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CHPC Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent du patrimoine canadien


NUMÉRO 054 
l
1re SESSION 
l
41e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 27 février 2013

[Enregistrement électronique]

  (1540)  

[Traduction]

    Bienvenue à la réunion du Comité permanent du patrimoine canadien qui poursuit son étude de l'état de l'entraînement amateur au Canada.
    Nous sommes ravis d'accueillir Pierre Lafontaine, directeur général de Natation Canada. Bienvenue, monsieur.
    Nous accueillons aussi Mikko Makela, directeur de hockey et entraîneur-chef de la Warner Hockey School, qui se joint à nous par vidéoconférence depuis Warner, en Alberta. Bienvenue à vous aussi, monsieur.
    Comme notre greffier vous l'a probablement déjà dit, pendant la première heure, vous avez la possibilité de formuler des remarques liminaires, et nous passerons ensuite à la période de questions. Pendant la deuxième heure, nous entendrons d'autres témoins.
    Sur ce, je cède la parole à M. Lafontaine pour qu'il fasse ses remarques liminaires.
    Merci. J'ai oublié de vous apporter des bonnets de bain. La dernière fois, je vous en ai donné un paquet. J'espère que vous ou vos enfants les utilisez.
    Et John Weston vous envoie constamment des courriels concernant les leçons de natation que je donne aux députés les jeudis matins à 6 h 45, alors je vous attends demain. J'ai un paquet de maillots Speedo ici, tailles 28 à 34, alors je m'attends à vous voir demain au Château Laurier à 6 h 45. Si vous êtes en retard, vous devrez faire 10 pompes.
    Ce rôle est, selon moi, l'un des plus importants au pays, et je vais vous expliquer pourquoi. Ensuite, j'aimerais vous mentionner un certain nombre de choses que nous devrions probablement mieux faire dans le milieu de l'entraînement.
    Premièrement, les Jeux olympiques et paralympiques de Londres qui ont eu lieu il y a quelques mois ont été une grande source d'inspiration pour une génération. C'était d'ailleurs le thème de ces Jeux: inspirer une génération. Si je vous dis cela, c'est qu'à la fin de la saison, avant les Jeux de Londres, Natation Canada comptait 39 000 nageurs. Seulement cinq mois après le début de la nouvelle saison et de la nouvelle période quadriennale avant les prochains Jeux, nous avons plus de 45 000 jeunes.
    Au cours des cinq derniers mois, la performance de nos jeunes à l'échelle internationale en a inspiré bien d'autres. Cela représente une hausse de presque 20 %. C'est la plus grande amélioration que nous ayons jamais connue. Lorsque je suis arrivé au Canada il y a sept ans, nous étions environ 25 000. Il est, selon moi, crucial d'avoir de meilleurs athlètes olympiques pour faire de notre pays celui dont les citoyens sont les plus en forme au monde.
    La collaboration avec M. Weston et les leçons de natation du jeudi matin sont le fruit d'une discussion. Je crois fermement que les personnes comme moi à l'ONS et comme M. l'entraîneur en Alberta réussiront à faire des choses remarquables grâce à leur passion. Nous aimerions croire que vous continuerez à crier haut et fort au Parlement que nous devrions être la nation la plus en forme au monde, que nous devrions tout faire pour éviter la rue à nos enfants et les tenir en forme. Je crois que les entraîneurs ont le pouvoir de créer un environnement dans lequel les enfants ont hâte de s'exercer.
    Mon meilleur exemple de cela est l'expérience de l'un de mes fils. Lorsque nous sommes arrivés au Canada, mes enfants n'avaient jamais vu de neige; nous avions vécu en Australie. Un vendredi soir, il y a sept ans, lorsqu'il avait 11 ans, mon fils s'apprêtait à aller à sa pratique de ski de fond — nous vivons à Chelsea, juste au nord d'Ottawa — et il faisait moins 24 degrés, nuit noire, et le vent soufflait de côté. J'ai dit à Marc-André: « Es-tu certain de vraiment vouloir aller à ta pratique aujourd'hui? » Ils doivent skier dans le parc avec une lumière sur le front. Il m'a répondu: « Non, papa, je veux vraiment y aller. » Je lui ai répondu: « Mais il fait si froid », et il a insisté: « Non, je veux y aller ».
    Alors je l'ai emmené et lorsque je l'ai déposé — si jamais vous allez dans le parc de la Gatineau, je l'ai déposé au P8 —, j'ai vu à quel point ces enfants étaient excités d'enfiler leurs skis à moins 24 degrés, et c'était grâce à un entraîneur qui avait créé un environnement dans lequel les enfants voulaient être.
    Je pense que l'entraîneur a ce pouvoir. Il est capable de détruire ou de bâtir. Il est capable de faire des choses extraordinaires pour les enfants. À mon sens, il est crucial d'investir dans l'entraînement et dans le travail nécessaire pour faire de nos entraîneurs les meilleurs au monde, pas seulement au plan technique, mais aussi éthique et professionnel, et quand je dis au plan professionnel, je ne veux pas seulement parler de ce qu'ils gagnent, mais plutôt de la qualité des services qu'ils offrent à nos enfants.
    J'ai seulement deux autres choses à mentionner avant de passer aux points dont j'aimerais parler. J'espère que si vous êtes en ville du 2 au 5 mai, vous viendrez à la toute nouvelle piscine de Gatineau, qui a été construite il y a seulement trois ans... J'ai participé à la construction de l'installation et je me souviens des discussions dans le cadre desquelles les autorités de la ville nous ont dit que nous n'avions pas besoin d'une piscine de 50 mètres et d'une grande piscine de 25 mètres. Trois mois après sa construction, cette piscine était remplie à craquer, et il y avait des gens sur la liste d'attente.
    Il est primordial d'investir dans l'infrastructure, car elle fait en sorte que les enfants d'une collectivité ne se sentent pas obligés de quitter leur patelin. Dans mon équipe nationale de 2004 et de 2008, nous avions deux jeunes de Gatineau qui avaient dû déménager à Québec pour nager dans une piscine de 50 mètres. Maintenant qu'il y en a une ici, les enfants peuvent rester dans la région avec leurs entraîneurs. Je crois que c'est vraiment primordial.
    Du 2 au 5 mai se tiendra le Grand Prix FINA de plongeon. Les huit meilleurs plongeurs au monde viendront à la piscine de Gatineau, et ce serait super si vous pouviez venir assister aux épreuves. Nous accueillerons les Chinois, qui ont raflé à peu près toutes les médailles. Alexandre Despatie, si le nom vous dit quelque chose, ne plongera pas puisqu'il a une commotion cérébrale, mais il sera là. Ce sera un grand événement si vous voulez y assister.
    Vraiment, pour moi, le but de cet événement est d'inspirer plein d'enfants. Je vais emmener pleins de jeunes de Chelsea qui ne sont pas plongeurs, car je veux qu'ils voient les meilleurs plongeurs au monde et qu'ils comprennent la différence entre être bon et être le meilleur.
    Le 1er juin, il y aura aussi une Journée nationale de la santé et de la forme physique que nous essayons de promouvoir. L'un des concepts est d'encourager chaque maire des collectivités de vos circonscriptions à ouvrir leurs piscines et leurs patinoires gratuitement pendant une journée pour permettre à tous les enfants de les essayer. Si cela nous permet d'inspirer un enfant, il pourrait s'inscrire à un club, être influencé par un entraîneur et voir sa vie transformée. Ce n'est pas tout le monde qui finira aux Olympiques, mais tout le monde pourra apprendre d'excellentes compétences, comme être un bon équipier, être bon gagnant et bon perdant, et toutes les autres compétences que l'on n'enseigne pas toujours à l'école.
    C'était ma petite campagne de promotion des jeudis matins de natation. Je vous attends demain.
    Les entraîneurs sont essentiels à la réussite de notre système sportif canadien et pas seulement les entraîneurs professionnels à l'échelon international. Vous entendez constamment parler du programme À nous le podium, un lien essentiel avec notre programme olympique, mais qui commence en fait par « à nous les municipalités ». Ce sont les entraîneurs amateurs qui éveillent l'intérêt des enfants. À l'échelon supérieur, nous ne faisons que perfectionner leurs compétences, mais il est primordial de faire participer les jeunes à l'échelon municipal et de faire en sorte qu'ils puissent facilement accéder aux clubs gérés par des bénévoles.
    Les collectivités disent de plus en plus qu'elles doivent générer des revenus pour ces clubs bénévoles, car ils n'ont pas suffisamment d'argent. Les bénévoles ne font pas que gérer un club: ils font tout le reste. Ils font des collectes de fonds. Vos entraîneurs participent à des campagnes de financement. Lorsqu'ils arrivent aux pratiques le soir, ils sont épuisés et ils ne sont pas à la hauteur de leur talent. Ce serait comme demander à un enseignant de participer à des collectes de fonds pour l'école et à laver les planchers en plus. Nous devons trouver une façon de faciliter l'accès aux installations pour que les entraîneurs puissent continuer à faire ce qu'ils font de mieux.
    Les entraîneurs sont le pivot pour créer un environnement propice à l'excellence. L'excellence est inévitable. Vous avez tous entendu parler de Michael Phelps. Au fil des ans, j'ai souvent demandé à mes clubs s'ils sont prêts à accueillir un Michael Phelps de 11 ou 12 ans. Ils disent qu'ils ne le sont pas vraiment, mais que s'il se présente, ils mettront en place la structure nécessaire. Je leur dis que c'est trop tard, parce que Michael Phelps va être passé sans que la structure soit en place. Les entraîneurs pourraient créer pareille structure, mais nous devons leurs donner les outils et la capacité de le faire.
    Le hic est que vous avez des entraîneurs passionnés de natation ou d'un autre sport, mais qui sont souvent jeunes. Ils ont 20, 22, 24 ou 25 ans. Ils aiment le sport et ils aiment les enfants, mais ils n'ont aucune autre compétence. Ils ne comprennent ni les budgets, ni la planification à long terme, ni aucune des autres compétences nécessaires.
    Il arrive souvent qu'ils aillent à un club, qu'ils se fassent embaucher par le président et qu'ils se fassent dire très rapidement par les membres du conseil d'administration ce qu'ils ne font pas bien. Les membres du conseil critiquent leur bulletin d'information ou leur budget au lieu de les prendre sous leur aile et de les guider. Je crois qu'il est primordial que nous formions les bénévoles pour qu'ils sachent le faire, car nous bâtissons notre pays grâce à la passion des jeunes.
    Il arrive souvent que ces jeunes entraîneurs se retrouvent ensevelis sous la paperasse et qu'ils voient des échecs sans arrêt au lieu de faire ce qu'ils font de mieux, c'est-à-dire entraîner. Si je le dis, c'est parce qu'on passe son temps à les critiquer. On ne repêche pas un ailier gauche pour lui dire qu'il est mauvais à la défense. On fait fond sur ses points forts. C'est essentiel pour nous.
    Les entraîneurs déterminent les rêves des jeunes. Je peux vous parler des notes que j'ai reçues depuis que j'ai quitté le bord de la piscine pour travailler dans un bureau, des notes sur lesquelles il était écrit « Merci, car maintenant, je suis vice-président de Husky Oil », ou telle ou telle chose, « et vous m'avez permis de voir grand ». Qui était le gars du programme The Apprentice? Comment s'appelait-il? Il a dit que si vous rêvez, bon sang, rêvez en grand. Je crois que c'est ce que les entraîneurs font.
    Voici une très belle expression: les entraîneurs font en sorte que l'impossible soit un petit peu plus facile à réaliser. Il est possible de réaliser l'impossible. La seule chose est que ces jeunes ne sont encore jamais arrivés à ce point. Notre travail est de les emmener là où ils ne pensaient jamais pouvoir se rendre.

  (1545)  

    Nous devons faire fond sur l'éthique professionnelle. Le pays doit miser sur les enfants de demain par le truchement du meilleur programme d'éthique professionnelle que nous n'ayons jamais connu, et cela ne sera possible que si nous avons des entraîneurs très éthiques. Cela est primordial dans notre programme. Nous devons lutter farouchement pour que nos entraîneurs soient éthiques, irréprochables et prêts à faire ce qu'il faut en tout temps et à ne pas dépasser les bornes, que ce soit avec les stupéfiants ou toute autre question de ce type. Nous devons faire en sorte qu'ils soient responsables. Chaque petit Canadien a besoin d'avoir un entraîneur certifié. Toute personne qui entraîne un enfant doit être certifiée, alors nous devons encourager la formation des entraîneurs.
    Les entraîneurs doivent veiller à ne pas seulement penser à la Ligue nationale de hockey ou aux Olympiques, comme je l'ai mentionné tout à l'heure; il nous faut dire À nous le podium et à nous les municipalités. Chelsea compte, à elle seule, une population de 7 000 habitants. Il y a 1 000 jeunes qui jouent au soccer et chacun d'entre eux est entraîné par un parent bénévole. Ces personnes travaillent 30, 40, 50 heures par semaine et consacrent ensuite leur temps à nos enfants. Nous devons les aider à acquérir la formation rapidement et facilement, peut-être en la leur offrant en ligne.
    Le problème, je pense, avec les cours en ligne au Canada est que nous avons des entraîneurs à former dans 52 sports et que dans chaque cas, nous réinventons la roue. Nous cherchons un programme des TI au lieu de nous regrouper et de dire « Voici un super programme et c'est celui-là que nous allons utiliser ». Je dois payer des spécialistes des TI. Le hockey doit en faire autant. Même chose pour le baseball. À l'échelon de l'ONS, l'organisme national de sport, nous n'utilisons pas notre financement au meilleur escient parce que nous tentons tous de réinventer la roue. Nous voulons tous et devons tous offrir de la formation aux entraîneurs, mais nous devons pouvoir rejoindre facilement les personnes à Gander, Fort St. John, Brampton, et nous devrions le faire en ligne.
    Pour ce qui est du programme scolaire, vous savez fort bien que les programmes d'éducation physique tombent comme des mouches. Nous devons trouver une façon de rétablir les programmes d'éducation physique dans les écoles. Je ne peux pas parler pour vous, mais si je n'avais pas eu l'éducation physique et la récréation, on m'aurait enfermé il y a longtemps. On jouait au ballon chasseur à la récréation. On courait dans les corridors pour aller jouer pendant 11 minutes et on avait déjà formé les équipes quand on arrivait en bas de l'escalier, sinon on aurait manqué de temps.
    Il existe un livre merveilleux intitulé Spark, qui consiste à faire 15 à 20 minutes d'activités avec les enfants, surtout les délinquants, avant qu'ils commencent les leçons de la journée. Ils ont constaté que pendant la première heure et demie, leur capacité d'apprendre était stupéfiante.
    Au sein de la communauté des entraîneurs, on doit accorder de l'importance à l'éthique. Les entraîneurs sont passionnés, mais il faut aussi les aider à ne pas perdre leur passion parce qu'ils sont trop occupés à faire tout le reste. Les entraîneurs sont les visionnaires, les éducateurs, les programmateurs, ceux qui mobilisent souvent les bénévoles et leur enseignent comment gérer des rencontres de natation et organiser ou gérer des compétitions de gymnastique. Vos meilleurs entraîneurs siègent à tous les comités. Mes entraîneurs olympiques siègent tous aux comités régionaux, provinciaux et nationaux. Les meilleurs entraîneurs le font tous. Ce sont aussi eux qui vont aux Olympiques et aux championnats du monde, alors ils sont très sollicités. Là où je veux en venir est que soit vous participez à la solution, soit les personnes au-dessus de vous décident à votre place et vous êtes coincés. C'est souvent la raison pour laquelle les meilleurs entraîneurs sont les meilleurs: ils participent aux décisions.
    J'ai quelques points de plus à aborder. Nous devons trouver des façons de reconnaître le pouvoir des entraîneurs, que ce soit par l'intermédiaire d'un programme de reconnaissance ou d'une journée des entraîneurs. Je ne sais pas à quel point c'est efficace, mais pour tous les enfants à la grandeur du Canada qui sont influencés par un entraîneur, et j'ai quatre de mes enfants et je leur ai souvent demandé quels étaient leurs meilleurs entraîneurs. Ils en ont eu tellement. Vous connaissez l'expression qui dit qu'il faut un village pour élever un enfant, eh bien ces personnes font partie intégrante du village dont il est question.

  (1550)  

    Je vais mentionner certaines choses auxquelles il nous faut travailler au pays, à mon avis.
    Les programmes pour les entraîneuses sont essentiels. Nous avons un bon programme. Je peux vous dire que dans le cadre de ce programme, nous avons constaté que les femmes ne veulent pas de cadeaux. Elles ne veulent pas être incluses dans l'équipe olympique parce qu'elles sont des femmes, mais bien parce qu'elles le méritent. Nous devons leur donner les outils qu'il faut pour atteindre ce niveau.
    L'un des problèmes qui se posent pour les femmes, c'est que souvent, elles ne peuvent pas se rendre aux rencontres, par exemple, parce qu'elles ont des enfants. Nous devons trouver une façon, par différents moyens, de faire en sorte que les entraîneuses puissent emmener leurs enfants, de prévoir des services de garde, etc. Nous devons leur faciliter la tâche. Je pense que les femmes sont les personnes les plus touchées par ces changements.
    Nous devons améliorer les programmes de mentorat. Nous avons tous appris des choses à l'école, mais nous avons tous probablement beaucoup appris avec un excellent mentor. Nous devons trouver une façon d'améliorer les programmes de mentorat. Très peu de programmes au Canada nous permettent d'obtenir un diplôme en éducation pour l'entraînement. Je pense que nous devons ouvrir la porte aux programmes d'éducation physique et de kinésiologie et offrir beaucoup plus de grades universitaires en entraînement et des grades de maîtrise.

  (1555)  

    Monsieur Lafontaine, je crois que vous devrez vous arrêter ici.
    Nous pourrions peut-être parler des autres aspects lorsque vous répondrez aux questions des députés. Je sais que tous les députés ont hâte de vous poser des questions
    Aucun problème.
    Merci, monsieur.
    Nous passons maintenant à M. Makela, qui représente la Warner Hockey School. Il comparaît de l'Alberta par vidéoconférence.
    Monsieur, la parole est à vous.
    C'est très difficile de prendre la parole après un tel exposé. C'était très bien. Je vais essayer d'être très bref pour que nous puissions passer rapidement aux questions.
    Dans le milieu du hockey, nous n'avons peut-être pas autant de difficultés pour ce qui est des installations, même si on n'en a jamais de trop. En général, nous avons la chance d'être dans une situation convenable. Je pense qu'elle est bonne pour le hockey.
    En ce qui concerne la certification des entraîneurs, je pense que tout le monde sait que c'est au niveau de base que nous avons besoin d'un peu plus d'entraîneurs d'expérience. C'est à cette étape qu'on enseigne aux joueurs et qu'on apprend beaucoup. Je pense que c'est un problème auquel nous faisons face, du moins dans notre sport, car nous n'avons pas suffisamment d'entraîneurs d'expérience à ce jeune âge.
    Deux ou trois raisons expliquent cette situation. Parfois, un parent pourrait être un entraîneur très compétent pour les équipes pee-wee, par exemple, mais on ne lui permet pas de jouer ce rôle parce que c'est un parent, et en raison de la situation de l'employeur. Nous embauchons donc un entraîneur qui n'est pas aussi qualifié que d'autres. C'est une situation que nous pouvons changer. Peu importe s'il s'agit d'un parent ou de qui il s'agit, si nous pouvons trouver des entraîneurs compétents, je pense que c'est à eux que nous devons faire appel.
    J'ai acquis de l'expérience en Finlande. Ceux d'entre vous qui suivent le hockey connaissent Saku et Mikko Koivu. Leur père entraînait notre équipe pendant qu'ils jouaient au hockey. Cela fonctionnait très bien.
    Je sais que nous avons des exemples au Canada, comme Darryl Sutter. Il entraîne les Kings de Los Angeles maintenant, mais il a déjà entraîné les Flames de Calgary, et lors du dernier lockout, il entraînait l'équipe de son garçon. Je pense que c'était une équipe pee-wee, atome ou bantam. Lors de la dernière partie de la saison, on l'a reconduit à la sortie parce que selon les normes de Hockey Alberta, il n'avait pas les qualifications voulues pour être entraîneur.
    Ce genre de situations se produit de temps en temps et il faudrait être plus compréhensifs dans certains cas.
    Il y a de bons exemples de parents entraîneurs, et évidemment, il y a de moins bons exemples, mais je pense que l'important c'est d'avoir les entraîneurs les mieux qualifiés pour les plus jeunes.
    Évidemment, l'argent entre toujours en jeu. Dans chaque catégorie, tout le monde réclame plus d'argent, mais c'est la réalité.
    Je pense qu'au Canada, le taux de participation diminue constamment. Je n'ai pas les chiffres, mais les provinces ont de la difficulté à envoyer les joueurs dans les camps provinciaux. On est passé de 200 à 80 joueurs. Je comprends que les ordinateurs et ce genre de choses, les activités qui coûtent moins cher, sont en train de prendre la place. C'est également l'un des enjeux auxquels nous faisons face.
    Si l'on compare la situation de la Finlande à celle du Canada, pour le hockey féminin, l'Ontario compte environ 45 000 joueuses tandis que la Finlande en compte 2 500. C'est le nombre de joueuses que nous avons. Évidemment, la Finlande fait tout ce qu'elle peut, mais nous avons beaucoup de joueuses ici, et nous nous retrouvons dans une situation où, si nous avions des entraîneurs qualifiés, nous pourrions faire encore plus de bruit au Canada, à mon avis.
    Je pense qu'évidemment, c'est une situation où tout le monde veut l'aide du gouvernement, où tout le monde veut de l'argent.

  (1600)  

    Je pense que c'est une très bonne chose de tenir ce genre de discussions, et je suis vraiment privilégié de pouvoir y participer.
    Je serai ravi de répondre à vos questions. Je n'ai présenté qu'une petite partie de mon exposé.
    Merci, monsieur Makela.
    Nous passons maintenant aux questions.
    Je cède tout d'abord la parole à M. Hillyer, pour sept minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Monsieur Makela, je suis le député de Lethbridge. J'habite à Raymond, qui est située à environ 25 minutes de votre patinoire. Mes enfants et moi y avons joué. Je vous remercie de votre présence.
    Je sais que votre école est connue à l'échelle nationale et que vous vous concentrez sur le jeu de haut niveau, mais comme on l'a déjà dit à maintes reprises aujourd'hui, et lors des réunions précédentes portant sur l'étude, la plupart des enfants n'iront pas aux Olympiques. La plupart n'atteindront pas un haut niveau. Je parle de la question d'atteindre un équilibre entre aider les jeunes talentueux à atteindre l'excellence et s'assurer que les enfants peuvent jouer pour le plaisir.
    Vous pouvez peut-être nous parler un peu de votre école. En quoi consiste la Warner Hockey School pour les filles? Sur quoi est-elle centrée? Quel objectif veulent atteindre les personnes qui font partie de cette école? Quel est l'objectif de l'école?
    C'est une école qui accueille des joueuses de partout au Canada et même d'autres pays. Nous avons des joueuses de la Finlande, de la Suède, des États-Unis. Nous avons maintenant des Canadiennes qui viennent de Terre-Neuve à Kelowna. C'est un programme d'élite, c'est sûr.
    Nous sommes très fiers de ce que nous avons accompli au cours des 10 dernières années. Le problème, c'est l'endroit où nous sommes situés; c'est difficile d'attirer les joueuses ici. Heureusement, grâce à notre situation, nous sommes capables de le faire.
    À part cela, je ne sais pas exactement ce que vous voulez savoir. Excusez-moi, mais j'ai oublié certaines des questions que vous m'avez posées.
    Je vous demandais seulement si les filles qui vont à votre école essaient d'entrer dans les ligues universitaires, par exemple, ou si ce sont simplement des enfants qui veulent jouer pour le plaisir.
    Non, nous sommes une sorte de tremplin pour les filles qui veulent faire partie de la NCAA ou de SIC. C'est la raison pour laquelle elles s'inscrivent dans notre école. Nous les préparons pour leurs études postsecondaires en quelque sorte. Il est très important qu'elles s'entraînent dans une école comme la nôtre. Nous réussissons très bien à les faire passer à la NCAA et à SIC, et nous espérons pouvoir continuer. Certaines de nos élèves font aussi partie des programmes de l'équipe nationale, ce qui est très bien. Cette année, une de nos élèves a gagné les championnats du monde en Finlande pour le Canada.
    C'est ce que nous faisons.
    Merci.
    Monsieur Lafontaine, vous avez parlé de la quête de l'excellence et de faire en sorte que les entraîneurs créent un environnement dans lequel les enfants sont impatients de pratiquer leur sport.
    Vous avez, j'ai joué au hockey, et mes enfants aussi, et j'ai vu toutes sortes de situations. J'ai vu des entraîneurs qui visaient tellement l'excellence que les enfants qui n'étaient pas de grandes vedettes finissaient par ne plus aimer pratiquer leur sport, car ils finissaient par être mis de côté, par rester sur le banc.
    Comment peut-on atteindre un équilibre? Nous voulons aider les petites vedettes à devenir de grandes vedettes, mais dans les petites collectivités en particulier, où il n'est pas possible d'enseigner trois niveaux différents de hockey dans une seule ville...
    Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet? Je sais que vous êtes du milieu de la natation, mais dans le sport en général, comment pouvons-nous équilibrer les choses?

  (1605)  

    Je pense qu'au hockey, vous avez vraiment un grand rôle à jouer. En fait, la plupart des clubs gèrent tout. Ils gèrent les programmes d'apprentissage tout en essayant d'atteindre le niveau international.
    À mon avis, il faut créer un endroit où même les enfants qui ne sont pas nécessairement doués sentent qu'ils font partie de quelque chose de spécial. Établir différents niveaux dans un équipe et dans un programme de hockey... Il y a les ligues locales. Je ne connais pas encore tous les types de catégorie au hockey, mais je peux vous dire que dans bien des clubs sportifs, un grand nombre d'enfants n'atteignent pas nécessairement le sommet, mais ils vivent une belle expérience parce que le club est génial. Ils ont leur place; ils peuvent faire des progrès à leur niveau. Dans une certaine mesure, il s'agit de devenir le meilleur possible, pas nécessairement de devenir un olympien. Il n'y a pas beaucoup de premières places dans ce programme.
    Dans une certaine mesure, il faut former les entraîneurs. Nous devons améliorer leur formation, mais au bout du compte, les écoles comptent d'excellents enseignants et des mauvais. Avec un peu de chance, une collectivité comptera d'excellents entraîneurs qui sont capables de bâtir des choses. C'est pourquoi les mentors sont essentiels — comme Koivu ou Sutter; s'ils pouvaient prendre un jeune entraîneur sous leur aile, parce qu'ils savent qu'ils ne seront pas là très longtemps —, à la qualité de nos entraîneurs. Je pense qu'il est possible d'avoir à la fois un programme olympique et une excellente équipe.
    Tout dépend, tout d'abord, de la participation des parents au conseil d'administration. Je pense qu'un des plus grands problèmes dans les clubs, c'est qu'ils n'ont pas de mission claire. Les gens arrivent au club et ne savent pas vraiment à quoi s'attendre: est-ce que l'important, c'est de participer ou d'être les meilleurs au monde?
    Je peux également vous dire que peu importe leur niveau, les enfants veulent être très bons. Pour ce qui est de s'amuser, je ne suis pas tout à fait d'accord. S'amuser, c'est faire partie de quelque chose de spécial. Si l'expérience est agréable, les enfants peuvent s'amuser même s'ils ne gagnent pas une journée, et si l'expérience n'est pas agréable, l'expérience pourrait ne pas être amusante pour eux même s'ils gagnent.
    Merci, monsieur Hillyer.
    Monsieur Dubé, c'est à votre tour, pour sept minutes.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Monsieur Lafontaine, j'aimerais profiter du fait que vous êtes parmi nous pour vous souhaiter bonne chance face aux nouveaux défis qui se présentent à vous.
    Je veux surtout parler du genre d'inspiration qui a suivi les Olympiques. Vous avez parlé de la hausse des inscriptions et ainsi de suite. Il n'y a pas vraiment d'études que je puisse évoquer preuves à l'appui, mais selon ce qu'on entend au sujet d'autres sports, il semble qu'il soit difficile de retenir cette vague de gens.
    D'après vous, est-ce à cause de l'entraînement? C'est ce que vous semblez dire.
    Je pense qu'il y a plusieurs aspects, le premier étant celui des infrastructures. Il n'y a pas suffisamment d'infrastructures sportives au pays. On peut mettre beaucoup d'enfants dans une piscine. S'il y a huit nageurs par couloirs, ça va, mais s'il n'y a pas suffisamment de couloirs et qu'ils doivent être 15 par couloir, c'est trop. Ce n'est plus agréable. Il n'y a pas suffisamment d'espace et ils se font taper dessus.
    Je peux même vous dire — et j'insiste là-dessus — que si des parents veulent inscrire leur enfant à un club de gymnastique mais qu'il y a une liste d'attente, ils vont tout de suite l'inscrire à un autre sport, par exemple au soccer. Selon moi, il faudrait bâtir plus d'infrastructures au pays. De plus, comme je l'ai mentionné, celles-ci devraient être accessibles financièrement pour les clubs. Cet aspect-là est difficile parce que ce sont les municipalités qui doivent assumer ces coûts.
    D'autre part, on a de la difficulté à former suffisamment d'entraîneurs assez rapidement. Je reviens aux programmes universitaires et à l'accès aux programmes, même dans les écoles secondaires. Pourquoi n'y aurait-il pas un cours de coaching, justement pour développer cela?

  (1610)  

[Traduction]

    Monsieur Moore, j'ai ici un rapport du gouvernement australien que j'ai obtenu lorsque je vivais là-bas. Ils ont créé un programme postscolaire. L'un des éléments essentiels du programme en 2004, c'est qu'il a été créé pour les enfants qui font de l'embonpoint. La première année, 180 000 enfants faisaient partie du programme. Ils ont découvert que 7 500 entraîneurs ont été formés grâce au programme. Je vous ai apporté le rapport. Vous pouvez le faire circuler, et je pense que nous pourrions le faire traduire. Le programme fonctionne encore très bien. J'en ai parlé à M. Gosal, car je pense qu'il s'agit de former des entraîneurs.

[Français]

    Cela me fait penser à ce que vous avez dit lors de votre dernière comparution quand vous avez parlé d'une pyramide. On veut aider l'élite, mais il faut aussi qu'il y ait un étalement au bas de la pyramide.
    Dans le fond, cela fait beaucoup penser à l'exemple que vous avez donné, soit celui de Michael Phelps. En effet, si les programmes ne sont pas adéquats et qu'il n'y a pas assez d'appui aux programmes de loisirs locaux et communautaires, même si on donne de l'argent au niveau le plus élevé — c'est important, bien sûr —, on n'aura pas de futurs olympiens. C'est un peu le problème.
    Je pense qu'il faut faire attention et arrêter de penser tout le temps aux olympiens. Les olympiens sont le produit d'une belle structure de sports au pays. Si quelqu'un a le talent, il y sera parce qu'il y a des entraîneurs à ces niveaux.
    Je ne sais pas si vous vous en rappelez, mais il y a deux ans, le gouvernement a ajouté un crédit d'impôt pour les pompiers volontaires. Je peux vous dire que dans notre pays, sans les bénévoles qui oeuvrent dans les sports, on ne pourrait jamais faire de sport. J'aimerais penser qu'il faudrait trouver une solution pour faire la même chose avec les gens qui sont des bénévoles dans le domaine du sport parce qu'aucun programme de soccer ne durerait s'il fallait payer les entraîneurs ou s'il fallait payer les entraîneurs d'aviron et ainsi de suite.
    Je pense que ce serait un autre atout. Il ne suffit pas de donner 500 $ en crédit d'impôt pour les jeunes. Il faut aussi trouver une façon de stimuler les bénévoles, de reconnaître leur contribution et de leur donner un crédit d'impôt comme on le fait pour les pompiers volontaires
    J'ai une dernière question parce que la période de temps qui m'est alloué est presque terminée. J'aimerais parler de programmes universitaires et de diplômes en entraînement sportif. D'autres témoins en ont aussi parlé. J'ai un peu d'inquiétude à ce sujet concernant les bénévoles car souvent ce sont des parents. Cela leur fait une activité.
    De nos jours surtout, les parents ne passent pas beaucoup de temps avec les enfants. Cela fait aussi partie des questions relatives aux sports. Craignez-vous que si on met un tel programme en place, on pourrait perdre d'autres éléments positifs? Je ne dis pas qu'on y est opposés, mais je pense que c'est une des inquiétudes qui existent.
    C'est comme si donner à quelqu'un signifiait enlever quelque chose à un autre. Je pense qu'il doit y avoir un programme de formation à l'université pour ceux qui veulent en faire une carrière, pas pour ceux qui seront bénévoles le samedi matin et le mercredi soir.
     C'est comme pour un professeur d'école. Il y a une formation et des programmes. Comme je l'ai dit, un des problèmes est que les gens ne comprennent pas comment fonctionnent les budgets. Ils ne savent pas comment écrire des protêts ou un bulletin d'information. Si c'est une chose que quelqu'un veut faire dans sa vie, s'il veut devenir un entraîneur de niveau international, on peut leur présenter une autre façon d'y arriver. J'ai fait mes études en biologie, pas en entraînement sportif. Je me suis entouré de quelques mentors qui m'ont aidé à devenir un entraîneur de niveau international.
    J'ai encore un peu de temps.
    Je vais me permettre de revenir sur le sujet de l'inactivité chez jeunes et de la rétention dans les sports. Vous avez parlé de la culture sportive dans l'entrevue que vous avez accordée avant de quitter Natation Canada. Dans cette culture sportive, on a parlé des infrastructures. Est-ce qu'on se concentre trop sur les Olympiques? Je dis cela sans manquer de respect envers les athlètes qui y participent? Y a-t-il des façons plus concrètes d'envisager cela.
    Vous avez parlé de crédit d'impôt, par exemple. Malheureusement, parfois, les gens n'ont pas les revenus suffisants pour obtenir un crédit d'impôt. L'accessibilité devient très importante.

  (1615)  

    Nos champions sont nos olympiens. Ils font ce qu'ils ont besoin de faire. Je me rappelle de la journée après les Jeux olympiques. J'ai dit à mes athlètes que la journée la plus importante était celle après avoir gagné leur médaille parce que c'est à ce moment-là qu'ils vont aller parler dans des écoles et dans des bureaux des compagnies. Ils vont aller parler de l'importance d'une vie active et du fait qu'il n'est pas nécessaire de prendre l'ascenseur pour se rendre à un étage.
    Il faut se servir de nos atouts pour les aider à comprendre que c'est plus que du sport et qu'il faut redonner. Il existe un programme au pays qui s'appelle le Programme d’aide aux athlètes. On pourrait peut-être décider qu'un des rôles des 1 800 athlètes brevetés au pays serait qu'ils fassent des présentations dans des écoles, par exemple.
    Je ne pense pas que les olympiens ou les athlètes internationaux comprennent le pouvoir qu'ils ont entre les mains. Ils peuvent changer le monde. Il faut leur en donner la possibilité. Il faut les inciter à frapper aux portes et à aller dans les écoles primaires et donner des chandails. C'est ce que Chris Hadfield fait maintenant au sujet de la station spatiale. Il y a des présentations destinées aux jeunes dans les écoles. C'est ce qu'on devrait faire avec nos grands champions.

[Traduction]

    Merci, monsieur Dubé.
    Monsieur Simms, vous disposez de sept minutes.

[Français]

    Merci, monsieur Lafontaine, de votre présentation.

[Traduction]

    Je vous remercie de votre présence.
     Il n'y a pas si longtemps, j'ai eu une conversation avec l'une de mes collègues, Kirsty Duncan, et nous discutions des témoins qui allaient comparaître devant le comité. L'une des choses qu'elle voulait que je soulève, et je pense que vous l'avez déjà fait, c'est l'importance de moins en moins grande qui est accordée à l'éducation physique dans nos écoles. Elle a dit qu'il semble que chaque fois qu'on réduit le budget dans les écoles, c'est l'éducation physique qui est d'abord touchée; sinon, c'est la musique, mais il y a certainement l'éducation physique.
    L'une des choses qui ont été soulignées concernant le niveau des entraîneurs, c'est que dans les petites collectivités, et on l'a dit tout à l'heure, c'est évidemment plus difficile pour un enseignant d'éducation physique d'être le meilleur entraîneur possible dans tous les sports, car il doit être généraliste; il doit tout faire. L'accent est mis sur l'activité physique. Dans cette situation, c'est difficile pour l'enseignant de reconnaître le talent qui permet à une personne d'une petite collectivité de passer à ce que j'appellerais les ligues majeures dans certains sports. Par exemple, mon enseignant d'éducation physique était un spécialiste du volley-ball, mais il n'aurait probablement pas pu reconnaître un bon joueur de badminton ou un bon nageur s'il en avait croisé un.
    Pensez-vous qu'il y a place à l'amélioration lorsqu'il s'agit d'aider des élèves talentueux dans une certaine discipline à devenir les meilleurs athlètes qu'on puisse imaginer?
     Au Canada, il serait difficile d'avoir un programme du genre de ceux de l'ancienne Allemagne de l'Est où un jeune de 6'3“ était dirigé vers l'aviron et devait se consacrer à ce sport sous peine d'être privé de nourriture. Je crois que nous devons plutôt trouver une façon de doter nos villes d'infrastructures de qualité — et c'est ce que je faisais valoir tout à l'heure concernant la piscine de Gatineau — qui vont attirer les enseignants, les directeurs et les médecins de qualité susceptibles de faire vivre à nos enfants des expériences de toutes sortes. Selon moi, on peut difficilement s'imaginer qu'on va réussir à offrir toutes ces expériences à tous les enfants. Il y a un peu de chance qui entre en jeu dans tout cela: si un jeune de grande taille croise le regard d'un entraîneur de volley-ball, c'est le hasard qui lui sourit.
    Nous n'avons pas nécessairement la capacité d'être présents partout, et c'est l'un des défis de notre organisation sportive à l'échelle nationale. Nous essayons de donner à nos entraîneurs les moyens d'en faire le plus possible autour d'eux. Je crois cependant qu'il convient de mobiliser l'ensemble des intervenants associés à l'entraînement sportif, que ce soit dans les secteurs de la santé, de l'éducation ou du sport à proprement parler, afin qu'ils puissent organiser ensemble des cliniques ou des conférences dans les écoles de leur région.
    Je suis revenu au Canada en 2005. On m'a alors invité à retourner en Australie pour prendre la parole devant des représentants des ministères de la Santé, de l'Éducation et du Sport, tous réunis dans une même pièce, afin de les entretenir des moyens à prendre pour restaurer la pratique de l'activité sportive et favoriser la bonne forme physique dans leur pays. L'exercice fut vraiment intéressant, car les gens des trois ministères ont pu discuter de l'importance de conjuguer leurs efforts et d'éviter de travailler en vase clos. Je répète que les entraîneurs, les organisations sportives, les associations provinciales et même les entreprises privées sont prêtes à aider de toutes les manières possibles, mais il arrive qu'on n'ait pas les tribunes nécessaires pour les aborder. Il est difficile pour nous de nous adresser aux autorités scolaires pour les convaincre du bien-fondé de tout cela.

  (1620)  

    Merci pour votre réponse. Je crois en outre que cela peut être une pépinière d'entraîneurs de qualité pour l'avenir, tout au moins à ce niveau-là. Je vous dis cela en pensant aux petites collectivités que je représente.
    Nous avons récemment été confrontés à un problème relativement aux entraîneurs. Je vais faire intervenir M. Makela à ce sujet en lui demandant de répondre d'abord.
    L'un des principaux éléments dissuasifs pour les entraîneurs bénévoles est la présence de ceux que j'appellerai les parents débordants d'enthousiasme, pour utiliser un euphémisme. Nous devons d'ailleurs déplorer dans ma circonscription un incident particulièrement disgracieux impliquant deux parents. Selon bon nombre d'entraîneurs avec lesquels j'ai parlé, cela fait partie des choses qui risquent le plus de les dissuader d'offrir leurs services. Ils ne veulent pas avoir à composer avec la colère des parents lorsqu'ils doivent dire non à leurs enfants.
    Pourriez-vous nous dire ce que vous en pensez? Je m'adresse d'abord à notre expert du hockey, car c'est ce sport qui semble toujours faire la manchette lorsqu'il est question de ces parents qui perdent le contrôle.
    Eh bien, comme la natation est un sport sans contact, nous laissons tout cela au hockey.
    Des voix: Oh, oh!
    Je comprends tout à fait. Je reviendrai à vous tout à l'heure.
    C'est tellement vrai que c'est à mon avis l'élément le plus problématique dans toute cette histoire. Nous avons discuté de la nécessité de doter les collectivités d'entraîneurs qualifiés, mais c'est à peu près impossible. J'entends souvent parler d'entraîneurs tout à fait compétents auxquels on demande de prendre en charge une équipe atome ou peewee, mais qui se retrouvent devant un dilemme, car ils ne veulent pas s'occuper de telle ou telle équipe en raison des parents. À cause de ceux-ci, il devient impossible pour eux de faire le nécessaire pour que leurs joueurs s'améliorent en bénéficiant d'un meilleur environnement dans un climat de saine concurrence.
    C'est le dilemme auquel nous sommes sans cesse confrontés. Je le constate à mon niveau ainsi qu'aux niveaux inférieurs. Je sais aussi que le problème se manifeste même dans certains cas dans des calibres de hockey supérieurs. C'est un problème qui existe depuis des années et qui va perdurer encore longtemps selon moi, car personne ne sait comment changer les choses. Il y a donc des entraîneurs qualifiés qui vont refuser du travail uniquement pour cette raison-là.
    Comment changer la situation autrement qu'en sensibilisant les parents pour leur expliquer notre démarche globale? Il faut leur faire comprendre que leur petit Jonathan n'est pas nécessairement une future vedette de la Ligue nationale pour l'instant, mais que c'est peut-être une possibilité qui s'ouvrira à lui dans quelques années s'ils daignent laisser l'entraîneur faire son travail. C'est assurément une situation problématique pour nous.
    Merci, monsieur Simms.
    C'est M. Richards qui a la parole pour les sept dernières minutes avec ce groupe de témoins.
    Merci, monsieur le président.
    Merci à nos deux témoins de leur participation aujourd'hui.
    Monsieur Makela, il y a quelques filles de ma circonscription qui fréquentent votre école. J'en connais en tout cas deux qui sont originaires d'Airdrie et Cochrane en Alberta. Il y a notamment Mackenzie Ebel, qui a joué avec mon fils jusqu'au niveau peewee. Vous la saluerez de la part de Quinn et de son père.
    J'ai des questions pour nos deux témoins, mais je vais débuter avec M. Makela, car je m'intéresse à son expérience du hockey tant au Canada que dans son pays d'origine, la Finlande. À quel moment êtes-vous venu vous installer au Canada? Êtes-vous arrivé ici en tant que joueur professionnel ou étiez-vous encore au niveau junior?

  (1625)  

    J'ai quitté la Finlande en 1985, mais je ne suis arrivé au Canada qu'en 2002, à titre d'entraîneur des Hurricanes de Lethbridge dans la Ligue junior de l'Ouest.
    Oui, vous êtes allés d'abord aux États-Unis et je crois que vous avez joué avec les Islanders de New York. C'est bien cela? D'accord, vous avez joint les rangs de cette équipe.
    Vous avez bien sûr joué au hockey pendant votre enfance en Finlande. Comme vous avez évolué là-bas jusqu'à l'équivalent du niveau junior, j'aimerais savoir comment vous comparez vos expériences dans les deux contextes, notamment pour ce qui est des entraîneurs.
    Vous venez aussi de nous dire que vous avez été entraîneur au hockey junior. Vous vous occupez maintenant d'un programme de hockey mineur. D'après vous, comment se compare le système de hockey au Canada avec ce qui se passe en Finlande pour la formation des entraîneurs et leur travail à proprement parler?
    C'est une excellente question et je vais essayer d'être aussi bref que possible, car la réponse pourrait être très longue.
    Il y a énormément de joueurs de hockey de part et d'autre et ils sont nombreux à échapper à nos radars. J'estime que nous devrions nous intéresser de plus près à la structure du hockey mineur. Je ne sais toutefois pas si le moment est bien choisi pour en discuter plus à fond.
    Si nous prenons l'exemple d'un jeune Canadien engagé dans une équipe midget AA, il lui est impossible de quitter cette équipe au bout de deux ou trois mois dans la saison, même s'il a offert d'excellentes performances, ce qui est assez fréquent. Il doit demeurer dans son équipe. Il ne peut pas essayer d'accéder au niveau midget AAA, car les équipes y sont déjà formées. Pendant ce temps, vous pouvez très bien avoir un joueur du midget AAA dont les performances ne sont pas du tout à la hauteur et qui néglige même ses études. Il va tout de même continuer à ce niveau, car ce sont les engagements qui ont été pris.
    La structure européenne est tout à fait à l'opposé. On y retrouve tous les groupes d'âge et tous les niveaux différents. En début de saison, les joueurs sont répartis selon le niveau où ils sont rendus. En cours de saison, il y a beaucoup de souplesse quant aux possibilités de transfert entre les différents niveaux. C'est une formule que nous devrions certes envisager, car le Canada n'a pas les moyens de gaspiller tout ce talent, malgré le grand nombre de hockeyeurs que nous avons ici. Je pense que c'est un élément très important, mais cela relève peut-être davantage du hockey mineur.
    Il y a également les compétences des entraîneurs qui peuvent être à considérer. Notre système de hockey mineur souffre d'une absence de structure. Chacun se débrouille à sa façon. Tous s'efforcent de gagner, coûte que coûte. C'est la mentalité qui prévaut ici. Je vais comparer à nouveau avec l'Europe, mais qu'on ne s'y trompe pas, j'ai davantage le Canada à coeur que bien des Canadiens eux-mêmes. Les Européens essaient de tirer le maximum de chaque joueur parce qu'ils savent qu'ils ne peuvent d'aucune manière se permettre de gaspiller quelque talent que ce soit.
    Je crois que les Canadiens ont trop tendance, tous sports confondus, à s'asseoir sur leurs lauriers. Personne ne veut remettre les acquis en question pour voir comment on pourrait encore s'améliorer. On discute de bien des choses, mais jamais de ce qui pourrait être fait concrètement.
    Pour en revenir plus particulièrement au hockey mineur, je pense que nous pourrions instaurer un système où l'on demanderait à une personne très compétente d'établir une structure pour le hockey peewee ou atome, par exemple, et d'informer les parents et les joueurs du rôle qu'ils auront à remplir et de la manière dont les choses vont fonctionner. Tous les plans des exercices seraient ainsi établis en mettant sans cesse l'accent sur les compétences jusqu'à la fin du bantam, par exemple. Arrivé chez les midgets, vous jouez sous les ordres d'un personnel d'entraîneurs extrêmement qualifiés à ce niveau et vous avez accès à tous les outils nécessaires pour que votre talent s'exprime vraiment.
    C'est ce qui manque dans la structure en place. Si l'on pouvait faire évoluer les choses en ce sens... Il s'agit de consentir les investissements voulus pour que les jeunes puissent bénéficier d'entraîneurs compétents.
    Nous pourrions discuter longtemps de tout ce scénario et de ses différentes manifestations ici et là, mais que pouvons-nous faire concrètement? J'estime que toute la structure du hockey mineur, tout au moins en Alberta, car je ne sais pas comment les choses se passent ailleurs, souffre d'un manque de connaissances et d'intégration de telle sorte que les joueurs de talent puissent passer à un niveau supérieur lorsqu'ils sont aptes à le faire.

  (1630)  

    Merci beaucoup.
    Je crois que je n'ai plus de temps, mais je vous suis reconnaissant pour cette réponse.
    Merci à vous, messieurs Makela et Lafontaine.
    Je pense que nous aurions pu prolonger cette rencontre pendant des heures. Vous nous avez transmis une tonne de précieux renseignements. Nous devons toutefois accueillir un autre groupe de témoins à compter de 16 h 30.
    Je vous remercie donc tous les deux pour votre contribution à notre étude.
    Nous allons prendre une pause d'environ trois minutes avant d'accueillir notre prochain groupe.
    Merci.

  (1630)  


  (1635)  

    Nous allons reprendre.
    Bienvenue à nos deux témoins, M. Chuck Toth, commissaire aux sports pour la Regina High Schools Athletic Association; et M. Clive Tolley, mentor pour les entraîneurs au niveau régional-provincial au sein de la Saskatchewan Hockey Association. Ils participent tous les deux à la séance via vidéoconférence à partir de Regina (Saskatchewan).
    Nous vous souhaitons la bienvenue au Comité du patrimoine dans le cadre de notre étude sur la situation des entraîneurs dans le sport amateur au Canada.
    Comme vous avez pu l'entendre, vous aurez chacun l'occasion de nous faire une déclaration préliminaire. Les membres du comité profiteront ensuite du temps qu'il restera pour vous poser leurs questions.
    Nous allons commencer avec M. Toth.
    Vous avez la parole.
    Je suis commissaire responsable des sports dans les écoles secondaires de Regina. Je représente ainsi les écoles séparées, publiques, privées et francophones de notre ville. Le district de Regina est l'un des 14 dans la province. Il relève principalement de la Saskatchewan High Schools Athletic Association (SHSAA), l'instance provinciale.
    La SHSAA est responsable de l'administration et de l'organisation du sport scolaire dans les commissions scolaires participantes. Parmi ces principes directeurs, notons l'engagement envers l'amateurisme, le bien-être de l'athlète étudiant, l'égalité entre les sexes, l'esprit sportif, la diversité culturelle et l'expérience sportive globale. Ces principes guident les processus décisionnels et administratifs de l'association qui a pour devise « l'éducation par le sport ».
    Le district de Regina regroupe 18 écoles secondaires. Il y a également trois écoles de l'extérieur de la ville qui nous sont adjointes. Notre association de district administre des ligues compétitives et des séries éliminatoires dans 11 sports. Bon nombre de nos équipes féminines et masculines évoluent dans des ligues pour 16 ans et plus et pour 15-16 ans.
    Ce sont des enseignants qui agissent comme entraîneurs pour la plupart de nos équipes. Un certain nombre d'entre elles sont toutefois dirigées par des gens qui ne font pas partie de notre personnel, surtout des parents, mais aussi d'autres membres de la collectivité. Je dirais que les enseignants comptent sans doute pour 75 % de nos entraîneurs.
    C'est à peu près l'aperçu que je peux vous donner de notre organisation.
    Merci.
    Nous passons à M. Tolley.
    Je suis l'un des sept mentors pour entraîneurs au niveau régional-provincial au sein de la Saskatchewan Hockey Association. Ces postes ont été créés au cours des deux dernières années. Nous sommes des bénévoles qui touchons une rétribution au titre de nos dépenses pour faire le lien entre la Saskatchewan Hockey Association, l'instance régissant le hockey dans notre province, et les centaines d'associations du hockey mineur en Saskatchewan.
    Tous les entraîneurs de hockey mineur de notre province sont des bénévoles, et nous souhaitons leur offrir un soutien auquel ils n'ont jamais eu accès auparavant. Ainsi, lorsqu'un entraîneur se sent isolé, il sait qu'il peut communiquer avec nous pour obtenir du mentorat.
    Les sept mentors de la province relèvent du gestionnaire responsable du perfectionnement des entraîneurs au sein de la Saskatchewan Hockey Association. Nous travaillons pendant toute l'année pour offrir aux entraîneurs la formation, le soutien et le mentorat dont ils ont besoin.
    Nous assurons la liaison en mettant tout en oeuvre pour que les entraîneurs de notre province aient la possibilité de parfaire leurs compétences de telle sorte que nos jeunes hockeyeurs puissent vivre une expérience à la fois agréable et formatrice.

  (1640)  

    Merci pour vos déclarations préliminaires.
    Nous passons maintenant aux questions des membres du comité.
    Nous débutons avec M. Boughen.
    Merci, monsieur le président.
    Mes salutations à nos témoins; bienvenue à vous deux. Nous vous sommes reconnaissants de prendre le temps de nous faire part de vos réflexions sur le travail d'entraîneur et les mesures à prendre à cet égard dans différents sports.
    J'aimerais d'abord, Clive, que vous nous parliez du transfert des compétences.
    Il y a quelques semaines, j'observais un jeune d'une dizaine d'années jouer au basketball. Il réussissait des manoeuvres tout à fait fantastiques grâce à son jeu de pieds et à sa vitesse. J'ai découvert qu'il était en fait un joueur de soccer et que les habilités acquises dans ce sport le servaient fort bien sur un terrain de basket.
    Pourriez-vous nous en dire plus long au sujet des possibilités offertes par un transfert de compétences semblable de telle sorte que nos jeunes puissent, au lieu de jouer au baseball 12 mois par année, pratiquer à la fois le baseball, le soccer, un brin de basket et le hockey en hiver? Comment pouvons-nous faire en sorte que cela soit possible?
    Clive, voulez-vous d'abord essayer de me répondre?
    Merci Ray, c'est bon de vous entendre.
    Dans le cadre du programme national de certification des entraîneurs, on préconise vraiment le développement à long terme des jeunes athlètes dans une perspective multisports. Du côté du hockey, nous sommes grandement favorables à cette orientation. Nous pensons que les jeunes devraient pratiquer le plus de sports possible au cours d'une saison. Si l'on prend l'exemple d'un athlète auquel on aurait auparavant demandé de choisir entre le basketball et le hockey, il est peut-être possible pour ses entraîneurs de s'entendre de manière à permettre au jeune de faire les deux en même temps. Nous appuyons sans réserve les initiatives qui visent le développement de jeunes athlètes d'abord et de spécialistes ensuite.
    Il y a différents programmes de hockey printanier qui ne font pas partie de la saison hivernale habituelle. Ces programmes vont perdurer parce que les parents tiennent absolument à ce que leurs enfants puissent jouer plus longtemps, faire d'autres voyages et vivre toutes les expériences qui en résultent.
    Pour ma part, à la fin de la saison de hockey, je préfère voir les jeunes dehors à jouer au baseball, au soccer, à la crosse et à toutes sortes d'autres sports. Au niveau du hockey, nous avons à coeur le développement à long terme de jeunes athlètes et pas uniquement le perfectionnement de leurs compétences en hockey.
    Merci, Clive.
    Chuck, qu'en dites-vous?
    La situation est un peu différente pour le sport dans les écoles secondaires. Je crois qu'il y a des distinctions importantes à faire entre le sport scolaire à proprement parler, comme celui pratiqué dans les écoles secondaires, et les programmes offerts dans la collectivité, qu'il s'agisse de hockey, le domaine de Clive, ou de toute autre équipe civile, comme nous les appelons, de volley-ball, de basket ou de baseball, par exemple.
    Le sport scolaire a des saisons bien définies. Il y a des sports d'automne, d'hiver et de printemps, sans aucun chevauchement. Il est donc important pour les écoles secondaires de faire exactement ce que vous préconisez, à savoir de développer des athlètes multisports qui acquièrent des compétences transférables d'une discipline à l'autre. À la fin de l'automne, nous voyons ainsi à ce que la saison de basket ne débute pas avant que les activités du football provincial soient terminées, et nous en faisons de même pour les autres sports pendant le reste de l'année. C'est un élément fondamental du sport scolaire.

  (1645)  

    Si l'on pense à nos athlètes d'élite, au programme À nous le podium et aux Olympiques, on peut se demander si les autres sports vont finir par rattraper le hockey.
    Lorsqu'on découvre un talent pour le hockey chez un jeune de 12 ou 13 ans, il doit très rapidement quitter sa petite ville de la Saskatchewan pour aller pratiquer son sport à Kamloops, par exemple. Il fait désormais partie de cette grande communauté du hockey qui l'oblige à s'expatrier et à être élevé en quelque sorte par des parents de remplacement. Cela étant dit, il ne faut rien enlever à la compétence des entraîneurs qui s'occupent de nos jeunes d'âge junior dans l'Ouest du pays, et en fait dans l'ensemble du Canada.
    Est-ce que les autres sports vont emboîter le pas au hockey en adoptant une stratégie semblable, ou devrions-nous plutôt procéder de manière différente? Comment doit-on s'y prendre pour former des athlètes d'élite?
    Je pense que notre supériorité évidente est partiellement attribuable à notre culture — les membres du comité et vous n'en serez certainement pas étonnés. Les athlètes canadiens considèrent le hockey comme l'objectif ultime et sont nombreux à vouloir l'atteindre.
    Hier, j'étais à la patinoire avec un grand-père et son petit-fils de quatre ans qui faisaient des courses et échangeaient des tirs sur la glace. Or, on voit rarement un grand-père et son petit-fils jouer au basketball, au soccer ou au baseball. Je pense que l'arrivée d'immigrants des quatre coins du monde animés d'une passion culturelle pour d'autres sports aidera considérablement le Canada à développer différentes disciplines.
    Je pense que nous pouvons proposer l'ensemble des options aux enfants pour que ceux qui se passionnent pour le basketball, le baseball ou le soccer puissent se déplacer pour jouer, un peu comme dans le milieu du hockey.
    J'aimerais revenir sur l'entraînement de hockey tout au long de l'année. Comme vous l'avez dit, il est vrai que les compétences acquises au soccer se transfèrent extrêmement bien au hockey. Je pense qu'il faut offrir à tout le monde l'occasion de jouer à l'ensemble des sports. On peut ensuite identifier ceux qui sont particulièrement doués et les envoyer en camp d'entraînement de niveau élite dès l'âge de 12 à 15 ans, s'ils souhaitent ardemment se dépasser et sélectionner un sport, peut-être. Le hockey n'est pas le seul sport qui leur ouvre ce genre de possibilités.
    Qu'en pensez-vous, Chuck? Faut-il avoir recours à une technique particulière pour entraîner les jeunes au secondaire? Nous savons que certains font preuve de maturité bien avant d'autres et ont plus d'habiletés athlétiques que d'autres. Faut-il orienter les jeunes portés sur l'athlétisme vers un autre niveau? Qu'en pensez-vous?
    J'aimerais brièvement revenir sur une chose dont Clive a parlé. Je remarque une différence entre le hockey et les sports de niveau secondaire, à savoir que ces derniers ne mettent pas l'accent sur les athlètes exceptionnels, mais plutôt sur l'expérience. On privilégie les athlètes multisports et le développement de l'ensemble des compétences.
    J'ai participé à plusieurs conférences de moniteurs de sports aux États-Unis. Ce qui compte pour eux... C'était d'ailleurs un des thèmes des séances auxquelles j'ai assisté: il était question de ce qu'ils recherchent. Préfèrent-ils un athlète exceptionnel ou quelqu'un d'une grande polyvalence? En fait, ils s'entendaient généralement pour dire que les athlètes expérimentés sont ceux à qui ils préfèrent remettre les bourses d'études américaines. Les athlètes essaient donc d'obtenir des bourses aux États-Unis.
    La situation est différente au Canada puisque le hockey est l'objectif, la cible. L'athlète continue à gravir les échelons en espérant... Tout le monde rêve de voler la vedette dans la LNH. Or, les jeunes Canadiens peuvent difficilement caresser le même rêve au basketball. Que faire? Les occasions de pratiquer ce sport sont limitées après le secondaire, tandis que les joueurs de hockey peuvent continuer à évoluer dans différentes ligues. Il n'y a pas de basketball professionnel. En fait, bien des jeunes voient les camps de hockey du même oeil que les camps de basketball, comme Clive l'a dit. Par exemple, ils peuvent jouer au volleyball 12 mois par année dans l'espoir d'obtenir une bourse d'études aux États-Unis. C'est leur objectif.
    Je pense qu'il en va de même avec le hockey. Les jeunes veulent atteindre le niveau suivant. Mais ceux qui pratiquent d'autres sports, surtout au secondaire, ne pourront pas dépasser le niveau universitaire, et ils rêvent tous de la bourse américaine.

  (1650)  

    Merci, monsieur Boughen.
    La prochaine intervenante est Mme Boutin-Sweet, qui aura sept minutes.

[Français]

    Bonjour messieurs.
    Nous avons commencé l'étude lundi dernier. Or en parlant de l'entraînement sportif chez les jeunes enfants, j'ai été très surprise de constater que quatre des cinq témoins trouvaient préférable de diminuer voire d'abolir la compétition. Si je ne pratique pas de sport aujourd'hui, c'est parce que je n'aime pas la compétition. S'il y avait eu moins de compétition, je ferais peut-être du sport aujourd'hui. Je suis certaine de ne pas être la seule dans ce cas. Les témoins mettaient un peu plus l'accent sur l'idée de développer des talents plutôt que la compétition, de développer l'enfant sur le plan sportif et de l'aider à apprendre plutôt que d'opter pour la compétition.
     Monsieur Toth, vous avez parlé de « multi-sport athletes ». Je pense que vos propos allaient également dans ce sens.
    Que pensez-vous de l'idée de retirer la compétition de l'entraînement sportif chez les jeunes enfants?
     L'un ou l'autre d'entre vous peut me répondre.

[Traduction]

    Puis-je commencer?
    La question s'adressait à vous, pas à moi.
    Je pensais que vous posiez la question à Clive.
    En fait, je vais lui couper l'herbe sous le pied et parler un peu de hockey. Un de mes amis, Drew Callander, a joué il y a longtemps pour les Pats de Regina. Il était important dans le monde du hockey. Il a dit une chose il y a des années que je n'ai jamais oubliée en parlant d'une école de hockey qu'il a fréquentée à Calgary et qui avait été fondée par des joueurs russes: il m'a confié qu'un jeune a très peu d'occasions, pendant une partie, de passer ou de recevoir la rondelle, et de tirer au filet. Ainsi, ce n'est pas pendant les matchs que les joueurs acquièrent des compétences puisqu'ils ne tirent au filet qu'à deux ou trois occasions, et qu'ils ne reçoivent la rondelle qu'une demi-douzaine de fois.
    J'aimerais personnellement qu'on laisse plus de place à la pratique, car ces compétences s'acquièrent davantage dans ce contexte que pendant un match, selon moi. Avoir moins de compétition peut donc être bénéfique.
    Le problème, c'est que bien des entraîneurs veulent absolument jouer des parties pour diverses raisons — j'ai mon opinion sur certaines d'entre elles. Je trouve que certains de nos sports privilégient trop les matchs au détriment des pratiques. Au secondaire, il peut y avoir trois pratiques de basketball pour chaque partie, mais certains estiment que ce ratio ne suffit pas à développer des compétences. Je m'inspire ici de l'école de hockey dont j'ai entendu parler.

[Français]

    Avant que vous répondiez, j'aimerais mentionner que ces personnes parlaient de la possibilité que l'enfant exerce plusieurs sports plutôt qu'un seul.
    Allez-y, monsieur Tolley.

[Traduction]

    C'est ce que nous essayons de faire dans le milieu du hockey. L'ensemble du programme de hockey repose sur des entraîneurs bénévoles, et les parents jouent un rôle essentiel à sa réussite. Lorsqu'un enfant commence à jouer au hockey à l'âge de quatre, cinq ou six ans, nous organisons une rencontre avec les parents pour essayer de leur faire voir le hockey du même oeil que toute autre activité sportive ou culturelle. On inscrit son enfant à des cours de musique parce qu'on veut qu'il apprenne cette discipline et en profite toute sa vie. C'est donc pour les mêmes raisons qu'on inscrit son enfant au hockey ou dans un sport. À l'âge de quatre, cinq ou six ans, les parents semblent y croire et accepter que leur petit soit là pour acquérir des compétences et avoir du plaisir. Le jeu n'est pas compétitif, et tout le monde y participe pour les bonnes raisons.
    Au fil des ans, le sport devient de plus en plus compétitif et exigeant pour une raison ou pour une autre, mais nous continuons à maintenir que l'objectif est la forme physique, le plaisir et la santé, et qu'on peut pratiquer le sport durant toute sa vie. Je suis dans la soixantaine, et je joue au hockey avec des vétérans. Nous sommes nombreux à apprécier la camaraderie, la mise en forme et le plaisir que nous offre le sport. Nous essayons d'inculquer ce genre de raisonnement dans les programmes pour les débutants.
    De plus, nous utilisons divers outils lors des pratiques de recrutement, que nous appelons des programmes d'initiation. Nous ne nous limitons pas aux bâtons de hockey et aux rondelles. Nous nous servons de ballons de soccer, que les joueurs doivent frapper avec leurs mains ou leurs pieds, et disposons des obstacles à contourner, enjamber ou traverser. Nous essayons de former des athlètes à part entière. Nous tentons de développer une attitude saine chez les joueurs et les parents. Nous voulons amener les jeunes à jouer toute leur vie. Si certains ont quelque peu l'esprit de compétition et souhaitent devenir des joueurs de haut niveau, ils se démarqueront plus tard à l'adolescence. Quoi qu'il en soit, nous voulons offrir suffisamment de programmes pour que chacun y trouve son compte.
    Il faut toute une gamme de programmes compétitifs de haut niveau et de programmes récréatifs pour que les joueurs qui n'ont pas l'esprit de compétition n'aient pas à abandonner tôt ou tard. Ils doivent pouvoir jouer toute leur vie.

  (1655)  

[Français]

    Ma deuxième question est différente.
     Monsieur Toth, vous avez parlé de l'égalité des genres au sein des programmes dans lesquels vous travaillez et du fait que les filles — qui font normalement moins de sport que les garçons — y ont autant de chances que ces derniers. Il y a certains sports où les garçons sont plus nombreux et d'autres où ce sont les filles qui sont en plus grand nombre.
    Les entraîneurs sont-ils en mesure de faire face au sexisme ainsi qu'à l'intimidation d'un sexe ou de l'autre?

[Traduction]

    Je vais essayer de répondre à la question que j'ai cru comprendre. Je pense que l'avantage de l'école secondaire, c'est que ce sont des enseignants qui entraînent les jeunes. Grâce au volet éducatif, ils peuvent souvent appliquer sur le terrain de jeu ce qu'ils apprennent en classe.
    À vrai dire, je pense que les professeurs qui entraînent et les entraîneurs qui enseignent sont les mieux outillés.
    Les compétences acquises en classe sur la façon d'agir avec les deux sexes sont transférables au terrain de jeu, d'une certaine façon.
    Est-ce qu'on enseigne comment entraîner des filles et des garçons? Non, et j'ai l'impression que personne ne le fait. C'est une question d'expérience. J'ai connu les deux mondes puisque j'ai entraîné des équipes de basketball féminines et des équipes de football. Il faut parfois traiter les jeunes différemment, mais pas toujours.
    Merci, madame Boutin-Sweet.
    Monsieur Simms, vous avez sept minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Messieurs, je vous remercie d'être avec nous. J'ai posé des questions aux deux ou trois derniers témoins sur le rôle des écoles secondaires, car c'est probablement là que les jeunes qui viennent de petites collectivités et qui souhaitent pratiquer un sport de niveau d'élite pourront démontrer l'étendue de leur talent.
    Monsieur Toth, disons qu'un jeune de 12 ans est très doué dans un sport, comment faites-vous pour que les instructeurs puissent le reconnaître? Quelle est l'étape suivante?
    Je ne sais pas trop combien un tel talent peut se révéler en éducation physique. Je ne pense pas que les cours mettent nécessairement l'accent là-dessus, puisqu'ils favorisent plutôt la forme, la participation et la pratique d'activités physiques à long terme. Prenons l'exemple d'un sexagénaire comme Clive qui joue encore au hockey.
    À mon avis, l'objectif des cours d'éducation physique est d'introduire les jeunes au plus grand nombre de sports possible. Les cours crédités présentent une grande variété d'activités que le jeune peut pratiquer à long terme et pour le reste de sa vie...
    Qu'en est-il des sports en milieu scolaire?
    Dans le cas des sports scolaires, si l'entraîneur, qui n'est pas nécessairement professeur d'éducation physique... Et c'est important: je connais de nombreux entraîneurs, mais ils ne sont pas tous professeurs d'éducation physique. Un des meilleurs entraîneurs de football que je connaisse est professeur d'anglais. Ainsi, la responsabilité n'incombe pas uniquement aux professeurs d'éducation physique; les entraîneurs sont des gens qui s'intéressent au sport et veulent transmettre leurs connaissances aux jeunes.
    Il est vrai que c'est plus facile en milieu urbain puisque les jeunes sont plus exposés. En revanche, il existe un lien entre l'athlétisme de niveau secondaire et les organismes directeurs de sport. En Saskatchewan, par exemple, les organismes directeurs du basketball ou du football organisent des camps de recrutement pour identifier les athlètes exceptionnels. Si un jeune athlète d'une petite municipalité de la Saskatchewan est particulièrement doué, il aurait intérêt à participer à ce genre de camp pour se mesurer aux autres de la province.

  (1700)  

    Je vous remercie, monsieur Toth. Vous jetez la lumière sur une question que je pose depuis un moment déjà.
    Monsieur Tolley, j'ai pu constater que la rétention des entraîneurs bénévoles est un problème majeur, surtout au hockey, mais dans les autres sports aussi — même si mon expérience n'a manifestement rien à voir avec celle de la plupart d'entre vous. Ils démissionnent en raison d'un incident malencontreux ou par manque de temps, entre autres. À votre avis, pourquoi est-il si difficile de garder des entraîneurs bénévoles talentueux et dévoués?
    C'est un problème qui revient pratiquement tous les jours. Presque tous les entraîneurs de hockey mineur sont des parents. Même si ce n'est pas toujours le cas, la plupart ont déjà joué au hockey, et certains ont même atteint un niveau d'élite dans la LNH. Ils ont décidé de retourner dans leur ville natale canadienne pour avoir une famille, par exemple, et leur enfant a maintenant quatre, cinq ou six ans. Ce peut être une fille ou un garçon. D'ailleurs, le nombre d'inscriptions féminines a nettement augmenté, et le programme est très dynamique. Il s'agit donc de parents qui décident de participer et de devenir entraîneurs puisqu'ils ont déjà pratiqué le sport et qu'ils souhaitent transmettre leurs connaissances.
    Un des obstacles — et j'ignore pour l'instant comment le surmonter, mais nous pouvons explorer des solutions —, c'est qu'il faut vérifier les antécédents judiciaires de tout entraîneur qui accompagne nos enfants sur la glace. Ceux-ci doivent également recevoir une formation de base à titre d'entraîneurs. Par exemple, ils doivent suivre un cours d'introduction au rôle d'entraîneur pour s'occuper des enfants de quatre, cinq et six ans, qui porte naturellement sur l'enseignement d'habiletés techniques de base telles que patiner, manier la rondelle, faire des passes et tirer au filet. Tout entraîneur doit recevoir cette formation avant de pouvoir aller sur la glace.
    Ils doivent également suivre le cours « Dis-le » pour savoir comment réagir dans ce genre de situation. Nous leur demandons donc, avant même qu'ils...
    Pardonnez-moi de vous interrompre, monsieur Tolley.
    Ai-je bien compris le cours « Dis-le »?
    Oui. Tout entraîneur de hockey canadien doit suivre ce programme, qui montre comment se protéger et comment protéger les enfants en matière de mauvais traitements et de violence sexuelle. C'est la norme pour être certains que les programmes demeurent sécuritaires et sains pour tout le monde.
    Bien.
    Je conviens qu'il est absolument essentiel de vérifier ce genre d'antécédents. J'aimerais vous poser la question suivante à tous les deux: avez-vous du mal à obtenir ces vérifications rapidement en cas de doute, si le nom d'un bénévole ressemble à celui d'un criminel, par exemple?
    Je ne suis au courant d'aucun problème pour l'instant. La vaste majorité de nos entraîneurs sont, me semble-t-il, de bonnes personnes animées de nobles intentions. Nous avons des moyens de déceler quiconque pourrait être susceptible d'avoir un mauvais comportement ou attitude.
    Là où je veux en venir, c'est que nous avons établi de nombreuses exigences pour les entraîneurs bénévoles qui doivent y consacrer temps et argent, et ce, avant même d'embarquer sur la patinoire. Lorsqu'ils se retrouvent sur la glace, ils doivent porter un casque protecteur, un survêtement, des gants de hockey; avoir un bâton et des patins. Nous demandons donc aux parents qui veulent devenir entraîneurs bénévoles d'engager ce genre de dépenses.
    Le hockey mineur canadien n'existerait pas sans les entraîneurs bénévoles. Si nous devions payer chacun d'entre eux, le système s'écroulerait tout simplement. Ça ne fonctionnerait plus.
    Quelles sont les mesures à prendre? Nous pourrions notamment offrir à ces entraîneurs bénévoles des stages de perfectionnement plus intéressants. Nous pourrions demander à des spécialistes d'autres pays ou des ligues professionnelles d'animer ces stages et choisir certains entraîneurs bénévoles pour participer à des stages de perfectionnement à l'étranger. Nous pourrions peut-être collaborer avec les fabricants d'équipement pour obtenir gratuitement les casques, les patins, les bâtons, les gants et les survêtements des entraîneurs bénévoles.
    En Saskatchewan, nous essayons de rendre plus attrayants les stages de perfectionnement destinés aux joueurs et aux entraîneurs. Nous voulons que les entraîneurs bénévoles y aient du plaisir à apprendre les habiletés qu'ils pourront enseigner aux enfants ultérieurement.

  (1705)  

    Messieurs, je vous remercie infiniment.
    Merci, monsieur Simms.
    Je cède maintenant la parole à M. Richards, qui dispose de sept minutes.
    Monsieur Tolley, je commencerai par vous pour les questions sur le hockey. Parmi les témoins précédents, il y avait Mikko Makela, qui entraîne des hockeyeuses à Warner, en Alberta.
    Je vous adresse la même question que je lui ai posée, parce que je me rends compte que, selon la documentation que nous avons, vous avez été l'entraîneur de l'équipe nationale de hockey turque.
    Est-ce exact?
    C'est effectivement le cas.
    Je voudrais que vous nous racontiez brièvement comment cela est arrivé, si vous êtes prêt à nous en faire part. Cependant, la question que je veux vous poser est la même que celle que j'ai adressée à M. Makela.
    Vous avez acquis une certaine expérience dans un autre pays. J'aimerais savoir comment vous comparez le hockey qui s'y joue au nôtre. Autrement dit, pouvons-nous apprendre quelque chose d'utile de cette expérience acquise à l'étranger, notamment sur le plan de la certification, des compétences ou de tout autre aspect des programmes de hockey de ce pays? C'est peut-être le contraire cependant. Avez-vous constaté des choses différentes qui se font à l'étranger et que nous n'avons pas reprises, heureusement?
    Pouvez-vous établir une distinction entre les deux pays sur le plan de la certification des entraîneurs et le contenu du programme d'enseignement du hockey?
    Hockey Canada est un chef de file mondial dans la formation et le perfectionnement des entraîneurs. Je suis devenu l'entraîneur de l'équipe nationale turque notamment parce que le président de la Fédération turque de hockey assistait aux réunions de la Fédération internationale de hockey sur glace avec des représentants canadiens et voulait savoir ce qu'il devait faire pour rendre le hockey turc semblable au nôtre, qui est considéré comme le meilleur au monde.
    J'ai été embauché parce que j'ai beaucoup d'expérience non seulement comme entraîneur, mais également dans la formation des entraîneurs. Je donne des stages aux entraîneurs. Mon travail était polyvalent en Turquie. Je disposais de cinq entraîneurs adjoints pour chacune des quatre équipes nationales que je dirigeais. Je devais être leur mentor. Parallèlement, j'étais responsable du niveau un, ce que nous appelons au Canada le niveau des entraîneurs. Je donnais des stages aux entraîneurs de hockey de concert avec l'université.
    Au Canada par exemple, vous avez besoin d'un samedi pour donner un stage de niveau un, ce que nous appelons le niveau des entraîneurs. En Turquie, ce stage dure une semaine complète, et nous y abordons la culture du sport dans ce pays. De plus, des conférences sont prévues à l'université, et nous avons même accueilli un entraîneur des gardiens de buts américain. On traite beaucoup plus d'aspects dans les stages en Turquie qu'ici au Canada.
    J'ai appris avec intérêt que la Fédération internationale de hockey sur glace avait acheté tous les programmes canadiens de formation des entraîneurs, c'est-à-dire tout ce qui me permet de donner un stage à Regina en Saskatchewan. Cependant, le stage est beaucoup plus détaillé et dure plus longtemps en Turquie.
    La Turquie voulait copier le modèle canadien en utilisant les livres et les méthodes de la Fédération internationale de hockey sur glace. Ces livres et ces méthodes sont entièrement canadiens. C'était la raison de ma présence en Turquie.
    À mon avis, nous avons obtenu des résultats fructueux, car la Turquie est passée du 43e au 37e rang au monde. C'est pourquoi on considère que le Canada est un chef de file. Je ne pense pas que nous devrions modifier beaucoup d'aspects à notre programme de formation des entraîneurs ou à nos méthodes. Ce qui est intéressant, c'est de comparer le hockey canadien au soccer turc, qu'on appelle le football là-bas. Le soccer déclenche les passions les plus folles dans ce pays. Tous les enfants jouent au soccer dans la rue, la ruelle ou les terrains de stationnement, comme le font nos jeunes Canadiens pour le hockey.
    C'était intéressant. J'étais l'entraîneur de l'équipe des moins de 18 ans. Les joueurs lançaient en direction du gardien de but. Lorsqu'ils manquaient le filet, ils rebroussaient chemin. Je leur ai demandé: « Qu'est-ce que vous faites? » Ils m'ont répondu: « Nous avons manqué le filet. » Ils pensaient qu'ils jouaient au soccer et que le gardien de but devait sortir la rondelle de la zone.
    Les Turcs, qui aiment beaucoup le hockey, adoptent maintenant le modèle canadien. Ils utilisent les méthodes d'entraînement canadiennes. Ils essaient de nous imiter et de transmettre au hockey la passion qu'ils ont pour le football. Dans une certaine mesure, ils y réussissent. Ils ont construit un certain nombre d'arénas et ils ont formé beaucoup plus d'entraîneurs.
    Quelle leçon pouvons-nous en tirer pour nous? Cela nous rappelle toute la passion que nous vouons au hockey et pourquoi nous continuons d'occuper le premier rang au monde pour ce sport.

  (1710)  

    Merci infiniment.
    Combien de temps me reste-t-il?
    Il vous reste une minute, 20 secondes.
    Très bien. Je pense que je pourrai seulement poser l'une des deux questions que je voulais vous adresser.
    Monsieur Toth, j'aurais voulu vous en poser à vous également, mais je crois que nous n'en aurons pas le temps.
    Il y a une idée que j'ai fait valoir l'autre jour à d'autres groupes de témoins... On m'a signalé quelques exemples de programmes de hockey où des entraîneurs professionnels... L'autre jour, plusieurs groupes de témoins ont abordé notamment la question des tout jeunes joueurs. Il faut que les entraîneurs les plus qualifiés prennent en charge ces jeunes joueurs, de sorte que, lorsqu'ils atteindront les niveaux supérieurs, ils auront acquis les compétences de base.
    Je ne sais pas si en Saskatchewan — peut-être le savez-vous? — il y a des villes qui engagent un entraîneur professionnel pour encadrer tous les niveaux où l'on retrouve les entraîneurs bénévoles, des parents. Cet entraîneur professionnel dirige la majorité des entraînements et assiste aux matchs dans la mesure du possible. Les entraîneurs bénévoles, les entraîneurs adjoints, relèvent de lui. C'est l'une des façons... de reconnaître la réalité canadienne: il y a des milliers d'entraîneurs qui ne sont nullement des entraîneurs professionnels. Cependant, on essaie d'utiliser ce modèle d'encadrement des entraîneurs bénévoles, des parents, par un entraîneur professionnel.
     Selon vous, est-ce une solution viable et utile pour nous?
    Il vous reste cinq secondes.
    Nous reconnaissons que le modèle ne sera pas efficace pour chaque localité. C'est fructueux pour certaines. Cependant, nous avons su adopter le programme de mentorat des entraîneurs pour atteindre le même objectif d'une façon différente. Nous nous rendons dans les divers endroits pour enseigner la façon de tenir un entraînement pour ces jeunes hockeyeurs. Il y a un écart énorme entre montrer à patiner à un jeune de 4, 5 ou 6 ans et enseigner à un hockeyeur de 16 ans à faire une feinte avec le bout de son bâton. Nous essayons de transmettre les compétences aux entraîneurs qui à leur tour montrent les habiletés fondamentales aux jeunes. Il n'est pas nécessaire d'être un entraîneur professionnel à ce niveau. Il suffit de bien comprendre les compétences de base pour montrer à patiner et à dribbler. Il faut suivre les exemples d'exercices que nous avons élaborés.
    Madame Sellah.
    Chaque intervenant dispose maintenant de cinq minutes.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Tout d'abord, j'aimerais remercier les témoins qui sont présents par l'entremise de la vidéoconférence.
     Je ne suis pas membre de ce comité; je remplace mon collègue Pierre Nantel. Je suis membre du Comité permanent de la santé. Par contre, je suis une ancienne sportive internationale. J'ai toujours aimé les sports collectifs. Je faisais du hand-ball. Mes enfants sont nés ici et quand j'ai voulu les intéresser au sport, parce que je considérais cela très important, j'ai malheureusement découvert qu'en sport amateur, c'était des parents qui étaient bénévoles. Mes filles ont commencé à faire du soccer. Je les y ai un peu forcées. Toutefois, j'ai trouvé qu'il y avait un problème concernant ces bénévoles et j'en ai été étonnée. En effet, quand on dit bénévole, on dit instabilité. Or selon moi, développer les capacités des gens pour qu'ils atteignent un niveau professionnel nécessite un suivi depuis la base.
    J'aimerais savoir quelles mesures le gouvernement fédéral a prises au cours des dernières années pour tenter de trouver des entraîneurs amateurs.
    J'ai été sportive dans mon pays d'origine également. Le bassin, qui était surtout le milieu scolaire, a produit des athlètes de niveau international. Je n'ai pas pu aborder cette question parce que je n'ai pas eu l'occasion de parler aux deux témoins, mais je dois dire que même si c'était les entraîneurs amateurs qui formaient les athlètes à la base, ceux qui en récoltaient les fruits étaient les entraîneurs professionnels à un niveau international. Or j'ai trouvé que cette situation était injuste pour certains entraîneurs amateurs.
     J'aimerais donc savoir ce qu'on demande d'un entraîneur professionnel, d'une part, et d'un entraîneur amateur, d'autre part. La question s'adresse à vous deux.
    Merci.

  (1715)  

[Traduction]

    Si je compare le terme « amateur » au terme « professionnel », je vois des signes de dollars. L'entraîneur amateur ne gagne rien, tandis que l'entraîneur professionnel est rémunéré.
    Il n'y a aucun entraîneur professionnel dans les écoles secondaires. Quelqu'un a posé une question sur le maintien en fonctions des entraîneurs. C'est là un des problèmes. Lorsque l'entraîneur est un enseignant, il reste après les heures de classe pour entraîner l'équipe de basketball, de football, de volley-ball ou d'un autre sport, sans toucher un cent de plus que l'enseignant qui quitte l'école à 15 h 30. C'est ce qui pose problème. Clive a parlé du maintien en fonctions des entraîneurs. Il est difficile de fidéliser les entraîneurs dans les écoles secondaires. Il y a un certain taux de roulement. C'est, je crois, ce que vous avez voulu dire en utilisant le terme « instabilité ».
    Clive a également indiqué qu'il n'est pas nécessaire d'être un entraîneur professionnel pour être un entraîneur de hockey compétent dans une école secondaire. Il faut quelqu'un qui... Je le répète, j'étais un professeur de mathématiques, ce qui ne veut pas dire qu'on n'aurait pas pu me demander d'enseigner les sciences, et c'est ce qui m'est arrivé. Savez-vous quoi? Comme professeur, vous apprenez par vous-même suffisamment pour pouvoir enseigner. Et c'est la même chose dans les sports. Supposons que je suis un entraîneur de badminton, sans être un joueur de badminton. Je peux trouver suffisamment de renseignements pour montrer aux jeunes les compétences de base qui leur permettront de s'améliorer suffisamment pour adhérer à une équipe, notamment. Je peux les aider à trouver cette équipe de badminton ou de volley-ball, entre autres.
    Je n'ai pas nécessairement besoin d'être un entraîneur professionnel. Et c'est ce qui se passe lorsque vous comptez sur des bénévoles.
    Me reste-t-il du temps?
    Il vous reste 20 secondes.
    Je demanderai à M. Clive s'il souhaite formuler des commentaires sur cette question.
    Je suis essentiellement d'accord. Nous essayons de donner à nos entraîneurs bénévoles les compétences pour qu'ils enseignent les habiletés fondamentales afin que les jeunes s'initient à notre sport et puissent se perfectionner en ayant beaucoup de plaisir. C'est, selon nous, ce que nous pouvons enseigner à ces entraîneurs. Au niveau de l'élite, il faut compter sur des entraîneurs professionnels très bien formés, ce qui n'est pas nécessaire avec les débutants.
    Merci, madame Sellah.
    Nous entendrons maintenant M. Calandra, qui dispose de cinq minutes.
    Bonjour à tous. Merci beaucoup d'être parmi nous aujourd'hui.
    Je ne crois pas avoir besoin de mes cinq minutes. Je voudrais cependant vous poser une question, monsieur Toth. On a signalé qu'il y a toujours un niveau supérieur auquel vous pouvez aspirer au hockey, contrairement aux autres sports pratiqués dans les écoles secondaires au Canada.
    Serait-il profitable de mettre en oeuvre des programmes de bourse pour les athlètes dans les établissements postsecondaires?
    Sur le plan personnel, je répondrais oui. Lorsque j'ai obtenu mon diplôme secondaire à Regina, j'ai obtenu une bourse pour étudier et jouer au football aux États-Unis, où l'on fait les choses vraiment différemment de nous en ce qui concerne les entraîneurs. Comme la députée l'a signalé avant vous, ce sont davantage des entraîneurs professionnels. Ils sont rémunérés, et on prend les choses vraiment au sérieux.
    La situation du football n'est pas mauvaise, particulièrement en Saskatchewan. Cette seule province compte quatre établissements postsecondaires qui ont des équipes de football: deux programmes universitaires et deux de niveau inférieur. Ce n'est pas nécessairement le cas pour les autres sports. Si vous êtes un joueur de volley-ball, il n'y a que deux possibilités après le secondaire: l'Université de la Saskatchewan ou l'Université de Regina. Chacune de ces deux équipes compte de 12 à 14 joueurs. Compte tenu du nombre de jeunes qui jouent au volley-ball dans les écoles secondaires, on peut dire qu'il n'y a pas beaucoup de débouchés au niveau supérieur où... Je reviens à l'idée de l'entraîneur professionnel. Les entraîneurs universitaires sont rémunérés. En théorie, ils devraient être plus compétents que je ne le suis au niveau secondaire pour le volley-ball.
    J'estime que ce serait utile. C'est une opinion un peu subjective. Je sais que certains pourront faire valoir les désavantages du sport universitaire américain, notamment les scandales et toutes ces injustices. Cependant, cela arrive très rarement. Les affaires scandaleuses exposées à la télévision sont très rares, si on tient compte du nombre d'établissements qui offrent des bourses d'études. Les athlètes peuvent étudier et se perfectionner dans leur sport.

  (1720)  

    Je m'adresse encore à vous, monsieur Toth, mais je comprendrai si vous n'êtes pas suffisamment à l'aise pour répondre. Dans les écoles ontariennes, les enseignants du primaire et du secondaire ne participent plus aux activités parascolaires.
    La question semble toujours poser un dilemme. Il y a quelques années, on a envisagé de permettre à des professionnels d'intégrer le système scolaire. Lorsqu'on ne peut pas trouver un professeur de musique diplômé, on a recours à un musicien professionnel. On voudrait faire la même chose avec les entraîneurs.
    Je sais que vous avez dit que les enseignants peuvent être entraîneurs. Certains de mes enseignants à l'école secondaire étaient mes entraîneurs, mais j'ai toujours pensé — et vous l'avez souligné — qu'il est un peu injuste qu'ils reçoivent le même salaire que leurs collègues qui retournent à la maison à 14 h 30 ou 15 h 30. 
    Ma question comporte deux volets. Devrions-nous inviter davantage d'entraîneurs professionnels dans les écoles lorsqu'il y a pénurie? Notre système d'éducation devrait-il récompenser ceux qui assument des responsabilités supplémentaires et doivent se déplacer pour devenir des entraîneurs professionnels tout en demeurant des enseignants?
    J'allais vous répondre par une question. D'où proviendront les entraîneurs professionnels qui s'intégreront aux écoles?
     Je prends encore une fois l'exemple des quatre programmes de football en Saskatchewan. Si vous examinez la composition du personnel d'entraîneurs de football dans ces quatre programmes, vous serez étonné de constater le pourcentage d'entre eux qui sont soit enseignants soit d'anciens enseignants. Je peux vous parler du Regina Thunder Football Club, parce que j'ai fait partie de sa direction. Lorsque vous cherchez un entraîneur, vous approchez les candidats qui possèdent le plus d'expérience dans les écoles secondaires, qui ont excellé à ce niveau et qui pourraient accéder au niveau supérieur, c'est-à-dire le niveau junior ou le SIC. À Regina, certains entraîneurs proviennent des écoles secondaires, notamment ceux des Regina Rams.
    J'ignore d'où proviennent ces entraîneurs professionnels. Dans la plupart des cas, ils proviennent des écoles secondaires. Mais où prendrez-vous les autres?
    On a commencé par donner l'exemple de l'Ontario. J'ignore où vous trouvez ces entraîneurs professionnels. Ils proviennent peut-être des fédérations sportives provinciales. Et je suppose qu'il y a un programme de certification qui prouve qu'ils sont des entraîneurs professionnels, terme que nous employons.
    Merci.
    Merci, monsieur Calandra.
    Messieurs Toth et Tolley, je vous remercie de nous avoir consacré votre temps pour nous aider dans notre étude sur l'entraînement amateur au Canada.
    Nous allons suspendre la séance pendant 30 ou 60 secondes, puis nous passerons à l'examen des travaux du comité à huis clos.
    Je vous remercie tous les deux.
    [La séance se poursuit à huis clos.]
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