Que la Chambre s'ajourne maintenant.
-- Je tiens tout d'abord à remercier le Président de me permettre de saisir la Chambre des communes de la crise qui sévit dans le secteur céréalier.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de ce soir.
Au cours des quatre prochaines heures et demie, les agriculteurs et leurs proches regarderont les députés débattre de la crise qui les frappe et de l'argent qu'ils perdent. J'espère que de nombreux autres Canadiens regarderont eux aussi le débat, pour qu'ils puissent mieux comprendre la crise qui secoue les Prairies. J'espère que, à la suite du débat de ce soir, le gouvernement prendra des mesures concrètes.
De nombreux agriculteurs et groupes d'agriculteurs de partout au pays nous ont fait part de leur exaspération: ils en ont assez des retards dans le transport du grain, ce qui se traduit par des pertes de revenu.
Je me suis rendu au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta l'automne dernier, en novembre plus précisément. J'ai vu de mes propres yeux les montagnes de blé, de canola et d'autres céréales qui s'accumulaient à l'extérieur des silos. J'ai vu des grains entreposés non seulement dans les silos, mais aussi dans des remises où l'on range la machinerie et sous des bâches.
Par contre, les gens demeuraient alors très optimistes. La récolte était bonne, les prix l'étaient aussi et ils avaient des clients. Qu'aurait-on pu demander de plus?
Je me rappelle être allé à la ferme de Curtis McRae, à St. Andrews, au Manitoba. Il avait plus de 30 000 boisseaux de blé et 30 000 de canola sur son exploitation de 5 000 acres et c'était très impressionnant. Il a dit que le silo local ne prenait pas de grain, car il attendait 600 wagons pour emporter le grain qui s'y trouvait déjà. Ce n'est qu'un exemple parmi des milliers que nous voyons partout dans les Prairies.
Les prix ont donc commencé à chuter. Ils ont maintenant reculé de 40 %. Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'analyse coût-avantage ni de plan d'affaires pour gérer la mise en place du transport. Le a même pris le parti de la compagnie de chemin de fer l'automne dernier. Il a dit que les résultats des compagnies céréalières étaient satisfaisants. Ce n'était certainement pas le cas.
Le ministre a aussi promis de présenter une mesure législative pour remédier au déséquilibre des pouvoirs entre les agriculteurs et les compagnies de chemin de fer pour permettre aux expéditeurs d'obtenir un meilleur service de transport. Une mesure législative fédérale présentée en juin dernier, la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises, était censée remédier à la situation. Eh bien, cela n'a pas fonctionné.
Un grand nombre d'agriculteurs des Prairies estiment que la loi doit être modifiée pour qu'il soit plus facile d'imposer des amendes aux compagnies de chemin de fer pour ces goulots d'étranglement. La loi actuelle n'est pas efficace.
Il faut comprendre que plus de 95 % des exportations canadiennes de grains sont acheminées par train. Le Canada est le plus grand producteur de canola au monde et le deuxième exportateur de blé. Cette année, la récolte dans l'Ouest canadien a excédé 100 millions de tonnes. Nous aurions pu profiter de cette manne, parce que nous avions même des clients intéressés.
Les deux grands transporteurs au pays, le CN et le Canadien Pacifique, disent qu'ils affectent chacun 5 000 wagons par semaine — en fait 5 500 dans un cas — au transport du grain. Toutefois, cela ne répond même pas à la moitié des besoins.
La situation du transport ferroviaire ne touche pas seulement les Prairies, puisque le 31 octobre dernier, on dénombrait 20 grands navires qui attendaient le grain à Vancouver et 5 autres qui en faisaient autant à Prince Rupert. C'est à ces deux endroits que sont installés les terminaux céréaliers de la côte Ouest. À l'heure actuelle, seulement à Vancouver, il y a entre 30 et 40 navires qui attendent d'être chargés.
On peut donc voir qu'il existe un gros problème. La récolte, les clients et les navires sont là, mais le grain ne se rend pas.
Certains navires attendent depuis six semaines à Vancouver. Chaque jour, il en coûte entre 12 000 $ et 20 000 $ en frais de surestarie. Qui va payer la note?
Hier, je me suis entretenu avec un agriculteur de la Saskatchewan et c'est lui et les autres producteurs qui vont devoir assumer ces frais. Ce sont eux qui vont payer pour les retards.
Selon la Western Grain Elevator Association, depuis le mois d'août, les sociétés céréalières établies au Canada se sont vu imposer des frais s'élevant à plus de 20 millions de dollars, par suite des retards au port de Vancouver. Certaines sociétés ont conclu des ventes avec la Chine, mais elles ne sont pas capables de transporter tout leur grain.
Que s'est-il passé? Que font les services ferroviaires? Ils transportent du pétrole brut, de la potasse et d'autres produits et acheminent en priorité ces marchandises, et non le grain. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas d'organisme de surveillance. Il s'ensuit que jusqu'à 3 millions de tonnes de céréales sont bloquées dans les Prairies.
En octobre, les chemins de fer canadiens ont affecté 34 % plus de wagons au transport du carburant, du pétrole et du brut. Ils transportent davantage de produits qu'au cours de l'année précédente.
Selon un rapport publié en janvier, le CP aurait besoin de 19 900 wagons supplémentaires. De même, selon le rapport du 17 janvier, le CN quant à lui aurait besoin de plus de 17 000 wagons supplémentaires pour le transport du grain.
Jetons un coup d'oeil aux prix. Il y a moins d'un an, le blé se vendait 9 $ le boisseau. Maintenant, les producteurs touchent moins de 4 $ pour du blé de la même qualité. Le prix a baissé de plus de 50 %. Les prix du carburant, des semences et des engrais sont restés les mêmes mais pas celui du blé, et encore faut-il que les agriculteurs puissent vendre leur produit et l'acheminer à leurs clients.
Le problème, ce n'est pas l'absence d'un système de transport concurrentiel, mais plutôt que le grain, je le répète, est en compétition non seulement avec le pétrole, mais aussi avec la potasse et le charbon. Ce sont d'autres produits qui prennent de l'espace dans les wagons. Ceux-ci remplissaient 54 000 wagons en novembre. C'est une grosse augmentation par rapport à l'an dernier.
Nous avons des wagons chargés qui attendent jusqu'à 11 jours aux élévateurs à grain. Sans compter les frais de surestarie, dont j'ai déjà parlé, qui atteignent 20 millions de dollars.
Nous examinons toutes ces pertes. À combien s'élèvent-elles? Nous avons calculé qu'elles s'élèvent à 1 million de dollars par jour, et ce sont les agriculteurs qui paient la note. Au total, ils perdent 1 million de dollars par jour. Que fait le ministre? Il injecte 1 million de dollars dans le projet pour mener une étude. Un appel aux producteurs du pays nous apprend l'inutilité d'une longue étude.
Voyons ce qu'en disent les leaders du secteur agricole du pays et les journaux distribués dans les Prairies. Je vais nommer quelques-uns de ces leaders et citer des articles qui rapportent leur propos.
Le premier article vient de la Presse canadienne. Le monsieur en question représente le groupe Keystone Agricultural Producers. Les députés n'ignorent pas qu'il s'agit de la plus importante organisation agricole du Manitoba. L'article dit ceci:
Selon Doug Chorney du groupe Keystone Agricultural Producers, les retards sont tels que des montagnes de blé et d'autres céréales s'amoncellent à l'extérieur des silos-élévateurs.
À mesure que les prix baissent, les agriculteurs se demandent à quoi leur servira d'avoir eu une récolte exceptionnelle s'ils n'arrivent pas à l'acheminer vers les marchés.
« Il y a des amoncellements de grain dans tout l'Ouest du Canada », a déclaré M. Chorney, de Brandon, au Manitoba. « Cela crée de gros problèmes de liquidités pour les agriculteurs. Nous avons tous des factures à payer. »
Le ministre a annoncé que le gouvernement accorderait de petites avances aux agriculteurs. Les agriculteurs ne savent plus quoi faire de leur grain et le gouvernement va leur verser une avance qu'il leur faudra rembourser. Pour la rembourser, ils doivent vendre leur grain. C'est à n'y rien comprendre, et je crois que les agriculteurs ne savent pas à quoi s'en tenir non plus.
Voilà la situation au Manitoba. Voyons maintenant ce qui se passe en Saskatchewan.
Norm Hall est président de l'association des producteurs agricoles de la Saskatchewan. Je vais citer ses propos au sujet de la mesure législative que les conservateurs ont présentée en juin dernier qui ont paru dans un journal:
Selon Norm Hall, président de l'association des producteurs agricoles de la Saskatchewan, la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises n'est pas efficace.
Selon lui, la loi doit être modifiée afin qu'il soit plus facile d'imposer des amendes aux transporteurs ferroviaires pour ces goulots d'étranglement.
La loi n'est pas assez sévère et ne permet pas de faire en sorte que les transporteurs soient punis, croit Hall.
Une disposition de la loi prévoit des amendes pouvant aller jusqu'à 100 000 $, mais elles ne sont infligées que si un arbitre mandaté par le gouvernement juge que l'entente de service entre l'expéditeur et la compagnie ferroviaire n'a pas été respectée.
Comment cette sanction va-t-elle amener les compagnies ferroviaires à rendre des comptes?
Voilà pour ce qui est de la Saskatchewan.
Les députés conservateurs de la Saskatchewan ou des Prairies ont dû en entendre parler dans leur circonscription au cours des dernières semaines, dans les patinoires où on joue au curling et au hockey. Ce ne doit pas être facile pour eux. Cependant, il y a des réponses et des solutions.
Je vais parler de l'Alberta maintenant.
Lynn Jacobson, présidente de...
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Monsieur le Président, il faut absolument prendre conscience d'une simple vérité: alors que le Canada cultive le meilleur blé du monde, ce blé croupit actuellement aux quatre coins des Prairies. Parfois même, il est resté dans les champs, seulement recouvert d'une légère bâche de plastique. Imaginons à quel point les céréaliculteurs des Prairies doivent être excédés aujourd'hui. Ils se sont donnés corps et âme à la production du meilleur blé du monde, mais le gouvernement canadien n'a pas fait tout ce qu'il fallait pour qu'il puisse être acheminé des Prairies jusqu'à la côte Ouest où, pendant ce temps, des dizaines de navires poireautent, la cale vide.
Comment dépeindre ce que ressentent les céréaliculteurs des régions rurales du Manitoba, de la Saskatchewan ou de l'Alberta, eux qui ne ménagent aucun effort pour cultiver leur blé et qui, ce faisant, font grandement fructifier l'économie des Prairies grâce aux milliers d'emplois directs et indirects qu'ils créent? Si nous faisions l'effort de comprendre les ennuis que leur cause la situation actuelle, nous ne pourrions que constater à quel point le gouvernement s'est montré négligent de ne pas avoir agi comme il aurait dû le faire.
La situation dont il est question ce soir était prévisible. Après tout, la récolte de l'automne dernier a été spectaculaire, alors il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il faille transporter ce blé jusqu'aux ports. Que fait le gouvernement pour régler le problème?
Le député a dit que le gouvernement avait offert un peu plus de 1 million de dollars. On pourrait dire que c'est nettement insuffisant, mais la plus grande erreur du gouvernement est de n'avoir pas reconnu assez tôt qu'il était nécessaire de s'occuper du problème du transport et de la manutention. Voilà la plus grande déception des agriculteurs, aujourd'hui.
J'ai le privilège d'être né et de vivre dans les Prairies. J'y retourne toutes les fins de semaine. C'est chez moi. J'ai été invité dans bien des exploitations agricoles. J'ai déjà occupé la place du passager dans un tracteur géant. Je me souviens, il y a quelques années, d'avoir roulé tard, le soir, sur la route 2 et d'avoir vu une série de 14 ou 16 lumières. C'était des moissonneuses-batteuses qui moissonnaient le blé.
Nos produits nourrissent les gens de bien des régions du monde; c'est impressionnant quand on y pense. Pratiquement tous les pays ont déjà envisagé de s'approvisionner au Canada.
Je sais très bien que le transport et la manutention du blé et d'autres produits sont extrêmement importants, et je ne prétends pas connaître les détails de toute la gestion que cela implique. Je m'en réfère à des gens de mon caucus, surtout à mon collègue de qui souvent, à titre de leader adjoint, a soulevé cette question pour le Parti libéral. Cet homme sert les intérêts des Prairies. Il ne représente pas seulement la Saskatchewan, mais l'ensemble des Prairies, et il voit à ce qu'on parle le plus souvent possible à la Chambre des questions qui touchent les agriculteurs.
Nos anciens porte-parole et notre porte-parole actuel travaillent en collaboration avec le . Ils ont dit qu'il fallait discuter de cette crise à la Chambre dans le cadre d'un débat d'urgence. Il est peu fréquent que le Président accepte que l'on tienne un débat d'urgence sur un enjeu que nous avons soulevé. Nous sommes heureux d'avoir pu lancer un débat sur cette question ce soir par l'entremise du porte-parole du Parti libéral. À tout le moins, cela montre qu'il s'agit d'un enjeu très important auquel nous devons nous attaquer. Il y a une crise. Du point de vue économique, il faut bien vivre dans une tour d'ivoire pour ne pas comprendre la situation et la nécessité d'intervenir.
Nous voulons que le gouvernement présente des idées. Un député conservateur a pris la parole et nous a demandé de proposer nos idées. J'ai hâte que les députés ministériels prennent la parole et nous présentent leurs idées à eux. Plus important encore, j'aimerais que le gouvernement nous dise ce qu'il a fait à ce jour et qui aurait dû permettre d'éviter une telle situation. Comment le gouvernement s'y prendra-t-il pour se racheter auprès des agriculteurs et d'autres personnes qui sont presque ruinés à cause de lui?
Quelqu'un a mentionné qu'il y a des pertes de revenus de 30 %, de 40 % et même de 50 %. Ce sont d'énormes pertes. Supposons que vous êtes propriétaire de votre propre entreprise et que vous subissez une perte de revenus oscillant entre 30 % et 60 %. Quelles seront les répercussions de cette perte? Nous demandons déjà à nos agriculteurs de travailler 16 heures par jour, sept jours par semaine, particulièrement pendant certaines périodes de l'année.
Nous voulons que le gouvernement propose des idées. Le chef adjoint du Parti libéral a parlé de la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises. Le Parti libéral parle du transport depuis des mois, que ce soit à Ottawa ou ailleurs. Nous reconnaissons qu'il y a des besoins à cet égard. Mon collègue a mentionné qu'il est allé dans les Prairies à l'automne et il a parlé des montagnes de blé accumulées. Cela ne devrait pas nous surprendre.
Nous devons nous demander pourquoi il en est ainsi. Que faisait le gouvernement? Il doit commencer à montrer qu'il comprend réellement la situation et dire aux agriculteurs et aux autres personnes qui nous regardent ce soir quelles sont les mesures qu'il est prêt à prendre pour régler ce problème.
Un bateau vide attend, dans l'océan Pacifique, une cargaison de blé. Cela coûte 15 000 $ par jour. Il n'y a rien de pire, pour un bateau, que de se rendre au port pour recevoir une cargaison partielle, puis de devoir repartir au large pour attendre que la même entreprise livre une autre cargaison à charger à son bord.
Il y a là un problème de coordination. Je suis convaincu que certaines mesures prises par le gouvernement en sont la cause. Je pense que de nombreux agriculteurs de l'Ouest le comprennent et s'en souviendront. Ils regardent ce que fait le gouvernement.
Les agriculteurs des Prairies commencent à perdre sérieusement confiance dans le gouvernement conservateur. Nous comptons continuer à soulever la question, à la Chambre ou à l'extérieur, là où sont les agriculteurs, dans les régions des Prairies. Nous comptons continuer à parler et à communiquer.
Le chef du Parti libéral nous dit constamment qu'il veut communiquer avec les Canadiens. Nous communiquons avec les agriculteurs et nous allons continuer de marteler que le gouvernement doit commencer à prendre ses responsabilités et à rendre davantage de comptes aux agriculteurs, surtout à ceux des Prairies. Les agriculteurs traversent une période difficile, et nous voulons que...
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Monsieur le Président, nous sommes ici ce soir parce que l'Ouest canadien a connu une récolte sans précédent. Tous les intervenants de la chaîne d'approvisionnement cherchent des solutions pour que le grain soit expédié plus rapidement vers les ports. Je cite Gary Stanford, président des Producteurs de grains du Canada:
L'an dernier, nous avons connu une récolte sans précédent et une hausse importante des rendements, attribuables notamment à une économie agricole prospère, à des avancées dans le domaine génétique, à une utilisation accrue de nouveaux fongicides plus efficaces, à une amélioration générale des pratiques agronomiques et à une meilleure utilisation des micronutriments dans les engrais.
Comme bien des intervenants de l'industrie l'ont dit, on s'attend à ce que les récoltes plus abondantes deviennent la norme. Le gouvernement prend des mesures pour aider l'industrie à s'y préparer.
En outre, le gouvernement comprend les difficultés auxquelles sont confrontés les agriculteurs canadiens, dont les produits doivent parcourir une distance terrestre plus grande que dans d'autres pays exportateurs pour arriver sur les marchés. Le grain des Prairies doit parcourir en moyenne 1 500 kilomètres avant d'arriver à un terminal portuaire. De plus, le transport du grain par train a coûté aux agriculteurs plus d'un milliard de dollars en 2012. Les producteurs de grain méritent un service ferroviaire efficient, fiable et prévisible pour expédier leurs récoltes vers les marchés.
La demande mondiale augmente, et bien que la récolte exceptionnelle soit une source de frustrations pour les producteurs de grain, elle représente aussi une occasion pour l'industrie de trouver de nouvelles méthodes plus efficientes. C'est pourquoi nous travaillons avec des intervenants de plusieurs domaines afin de rendre la chaîne d'approvisionnement plus compétitive. Au cours des derniers mois, le ministre a eu plusieurs rencontres avec des intervenants clés du secteur céréalier afin de trouver des solutions à long terme. Avec la nouvelle abondance des récoltes, cette approche globale est la meilleure voie à suivre, et c'est certainement plus constructif que de désigner des coupables. Cependant, d'ici à ce que nous trouvions des améliorations possibles en collaboration avec les intervenants concernés, nous nous attendons à ce que tous les intervenants de la chaîne d'approvisionnement redoublent d'efforts.
J'aimerais parler d'une mesure importante que le gouvernement a mise en oeuvre afin de protéger l'économie et les producteurs de grain canadiens.
[Français]
Notre gouvernement est préoccupé par les éventuelles répercussions de la grève du CN sur les agriculteurs canadiens qui travaillent fort, sur le secteur manufacturier et sur les exportateurs. Nous avons été déçus d'apprendre que le syndicat des du CN, Teamsters Canada, a donné un avis de grève. Une éventuelle grève entraînera des conséquences dommageables pour notre économie, pour les exploitants agricoles des Prairies, pour les travailleurs de l'industrie automobile en Ontario et pour les fiers travailleurs forestiers du Québec.
On estime que l'ensemble des répercussions d'un arrêt de travail se chiffre à environ 450 millions de dollars par semaine.
Les agriculteurs canadiens ont une récolte sans précédent. Pendant ce temps, notre gouvernement a ouvert des marchés pour nos exportateurs. Alors que notre gouvernement travaille fort pour soutenir la croissance de ce secteur, une grève dévastatrice compromettrait nos grains et nos gains et nuirait aux travailleurs et à leur famille. Aujourd'hui, au port de Vancouver, des porte-conteneurs attendent d'être chargés pour l'exportation. Notre gouvernement ne permettra pas que d'autres obstacles empêchent que les exportations canadiennes arrivent sur le marché. Une grève compromettra notre reprise.
Notre position est donc claire. Notre économie doit être protégée. Notre produit doit se rendre sur le marché. Les emplois doivent être préservés. C'est pourquoi, aujourd'hui, notre gouvernement agit pour protéger l'économie canadienne et les agriculteurs canadiens en déposant un avis de projet de loi pour remettre le CN sur les rails.
[Traduction]
On m'a confirmé que le gouvernement se réjouit de l'entente de principe qui protège les emplois et l'économie du Canada et permet d'éviter une grève au CN. Voici ce qu'a déclaré la :
Je me réjouis de savoir que les parties continuent à déployer des efforts en vue de résoudre leurs différends. Il est essentiel que les employeurs et les syndicats collaborent afin de conclure des ententes qui sont dans le meilleur intérêt de toutes les parties.
Ils sont sur le point de conclure une entente de principe, mais elle n'est pas encore finalisée. Je demande aux députés de l'opposition d'appuyer la mesure législative que nous proposons si cette entente de principe n'aboutit pas.
En plus de prendre des mesures à l'égard d'une éventuelle grève au CN, le gouvernement s'est employé à améliorer le rendement de la chaîne d'approvisionnement par train, notamment en investissant 1,5 million de dollars dans un projet multisectoriel spécial dirigé par le Canada dans le cadre duquel les industries des légumineuses à grains, des oléagineux et des céréales s'emploieront à améliorer l'efficience et la fiabilité de la chaîne d'approvisionnement; en faisant adopter la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises qui instaure un processus d'établissement d'ententes de service; en investissant 25 millions de dollars en aide aux expéditions céréalières par le port de Churchill; en accordant la liberté de choix en matière de commercialisation aux producteurs de blé et d'orge de l'Ouest canadien.
Nous nous employons également à aider les agriculteurs à commercialiser leurs récoltes en rapprochant les groupes sectoriels — notamment dans le cadre de la table ronde sur la chaîne d'approvisionnement, du groupe de travail sur la logistique du transport des récoltes et de tables rondes sur la chaîne des valeurs — afin qu'ils trouvent des solutions globales adaptées aux besoins de l'industrie.
Lundi, nous avons donné suite aux premières recommandations du groupe de travail sur la logistique du transport des récoltes en cherchant des façons d'améliorer le programme de surveillance du grain, notamment au niveau de la fréquence des rapports, et en nous engageant à fournir une tribune aux représentants de l'industrie pour discuter d'améliorations dans toute la chaîne d'approvisionnement.
Le groupe de travail sur la logistique du transport des récoltes a clairement établi la nécessité de mieux évaluer le système de transport depuis l'exploitation agricole jusqu'au point de vente. Selon le groupe de travail, un système plus large et plus adapté est nécessaire afin de fournir le genre d'information requise pour appuyer le fonctionnement efficace du système de logistique du transport des récoltes. Autrement dit, des données transparentes et opportunes sont nécessaires pour améliorer la productivité.
Suite aux recommandations du groupe de travail, nous prenons des mesures afin d'élargir le mandat du programme de surveillance du grain. Nous voulons incorporer les renseignements et faire en sorte que les rapports, qui sont publiés à chaque trimestre, deviennent des publications mensuelles. Une surveillance élargie donnera une idée plus précise de la situation à tous les intervenants. Elle les aidera à améliorer leur planification et à réduire les coûts globaux.
Les paramètres élargis et la plus grande fréquence des rapports qui sont proposés incluraient notamment: des renseignements sur l'exécution des commandes; les charges hebdomadaires transportées par la société ferroviaire; la taille du parc de wagons-trémies couverts en transport céréalier des deux principaux transporteurs, par catégorie de service et sur une base hebdomadaire; le rendement, par chemin de fer, aux terminaux de déchargement; le trafic céréalier par train de l'Ouest du Canada vers l'Est du pays, les États-Unis et le Mexique; le trafic céréalier des États-Unis vers l'Ouest canadien; et, enfin, le trafic céréalier par conteneurs de l'Ouest du Canada vers les ports.
Notre objectif commun est de mettre en place un système plus transparent afin que tous les intervenants dans la chaîne d'approvisionnement — en particulier les producteurs — disposent de l'information dont ils ont besoin afin de prendre les bonnes décisions pour leurs entreprises et pour l'économie canadienne en général. Une meilleure circulation de l'information nous aidera à bâtir un système de transport plus fiable, prévisible et efficient.
Ces mesures concrètes font suite à notre investissement de 1,5 million de dollars dans le cadre du programme Cultivons l'avenir 2. Nous voulons identifier des secteurs clés de la chaîne d'approvisionnement qui peuvent être améliorés et concevoir les outils et le soutien technique qui nous permettront de le faire. Il s'agit d'un effort de collaboration à long terme, sur cinq ans, dirigé par Pulse Canada.
Un investissement équivalent de la part de l'industrie nous permettra d'améliorer l'efficacité et la fiabilité de la chaîne d'approvisionnement, depuis l'exploitation agricole jusqu'au terminal portuaire. L'amélioration de notre capacité logistique vise à faire en sorte que nous sachions où nous en sommes, que nous sachions où sont les problèmes, et que nous sachions ce qu'il faut faire.
J'ajoute que nous jouissons de l'appui des Producteurs de grains du Canada. Par ailleurs, à l'occasion d'un sommet du commerce tenu à Saskatoon, le premier ministre de la Saskatchewan a déclaré ceci aujourd'hui:
Nous appuyons pleinement toute mesure que le gouvernement prendra pour régler la situation.
Bon nombre d'acteurs de l'industrie l'ont dit: ce genre de récoltes constitue la nouvelle norme. Tous doivent s'améliorer, y compris les compagnies de chemin de fer. Depuis le début, les agriculteurs canadiens ont pu compter sur le gouvernement, et c'est encore le cas aujourd'hui.
Le gouvernement est conscient que l'industrie canadienne du grain, dont les exportations se chiffrent à 20 milliards de dollars, est un moteur de l'économie et de la création d'emplois. En réalité, l'agriculture est une puissance économique montante au Canada et partout dans le monde. C'est en grande partie grâce à l'agriculture que l'économie canadienne est l'une de plus solides du monde industrialisé. C'est pourquoi le gouvernement fait en sorte que les agriculteurs et les transformateurs d'aliments disposent des outils nécessaires pour continuer à stimuler la croissance économique et à offrir des emplois aux Canadiens.
Permettez-moi de donner quelques exemples. En tête de liste, bien sûr, figure le libre choix en matière de commercialisation pour les producteurs de blé et d'orge de l'Ouest du Canada. La récolte record de cette année montre clairement que l'abolition du guichet unique, il y a deux ans, a revigoré l'excellente industrie céréalière canadienne.
Par rapport à l'an dernier, les agriculteurs ont ensemencé 2 millions d'acres de blé supplémentaires et ont augmenté leur production de céréales de plus de 20 millions de tonnes. Depuis l'abolition du guichet unique, qui était obsolète, les producteurs céréaliers de l'Ouest jouissent du droit fondamental que constitue le pouvoir de décision concernant la commercialisation de leurs propres récoltes.
Après 18 mois de liberté, les exploitations agricoles enregistrent des revenus record et affichent d'excellents bilans financiers; la superficie des terres réservées au blé a augmenté de 2 millions d'acres et les exportations de blé ont augmenté de près de 20 %, les ventes aux États-Unis ayant augmenté de 50 %.
Selon un sondage effectué par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la grande majorité des agriculteurs qu'elle représente, plus de 80 %, sont satisfaits d'avoir le libre choix en matière de commercialisation. Ils ont le choix, ils sont libres, et la formule fonctionne manifestement.
Le commerce est un autre excellent exemple de nos efforts visant à renforcer l'industrie. Afin d'aider les agriculteurs à trouver de nouveaux marchés pour vendre leurs récoltes de qualité, le gouvernement a adopté le programme commercial le plus ambitieux de l'histoire du Canada. Je rappelle aux partisans du protectionnisme qui voudraient construire un mur autour du Canada que les agriculteurs canadiens comptent sur le commerce pour vendre 85 % de leurs produits.
Tout semble indiquer que 2013 sera une nouvelle année record. Le secteur de l'élevage bovin a retrouvé sa place, le commerce du boeuf entre le Canada et la Chine étant six fois plus élevé qu'il l'était l'année dernière. Rien de tout cela n'aurait été possible sans le bon travail de l'industrie et du gouvernement.
Bien évidemment, l'entente de principe avec l'Union européenne au sujet d'un accord économique et commercial global est une réalisation historique. Il ne fait aucun doute que c'est l'accord commercial le plus ambitieux et global depuis l'ALENA.
Quand l'accord sera ratifié, le Canada deviendra l'un des seuls pays développés du monde à bénéficier d'un accès préférentiel aux deux plus importantes économies du monde, l'Union européenne et les États-Unis. L'accord économique avec l'Union européenne et l'ALENA nous donnent accès à plus de 800 millions des consommateurs les plus riches au monde.
À l'heure actuelle, nos produits agricoles sont confrontés à une barrière tarifaire de près de 14 %. On peut donc constater que l'accord constitue une occasion en or nous permettant d'accéder au marché de l'alimentation le plus riche au monde. Aux termes de l'accord, les droits imposés à la grande majorité de nos exportations agricoles — dont le blé, qui fait l'objet de droits pouvant s'élever à 122 $ par tonne — seront éliminés. Voilà qui rapportera plus d'argent aux Canadiens, et tout particulièrement aux producteurs céréaliers.
Dans le même ordre d'idées, le secteur de l'élevage bovin du Canada aura accès à de nouveaux marchés lui permettant d'exporter 65 000 tonnes de plus, et l'industrie estime à environ 600 millions de dollars par année la valeur annuelle des ventes de produits du boeuf dans ces nouveaux marchés.
De surcroît, l'accès accru des produits canadiens du porc dans l'Union européenne représenterait une augmentation de 400 millions de dollars, soit 20 $ par tête. Pour l'économie canadienne, on s'attend à ce que l'accord crée quelque 80 000 nouveaux emplois dans l'ensemble du pays et contribue 12 milliards de dollars au PIB du Canada.
Nous nous efforçons actuellement de régler les derniers détails techniques. Quand ce sera fait, cette entente de principe pourra être approuvée officiellement. Nous ferons aussi avancer d'autres ententes commerciales, notamment avec l'Inde et le Partenariat transpacifique, qui pourraient nous ouvrir un énorme marché de près de 800 millions de personnes. Nous avons aussi relancé les pourparlers sur le libre-échange avec la Corée du Sud.
Sur le territoire canadien, nous poursuivons la transformation et la modernisation de l'industrie agricole, ce qui aidera les agriculteurs à stimuler l'économie et à nourrir la planète. Par ailleurs, le programme Cultivons l'avenir 2, un cadre stratégique quinquennal pour le secteur agricole en collaboration avec les provinces et les territoires, met l'accent sur des mesures proactives telles que la science et la recherche, plutôt que sur les méthodes correctives privilégiées par le passé. Cultivons l'avenir 2 stimule l'innovation grâce à un investissement de plus de 70 millions de dollars versé à des grappes de recherche dirigées par l'industrie, qui se consacrent aux grains et aux oléagineux. Ces mesures contribuent à la réussite du secteur céréalier.
Nous sommes toujours résolus à élaborer une politique concernant la présence de faibles quantités d'organismes génétiquement modifiés dans les grains destinés à la consommation humaine et animale. Nous continuons de collaborer avec nos partenaires commerciaux et les intervenants nationaux en vue d'établir une stratégie à la fois souple, prévisible, transparente et proactive.
Toujours dans l'optique de stimuler l'innovation, le gouvernement a présenté récemment la Loi sur la croissance dans le secteur agricole, qui harmonise nos mesures législatives concernant la protection des obtentions végétales avec les mesures en vigueur dans d'autres pays. L'UPOV 1991, comme on l'appelle, renforcera les droits concernant la propriété intellectuelle liée aux obtentions végétales. Elle attirera plus d'investissements dans la recherche-développement consacrée au secteur des grandes cultures.
Ces discussions durent déjà depuis 22 ans. L'industrie convient qu'il est grand temps de stimuler les investissements, l'innovation et la croissance dans le secteur agricole canadien. Nos agriculteurs pourront ainsi demeurer concurrentiels et avoir accès aux meilleures variétés culturales, qu'elles aient été conçues au Canada ou à l'étranger.
Bref, mon message pourrait se résumer à ceci: les agriculteurs ont un bel avenir devant eux. Le gouvernement prend des mesures pour relever le défi que représente le transport du grain pour les agriculteurs. Il donne suite aux premières recommandations du Groupe de travail sur la logistique du transport des récoltes. Il sait qu'il faut agir dès maintenant et à long terme. Le gouvernement continuera de privilégier une approche globale, en collaboration avec les intervenants de l'industrie.
Les ministres de l'Agriculture et des Transports continueront de travailler avec les producteurs et les participants de toute la chaîne de valeur dans le but d'en accroître l'efficience. Tous les intervenants — agriculteurs, exploitants de silos, sociétés céréalières et sociétés ferroviaires — doivent se pencher sur le défi que pose le transport de la récolte record de cette année et proposer des améliorations.
Il s'agit d'un marché compétitif. Le libre choix en matière de commercialisation a aussi contribué au regain de vigueur de nos agriculteurs. Ce libre choix, ajouté à un produit de première qualité, place nos agriculteurs sur un pied d'égalité avec ceux de n'importe quel autre pays.
Pour conquérir et conserver les marchés, le Canada ne doit pas seulement être compétitif en matière de qualité et de prix, mais aussi en ce qui concerne la fiabilité du service. Les recommandations du Groupe de travail sur la logistique du transport des récoltes sont un grand pas dans cette direction. Je suis convaincu qu'elles contribueront à mettre en place une chaîne d'approvisionnement plus solide dont les agriculteurs bénéficieront à court, moyen et long terme. Des quantités records représentent à la fois des défis et des occasions pour l'industrie, et c'est le bon moment pour l'industrie céréalière canadienne de saisir ces occasions de commercialiser ses produits de calibre mondial de façon sûre et rentable.
Le gouvernement a toujours accordé la priorité aux agriculteurs et il continuera dans cette voie.
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Monsieur le Président, je vais tenter de ne pas trop gesticuler, puisqu'il semble que le secrétaire parlementaire soit d'avis que cela vous dérange, et je ne veux jamais déranger le Président. Je suis Écossais; nous avons tendance à bouger les bras. Au moins, nous le faisons par conviction et par passion, pour accélérer les choses, et non pas pour tenter de voler comme un goéland, ce que nous ne sommes pas, de toute évidence.
Au final, nous vivons effectivement une situation d'urgence. Maintenant, pas dans trois ou cinq ans. Avoir en main davantage de données sera fort utile, c'est indéniable, et la table ronde finira par l'être également. Cependant, à court terme, ce ne sont pas les recommandations que la table ronde formulera dans six mois, dans son rapport initial, puis au cours des cinq années à venir, dans ses rapports subséquents, qui feront sortir un seul boisseau de céréales de plus des Prairies.
Oui, le ministre et Financement agricole Canada ont recommandé aux céréaliculteurs de demander des avances. Ce programme vise manifestement à les protéger, mais, dans certains cas, même en touchant une avance, ils auront encore leur récolte actuelle sur les bras en avril, lorsqu'ils s'apprêteront à commencer les semailles. Ils devront rembourser leur avance d'ici septembre alors qu'ils n'auront pas nécessairement les moyens de le faire.
Le ministre entend-il donc effacer l'ardoise, dans certains cas, si la situation devait ne pas se régler? De toute évidence, si les céréaliculteurs se heurtent à d'autres difficultés après s'être prévalus de ce filet de sûreté, ce sont eux qui seront contraints de s'endetter davantage à cause d'un problème qui n'est pas le leur. Ce ne sont pas eux qui ont saccagé la logistique au point de ne pas pouvoir acheminer leurs céréales de leur ferme jusqu'aux ports et à leurs clients.
Deux députés, plus loin là-bas, ont assisté à l'audience du comité, ceux de et de . Je m'en souviens très bien — trop bien. Le ministre a alors dit que les céréaliculteurs n'avaient qu'à entrer dans la modernité et à conclure des contrats à terme de gré à gré.
Or, j'ai justement reçu un courriel d'un céréaliculteur qui a conclu un contrat à terme de gré à gré en novembre dernier. Il m'explique qu'il n'avait pas encore expédié le moindre boisseau, et nous sommes en février. Lorsqu'il a signé le contrat, on lui a proposé 7 $ le boisseau, mais, actuellement, le prix de base n'atteint plus que 4 $. Personne ne veut lui dire qui compensera l'écart de 3 $. Lorsqu'il a demandé à l'exploitant de silo-élévateur si ce sera lui, il s'est fait répondre: « On n'en sait rien. On ignore combien on pourra vendre le blé. On se fiche de ce que dit le contrat. »
J'ai aussi reçu un message d'un agriculteur qui avait 85 000 tonnes de malt. Oh surprise, rien n'a jamais été transporté, pas un boisseau. Le malt a finalement été acheté à 1 $ la tonne. On a racheté son contrat au lieu de l'honorer. Au lieu de vendre à 4,50 $, il n'a finalement pu obtenir que 1 $.
Au bout du compte, ce sont les agriculteurs qui en souffrent. Il faut manifestement faire quelque chose.
Pour la gouverne de mon collègue d'en face, le secrétaire parlementaire, voilà précisément ce qu'est une entente de principe: les deux parties considèrent qu'ils sont arrivés à une bonne entente. Ils doivent ensuite la soumettre à leurs membres. Du côté syndical, c'est ce que feront les Teamsters. Ils la soumettront à leurs membres et leur demanderont de la ratifier. J'inviterais les députés d'en face à manifester un certain degré de confiance au lieu de sauter tout de suite aux conclusions. Il y a eu une entente de principe. Or, dans 99 % des cas, les ententes de principe sont ratifiées, car les membres qui négocient au nom des travailleurs sont investis par eux du pouvoir de le faire en leur nom, et ils ont habituellement des consignes quant à ce qu'ils doivent négocier.
Selon ce qu'a dit le secrétaire parlementaire dans son annonce, il semblerait y avoir une entente de principe. C'est une bonne nouvelle. Il faudrait considérer que c'en est une, plutôt que de continuer à s'en prendre aux travailleurs quand ce n'est pas nécessairement pertinent de le faire.
Il faut plutôt considérer certaines choses qui se sont passées l'an dernier, plus particulièrement au CP. Le Globe and Mail a publié la semaine dernière, dans le cahier des affaires, un article sur le nouveau PDG du CP, M. Harrison. D'après le titre de l'article, celui-ci serait à l'origine d'une véritable révolution. De quoi était-il question? Des 90 000 chargements de pétrole brut que le CP a transportés en 2013, ce qui représente une augmentation de 68 % par rapport à 2012. C'était une bonne nouvelle pour le CP; ce n'en était pas une pour l'industrie céréalière, remarquez bien, mais pour le CP, si.
Quatre mille cinq cent cinquante emplois ont été éliminés. Ce n'était pas une bonne nouvelle pour ces travailleurs, pour leurs familles et pour leurs collectivités. Ce n'était pas non plus une bonne nouvelle pour les agriculteurs, parce que ces gens conduisaient des locomotives.
Onze mille wagons ont été mis hors service. Étaient-ils décrépits? Étaient-ils brisés? Avaient-ils cessé de fonctionner? Non, ils ont tout simplement été mis hors service.
Qu'est-il arrivé ensuite? Quatre cent locomotives ont été retirées.
Le député de a dit qu'il fallait mettre un plus grand nombre de locomotives en service. Or, qu'a fait le CP? Il a retiré des locomotives. Il les a mises hors service.
Tout le monde savait que la récolte serait exceptionnelle. Pourtant, la société ferroviaire a réduit sa capacité afin de maximiser ses profits. Qu'a-t-elle obtenu? Elle a obtenu un meilleur ratio d'exploitation, elle a fait plus de profits et la valeur de ses actions a grimpé. Félicitons le CP, qui a pris une décision d'affaires en pensant à ses besoins et non pas à l'ensemble du système.
Nous savons que le grain doit quitter les Prairies. Le chemin de fer est le principal moyen de transport. Il y a deux sociétés ferroviaires au pays: le CN et le CP. Il y a aussi des exploitants de lignes courtes qui font de l'excellent travail, mais nous avons essentiellement deux grandes sociétés. En somme, on peut parler de duopole.
J'invite les députés libéraux à se reporter à l'année 2001, lorsqu'ils formaient le gouvernement. À l'époque, un examen du système ferroviaire avait été fait — l'éminent juge Estey avait d'ailleurs participé à cet exercice — afin de déterminer, entre autres, si nous devrions permettre le libre accès. Le sénateur Banks avait aussi participé à cet examen. Le juge Estey avait recommandé que le libre accès soit au nombre des changements apportés, afin de créer une plus grande concurrence entre le CN et le CP et de permettre à d'autres joueurs de participer au processus. À l'époque, les exploitants de lignes courtes étaient très intéressés. Ils le sont toujours aujourd'hui. Soit dit en passant, une telle solution aiderait à atténuer le problème actuel. Bref, les exploitants de lignes courtes sont prêts à donner un coup de main si le CN et le CP ne suffisent pas à la tâche.
Le comité d'examen, y compris le juge Willard Estey, a appuyé cette proposition, tout comme le sénateur Banks. La Commission canadienne du blé a fait de même, ainsi que la Commission canadienne des grains, les producteurs et plusieurs autres intéressés. Les trois grands joueurs qui se sont opposés à cette idée étaient le CN, le CP et Transports Canada.
Il n'y a rien à dire dans le cas du CN et du CP, puisque ce sont des entreprises privées. J'imagine que c'est le genre de décision que ces sociétés prennent.
Toutefois, Transports Canada est à nous. Cette entité appartient au gouvernement. Nous nous en occupons. Nous avons une . Nous avons une personne en position d'autorité.
C'est le comble de l'ironie, je dirais même, hypocrite! À l'époque, le CN et le CP disaient ne pas vouloir donner accès à leurs voies au Canada pendant qu'ils faisaient pression auprès du gouvernement américain pour pouvoir entrer librement aux États-Unis en empruntant leurs voies ferrées. Donc, s'ils jugeaient que c'était une bonne chose pour eux et les États-Unis, ils ne voulaient pas la même chose au Canada. Ils voulaient fermer la boucle, simplement pour se protéger, et ils ont obtenu l'accès aux États-Unis.
L'ironie dans tout cela, c'est qu'au moment où l'examen a été fait, il y a 12 ans, il y avait peut-être plus de concurrence que maintenant. Il n'y aucune garantie à cet égard, aucune. Nous ne savons pas si ces concurrents étaient sérieux. Ils auraient peut-être été rachetés ou auraient cessé leurs activités. Nous n'en sommes pas nécessairement certains.
Toutefois, cela nous montre que le libre accès est une solution à envisager.
Le gouvernement sollicite des idées de ce côté-ci de la Chambre. J'en suis heureux. Ce serait une idée que nous suggérons d'examiner. Ce n'est pas chose simple. L'exploitation de services ferroviaires n'est pas facile. Donner accès à nos voies ferrées nécessite un soutien logistique et de la planification, c'est certain. Il faut donc bien étudier la question. Cependant, il faut y songer, à ce moment-ci, dans le contexte actuel. Nous pourrions le faire pendant une courte période pour voir comment cela fonctionne. Ce serait peut-être une stratégie à long terme. Il en serait peut-être question à la table ronde.
Mais, je dois être honnête. J'ai cette vision de la table ronde. Je me rappelle le train électrique que j'ai reçu enfant, il y a de nombreuses années, à Glasgow, en Écosse. Il tournait en rond et n'allait jamais nulle part.
J'ai l'intuition que cette table ronde ne donnera rien et je vois l'industrie ferroviaire qui ne cesse de tourner en rond. Le grain ne bougera pas. Ce que nous voulons tous voir arriver ne se produira pas. Je pense que personne à la Chambre ne dira qu'il ne faut pas s'en faire. Il faut examiner certaines solutions, mais pas dans cinq ans, ni dans deux ans. Nous savons tous que certains agriculteurs éprouvent des difficultés en ce moment même. Nous avons tous reçu des courriels d'agriculteurs de tous les coins du pays et des Prairies qui disent qu'ils sont fauchés parce qu'ils n'ont rien expédié. Ils ne sont pas payés s'ils n'expédient pas leur grain, mais ils ne peuvent pas le faire.
Il y a quelques jours à peine, j'ai parlé à un homme du port de Vancouver. Il m'a carrément dit que ses silos au port étaient à moitié vides et qu'il faisait constamment déplacer les bateaux au quai. Il en remplit un au tiers, puis le fait avancer, comme s'il garait des voitures. Il fait avancer un autre bateau, le remplit au tiers, le fait reculer et fait revenir l'autre. Des bateaux sont amarrés au large de l'île de Vancouver parce qu'il n'y a plus de place dans la baie Burrard. Le problème n'est manifestement pas au port, mais plutôt à l'intérieur. Une des façons de le régler est d'envisager l'accès libre. Le gouvernement devrait y songer.
En remontant dans le temps, j'ai appris que les deux chemins de fer se sont associés en 2000 dans le cadre de ce qu'on appelait l'entente du canyon du Fraser, qui consistait à partager une ligne ferroviaire qui remontait vers l'ouest en passant par le canyon. Pour ceux qui ne le savent pas, le canyon du Fraser est une sorte de goulot d'étranglement pour les chemins de fer. C'est une particularité géographique de notre pays. J'ai toujours été étonné lorsque les compagnies disent qu'il neige. Oui, c'est vrai. C'est l'hiver. Nous sommes au Canada et il neige dans les montagnes. On s'attendrait normalement à ce qu'un grand chemin de fer prévoie ce genre d'éventualité. Nous comprenons que cela ralentit le trafic, mais l'entente du canyon du Fraser a été signée parce que les deux chemins de fer ont conclu qu'il serait plus efficient de se rendre vers l'ouest en passant du côté où la pente est moins prononcée pour ensuite revenir du côté où la pente est plus raide, les wagons étant généralement vides au retour, en particulier les wagons-trémies. En procédant ainsi, ils ont réalisé des économies, mais ils n'en ont fait profiter personne. Ce n'est pas inhabituel. Cette entente a été bénéfique pour eux en 2000, car ils ont fait des économies. Maintenant qu'il faire accroître l'efficience et la capacité du transport ferroviaire pour acheminer le grain des Prairies, le gouvernement pourrait peut-être faire valoir aux chemins de fer qu'ils ont la possibilité de réaliser des économies, car jusqu'ici, les discussions n'ont manifestement pas eu beaucoup d'effet.
On avance plusieurs chiffres. Permettez-moi d'en donner d'autres puisqu'on en entend beaucoup ce soir. Je veux parler du nombre de wagons que le CN a donnés en réservation l'an dernier, pour toute l'année. En 2012, le CN s'était engagé à fournir 597 000 wagons pour la potasse et les céréales, alors qu'en 2013, il s'était engagé à en livrer 572 000. C'est moins, et non plus, que l'année d'avant. Pendant que les Prairies enregistraient un volume de récoltes record, le nombre de wagons du CN réservés pour le transport des céréales était à la baisse, et non à la hausse. Je ne peux pas dire que le transporteur ferroviaire a retiré des wagons du service, car il ne l'a pas fait, contrairement au CP, qui s'est départi de sa capacité pour accroître sa part de profits. Le CN s'est contenté de ne pas livrer les wagons promis. Mes collègues ont parlé à maintes reprises des commandes importantes de wagons. Même le ministre a dit qu'il voulait savoir pourquoi, si un exploitant de silos commande 150 wagons, il n'en obtient que 100. Pourquoi le ministre ne le sait-il pas? Cette situation perdure depuis des mois. Je me serais attendu à ce que le ministre clame: « Je ne veux plus avoir à poser cette question. J'exige des réponses. Je ne veux plus qu'on me rabâche que c'est l'hiver. Je veux savoir d'où vient le problème, car, de toute évidence, la situation ne se réglera pas toute seule. Nous avons tous entendu cela. »
Nous les législateurs, qui élaborons les politiques, avons du pouvoir auprès des compagnies ferroviaires puisque, manifestement, les exploitants de silos n'en ont pas. Les producteurs de grains n'en ont certainement pas. Les deux compagnies ferroviaires ont dégagé des bénéfices l'année dernière et leurs actionnaires en sont ravis. Pourquoi agiraient-elles différemment? Est-ce dans leur intérêt d'agir différemment?
À mon avis, il est peu probable qu'ils changent quoi que ce soit. Il s'agit pour eux d'une année record du point de vue des bénéfices nets, le prix de l'action est à la hausse et les primes sont bonnes. Pourquoi voudraient-ils offrir une capacité excédentaire sur une ligne qui pourrait n'être utilisée que pendant quelques mois, alors qu'ils devraient en assumer les frais généraux pendant six mois ou même un an? Leurs bénéfices nets diminueraient. Pourquoi prendraient-ils une telle décision?
Ces gens ne fournissent pas des services parce qu'ils ont bon coeur. Ils fournissent des services pour faire de l'argent, et c'est un fait que nous devons accepter. Plus important encore, le gouvernement, lui, devrait le savoir, car c'est lui qui a institué cette façon de faire.
Si nous voulons que les sociétés ferroviaires offrent de réels services aux agriculteurs qui sont placés dans une situation d'urgence et qui doivent expédier leur grain à l'extérieur des Prairies, nous ne pouvons pas nous contenter de discuter avec elles et de leur demander une faveur.
Je propose que le ministre s'assoie avec ces gens et qu'il les incite à collaborer. S'ils refusent, il n'a plus qu'à leur présenter un ultimatum: s'ils ne collaborent pas, il faudra alors discuter du fait que même si ce sont eux qui possèdent le matériel ferroviaire, nous sommes les propriétaires des voies ferrées. C'est en procédant ainsi que nous les ferons bouger.
Après tout, si le gouvernement leur rappelle que les voies ferrées ne leur appartiennent pas, les compagnies de chemin de fer vont bouger. Nous pourrons alors discuter du libre accès et de l'utilisation des voies secondaires, puisque les incitatifs seront en place.
Nous pouvons critiquer tant que nous voudrons les politiques de la Commission canadienne du blé — et je sais que bon nombre d'entre nous ne demandent pas mieux que d'y revenir —, mais il n'en demeure pas moins que, à l'époque où c'était la commission qui s'occupait de l'aspect logistique, tout allait bien. Les choses ne se passent pas aussi bien que nous l'aurions espéré, mais c'est ce qui arrive quand on se débarrasse d'un organisme sans se demander qui va faire le travail à sa place.
On nous propose maintenant une étude quinquennale. M. Bacon nous dit qu'il faut trouver le moyen de recommencer à acheminer par rail le grain de la ferme aux silos, puis aux ports, aux terminaux, et jusqu'aux marchés auxquels ils sont destinés. Autrement, c'est notre réputation qui va écoper. En fait, elle est déjà écorchée.
Si nous sommes incapables d'assurer la régularité de nos livraisons et si nos clients commencent à se dire que nous sommes incapables de leur fournir le produit qu'on leur promet, que vont-ils faire d'après vous? Je suis convaincu que les Australiens, les Américains et les Brésiliens vont se faire un plaisir de leur rappeler qu'ils ont les moyens de leur livrer ce que les Canadiens sont incapables de leur livrer.
Ce n'est pas pour rien que nous tenons un débat d'urgence: c'est parce que la situation est urgente. L'heure n'est plus aux paroles, mais aux gestes. Personnellement, je m'y mettrais de ce pas, mais ce n'est pas moi, le gouvernement, et il faut suivre les règles de la Chambre.
Je me tourne donc vers le gouvernement. Où est son plan d'action? Dieu sait pourtant qu'il nous submerge de panneaux multicolores. La couleur verte y ressort particulièrement bien. J'en ai même vu un avec de l'orangé, une fois. Est-ce que quelqu'un pourrait y mettre un brin de couleur? On veut de l'action dans ce dossier. Il est temps que le gouvernement conservateur passe à l'action.
Il suffit que le ministre — et pour tout dire le aussi — disent qu'il est temps d'agir pour faire bouger les choses. Les agriculteurs comptent sur eux, et ils ne sont pas les seuls.
Je vais conclure là-dessus.
Il y a beaucoup de choses qui se passent sur le plan économique. Par exemple, en Colombie-Britannique, il y a une minoterie qui a fermé ses portes parce qu'elle non plus ne réussissait pas à acheminer ses produits. Il y a des minotiers qui n'ont pas de produits. Par conséquent, ils devront probablement cesser leurs activités pour un certain temps. La semaine dernière, une usine de transformation du canola dans les provinces de l'Ouest est demeurée inactive pendant quelques jours parce qu'elle ne pouvait pas se débarrasser de son canola broyé. Qui devait recevoir ce canola? Les agriculteurs qui avaient du bétail à nourrir. Toutefois, l'usine n'a pas réussi à l'envoyer. En effet, cet engorgement croissant ne crée pas seulement des problèmes pour les agriculteurs. Toutefois, ils sont clairement les personnes les plus touchées par cette situation parce que, contrairement à d'autres, ils ne se font pas payer s'ils ne peuvent pas livrer leurs marchandises.
Comme je l'ai dit au début, les agriculteurs se sont engagés à vendre leur grain il y a plusieurs mois mais, pour des raisons indépendantes de leur volonté, ils n'ont pas pu le livrer. Ils ont suivi les conseils du gouvernement en ce qui a trait à la Commission canadienne du blé. Quand cette dernière a été abolie, ils ont dit qu'ils concluraient des contrats à terme, qu'ils feraient toutes les merveilleuses choses dont le gouvernement avait parlé et que, au moins, ils auraient la liberté de commercialiser leurs produits comme ils le veulent. Le problème, c'est qu'ils sont libres d'entreposer tout ce grain en cellule, et que cela ne leur coûte rien parce qu'ils ne peuvent pas recevoir de l'argent pour leur grain s'ils ne peuvent pas le déplacer.
Manifestement, il incombe au gouvernement de faire preuve d'initiative, de prendre une décision et de passer à l'action.
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Monsieur le Président, j'aimerais souligner l'importance de l'agriculture pour le Canada. Ce secteur représente 8 % de notre PIB, crée un emploi sur huit et exporte pour environ 47,8 milliards de dollars.
L'industrie céréalière du Canada est de calibre international. Avec des exportations dépassant les 21 milliards de dollars, c'est un important moteur de l'économie et de l'emploi. Près de la moitié de nos exportations agricoles et alimentaires — légumineuses, blé, canola, orge, lin, maïs, soya, entre autres — assurent la croissance de notre économie et de nos emplois. C'est pourquoi le gouvernement travaille en étroite collaboration avec l'industrie céréalière à la modernisation des activités de celle-ci. Fidèles à nos engagements, nous avons donné le libre choix en matière de commercialisation aux producteurs de blé et d'orge de l'Ouest. Au cours des 18 premiers mois de l'ouverture des marchés, nous avons vu des revenus étrangers records, des bilans solides, deux millions de nouveaux acres de blé, une hausse du tiers des recettes en espèces pour le blé et une augmentation de près de 20 % des exportations de blé.
Un autre volet fondamental du programme de modernisation de l'industrie céréalière est la réforme de la Commission canadienne des grains. En nous appuyant sur la première série de réformes, nous tâchons de simplifier le système d'enregistrement des variétés, de mettre à jour la Loi sur la protection des obtentions végétales et de promouvoir une formule pratique et la présence en faible quantité d'organismes génétiquement modifiés dans les produits céréaliers que nous expédions.
Nous continuons à miser sur l'innovation et investissons plus de 73 milliards de dollars dans des groupes de recherche et des projets sur les céréales, les oléagineux et les cultures spéciales et, bien entendu, nous continuons à trouver de nouveaux débouchés pour nos producteurs de grain dans le cadre de missions commerciales et d'accords de libre-échange. Nous continuons à travailler fort pour que le nouvel accord commercial Canada-Union européenne soit mis en oeuvre. Cet accord ouvrira le plus grand marché du monde à nos producteurs de grain, éliminant les tarifs douaniers sur le blé, les légumineuses, les fleurs et l'huile de canola, des tarifs qui pouvaient atteindre 120 $ à 130 $ la tonne de blé et d'avoine, par exemple.
Selon les estimations de l'industrie, cet accord historique se traduira par des débouchés de 100 millions de dollars par année en Europe pour les céréales et les oléagineux. L'avenir est donc prometteur. Cette année, nous avons eu une récolte de céréales record au Canada, près de 20 millions de tonnes métriques de plus que l'année dernière. Parallèlement à cela, la demande mondiale de céréales devrait augmenter de 1 milliard de tonnes au cours des quatre prochaines décennies.
Nous savons, bien entendu, que la culture à grande échelle présente des défis considérables. Partout dans l'Ouest, les agriculteurs ont d'énormes difficultés à acheminer leurs récoltes surabondantes jusqu'au marché, de la ferme au port océanique. Ils dépendent d'un service ferroviaire efficient, efficace et fiable pour livrer le produit de ces récoltes à leurs clients au Canada et partout dans le monde.
Il est important que nous prenions du recul et réfléchissions à la campagne agricole en cours et à la chronologie des événements qui se sont produits dans la région céréalière de la Saskatchewan. Nous avons semé et planté tard en mai dernier. Les agriculteurs ont même craint de ne pas pouvoir ensemencer. En fait, j'ai reçu des appels d'agriculteurs très inquiets qui ne savaient pas comment ils allaient gérer leurs liquidités pendant l'été s'ils n'arrivaient pas à faire leurs semailles.
On a finalement eu d'excellentes conditions de croissance et un été magnifique. Bien entendu, la Saskatchewan a toujours de bons étés, et j'invite tous les députés à venir y faire un tour cet été pour profiter entres autres des beaux lacs et terrains de golf. La Saskatchewan a également enregistré une excellente saison de croissance. À l'automne, les agriculteurs regardaient leurs silos et leurs moissonneuses-batteuses avec le sourire aux lèvres. C'était le temps des récoltes. Certains d'entre eux vendaient leur blé immédiatement après l'avoir récolté. En fait, je connais un agriculteur qui a livré 50 demi-chargements de blé immédiatement après l'avoir récolté, ce qu'il ne pourrait jamais faire dans le cadre du régime imposé par la Commission canadienne du blé.
Je crois que les agriculteurs ont alors commencé à se rendre compte à quel point le volume de leurs récoltes était important et à quel point c'était incroyable. On commence à voir des récoltes pour le canola, par exemple, de 65 boisseaux l'acre. Je me rappelle que, lorsque j'étais agriculteur — et le député de sera d'accord avec moi —, une récolte de 40 boisseaux était excellente. Lorsqu'on agriculteur disait qu'il avait récolté 50 boisseaux, on le regardait de travers, pensant qu'il racontait des histoires. Imaginez quand il disait avoir une récolte de 65 boisseaux. On le prenait pour un fou.
L'année dernière, plusieurs autres producteurs m'ont dit avoir récolté de 65 à 70 boisseaux de canola. Ils doivent ces récoltes record aux progrès génétiques attribuables, en partie, au financement que le gouvernement a accordé aux créateurs d'obtentions végétales, ainsi qu'au travail des diverses associations de producteurs, qui les aident à sélectionner les caractéristiques appropriées, les bonnes semences et les qualités génétiques du sol afin qu'ils puissent obtenir un très haut rendement.
Les agriculteurs ont obtenu un rendement record. En octobre et en novembre, le système de transport ferroviaire semblait fonctionner normalement. En décembre, tout a été interrompu, et en janvier, la situation s'est aggravée. Il est vrai que le temps est froid en décembre et en janvier, mais ce sont des conditions auxquelles nous sommes habitués. Il y a plein d'hommes dans le secteur pétrolier qui travaillent à des températures de -30°, voire -40 °C. Le froid peut sans aucun doute être un facteur si la sécurité est compromise, mais nous avons l'habitude d'expédier et de travailler lorsqu'il fait froid.
Ce qui s'est passé, c'est que les pressions ont commencé à se faire sentir. Le système n'a pu répondre au volume croissant dans l'Ouest du Canada. Il n'a pu absorber tout le volume de céréales, de potasse et de charbon, puis il s'est mis à expédier du pétrole. Le volume de pétrole a également augmenté au cours de cette période, ce que le porte-parole du NPD en matière d'agriculture a souligné à raison.
Il est paradoxal que le NPD se plaigne au sujet du pétrole, puisque pour accroître les capacités des services ferroviaires, on pourrait transporter le pétrole comme il se doit, c'est-à-dire par oléoduc. Le NPD devrait appuyer les projets d'oléoduc Keystone et Northern Gateway, car ils libéreraient les ressources nécessaires pour expédier plus de grain et de produits des Prairies vers la côte Ouest.
Nous sommes aux prises avec un dilemme. C'est le genre de situation dont je parlais avec des agriculteurs en octobre et en novembre. Voici quelle était la situation en octobre. Les agriculteurs qui devaient conclure des marchés au cours de l'été hésitaient à fixer les prix. Lorsqu'un agriculteur voulait honorer son contrat, la société céréalière lui disait que la société ferroviaire n'avait pas envoyé de wagons pendant la semaine, et qu'on ne pouvait donc pas recevoir de grain. La livraison devait donc être remise au mois suivant.
L'agriculteur doit donc attendre. Il a parlé du contrat à sa banque. La banque est au courant. L'agriculteur a déjà prévu comment il allait gérer ses finances. Il paiera ses factures en fonction des contrats qui sont honorés. Mais quand les wagons n'arrivent pas, que doit-il faire?
Je me rappelle que cela arrivait souvent lorsque j'étais agriculteur . La société ferroviaire téléphonait d'avance pour dire qu'elle allait envoyer les wagons vendredi, et que la société céréalière devait charger le grain pendant la fin de semaine afin que les wagons puissent être récupérés lundi. Il est arrivé que mon exploitation agricole charge six camions-remorques un samedi afin d'apporter la marchandise jusqu'à un silo situé à 200 miles de distance. Je m'étais organisé pour que le grain soit arrivé pour lundi matin, à huit heures, pour finalement apprendre qu'on ne pouvait pas le transporter, parce que le train n'était pas arrivé. Que peut-on faire alors?
Je sais que les députés ont parlé de la Commission canadienne du blé et du fait qu'elle pourrait être notre planche de salut dans la situation actuelle. La réalité, c'est qu'elle empirerait les choses. Examinons ce qui se passe actuellement avec le réseau de transport ferroviaire des marchandises en prenant l'exemple de l'avoine. La commission ne commercialise pas l'avoine. En ce moment, l'avoine destinée aux États-Unis se trouve à des kilomètres de l'endroit où elle devrait être. Les moulins américains réclament l'avoine canadienne à grands cris et les agriculteurs ont l'une des meilleures avoines du monde. Que se passe-t-il? Le réseau ferroviaire ne livre pas l'avoine. C'est inouï.
C'est l'avoine, ce sont les grains qui ne relèvent pas de la commission, c'est le charbon. C'est une foule de choses qui sont touchées par le service insuffisant assuré par le CN et le CP. Cela nuit à l'économie de la Saskatchewan, de l'Alberta et du Manitoba. Il faut que le réseau ferroviaire soit à la hauteur.
Examinons maintenant ce qui se passe dans les Prairies et la croissance que connaissent la Saskatchewan et l'Alberta. Prenons l'exemple de la génétique et du maïs. Il y a 10 ou 15 ans, on aurait trouvé saugrenue l'idée de faire pousser du maïs en Saskatchewan. Je sais que le député de serait d'accord avec moi. Si vous aviez évoqué cette idée, on vous aurait répondu que vous êtes cinglé et que c'est impossible.
Toutefois, les avancées en génétique ont permis d'abaisser le degré-jour de croissance. Nous allons cultiver du maïs à Saskatoon. C'est incroyable. Le maïs est une bonne plante à cultiver. Elle a beaucoup de valeur. C'est une culture profitable pour les agriculteurs.
L'un des problèmes du maïs, toutefois, c'est que son volume est quatre fois plus important. Pensons-y. Là où nous acheminons une tonne de blé à l'heure actuelle, nous acheminerons quatre tonnes de maïs. Comment nous y prendrons-nous?
Je dois féliciter le ministre. Qu'a-t-il fait lorsque nous avons vu que les compagnies ferroviaires ne faisaient pas leur travail? Son premier geste a été de réunir les joueurs dans une salle pour leur dire de trouver une solution. Il les a rassemblés, leur a demandé quel était le problème et comment on pouvait le régler.
Il leur a dit de trouver des solutions, qu'ils le devaient. C'est la responsabilité du CN et du CP. Le ministre a fait son boulot. Il les a installés dans une salle avec les producteurs de grain et les sociétés céréalières, et il leur a demandé ce qu'il fallait faire pour que le système fonctionne. Il leur a dit d'acheminer le grain des producteurs jusqu'aux marchés. C'est la première chose qu'il leur a dite.
Ensuite, le ministre s'est adressé aux associations de producteurs. Un financement leur a été alloué —1,5 million de dollars du gouvernement fédéral et 1,5 million de dollars de leur part — pour qu'elles se penchent sur l'avenir du transport et sur les conditions nécessaires pour maintenir nos parts de marché après la conclusion de nouveaux accords commerciaux, tels que le Partenariat transpacifique et l'AECG, et après la signature d'ententes avec la Corée, et avec d'autres pays éventuellement.
Il s'agit d'étudier ces questions tel qu'elles risquent de se présenter dans le futur, et non tel qu'elles se posent aujourd'hui. Je ne veux pas que les gens pensent que ce montant de 3 millions de dollars servira à régler le problème de ce mois-ci et celui du mois prochain. L'objectif, c'est de garantir que le problème ne se reproduise pas l'an prochain ou le suivant, ni dans 5 ou 10 ans. Le but consiste à mettre en oeuvre un système qui pourra supporter la croissance que connaîtra très bientôt le secteur céréalier.
Encore une fois, nous devons reconnaître le mérite du gouvernement. Il est tourné vers l'avenir. Il reconnaît qu'il y a un problème. Il rassemble les acteurs du milieu pour analyser la situation et faire en sorte que le problème ne se représente pas à nouveau. Il veille à ce que nous ayons une capacité suffisante pour faire face à la croissance du secteur des matières premières en Saskatchewan.
C'est un geste futé et hardi, un geste que les députés de l'opposition n'ont jamais posé quand ils étaient au pouvoir. Le NPD n'en a jamais parlé. En fait, le NPD serait probablement tenté de frapper sur un tuyau à coups de poing, de marteau ou de masse, en disant: « Nous cognons sur le tuyau pour faire avancer le grain jusqu'au port ». On peut douter de l'efficacité de cette méthode.
Le gouvernement doit collaborer avec les intervenants du secteur. Il doit avoir une stratégie raisonnable qui permettra de transporter de plus grandes quantités de grain jusqu'au port. Il faut laisser de côté les querelles politiques et se concentrer sur le problème à régler.
La situation est très intéressante, en fait. L'avenir s'annonce absolument captivant. Je viens d'une province en pleine croissance. À une certaine époque, c'était une province pauvre. Dans les années 1970, les programmes de nationalisation du secteur de la potasse ont fait fuir les investissements. Les jeunes devaient quitter la province pour trouver de l'emploi. Mais les choses ont changé du tout au tout. Aujourd'hui, le secteur de la potasse connaît une croissance fulgurante dans ma province. Les jeunes qui s'étaient exilés en Alberta, en Colombie-Britannique ou en Ontario reviennent, parce que nous avons besoin d'eux. En fait, il nous faut encore plus de gens. Nous embauchons des immigrants des Philippines, parce que nous avons besoin de main-d'oeuvre. C'est le manque de main-d'oeuvre qui représente le plus grand obstacle à la croissance de la Saskatchewan.
Étant donné la croissance de la province, il faut que le transport, le service ferroviaire et la logistique s'adaptent à ce nouveau rythme, sinon tout tombe à l'eau. C'est bien beau de conclure des ententes de libre-échange qui permettraient aux agriculteurs canadiens d'avoir accès à des marchés de grande valeur. Mais si on ne peut pas transporter la marchandise d'une manière rapide et efficace, les ententes ne donneront rien. Voilà la vision qui doit guider le système de transport. Je tiens d'ailleurs à féliciter le ministre, encore une fois. Nous avions besoin de voir plus clairement les possibilités.
J'ai parlé plus tôt du fait que les sociétés céréalières avaient accepté des contrats pour octobre et novembre. Pour être juste à leur égard, je dois dire qu'elles ne savent pas du tout ce que les autres font. Je pourrais prendre 100 tonnes, puis les députés de Red Deer et de Calgary pourraient chacun prendre eux aussi 100 tonnes. Cependant, il est possible que le réseau ferroviaire ne puisse en prendre que 150 tonnes. Toutefois, nous nous attendons tous à expédier ce grain en un mois. Nous devons donc mettre en place des mécanismes de surveillance afin de voir ce qui se passe dans le réseau ferroviaire. Lorsque nous dressons un contrat, nous devons déterminer si les délais de livraison sont raisonnables ou s'il sera impossible de les respecter et qu'il faudra donc remettre la livraison au mois suivant.
Voilà ce sur quoi le ministre travaille, et je tiens à le féliciter. Aujourd'hui, en Saskatchewan, il a fait quelques annonces concernant la surveillance afin que nous puissions comprendre la nature du problème et éliminer le goulot d'étranglement en vue de trouver une solution qui fonctionne pour tous les intervenants du secteur du transport.
Il est intéressant d'entendre les députés parler des changements apportés à la Commission canadienne du blé. Je sais exactement ce que cette dernière aurait fait si elle avait dû composer avec cette récolte sans précédent. Le député de le sait lui aussi. Disons théoriquement qu'un agriculteur se serait engagé à fournir 100 tonnes de blé dur à la Commission canadienne du blé. Cette dernière aurait pris 4 tonnes, et elle les aurait expédiées. Elle aurait dit à l'agriculteur: « Le reste du grain est à vous, monsieur l'agriculteur. Vous pouvez le garder jusqu'à l'année prochaine ou l'année suivante. Je sais que c'est du blé dur très beau et de très bonne qualité, et je sais que, en Italie, il se vend 9 $ le boisseau. Cependant, vous pouvez le vendre dans un parc d'engraissement à Lethbridge parce que nous ne voulons pas le vendre pour vous. » C'est ce que la Commission canadienne du blé aurait fait.
Je sais que l'élimination de la Commission est intéressante à un autre égard. De nombreux agriculteurs maîtrisent très bien les nouvelles technologies. Nombre d'entre eux se servent de Twitter pour commercialiser leurs grains. Par exemple, s'ils connaissent les prix au Dakota du Nord ou au Montana, ils en tirent profit, le publient sur Twitter et comparent leur prix à celui des autres. Ils trouvent une logistique et de nouvelles possibilités qu'ils n'auraient jamais trouvées avec la Commission canadienne du blé. Ils n'auraient jamais pu chercher d'autres possibilités pour leurs marchés.
À mesure que nous progresserons, que nous renforcerons notre capacité de production dans les Prairies et que nous accroîtrons notre rendement, nous devrons créer un environnement nous permettant de transformer davantage les produits, plutôt que d'expédier les matières premières seulement. Nous devons établir une stratégie à cet égard. En réalité, pour que la concurrence dans le domaine du transport ferroviaire soit forte, il faut transporter du boeuf, du porc, du pain ou des aliments transformés. Voilà qui créerait une forte concurrence dans le domaine. La transformation intérieure est très logique et nous devons établir une stratégie à cet égard. Je sais que le ministre en parle actuellement.
Je tiens à dire, haut et fort, que le CN et le CP n'ont pas été à la hauteur l'année dernière. C'est un fait. On a beau blâmer les conditions météorologiques et leur trouver d'autres excuses, ils ont mal jaugé le marché en Saskatchewan et ce qui se passe dans l'Ouest canadien. Comme l'a déclaré le porte-parole du NPD en matière d'agriculture, s'ils diminuent le nombre de locomotives et de wagons, c'est que, de toute évidence, ils sous-estiment le matériel roulant nécessaire pour acheminer nos récoltes vers les ports dans les prochaines années. Voilà pourquoi l'examen des niveaux de service de 2015 est si important. Ce dernier examinera la situation actuelle et l'absence de matériel roulant sera un facteur déterminant de l'issue de cet examen en 2015. Nous devons faire en sorte que, dans cet examen, les compagnies de chemin de fer soient tenues encore plus responsables de leurs agissements de l'année dernière, car les agriculteurs ont perdu beaucoup d'argent.
Cela a eu de très graves conséquences. Je vais donner quelques exemples. J'ai discuté avec un dénommé Chad Doerksen. Le prix de base de son avoine est trop élevé. Il a donc commandé 90 wagons de producteur pour expédier son avoine aux États-Unis. Ces wagons se trouvent dans la gare de triage de Saskatoon du CN et il n'en a obtenu que 13 jusqu'à présent. Autre exemple: un agriculteur de Melford devait charger 70 wagons de producteur, mais comme ils sont garés sur le mauvais embranchement, il ne peut pas aller de l'avant.
Voilà le genre d'idioties que nous font subir le CN et le CP et qu'il faut corriger. Il incombe aux chemins de fer de corriger la situation. Ils doivent comprendre ce que cette attente coûte aux agriculteurs. Le temps c'est de l'argent. Prolonger la saison d'expédition pendant deux ans c'est peut-être profitable pour les actionnaires, mais pas pour les agriculteurs. Nous devons nous assurer que cette pratique cesse et ne devienne pas la norme.
Bref, nous pourrions aborder beaucoup de questions quant aux changements dans le secteur agricole, mais un plus grand nombre de personnes veulent être agriculteurs aujourd'hui qu'à n'importe quel autre moment de l'histoire. Il est vrai que des problèmes se posent et que ce n'est pas toujours facile. Toutefois, c'est un secteur dynamique aux perspectives prometteuses.
Compte tenu de l'entrée en vigueur, au cours de la prochaine année ou peu de temps après, de l'Accord économique et commercial global, un producteur de porc m'a dit qu'enfin, dans son secteur, on voit commencer à poindre la lumière au bout du tunnel. Il est très important que notre porc ait accès aux marchés. Les producteurs s'en réjouissent beaucoup. Ils y voient un bon signe pour l'avenir.
Comparons maintenant la situation actuelle dans le secteur du boeuf à la situation il y a quatre ans. Voyons le prix des vaches, des veaux et de la viande. Le ministre a oeuvré très énergiquement pour nous ouvrir des marchés dans le monde. Il est très intéressant que ces marchés diffèrent beaucoup entre eux, et les producteurs de boeuf canadiens en tirent de très bons résultats. Dans certaines parties du monde, ce sont la langue, les sabots et d'autres parties de l'animal qui sont recherchés, tandis que les steaks, les côtes ou les bouts de côtes sont populaires ailleurs. Par exemple, les Japonais achètent pratiquement tous les bouts de côtes que nous produisons, car ils aiment notre boeuf.
Les perspectives qui s'offrent à nous sont excellentes, et j'en attribue le mérite au ministre, car il a rapidement compris l'importance du commerce international dans le secteur de l'agriculture et a investi beaucoup d'énergie sur ce plan. Nous sommes un pays exportateur. La production agricole canadienne dépasse largement notre consommation. Nous devons nous assurer que nos produits peuvent être transportés jusqu'aux ports, alors nous avons besoin que le CN et le CP fournissent aux producteurs des services de transport ferroviaire efficaces.
En terminant, je tiens à féliciter le ministre pour le travail qu'il a accompli. Il a passé beaucoup de longues journées à travailler de concert avec les agriculteurs, avec l'industrie et avec les chemins de fer, pour tâcher de trouver des solutions et d'améliorer la situation. Je sais que nous obtiendrons des résultats, mais il faudra être patient, comme en toute chose.
Le secteur est robuste. Les agriculteurs sont dynamiques. Nous réussirons à passer au travers. Et nous savons que la situation a déjà été bien pire.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'intervenir ce soir au sujet du problème urgent que posent les retards du transport ferroviaire, mais j'aimerais que nous ne soyons pas ici. J'aurais voulu que nous ne soyons pas ici ce soir pour parler de ce problème et de tous les retards. C'est sidérant.
Ces longs délais et ces retards ont empêché des milliers de producteurs céréaliers enclavés de l'Ouest d'acheminer leurs produits vers les marchés. Les agriculteurs de l'Ouest ont connu une récolte exceptionnelle, mais ils sont incapables d'acheminer leurs produits vers les marchés. Il faut que nos compagnies de chemin de fer puissent réagir rapidement à une récolte exceptionnelle, et ce, tout de suite après la moisson. Cela évitera le genre de délais auquel nous assistons actuellement.
J'ai parlé de la crise à des agriculteurs, et ils m'ont dit qu'il y a beaucoup de choses qui clochent.
D'abord, certains agriculteurs m'ont dit que le transport du grain n'est pas une priorité pour les compagnies de chemin de fer, contrairement au transport du pétrole, de la potasse et du charbon. C'est inacceptable. Les compagnies de chemin de fer ne peuvent pas choisir les marchandises qui leur conviennent. Elles mettent le gagne-pain de milliers de personnes en péril.
Un agriculteur m'a dit que ses céréales ne sont pas expédiées, alors que celles de son voisin le sont. Il m'a expliqué que son voisin avait conclu une entente avec la compagnie de chemin de fer à un prix plus faible que lui et que, par conséquent, on lui accordait la priorité. Si c'est le cas, cela aussi est inacceptable.
Un autre agriculteur de la Saskatchewan, Glenn Tait, a parlé du fait que les exploitants de silos avaient doublé les surestaries. Je le cite:
Les exploitants de silos récupèrent les surestaries auprès des agriculteurs en déduisant ces coûts du prix des céréales.
Lorsque la Commission canadienne du blé était responsable de la logistique, les coûts de transport depuis les Prairies jusqu'aux ports de la côte Ouest se chiffraient à environ 50 $ la tonne. Aujourd'hui, ces coûts atteignent les 100 $ ou plus la tonne.
Jusqu'à présent, les pertes totales attribuables à la surestarie seulement sont évaluées en millions de dollars; cet argent ne sera jamais dépensé par les agriculteurs des Prairies et ne contribuera jamais à l'économie canadienne.
Les producteurs céréaliers de l'Ouest sont extrêmement frustrés. Ils ont fait leur part et ont travaillé très fort pour produire une récolte surabondante. Ils ont maintenant besoin que le gouvernement remplisse ses engagements et veille au bon fonctionnement des chemins de fer.
Ce soir, nous tenons un débat d'urgence parce que le gouvernement n'a pas fait ses devoirs il y a deux ans, après l'abolition de la Commission canadienne du blé. Il n'a pas pris le temps de considérer les questions de transport et de concevoir un plan à cet égard.
En 2011, le NPD avait mis en garde les conservateurs et les avait prévenus que l'abolition de la commission créerait de l'instabilité. Pendant des générations, les agriculteurs ont compté sur la Commission...
M. Pierre Lemieux: Allez, enfoncez-vous.
Mme Ruth Ellen Brosseau: Monsieur le Président, je ne suis pas en train de m'enfoncer. J'en suis fière.
Pendant des générations, les agriculteurs ont compté sur la Commission canadienne du blé pour obtenir le meilleur prix possible pour leur grain afin de subvenir aux besoins de leur famille. Cependant, le gouvernement n'a pas tenu compte des mises en garde exprimées par le NPD, par d'autres groupes et par les agriculteurs eux-mêmes pendant ce processus. Le gouvernement a refusé d'écouter la volonté exprimée démocratiquement par les agriculteurs des Prairies, qui, en septembre 2011, ont voté pour le maintien du guichet unique de commercialisation du blé et de l'orge.
Auparavant, les producteurs de blé pouvaient compter sur la Commission canadienne du blé pour exercer des pressions sur les sociétés ferroviaires afin que le grain soit expédié vers les marchés. Lorsque la commission détenait le monopole sur la vente de grain à l'étranger, elle avait également une influence considérable sur les marchés. Cependant, il est clair que ce nouveau système pénalise les petits producteurs qui ont une production plus modeste.
Dans un système qui doit assurer le transport d'environ 400 000 wagons de grain par année, on ne peut se permettre la moindre erreur ou pénurie, puisque les envois de grain en attente de transport coûtent des milliers de dollars par jour, et ce coût est finalement assumé par les agriculteurs, qui doivent accepter un prix plus bas pour leur produit. Nous devrions appuyer le secteur agricole au lieu de le pénaliser.
Le a dit que les agriculteurs devraient faire des emprunts pour tenir le coup. C'est un conseil peu judicieux et nuisible pour la santé financière à long terme. Cela ne fera que créer une autre crise financière dans l'avenir. De plus, une étude de cinq ans sur la source de la congestion, c'est bien trop long pour les producteurs, qui ont besoin d'une aide immédiate.
Je tiens à préciser que je partagerai mon temps de parole avec la députée d'.
Je cite Kyle Friesen, de la Manitoba Pulse Growers Association, qui a parfaitement expliqué la situation:
Il faut expédier le grain, sinon bien des agriculteurs pourraient ne pas recevoir leur paiement pour la récolte de l'année dernière avant les semailles du printemps [...] La situation fait déjà perdre des ventes. Il faut y remédier, sinon les agriculteurs se retrouveront avec de graves problèmes de liquidités lorsqu'ils devront acheter les semences et les intrants agricoles ce printemps.
Comme tous les Canadiens, les producteurs de grain ont des factures à payer et des prêts à rembourser.
Nous devons faire davantage pour faire circuler les trains. Les producteurs méritent mieux. De toute évidence, la question est complexe. Il n'y a pas de solution facile.
J'exhorte le gouvernement à prendre des mesures qui vont alléger le fardeau des producteurs dès maintenant. Le ministre s'est engagé à consacrer 1,5 million de dollars à une étude de cinq ans sur le transport. Il s'est aussi engagé à accroître la surveillance des sociétés ferroviaires. C'est un pas dans la bonne direction. Toutefois, le ministre doit aussi étudier attentivement le dossier. Tant le CP que le CN ont enregistré une hausse de leurs revenus tirés du grain, même si le nombre de wagons disponibles pour les producteurs a diminué.
Nous exhortons le gouvernement à exercer plus de pression sur les sociétés ferroviaires, notamment en appliquant des normes de rendement. Il est clair que de nouveaux protocoles et de nouvelles conséquences doivent être prévus lorsque les ententes conclues ne sont pas respectées. Nous exhortons le gouvernement à faire en sorte que les producteurs de grains aient accès aux renseignements sur les exportations et les bateaux, et qu'ils aient aussi un accès équitable à l'infrastructure ferroviaire pour transporter leurs produits. En outre, le gouvernement doit élaborer une stratégie pour le service ferroviaire futur qui assurera la croissance soutenue du secteur agricole.
[Français]
Les producteurs de grains de partout au pays sont frustrés par les difficultés qu'ils éprouvent à faire transporter le fruit de leurs récoltes. Les problèmes qu'ils encourent entraînent la baisse du prix de leurs grains et ils ont peur de ne pas pouvoir faire transporter les récoltes à venir.
La présidente de la fédération des producteurs agricoles de l'Alberta, Lynn Jacobson, demande aux transporteurs d'augmenter leur capacité à répondre à la demande. Les agriculteurs ont peur d'être laissés de côté au profit d'autres clients, en raison du prix plafond que le chemin de fer peut imposer au transport du grain. Le problème, c'est que le gouvernement conservateur a supprimé la Commission canadienne du blé sans avoir élaboré de plan pour le transport. C'est pourtant quelque chose qu'il pouvait prévenir.
Maintenant, le suggère que les agriculteurs utilisent des avances, et il propose une étude de cinq ans sur la source du problème. Que vont faire les agriculteurs pendant ce temps? Le monde continue à tourner.
Comme tout le monde, les producteurs de grains du Canada ont des factures à payer et des prêts à rembourser, et les banques n'attendront pas. Le gouvernement doit prendre des mesures concrètes dès maintenant pour obtenir des résultats concrets pour les agriculteurs. Il est inacceptable que les agriculteurs qui travaillent fort ne puissent pas transporter leurs grains. C'est un non-sens.
Nous demandons au gouvernement d'augmenter la pression sur les entreprises ferroviaires, notamment grâce à la mise en oeuvre et à l'application de normes de performance ferroviaire. Nous avons besoin d'une stratégie viable pour le transport ferroviaire des grains.
Les agriculteurs ne devraient pas faire face à l'augmentation des prix. Il faut agir maintenant pour trouver une solution et trouver la source du problème. Est-ce que le transport du pétrole y est pour quelque chose? Pourquoi y a-t-il un tel engorgement? Nous devons trouver des réponses. Est-ce que les ports maritimes ont aussi un rôle à jouer dans le problème?
Le gouvernement a demandé aux compagnies ferroviaires de trouver des solutions pour rattraper le retard, mais il n'envisage pas d'imposer des amendes punitives. Est-ce que le gouvernement va rester les bras croisés?
La fédération des producteurs agricoles de l'Alberta est d'avis que les entreprises ferroviaires préfèrent les compagnies pétrolières aux producteurs et aux fermiers. Le CN réplique que le pétrole n'est pas transporté dans les 5 500 wagons réservés aux grains chaque semaine. Tout le monde se lance la balle.
Le NPD demande au gouvernement d'augmenter la pression sur les entreprises ferroviaires, notamment grâce à la mise en oeuvre et à l'application de normes de performance; de s'assurer que l'information sur les navires et l'exportation sont accessibles aux producteurs; de s'assurer que les producteurs de céréales ont un accès équitable à l'infrastructure ferroviaire pour acheminer leurs produits; et d'élaborer une stratégie pour l'avenir du service ferroviaire.
Le temps est venu d'agir. Le gouvernement aurait dû prévenir une telle chose. Tout le monde a un rôle à jouer. Ce n'est pas noir ou blanc. Le débat de ce soir est intéressant et il nous permet d'apprendre des choses. On partage de bonnes idées. J'espère que nous pourrons bientôt régler cette situation frustrante et pénible pour les producteurs, qui ont travaillé tellement fort cette année.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir d'intervenir après la porte-parole adjointe du NPD. Elle fait de l'excellent travail au nom des producteurs canadiens et j'aimerais la remercier de ses observations aujourd'hui.
C'est également un plaisir d'être voisine de pupitre du porte-parole du NPD en matière d'agriculture. Il n'est pas facile de prendre la parole après lui, étant donné l'ampleur de ses connaissances.
Je suis un produit des Prairies de troisième génération, née à Edmonton, tout comme mes parents, mais avant cela, tous les membres de notre famille étaient des agriculteurs. Nous étions de fiers producteurs agricoles et quand j'étais petite, mon père m'amenait visiter les fermes familiales.
Dans ma carrière antérieure, lorsque je dirigeais le centre du droit de l'environnement, j'ai été nommée membre honoraire de la Preservation of Agricultural Land Association. Depuis, j'estime qu'il est de mon devoir d'intervenir le plus souvent possible au nom de nos producteurs agricoles. Je suis très fière d'eux. Le gouvernement répète souvent que les combustibles fossiles représentent la plus grande part de notre produit intérieur brut, mais il n'en demeure pas moins que nos produits agricoles génèrent une part importante des recettes du pays ainsi que de ma province, l'Alberta.
Il est important d'entrée de jeu de rappeler que les chemins de fer relèvent de la compétence du fédéral. Le gouvernement a un refrain qu'il se plaît à répéter. Chaque fois qu'on soulève une question à la Chambre, qu'elle touche à l'éducation, aux soins de santé ou à l'environnement, les conservateurs répondent qu'elle relève de la compétence des provinces. Dans le présent débat, ils ne peuvent tout simplement pas invoquer cette défense. Les chemins de fer relèvent bel et bien de la compétence du fédéral, et les conservateurs ont le pouvoir d'agir. Il revient au gouvernement de choisir d'intervenir, ou non. Jusqu'à présent, on a proposé une étude, mais aucune mesure précise n'a été prise.
Je rappelle aux députés et à ceux qui suivent le débat qu'il est à tout à l'honneur du Président d'avoir reconnu la nécessité de tenir un débat d'urgence ce soir, et ce, parce que 3 millions de tonnes de blé et de canola sont coincés dans les Prairies. On nous dit que la congestion des voies ferrées a exposé les sociétés céréalières à des millions de dollars de frais de surestaries, car elles sont incapables de mettre leurs marchandises à bord des navires dans le délai prévu. Beaucoup d'agriculteurs ont des acheteurs qui sont prêts à acheter le produit, mais n'ont aucun moyen de l'expédier. C'est pourquoi il est compréhensible que beaucoup de producteurs céréaliers se manifestent et demandent au gouvernement du Canada de passer à l'action. Et donc, en tant que députés, nous nous levons à la Chambre des communes pour demander au gouvernement de donner suite à leurs demandes.
Comme mes collègues l'ont dit, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures. Il a aboli la Commission canadienne du blé, alors que de nombreux producteurs ont fait valoir qu'ils dépendaient de la Commission canadienne du blé pour défendre leurs intérêts dans des situations pareilles à celles-ci. Lorsque les céréales étaient mises en commun, elles pouvaient être livrées à n'importe quel silo-élévateur. Le problème aurait donc pu, du moins en partie, être évité.
En outre, le gouvernement a aussi aboli le programme de pâturage des Prairies. Pourquoi est-ce important? Parce que de nombreux propriétaires de petites et moyennes exploitations agricoles doivent vendre leurs troupeaux. Ils compteront désormais entièrement sur les cultures céréalières. Ils ont plus que jamais besoin d'acheminer ces céréales jusqu'aux marchés afin de pouvoir acheter des semences et faire leurs semailles au printemps, qui approche à grands pas.
Il y a urgence. Le gouvernement a défendu haut et fort d'autres secteurs. Il a dépensé des centaines de millions de dollars de fonds publics pour trouver des marchés d'exportations pour nos combustibles fossiles. Pourquoi ne fait-il pas preuve du même enthousiasme pour ce secteur de l'économie canadienne? Le gouvernement dit qu'il fera une étude. Dans cinq ans, peut-être, il aura des idées et sera prêt à passer à l'action.
Le gouvernement ne défend pas avec la même énergie le secteur agricole. J'espère qu'après le débat d'aujourd'hui, il examinera plus activement les suggestions des agriculteurs dont certaines, si j'ai bien compris, remontent à 2002.
Ce n'est pas la négligence des producteurs qui est à l'origine des retards, car ils ont respecté les contrats à terme. S'il y a des retards, c'est parce que les producteurs n'arrivent pas à faire acheminer leur produit au port par les compagnies ferroviaires. En fait, les producteurs reçoivent maintenant moins de la moitié de la valeur fixée dans les contrats.
La situation est très grave, parce que j'ai entendu bien des députés de l'autre côté parler de la récolte exceptionnelle que nous avons eue cette année. Cette récolte exceptionnelle n'est pas attribuable à l'abolition de la Commission canadienne du blé. Elle est plutôt due aux bonnes conditions de croissance. Des producteurs m'ont dit que Statistique Canada avait initialement prévu une bien moins bonne récolte.
Quoi qu'il en soit, ils ont été capables...
Des voix: Oh, oh!
Mme Linda Duncan: Ce n'est pas grave, monsieur le Président. J'essaierai de parler plus fort que ceux qui chahutent en face. Ils ne veulent tout simplement pas entendre la vérité.
Des voix: Oh, oh!
Mme Linda Duncan: Monsieur le Président, leurs tactiques d'intimidation ne devraient plus me surprendre, surtout lorsque c'est une femme qui a la parole. Je continuerai donc mon intervention, parce que je suis fière de défendre les intérêts des producteurs des Prairies.
Les agriculteurs ne reçoivent pas un juste prix pour leurs produits, voilà la réalité. Le gouvernement pourrait prendre un grand nombre de mesures. Comme le porte-parole du NPD en matière d'agriculture l'a déjà dit à la Chambre, le rapport portant sur l'examen du réseau ferroviaire produit par le juge Estey en 2002 recommandait le libre accès aux chemins de fer, et un certain nombre de députés ce soir en ont parlé et ont incité le gouvernement à examiner la question en profondeur.
Nous transportons bien entendu notre bitume grâce à ces voies ferrées jusqu'aux États-Unis. Pourquoi diable ne pourrions-nous pas étudier, avec autant d'énergie, la possibilité d'utiliser ces mêmes chemins de fer pour transporter nos céréales vers les marchés?
D'autres solutions suggérées ce soir ont également été recommandées par de nombreux producteurs agricoles ainsi que par d'autres.
Auparavant, le CP et le CN partageaient certaines lignes. Peut-être est-ce une solution.
Il existe un potentiel pour des lignes secondaires. Évidemment, cela signifie que d'autres Canadiens doivent investir, aménager ces lignes et les faire fonctionner. Je sais qu'un certain nombre d'anciens députés font des démarches justement à cette fin et travaillent à d'autres solutions pour acheminer le grain vers les marchés.
Il y a également la possibilité d'utiliser des lignes appartenant aux États-Unis.
L'une des préoccupations qui ont été portées à mon attention ce soir vient de Humphrey Banack, vice-président de la Fédération canadienne de l'agriculture, qui dit que la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises, adoptée en grande pompe en juin 2013, devait résoudre le problème des négociations entre les producteurs agricoles et les expéditeurs. Le ministre avait promis qu'il réglerait le conflit. Or, les producteurs attendent toujours et tout ce qu'a fait le ministre, c'est de commander des études supplémentaires. La fédération demande donc au gouvernement d'assumer ses responsabilités, d'honorer ses promesses et d'établir un processus de rotation en veillant à ce que des sanctions soient imposées aux compagnies de transport ferroviaire qui ne respectent pas les marchés conclus avec les producteurs, car cela entraîne des conséquences considérables pour ces derniers.
Malgré cela, ils demeurent optimistes. Ils espèrent qu'à la suite du débat d'urgence de ce soir, le envisagera de respecter cette promesse.
Encore une fois — ce qui est tout à fait absurde —, les députés ministériels prennent la parole et se vantent que les récoltes ont été exceptionnelles. Cela fait partie du prétendu problème. Les récoltes ont été exceptionnelles cette année, mais pour une raison qu'on ignore, les deux principales sociétés ferroviaires, en l'occurrence le CN et le CP, ne fournissent tout simplement pas les wagons requis, ni même le nombre de wagons qu'elles s'étaient engagées à fournir selon les prévisions initiales qui étaient plus faibles.
Les sociétés ferroviaires doivent donc collaborer. Nous sommes fiers de nos producteurs de grains et nous voulons non seulement qu'ils puissent expédier leurs céréales, mais aussi qu'ils obtiennent un juste prix pour celles-ci.
Il est décevant de constater que, ce soir, nous n'avons pas cessé d'entendre les députés ministériels dire que les syndicats sont les réels coupables. Je mets les députés ministériels au défi de nous dire pourquoi les membres des syndicats pourraient être tenus responsables du fait que le produit ne se rend pas sur le marché. Je sais que bon nombre de travailleurs du rail ont été mis à pied. Nous savons qu'il y a maintenant beaucoup moins de wagons disponibles et que l'actuel président et chef de la direction du CP a beaucoup réduit le nombre de wagons disponibles. Nous savons aussi que de nombreux wagons sont maintenant réservés à l'expédition de bitume; d'ailleurs, cette question fait l'objet de débats à la Chambre et elle continuera d'attirer l'attention à l'avenir. En fait, en Alberta, nous nous préparons à exploiter deux terminaux importants qui chargeront du bitume dans des wagons à toute heure du jour, pour qu'il soit ensuite expédié par rail.
Il fait se poser la question suivante: qu'en est-il de l'expédition de certains produits, comme la potasse et le grain, par rapport à l'expédition de bitume? Y a-t-il un problème? Le gouvernement fédéral devrait-il intervenir au nom de nos agriculteurs?
En terminant, je tiens à souligner que beaucoup d'idées ont été proposées au gouvernement ce soir quant aux mesures précises qu'il pourrait prendre. Je sais que les producteurs de grains espèrent qu'il donnera suite à l'une des propositions énoncées ou même à l'ensemble des recommandations formulées.
Je suis prête à répondre aux questions.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion d'intervenir au sujet de la motion à l'étude. Il est important que les acteurs du système de transport du grain puissent fournir des explications, repérer les améliorations possibles et collaborer avec le gouvernement à l'amélioration de ce système de transport.
Comme tout le monde le sait, le Parlement vient de reprendre ses activités après le congé des fêtes. L'une de nos premières tâches a été de former les comités parlementaires, notamment le Comité de l'agriculture, dont j'ai maintenant le grand plaisir de faire partie.
Je tiens à assurer au parrain de cette motion que les députés de ce côté-ci de la Chambre qui siègent au comité ont à coeur de régler rapidement les retards du système de transport. Nous poserons aux responsables du secteur des questions difficiles, de manière à obtenir de vraies réponses et à trouver de vraies solutions à ce problème de logistique.
Cela étant dit, comme l'a mentionné mon collègue de , je suis moi-même producteur de grain, bien que ce soit surtout ma femme qui s'occupe de notre entreprise agricole. J'aimerais vous décrire un peu la réalité de la ferme et vous donner le point de vue d'un agriculteur.
Nous commençons par semer les grains au printemps. Nous prenons nos décisions en fonction de la situation. Nous surveillons la croissance de nos cultures. Cette année, les agriculteurs savaient qu'ils battraient des records en matière de récolte. Nous prenons ensuite des décisions au sujet de réservoirs supplémentaires, de sacs d'entreposage du grain et des quantités de grain à conserver et à vendre dès la sortie de la moissonneuse-batteuse, que ce soit directement ou par l'entremise de contrats passés à l'automne ou au cours de l'année.
Une fois qu'ils ont prévu l'entreposage sécuritaire de leur grain pour l'hiver, les agriculteurs étudient les possibilités de livraison à l'extérieur de la ferme. Nous ne voulons pas transporter nos grains par des températures de -40°, comme on nous l'exigeait souvent en vertu de l'ancien système. On nous demandait également de transporter le grain lorsqu'il y avait une interdiction de circuler sur les routes au printemps ou lorsque nous tentions d'établir nos cultures.
Les agriculteurs reconnaissent que les autres possibilités au plan des liquidités sont l'agriinvestissement et les paiements anticipés pour le grain. Nous avons entendu des commentaires au sujet des avances de fonds, mais il s'agit d'un outil dont disposent les agriculteurs et le gouvernement au cas où la situation actuelle perdurerait. En fait, nous connaissions le rendement, nous avons analysé les risques et nous avons pris les mesures nécessaires.
Passons maintenant à l'élément suivant de la chaîne d'approvisionnement. Au cours de la livraison d'automne, nous avons constaté un changement d'attitude aux élévateurs à grain, surtout en Alberta. Ils ont fait des appels pour organiser les horaires de livraison quotidiens, s'éloignant ainsi beaucoup des pratiques courantes. Toutefois, tout a bien fonctionné, car les camionneurs n'avaient pas à attendre très longtemps. Par le passé, il arrivait aux camionneurs de devoir attendre pendant une heure, lorsque les compagnies leur lançaient un appel général.
Évidemment, lorsque les élévateurs sont bondés, tout s'arrête. Comme je l'ai dit plus tôt, les agriculteurs prennent des décisions concernant leur partie du système de distribution, en collaboration avec l'industrie céréalière.
Parlons maintenant de l'élément suivant du système. Alors que tous ces trains traversaient les Prairies, personne n'a-t-il donc remarqué la présence de récoltes exceptionnelles? Quelle a été la planification de la part des sociétés ferroviaires? Quelle a été la coordination entre les ventes des entreprises céréalières, les wagons des sociétés ferroviaires et le chargement efficient des navires dans les ports? Voilà des questions que nous poserons aux responsables du système de logistique du grain.
Nous allons régler le problème. Cependant, j'aimerais pour le moment parler de la situation de l'industrie céréalière canadienne. De calibre mondial, l'industrie céréalière canadienne est un puissant moteur pour l'économie et pour la création d'emplois. 2012 a été la meilleure année d'exportation jamais enregistrée au Canada pour les secteurs agricole et alimentaire. Nous avons enregistré un nouveau record, soit 47,7 milliards de dollars. Pour 2013, nous allons probablement frôler les 50 milliards de dollars.
Tous les principaux secteurs d’exportation sont liés à l'industrie céréalière canadienne, à savoir le blé, les semences de canola, l'huile de canola, le soya et les légumineuses. Il s'agit d'exportations totales qui se chiffrent à plus de 20 milliards de dollars, ce qui crée des emplois et stimule la croissance partout au Canada.
Les fermes productrices de céréales et d'oléagineux représentent le pourcentage le plus élevé de la valeur totale des actifs agricoles du Canada, soit plus de 44 %, et elles comptent pour quelque 60 % du total des recettes monétaires agricoles. Pour maintenir cet incroyable élan, le gouvernement a lancé un ambitieux plan visant à moderniser le secteur canadien des grains et c'est le moment idéal pour le faire. La dernière récolte a battu des records, la demande mondiale augmente et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture estime que la population de la Terre aura besoin d'un milliard de tonnes supplémentaire de céréales au cours des quatre prochaines décennies.
Pour répondre à cette nouvelle demande, nous avons créé un nouveau marché libre pour le blé et l'orge dans l'Ouest canadien. La récolte record démontre clairement que l'abolition, il y a deux ans, du guichet unique a donné un second souffle à l'industrie canadienne du grain. La deuxième année suivant l'instauration du marché libre, les agriculteurs ont planté deux millions d'acres de blé additionnels. Je serais ravi d'expliquer l'importance du marché libre pour notre exploitation. Les décisions nous appartiennent et, comme je l'ai mentionné plus tôt, si le CN et le CP ne sont pas à la hauteur, les répercussions sont aussi graves, sinon pires, qu'à l'époque du guichet unique. La différence serait que les excuses viendraient d'eux à la place.
Il ressort d'une enquête réalisée par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante que la vaste majorité de ses membres agricoles, soit plus de 80 %, sont contents de l'incidence que le marché libre a sur leurs activités. Voilà pourquoi les jeunes agriculteurs reprennent le flambeau. Ils prennent des décisions de commercialisation, assis sur leur moissonneuse-batteuse. La tendance se maintiendra. Oui, les récoltes exceptionnelles sont la nouvelle norme. Voici ce qu'a déclaré un collègue agriculteur:
Nous avons eu une récolte record l'an dernier et notre rendement a considérablement augmenté. L'économie agricole prospère, le perfectionnement de la génétique, l'utilisation accrue de nouveaux fongicides améliorés, de meilleures pratiques agronomiques et une meilleure utilisation des micronutrients dans les engrais sont autant de facteurs déterminants.
C'est Gary Stanford, président des Producteurs de grains du Canada, qui a fait cette déclaration.
Cela dit, nous comprenons la frustration des agriculteurs à l'égard d'un système qui ne transporte pas le grain assez rapidement pour répondre à la demande. Le gouvernement a pris des mesures pour améliorer le rendement de toute la chaîne d'approvisionnement par train pour aider les agriculteurs à acheminer leurs récoltes jusqu'au marché. Il pourrait, au besoin, agir pour protéger l'économie et les producteurs céréaliers du Canada en présentant un projet de loi pour remettre le CN sur les rails si ce problème se matérialise. Nous avons eu de bonnes nouvelles à cet égard ce soir: un investissement de 1,5 million de dollars dans un projet de collaboration multisectoriel dirigé par Pulse Canada entre les industries des légumineuses, des oléagineux et des céréales pour améliorer l'efficacité et la fiabilité de la chaîne d'approvisionnement; l'adoption de la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises, ce qui créera un processus pour établir des ententes de service; un investissement de 25 millions de dollars pour appuyer les expéditions de grain par le port de Churchill, qui, bien entendu, a enregistré un nombre record de chargements cette année; et le libre choix en matière de commercialisation pour les producteurs de blé et d'orge de l'Ouest canadien. Ce sont là des décisions qui sont prises par des personnes qui ont désormais des intérêts à défendre dans tous les aspects de leurs opérations.
Le gouvernement aide à relever les défis liés à la chaîne d'approvisionnement en réunissant des groupes de l'industrie à des tribunes telles que la table ronde sur la chaîne d'approvisionnement des marchandises, le groupe de travail sur la logistique du transport des récoles et les tables rondes sur la chaîne des valeurs pour trouver des solutions globales proposées par l'industrie qui conviennent à tous les intervenants. Ce sont eux qui savent vraiment ce qui se passe dans la chaîne d'approvisionnement des marchandises.
Nous avons également pris des mesures pour donner suite aux recommandations antérieures formulées par le Groupe de travail sur la logistique du transport des récoltes. Ainsi, nous avons cherché à améliorer le programme de surveillance du grain de façon à accroître la fréquence des rapports et nous nous sommes engagés à offrir une tribune permanente aux représentants de l'industrie pour qu'ils puissent discuter des améliorations devant être apportées à toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement. Le Groupe de travail sur la logistique du transport des récoltes a été créé pour améliorer l'efficience du système, et nous avons déjà commencé à donner suite à certaines recommandations antérieures. Le groupe de travail est une bonne tribune pour les intervenants de l'industrie puisqu'il leur permet de communiquer leurs points de vue, d'établir un consensus au sujet des dossiers prioritaires et de cerner les possibilités d'améliorer le rendement de la chaîne d'approvisionnement. Son travail viendra compléter l'étude que le gouvernement a financée sur la chaîne d'approvisionnement en céréales, qui a également permis de trouver des façons d'améliorer l'efficience et la fiabilité du système.
Afin de garantir plus de constance et de rendre le système plus clair, l'an dernier, le gouvernement a adopté la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises. La loi prévoit un processus visant la conclusion d'ententes de service qui, au bout du compte, encouragent les expéditeurs et les sociétés ferroviaires à mettre au point des solutions commerciales. Transports Canada s'est engagé à créer une table ronde sur la chaîne d'approvisionnement des marchandises afin que les partenaires de la chaîne d'approvisionnement, y compris ceux du secteur des grains, puissent discuter des enjeux.
J'aimerais prendre quelques instants pour parler de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe, l'Accord économique et commercial global. Le gouvernement continuera de déployer des efforts afin de moderniser le secteur des grains pour qu'il dispose des outils requis pour résoudre les problèmes commerciaux et soit bien placé pour continuer à être un moteur de l'économie canadienne. Il est aussi question de cela dans le cadre du débat de ce soir.
La conclusion d'accords de principe historiques avec de nombreux autres pays, mais plus particulièrement avec l'Union européenne, constitue un bon exemple. Lorsque cet accord commercial sera entièrement mis en oeuvre, les agriculteurs et les transformateurs d'aliments canadiens auront accès à un demi-milliard de consommateurs et leurs produits seront pratiquement exempts de droits de douane. C'est une réalisation remarquable, surtout lorsqu'on tient compte du fait qu'à l'heure actuelle, seulement 18 % des lignes tarifaires de l'Union européenne applicables aux produits agricoles sont exemptes de droits de douane.
Parmi les industries agricoles des pays du G8, seule l'industrie canadienne bénéficiera d'un accès préférentiel à l'Union européenne. Comme les représentants des Producteurs de grains du Canada l'ont récemment dit, cet accord commercial ouvre de nouvelles portes à l'industrie céréalière du Canada.
Les trois principaux produits agroalimentaires que nous exportons vers l'Union européenne sont le soya, le blé dur et le blé autre que le blé dur. L'Europe n'a pas assez de céréales pour le bétail et pour l'industrie des biocarburants. Nous avons donc réellement l'occasion de commencer à expédier nos produits là-bas.
L'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire estime que des débouchés d'une valeur de 100 millions de dollars par année s'ouvriront aux céréales et oléagineux en Europe. En ce qui concerne le blé, les droits de douane pouvant atteindre 122 $ la tonne seront éliminés une fois que l'accord sera mis en oeuvre. À un rendement d'une tonne de blé par acre, cela représente 122 $ l'acre. Quant à l'orge, ce sont des droits de douane pouvant atteindre 120 $ la tonne qui seront éliminés. Pour les légumineuses et les grains transformés, les droits de douane, qui vont de plus de 7 % en montant, disparaîtront également. Même chose pour l'huile de canola, dont les droits de douane excèdent les 9 % à l'heure actuelle. À eux seuls, les cultivateurs de canola pourraient augmenter de 90 millions de dollars leurs ventes en Europe, si l'on inclut le marché du biodiesel. Nos producteurs de légumineuses estiment que l'accord leur ouvre des possibilités de vente pouvant atteindre un million de tonnes; ils approvisionneront l'Europe en ingrédients sains à incorporer à tout un éventail d'aliments transformés. Bien entendu, nos producteurs de porc et de boeuf ressortiront également gagnants, puisque l'on estime que leurs ventes pourraient augmenter d'un milliard de dollars par année, ce qui est également une bonne nouvelle pour le secteur céréalier du Canada.
Parlons de quelques-unes des excellentes initiatives en agriculture qui aideront à guider les producteurs. Au chapitre des barrières non tarifaires, l'accord établira des mécanismes qui permettront au Canada et à l'Union européenne de résoudre les questions importantes pour les exportateurs agricoles, telles que la coopération sur le plan technique et réglementaire, la promotion de processus d'approbation efficaces fondés sur les données scientifiques, et la coopération pour assurer la faible présence de cultures génétiquement modifiées.
L'accord prévoit aussi de nouveaux mécanismes pour prévenir et résoudre les contestations commerciales liées à la protection des végétaux et à la salubrité des aliments. Le demeure résolu à élaborer une politique visant à ce que l'on ne retrouve que de faibles quantités d'OGM dans les céréales, les aliments et le boeuf, et nous continuons à collaborer avec nos partenaires commerciaux et les intervenants au Canada pour établir une approche prévisible, flexible, transparente et proactive.
Le Canada a aussi lancé une initiative mondiale en collaboration avec 15 autres pays qui souhaitent trouver une solution à l'échelle internationale en ce qui a trait à la présence en faible quantité d'OGM; on veut ainsi minimiser les interruptions des échanges commerciaux. Nous voulons encore mettre en oeuvre la Convention internationale pour la protection des obtentions végétales, qui a vu le jour en 1991, afin de stimuler les investissements, l'innovation et la croissance dans le secteur agricole.
Nous mettons l'accent sur les normes internationales visant les limites maximales de résidus de pesticide, lesquels peuvent nuire aux exportations canadiennes en agissant comme une barrière non tarifaire.
La réforme de la Commission canadienne du blé ainsi que l'accord commercial conclu avec l'Europe ont été d'une importance capitale, et ils nous ont poussés à intensifier nos efforts pour moderniser la politique sur les grains, élargir les marchés et miser sur l'innovation.
Nous allons de l'avant avec notre ambitieux programme commercial; nous ciblons des marchés clés tels la Chine et nos partenaires transpacifiques; nous avons engagé des négociations avec le Maroc; et nous discutons avec plus de 50 autres pays des quatre coins du monde qui pourraient se révéler d'importants clients.
Le souhaite également poursuivre la modernisation de la Commission canadienne des grains. Nous entendons d'ailleurs faire fond sur notre première série de réformes.
Nous continuerons en outre à améliorer la chaîne d'approvisionnement grâce à un certain nombre d'initiatives; nous inciterons notamment Transports Canada à organiser la table ronde sur la chaîne d'approvisionnement qu'on nous avait promise afin de mettre fin aux pratiques non efficientes dans la chaîne d'approvisionnement.
Nous continuons à innover. Dans le cadre de Cultivons l'avenir II, nous investissons 70 millions de dollars dans des projets et grappes de recherche sur les céréales, les oléagineux et les cultures spéciales. Ceci comprend la grappe du blé, qui reçoit du gouvernement et de l'industrie un financement de plus de 25 millions de dollars. Dans ces grappes, c'est en commun qu'on établit les directions et qu'on tente d'atteindre les objectifs fixés ensemble.
Mentionnons aussi l'Alliance canadienne du blé, un partenariat de cinq ans entre l'Université de la Saskatchewan et le Conseil national de recherche, financé à hauteur de 97 millions de dollars, et dont l'objectif est de créer de nouvelles variétés de blé Élite. Le projet vise à accroître le rendement du blé dans une proportion estimée de 10 boisseaux par acre, ce qui représenterait une hausse des revenus des agriculteurs de près de 5 milliards de dollars au cours des vingt prochaines années.
Les grappes nous l'ont montré, la collaboration est cruciale pour le progrès et l'innovation. Pour que les agriculteurs disposent d'outils de pointe, nous devrons mettre davantage l'accent sur la collaboration entre les secteurs public et privé, ainsi que sur les partenariats des chaînes de valeur, comme ceux dont il est question ce soir.
Le gouvernement et l'industrie devront tous deux investir pour répondre à la nouvelle demande de céréales à l'échelle mondiale. Par ailleurs, Agriculture et Agroalimentaire Canada maintient son engagement envers la recherche fondamentale et ses partenariats avec l'industrie pour l'application de nouveaux outils, comme en témoigne la récente découverte scientifique de trois gènes résistants à Ug99, une rouille de la tige du blé potentiellement dévastatrice. Les découvertes issues de ces recherches protégeront le gagne-pain des producteurs agricoles et aideront à assurer la sécurité alimentaire du Canada et du monde entier. Nous avons investi 13 millions de dollars dans la lutte contre cette maladie, auxquels s'ajoute la somme de 1,6 million de dollars allouée dans le cadre de Cultivons l'avenir II.
Le nouveau système d’enregistrement des variétés est aussi étroitement associé à notre capacité d'innovation. Nous sommes résolus à travailler avec l'industrie pour créer un système qui favorise l'innovation et la productivité, réduit le délai d'introduction des variétés sur le marché et répond aux attentes des agriculteurs en matière de rendement, ainsi qu'à celles des clients en matière de qualité et d'uniformité.
Dans le futur, l'industrie céréalière canadienne jouera certainement un rôle essentiel dans la création d'emplois et la croissance économique. Bien sûr, il y a des obstacles; il faut s'y attendre dans une industrie en pleine expansion. Nous abordons ces problèmes en collaborant étroitement avec l'industrie et en exhortant tous les acteurs du milieu, y compris les compagnies de chemins de fer, à intensifier leurs efforts.
C’est le moment idéal pour l'industrie céréalière canadienne de saisir les nouvelles possibilités qu’offrent les marchés naissants qui privilégient plus que jamais des aliments sains et nutritifs. Le gouvernement devra continuer à travailler main dans la main avec elle pour opérer des changements durables et réunir les conditions qui permettront au secteur de développer son plein potentiel économique.
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Monsieur le Président, pour commencer, j'aimerais dire que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue, la députée de .
Je suis heureuse de prendre la parole au sujet de la motion présentée à la Chambre. C'est une motion qu'un grand nombre de gens dans ma circonscription et dans ma région ont à coeur.
Avant que je parle d'où je viens et de l'importance du transport ferroviaire pour le secteur agricole et l'économie du Nord, je veux faire un commentaire. Il y a des moments à la Chambre où le temps et l'espace semblent se télescoper. On jurerait avoir déjà entendu certains propos et on jurerait que les problèmes dont on parle avaient été prédits peu de temps auparavant.
Nous discutons maintenant d'un problème que les agriculteurs de l'Ouest canadien avaient prédit. En dépit des beaux discours du Parti conservateur, les agriculteurs de l'Ouest canadien et de tout le pays connaissent leurs terres. Ils sont au fait de la réalité que vive leur collectivité et des conditions économiques environnantes mieux que n'importe qui d'entre nous.
Que nous ont dit les agriculteurs du pays lorsqu'ils étaient le centre d'attention parce que le gouvernement faisait peu de cas de leur avis sur le démantèlement de la Commission canadienne du blé? Ils nous ont dit qu'ils se faisaient arnaquer par les compagnies ferroviaires. Ils nous ont dit qu'ils travaillaient dur pour livrer un produit de la meilleure qualité dans le monde entier, ce qu'ils font toujours. Ils nous ont dit qu'ils savaient, à en juger par l'évolution de la situation dans des collectivités environnantes — que ce soit le Sud-Ouest du Manitoba, la Saskatchewan ou l'Alberta — que le transport de pétrole et de gaz augmentait et que les voies ferrées étaient de plus en plus utilisées pour transporter d'autres produits que les leurs, ce qui leur causait d'immenses difficultés. Ils disaient que leurs avis — que ce soit à propos de la Commission canadienne du blé ou de toute autre décision les touchant — devaient être au coeur des décisions prises.
C'est la dernière chose que le gouvernement ait faite. Plusieurs députés d'en face ont travaillé dans l'industrie agricole pendant de nombreuses années, ce qui suscite notre respect à tous. Ce que je ne comprends pas, cependant, c'est que les députés conservateurs sont nombreux, qu'ils aient ou non pratiqué l'agriculture, à prétendre parler au nom des agriculteurs de l'Ouest. Or, ils ne parlent pas au nom de ceux qui ont besoin d'aide et de soutien. Les agriculteurs de l'Ouest ont fait tout ce qu'ils ont pu, comme chaque année, pour produire les récoltes qu'ils ont besoin pour vivre, subvenir aux besoins de leur famille et assurer la croissance. Malheureusement, le gouvernement fédéral, qui a le pouvoir de changer les choses, les laisse tomber. Les députés qui prétendent représenter leurs intérêts font partie de ce même gouvernement.
Sur la carte du Canada qui se trouve dans le bureau du premier ministre, les Prairies doivent être en bleu, ce qui signifie que le gouvernement tient leur vote pour acquis. Le débat ne pourrait pas être mieux choisi pour montrer à quel point le gouvernement tient l'Ouest pour acquis. Il tient pour acquis les gens qui travaillent fort pour redonner à leur pays et qui contribuent à bâtir notre pays dans le secteur agricole. C'est grâce à eux que le Canada a acquis une solide réputation d'exportateur de céréales. Ils veulent simplement être traités équitablement.
Il y a un effet domino à tout cela. Je peux en témoigner en tant que députée de Churchill, car je sais à quel point Churchill a été touchée par la décision malavisée du gouvernement, prise dans l'intérêt de grandes sociétés, de démanteler le guichet unique de la Commission canadienne du blé.
Churchill a une histoire très diversifiée, mais le port est l'un des piliers de la ville. Ce port est un joyau pour le Nord du Manitoba, ma province et le pays tout entier. Il s'agit du seul port de mer en eau profonde du Nord du Canada. Le réchauffement climatique, qui est un phénomène malheureux, a l'avantage d'accroître les débouchés commerciaux par le port puisque l'eau y gèle plus tard au cours de l'automne.
Ce port présente beaucoup de possibilités d'investissement. Ainsi, on pourrait chercher des moyens d'accroître les liens entre Churchill et des pays partout dans le monde, notamment ceux du Nord.
Le grain est l'un des produits qui passent par le port de Churchill depuis des décennies. Comme pour chaque port, la Commission canadienne du blé coordonnait, jusqu'au bout, le type de trafic qui devait passer par Churchill et tout autre port. On avait choisi Churchill parce qu'il s'agissait de la façon la plus rapide et la plus économique, à cette époque de l'année, d'expédier le grain vers certains pays. Si c'était économique, ce n'était pas pour permettre à la Commission canadienne du blé de faire des profits, mais plutôt pour permettre aux agriculteurs d'économiser temps et argent, car ils n'avaient pas à décider où et comment expédier leur grain. La commission était là pour veiller sur les intérêts des agriculteurs de l'Ouest. Or, dès que le gouvernement conservateur a aboli ce système à guichet unique, il a laissé tomber les producteurs canadiens de blé et de céréales.
À Churchill, nous savons que la décision ironique du gouvernement de subventionner l'expédition de marchandises par l'intermédiaire du port de Churchill a créé une augmentation superficielle de l'achalandage. Comme les députés le savent, la subvention, qui est d'une durée de cinq ans, viendra à échéance d'ici 2017. Le maire de Churchill, à qui j'ai parlé il y a quelques jours, me confiait que la population locale était très préoccupée par ce que l'avenir réserve à la ville et à la région.
Churchill subit bien sûr les répercussions de la disparition du système à guichet unique, mais elle est aussi profondément touchée par l'incapacité chronique du gouvernement Harper à définir et à concrétiser une vision fondée sur les intérêts des Canadiens, sur les intérêts des habitants du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta, qu'ils appartiennent au monde agricole ou à un autre secteur.
L'effet domino se fait sentir dans d'autres secteurs. Lorsque les wagons ne sont pas disponibles pour les agriculteurs, ils ne sont pas disponibles non plus pour un nombre grandissant d'autres industries. Par exemple, notre région dépend aussi de la foresterie, une autre industrie ayant grandement souffert sous le règne du gouvernement actuel. Tout récemment, Tolko, une entreprise forestière très prospère de notre région annonçait qu'elle allait mettre des travailleurs à pied temporairement. Pourquoi? Parce qu'elle ne peut pas expédier ses produits. Elle en a beaucoup trop et il n'y a pas de wagon pour les transporter.
Ce n'est pas la demande du produit qui fait défaut. En fait, le papier industriel est fort demandé dans le monde. L'entreprise exporte partout dans le monde. Ce n'est pas que la qualité du produit laisse à désirer. Sa production est le fruit de recherches remarquables et de technologies de pointe. Les gens perdent leurs emplois parce qu'on manque de wagons.
Pendant le débat, j'ai eu la chance d'entendre d'excellentes anecdotes provenant de l'autre côté de la Chambre et des commentaires fort élogieux sur les agriculteurs du Canada. Je ne peux m'empêcher de penser en ce moment aux personnes qui sont en difficulté parce qu'elles ont perdu leur emploi. Elles savent que leur produit ne peut être acheminé ailleurs. Elles ignorent ce qu'elles réussiront à sauver cette année. En raison de l'inaction du gouvernement conservateur, elles ne croient pas que la situation s'améliorera l'année prochaine.
Nous ne siégeons pas jusqu'à minuit pour discuter. Nous sommes ici pour demander au gouvernement conservateur d'améliorer les choses et pour défendre les agriculteurs et les Canadiens de l'Ouest ainsi que les localités comme Churchill, Le Pas et bien d'autres collectivités que les conservateurs représentent.
Nous demandons au gouvernement d'écouter la population de l'Ouest et de participer aux discussions avec les compagnies ferroviaires pour qu'elles arrêtent d'escroquer les agriculteurs et les Canadiens de l'Ouest. Nous demandons au gouvernement de faire bouger les choses, nous le demandons au nom d'une région du pays qui mérite d'être bien représentée.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole pour appuyer la motion dont la Chambre est saisie.
Comme ma collègue, je pense que ces débats d'urgence permettent à tous les partis de collaborer sur une question que nous jugeons urgente. J'entends tellement parler des familles. Dans l'ensemble du pays, il y a des familles qui souffrent. Il importe peu qu'elles habitent à Terre-Neuve ou à Vancouver.
Aujourd'hui, nous devons mettre l'accent sur les agriculteurs. Nous vivons dans un pays énorme. Notre géographie est une véritable source d'inspiration. Ce sont nos provinces de l'Ouest qui cultivent la majorité du grain et des légumineuses. J'ai été surprise il y a quelques années d'apprendre qu'une grande partie de notre grain est exporté pour alimenter des gens des quatre coins de la planète. Les députés seraient peut-être surpris d'apprendre que 40 % des légumineuses cultivées dans les Prairies sont exportées en Chine et en Inde. C'est quelque chose que je ne savais pas et qui m'a surprise.
Nous parlons ici des personnes qui cultivent le grain destiné à la consommation intérieure, qui contribuent à notre balance commerciale et qui nourrissent les habitants du reste de la planète. Il est honteux de voir la piètre façon dont le gouvernement traite nos agriculteurs.
Je ne reviendrai pas sur la question de la Commission canadienne du blé. Je crois que nous commençons à voir les résultats qu'avaient prédits les députés de ce côté-ci de la Chambre alors que le gouvernement maintenait catégoriquement qu'il fallait démanteler une institution canadienne qui servait bien les céréaliculteurs canadiens, et ce, pour des raisons purement idéologiques. La décision n'a pas été fondée sur les besoins des agriculteurs, mais sur les motifs idéologiques du gouvernement. Le gouvernement a carrément imposé sa volonté.
Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter de la rapidité avec laquelle le grain peut être transporté, si tant est qu'il puisse l'être. Les agriculteurs disent avoir des récoltes massives. Nous devrions nous réjouir de cette nouvelle. La plupart des pays s'en réjouiraient. Or, nos agriculteurs ne peuvent s'en réjouir car le grain ne peut être acheminé.
Le gouvernement aime beaucoup signer des accords commerciaux internationaux. Toutefois, à moins d'avoir en place l'infrastructure voulue pour transporter la marchandise en territoire canadien afin de l'acheminer vers les ports à destination des marchés étrangers, il faut se demander à quel point le gouvernement est sérieux lorsqu'il signe ces accords ou si ce ne sont que des balivernes.
J'habite dans une ville portuaire, comme le savent les députés, et j'ai l'honneur et le privilège de compter dans ma région Port Metro Vancouver ainsi que le terminal Deltaport. Je me suis entretenue à maintes reprises avec des sociétés de transbordement, qui me parlent des difficultés auxquelles elles sont confrontées. J'ai passé du temps à visiter ces sociétés pour voir comment le système portuaire fonctionne et comment les marchandises en provenance des Prairies sont expédiées à partir des ports.
Les ports canadiens éprouvent d'énormes difficultés en ce moment. Le transport de marchandises vers les ports, en l'occurrence par voie ferrée, contribue à ces difficultés. J'ai appris, par exemple, que quand des wagons remplis de grain arrivent au port, la société de transbordement a 24 heures pour les vider. Si elle ne respecte pas les délais, elle s'expose à une amende plutôt lourde. J'étais étonnée.
Cependant, qu'il soit en retard d'un jour, de deux jours ou même d'une semaine, le CN n'a aucune pénalité à assumer. Ce sont les transbordeurs qui les assument. Ils sont perdants à maints égards.
Ils doivent d'abord payer des pénalités au CN.
Ensuite, les camionneurs sont payés, que les marchandises arrivent à temps ou non. C'est donc une perte double pour les entreprises de camionnage, les propriétaires-exploitants ainsi que les transbordeurs. Il y a des gens qui sont payés pour décharger le grain, le mettre en sac et l'expédier. Ils se font payer même s'ils se tournent les pouces en attendant que le grain arrive. Ils passent de vaches maigres à vaches grasses. Ce n'est pas la façon idéale d'exploiter une entreprise. Ces sociétés engagent des employés et attendent les marchandises. Que se passe-t-il quand elles n'arrivent pas? Les sociétés doivent quand même payer leurs employés. Les camionneurs, les propriétaires-exploitants, sont les plus gros perdants.
Il faut vraiment rectifier la situation.
Les agriculteurs des Prairies récoltent un excellent produit de qualité, que ce soit du grain ou des légumineuses, que le reste du monde veut acheter. Mais malheureusement, nous n'avons pas l'infrastructure nécessaire. Il doit y avoir moyen d'obtenir des wagons facilement. Le gouvernement devrait pouvoir discuter avec le CN pour régler tous ces problèmes.
On se retrouve plutôt dans une situation où les agriculteurs, malgré une récolte exceptionnelle, disent maintenant qu'ils sont au bord de la faillite; ils n'ont pas été payés, parce qu'ils ne reçoivent rien tant que le grain n'est pas expédié. Nous avons là un grave problème. Il faut savoir que ce sont les agriculteurs, les entreprises de transbordement et les camionneurs qui en souffrent. Les coûts sont refilés à toute la chaîne, et il s'agit de coûts élevés.
J'entends les députés d'en face répéter sans cesse qu'ils ont le sens des affaires et qu'ils sont de bons gestionnaires de l'économie. Tout bon gestionnaire de l'économie réglerait un problème d'une telle ampleur, parce qu'il s'agit d'un produit canadien que d'autres pays veulent acheter, mais qui ne parvient pas au port à temps. Ce sont les entreprises canadiennes, les entreprises de transbordement ainsi que les camionneurs qui finissent par en être pénalisés et en subir les contrecoups.
Les camionneurs passent de périodes de disette à des périodes de surplus de travail, au point de se faire dire qu'il n'y a pas assez de camionneurs et qu'il faut plus de véhicules.
Par ailleurs, les ports eux-mêmes ont du mal à faire les plans nécessaires pour expédier les produits.
Parfois, certains députés pensent peut-être que notre imagination est fertile. Permettez-moi cependant de leur dire que des agriculteurs et des producteurs de grains nous ont fait part de leurs commentaires. Un producteur de lin de Central Butte, en Saskatchewan a déclaré que le libre-échange ne sert à rien si on n'arrive pas à acheminer le produit.
Contrairement à moi, mes ancêtres ont exercé le métier d'agriculteur. Mes grands-parents et arrière-grands-parents étaient agriculteurs. Je sais, malgré tout, que les agriculteurs sont directs et n'y vont pas par quatre chemins. Je crois qu'il y a une leçon importante à en tirer.
Voici une déclaration de Kyle Friesen, président de la Manitoba Pulse Growers Association:
Nous devons expédier le grain, car beaucoup de producteurs risquent d'être payés pour la récolte de l'an dernier seulement après les semailles du printemps.
Combien de députés aimeraient attendre six ou neuf mois avant de toucher leur paie? Aucun.
Cette attente leur fait déjà perdre des ventes. Il faut que le vent tourne, sinon les producteurs manqueront de liquidités au moment d'acheter les semences et les autres produits essentiels ce printemps.
Cette situation nuit au commerce international. Notre incapacité d'organiser le transport de nos céréales et de nos légumineuses vers les ports après la récolte, en vue de les acheminer aux pays qui les ont achetés, mine notre crédibilité.
Voici ce qu'a déclaré Rick White, directeur général de la Canadian Canola Growers Association:
La grande question est la suivante: seront-ils en mesure de faire livrer suffisamment de grain dans le système pour pouvoir rembourser les avances de fonds avant l'échéance?
Les agriculteurs qui cultivent des céréales et qui contribuent à notre balance commerciale sont punis. Si nous souhaitons que les membres des générations futures continuent d'oeuvrer dans le secteur agricole et de tirer profit de la richesse de nos terres, nous devons évidemment mettre en place les infrastructures nécessaires. Nous devons également veiller à ce qu'ils soient rémunérés au bon moment et de façon appropriée, afin qu'ils ne soient pas obligés de quémander et de se demander s'ils vont pouvoir nourrir leur famille et poursuivre leurs activités l'année suivante, ou encore craindre que leur grain pourrisse.
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Monsieur le Président, je suis ravi de participer au débat de ce soir. Il est très regrettable que nous soyons obligés de discuter encore une fois de la lenteur du transport ferroviaire. Je suis à Ottawa depuis une vingtaine d'années et j'ai pris part à de nombreuses discussions sur les problèmes liés à la circulation ferroviaire.
Avant d'entrer en politique, j'étais économiste agricole et agriculteur. J'ai été confronté à la même situation à maintes reprises et je tiens à dire que c'est éprouvant. Le problème nuit aux agriculteurs à l'heure actuelle. De nombreux membres de notre caucus oeuvrent encore dans le secteur agricole. C'est certainement mon cas. La lenteur du transport ferroviaire m'a causé de sérieux torts. Elle a aussi nui aux dix agriculteurs, de jeunes producteurs pour la plupart, qui louent mes terres contre une partie des récoltes. Je paie une partie des dépenses et j'obtiens une partie des récoltes. Chacun d'eux est durement touché par la lenteur du transport ferroviaire.
La situation est certainement très difficile et déplorable. Nous aimerions tous qu'elle soit réglée une fois pour toutes. Elle ne le sera probablement jamais, mais je sais que notre gouvernement a pris de nombreuses mesures qui amélioreront et ont amélioré les choses, des mesures qui ont donné lieu à un très bon transport ferroviaire au cours des dernières années.
J'aimerais tout d'abord parler de la situation.
La situation dans l'Ouest canadien est très inhabituelle parce que 85 % de bon nombre de nos récoltes sont exportées. C'est très inhabituel. Les seuls pays qui pourraient être dans une situation similaire sont l'Australie et l'Argentine. Cependant, la plupart des récoltes en Australie sont cultivées à moins de 200 milles de la côte. De même, en Argentine, les distances que le grain doit parcourir pour arriver à un port et être exporté dans d'autres pays ne sont certainement pas aussi grandes qu'au Canada.
Dans notre pays, nous exportons une très grande partie de nos récoltes. C'est notre seul marché. Les produits doivent parcourir de très longues distances, bien au-delà de 1 000 kilomètres, et même 1 500 kilomètres dans certains cas. C'est une situation très inhabituelle et problématique.
Au cours des dernières années, les compagnies de chemin de fer ont transporté une quantité record de grains et d'autres marchandises. En fait, le CN mérite vraiment des félicitations pour avoir, du moins jusqu'à ces derniers mois, augmenté chaque année depuis quatre ans le transport de presque toutes les marchandises. Il mérite des éloges pour cela. Il a fait un excellent travail. En effet, il a pris une entreprise moyenne, et il l'a transformée en ce qui est probablement la meilleure compagnie de chemin de fer en Amérique du Nord.
Toutefois, cela ne signifie pas que la compagnie n'a pas à répondre de sa conduite en décembre et en janvier. Elle a véritablement fait beaucoup de tort aux agriculteurs. Elle leur a nui parce que l'immobilisation de leur produit fait en sorte qu'ils ne touchent aucun revenu. En outre, elle leur a porté préjudice, car la situation a entraîné une forte chute des prix. À mon avis, certaines sociétés céréalières tirent abusivement avantage de la situation. Elles savent que les céréales ne sont pas acheminées jusqu'à la côte; elles ne paient donc pas autant qu'elles le feraient si transport du grain se faisait plus normalement. C'est un grave problème.
D'ailleurs, un jeune agriculteur qui loue certaines de mes terres m'a téléphoné ce soir, après le commencement du débat. Il m'a dit avoir appelé quelques sociétés céréalières aujourd'hui pour obtenir un prix pour du blé qu'il doit vendre. Il a reçu une offre pour avril de 5,35 $. Il s'agit de blé tendre blanc, la sorte de blé la moins chère. Ce blé sert souvent à la production d'éthanol. Par les temps qui courent, ce n'est pas si mal comme prix.
L'offre venait d'un expéditeur situé à 20 miles à l'ouest de sa ferme, en Saskatchewan. Par contre, à 20 miles au sud, on lui offrait 3,50 $ le boisseau. Après avoir indiqué qu'on lui avait offert 5,35 $ à 20 miles à l'ouest, il a demandé pourquoi on ne lui offrait que 3,50 $. On lui a répondu que la direction avait donné la consigne de ne pas offrir plus, car certains agriculteurs, en désespoir de cause, accepteraient l'offre.
Si c'est effectivement ce qui se produit, alors les sociétés céréalières négocient injustement. Dans un marché normal, je dirais que c'est la loi du marché. Or, en l'occurrence, il ne s'agit pas d'un marché normal, car les agriculteurs et les sociétés céréalières sont à la merci d'une compagnie de transport ferroviaire. Je dis bien « une compagnie », car dans la plupart des cas, les agriculteurs n'ont qu'une seule option. Ils doivent choisir la ligne qui passent le plus près de leur exploitation agricole, qu'elle appartienne au CN ou au CP. Ils n'ont donc pas le choix.
Il ne s'agit pas d'un marché libre, alors il se passe des choses qui ne devraient pas arriver. Voilà pourquoi le gouvernement doit intervenir. Le ministre travaille ardemment au dossier depuis des mois. Nous savions depuis le milieu de l'été que les récoltes seraient phénoménales. Le ministre a immédiatement entamé les démarches auprès de tous les intéressés. De toute évidence, les sociétés de transport ferroviaire ont offert un très bon service les premiers mois de la saison des récoltes. Par contre, en décembre et janvier, je n'ai pas les chiffres exacts, mais je sais que le service était loin d'être suffisant, et le ministre s'emploie à trouver une solution.
Les députés d'en face parlent du plan quinquennal pour remédier aux lacunes du système, or c'est, à vrai dire, un plan à long terme. Le ministre travaille également à l'élaboration d'un plan à court terme. Je suis convaincu que nous obtiendrons des résultats. C'est trop lent à mon goût. C'est trop lent au goût des agriculteurs, mais on ne pouvait pas vraiment s'attendre à mieux.
À mon avis, l'actuel est le meilleur que ce pays ait connu au cours des dernières décennies. Je ne dis pas cela uniquement parce que je suis membre du Parti conservateur. Il a les choses bien en main, il travaille pour les agriculteurs et il leur ouvre de nouveaux marchés, ce qui est très important, surtout avec l'augmentation des récoltes. Nous avons eu des récoltes record l'an dernier et je pense que cette tendance se maintiendra dans les prochaines années. Le ministre fait de l'excellent travail.
Cela dit, j'encourage les agriculteurs à continuer d'inciter les chemins de fer, les sociétés céréalières, les ports et le gouvernement à en faire davantage et à agir plus rapidement, car la situation actuelle est totalement inacceptable.
Ce n'est pas parce que le débat porte sur un sujet qui me tient à coeur que je suis ici ce soir. Je suis ici pour une seule chose. Je trouve vraiment trop fort d'entendre les députés d'en face se plaindre de la lenteur du transport ferroviaire. Certains ont même déploré le fait que le pétrole brut est de plus en plus transporté par train. Il est vrai que le transport du pétrole brut par train a triplé au cours des deux dernières années. En fait, il pourrait avoir triplé cette année par rapport à l'an dernier. Les députés se plaignent de cela tout en faisant de leur mieux pour empêcher la construction de nouveaux pipelines. Ils devraient accepter de porter le blâme pour cette situation, c'est certain. Ils bloquent le projet des pipelines. Or, si le pétrole n'est pas transporté au moyen de pipelines, il sera transporté par train.
Les chemins de fer nuisent au transport des céréales et c'est un problème. Je leur reconnais toutefois le mérite d'avoir augmenté le transport de toutes les marchandises au cours des derniers mois. Ils doivent intensifier leurs efforts. Le CN a fait du bon travail au cours des quatre dernières années et le CP commence à se reprendre en mains, ce qui est encourageant. Étant donné l'importance des distances à parcourir au pays, nous dépendons réellement des chemins de fer pour acheminer les marchandises en vrac vers les marchés. Il n'existe pas d'autres choix. J'aimerais que les députés d'en face y pensent sérieusement.
À quel point la situation est-elle mauvaise? J'ai déjà parlé d'un exemple qui en disait long, celui de l'agriculteur qui loue mes terres.
Certains députés ont parlé d'éliminer le monopole exercé par la Commission canadienne du blé. La commission existe toujours. Il est encore possible pour les agriculteurs d'y expédier leurs récoltes. Certains ont tenté de faire croire que l'abolition du monopole exercé par la Commission canadienne du blé a exacerbé le problème. En réalité, c'est tout le contraire.
J'ai suivi l'évolution de ces problèmes au fil des années, tout d'abord en tant que jeune homme ayant grandi sur une ferme, ensuite en tant qu'agriculteur et économiste agricole qui travaillait avec d'autres agriculteurs sur la commercialisation. Les problèmes ne sont pas nouveaux, mais les choses ne sont pas plus faciles pour autant.
À quel point la situation est-elle mauvaise? Elle est vraiment mauvaise. C'est un problème, et ça fait baisser les prix. Ce que je redoute le plus, c'est que la situation se détériore davantage d'ici mars et avril, lorsque les agriculteurs commenceront à planifier ce qu'ils cultiveront l'an prochain, sans avoir encore vendu leur récolte de cette année.
J'ai de grands sacs blancs remplis de blé, d'avoine et même de canola. Ils sont par terre. J'ai même mis le canola dans des sacs parce que je ne peux pas l'acheminer. C'est tout un problème. Que puis-je faire? Mais, surtout, que peuvent faire les agriculteurs qui exploitent mes terres? Je n'obtiens que le tiers des récoltes; ils gardent le reste. Je paie le tiers des dépenses; ils payent le reste. Que feront-ils à l'approche des semailles? Ils ont tout un problème, d'autant plus que les entreprises céréalières leur disent qu'il sera impossible de signer un contrat avant l'automne pour la récolte de cette année. Non seulement ils ont encore leur récolte sur les bras, mais beaucoup d'agriculteurs ne sont même pas certains de pouvoir vider d'ici là ce qui ne devait être stocké que temporairement et ainsi récupérer cet espace, ce qui peut causer tout un nouveau lot de problèmes. La situation est donc mauvaise. Elle est catastrophique, et c'est pourquoi il faut la régler.
Cependant, je reconnais beaucoup de mérite au pour ce qu'il a fait, ainsi qu'à mes collègues. J'ignore le nombre exact, mais il y a des dizaines de députés de ce côté-ci qui représentent des circonscriptions rurales. Nous représentons la plupart des régions rurales du pays. Ce n'est pas une coïncidence. Nous comprenons les agriculteurs. Beaucoup d'entre nous sommes des agriculteurs, ou l'avons été par le passé, c'est pourquoi nous les comprenons. Il va sans dire que nous n'allons pas laisser les conditions se détériorer pour eux. Nous allons faire tout en notre pouvoir pour améliorer la situation le plus rapidement possible, non seulement parce que c'est dans notre intérêt, mais aussi parce que nos voisins et nos amis sont des fermiers. Nos électeurs sont des fermiers. Nous faisons tout en notre pouvoir, et je pense que nous en avons fait pas mal.
À la mi-août, l'Administration portuaire de Prince Rupert a tenu une réunion à Edmonton à laquelle j'ai été invité et j'ai participé. J'ai parlé à beaucoup de gens du CN et du port de Prince Rupert. Il y avait également des représentants du port de Vancouver. J'ai parlé aux représentants de quelques compagnies céréalières qui sont responsables de la manutention. Je leur ai tous dit que les récoltes batteraient des records cette année. Je leur ai demandé s'ils allaient pouvoir répondre à la demande et ils m'ont tous répondu que oui.
Bien franchement, ils n'ont pas tenu parole. Je suis extrêmement déçu. Le est en train de faire toute la lumière sur les raisons pour lesquelles ils n'ont pas tenu parole et il encourage vigoureusement les sociétés ferroviaires, les sociétés céréalières et les autorités portuaires à rectifier la situation.
L'un de nos députés a parlé plus tôt du port de Churchill pour déplorer ce qui s'y passe. En fait, c'est un port dont la situation est plutôt reluisante. L'année dernière, le transport du grain à Churchill a été de 51 % supérieur à ce qu'il avait été l'année précédente. Les choses vont donc bien, même si le transport du grain augmente d'année en année. Le CN fait son travail et le CP s'améliore. Il y a de l'espoir. La capacité existe. Les autorités ferroviaires et portuaires m'assurent que c'est possible. Le CN accroît sa capacité en se procurant plus de locomotives et en augmentant le doublement des voies, ce qui contribue énormément à accélérer les opérations. Le CP commence à aller dans cette direction, mais beaucoup plus lentement, selon moi.
Les solutions? J'aimerais pouvoir dire que nous pourrions lancer un ultimatum, comme le proposaient des députés d'en face, et tout régler d'ici la semaine prochaine. Je reconnais qu'un ultimatum puisse être nécessaire, mais je pense quand même que les choses ne seront pas réglées d'ici la semaine prochaine. Cela prendra du temps. J'espère qu'au cours du mois qui vient, la circulation ferroviaire battra son plein et qu'on verra à tout le moins une lumière au bout du tunnel, mais non pas celle d'une locomotive tirant un train vide de grains. En tout cas, tout cela est un peu embrouillé, mais il se fait tard.
J'espère que, le mois prochain et le mois après, nous verrons un nombre record de déplacements ferroviaires et que les retards enregistrés en décembre et en janvier seront rattrapés.
Les compagnies ferroviaires et céréalières n'ont pas été à la hauteur et c'est inacceptable. Qu'a fait le gouvernement ces dernières années pour empêcher une situation comme celle-ci? Nous ne pouvons pas l'empêcher: nous ne dirigeons pas les compagnies ferroviaires et céréalières; nous n'en sommes par propriétaires.
Je crois qu'un député néo-démocrate a laissé entendre plus tôt que le gouvernement devrait acquérir les chemins de fer et les contrôler. Pour être juste, j'ajoute que j'ai peut-être mal compris, mais c'est ce qu'il semblait dire. J'ai peine à croire que le NPD fasse une telle proposition, car elle est dépassée; elle appartient au siècle dernier. J'espère que j'ai mal compris ce que le député proposait.
Ce n'est manifestement pas la solution. Le secteur privé joue un rôle, mais le gouvernement a aussi un rôle à jouer. Le gouvernement fédéral réglemente le secteur ferroviaire au pays et c'est ce qu'il faut. C'est le levier que nous avons. C'est cela l'ultimatum.
J'espère qu'en négociant ferme et en découvrant rapidement quels sont les véritables problèmes, nous pourrons faire bouger les choses et nous retrouver dans une bien meilleure situation dans un mois, puis le mois suivant, afin que les agriculteurs puissent au moins ensemencer en ayant une bonne idée de ce qui arrivera. Ils pourront alors semer en conséquence. Des gens qui ne connaissent pas le monde agricole me demandaient pourquoi les agriculteurs ensemencent leurs champs s'ils savent qu'ils ne réaliseront pas de profit l'année suivante et que leurs silos sont pleins.
Je parle régulièrement aux électeurs. Un jeune homme m'a appelé ce soir pour me dire qu'il avait effectué des calculs et que son grain allait lui faire perdre de l'argent l'an prochain. Est-ce que cela signifie qu'il ne devrait pas semer? Non, parce qu'il doit effectuer des paiements pour rembourser sa terre et son équipement même s'il ne sème pas. Il s'agit de gros paiements, alors il n'a pas le choix d'ensemencer. Dans les circonstances actuelles, le mieux qu'il puisse espérer, c'est de réduire ses pertes au minimum. En affaires, il s'agit de l'une des choses les plus difficiles à apprendre. Il est difficile d'endosser une perte. On peut parfois limiter une perte, mais il faut quand même l'accuser et essayer de tirer le meilleur parti possible de la situation. En agriculture, on ne sait jamais ce qui nous attend.
L'été prochain, les agriculteurs verront ce qui se passe dans le monde. Les prix pourraient être encore à la hausse, mais peut-être pas au même niveau que l'année dernière. Les agriculteurs pourraient se trouver dans une situation bien meilleure, mais cela est imprévisible. Je ne dirai pas ce soir que c'est ce qui va arriver, mais c'est une possibilité. Entre-temps, il faut expédier les céréales. Il faut une plus grande certitude pour que les agriculteurs qui ensemencent leurs champs sachent au moins ce qui les attend. C'est absolument essentiel. C'est pour cette raison que le gouvernement travaille si fort dans ce dossier.
En juin 2013, nous avons adopté la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises. Cette mesure législative donne aux expéditeurs la capacité de faire face à une compagnie de chemin de fer qui n'est pas performante. Vais-je affirmer ici que cela fonctionne actuellement pour les producteurs de céréales? Non, je ne le ferai pas. Les choses ne fonctionnent pas comme elles le devraient et nous devons y remédier. Les choses ne sont évidemment pas parfaites et nous devons corriger la situation.
Nous avons apporté un changement très important qui a aidé de nombreux secteurs et qui aidera l'industrie céréalière dans le futur. Ce changement ne résout toutefois pas le problème et il n'a pas empêché qu'il survienne. Nous verrons. Peut-être que les sociétés céréalières peuvent utiliser cette mesure législative. Peut-être que les agriculteurs peuvent l'utiliser pour améliorer la situation, mais je n'y compte pas trop.
Je constate que mon temps de parole est presque écoulé. Mes observations ont parfois été décousues ce soir. Je résume certaines choses importantes que j'ai entendues pendant le débat ce soir. Je veux donner un peu d'espoir aux agriculteurs. Je crois que d'ici un mois ou deux, la situation se sera améliorée et que cela sera encourageant pour les agriculteurs.
Au cours de la fin de semaine, je rencontrerai deux groupes d'agriculteurs afin de discuter précisément de cette question. Au départ, seulement deux ou trois agriculteurs devaient participer à ces réunions, mais voilà maintenant que chaque groupe compte plus d'une dizaine d'agriculteurs. Ils vont me donner certains conseils, que je communiquerai au . Mes collègues feront de même. J'espère que de bonnes choses se produiront au cours des prochaines semaines.
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Monsieur le Président, nous débattons encore une fois d'un des nombreux dossiers dans lesquels le gouvernement fédéral a manqué de leadership. Les conservateurs tentent de faire croire aux Canadiens qu'ils sont de bons gestionnaires de l'économie, mais ils continuent à dissimuler les problèmes ou à seulement en tenir compte quand une crise survient.
En ce qui concerne ce dossier, il est très troublant que le gouvernement conservateur ait aboli la Commission canadienne du blé sans s'assurer qu'il y aurait un plan efficace pour le transport du grain. Il n'a pas fait de cette question une priorité.
[Français]
Dans le passé, les producteurs de blé pouvaient compter sur la Commission canadienne du blé pour se battre pour eux quand il fallait mettre la pression sur les entreprises ferroviaires afin de déplacer le grain vers les marchés. Lorsque la commission avait le monopole de la vente de céréales à l'étranger, elle exerçait également une influence considérable sur le marché. Dans un système qui doit déplacer environ 400 000 wagons de céréales par année, il n'y a pas de place à l'erreur ou au déficit lorsque les navires céréaliers attendent, au coût de milliers de dollars par jour. Ces coûts sont finalement payés par les agriculteurs, à cause d'un prix inférieur.
[Traduction]
Le mois dernier, le a dit que, à son avis, les chemins de fer faisaient un bon travail pour acheminer les récoltes jusqu'aux marchés. Toutefois, des milliers d'agriculteurs, d'experts agricoles et de journaux dans l'Ouest canadien soulignent plutôt les lacunes profondes et fondamentales du système de transport du grain depuis la perte de la Commission canadienne du blé.
Maintenant, le suggère que les agriculteurs demandent des avances et propose une enquête de cinq ans sur la source du problème. Toutefois, les producteurs de grain canadiens ont des factures à payer et des prêts à rembourser maintenant. Le gouvernement doit agir pour faire circuler les trains.
Le manque de leadership du gouvernement conservateur à l'égard des producteurs de grain signifie que les longs délais et les retards dans le transport ferroviaire se poursuivront probablement, ce qui empêchera des milliers de producteurs de grains de l'Ouest d'acheminer leurs produits vers les marchés. De ce côté-ci de la Chambre, nous comprenons parfaitement la frustration des agriculteurs de l'Ouest.
Ce ne sont pas seulement les producteurs de grain qui sont frustrés quand ils voient le gouvernement renoncer à ses responsabilités de chef de file dans le transport ferroviaire. Songeons à la frustration des habitants d'Oba, des gîtes touristiques, des entreprises, des municipalités et des bureaux de développement économique, de Hearst à Sault Ste. Marie, lorsqu'ils voient le gouvernement conservateur prendre la décision malavisée de réduire d'environ 2,2 millions de dollars la subvention au CN pour le service de transport de passagers sur la ligne Algoma Central Railroad ou ACR. Récemment, le CN a annoncé que, sans cette subvention, il ne pourrait pas maintenir le service actuel de transport de passagers sur cette ligne. Il a prévenu les utilisateurs aux environs du 24 janvier que le service prendrait fin le 31 mars. On s'inquiète depuis à l'idée que le transport des marchandises puisse, lui aussi, subir le même sort.
Les producteurs de blé font partie des gens qui s'inquiètent des services de transport ferroviaire, mais ils ne sont pas les seuls à s'inquiéter.
Le gouvernement conservateur fait vraiment preuve de myopie dans le cas du service de transport de passagers sur la ligne ACR. Il est évident que le gouvernement n'a pas pris le temps de jauger les répercussions économiques de sa décision irréfléchie, comme dans le cas des producteurs de blé. Il n'a pas pris le temps de songer au fait que les habitants d'Oba se retrouveront isolés. Ils n'ont, comme seules voies de communication avec l'extérieur, que le train de passagers et une route industrielle qui est parfois impraticable et qui, lorsqu'elle est ouverte, leur permet d'atteindre Hearst en deux heures environ.
J'ai oublié de mentionner que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Cela dit, les mesures prises par le gouvernement dans le dossier du transport ferroviaire me rappellent une situation semblable qui s'est produite l'an dernier avec un autre moyen de transport, le traversier Chi-Cheemaun à l'île Manitoulin. L'histoire est devenue une partie de bras de fer entre le gouvernement et la province. L'incidence sur le tourisme a été substantielle pour l'île Manitoulin. Même si le service de traversier a été maintenu au bout du compte, la saison touristique a été retardée. Des gens ont annulé leurs plans parce qu'ils ne pouvaient pas se fier au traversier.
Le gouvernement s'en prend maintenant à nouveau à l'économie du Nord de l'Ontario, et plus particulièrement à l'économie touristique de Sault Ste. Marie, de Wawa et de Hearst.
Je vais lire un extrait d'une lettre provenant de Tatnall Camp. J'ai reçu un très grand nombre de courriels portant sur le transport ferroviaire. Qu'il s'agisse du transport de marchandises ou de passagers, je pense qu'il est important que nous soulevions les problèmes à la Chambre.
Cindy Lebrun et sa famille m'ont écrit à propos du camp Tatnall. Ils s'inquiètent parce que le 31 mars arrive à grands pas. Ils craignent que leur station touristique soit durement touchée, puisqu'ils comptent sur le train pour 98 à 100 % de leurs activités. Voici ce qu'ils m'ont écrit:
Une grande majorité de nos clients voyagent en train et ne veulent rien savoir de l'avion. La totalité de nos marchandises arrivent par train.
Mme Lebrun poursuit:
Si le train disparaît, notre entreprise disparaîtra aussi, tout comme nos investissements passés et actuels. C'est une nouvelle absolument déchirante. Aucun engagement du fédéral ne nous permet d'espérer pour notre avenir, alors que des entreprises comme la nôtre contribuent à la vitalité économique à long terme des communautés locales. Mon frère et moi comptons parmi les rares entrepreneurs dynamiques de moins de 35 ans installés à Wawa. Nous offrons une destination unique en son genre, accessible par train, qui demeurera un produit attrayant tant et aussi longtemps qu'il y aura un service ferroviaire.
D'un côté, on essaie d'encourager les jeunes agriculteurs à rester sur les fermes. Dans ce cas-ci, de jeunes entrepreneurs ont choisi le tourisme. Ils ont bâti une entreprise qui dépend du chemin de fer, et voilà que soudainement, tout s'effondre.
Mme Lebrun poursuit:
Nous ne sommes pas la seule entreprise du lac Oba qui dépende du train. En outre, de nombreux autres intérêts sont servis par le transport ferroviaire (propriétaires de chalets, trappeurs, citoyens locaux, autres camps pour les touristes, canoéistes).
Les municipalités aussi en subiront les conséquences. Cela aura un effet domino considérable. N'oublions pas que le retrait de la subvention d'à peine 2,2 millions de dollars par le gouvernement se répercute également sur la circonscription conservatrice de Sault Ste. Marie. J'espère que le gouvernement envisagera de trouver les fonds nécessaires pour rétablir le financement du CN afin que celui-ci puisse maintenir le service voyageurs.
Curieusement, le gouvernement, qui a récemment investi dans la modernisation des voitures, dit maintenant: « désolé, plus de service voyageurs ».
L'auteur de la lettre poursuit en disant:
[...] le nombre de réservations et de visiteurs confirmés augmente et la saison qui vient s'annonce encore meilleure que la dernière [...]
Nos réservations sont toutes compromises, de même que nos investissements constants pour faire connaître notre entreprise.
Ils font de la promotion depuis un bon moment. Étant donné que la valeur du dollar est descendue à environ 90 ¢, la saison allait leur apporter une grande clientèle.
Dans une autre lettre, l'auteur, Betty, parle des conséquences de cette décision:
Combien de mètres de voie cette somme permettrait-elle maintenir dans le Sud de l'Ontario? Elle a pourtant suffi pour maintenir plus de 300 milles de voie dans le Nord. Pourquoi n'a-t-on pas consulté les personnes directement touchées par une telle décision avant de potentiellement faire disparaître leur gagne-pain?
En examinant la situation dont il est question aujourd'hui, on constate que le gouvernement n'a aucune stratégie nationale sur le transport de marchandises ou de passagers par rail, ni à court ni à long terme. Aucune stratégie pour les agriculteurs, les passagers, les touristes, les emplois et l'économie.
Sur cette note, je tiens simplement à réitérer notre demande. Nous voulons exercer davantage de pression sur les compagnies de chemin de fer, notamment en instaurant et appliquant des normes de rendement ferroviaire. Nous voulons que le gouvernement fasse en sorte que les producteurs aient accès à l'information relative à l'exportation et aux navires, et que les producteurs de grain aient un accès équitable à l'infrastructure ferroviaire pour acheminer leurs produits, et qu'il élabore une stratégie pour le service ferroviaire futur qui tient compte de la croissance agricole soutenue. Voilà pour l'agriculture.
En ce qui concerne les passagers, le gouvernement doit être très sérieux s'il est prêt à dépouiller notre économie, au détriment du tourisme, des municipalités et de l'ensemble des Canadiens. Je demande également au gouvernement de trouver l'argent pour rétablir la ligne de l'ACR.
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Monsieur le Président, comme mon temps de parole arrive tard dans ce débat d'urgence, c'est un moment idéal pour raconter une histoire avant d'aller se coucher.
C'est l'histoire d'un producteur de grain de Hanley, en Saskatchewan, qui n'arrive pas à dormir ce soir. Appelons-le Ryan. Donc Ryan se tourne et se retourne dans son lit, inquiet à l'idée que ses produits ne puissent pas arriver jusqu'aux marchés. Il n'est pas le seul. Beaucoup d'agriculteurs de Rosedale sont inquiets ce soir.
L'hiver a été rude. Il a fait plus froid que sur Mars, disent certains. Les Canadiens savent que le chauffage coûte cher quand l'hiver est froid. Alors Ryan s'inquiète de ses finances. En plus d'avoir peur que ses produits n'arrivent pas jusqu'aux marchés, il s'inquiète de ses finances. Il s'inquiète des coûts de chauffage et des factures à payer. Il s'inquiète de ses cartes de crédit.
Ryan et son épouse vivent sur une terre qui appartient à leur famille depuis des générations. Ils la connaissent bien. Cette année, ils ont investi pour accroître leurs possibilités de séchage du grain. Ils ont investi leur argent, dans l'espoir que le système fonctionne efficacement et leur permette d'expédier leurs produits, de les exporter et d'être payés.
Ryan est au lit ce soir. Il sait que ses trois enfants grandissent. Ils vieillissent, et il devra bientôt les envoyer à l'école en ville, ce qui lui coûtera plus d'argent.
Il fait tous les calculs dans sa tête, pense à toutes les dépenses qui s'accumulent et au fait qu'il n'a aucune entrée d'argent parce qu'il ne peut expédier ses produits à cause de l'arriéré. Cet arriéré pourrait amener une année qui s'annonçait exceptionnelle à se solder en échec.
Les députés ministériels savent que les gars comme Ryan sont l'épine dorsale des Prairies. Ils travaillent dans l'intérêt du Canada et nous nourrissent. Ryan sait bien ce qui a créé cet arriéré. C'est lui l'expert, pas nous. C'est Ryan qui travaille la terre d'année en année, de génération en génération. Sa famille le sait tout aussi bien que lui.
Le problème découle tout d'abord du monopole des sociétés ferroviaires et du gouvernement, leur partenaire consentant, qui protège ce monopole et ses privilèges. C'est une partie du problème. Après 30 ans de déréglementation, nous nous retrouvons dans ce fouillis logistique. Nous n'allons pas rétablir la situation dans les prochaines 24 ou 48 heures, car elle est le fruit de 30 ans de déréglementation.
Ryan entend des promesses depuis 30 ans. Il a écouté son père se plaindre des différents gouvernements: les libéraux, les réformistes, les alliancistes et les conservateurs. Il a même entendu son grand-père se plaindre de la CCF. Personne ici ne peut prétendre être irréprochable. Il nous incombe à tous de veiller sur Ryan, sur sa famille et sur d'autres familles comme la sienne.
Dans les années 1990, le député de Ryan n'était même pas un agriculteur; c'était un avocat. Lorsqu'il siégeait à la Chambre, il ne représentait pas les intérêts des agriculteurs. Il a aidé le CN à se privatiser, ce qui lui a valu la défaite aux élections de 1997. Le père de Ryan espérait que le Parti réformiste du Canada améliorerait la situation. C'est l'une des raisons pour lesquelles Ryan a appuyé pour le Parti conservateur dès qu'il a atteint l'âge de voter. Cependant, il sait maintenant que ces conservateurs sont de la même trempe que les libéraux d'il y a 20 ou 30 ans. Il voit sa députée assise derrière le et il se rend compte qu'elle est davantage une banquière qu'une agricultrice. Sinon, elle aurait fait quelque chose pour lui. Il sait que sa députée est une bonne personne, mais elle le déçoit.
Ryan pensait que le gouvernement allait régler ce problème grâce à la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises, qui a été adoptée l'an dernier. Toutefois, après avoir entendu ce soir à la télévision Norm Hall, président de l'Association des producteurs agricoles de la Saskatchewan, il sait maintenant que cette loi adoptée par le gouvernement conservateur ne fonctionne pas et qu'elle devrait être modifiée. C'est ce que nous avions dit. C'est ce que j'ai dit à la Chambre en mai dernier. Ryan a éteint la télé et s'est frotté le front. C'est ce que ferait n'importe quel Canadien en se rendant compte que, de nouveau, il est victime d'un promesse brisée.
Je n'ai pas l'impression que Ryan va voter pour les conservateurs lors des prochaines élections. Norm Hall a des propositions pour changer la situation et pour régler le problème. Il a dit que les mesures qui devaient inciter les sociétés céréalières et ferroviaires à négocier volontairement des accords de service de transport n'ont pas fonctionné et que nous devons obliger les compagnies de chemin de fer à assumer leurs responsabilités. En cas d'inaction, des sanctions doivent être imposées. Le gouvernement doit sanctionner les sociétés ferroviaires qui ne se prévalent pas des mesures incitatives mises en place par le gouvernement.
La Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises doit faire l'objet d'un examen en 2015. Un député ministériel a proposé que nous procédions à cet examen dès cette année afin de découvrir ce qui a causé ces problèmes. En mai dernier, nous avons dit qu'il y avait des problèmes, mais nos suggestions sont tombées dans l'oreille d'un sourd.
Il est bon d'entendre les ministériels dire ce soir que nous devrions peut-être devancer le processus d'examen et ne pas attendre 2015. Lorsque le gouvernement libéral a privatisé le CN en 1995 au moyen de la Loi sur la commercialisation du CN, l'article 16 de cette loi prévoyait en gros que les ouvrages de chemins de fer ou autres ouvrages de transport, au Canada, du CN, de ses filiales et de toute société issue du CN étaient déclarés être un « ouvrage à l’avantage général du Canada ».
Les producteurs de céréales comme Ryan réalisent eux aussi un ouvrage à l'avantage général du Canada, et il est grand temps que le gouvernement aide les gens comme lui et non seulement les actionnaires du CN et du CP. Puisque les agriculteurs sont inquiets, le gouvernement pourrait leur offrir des avances de fonds assorties de faibles taux d'intérêt afin qu'ils s'acquittent de leurs obligations auprès des institutions bancaires. Ils ont des prêts qui viennent à échéance, et ils doivent les rembourser. Puisque leurs récoltes font du surplace, les agriculteurs n'ont pas les moyens de s'acquitter de leurs obligations.
Le gouvernement pourrait aussi demander aux institutions financières de prolonger le terme des prêts des agriculteurs afin de leur permettre de souffler et de passer au travers de la crise qui les frappe.
Le gouvernement peut et doit faire quelque chose pour les agriculteurs de l'Ouest. Nous espérons qu'il pense aux agriculteurs comme Ryan ce soir, aux agriculteurs de la Saskatchewan, du Manitoba, de l'Alberta et de partout au pays, qui passent des nuits blanches parce qu'ils ne peuvent pas transporter leur produit au marché.
Le parti au pouvoir nous répète qu'il défend les intérêts des vraies familles de l'Ouest canadien, mais nous savons qu'il doit distinguer les vraies familles de l'Ouest canadien des fausses, parce que nous savons qu'il a déjà compté au sein de son caucus des gens qui disaient habiter en Saskatchewan alors qu'ils vivaient en réalité à Toronto.
J'ai trouvé très ironique et très décevant qu'au cours de ce débat d'urgence, le gouvernement conservateur nous dise que nous ne comprenons pas vraiment les besoins des agriculteurs de l'Ouest parce que nous ne vivons pas là-bas, alors qu'il a eu dans ses rangs des personnes qui ne vivaient pas dans les Prairies, mais prétendaient y habiter. Il ne faudrait pas pointer de doigt accusateur.
L'autre chose qui m'a dérangé ce soir, c'est que le parti au pouvoir rejette la responsabilité du retard sur les syndicats. C'est tout simplement grotesque. Tous les agriculteurs de l'Ouest canadien savent que le retard n'est pas l'oeuvre des Teamsters. Ils le savent, c'est pourquoi il est ridicule de diviser les travailleurs et les agriculteurs alors que nous savons que nous devons travailler ensemble pour résoudre ces problèmes. Les agriculteurs de l'Ouest ne veulent pas que nous nous livrions à de petites bagarres qui divisent l'opinion sur les syndicats et les agriculteurs. Ils veulent que nous travaillions ensemble pour résoudre ces problèmes.
Je n'ai pas entendu beaucoup de solutions. J'ai essayé d'aider le gouvernement le 29 mai. J'ai pris la parole au sujet de la Loi sur les services équitables de transport ferroviaire des marchandises, et j'ai présenté les dispositions proposées par la Western Canadian Shippers' Coalition relativement aux ententes de service. On m'a répondu que le gouvernement ne pouvait pas mettre en oeuvre ces dispositions parce qu'elles seraient gênantes pour les compagnies de chemin de fer et qu'il fallait être un peu équitable.
Les suggestions de la Western Canadian Shippers' Coalition n'ont pas été incluses dans la mesure législative et nous en observons maintenant les conséquences. Les organisations agricoles disent que nous devons apporter ces changements à la loi, même si elle a déjà été adoptée. J'ai entendu des députés ministériels dire que oui, il faut peut-être modifier et revoir cela plus tôt que prévu. Si nous l'avions fait en mai dernier, nous aurions peut-être évité ces problèmes.
Je ne dis pas que la Commission du blé était une panacée pour les agriculteurs de l'Ouest. Ce que je veux dire, c'est que, lorsqu'on fait un changement radical en abolissant un système, il faut prévoir comment la production sera expédiée une fois l'organisme éliminé. On parle sans cesse du fait que le gouvernement procède par étape. Or, lorsqu'il a éliminé le guichet unique, il n'y est pas allé par étape. Il a fait un changement radical. Il n'a pas bien planifié les choses. Il n'a pas écouté les agriculteurs de l'Ouest et ce qu'ils proposaient pour régler les problèmes qui pouvaient s'ensuivre.
Lors du congrès des producteurs agricoles de Keystone, qui a eu lieu à Winnipeg en janvier 2012, les agriculteurs ont discuté de tous ces problèmes. Ces agriculteurs des Prairies se sont rassemblés pour parler des problèmes qui découleraient de l'abolition du guichet unique. Ils en ont discuté. Je suis certain que le gouvernement les a entendus, mais j'ignore s'il les a écoutés. Mais parce qu'il n'a pas tenu compte de leurs suggestions lorsqu'est venu le temps d'élaborer la mesure législative, nous nous retrouvons à devoir gérer une crise.
Nous devons trouver des solutions dans l'intérêt de ces agriculteurs qui, comme Ryan, ne peuvent dormir ce soir.