:
Bonjour à tous. Bienvenue à la 31
e séance du Comité permanent de la condition féminine.
Nous poursuivons aujourd'hui notre étude sur l'amélioration des perspectives économiques des filles au Canada. Je ne sais pas si notre témoin est arrivé; j'ai vu quelqu'un tout à l'heure à l'écran. Sinon, je vous propose qu'on passe tout de suite aux travaux du comité, qui dureront 15 minutes. C'est à votre choix.
S'il n'y a pas d'objection, nous allons passer aux travaux du comité pour 15 minutes, puis nous reviendrons à notre témoin. Nous suspendons donc la séance pour 15 minutes.
Madame Ashton, vous avez la parole.
Le projet de l'organisme Femmes Équité Atlantique portait sur la rencontre des générations et l'équité socioéconomique pour les femmes francophones et acadiennes évoluant en situation minoritaire dans les provinces Atlantiques. Le titre du projet était « La rencontre des générations ». Dans le cadre de ce projet, des jeunes filles et des femmes de différents groupes d'âge ont participé aux rencontres. On y abordait quatre dimensions: la participation des jeunes filles, les compétences, l'estime de soi et la conscience critique.
La participation des jeunes filles est quelquefois plus difficile. Elles pensent souvent que tout est acquis, que tout est bien, mais ça ne correspond vraiment pas à la réalité. À l'heure actuelle, quand on parle d'équité, de salaires égaux et d'avantages dont les jeunes filles sont peut-être conscientes de ne pas bénéficier, on constate qu'aux niveaux secondaire et postsecondaire, elles participent aux débats dans certains domaines, mais au sortir de l'université ou du collège communautaire, leur participation est faible, sinon inexistante.
Présentement, je suis la seule femme et l'unique francophone à siéger au conseil de ville de Bathurst. Si vous pensez que tout est acquis et que les choses fonctionnent comme sur des roulettes pour les femmes, je vous souhaite la bienvenue dans le monde d'aujourd'hui. Il faut fournir aux jeunes femmes l'occasion d'exprimer leurs préoccupations, leur façon de voir les inégalités. Or selon la situation économique des familles — et dans certains milieux, la question est avant tout de survivre en ce monde —, les jeunes femmes ont de la difficulté à décider de s'investir davantage dans des actions collectives.
Certaines jeunes femmes s'impliquent dans le Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick, mais je ne dirais pas que dans l'ensemble elles comprennent les enjeux et les inégalités qui ont cours dans la société, surtout en ce qui concerne les jeunes femmes francophones. Je ne sais pas comment ces jeunes femmes vont pouvoir surmonter les défis qui les attendent. Je pense souvent que notre système scolaire ne prépare pas suffisamment nos jeunes filles pour l'avenir, qu'on ne leur fait pas prendre conscience des iniquités. Je ne suis pas convaincue que le système scolaire reconnaît l'importance de donner aux jeunes filles les compétences nécessaires pour réussir dans ce monde.
Cela m'amène à mon deuxième point, qui concerne l'acquisition des connaissances et des habiletés. La Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick contribue à faire, auprès des jeunes filles et jeunes femmes qui s'impliquent, ce qu'on appelle de la prise en main personnelle. Or seule une faible minorité de nos jeunes s'implique. C'est peut-être dû au fait que les parents n'ont pas encouragé les jeunes filles et les jeunes femmes à s'impliquer dans la communauté ou dans des dossiers importants pour les femmes, ou c'est peut-être dû à la colère.
Au niveau du secondaire, ce sont souvent des jeunes femmes qui sont présidentes des conseils étudiants. Même à la FAECUM, à Moncton, il y a des jeunes femmes. Cependant, la recherche démontre que lorsqu'elles sortent du cadre de l'Université de Moncton, qu'elles deviennent des avocates ou exercent un autre métier, elles n'actualisent pas leur plein potentiel communautaire. Comment développe-t-on chez les jeunes femmes le feu sacré intérieur les portant à s'impliquer et à vouloir apporter leur contribution à leur communauté? C'est un peu plus pointu et c'est plus difficile parce que la communauté n'est pas là pour elles.
Je peux vous partager ma propre histoire. Au conseil de ville, si je n'avais pas été une femme de caractère et habituée d'être là, je ne sais pas si j'aurais décidé de me présenter à nouveau aux prochaines élections, pour la simple raison que c'est un monde d'hommes. Nous, les femmes, sommes peut-être présentes dans les médias, mais dans les activités quotidiennes, c'est bien un monde masculin et anglophone. Excusez-moi, mais je vis quelque chose de difficile et j'ai peut-être une vision un peu subjective de la question. Si c'est le cas, je m'en excuse.
Les jeunes femmes ont besoin de la communauté et de leur entourage, particulièrement des garçons et des jeunes hommes qui les encouragent à actualiser leur potentiel de leader et à démontrer à la communauté qu'elles ont quelque chose à apporter et qu'elles veulent le faire, mais il faut mousser cet intérêt.
C'est un peu comme ce projet sur les aînés que j'ai géré pendant quelques mois, qui a deux volets. On encourage les femmes de tout âge à participer, mais également à développer leur désir d'accéder à des postes de responsabilité et de prise de décisions. C'est quelque chose de très important. Les femmes représentent 50 p. 100 de la population, mais je ne vois pas 50 p. 100 des femmes à ces postes. Il faut continuer à encourager le travail que fait Condition féminine Canada pour développer chez les jeunes femmes le désir de participer, d'avoir assez confiance en elles et une bonne estime de soi pour se dire qu'elles sont capables d'apporter leur contribution et de changer les choses.
Pour ce faire, ce dont nous avons besoin, ce sont des Aldéa Landry et des Brigitte Sivret, qui non seulement font entendre leur voix, mais sont aussi très visibles dans leur communauté. Cela permet aux jeunes femmes d'avoir des modèles à suivre et de se dire que si Anne-Marie Gammon et Aldéa Landry peuvent faire ça, elles aussi sont capables de le faire. Il faut développer cette estime de soi et avoir plus de projets qui permettent de développer chez les jeunes femmes leur compréhension de la communauté et leur désir de faire évoluer les choses. Il faut que le locus de contrôle interne de ces jeunes femmes leur permette de croire suffisamment en elles pour apporter des changements dans leur communauté et leur vie personnelle.
M. Ninacs, dans un article de 2008, parle souvent des jeunes femmes et des...
Comme vous le savez, l'étude de notre comité porte sur les perspectives économiques des filles du Canada, plus particulièrement sur leur participation à la vie économique, leur prospérité et leur leadership, et sur les changements que peut apporter Condition féminine Canada à l'approche adoptée pour améliorer les choses.
Selon vous, quel devrait être le champ d'intervention privilégié par Condition féminine Canada pour améliorer directement la participation des filles du Canada à la vie économique, leur prospérité et leur leadership?
:
Vous parlez de quelque chose qui me touche en plein coeur. Ici, à Bathurst, nous avons un centre des jeunes. Il y a deux ans, j'ai participé à des activités de la Fondation filles d'action et à d'autres du genre. La condition féminine s'est améliorée grâce à trois choses.
Premièrement, il y a des regroupements comme le Centre des jeunes de Bathurst qui développent des projets. Ces centres sont bilingues et peuvent offrir de la formation et organiser des activités pour les jeunes afin qu'ils développent leur estime de soi et une attitude positive à l'égard de la participation des jeunes femmes.
Deuxièmement, il faut développer les compétences des adultes qui interviennent auprès de ces jeunes femmes, que ce soit des enseignants ou des femmes oeuvrant dans la communauté, afin qu'ils puissent à leur tour allumer le feu sacré chez les jeunes femmes.
Troisièmement, il y a un mouvement à Bathurst qui s'appelle « Synergies » pour les jeunes adultes de 18 à 35 ans, qui a pour but de faciliter, avec ces groupes, la prestation de la formation aux jeunes femmes concernées.
Je suis très déçue parce que je pensais que des jeunes femmes de « Synergies » se seraient présentées aux élections. Malheureusement, il n'y en a pas eu, mais ce n'est pas parce qu'on n'a pas essayé. À cause d'un manque de financement, il n'y a personne pour allumer, alimenter et maintenir le feu sacré chez les jeunes femmes.
:
Oui, de tels programmes existent, mais il y a des problèmes. On devrait donner de la formation aux orienteurs, aux gens qui accompagnent les jeunes filles lorsqu'elles ont à prendre des décisions, afin de s'assurer qu'elles sont bien guidées lorsqu'elles ont terminé leurs études secondaires.
Les jeunes filles n'ont pas toutes le même type d'intelligence. Comme vous le savez, il y a sept ou huit types d'intelligence. L'enseignement, ce n'est pas fait pour tout le monde. Certaines jeunes filles ont des capacités manuelles extraordinaires et une façon différente de penser. On doit donc les orienter vers des métiers non traditionnels. Souvent, les femmes qui retournent sur le marché du travail s'orientent vers des métiers non traditionnels, mais les jeunes filles diplômées sortant du secondaire sont beaucoup moins nombreuses à se diriger vers des métiers non traditionnels.
Au Nouveau-Brunswick, il y a plusieurs choses. Il y a un programme visant à réduire l'écart salarial. Les jeunes femmes voulant aller vers un métier non traditionnel reçoivent des bourses. Il y a aussi des bourses pour les jeunes hommes qui veulent exercer un métier non traditionnel. Pour les jeunes femmes entrepreneures, il y a le projet REDDI, avec les entreprises des régions. Il y a des réseaux pour les jeunes femmes entrepreneures. Je dois dire que le gouvernement fédéral a fait un bon travail en subventionnant des projets qui aident les jeunes femmes à devenir entrepreneures, mais ce sont souvent des jeunes femmes plus matures qui vont vers ces métiers. Aujourd'hui, il y a plus de femmes qui deviennent entrepreneures en mettant sur pied une petite ou moyenne entreprise.
:
Je vous remercie beaucoup, madame Gammon. Ça nous a fait plaisir de vous entendre aujourd'hui.
Comme je l'ai mentionné déjà, nous avons eu moins de temps que d'habitude à consacrer à notre premier témoin. Dans ce cas, les membres du comité pourront transmettre des questions par écrit à la greffière, qui les transmettras à Mme Gammon.
Madame Gammon, je vous souhaite une belle fin de journée.
Je vais suspendre les travaux du comité pendant une minute, le temps d'accueillir le prochain témoin.
:
Bonjour à tout le monde. Je vous remercie de me donner la possibilité de discuter avec vous.
Je vais vous parler brièvement de moi. Je suis une Crie des Plaines et je parle couramment la langue crie. Je possède un Ph.D. en éducation et j'enseigne depuis 35 ans. J'en suis à ma 15e année dans un milieu universitaire. Je vous parlerai tout particulièrement des filles autochtones. Une partie de mon exposé portera sur mon expérience personnelle et sur les observations que j'ai tirées de mes visites dans les collectivités des Premières nations.
La meilleure façon pour moi d'améliorer les perspectives économiques des filles autochtones, c'est l'éducation. Or, nous subissons actuellement un certain nombre de coupures en éducation et en santé, qui auront des répercussions graves sur l'amélioration de la situation des filles autochtones.
Lorsque je visite des collectivités des Premières nations, je dis toujours que j'ai l'impression de visiter un pays du tiers monde. L'amélioration des perspectives économiques des filles autochtones se bute, entre autres obstacles, à la pauvreté et aux logements inadéquats. Le problème le plus grave tient à la qualité de l'eau, qui affecte l'alimentation ainsi que la santé générale et le bien-être des filles.
Voilà donc quelques observations que je voulais faire.
Du côté des aspects positifs, je peux vous dire, comme chef des programmes professionnels qui comprennent l'école de commerce, le programme d'enseignement du nursing de la Saskatchewan, l'éducation autochtone et le programme de travail social indien, que la majorité de nos étudiants sont des filles. Voilà un point vraiment positif pour l'amélioration de la situation économique des filles.
Je vous invite à me poser vos questions. Dans l'ensemble, j'ai travaillé dans le milieu de l'éducation et j'ai enseigné pendant longtemps, alors je serai heureuse de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Je suis reconnaissant à nos invitées d'avoir pris le temps de comparaître devant nous aujourd'hui et de nous donner ainsi la possibilité de poser des questions et, je l'espère, d'obtenir des renseignements utiles pour notre étude.
D'après votre expérience, dites-nous ce sur quoi Condition féminine Canada devrait se concentrer pour améliorer directement la participation des filles autochtones du Canada à la vie économique, leur prospérité et leur leadership? Si cela ne vous dérange pas, pourriez-vous nous donner quelques idées et quelques exemples de mesures qui pourraient être prises à d'autres niveaux ou dans d'autres domaines?
:
Bonjour, madame Weenie.
Merci de participer à notre séance d'aujourd'hui. En plus d'être porte-parole du NPD en matière de condition féminine, je suis la députée de Churchill, au Manitoba, tout près de chez vous. Il va de soi que vos observations concernant la vie dans les réserves et les difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes Autochtones, et les filles tout particulièrement, m'interpellent beaucoup. On pourrait dire à peu près la même chose de la situation des Premières nations au Manitoba. Je vous remercie d'en avoir traité avec nous.
J'aimerais vous parler d'un rapport rendu public récemment par Eric Howe de l'Université de la Saskatchewan. Il y traite notamment des avantages dont cette province et le pays dans son ensemble pourraient bénéficier si l'on parvenait à combler le fossé entre Autochtones et non-Autochtones en matière d'éducation. Je crois qu'il a chiffré ces avantages à un total de 90 milliards de dollars, une somme bien sûr non négligeable.
Nul doute que les limites imposées au financement de l'éducation postsecondaire, et surtout le plafond de 2 p. 100, constituent un obstacle important pour quiconque souhaiterait combler ce fossé. J'aimerais que vous nous exposiez votre point de vue quant au type de financement dont on aurait besoin, surtout pour l'éducation postsecondaire, afin d'inspirer les jeunes filles et les jeunes Autochtones en général à aller encore plus loin. De quels types de soutien avons-nous besoin pour le financement de l'éducation postsecondaire?
:
Il faudra que je vous réponde ultérieurement pour vous fournir ces chiffres.
Par ailleurs, j'ai communiqué ce matin même avec le bureau du registraire, et je peux vous dire que nous comptons actuellement 560 étudiants inscrits. Avant toutes les perturbations que notre établissement a connues depuis 2005, nous avions même déjà atteint la barre des 1 600 inscrits. Il y a donc eu 1 600 étudiants inscrits à notre université à une certaine époque, et il y en a maintenant 560.
Comme je le disais, nous avons eu à composer avec un tas de problèmes externes et internes. Pour ce qui est de la proportion de diplômés, je ne peux pas vous répondre maintenant.
:
Angelina, je tiens à vous remercier chaleureusement pour votre participation à notre séance d'aujourd'hui et pour vos observations.
J'ai bien noté vos commentaires au sujet de l'importance de l'école secondaire. J'ai eu l'honneur de servir comme présidente et commissaire au sein du Conseil scolaire de Winnipeg. L'école secondaire Children of the Earth est un modèle formidable. Je sais que ces gens-là seraient très heureux de discuter de leur modèle avec vous si cela peut aider vos étudiants.
En siégeant au conseil d'administration de Children of the Earth, l'une de nos 79 écoles, j'ai notamment pu apprendre que les sciences et les mathématiques sont très importantes pour les jeunes Autochtones qui souhaitent poursuivre leurs études à des niveaux supérieurs.
J'aurais quelques précisions à vous demander. J'aimerais d'abord savoir quelle est la proportion du programme d'études de votre université qui est occupée par les cours de sciences et de mathématiques, car il s'agit des outils de la réussite pour tous les étudiants. C'est assurément ce qui motivait nos efforts. Parmi nos 34 000 étudiants, 25 p. 100 étaient autochtones.
Nous établissions également de nombreux partenariats. L'Université de Winnipeg a accompli du travail extraordinaire auprès des communautés autochtones et immigrantes. On a créé un club des devoirs pour que les étudiants plus âgés aident les plus jeunes. Ils leur servaient de mentors. Je sais que leur président, Lloyd Axworthy, serait tout à fait disposé à discuter avec vous pour que vos modèles puissent être mis en commun.
L'Université de Winnipeg en fait énormément pour la formation universitaire des Autochtones. On y réalise l'importance d'entrer en contact avec les plus jeunes élèves pour les aider à atteindre les rangs universitaires.
Comment vous y prenez-vous? Travaillez-vous en partenariat avec d'autres organisations comme l'Université de Winnipeg ou l'Université Western Ontario mentionnée par mon collègue? Quelle est votre approche à cet égard?
:
Je sais qu'ils seront disposés à partager leur expertise, car ils sont très généreux et très engagés envers la communauté autochtone. Je vais voir à ce qu'ils apprennent que j'ai dit cela.
J'aurais une question au sujet du programme d'études de votre université. Avant son départ, Mme Sgro a mentionné la baisse des inscriptions dans votre établissement. Dans un contexte où les inscriptions sont à la hausse dans la plupart des universités, il y a tout lieu de s'interroger.
J'aimerais en savoir davantage sur la composition de vos programmes et les taux de diplomation que vous atteignez. De vos 565 étudiants actuels, combien devraient obtenir leur diplôme? Grâce à vos 35 années d'existence, vous avez accumulé une plus vaste expérience que bien d'autres universités, ce qui devrait vous permettre de nous fournir des données intéressantes. Est-ce que la situation s'est améliorée?