui nous a incités à devenir meilleurs, et je crois que c'est ce que font les entraîneurs. Nous avons entendu cette histoire un certain nombre de fois: des joueurs se souviennent de choses que vous avez dites et qui ont changé leur vie, alors que vous ne vous rappelez pas les avoir dites. Ils deviennent des personnes plus saines et de meilleurs parents à cause de cela, et je crois que c'est toute la nation qui en profite.
    Je reconnais aussi que nous avons une population sédentaire. Les jeux vidéo prennent beaucoup de place. Chaque fois que nous célébrons quelque chose qui touche à l'activité et au plein air, ou qui se passe à l'intérieur tout en faisant l'apologie de l'activité et du partage en communauté, nous créons des liens entre les Canadiens.
    Pour le gouvernement, voilà la motivation. Célébrer le sport. Que ce soit par Participaction ou quoi que ce soit d'autre, nous devrions célébrer le sport et en chanter les louanges haut et fort.
    Je reviens une fois encore sur l'idée d'avoir des centres d'excellence, car cela équivaut à se doter d'un phare vers lequel tout le monde converge. Nous en avons discuté. Nous prévoyons bâtir quelque chose du genre à Oakville, et nous espérons que cela améliore les taux de participation. À Oakville, nous avons le taux de participation par habitant le plus élevé au pays pour le soccer, et la seule raison en est que nous avons créé un programme d'envergure pour ce sport. Ce n'est pas moi qui l'ai fait, mais bien ceux qui m'ont précédé. La collectivité elle-même y souscrit.

  (1630)  

    Merci, monsieur Cash.
    Voilà qui met fin à notre première heure de discussion. J'aimerais remercier tous les témoins. Votre contribution nous est très utile pour entamer notre étude. Merci de votre participation.
    Nous allons lever la séance pendant quelques minutes.

  (1630)  


  (1635)  

    Nous allons reprendre nos travaux.
    Je crois que M. Nantel a un avis de motion à présenter avant que nous entendions les autres témoins.
    Monsieur Nantel.
    Merci, monsieur le président, c'est effectivement le cas.

[Français]

    J'aimerais présenter une motion. Je crois bien que tous les membres du comité seront heureux de l'appuyer. Elle se lit comme suit:
Que le Comité félicite nos artistes et créateurs qui, encore une fois, ont si bien représenté notre pays à l'occasion de la cérémonie des Oscars.
    Cela se passait hier soir.
    J'espère obtenir le consentement unanime des membres du comité. Ce serait agréable.

[Traduction]

    M. Nantel a-t-il le consentement unanime pour présenter sa motion?
    Des voix: Oui.
    (La motion est adoptée.)
    Merci.
    Nous allons poursuivre notre étude de l'état de l'entraînement amateur au Canada. Nous accueillons deux témoins. Monsieur deVos, monsieur Esau, je vous souhaite la bienvenue.
    Nous commençons aujourd'hui notre étude sur l'entraînement, nous sommes donc très heureux de vous avoir parmi nous. Nous allons d'abord entendre vos déclarations liminaires, et nous vous poserons ensuite des questions.
    Monsieur Esau, à vous la parole.
    J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir donné l'occasion de venir témoigner.
    Au cours des 30 dernières années, j'ai été entraîneur dans de nombreux sports pratiqués au Canada. J'ai commencé avec la nage de compétition, et avec le temps, je me suis consacré au triathlon, à la course, à un peu de cyclisme, et quand mes enfants ont vieilli, à un peu de crosse et de hockey. Être entraîneur était ma principale occupation jusqu'à ce que j'obtienne une maîtrise en entraînement de l'Université de Calgary il y a environ 10 ans. Je suis maintenant physiologiste de l'exercice auprès d'équipes paralympiques.
    Ma première recommandation — et je sais que beaucoup d'entraîneurs au Canada ne la verront pas d'un bon oeil — est de mettre en place un système de certification qui viendrait couronner des études universitaires. Certaines universités canadiennes ont un programme en entraînement, mais il y en a très peu, et beaucoup de ces programmes commencent à disparaître. L'Université de Calgary donnait une maîtrise, mais elle est maintenant offerte par l'Université de l'Alberta.
    La principale raison pour laquelle je formule cette recommandation est que, selon moi, les entraîneurs au Canada n'en savent pas assez sur la façon d'entraîner et d'enseigner. Ils ne connaissent pas suffisamment les sports en général. Beaucoup sont des parents ou d'anciens athlètes qui n'ont jamais étudié la biomécanique, la physiologie de l'exercice, la force et le conditionnement. Une grande partie de leurs connaissances provient de leur expérience, ce qui veut dire que nous répétons les mêmes erreurs qui ont été commises il y a 20 ans, alors que beaucoup de pays ont recours à des professionnels.
    De nombreux pays européens ont des programmes en entraînement, et je crois qu'ils s'en sortent mieux avec moins d'athlètes parce qu'ils les forment adéquatement. Je reconnais le mérite des bénévoles et des parents, mais les enfants inscrits dans des programmes de sport n'ont pas toujours un excellent entraîneur. Nous n'avons pas assez d'athlètes qui atteignent le niveau international pour réellement combler nos besoins. Je pense qu'ils abandonnent parce qu'ils ne sont pas encadrés adéquatement.
    Le principal inconvénient des entraîneurs diplômés est le coût, car ceux qui feront des études voudront être bien payés. Cela dit, je pense que les athlètes n'abandonneront pas si nous leur donnons un meilleur entraînement, et leurs parents seront davantage disposés à les soutenir financièrement s'ils font des progrès.
    Comme l'ont mentionné les entraîneurs qui viennent de témoigner, ce sont les entraîneurs diplômés qui devraient travailler avec les enfants de 6, 7, 8, 9 et 10 ans, car ils savent quelles sont les aptitudes dont ils auront besoin à l'âge de 19, 20 ou 21 ans, et ils les aideront à les développer. De nombreux pays européens jumellent un groupe d'athlètes avec un entraîneur, qui travaille avec eux et les forme à partir de l'âge de 6, 7, et 8 ans jusqu'à ce qu'ils aient 21 ans. S'ils ne sont pas à la hauteur des attentes, l'entraîneur sera congédié. Autrement, il recommence avec des jeunes de 6, 7 et 8 ans une fois le programme terminé.
    Nous avons tendance à réunir les entraîneurs et les athlètes les moins expérimentés, mais ces athlètes ont besoin de développer leurs habiletés, et les entraîneurs ne savent pas comment les encadrer ni leur montrer comment y arriver.
    En ce qui concerne les taux de participation insatisfaisants, je crois qu'il s'agit simplement d'une question d'argent. Le coût des installations est particulièrement élevé. Le soccer est plus abordable qu'un sport comme le patinage, car louer une patinoire pendant une heure coûte, par exemple, 160 $ à Airdrie. Il faut beaucoup d'athlètes qui payent un montant élevé pour pouvoir se le permettre. En nage de compétition, l'utilisation d'un seul couloir de 25 mètres coûte 12 $ l'heure.
    Quand j'étais entraîneur à Nanaimo, mon budget pour les couloirs s'élevait à presque 100 000 $, tandis que je disposais de 70 000 $ pour engager cinq entraîneurs professionnels. Je pense que les taux de participation s'amélioreraient si nous pouvions réduire le coût des installations, ce qui veut dire que davantage d'enfants pourraient participer et que les taux d'obésité diminueraient.

  (1640)  

    C'est tout ce que j'ai à dire pour le moment, en attendant vos questions.
    Merci, monsieur Esau.
    Monsieur deVos.
    Merci. J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir invité à comparaître.
    Je suis un ancien joueur de soccer. J'ai signé mon premier contrat professionnel à l'âge de 16 ans. Je suis allé jouer à l'étranger quand j'avais 22 ans et j'y suis resté 12 ans. En tout, ma carrière professionnelle a duré 18 ans. J'ai eu la chance d'être le capitaine de l'équipe de mon pays pendant 5 ans et de brandir le seul trophée que le Canada a remporté sur la scène internationale, la Gold Cup, gagnée dans la finale de soccer masculin en 2000. Je connais tous les aspects du jeu.
    J'ai arrêté de jouer en mai 2008 pour devenir analyste; c'est d'ailleurs ce que je fais en ce moment. Je suis actuellement à l'emploi de TSN, mais j'ai aussi travaillé un certain temps comme directeur technique pour le club de soccer d'Oakville. J'ai occupé le poste de novembre 2010 à juin 2012 pour ensuite me consacrer entièrement à mes fonctions d'analyste. Je savais que je pouvais partir l'esprit tranquille en cédant ma place à Dino Lopez, qui est très qualifié. Le club est entre bonnes mains.
    L'expérience a été révélatrice. J'ai entre autres accepté le poste pour me familiariser avec le jeu au niveau débutant et comprendre exactement quelles en sont les difficultés. Je suis très chanceux parce que mon travail dans les médias me procure un moyen de me faire entendre, et je pense qu'il est de mon devoir de le faire de manière proactive. C'est très facile d'adresser des critiques, mais très difficile de faire partie d'une solution. J'aimerais contribuer à promouvoir le soccer et le sport dans notre pays.
    Le soccer est le sport participatif le plus pratiqué au Canada. Notre pays compte près de 850 000 joueurs inscrits. Vous avez demandé ce que le gouvernement peut faire pour améliorer la qualité de l'entraînement et, par extension, le sport au Canada. Je vais vous donner quelques chiffres.
    L'Union des associations européennes de football, l'UEFA, est l'organisme de régie du sport en Europe. Son programme de certification des entraîneurs est considéré par la plupart des gens comme le meilleur au monde. L'UEFA offre une licence B nationale, une licence A nationale et une licence pro. Pour être directeur d'une équipe du plus haut niveau, il faut détenir une licence pro de l'UEFA. Je travaille actuellement à l'obtention d'une licence A nationale, que je devrais recevoir en juin. Je connais donc le cours, et il est fantastique.
    En Europe, la France compte 17 500 entraîneurs certifiés à l'échelle nationale, l'Espagne 24 000, l'Italie 29 000 et l'Allemagne 35 000. Au Canada, nous avons une licence B nationale et une licence A nationale. L'ACS, l'Association canadienne de soccer, est en train d'élaborer une licence pro, qui n'a pas encore vu le jour. Nous avons 553 entraîneurs certifiés à l'échelle nationale pour 850 000 joueurs, donc un pour 1 500 joueurs.
    Imaginez à quoi ressemblerait notre système d'éducation s'il y avait un seul enseignant pour 1 500 élèves. Je compare les entraîneurs aux enseignants parce que je crois sincèrement que l'enseignement des sports ne diffère pas de celui des mathématiques, de la science ou de l'anglais. Il s'agit de savoir comment transmettre des connaissances et comment permettre aux enfants de les mettre en pratique pour qu'ils apprennent et puissent ensuite accomplir de grandes choses au cours de leur vie. Un entraînement inadéquat à des étapes cruciales du développement nuit au soccer dans notre pays. Je crois que cela nuit également au sport en général. Nous comptons énormément de joueurs, mais nous échouons lamentablement au moment de l'entraînement, car nous nous fions principalement à des parents bénévoles non qualifiés et non formés. J'appuie sans réserve le plan de développement à long terme des athlètes de Sport Canada. Si vous avez eu l'occasion de lire ce que j'ai écrit sur le site de TSN et auparavant sur celui de la CBC, vous savez que je pense qu'il s'agit d'un très bon plan, d'un bon programme. Il présente des lacunes, mais nous tâchons d'y remédier.
    Je suppose que vous êtes nombreux à avoir entendu parler dans les médias des critiques concernant l'élimination des résultats et des classements pour les jeunes joueurs de soccer de moins de 12 ans. Cette décision a été prise parce que des adultes qui devraient être formés pour entraîner des enfants ne le sont pas. Ce sont des parents bénévoles. Leurs intentions sont bonnes, mais ils ne savent pas ce qui est nécessaire pour inculquer des habiletés aux enfants.
    L'argument présenté contre de nombreux changements introduits par le plan de développement à long terme du joueur de l'ACS, le DLTJ, est que le soccer n'est pas vraiment important. Quelle est l'importance du sport dans le cadre des grands enjeux de notre société? Je pense qu'il joue un rôle primordial, car il nous enseigne de nombreuses leçons qui nous sont utiles tout au long de nos vies. J'ai moi-même appris ces leçons quand j'étais un jeune joueur de soccer, et je les ai mises en pratique dans tout ce que j'ai accompli.

  (1645)  

    En ce qui a trait à la contribution du gouvernement au développement de l'entraînement et à l'incidence qu'elle peut avoir, je pense à deux éléments, dont un d'ordre financier. Je ne crois pas que notre pays finance particulièrement bien les athlètes, et il le fait certainement moins bien que d'autres pays. Tous les quatre ans, on déplore le fait que les hommes n'arrivent pas à se qualifier pour la Coupe du monde; on se tord les mains de désespoir et on se demande pourquoi. C'est parce que nous ne finançons pas suffisamment le programme.
    En préparation pour les championnats nord-américains de 2003, la médaille d'or, nous avons dû, moi et mes coéquipiers de l'équipe nationale canadienne, nous entraîner dans un parc public de Burnaby étant donné que nous n'avions pas suffisamment de fonds pour des installations adéquates. Les gens promenaient leur chien sur le terrain d'entraînement de l'équipe nationale, qui tentait de faire compétition aux meilleures équipes de l'Amérique du Nord, comme les États-Unis et le Mexique, qui sont dotés de ligues professionnelles chevronnées. Les joueurs masculins et féminins vous le diront, il s'agit d'une lutte constante.
    La formation des entraîneurs est également sous-financée. Je fais du lobbyisme pour l'Association canadienne de soccer en vue de trouver des moyens de compenser le coût de la formation.
    Beaucoup de ceux qui souhaitent avoir une formation font face à deux problèmes: le coût et la disponibilité. Bon nombre des parents bénévoles considèrent qu'ils consacrent suffisamment de temps à la cause, et ne peuvent se permettre d'en prendre plus pour devenir un entraîneur qualifié. Je crois qu'il s'agit d'une grave erreur et que nous devons trouver une solution.
    Les entraîneurs peuvent avoir une grande incidence sur les jeunes joueurs, au-delà du sport.
    En 2009, je crois, j'ai écrit une texte pour la CBC. Au cours de ma carrière, j'ai eu la chance de travailler avec de très bons entraîneurs professionnels. Mis à part mon père, qui m'a entraîné toute ma vie, le meilleur entraîneur que j'ai connu est Jack Mackinnon, qui était mon entraîneur de hockey lorsque j'avais 10 ans. Plus que toute autre personne que j'aie jamais rencontrée au cours de mes 18 années de carrière à titre de joueur de soccer professionnel, Jack Mackinnon a su me montrer ce qu'était un athlète professionnel. Il m'a fait comprendre qu'il fallait penser à l'équipe et non à soi, et qu'il fallait parfois renoncer à un certain succès individuel au profit de l'équipe.
    Je me souviens très bien, pendant une séance d'entraînement, il nous montrait comment utiliser l'extérieur de notre lame en patinant. Il nous a fait la démonstration à de nombreuses reprises. Lorsque j'ai réussi l'exercice, il m'a soulevé dans les airs et m'a dit « Mon garçon, je vais faire de toi un grand joueur. » Cette phrase, que j'ai entendue lorsque j'avais 10 ans, est restée avec moi toute ma vie. Il m'a appris plus que tout autre entraîneur professionnel ce qu'était un athlète professionnel.
    Comment pouvons-nous aider les entraîneurs comme Jack Mackinnon? Comment pouvons-nous leur offrir la formation et l'éducation dont ils ont besoin pour influencer nos enfants? Je crois qu'il s'agit d'une tâche énorme et que le gouvernement pourrait trouver des façons de compenser ces coûts de sorte que la formation soit plus accessible. Ils sont nombreux à vouloir suivre une formation, mais le coût et le temps constituent deux obstacles importants.
    Merci.

  (1650)  

    Merci, monsieur deVos.
    Merci à vous deux. Votre exposé était très instructif. Nous passons maintenant aux séries de questions.
    Monsieur Richards, vous avez sept minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Merci à vous deux de vous joindre à nous.
    Monsieur Esau et moi nous connaissons, puisque nous sommes tous deux d'Airdrie. Je suis heureux que vous ayez accepté de partager votre expertise. Je sais que vous avez une grande expérience d'entraîneur à divers niveaux et dans diverses disciplines; votre témoignage et vos réponses nous seront très utiles.
    Monsieur deVos, il y a un parallèle à faire entre l'histoire de votre entraîneur M. Mackinnon, que vous venez de partager, et les propos de M. Esau au sujet de la nécessité d'avoir des entraîneurs qualifiés pour nos jeunes.
    Je ne peux que vous parler de mon expérience personnelle au hockey. J'ai vu l'importance des entraîneurs pour mon fils au fil de son évolution dans ce sport, et pour moi lorsque j'étais enfant, puis lorsque je suis devenu entraîneur. Comme vous l'avez dit précédemment, Shane, certains entraîneurs sont excellents, d'autres le sont moins. J'en ai été témoin avec mon fils. Il a eu un très mauvais entraîneur pendant une saison. C'était à un moment critique de son développement en tant que joueur de hockey, et son expérience l'a découragé du jeu. L'entraîneur peut faire toute la différence. Il faut veiller à ce que les entraîneurs soient bien formés et à ce qu'ils comprennent le jeu.
    Je comprends également qu'il y a des milliers d'entraîneurs dans le sport mineur. Au cours d'une table ronde à laquelle vous étiez présent, nous avons entendu des représentants des sports techniques et spécialisés comme la gymnastique et le patinage artistique. Il est très difficile pour un parent d'être entraîneur dans ces disciplines. Il faut des professionnels.
    Au cours de cette table ronde, j'ai fait part de mon expérience d'entraîneur de hockey. Je quittais tout juste les rangs du hockey junior. J'avais environ 20 ans, et j'entraînais des jeunes qui avaient trois ou quatre ans de moins que moi. Certains d'entre eux ont eu une brillante carrière dans le hockey junior, et même à des niveaux supérieurs.
    Est-ce que je savais ce que je faisais comme entraîneur? Non. Je n'ai fait que leur transmettre mon expérience de joueur. Est-ce que j'aurais pu être plus efficace? Oui. Est-ce que certains entraîneurs que j'ai connus au cours de mon cheminement personnel ou avec mon fils auraient pu être plus efficaces s'ils avaient été mieux formés? Oui, tout à fait.
    Comment peut-ont concrétiser cet objectif? Je vous pose la question à tous les deux. Nous avons dit plus tôt que certains sports comme le patinage artistique et la gymnastique sont différents du soccer et du hockey, qui comptent des milliers d'équipes partout au pays et qui misent sur le travail d'entraîneurs bénévoles. J'ai entendu parler de certaines associations de hockey qui engageaient un entraîneur responsable, aidé par les parents. Nous avons peut-être besoin d'un modèle similaire.
    Comment devrions-nous procéder, selon vous?

  (1655)  

    J'aime l'approche de mentorat: un entraîneur principal et ses adjoints. J'ai essayé de convaincre les entraîneurs de l'Airdrie Minor Hockey Association de rencontrer un groupe de joueurs atomes pour leur parler des compétences qu'ils enseignent et des entraînements qui ont bien fonctionné ou non. Mais ils voient le sport comme une compétition. C'est une équipe contre l'autre, et il faut gagner.
    Il faut également préciser que la gymnastique est un sport où les athlètes ont une très courte carrière; ceux qui se rendent au niveau international sont très jeunes. Mais beaucoup de sports au Canada s'étendent sur une plus longue période. Le modèle de développement des athlètes à long terme montre que les jeunes ne devraient pas pratiquer un seul sport à cet âge. Pourquoi ne pas offrir un programme récréatif qui permet aux enfants de jouer au soccer le lundi et au hockey le mardi, de faire de la natation le mercredi, de jouer au basketball le jeudi et de faire autre chose le vendredi? Si les entraîneurs ne sont pas spécialisés, les jeunes pourront développer toutes ces compétences. Des compétences kinésiques générales, un savoir-faire physique. Les gens apprennent à courir, à lancer une balle, à botter un ballon. C'est ça le savoir-faire physique, et beaucoup de nos enfants ne l'ont pas. Environ la moitié des enfants de l'école primaire ne savent pas botter un ballon, et ce n'est pas normal. Ils ne savent pas courir, parce qu'ils ne courent plus. C'est inquiétant. C'est parce que l'éducation physique a été oubliée, n'est-ce pas? Elle ne fait plus partie de notre développement comme c'était le cas avant. Dans notre temps, il fallait apprendre à lancer le ballon, sinon on se faisait massacrer au ballon-chasseur.
    Voilà une chose à faire. Il faut aussi développer leurs compétences physiques générales. Si les jeunes développent ces compétences entre 12 et 14 ans, la crème remontera à la surface. S'ils sont vraiment doués pour contrôler un ballon avec leurs pieds, ils joueront au soccer. S'ils sont habiles dans l'eau, ils joueront au water-polo, ou pratiqueront la nage ou le plongeon. C'est ce qu'ils devraient faire au lieu de choisir une discipline spécialisée à 8, 9 ou 10 ans, qu'ils abandonneront à 14 ans, comme c'est le cas aujourd'hui.
    Je crois qu'un des problèmes de notre société est que nos enfants ont un horaire trop chargé. Toutes leurs activités sont inscrites sur le planificateur familial. Ils font une heure de soccer et une heure de hockey deux fois par semaine, et les parents sont les chauffeurs non rémunérés qui les transportent d'une activité à l'autre. Les enfants ne jouent plus dehors. C'est ce qui arrive avec mes enfants. Ma fille a 10 ans et mon garçon a 7 ans. L'autre jour, j'ai demandé à ma femme pourquoi ils ne sortaient pas pour jouer, tout simplement; ramasser un bâton, jouer avec une balle. Je crois qu'au fil de l'évolution de notre société, nous sommes devenus très protecteurs de nos enfants. La technologie y est également pour beaucoup.
    On me demande souvent ce que je pense de la règle des 10 000 heures. Selon certains spécialistes du développement des athlètes de pointe ou de toutes sortes de disciplines — la musique, le piano, peu importe —, il faut 10 000 heures de formation intensive pour atteindre le niveau d'élite. Quelqu'un m'a déjà demandé si j'avais eu un tel entraînement au soccer lorsque j'étais enfant. J'ai fait le calcul rapidement et j'ai répondu que non, bien sûr. Mais j'y ai réfléchi plus longuement par la suite, et je me suis rappelé mon enfance. Je me levais le matin, j'allais à l'école, je revenais à la maison, je mangeais comme un glouton, je faisais mes devoirs puis mes parents me disaient « Va jouer dehors avec ton frère. » Et c'est ce que nous faisions jusqu'à ce qu'il fasse noir. On jouait au hockey, au basketball, on se lançait un ballon de football ou une balle de baseball, on bottait un ballon de soccer. J'y pense, et je crois que j'ai probablement fait mes 10 000 heures d'entraînement, parce que j'améliorais sans cesse mes capacités athlétiques.
    Pour revenir aux propos de Shane, je crois fermement que les enfants devraient pratiquer plusieurs sports, le plus longtemps possible. Je suis devenu professionnel à 16 ans. Je jouais encore au basketball, au volley-ball et au badminton, jusqu'à ce que je quitte l'école secondaire, parce que ces sports m'aidaient à m'améliorer en tant qu'athlète. Ce n'est plus le cas des jeunes aujourd'hui. Je crois qu'ils sont surspécialisés et surchargés.

  (1700)  

    Merci.
    Merci, monsieur Richards.
    Monsieur Dubé, vous avez sept minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Je veux continuer dans cette veine parce que je trouve ce sujet intéressant.Vous avez parlé de votre expérience avec un entraîneur de hockey. Je pense à un gars comme Lars Eller des Canadiens de Montréal qui a fait la même chose, mais comme entraîneur de soccer, et maintenant, et il est joueur de hockey.
    J'ai une impression de surqualification. Pensez-vous...
    Désolé de vous interrompre, mais si vous regardez ce qui se passe en coulisses, bien des joueurs de la LNH s'échauffent avec un ballon de soccer avant d'aller sur la glace. Les Canadiens de Montréal le font. Ils ont eu beaucoup de joueurs suédois. Ils sont très portés là-dessus.
    Dans la même veine, pensez-vous que la société, pas seulement les entraîneurs et les parents, a tendance à trop accorder d'importance à ces sports? Je suppose que vous avez la même attitude holistique dont M. Lopez parlait, puisque vous l'avez précédé au Club de soccer d'Oakville. Lorsqu'il en est question, ou même de financement ou du temps passé sur le terrain, ce type de choses, devons-nous privilégier une approche selon laquelle nous accordons de l'attention à la plupart des athlètes d'élite, mais nous avons quand même une vue d'ensemble? Avons-nous besoin d'en faire plus?

  (1705)  

    Oui, je pense que l'approche holistique est une approche en laquelle je crois vraiment.
    L'ACS a lancé son programme de développement à long terme des joueurs, qui est l'adaptation au soccer du Modèle de développement à long terme des athlètes de 2008, et j'ai passé les cinq dernières années à en étudier les fondements scientifiques. Si je le compare à ma propre éducation, j'ai vraiment bénéficié d'une formation sportive complète qui m'a aidé. Je crois vraiment que c'est la voie à suivre.
    Le défi que nous avons eu à relever au soccer est que les gens croient que c'est un sport facile. Ils croient qu'il suffit d'enfiler une paire de chaussures et de botter un ballon, que ce n'est pas bien difficile et que n'importe qui peut vous montrer à le faire. Avez-vous déjà vu un entraîneur de hockey qui ne peut pas patiner ou un entraîneur de natation qui ne sait pas nager? Comment pouvez-vous montrer à un enfant à botter un ballon si vous en êtes vous-même incapable?
    Les taux de participation sont vraiment intéressants. Lorsque vous examinez la chose de plus près, le soccer est le sport le plus pratiqué dans notre pays, mais le taux d'abandon est dément pendant la phase d'apprentissage des enfants de 8 à 12 ans. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont pas acquis les compétences nécessaires pour jouer aux niveaux supérieurs. Vous lâchez un groupe d'enfants de 8, 9 ou 10 ans sur un terrain et on dirait un essaim d'abeilles. Ils courent après le ballon où qu'il aille. Vous avez probablement tous des enfants et ils ont tous joué, alors vous savez de quoi je parle. C'est plutôt drôle pendant un bout de temps, mais après un moment, c'est un peu frustrant. Je suis à ce stade avec mes propres enfants. Je trouve très frustrant de les voir jouer, car je sais qu'ils ont besoin de leçons, sans quoi ils n'arriveront jamais à bien jouer plus tard.
    Encore une fois, je ne peux parler que de ma propre expérience. J'ai appris à jouer au hockey parce que j'avais un entraîneur génial quand j'étais enfant, Jack Mackinnon. J'ai arrêté de jouer au hockey à 12 ans parce que je ne pouvais pas jouer à la fois au hockey et au soccer. À ce moment-là, le soccer est devenu pour moi un engagement à l'année et j'ai manqué de temps pour le hockey. Je n'ai plus patiné pendant 22 ans, jusqu'au jour où j'ai pris ma retraite du soccer. Aussitôt que je suis revenu au Canada, j'ai tout de suite acheté de l'équipement pour recommencer à jouer avec mes copains. J'ai pu le faire sans problème parce que j'avais bien appris à l'âge de 10 ans.
    C'est un aspect de tous les sports sur lequel nous devons nous concentrer. Il faut former les entraîneurs pour qu'ils puissent apprendre les compétences de base aux enfants, et les enfants resteront actifs toute leur vie. Le but ne sera pas de former des joueurs pour l'équipe nationale, car il y a très très peu d'athlètes qui atteignent ce niveau. Ce n'est pas l'idée. Comme Dino l'a mentionné, chaque joueur de l'équipe nationale a commencé comme joueur local.
    Cela se fait automatiquement, n'est-ce pas?
    M. Jason deVos: Tout à fait.
    M. Matthew Dubé: Je suppose que c'est ce que je me demandais. Je prends l'article que vous avez rédigé sur le succès que nous avons remporté à l'échelle internationale en soccer cette année, aux Olympiques par exemple, mais je suppose que tout est relatif, surtout la performance fantastique de l'équipe féminine l'été dernier. Je me suis moi-même dit, bien naïvement, que c'était super et que cela inciterait peut-être bien des filles et des jeunes femmes à se mettre au soccer. Si je suis cette logique, il y a probablement un manque d'appui aux échelons inférieurs qui nous empêche de faire fond sur cette réussite, n'est-ce pas?
    Tout à fait.
    Nous aurons aussi une très belle occasion lorsque le Canada sera l'hôte de la Coupe du monde féminine de la FIFA en 2015 et de la Coupe du monde féminine U-20 de la FIFA en 2014. Ce sera une occasion fantastique de faire connaître le soccer aux Canadiens et pas seulement du côté féminin. Je crois que la réussite ou l'échec de l'un ou l'autre de nos programmes, masculin ou féminin, peut inspirer les deux sexes. Je ne compte plus les copains de hockey qui n'ont jamais botté un ballon et qui sont venus me voir après le match de la médaille de bronze pour me dire: « C'était incroyable! Quel match! » Tout le monde en parlait. Nous avons une occasion de le faire.
    Si nous avons remporté du succès avec la médaille de bronze féminine, ce n'est pas parce que nous avons la structure adéquate. La raison du succès de l'équipe féminine, en fait, est qu'un excellent entraîneur a travaillé avec les joueuses, qui ont dépassé toutes les attentes. Elles sauront vous le dire. La structure que nous avons à l'échelle locale ne fonctionne pas et doit être changée. Il faut faire un effort de taille pour former des entraîneurs qui pourront enseigner aux enfants de 8, 9 ou 10 ans à botter un ballon de soccer, à patiner ou à nager. Les compétences qu'ils acquerront ce faisant leur serviront toute leur vie. Ils pourront appliquer à leurs études, leurs emplois, leurs familles et leurs relations les leçons qu'ils apprendront grâce aux sports. Dans tout ce qu'ils feront, ils pourront appliquer les leçons tirées de leur expérience sportive.
    J'ai une dernière question pour vous deux.
    Monsieur Esau, vous avez mentionné l'idée d'un diplôme universitaire pour les entraîneurs. Comment pourrait-on le rendre accessible? Je crois qu'il est juste de dire qu'il faut entraîner les entraîneurs. Pensez-vous que cela rendra encore plus inaccessibles des sports qui le sont de plus en plus, que ce soit financièrement ou autre?
    Je pense que financièrement, cela deviendra plus difficile jusqu'à un certain point. Si vous suivez le modèle qui préconise d'avoir un professionnel à l'échelle locale, même avec les petits, comme mentor pour aider les parents bénévoles... Le gros problème est que nous ne montrons pas à nos enfants comment être actifs en général.
    Il n'est pas rare à la patinoire ou au terrain de soccer d'entendre les parents dire que leur enfant va réussir à devenir professionnel. Vous entendez pratiquement tous les parents le dire. Je leur demande calmement s'ils savent vraiment combien de personnes réussissent à percer, que deux enfants sur 100 000 finissent par jouer dans la LNH. Les chiffres sont stupéfiants, mais ils croient tous que leur enfant y arrivera.
    Je crois que si nous choisissons d'enseigner l'activité physique à nos enfants, ceux qui sont destinés à avoir une carrière professionnelle y arriveront. Je suis entraîneur professionnel depuis 20 ans. Les parents sont plus portés à écouter quelqu'un qui a de l'instruction que quelqu'un qui n'en a pas. Alors si vous pouvez le faire, éduquez les parents. Il est possible que votre enfant réussisse et s'il est destiné à réussir, il le fera. Mais ce que nous voulons voir, c'est une personne de 40 ans capable de chausser des patins, de patiner et de s'amuser dans une ligue de garage. Pour quelqu'un comme moi, qui n'a pas appris à patiner avant l'âge de 30 ans parce que j'ai fait de la natation, impossible de jouer dans une ligue de garage, car je ne patine pas suffisamment bien.
    Voilà le genre de choses que nous devons enseigner à nos enfants, surtout au Canada: comment patiner, nager, lancer une balle et botter un ballon. C'est ce que nous devons faire, et les meilleurs se démarqueront.
    Merci, monsieur Dubé.
    Monsieur Simms, vous avez sept minutes.
    Merci, messieurs. Ce fut vraiment très intéressant.
    Les députés ont une équipe de soccer, en fait. J'en fais partie. On nous appelle les Députés.
    Êtes-vous bons?
    J'y viens.
    Des voix: Oh, oh!
    M. Scott Simms: On nous appelle les Députés. Votre analogie de l'essaim d'abeilles qui tourne autour du ballon ne s'applique pas exclusivement aux enfants. En fait, elle s'applique à...
    N'ai-je pas raison, Pierre?

  (1710)  

    Tout à fait.
    Peu importe, merci d'être venus.
    Un de mes amis d'enfance a pris une raquette de badminton à l'âge de 12 ans et s'est rapidement mis à battre des jeunes de trois ou quatre ans ses aînés. Il avait des prédispositions pour le badminton et il s'y est adapté tout naturellement. Il jouait. Il battait d'autres jeunes. Personne n'arrivait vraiment à le battre et tout le monde voulait être son partenaire. Il n'a jamais été reconnu par un entraîneur de badminton professionnel. Se serait-il rendu jusqu'aux Olympiques? Je ne sais pas, mais il aurai pu. Il aurait probablement pu gagner une médaille. Mais nous vivions en région rurale et il n'y avait personne pour l'entraîner là-bas.
    Je comprends ce que vous voulez dire lorsque vous parlez d'avoir un entraîneur qui suit les jeunes, en équipe ou individuellement, dès leur plus jeune âge. Dans mon patelin, pour accéder aux ligues majeures... Nous avons maintenant une patineuse artistique qui vient d'une petite localité de Terre-Neuve, mais elle ne vit plus dans cette province depuis un bon moment. Elle a dû déménager.
    La question qui se pose alors est la suivante: dans la plupart des petites localités comme celle dont je suis originaire, le talent n'est pas reconnu dès le départ. Comment contourner ce problème?
    J'aimerais rapidement ajouter un point concernant le système scolaire. Enseigne-t-on aux profs d'éducation physique à repérer le talent et en discutent-ils entre eux? En tant qu'ancien joueur de soccer professionnel, vous savez repérer le talent.
    Votre entraîneur, M. Mackinnon, a clairement su reconnaître que vous aviez du talent.
    Est-ce que les profs d'éducation physique se disent entre eux: « Si vous voyez un enfant capable de botter un ballon et qui a un talent naturel, appelez à ce numéro? »
    J'ai eu une note de 80 % en soccer dans mon cours d'éducation physique de 9année. L'année suivante, je suis devenu joueur professionnel, alors je dirais que les enseignants n'ont pas l'oeil en général.
    Encore une fois, on revient au manque de formation des entraîneurs à ces étapes clés du développement. Ma fille a 10 ans. Elle joue au soccer dans une ligue interne du Club de soccer d'Oakville. Je vais la voir jouer tous les samedis lorsque je ne passe pas à la télé, et presque chaque fois que j'y vais, j'envoie un courriel à Dino pour lui dire: « Il faut que tu jettes un coup d'oeil au numéro 4 dans l'équipe orange des moins de 9 ans parce qu'il a quelque chose de spécial ».
    Le New York Times a récemment publié un article concernant Ajax, l'institut de perfectionnement aux Pays-Bas. Ajax est réputée pour perfectionner les talents. L'équipe joue évidemment aux Pays-Bas et son institut est sans doute le meilleur au monde. Il est clair que Barcelone essaie de le rejoindre. L'entraîneur a fait une remarque intéressante: « Je ne m'intéresse pas aux compteurs. Je regarde la façon dont les joueurs bougent. Je regarde comment ils bougent à l'âge de 8, 9 ou 10 ans pour pouvoir dire s'ils ont le potentiel de monter ».
    Cela vient de la formation et de la connaissance. Allez-vous trouver cela dans une petite localité? Sûrement pas. Mais à mon avis, dans chaque sport, il nous faut mettre en place une voie à suivre. Lorsque vous vivez à Appin, en Ontario, mon patelin, et jouez dans une ligue de soccer interne mixte à Glencoe jusqu'à l'âge de 10 ans... Mon père a reconnu que j'avais besoin de me retrouver dans un milieu plus compétitif pour me développer comme joueur de soccer, et c'est ce que j'ai fait. Je ne compte plus le nombre de joueurs que j'ai vu, au fil des ans, être catalogués et ne pas être reconnus.
    La voie du hockey est assurément beaucoup plus développée que celle de tout autre sport. Regardez la liste de joueurs canadiens dans la LNH et le nombre d'entre eux qui viennent de trous perdus en Saskatchewan dont vous n'avez jamais entendu parler.
    Une voix:[Note de la rédaction: inaudible]
    Des voix: Oh, oh!
    M. Jason deVos: Je ne veux offenser personne en Saskatchewan, mais on le voit constamment.
    Pouvez-vous devenir assez bon pour la LNH dans ce milieu? Non. Mais le talent s'y trouve, et les personnes talentueuses savent qu'elles doivent aller vivre dans un milieu où elles peuvent perfectionner leurs compétences et progresser.
    J'aimerais poursuivre sur cette lancée.
    Je crois que le grand avantage que les joueurs de hockey ont en Saskatchewan est de pouvoir passer des heures et des heures sur la patinoire dans un environnement non structuré. Si vous vous rendez à la patinoire locale à l'heure des matchs improvisés où on ne compte pas les points, les enfants font avec la rondelle des choses qu'ils ne feraient jamais pendant un match parce qu'ils jouent pour le plaisir. On ne compte pas les points, alors personne ne leur fera de remontrances pour avoir essayé de nouvelles manoeuvres.
    C'est la même chose avec un ballon de soccer. Lâchez les enfants sur le terrain et laissez-les jouer et vous les verrez faire des choses avec le ballon qu'ils ne feraient jamais pendant un match parce que cela ne compte pas.
    Voilà pourquoi il est très important de ne pas compter les points avec les petits: parce que cela n'est pas important. Si vous ne faites que leur enseigner les rudiments du soccer, de la natation ou du hockey, ils vont beaucoup mieux apprendre si on ne compte pas les points et que c'est sans importance. Dans les matchs de hockey pour enfants, les petits ne jouent que pendant une minute avant de quitter la patinoire. Ils marquent un point — hourra! — et ensuite ils y retournent et ils recommencent. Ils apprennent à patiner et à jouer avec la rondelle.
    Et soudainement, il faut compter les points et réussir à accéder aux ligues triple A et double A. C'est là que les problèmes commencent.

  (1715)  

    J'ai donné l'analogie de l'école parce que pour moi, cela semble la meilleure option, surtout en ce moment.
    Si mon ami avait le même âge aujourd'hui, l'entraîneur pourrait dire: « Vous savez, il est très doué pour ce sport. » Il pourrait tourner une vidéo, la télécharger sur YouTube et l'envoyer à un ami, ou à une personne qui lui aurait demandé s'il connaissait quelqu'un qui savait jouer au badminton.
    J'ai le sentiment, par contre, que cela pourrait être très avantageux pour un sport comme le soccer parce qu'il est pratiqué partout, mais...
    Quelle est la première matière qui est supprimée lorsque l'on manque de financement pour les écoles?
    L'éducation physique.
    M. Jason deVos: L'éducation physique est la première matière que l'on supprime.
    M. Scott Simms: L'éducation physique et la musique.
    Quand j'étais jeune, nous avions des cours d'éducation physique tous les jours.
    Je déteste dire « lorsque j'étais enfant » parce que cela me fait sentir très vieux, mais nous avions de l'éducation physique tous les jours. J'avais toujours hâte à ce moment, car c'était l'occasion pour moi d'explorer différentes choses.
    Je reviens à ce que je disais tout à l'heure. Nous privons nos enfants de cela. Shane disait que les enfants essayaient des choses qu'ils n'essayeraient pas autrement. J'ai inscrit mes enfants à des cours de patinage pour qu'un entraîneur professionnel leur apprenne à bien patiner, car je sais que cela leur servira toute leur vie. L'autre jour, je regardais mes enfants patiner, et il y avait deux autres enfants sur la patinoire qui n'avaient pas plus que cinq ans. Ils étaient habillés en hockeyeurs, et il y avait un filet dans le coin de la patinoire. Ils jouaient l'un contre l'autre. Il n'y avait pas d'entraîneur avec eux; ils ne faisaient que jouer. Ils essayaient de faire des choses. De toute évidence, un entraîneur de hockey compétent leur avait enseigné des choses, mais ils exploraient des choses eux-mêmes et s'amusaient.
    Un enfant peut apprendre tellement de choses dans cet environnement, car cette autoformation est importante, mais il faut d'abord que quelqu'un leur apprenne la base. Si un enfant veut devenir un joueur de hockey et qu'à sa première pratique avec sa nouvelle équipe, il voit l'entraîneur se cramponner à la bande parce qu'il ne sait pas patiner, qu'est-ce que cet entraîneur lui enseignera? Que connaît-il sur la façon dont un enfant de cinq, six ou sept ans apprend des choses?
    Merci, monsieur Simms.
    M. Young, pour sept minutes.
    Merci, monsieur le président. C'est très intéressant. De toute évidence, nous avons ici deux messieurs qui connaissent le sport et en sont passionnés.
    Si cela peut vous rassurer un peu, en ce qui concerne les enfants qui ne peuvent pas courir et botter le ballon, ce qui me scandalise vraiment, les directeurs d'école du conseil scolaire du district de Halton, qui relève du gouvernement ontarien, ne permettent pas l'enseignement de l'écriture cursive. On n'enseigne plus aux enfants comment écrire à la main.
    Il se passe bien des choses étranges dans le système scolaire.
    Je veux revenir à quelque chose que vous avez dit, monsieur Esau. Vous avez dit que nous avons besoin de programmes d'études en entraînement. Comment procéderait-on?
    Plutôt que d'une spécialisation en pédagogie, en biomécanique ou en physiologie de l'exercice, il s'agirait d'une spécialisation en entraînement. Il s'agirait d'un programme de kinésiologie ou d'éducation physique avec une spécialisation en entraînement.
    Comment le faire concrètement...? L'éducation postsecondaire ne relève pas du gouvernement fédéral, mais des provinces. Doit-on les convaincre? Comment pouvons-nous faire comprendre aux gens qu'il y a un besoin en ce sens?
    Je pense qu'il faut les convaincre. Je ne gagnerai pas de médaille de favoritisme, mais je pense que l'Association canadienne des entraîneurs exerce beaucoup trop de pouvoir. Son programme d'apprentissage de l'enseignement de 24 ou 36 heures n'est pas suffisant. On n'y apprend pas comment enseigner aux enfants. On n'y apprend pas ce qui est nécessaire d'apprendre, mais le minimum.
    Je suis l'un des moniteurs pour la natation au niveau 3. Est-ce que je leur apprends comment devenir de meilleurs enseignants? Non. Il s'agit de leur donner la formation, et on doit y aller. En natation, on est professionnel. Si un entraîneur n'est pas compétent, il ne gardera pas son emploi.

  (1720)  

    Vous dites que les diplômés universitaires veulent être bien payés. C'est bien vous qui l'avez dit, n'est-ce pas?
    Oui.
    J'ai appris récemment qu'un entraîneur d'une équipe qui participe à la Coupe du Monde de soccer peut faire jusqu'à 20 millions de dollars par année. J'ignore si cela vous surprend, mais j'ai été étonné de l'apprendre.
    Qu'est-ce que cela signifie dans le contexte canadien? Nous avons besoin de programmes en entraînement, et lorsque les étudiants obtiennent leur diplôme, ils veulent avoir un emploi bien rémunéré. Combien...
    Tout dépend du lieu où l'on est.
    Et du sport en question. Pourriez-vous nous donner un exemple?
    Pour la nage de compétition, et je connais bien le domaine, une personne qui commence à la base gagnera 15 $ de l'heure. Un entraîneur au niveau provincial fera entre 60 000 $ et 75 000 $ par année. Au niveau international, c'est entre 100 000 $ et 150 000 $ par année.
    C'est drôle que Jason ait donné l'exemple de l'entraîneur de natation qui ne sait pas nager, car l'entraîneur-chef de l'équipe olympique de natation de l'an dernier ne savait pas nager au début de sa carrière. Voilà que 20 plus tard, il est à la tête de notre équipe olympique de natation.
    J'aimerais poser une question à Jason.
    Si vous étiez responsable de l'entraînement national, en supposant que cette position existe, que vous pouviez faire ce que vous voulez et que vous aviez des décisions à prendre, que feriez-vous pour augmenter le nombre d'entraîneurs?
    La première chose que je ferais, c'est rendre le programme de formation en entraînement gratuit. Je trouverais une façon de le faire. Que ce soit par du financement public, par une combinaison de financement public et de partenariats avec le secteur privé... C'est ce que j'ai suggéré à l'Association canadienne de soccer: trouver un partenaire qui assumerait une partie des coûts de la formation.
    Nous avons des entraîneurs bénévoles. Nous faisons appel à eux dans notre pays. Le fait est que nous vivons dans une société où nous devons payer pour faire du sport. Dans ce genre de système, du moins c'est le cas pour le soccer, on veut toujours que le soccer soit l'option peu coûteuse. C'est le sport bon marché parce que tout ce dont on a besoin pour le pratiquer, c'est une paire de chaussures, un terrain et un ballon. Si les dépenses sont réparties dans un groupe d'enfants, ce n'est pas si difficile. J'ai dit tout à l'heure que ce n'est pas difficile d'apprendre aux enfants à botter un ballon. C'est ce que pensent la plupart des gens du milieu.
    Je pense qu'il y a bien plus. Si l'on n'entraîne pas ces enfants au bon moment dans leur développement, ils ne tomberont jamais amoureux du sport. Ils n'apprendront jamais les habiletés dont ils ont besoin pour bien réussir tout au long de leur vie et abandonneront complètement les sports. Ils perdront l'occasion d'apprendre les leçons de vie dont nous parlons, qu'on apprend grâce au sport, car ils ne participeront pas aux activités.
    Comment rendre cela gratuit? Évidemment, il y a des répercussions financières. Il ne m'appartient pas de dire si le gouvernement est en mesure de financer cela complètement. Je pense que c'est très important, et je suis d'accord avec Shane: il faut relever le niveau de formation à bien des égards. J'ai la chance d'avoir une licence A nationale américaine et je suis en train d'obtenir ma licence pro de l'UEFA. Ce que je trouve le plus agréable, c'est d'apprendre les aspects scientifiques, la démarche scientifique: de quelle façon un enfant de huit ans apprend-il des choses? Dans le cadre de cette formation, je n'apprends pas un système de jeu ou une tactique. Ce n'est pas ce que j'apprends. J'ai déjà cette expérience. J'apprends le volet théorique. J'ai soif d'en apprendre là-dessus.
    Je pense qu'il nous faut aller dans cette direction, mais il faut trouver un juste équilibre, car plus on s'engage dans cette voie, plus il y aura de gens qui ne pourront pas la suivre. La grande majorité des entraîneurs au Canada sont des bénévoles. Comment faire pour rendre cela accessible pour eux tout en relevant le niveau?
    Les cours offerts aux parents bénévoles qui enseignent au club de soccer d'Oakville sont payés. Ce club se tire assez bien d'affaire. Il a un budget de 12 millions de dollars, ou quelque chose comme cela. J'ai oublié.
    C'est 7 millions de dollars, en fait.
    S'agit-il d'un bassin d'entraîneurs professionnels? Il s'agit d'un groupe de parents qui ne veulent qu'aider.
    Lorsque j'ai commencé à Oakville, en 2010, le budget pour les entraîneurs, les dépenses totales pour les salaires des entraîneurs du club, était d'environ 350 000 $. Cela n'incluait pas le poste de directeur technique, mais les entraîneurs à temps plein et à temps partiel.
    Ce que j'ai fait, c'est que j'ai restructuré le budget. Nous avons embauché 24 entraîneurs professionnels à temps partiel qui étaient payés entre 15 000 $ et 20 000 $ chacun. Nous avons mis de côté un montant dans les six chiffres pour la formation de tous nos entraîneurs. Si les parents bénévoles voulaient obtenir la formation des stades Enfant actif, Les fondements, Apprendre à s'entraîner ou Actif pour la vie, nos payions tous les frais. C'est un investissement important. Ce n'est pas la majorité des clubs de soccer du Canada qui ont les moyens financiers de le faire, en partie parce qu'ils croient que moins c'est cher, mieux c'est. Nous avons fixé les prix de nos programmes en conséquence, des prix compétitifs, et nous avons tout de même été en mesure de compenser.
    Comme je l'ai dit dans ma critique sur l'entraînement au pays, compte tenu des normes actuelles, on a présentement besoin d'un rien pour entraîner les meilleurs jeunes joueurs de soccer du Canada. On peut participer à un de ces cours en un clin d'oeil. Tout ce qu'il faut, c'est suivre le cours Actif pour la vie, qui ne se fonde pas sur une évaluation, mais sur la participation. On n'a qu'à se présenter au cours et on reçoit un certificat, mais personne n'évalue les compétences d'entraîneur. Il faut changer les choses.
    Nous sommes en train de créer une ligue de haut niveau en Ontario, la Ontario Player Development League, et il y aura des normes. Pour faire partie de cette ligue, à partir de 2014, un entraîneur devra avoir au moins une licence B nationale. Il devra être évalué à au moins trois reprises — pré-B, B provinciale et B nationale — et réussir ces évaluations pour pouvoir entraîner de jeunes joueurs. Il s'agit du niveau de performance élevé, de l'élite. Si nous n'établissons pas des normes pour le sport d'élite, il n'y en aura pas dans le volet récréatif.

  (1725)  

    Monsieur le président, puis-je poser brièvement une question?
    Non, votre temps est écoulé, et c'est au tour de M. Nantel.
    Y a-t-il quelque chose que vous pouvez faire pour aider les Leafs?
    Des voix: Oh, oh!
    N'envahissez pas mon territoire en étant compétitif.

[Français]

    En fait, ma question s'adresse à vous deux.

[Traduction]

    Est-ce que cela va? Je peux parler en anglais. Ce n'est pas un problème.

[Français]

    Admettons qu'on retire l'aspect compétitif de l'entraînement des jeunes joueurs. Le sport que je connais le mieux, c'est le hockey. De toute évidence, au hockey, ce sont des minipros.

[Traduction]

    Dès le début, ils sont habillés comme des pros. Ils ont l'équipement et tout. Ils font comme s'ils étaient des professionnels.

[Français]

    Ce serait très difficile de retirer cela.

[Traduction]

    C'est comme si on essayait de déplacer une montagne d'un centimètre.

[Français]

    Ça impliquerait de changer la mentalité des parents et des bénévoles responsables pour que ce ne soit plus compétitif. Toutefois, si on y arrivait, plutôt que de disséminer les efforts stratégiques et la compétence reliés à la compétition, ne pourrait-on pas se concentrer, tant sur le plan budgétaire que sur celui de l'énergie et de la compétence humaine, sur l'élite qui se distingue naturellement?
    Peut-on imaginer de se déplacer vers le sport d'élite pour chercher l'excellence? Cela permettrait à davantage de gens, comme le disait M. Esau, de pratiquer le sport avec moins de pression.
    Est-ce que, du côté des jeunes qui s'initient au sport, le fait de destiner ces sommes et ces efforts aux pros pourrait constituer une économie?

[Traduction]

    C'est un débat intéressant. Devrions-nous nous concentrer sur l'élite de sorte que cela tirera tous les autres vers le haut parce que cela les amènera à aspirer à quelque chose? Je ne crois pas que ce soit nécessaire, et je pense que beaucoup de gens s'opposeraient à cette idée.
    Au bout du compte, quel est l'objectif dans tout cela? Vous étudiez l'état de l'entraînement amateur au Canada. De toute évidence, vous voulez améliorer le niveau. Pour les joueurs d'élite ou pour tout le monde?
    En améliorant les normes pour tout le monde, les joueurs d'élite feront leur chemin dans le système. J'ai grandi à Appin, en Ontario, sur une route de terre. Il n'y a pas de programme de soccer de haut niveau là-bas. J'ai atteint ce niveau parce que j'ai été capable d'avancer dans le système.
    À mon avis, il est très important que tous les sports de notre pays aient une démarche bien définie et des normes pour chaque niveau.
    Que signifie être un entraîneur de soccer récréatif au Canada? À l'heure actuelle, tout ce que cela signifie, c'est qu'on doit donner de son temps. Les clubs font appel aux parents. Il n'est pas nécessaire d'avoir de l'expérience. Ils ne font que les supplier d'entraîner les enfants, parce qu'ils n'ont pas assez de ressources.
    C'est l'analogie que je fais. Je fais beaucoup référence au système d'éducation, car je crois qu'il y a beaucoup de parallèles à faire entre le sport et l'éducation. À l'école, feriez-vous confiance à un parent bénévole qui n'aurait pas de formation d'enseignement? Pour ma part, jamais, mais c'est ce qui se passe dans le sport. C'est le cas du soccer. Je ne peux pas parler pour les autres sports, mais c'est certainement le cas au soccer, et cela a des répercussions négatives sur notre capacité de produire des athlètes d'élite et d'enseigner aux enfants les aptitudes dont ils ont besoin pour continuer d'évoluer, même s'ils ne le font que pour le plaisir pour le reste de leur vie, et sur leur bien-être.

  (1730)  

    C'est ce qui met fin à la séance. Il est 17 h 30.
    Je veux remercier nos deux témoins pour leur témoignage très instructif et passionné. Nous en sommes ravis.
    La séance est levée.
Explorateur de la publication
Explorateur de la publication
ParlVU