:
Je déclare ouverte la 37
e séance du Comité permanent des comptes publics.
Chers collègues, avant de passer à l’étude des comptes publics, je tiens à faire le point au sujet des travaux du comité.
Vous vous rappelez peut-être que la greffière et moi-même avons établi des paramètres concernant l’établissement du calendrier pour les prochaines semaines. Je vous informe que le tout se met en place. Il semble que nous serons en mesure de faire une grande partie de ce que nous espérions pouvoir accomplir d’ici la fin de l’année.
Pour l’instant, nous aurons deux séances la semaine prochaine concernant les rapports sur les études en cours. Cela nous donnera l’occasion de reprendre notre souffle, puis d’entreprendre la dernière ligne droite. Nous espérons avoir le temps de tenir deux ou trois séances publiques d’ici la fin de l’année.
Bref, aux fins de planification, vous recevrez la semaine prochaine le projet de rapport, puis nous pourrons commencer à l’examiner. Ce sera à l’ordre du jour la semaine prochaine.
Le dernier élément que j’aimerais mentionner est que l’un de nos témoins, M. Matthews, nous a demandé s’il pouvait utiliser son temps pour faire une présentation au lieu d’un exposé. Je pense que c’est une excellente idée. Je lui ai donné mon aval. Nous annexerons son exposé aux délibérations du comité aux fins du compte rendu; nous pourrons ainsi nous en servir en vue de la rédaction du projet de rapport. Je crois que ce sera utile d’avoir une brève séance d’information, étant donné qu’il s’agit d’une séance publique. Cela donnera l’occasion aux gens de mieux comprendre ce que nous faisons. Bien entendu, nous parlerons aujourd’hui des comptes publics — c’est le nom de notre comité; c’est donc un sujet important.
Aujourd’hui, nous accueillons Nancy Cheng, qui est vérificatrice générale adjointe au Bureau du vérificateur général du Canada.
Je vous souhaite la bienvenue, Nancy. C’est une joie de vous revoir au comité. Je reviendrai à vous dans un instant pour vous donner l’occasion de faire votre exposé et de présenter les gens qui vous accompagnent.
Monsieur Matthews, bon retour au comité. C’est une joie également de vous revoir. Je reviendrai à vous dans un instant pour vous donner l’occasion de faire votre présentation et de nous présenter les gens qui vous accompagnent.
Monsieur Leswick, vous êtes directeur général de la Politique économique et budgétaire au ministère des Finances. Vous n’avez pas d’exposé, mais vous êtes disponible pour répondre aux questions que nous pourrions avoir au cours de la séance.
Chers collègues, voilà notre panel. Nous sommes prêts à débuter. À moins qu’un collègue ait un commentaire de dernière minute, nous allons passer aux témoins.
Dans ce cas, vous avez la parole, madame.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre audit des états financiers consolidés du gouvernement du Canada pour l'exercice 2013-2014.
Aujourd'hui, je suis accompagnée de Mmes Louise Bertrand et Karen Hogan, les deux directrices principales responsables de l'audit.
Je tiens à remercier le comité de l'intérêt qu'il porte aux Comptes publics du Canada.
Ce rapport est important dans le processus de reddition de comptes du gouvernement. C'est la responsabilité du gouvernement de préparer les états financiers consolidés, et c'est notre responsabilité d'exprimer une opinion sur la présentation fidèle de ces états financiers.
Les principaux points que je soulèverai porteront sur notre opinion et sur nos observations.
Comme vous le savez, les Comptes publics du Canada comptent trois volumes. Le rapport de l'audit indépendant et nos observations se trouvent à la section 2 du volume I. À moins d'indication contraire, l'information présentée dans les autres sections de ce volume et dans les deux autres volumes n'a pas été auditée.
Le rapport de l'auditeur indépendant sur les états financiers consolidés de 2013-2014 se trouve à la page 2.4 du volume I des Comptes publics. Pour une 16e année, nous avons exprimé une opinion d'audit non modifiée.
[Traduction]
Comme l'exige l'article 6 de la Loi sur le vérificateur général, nous avons indiqué si, à notre avis, les méthodes comptables énoncées par le gouvernement ont été appliquées de la même manière qu'au cours de l'exercice précédent. Notre rapport de l'auditeur indépendant fait ressortir le changement apporté à la méthode employée par le gouvernement pour comptabiliser les escomptes et primes découlant du rachat d'obligations. Ce changement est présenté et divulgué de manière appropriée dans la note 2 afférente aux états financiers consolidés.
Au cours des dernières années, nous avons souligné, dans nos observations, des préoccupations au sujet de l'information financière sur les stocks et les éléments d'actif groupés du ministère de la Défense nationale. L'an dernier, nous avions indiqué que le ministère s'employait à mettre en oeuvre diverses initiatives pour améliorer ses capacités d'établissement de rapports financiers. Cette année, nous avons noté certains progrès; toutefois, nous continuons de relever des erreurs.
Depuis 2003, nous exprimons des préoccupations au sujet des stocks et des éléments d'actif groupés du ministère de la Défense nationale. Le ministère doit prendre des mesures pour régler plusieurs problèmes fondamentaux liés à la comptabilisation et à l'évaluation en bonne et due forme de ses actifs. Des contrôles de gestion financière efficaces réduisent le risque que les états financiers consolidés comportent des anomalies et que des décisions soient prises à partir de renseignements inexacts.
Nous tenons à remercier le contrôleur général et son personnel, ainsi que le personnel des autres ministères qui ont participé à la préparation des comptes publics. Cela représente beaucoup de travail. Nous les remercions de leur collaboration et de l'aide apportée.
Monsieur le président, je termine ainsi mon exposé. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je souhaite un bon après-midi aux membres du comité.
C'est avec plaisir que nous sommes ici pour répondre aux questions sur les Comptes publics pour l'année qui s'est terminée le 31 mars 2014.
Comme vous l'avez déjà mentionné, je suis accompagné aujourd'hui de quelques homologues, soit M. Michel Vaillant, qui est directeur exécutif par intérim, Comptabilité gouvernementale, politique et rapport, et M. Nicholas Leswick, qui représente Finances Canada.
[Traduction]
Comme vous l’avez indiqué, monsieur le président, je suis ravi de vous faire une présentation. J’espère que ce vous sera utile.
Il y a deux grandes parties. Prenons la diapositive 3. Je vais vous présenter un résumé des résultats des états financiers de l’exercice, puis je discuterai des deux redressements qui ont nécessité des modifications dans les comptes publics de l’exercice. Voilà les principaux thèmes.
À la diapositive 3, comme ma collègue du Bureau du vérificateur général l’a mentionné, nous avons une opinion non modifiée ou sans réserve pour la 16e année consécutive. C'est quelque chose dont nous sommes très fiers et dont tout le personnel du milieu financier au sein de l'administration fédérale devrait également être fier. Je ne peux pas parler de l'opinion de l’auditeur sans remercier mes collègues du Bureau du vérificateur général. Cela représente beaucoup de travail et nécessite une excellente collaboration, ce que nous avons eu encore une fois cette année.
Le déficit annuel, comme vous le savez déjà probablement, était de 5,2 milliards de dollars pour l'exercice. Cela représente une diminution de 13,2 milliards de dollars par rapport à ce qui avait été prévu au départ dans le budget de 2013.
Au cours de ma présentation, je vais souvent revenir sur les chiffres prévus dans le budget, à savoir les données auxquelles nous devons comparer nos états financiers selon les principes comptables, et les résultats de l'exercice précédent. C'est toujours intéressant de voir l’évolution d'une année à l'autre. Le déficit accumulé, soit la différence entre nos avoirs et nos passifs nets, se chiffre à 611,9 milliards de dollars. Il s'agit d'une augmentation de 2,5 milliards de dollars.
Pour ceux d'entre vous qui ont des connaissances en comptabilité, vous vous demandez peut-être comment un déficit annuel de 5,2 milliards de dollars a mené à une augmentation de 2,5 milliards de dollars du déficit accumulé. La différence est ce que nous appelons « les autres éléments du résultat étendu », ce qui a eu une incidence cette année sur le déficit accumulé. Cela concerne des modifications aux justes valeurs marchandes, à d'autres éléments liés à nos passifs découlant des avantages, etc.
Je me dois également de souligner le ratio déficit accumulé-PIB qui est de 32,5 %. Cela représente une diminution de 0,1 % par rapport à l'exercice précédent. Le ministère des Finances a un objectif à long terme à ce sujet, et je suis certain que mon collègue, M. Leswick, sera ravi de vous en parler, si cela vous intéresse.
À la diapositive 4, vous avez une vue d'ensemble des résultats financiers. Vous pouvez voir que le total des revenus est supérieur à ce que nous avions lors du précédent exercice et à ce qui avait été prévu dans le budget. Le total des revenus se chiffre à 271,7 milliards de dollars. Au sujet de ces comparaisons, je mentionne au passage que les revenus ont augmenté dans tous les secteurs, tant du côté des particuliers que des sociétés. J'y reviendrai dans un instant.
Les charges de programmes étaient de 248,6 milliards de dollars. C'est une légère augmentation par rapport à l'exercice précédent, mais c'est inférieur à ce qui avait été prévu dans le budget. Ensuite, il est question de la dette publique. Nous notons de légères variations, mais les chiffres correspondent passablement à ce qui avait été prévu.
Pour ce qui est du déficit annuel, comme je l'ai déjà mentionné, il s'élève à 5,2 milliards de dollars, ce qui est considérablement inférieur à ce qui avait été prévu dans le budget de 2013. On remarque la présence de l'ajustement de transition de 7 milliards de dollars, dont je vous reparlerai plus en détail dans quelques instants.
À la diapositive 5, vous avez une ventilation des revenus. Comme je l'ai déjà mentionné, les revenus ont augmenté dans tous les secteurs. Vous avez l'information concernant les revenus provenant des particuliers, des sociétés, de la TPS et d'autres sources. Je répète que les revenus d'impôt provenant des particuliers sont à la hausse, comme je vous l’ai déjà dit. Cela représente environ 48 % des revenus. Ce pourcentage est légèrement à la baisse par rapport à l'exercice précédent, mais c'est passablement stable.
Si vous vous demandez ce qui a entraîné l'augmentation sous la rubrique « Autres », il y a principalement deux éléments en cause. Le gouvernement a réalisé des profits en vendant certaines actions de General Motors et s’est départi de certains avoirs. Il a vendu son ambassade en Angleterre. Les profits réalisés sur cette vente sont inclus dans cette rubrique.
Vous avez les cotisations d'assurance-emploi. Cela correspond à environ 8 % des revenus. Pour vous donner une idée des pourcentages, les revenus d'impôt des sociétés et la TPS représentent respectivement 13,5 % et 11,4 % des revenus. Le message à retenir au sujet des revenus, c'est que les revenus sont en hausse dans tous les secteurs par rapport à l'exercice précédent et à ce qui avait été prévu dans le budget.
À la diapositive 6, vous constaterez de légères modifications en ce qui concerne les charges. Les prestations aux aînés ont augmenté par rapport à l'exercice précédent, mais elles se situent légèrement en deçà de ce qui avait été prévu dans le budget. Cela n’a, par contre, rien de surprenant, parce que les prestations aux aînés augmentent en raison du vieillissement de la population. Les prestations d'assurance-emploi demeurent passablement stables par rapport à l'exercice précédent, tandis que les prestations pour enfants connaissent une légère hausse.
Le dernier élément que j'aimerais mentionner ici, c'est le total des charges de programmes. Cela inclut les dépenses des ministères. Nous avons entendu parler dans les médias au cours des deux ou trois derniers jours des crédits inutilisés, soit les sommes que les ministères peuvent dépenser ou qu'ils n'ont pas dépensées par rapport à ce qu'ils avaient été autorisés à dépenser. Je serai ravi de répondre à vos questions en vue de vous expliquer les chiffres, si cela vous intéresse.
La deuxième partie de ma présentation concernera les deux redressements. Le premier se trouve à la diapositive 7, et cela vise le rachat d'obligations. Voici le contexte. Comme je l'ai déjà mentionné, il importe de faire des comparaisons et de pouvoir comparer les résultats financiers d'un exercice à l'autre, et ma collègue du Bureau du vérificateur général a indiqué qu'une partie de l’opinion de l’auditeur se fonde sur l'application constante des méthodes comptables. Lorsque le gouvernement rachetait une dette ou des obligations, nous suivions une vieille méthode comptable qui n'était plus pertinente. Lorsque vous faites des états financiers, vous utilisez des normes comptables établies par un organisme indépendant. Dans notre cas, nous nous servons des normes comptables du secteur public. Si ces normes ne traitent pas d'un élément, il faut se rabattre sur les normes d'un autre pays. Nous utilisions une norme américaine qui n'a tout simplement plus cours.
Nous nous sommes penchés sur la question. Selon les nouvelles normes comptables, si les obligations sont éteintes, nous avons reconnu que les primes et les escomptes découlant du rachat d'obligations doivent immédiatement être comptabilisés dans les revenus ou les dépenses au lieu d'être amortis sur une certaine période. Nous avons donc apporté cette modification, et nous l'avons également fait de manière rétroactive en vue de pouvoir comparer les états financiers des deux exercices. Vous pouvez voir l'effet de cette modification sur la diapositive. Ma collègue du Bureau du vérificateur général a mentionné avoir constaté que le processus avait été fait adéquatement, mais je tenais à vous souligner ce changement, de même qu'un autre élément, qui se trouve à la diapositive 8.
Ce changement est intéressant. Il s'agit de la provision pour moins-value du gouvernement pour des prêts consentis dans le cadre du programme de logement social. En gros, il est question ici de programmes administrés par la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Des prêts étaient accordés, puis les emprunteurs recevaient du financement pour les rembourser. Je vais simplifier autant que faire se peut pour expliquer mon point. Je crois que vous serez tous d’accord pour dire que, si je vous consens un prêt et que je vous donne de l'argent pour me rembourser, vous ne m'avez pas réellement remboursé. Je vous ai fait un don; ce n'est pas un prêt.
Lorsque nous avons consenti ces prêts, nous avons tenu compte d'une provision pour moins-value en vue de refléter que certains prêts n'étaient pas tous remboursés et que certains prêts étaient remboursés au moyen de fonds remis par le gouvernement grâce à l’affectation de crédits. Nous avons réalisé que nous n'avions pas tenu compte de tous les prêts de cette nature. Nous avons donc élargi la portée de cette provision pour moins-value pour tenir compte de tous les prêts en question. Nous avons également appliqué ce changement de manière rétroactive en vue de nous assurer que les états financiers concordent. Cette correction a entraîné une augmentation de 1,6 milliard de dollars du solde d'ouverture du déficit accumulé et une diminution de 0,2 milliard de dollars du déficit annuel. Ce n’est pas grand-chose, mais je tenais à vous mettre au courant de ces deux changements. Le tout a été fait de manière uniforme par rapport à l'exercice précédent.
Monsieur le président, avant de conclure ma présentation, j'aimerais demander aux députés qui ont des questions concernant une page précise des comptes publics, étant donné que la numérotation des pages est légèrement différente dans les versions anglaise et française, de bien vouloir nous donner la page en question — ce ne nous sera utile —, puis de nous donner le temps de trouver la page dans la...
[Français]
version française ou anglaise
[Traduction]
... en fonction de la nature de la question. Nous serons ravis de vous donner la page pour que tout le monde puisse suivre.
Sur ce, nous sommes prêts à répondre à vos questions.
À mon avis, c'était une bonne idée de prendre le temps de faire une présentation au lieu de lire votre exposé, même si votre document est important et instructif. [Voir l’Annexe.]
Avant de passer aux séries de questions, je tiens d'abord à dire que nous sommes le comité auquel se fient les Canadiens pour avoir à l’oeil le Trésor public en vue de nous assurer que l'argent qui est censé aller dans les coffres s’y rend bien. Nous devons aussi surveiller la manière dont l'argent est dépensé et les dépenses et veiller au respect des procédures appropriées. Nous essayons de le faire de manière non partisane autant que faire se peut.
Il ne faut pas penser sous silence — et j’y tiens — que cette 16e opinion sans réserve consécutive — cela englobe plus d’un parti — en dit long au sujet de l'administration des finances au Canada. Je ne peux pas en dire autant des décisions politiques; elles sont prises de manière différente.
Certains d'entre nous ont déjà visité des pays où l'argent est volé aux contribuables avant même qu'il arrive dans le Trésor public. À mon avis, une opinion sans réserve nous dit à tout le moins que nous, en tant que Canadiens, ne nous faisons pas voler nos fonds publics; ce n’est pas comme dans certains pays où les fonds publics sont transférés dans un compte suisse ou ailleurs dans un paradis fiscal bien avant que les gens en soient même au courant ou avant même que les fonds puissent être mal dépensés.
Au nom des membres du comité et en particulier de tous les Canadiens, je tiens à remercier tout le personnel qui a joué un rôle en vue d'obtenir ce que nous appelons « une opinion sans réserve »; cela signifie à tout le moins que les grandes composantes des fonds que devrait avoir notre pays dans son Trésor public s’y trouvent. Ensuite, nous pouvons commencer à examiner en détail comment les fonds sont dépensés et si c’est fait adéquatement.
À tout le moins, c'est une bonne chose de savoir que nos fonds publics ne sont pas volés ou détournés et que nous avons les fonds que nous devrions avoir.
En ma qualité de président du comité, je tiens à dire de manière non partisane que nous sommes très fiers de tout le personnel qui a joué un rôle en vue de donner une telle réputation au Canada. Nous en sommes fiers, et vous êtes les acteurs qui chaque jour rendent cela possible. Merci beaucoup à vous tous, peu importe le rôle que vous avez joué en vue de donner au Canada une opinion sans réserve.
Voilà pour les bonnes nouvelles. Notre premier vice-président, John Carmichael, lancera la série de questions.
Monsieur, vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le président.
En effet, nous observons la situation au sein du ministère de la Défense nationale depuis un certain nombre d'années, comme je l'ai mentionné dans mon exposé. Il est question ici de « contrôles compensatoires », parce que le ministère a en fait présenté un plan d'action au comité sur les comptes publics en vue d'indiquer certaines initiatives que le ministère entreprendra en vue d'améliorer la gestion des stocks.
Par contre, nous avons constaté que le plan d'action s'étend jusqu'en 2016. Entre-temps, le ministère de la Défense nationale détient quand même des stocks importants pour le compte du gouvernement du Canada; voilà la raison derrière les « contrôles compensatoires ». Entre-temps, qu'est-ce que le ministère fera? Qu'est-ce qui peut être fait en vue de nous assurer de la présentation adéquate d'information financière pour nous permettre de continuer de mériter et de conserver notre opinion sans réserve? C'est important, n'est-ce pas?
Nous avons donc déterminé certaines mesures. Nous avons fait des suggestions au ministère quant à des mesures qu’il pourrait envisager de mettre en place. Comme vous l'avez souligné, à la page 2.41 en anglais,
[Français]
et à la page 2.43 en français,
[Traduction]
nous proposons plusieurs mesures que le ministère peut choisir de mettre en oeuvre.
En ce qui concerne la première étape, soit les prises d'inventaire physique, nous avons constaté certains progrès. Le ministère est donc sur la bonne voie. Ce qu'il essaie de faire, c'est d'améliorer ses prises d'inventaire. Ce n'est pas encore rendu au point où nous pouvons nous y fier pour établir l'existence et la condition des stocks, mais le ministère est sur la bonne voie. Ce sera long, parce qu'en fin de compte ce n'est peut-être pas faisable d'essayer de dénombrer tout ce que possède le ministère de la Défense nationale le 31 mars, et ce, d’un océan à l'autre. Il faut évidemment tenir compte du caractère pratique de la chose, mais nous pensons vraiment que le ministère peut encore en faire plus à ce titre.
Pour ce qui est des autres suggestions, elles ne sont pas aussi exigeantes à bien des égards. Nous observons parfois des différences dans les prix; cela se veut une mauvaise compréhension de la manière d'inscrire l'information. L'un des pires cas que nous ayons constatés concernait le prix de rondelles. Au lieu d'inscrire le prix unitaire, soit moins de 1 $, le personnel avait inscrit le prix d’une boîte, soit 70 000 $. Cela vient gonfler considérablement en un rien de temps la valeur des stocks.
Voilà certains éléments. C'est peut-être une question de formation ou de sensibilisation.
L'autre chose, c'est qu'il n'y a pas nécessairement une culture au sein du ministère en vue d'essayer de trouver la cause de ces problèmes. Lorsque nous constatons une différence, qu'est-ce qui la cause? L'objectif est d'essayer de voir si nous pouvons corriger la situation au fur et à mesure ou si des stocks similaires peuvent être susceptibles de causer la même erreur. Nous avons analysé un échantillon, mais cet échantillon ne constitue vraiment qu'une très faible proportion des gigantesques stocks que peut détenir le MDN.
Bon nombre de ces suggestions sont communiquées au ministère. L'équipe d’audit de la composante rédigera une lettre de recommandations plus détaillée en vue d'aider le ministère de la Défense nationale à comprendre certains de nos points, d'essayer de collaborer avec le ministère et de l'encourager à apporter des améliorations. N'empêche qu'il reste certainement beaucoup de pain sur la planche avant de crier victoire en la matière.
:
Je veux d’abord dire quelque chose sur la non-utilisation de fonds autorisés en général, puis je reviendrai à votre question particulière.
De façon générale, la non-utilisation des autorisations est mal comprise. Je tiens à souligner cet aspect très important. Lorsque le Parlement autorise tel montant pour telle dépense, il s’agit d’un montant maximum. Vous n’êtes pas tenu de dépenser tous les fonds autorisés. Vous pouvez dépenser jusqu’à « concurrence de » ou « un maximum de ». La loi vous interdit de dépenser plus que ce qui a été autorisé, alors nous nous attendons à ce qu’il y ait une certaine portion de fonds non utilisés. Les ministères savent que s’ils budgètent au sou près, ils risquent de dépenser trop. Alors, nous nous attendons effectivement à ce qu’il y ait une certaine portion des autorisations qui ne soit pas utilisée.
À l’échelle du gouvernement, la non-utilisation de fonds pour cet exercice a diminué par rapport à l’exercice précédent. Ce qui nous intéresse vraiment, c’est de savoir si cette non-utilisation était planifiée ou non. Il faut pour cela reculer de quelques années, car les crédits sont votés une année à la fois. Si vous ne les avez pas dépensés, les fonds disparaissent et vous devez réitérer votre demande.
On permet aux ministères de reporter à l’exercice suivant 5 % des fonds de fonctionnement non utilisés et 20 % des fonds d’immobilisations non utilisés. Alors, ce n’est pas de l’argent perdu. Dans le cas du ministère de la Défense, cet argent ne s'envolera pas en fumée. Il sera ramené dans les niveaux de référence. Mais les crédits sont effectivement votés exercice par exercice.
Or, vous avez soulevé quelque chose d’intéressant au sujet de la construction navale. Les projets à long terme et complexes accusent souvent des retards. Dans le cas de la construction navale, les coûts sont à la merci du prix de l’acier. Alors, si vous retardez l’exécution de cinq ou dix ans, l’argent dont vous disposerez après tout ce temps ne vous permettra plus d’acheter autant d’acier que ce qui avait été prévu à l’étape de la conception.
Il y a donc deux façons de gérer ce type de projet. Vous pouvez mettre des fonds de côté pour permettre au ministère de construire un certain nombre de navires ou, si vous savez qu’il s’agit d’un projet complexe et de longue haleine, vous pouvez réserver une somme donnée en prévenant le ministère qu’il devra faire avec et en lui laissant le soin d’établir combien de navires il pourra se procurer.
Je ne peux pas me prononcer sur la méthode du directeur parlementaire du budget, mais, lorsque les projets sont retardés, la valeur de l’argent diminue avec le temps, inflation oblige. Avec des projets aussi complexes que la construction de navires, il est tout à fait normal que le produit livré soit un peu à côté de ce qui avait été prévu au départ. Pour en revenir à ce que vous avez dit sur le ministère de la Défense, soyez assuré que ces crédits non utilisés ont été reportés à un exercice ultérieur — conformément aux limites en la matière —, et qu’ils ne seront pas perdus.
:
Merci pour cette question.
J’ai deux choses à dire à ce sujet. Le tableau dont vous parlez couvre une période de dix ans. C’est la raison pour laquelle nous n’allons pas plus loin que 2005. Nous avons pris une période de dix ans, ce qui offre un bon point de comparaison.
L’importance de l’année 2000 dont parle le M. Giguère, c’est que c’est à partir de cette année-là que le gouvernement a décidé de capitaliser une partie de son régime de retraite. Avant 2000, le gouvernement avait l’habitude de consigner dans ses livres ses obligations au titre des prestations de retraite, mais il n’y avait pas d’actif distinct en contrepartie des obligations comme cela se fait dans le secteur privé. À parti de 2000, le gouvernement a décidé de capitaliser ses obligations à cet égard, et c’est pour cette raison que l’office d’investissement dont nous parlions plus tôt a été créé, c’est-à-dire pour administrer ces investissements.
En ce qui concerne ce jugement de la Cour suprême qui a été mentionné — je devrais refermer la boucle là-dessus —, disons qu’avant 2000, le gouvernement a réalisé un surplus dans un compte qui servait à faire la tenue de livres, et que cela a déclenché une contestation judiciaire par les syndicats afin d’établir qui devrait avoir accès à ce surplus. C’était effectivement un compte qui servait à faire la tenue de livres, mais c’était quand même un surplus, et le gouvernement s’en était servi pour améliorer ses résultats nets au titre des recettes générales. La Cour suprême a établi que le gouvernement du Canada était celui qui assumait les risques liés aux déficits du régime de retraite, et que, corolairement, tous les surplus lui revenaient d’office. La contestation judiciaire a été rejetée et le gouvernement n’a pas eu à rendre quelque argent que ce soit aux syndicats.
Un coup d’oeil aux états financiers du gouvernement suffit pour constater qu’il y a beaucoup d’information donnée sur les régimes de retraite, qu’ils soient capitalisés ou non. Selon moi, c’est trop, et cela représente une imposante masse de travail.
Si vous voulez bien vous rendre aux notes sur les régimes de retraite, lesquelles commencent par la note 7, à la page 2.21 de la version française et se poursuivent dans les pages subséquentes,
vous trouverez une description des prestations et des régimes, tant pour ceux qui sont capitalisés que pour ceux qui ne le sont pas. Ces notes décrivent les deux. Les taux d’actualisation diffèrent de l’un à l’autre. Tout cela est divulgué.
L’autre chose que vous trouverez dans ces pages, et plus précisément à la page 2.26, c’est une analyse de sensibilité. Vous ne trouverez rien de semblable dans aucun autre pays… des hypothèses actuarielles comme les taux d’actualisation, tant pour les régimes capitalisés que pour les autres. Advenant une variation à la hausse ou à la baisse de 1 % du taux d’actualisation, vous avez là un aperçu de l’incidence que cela peut avoir sur nos obligations au titre des prestations. Vous pouvez avoir une idée de l’incidence qu’a sur nos obligations une variation à la hausse ou à la baisse de 1 % du taux d’inflation. C’est la même chose avec les salaires. Toutes les grandes hypothèses qui peuvent avoir une incidence sur les régimes de retraite capitalisés ou non capitalisés sont divulguées dans ce tableau.
Si je peux pousser plus loin, il y a dans le volume 1 toute une autre section qui contient d’autres renseignements sur les régimes de retraite.
[Français]
dans la version française,
:
Merci, monsieur le président.
Les questions qui nous sont posées débordent du cadre de la vérification des comptes publics.
J'aimerais préciser encore une fois que notre vérification se rapporte uniquement aux états financiers consolidés, c'est-à-dire uniquement à la section 2 du volume 1.
Nombre des questions qui intéressent les membres se trouvent à la section 1, dans laquelle, en gros, le gouvernement explique ce qui se passe avec ses finances et parle de son rendement financier au cours de l'exercice.
Le député pose maintenant des questions concernant le volume 2, dans lequel nous n'avons étudié aucun des tableaux ni aucune des données.
Comme vous, nous voyons ces chiffres pour la première fois. Nous savons où les trouver mais, encore une fois, ils ne sont pas fondés sur le travail de vérification, et j'hésiterais beaucoup à en parler.
Comme vous le savez, nous faisons des vérifications du rendement. Il arrive que nous choisissions certains de ces sujets, et cela nous donne une bien meilleure occasion d'étudier la question et de pouvoir vous revenir avec des rapports.
Nous prenons bonne note de votre intérêt, monsieur le président, à l'égard de ce que le membre du comité demande, mais il ne conviendrait pas que j'essaie de formuler des hypothèses et de fournir une réponse à ce stade.
:
C'est étonnant, mais M. Leswick et moi en avons discuté par courriel hier soir.
Nos états financiers sont dressés en fonction de normes comptables établies par des instances externes. Il est important de comparer des résultats et des budgets, cela les rend plus parlants. Les normes comptables sont rédigées de façon à ce que le budget initial soit l'élément de comparaison. Pour l'exercice 2013-2014, qui a pris fin le 31 mars 2014, le premier budget a été le budget 2013. C'est là que nous avons d'abord dressé notre plan pour l'année.
Pour le budget 2013, je ne souviens pas de la date exacte, mais c'était probablement en février 2013. Bien des choses sont survenues entre cette date et l'année en question: des choses comme les modifications apportées au régime de soins de santé des retraités, les modifications au régime de retraite, et les inondations en l'Alberta, que j'ai mentionnées tout à l'heure. Quant aux fonctionnaires du ministère des Finances, ils doivent tenir compte de choses comme la mise à jour économique automnale et ils ont aussi le budget 2014, alors chaque fois qu'ils ont l'occasion de mettre à jour la prévision économique avant les résultats financiers, ils en profiteront pour dire « Voici notre prévision mise à jour ».
Dans la présente analyse, ils le comparent à juste titre au budget 2013, qui est notre point de départ, mais lorsqu'ils ont fait le budget 2014, ils ont dit que certaines choses avaient changé et ils en ont tenu compte dans leurs prévisions. Voilà pourquoi vous avez les deux points de référence.
Monsieur Leswick peut vous donner un complément d'informations, mais le ministère des Finances met toujours un montant de côté pour les risques. Je pense qu'il s'agissait de 3 milliards de dollars dans le budget 2013. Je crois que lorsque le budget 2014 a été préparé, ce montant avait été réduit, car la tendance était à la hausse et les perspectives étaient meilleures.
Ils font ces types de modifications.
Voulez-vous ajouter quelque chose, Nick?
J’aimerais revenir en arrière. Mon ami M. Regan a parlé des fonds inutilisés. J’ai les chiffres et je suis au courant du commentaire que vous avez fait dans les journaux et tout, alors je n’en parlerai pas.
Je comprends le concept du financement inutilisé. En tant qu’ancien élu municipal qui travaillait dans le domaine de la planification financière à l'époque, je comprends qu’il soit possible de prendre 5 % de financement lorsque le fonds de fonctionnement dit 20 % pour ce qui est des immobilisations. Cependant, j’ai deux questions.
Premièrement, lorsque vous transférez des immobilisations… et je ne parle pas de crédits de financement, car cette question ne m’intéresse pas. Le fonctionnement est ce qu’il est. Il se peut que vous ayez des changements au plan du fonctionnement l’an prochain, alors vous transférez le financement. Au plan des immobilisations, est-ce que le financement reste affecté au même projet?
Deuxièmement, est-ce que le montant approximatif des fonds inutilisés que vous avez examinés vous préoccupe? Dans l’affirmative, vous nous le direz, mais si ce n’est pas le cas, est-ce que les fonds inutilisés d’un ministère en particulier vous préoccupent parce qu’ils sont peut-être plus élevés qu’ils devraient l’être?
Je comprends ce que vous dites depuis le tout début, monsieur Matthews; lorsque nous accordons du financement, il s’agit de financement maximal. Si vous dépensez 105 % de votre budget, vous devez revenir nous voir. Alors je ne remets pas en question la qualité de leur travail, mais je me demande seulement s’ils ont fait du bon travail au plan de la comptabilité. Lorsque les gens élaborent des budgets, le font-ils bien? C’est vraiment ce que je veux savoir.
:
Désolé, mais c’est tout le temps que nous avons. J’ai même laissé la discussion durer un peu plus longtemps que prévu.
Chers collègues, nous avons terminé nos rondes de questions habituelles. J’aimerais remercier nos invités d’être venus.
Si je peux permettre, j’ai un dernier commentaire avant de lever la séance. Bien des crédits pourront faire l’objet d’une opinion sans réserve, mais en tant que plus ancien membre du comité des comptes publics au Parlement – j’y siège maintenant depuis 2004 – je peux dire que nous continuons d’avoir des problèmes avec la Défense nationale. C’est un problème chronique. Il est très semblable à la question de la santé et des services sociaux pour les Premières Nations et autres Autochtones canadiens. C’est un problème chronique qui n'en finit pas de finir. Il touche tous les partis. C’est autant une question de gestion qu’une question politique. Cela fait plus de 10 ans. C’est assez. Il faut trouver une solution.
Monsieur Matthews, j’ai compris lorsque vous avez parlé des fonds inutilisés, surtout dans le cas de la défense, car il s’agit de montants importants. Nous avons été dans la même situation à bien des reprises. Les vérificateurs savent fort bien que ce type de marge de manœuvre existe, mais nous continuons de recevoir cet avis quand nous étudions les comptes publics et certains chapitres.
La Défense nationale a besoin de savoir que le comité et le Bureau du vérificateur général continueront de se concentrer sur cette question jusqu’à ce que le Ministère s'améliore et atteigne le niveau qu'il doit atteindre. Nous sommes très fiers des choses qui fonctionnent, mais nous devons continuer à porter notre attention sur celles qui ne le font pas pour continuer de mériter notre réputation. La Défense nationale a besoin de s’améliorer dans ce domaine. Son rendement actuel n’est pas suffisamment bon. J’espère qu’on lui transmettra le message.
Sur ce, je tiens à vous remercier tous.
Monsieur Matthews, je tiens à vous remercier en particulier. Il existe un clivage entre les fonctionnaires du Bureau du vérificateur et les fonctionnaires du gouvernement, mais pendant le temps de parole de M. Allen, lorsque vous pensiez qu’il aurait peut-être besoin de poser une question… J’ai vu tellement de bureaucrates jouer le jeu et prendre tout le temps qui leur est alloué, mais vous avez pris une pause et dit « Je crois que vous vouliez peut-être poser une autre question ». Je vous en sais gré. Bien que vous soyez ici pour représenter les intérêts du gouvernement, à titre de président du comité, je tiens à vous dire que c’est exactement le type de professionnalisme qui montre la fierté que nous avons à l’égard de notre travail. C’était très bien, monsieur. J’espère que d’autres hauts fonctionnaires qui viendront témoigner devant notre comité suivront votre exemple.
Sur ce, chers collègues, le comité est prêt à s’ajourner. Merci à nos invités. Tous ceux qui sont en faveur de l’ajournement, prière de sortir.
Des voix: Oh, oh!
Le président: La séance est levée.