[Français]
Merci beaucoup, monsieur le président et chers collègues.
Je suis heureux d'être ici avec mes fonctionnaires pour participer à votre étude en ce qui concerne la Feuille de route pour les langues officielles du Canada.
Monsieur le président, j'aimerais remercier les membres du comité de m'avoir invité. Comme je l'ai dit, je suis accompagné de M. Peter Sylvester, sous-ministre associé de Citoyenneté et Immigration Canada, qui est également le champion des langues officielles à CIC, et de Mme Corinne Prince St-Amand, qui est directrice générale, Intégration et Bureau d'orientation relatif aux titres de compétences étrangers.
En 2006, le gouvernement, en collaboration avec les représentants des communautés francophones en situation minoritaire, a fixé une cible afin de faire passer, d'ici 2023, le pourcentage d'immigrants d'expression française dans ces communautés à 4,4 % du nombre total d'immigrants qui s'établissent au Canada à l'extérieur du Québec.
Dans le cadre des objectifs de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2008-2013, notre objectif était d'atteindre une cible provisoire de 1,8 % du nombre total de résidents permanents s'établissant à l'extérieur du Québec d'ici 2013. Nous avons réussi à atteindre cet objectif deux ans avant notre échéance. Depuis 2005, le nombre de résidents permanents d'expression française a augmenté de près de 40 %, ce qui est une réussite importante.
La réalisation de ces progrès significatifs nous a permis de revoir notre objectif de recrutement à 4 % du nombre total d'immigrants économiques s'établissant à l'extérieur du Québec d'ici 2018, et nous sommes confiants d'atteindre notre objectif initial de 4,4 % avant l'échéance de 2023. L'atteinte de cette cible exigera un plus grand effort de collaboration entre tous les partenaires fédéraux, les autres ordres du gouvernement et de nombreux intervenants.
[Traduction]
Monsieur le président, comme le savent très bien mes collègues ici présents, le gouvernement est en train d'apporter un certain nombre de changements au système d'immigration afin de s'assurer qu'il répond aux meilleurs intérêts du Canada, en attirant des immigrants qui ont les compétences que nous recherchons, qui pourront s'intégrer rapidement au marché du travail et qui pourront occuper des emplois correspondant à leur niveau de compétence après leur arrivée au pays.
Selon nous, ces changements auront un effet très positif sur les communautés de langue officielle en situation minoritaire du Canada.
Faute de temps, je ne peux pas mentionner tous les changements importants que nous sommes en train d'effectuer, mais je voudrais insister sur un changement particulièrement important. Il s'agit d'un mouvement vers ce que j'appelle la métaréforme, pour suivre l'exemple de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Nous adopterons un système de déclaration d'intérêt, qui sera intégré à la majorité de nos programmes d'immigration économique. Il permettra aux employeurs canadiens, aux provinces et territoires, et peut-être aussi aux groupes communautaires, de puiser dans un bassin de demandeurs les immigrants qualifiés qui possèdent le capital humain voulu pour s'intégrer avec succès.
Dans le cadre de l'actuel Programme fédéral des travailleurs qualifiés, aussi connu sous le nom de système de points, les personnes présentent une demande en fonction d'une grille objective de points. On y a d'ailleurs apporté des changements importants récemment. Après avoir obtenu la résidence permanente — que l'on appelait autrefois le statut d'immigrant admis —, ces travailleurs peuvent s'installer à l'endroit de leur choix. Il s'agit de la liberté d'établissement.
Le gouvernement et les intervenants réagissent habituellement, après l'arrivée des intéressés, en tentant de les amener à s'installer dans une collectivité de langue officielle. Grâce au nouveau système de déclaration d'intérêt, que nous comptons mettre en place d'ici la fin de l'année prochaine, les employeurs et les provinces pourront recruter de façon plus efficace et proactive des immigrants qui s'installeront dans des collectivités de langue officielle de toutes les régions du pays. Ils n'auront en effet pour se faire qu'à puiser directement dans le bassin des demandeurs ceux qui possèdent le capital humain et les compétences linguistiques dont ils ont besoin.
Quant aux immigrants sélectionnés par les provinces dans le cadre du Programme des candidats des provinces, notre gouvernement en a de plus augmenté le nombre de 500 p. 100, le faisant ainsi passer de 8 000 environ en 2005 à plus de 40 000 cette année.
C'est une augmentation importante, monsieur le président. Par le passé, mes prédécesseurs de divers partis ont exprimé une grande frustration concernant la proportion inégale d'immigrants qui s'installent souvent dans des secteurs ethniques des trois grandes régions métropolitaines plutôt que de s'installer dans les régions du Canada, notamment dans le Canada rural, où il y a souvent de meilleures perspectives d'emploi.
Je suis heureux de vous dire qu'à la suite des modifications au Programme de travailleurs qualifiés à la faveur des programmes des candidats des provinces, nous avons vu une amélioration importante de la distribution géographique des immigrants au Canada. Trois fois plus d'immigrants s'installent dans les Prairies, deux fois plus, au Canada atlantique, et de plus en plus de nouveaux arrivants s'installent à l'intérieur des terres de la Colombie-Britannique plutôt que dans la région métropolitaine de Vancouver. Il y a une réduction de 25 p. 100 du nombre d'immigrants qui s'établissent chaque année à Toronto.
Je pense que tous ces changements sont positifs et correspondent à nos attentes à l'égard du système de déclaration d'intérêt. Nous espérons établir un partenariat avec les provinces pour qu'elles aussi puissent faire des choix à partir de ce bassin.
Ce partenariat est très important car lorsqu'on encourage un immigrant francophone à s'installer à Saint-Boniface ou à Saint-Léonard, s'il n'est assujetti qu'à l'ancien système de points, il a peu de chances de s'établir dans ces régions. Mais si les groupes communautaires ou les employeurs de ces petites communautés linguistiques en situation minoritaire arrivent à recruter les immigrants à partir du bassin, ils ont de bien meilleures chances de s'établir dans des endroits qui ont besoin de leur apport démographique.
[Français]
Monsieur le président, je souhaiterais également parler d'une autre façon par laquelle nous avons réussi à attirer un plus grand nombre de nouveaux arrivants d'expression française, soit l'activité que nous appelons Destination Canada 2013 - Forum Emploi. Nous tenons cette activité depuis maintenant près de 10 ans et elle a connu un succès tout particulier au cours des cinq dernières années. En effet, l'année dernière, le Forum emploi a enregistré un nombre record de participants à Paris et à Bruxelles. Il y a eu plus de 1 000 emplois offerts par plus de 80 employeurs canadiens. Sur plus de 20 000 candidats intéressés, près de 5 000 possédaient les compétences recherchées par les employeurs et ont été sélectionnés en tant que participants à l'événement.
Nous nous attendons à un succès tout aussi retentissant cette année, alors que le Forum emploi aura lieu à Paris, à Bruxelles et à Tunis, en novembre prochain. Les employeurs peuvent recruter au Forum emploi des personnes admissibles à une immigration permanente au Canada. Ils peuvent aussi recruter des travailleurs étrangers temporaires, qui se rendront dans les communautés francophones en situation minoritaire, s'ils remplissent les critères établis pour aider les communautés de langue officielle en situation minoritaire ou s'ils ne sont pas en mesure de trouver des Canadiens d'expression française pour pourvoir les postes, tout en respectant l'intégrité de notre système d'immigration. Je dois évidemment souligner constamment que le principe de ce programme est que les Canadiens doivent avoir la possibilité de trouver un emploi avant les ressortissants étrangers.
[Traduction]
Ce n'est pas tout, monsieur le président. Si nous faisons venir plus d'immigrants d'expression française au Canada, il importe également de nous assurer que, dès leur arrivée, ces immigrants s'intègrent à leur nouvelle collectivité et qu'ils réussissent.
À cette fin, mon ministère continue de s'engager à offrir toute une gamme de services d'établissement, notamment de la formation linguistique gratuite, de la formation à la recherche d'emploi, des services d'orientation, des programmes de mentorat et des programmes de stage.
En fait, depuis 2006, notre gouvernement a triplé les fonds octroyés aux services d'établissement, les faisant passer de 200 millions à 600 millions de dollars par année à l'extérieur du Québec. Les fonds pour le Québec sont calculés selon une formule différente.
[Français]
Au cours des dernières années, nous avons, en particulier, grandement augmenté le nombre de services offerts dans les communautés francophones en situation minoritaire. De 2009 à 2012, nous avons augmenté de près de 70 % le nombre de points de service pour les nouveaux arrivants d'expression française partout au Canada, soit d'un peu plus de 100 à environ 170. On en trouve maintenant dans 24 villes partout au Canada à l'extérieur du Québec.
Le gouvernement vient également tout juste de publier le document Bienvenue au Canada. C'est un guide dont le but est d'aider les nouveaux arrivants à s'établir au Canada. La version française de ce guide peut tenir lieu de feuille de route pour aider les immigrants d'expression française à s'établir dans leur nouveau pays et servir aussi de ressource pour les collectivités qui accueillent de nouveaux arrivants d'expression française.
Nous demeurons également déterminés à répondre aux besoins des nouveaux arrivants et des communautés qui les accueillent.
C'est pourquoi, entre 2008 et 2011, CIC a financé plus de 50 projets de recherche visant à faciliter l'accès aux services de soutien pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Ces recherches nous ont permis de mieux comprendre les besoins des nouveaux arrivants francophones et les défis qu'ils doivent relever pour s'intégrer dans leurs nouvelles communautés.
Je voudrais ouvrir une parenthèse à ce stade-ci pour signaler qu'à l'occasion de l'Accord Canada-Québec, le gouvernement fédéral a pris des dispositions distinctes avec cette province en matière d'immigration. En principe, le Québec sélectionne ainsi les immigrants qui s'installent sur son territoire et détermine la répartition des fonds destinés à leur établissement. Je dis « en principe », parce que 90 % des immigrants inscrits au Programme Immigrants Investisseurs du Québec s'installent hors du Québec, particulièrement en Colombie-Britannique. Il serait intéressant de se pencher sur cette question, car il est selon nous insensé que le Québec mette en avant un programme d'immigration permettant aux résidents permanents choisis de s'installer immédiatement dans les autres provinces.
Nous travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement du Québec dans le domaine de l'immigration ainsi que dans le dossier des minorités de langue officielle.
[Traduction]
Le gouvernement fédéral a financé les recherches qui nous ont aidés à définir les difficultés pour ce qui est de retenir les immigrants dans la province ainsi que les besoins des immigrants anglophones au Québec. Ces recherches pourraient nous aider à mieux accueillir et intégrer les immigrants dans des communautés de langue officielle en situation minoritaire de l'ensemble du pays.
Monsieur le président, je sais que les membres de votre comité défendent toujours les intérêts des communautés de langue officielle en situation minoritaire dans toutes les régions du pays. Toutefois, en ce qui concerne l'immigration, la situation est compliquée puisque la sélection des immigrants et leur établissement relèvent du gouvernement du Québec. Il est beaucoup plus complexe d'attirer des immigrants anglophones ou de les appuyer directement à l'aide des services d'établissement au Québec qu'ailleurs au Canada, où nous faisons la sélection et finançons les services directement.
Je vais conclure mes remarques, monsieur le président. Le gouvernement a récemment dévoilé la nouvelle Feuille de route pour les langues officielles. La feuille de route fait état de trois piliers que vous connaissez très bien. Le premier ministre a déclaré que dans le contexte de l'immigration, « nos langues officielles sont un point d'ancrage crucial entre les nouveaux arrivants et les Canadiens établis ».
[Français]
En vertu de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada, le gouvernement investira 149,5 millions de dollars dans les programmes de langues officielles à l'intention des immigrants au cours des cinq prochaines années.
Des études approfondies sur le sujet révèlent que pour les immigrants au Canada, la connaissance d'une langue officielle est l'un des cheminements les plus fructueux vers l'intégration dans la société canadienne. Je parle ici non seulement d'intégration économique, mais évidemment d'intégration sociale et culturelle.
Pour cette raison, le gouvernement est déterminé à faire la promotion des avantages que procurent les langues officielles du Canada et à investir dans la formation linguistique des nouveaux arrivants.
[Traduction]
Monsieur le président, dans mon exposé, j'ai essayé de vous donner un aperçu de certaines de nos initiatives les plus récentes en matière d'immigration, de vous montrer en quoi elles sont reliées à la Loi sur les langues officielles et de faire ressortir les importants progrès que nous avons réalisés pour accroître le nombre d'immigrants dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire. J'admets qu'il y a encore du travail à faire. Nous demeurons résolus à continuer de progresser. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions et d'entendre vos suggestions à cet égard.
[Français]
Merci beaucoup.
:
Nous n'avons pas l'intention de proposer des modifications à l'entente. Par ailleurs, nous souhaitons soulever avec le gouvernement du Québec certains éléments à propos de sa sélection d'immigrants qui, à mon avis, ne sont pas cohérents avec les principes de l'entente.
À cet égard, j'aimerais demander ceci à notre collègue du NPD, qui représente une circonscription du Québec et qui vient de soulever certaines inquiétudes. Est-il à l'aise avec ce qui suit.
Il y a, au Québec, le Programme Investisseurs. Chaque année, le Québec admet environ 4 000 résidents permanents dans le cadre de ce programme. De ces immigrants, selon toutes les données que nous avons, y compris celles fournies par le gouvernement du Québec, plus de 90 % de ceux sélectionnés par le Québec ne restent pas dans cette province. Ils n'habitent pas et ne transitent même pas par le Québec. En fait, 90 % de ceux-ci s'installent à l'extérieur du Québec.
En somme, le point que je soulève tout simplement, c'est que le pouvoir de sélectionner les immigrants économiques dans l'entente est destiné aux immigrants au Québec. En fait, il ne revient pas au Québec de sélectionner des immigrants pour Vancouver ou Toronto.
Selon moi, il y a une certaine manigance dans le programme par laquelle le Québec prend de l'argent des investisseurs immigrants et l'utilise, mais les contribuables de la Colombie-Britannique doivent payer les frais pour les services sociaux aux immigrants sélectionnés par le Québec.
Ce que je dis, c'est que nous appuyons l'Accord Canada-Québec relatif à l'immigration. Cette entente existe pour que le Québec puisse choisir les immigrants qui vont renforcer la réalité francophone du Québec. Il ne s'agit pas de prendre l'argent des millionnaires chinois pour qu'ils s'installent ensuite à Vancouver.
Personnellement, j'aimerais soulever notre inquiétude relativement à la façon dont le gouvernement du Québec gère ce programme. En fait, ce n'est pas aux contribuables de l'Ontario et de la Colombie-Britannique à assumer tous les coûts pour soutenir ces immigrants, alors que le Québec prend l'argent.