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NDDN Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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CANADA

Comité permanent de la défense nationale


NUMÉRO 030 
l
2e SESSION 
l
39e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 10 juin 2008

[Enregistrement électronique]

  (1540)  

[Traduction]

    Je déclare la séance ouverte.
    Il s'agit de notre séance d'information habituelle sur l'engagement du Canada en Afghanistan.
    Nous sommes ravis de vous voir, général. Nous avons passé du temps avec vous en Afghanistan, il y a de cela quelques semaines. Nous sommes heureux que vous soyez de retour pour faire le point.
    Pour votre information, le général doit partir à 16 h 30 en raison d'un engagement préalable.
    Monsieur, la parole est à vous.
    En fait, j'aimerais aussi remercier les membres du Comité. Je crois que vous avez effectué votre visite en Afghanistan au moment opportun. J'ai beaucoup apprécié votre compagnie à l'occasion de nos rencontres avec les soldats sur le terrain et des parlementaires, que ce soit à Kaboul ou à Kandahar. Chaque fois que je me rends sur le théâtre des opérations, j'apprends, comme tout le monde, et c'était donc fort utile.
    Ce sera ma dernière comparution devant le Comité, à moins que vous ne me convoquiez de nouveau la semaine prochaine. Dans deux semaines, je serai en route vers le Texas.
    La personne vêtue d'un complet assise derrière moi est le général Christian Barabé. Christian me remplacera à compter de cet été. Ce sera très probablement lui qui viendra la prochaine fois que vous demanderez une séance d'information.
    Une voix: Avez-vous dit colonel ou général?
    Bgén Peter Atkinson: Général.
    Une voix: Merci.
    Bgén Peter Atkinson: J'espère que je l'ai dit.
    Oui, vous l'avez dit.
    La séance d'information d'aujourd'hui comprend deux parties. Je ferai d'abord un survol rapide des derniers événements survenus en Afghanistan; vous serez peut-être au fait de certains développements, mais j'aimerais vous donner des détails sur ce qui s'est passé depuis notre dernière rencontre. En outre, et c'est le plus important, dans la deuxième partie, je vais faire un compte rendu exhaustif sur la Police nationale d'Afghanistan et les progrès considérables accomplis à cet égard, comme vous me l'avez demandé.
    Les insurgés ont été peu actifs dernièrement en raison de la réorganisation qu'ils doivent effectuer après l'hiver et, surtout, de la récolte du pavot et de sa protection. Il est facile de voir que c'est la saison du pavot dans la province de Kandahar, car des camions remplis de jeunes hommes qui travaillent dans les champs sillonnent les routes.
    En Afghanistan, la récolte du pavot est l'équivalent des vendanges automnales en France. Une foule de sans-emploi prennent alors le chemin des champs, où ils peuvent profiter de quelques semaines de travail stable. Pour de nombreuses familles afghanes, il s'agit d'une part essentielle de leur revenu annuel. Le taux de rémunération moyen est d'environ 10 $ par jour, ce qui est quatre fois plus que ce qu'un Afghan reçoit habituellement. On peut voir pourquoi ce revenu est important pour les Afghans, mais également pourquoi nous aimerions remplacer ce type d'activité par des emplois cadrant davantage avec la vision à long terme que nous avons pour l'Afghanistan.
    Ceux qui récoltent le pavot veulent à tout prix travailler. Lorsque la récolte sera terminée, les talibans commenceront à les recruter pour en faire des combattants et des passeurs — transportant jusqu'à Kandahar des explosifs qui serviront contre nos troupes.

  (1545)  

[Français]

    Les forces de la coalition des talibans puisent leur main-d'oeuvre dans la même réserve. Elles emploient les Afghans pour creuser des fosses ou construire des écoles et des routes. Plus on emploie d'Afghans, plus on réduit les possibilités de tirs ennemis ou de bombes qui éclatent en bordure de chemin. Voilà pourquoi les projets de développement comme celui de la route Foster sont si importants. En général, les insurgés refusent d'attaquer les forces de la coalition de façon classique. Les insurgés continuent d'employer les dispositifs explosifs de circonstance et l'intimidation, en tentant toujours de limiter la liberté de mouvement des forces de la coalition le long des principales voies de communication.

[Traduction]

    Comme la saison de la récolte du pavot tire à sa fin, les insurgés ont tenté de regagner du terrain à l'échelle locale. En étant continuellement actifs le long de nos lignes d'opération, nous avons réduit encore leur capacité et les avons empêchés de reprendre de la vigueur.

[Français]

    Lors de l'opération Rolling Thunder, les membres du 2e Bataillon, Princess Patricia's Canadian Light Infantry, ont envahi le district de Zhari, que les talibans occupent depuis longtemps. Il y a eu un échange de feu avec les talibans, mais aucun Canadien n'a été blessé. Un soldat de l'Armée nationale afghane a été légèrement blessé. L'opération avait pour but de prendre les talibans au dépourvu, de façon à les empêcher de recourir à leurs méthodes habituelles et de déposer des dispositifs explosifs de circonstance.

[Traduction]

    La disparition de chefs talibans ces derniers mois a déstabilisé les insurgés, sans toutefois mettre fin à leurs activités ou les perturber totalement. Ces gens ne se laissent pas abattre et sont capables de se remettre rapidement des revers que nous leur infligeons. Malheureusement, les réussites que nous avons connues en Afghanistan ces deux derniers mois ont eu un prix : trois soldats canadiens ont été tués et plusieurs autres ont été gravement blessés. Nous nous souviendrons de ces combattants courageux et nous transmettons nos plus sincères condoléances à leurs familles et à leurs proches.
    Enfin, le général McKierman a remplacé le général américain Dan McNeill à la tête de la Force internationale d'assistance à la sécurité au cours d'une cérémonie de passation des pouvoirs qui s'est tenue le 3 juin à Kaboul.
    Nos troupes ont entrepris une nouvelle initiative. Les soldats canadiens qui encadrent leurs homologues afghans — membres de l'Équipe de liaison et de mentorat opérationnels — ont proposé d'aider l'école que fréquentent les enfants des soldats de la nouvelle armée nationale afghane. Ils demandent à leurs familles, au Canada, d'ajouter des fournitures scolaires dans les colis qu'elles leur font parvenir à Kandahar. Certains paquets sont déjà prêts à être expédiés du Canada, et les soldats espèrent pouvoir les remettre à l'école plus tard cet été. Les élèves et leurs familles habitent dans une vieille caserne qui date de l'époque soviétique, que vous pouvez voir sur la présente diapositive. Vous constaterez que ce n'est pas un endroit très salubre, mais c'est mieux que rien, et les enfants et leurs familles y font tranquillement leur nid.
    J'aimerais revenir au sujet que j'aborde chaque fois que je viens ici — l'ennemi sait se faire entendre en Afghanistan. Huit personnes ont été tuées et 22 autres blessées après qu'un convoi de l'OTAN eut été la cible d'un attentat à la voiture piégée dans le Sud de l'Afghanistan, le 9 avril. Les huit victimes étaient toutes des civils. Cette puissante explosion s'est produite à Kandahar et a endommagé plusieurs commerces. Les militants talibans lancent régulièrement des attentats-suicides contre les troupes afghanes et étrangères, mais ces attaques font surtout des victimes civiles.
    Le président Karzai est sorti indemme d'une tentative d'assassinat, mais trois autres personnes, notamment un politicien afghan, ont été tuées. Plusieurs diplomates étrangers, y compris notre ambassadeur, Arif Lalani, ont dû se mettre à l'abri pour éviter les tirs de mitrailleuses. Le Canada a condamné cette attaque, qui n'ébranlera pas notre détermination à aider le peuple et le gouvernement afghans et à mener à bien notre mission. L'Afghanistan a des ennemis farouches qui feront tout pour saper le processus démocratique que le peuple afghan a choisi.

[Français]

    Les talibans se servent maintenant d'enfants pour perpétuer leurs attentats suicides. La bombe qui a blessé deux soldats canadiens près de Kandahar le vendredi 16 mai était portée par un très jeune garçon de 14 ans et a été déclenchée à distance, tuant le garçon sur le coup. Les deux soldats canadiens n'ont pas été gravement blessés, mais l'explosion a fait un mort, soit l'un des soldats afghans qui patrouillaient avec eux.
    Ce genre d'attaque a révélé une faiblesse dans la sédition et a ébranlé la détermination de ceux et celles qui tâchent de ramener la sécurité et la stabilité dans la province de Kandahar. Lors d'une attaque distincte ne touchant pas les forces de l'OTAN, une bombe humaine vêtue d'une burka et ciblant un poste de police dans la province de Farah, dans l'ouest du pays, a fait 12 morts et 27 blessés. Selon le premier rapport, la bombe aurait été portée par une femme, mais les talibans qui ont revendiqué l'attaque ont affirmé qu'il s'agissait d'un homme appelé Mullah Khalid, vêtu d'une burka.

  (1550)  

[Traduction]

    Après une année de répit, les talibans ont recommencé à attaquer les écoles et à intimider les enseignants dans une grande partie du Sud et de l'Est du pays. Ils s'en prennent particulièrement aux manuels scolaires, qui menacerait leur emprise sur l'esprit des jeunes afghans. Depuis le début de la nouvelle année scolaire, le 23 mars, ils ont perpétré 36 attaques, incendiant des édifices vides ou y lançant des grenades. Ils ont également enlevé des enseignants, qu'ils ont fini par relâcher.
    J'aimerais maintenant faire le point sur la Police nationale d'Afghanistan.
    La réforme de cette police a commencé officiellement en 2003, lorsque son entraînement a été confiée à l'Allemagne. Le 12 juillet 2005, le Commandement de la transition conjointe de la sécurité en Afghanistan, qu'on appelle aussi CSTC-A, a officiellement pris la direction de la réforme pour le compte du gouvernement américain.
    L'idée d'un comité de coordination international de la police, chargé de coordonner les efforts des pays qui participent à la réforme du ministère de l'Intérieur et de la Police nationale de l'Afghanistan, a été lancée en 2006 et mise en oeuvre début 2007.
    En juin 2007, l'Union européenne a entamé sa mission de police en Afghanistan, appelée EUPOL. Cette mission a pour but de réformer la police en travaillant en collaboration sous la houlette du Comité de coordination de la police internationale, du Commandement de la transition conjointe de la sécurité en Afghanistan et de la Police nationale d'Afghanistan. Cette réforme vise à former une force de police efficace, bien organisée, multiethnique et professionnelle afin d'assurer la primauté du droit en Afghanistan, un objectif évidemment louable.
    Au printemps 2007, un comité conjoint de coordination et de surveillance représentant la communauté internationale, en partenariat avec le gouvernement afghan, a approuvé l'augmentation de l'effectif de la Police nationale de l'Afghanistan, qui comptera 82 000 membres au lieu des 62 000 prévus. Au 1er février 2008, 76 410 postes avaient été comblés, soit 93 p. 100 du chiffre approuvé. Les nouvelles recrues n'ont pas encore toutes suivi leur entraînement, mais les postes sont pourvus. Le ministère de l'Intérieur s'attend à atteindre l'objectif de 82 000 d'ici décembre de cette année.

[Français]

    Vers la fin de 2007, le ministère de l'Intérieur a lancé un programme de perfectionnement ciblé par district, le Focus District Development Program, ayant pour but de réformer la police en uniforme de l'Afghanistan tout en améliorant la gouvernance locale, les travaux publics et les éléments de la primauté du droit.
    Le perfectionnement ciblé par district permet au ministère de l'Intérieur d'adopter une approche plus ciblée en matière d'évaluation, d'instruction, de mentorat et de validation de la police en uniforme du district. Le perfectionnement ciblé par district bat son plein et constitue l'objet principal du CSTC-A en ce a trait à la police. La PNA se compose des organisations suivantes: la police de maintien de l'ordre civil, la police des frontières, la police antidrogue, la police auxiliaire, la police chargée des enquêtes criminelles, la police antiterroriste et la police en uniforme.

[Traduction]

    La Police afghane de maintien de l'ordre civil, que l'on appelle aussi PAMOC, est un nouveau corps policier constitué au milieu de 2006, après la réaction inefficace de la police en uniforme aux émeutes de mai 2006, à Kaboul. Cette nouvelle force policière est chargée de réprimer les troubles civils dans les grands centres urbains et de patrouiller les zones à haut risque. Lorsque tous les postes seront comblés, cette force policière comprendra 5 000 membres. Cette unité chevronnée deviendra la pierre angulaire de l'architecture afghane en matière de sécurité.
    Le 15 mai dernier, le quatrième groupe, qui comprend environ 200 recrues et 28 officiers, a terminé son entraînement à Mazar-e-Sharif. Grâce à cette force hautement qualifiée, le gouvernement afghan sera mieux à même d'assurer lui-même la sécurité.
    Les élections présidentielles, prévues l'année prochaine, seront l'occasion de mettre à l'épreuve cette nouvelle force de maintien de l'ordre civil, qui est mieux dirigée, mieux entraînée et mieux équipée que les officiers de police en uniforme afghans et la police auxiliaire nationale afghane. Cette force devrait pouvoir réagir effectivement à l'agitation et aux émeutes en zone urbaine.
    Ces policiers ont été entraînés pour gérer pacifiquement les manifestations et les grands rassemblements sociaux et politiques. Ils reçoivent 12 à 14 semaines d'entraînement, données conjointement par l'Union européenne et les États-Unis. De nouveaux instructeurs sont formés à chaque cours pour pouvoir donner eux-mêmes la formation par la suite. Tous les officiers de la police afghane de maintien de l'ordre civil ont déjà suivi leur formation générale à l'académie de police de Kaboul, construite par l'Allemagne. À ce jour, environ 1 300 de ces policiers ont terminé leur formation.
    Le CSTC-A souhaite que 2 000 membres de la police afghane de maintien de l'ordre civil suivent un entraînement complet d'ici la fin de 2008. En 2009, ce chiffre devrait atteindre 3 000, soit deux fois plus qu'en 2007.

  (1555)  

[Français]

    La police des frontières afghane, dont les effectifs autorisés comptent 18 000 membres, est chargée de patrouiller les frontières de l'Afghanistan, d'effectuer des opérations de lutte contre la contrebande et de gérer l'immigration. Elle protège les frontières de l'Afghanistan contre les criminels en veillant à l'application de la loi aux frontières internationales. Elle contrôle la circulation piétonnière et automobile aux points de passage frontaliers et dans les aéroports internationaux, et est chargée de la sécurité aérienne. Seulement 9 000 des 18 000 postes autorisés ont été comblés à ce jour.

[Traduction]

    Comme vous pouvez le voir sur la carte, la Police des frontières afghane doit patrouiller 5 500 kilomètres de frontière, 14 postes frontaliers et les 4 aéroports internationaux de Kaboul, Herat, Kandahar et Mazar-e Sharif.
    La police anti-drogue du ministère de l'Intérieur est le principal organisme d'application de la loi chargé de réduire la production et la distribution de stupéfiants en Afghanistan. Elle adopte une approche à volets multiples en ce qui a trait aux opérations anti-drogue, ayant recours à l'information communiquée par le public, aux renseignements, à l'interdiction et à l'éradication. Elle fait respecter les lois sur les stupéfiants partout au pays en formant et en équipant l'unité d'interdiction nationale et les unités d'interdiction régionales — dont celle de Kaboul —, les unités de détection et les équipes d'éradication dans sept provinces clés. Soixante-dix des 3 000 postes autorisés sont comblés par des officiers afghans.
    La police auxiliaire — et c'est un nom que vous reconnaîtrez — est le fruit de la frustration et des répercussions de l'opération Médusa, une offensive que le Canada a dirigée avec succès en 2006. Cette force policière a été créée pour assurer la sécurité dans les villages éloignés, un peu comme une police de quartier. Vous vous rappellerez que l'OTAN n'avait pas assez de troupes pour conserver le terrain ravi aux militants talibans et avait fait appel à la police auxiliaire pour s'en charger. Le commandant de la FIAS de l'époque avait ordonné la création de cette force auxiliaire pour que le territoire ne retombe pas aux mains des insurgés.
    La force auxiliaire comptait initialement 11 000 membres. Elle était chargée d'assurer une présence policière aux points de contrôle et à d'autres positions immobiles afin de sécuriser les régions jugées dangereuses. Elle était également censée servir de réserve aux officiers de la Police nationale d'Afghanistan en poste à temps plein dans de grands centres comme Kandahar. Nous savons tous que cette force de police, qui a fait l'objet de nombreuses plaintes pour corruption, est à l'origine d'une grande partie des problèmes que nous cherchons à résoudre. En effet, ses membres ne possédaient pas la formation, l'expérience et l'encadrement nécessaires pour être efficaces. Reconnaissant cet état de fait, l'OTAN dissout graduellement cette force de police auxiliaire à temps partiel, qui aurait alimenté l'insurrection et les tensions tribales plutôt que de les calmer.

  (1600)  

[Français]

    Certains des 11 000 membres de la police auxiliaire reçoivent 70 $ par mois dans les six provinces du sud du pays, et seront intégrés à la police nationale, qui est un peu mieux entraînée et équipée. Les autres membres seront renvoyés chez eux.
    Les unités de la police auxiliaire dans la ville ont été dissoutes et il se peut que certaines subsistent dans les régions rurales. Elles seront dissoutes graduellement dans les six provinces du sud du pays, d'ici octobre 2008.
    Il y a trois autres organisations policières plus petites et investies de missions plus spécialisées. La police antidrogue a le mandat d'éliminer la production et le trafic des drogues illicites; la police responsable des enquêtes criminelles enquête sur une large gamme d'infractions criminelles; et la police antiterroriste mène des opérations contre l'insurrection.

[Traduction]

    La police en uniforme — l'incarnation même de la Police nationale de l'Afghanistan — forte de plus de 34 000 agents, constitue la plus grosse force policière d'Afghanistan. Cet effectif devrait augmenter lorsque le plan de dotation de 2008 sera approuvé plus tard cette année. Cette force est responsable de l'application générale de la loi, de la sécurité publique et de la sécurité intérieure dans les provinces et les districts d'Afghanistan. Des policiers en uniforme sont déployés sur l'ensemble du district de Kandahar. Ceux affectés à notre région d'opération sont encadrés par des équipes de liaison et de mentorat opérationnels, qui sont responsables de la formation, de l'encadrement et de la professionnalisation de la police afghane en uniforme dans le Sud de la province de Kandahar. Il s'agit de petites équipes constituées de policiers militaires et de membres de l'infanterie, qui vivent et travaillent dans des détachements de la police nationale de l'Afghanistan, dans des sous-commissariats de police. La Police nationale d'Afghanistan compte actuellement 10 policières dans la ville de Kandahar.
    J'ai cherché à savoir combien de femmes travaillaient au sein de la Police nationale d'Afghanistan, mais j'ai été incapable d'obtenir les chiffres. Je vous les communiquerai lorsque je les aurai. Mais nous sommes certains qu'il y a 10 policières en poste à Kandahar, car nous travaillons avec elles.
    Pourquoi avoir créé la P-ELMO?
    Avant septembre 2007, lorsqu'on a commencé à encadrer des policiers, la police nationale d'Afghanistan, dont une bonne partie n'avait suivi aucun entraînement, devait se contenter d'équipement désuet et défectueux. Il n'y avait pas de structure de commandement efficace ni d'éthique professionnelle. Certains des points de contrôle de la police nationale avaient été abandonnés, étaient tombés aux mains des insurgés ou servaient à l'extorsion de la population locale. En outre, la police nationale afghane était minée par la corruption à tous les échelons. De nombreux officiers de police n'étaient pas payés régulièrement et lorsqu'ils l'étaient, c'était pour constater que les haut gradés s'étaient allègrement servis. Ils en sont arrivés à voler les citoyens et à accepter des pots-de-vin pour laisser les talibans sortir de prison. Le Canada a donc décidé de redoubler d'efforts à cet égard, car il était capable d'intervenir. La Force opérationnelle interarmée en Afghanistan a constitué des équipes de liaison et de mentorat à l'automne. Aujourd'hui, 60 personnes — des soldats et des officiers de police — se chargent de cette tâche, réparties en six unités de police.
    L'objectif de ces activités de mentorat consiste à aider le gouvernement afghan à créer une force policière nationale efficace, organisée et professionnelle chargée d'assurer la primauté du droit. Pour que cette force puisse un jour garantir la sécurité de la population afghane, elle doit être bien dirigée, être payée régulièrement et recevoir un entraînement et un équipement de haut calibre. On veut ainsi former une force de police capable d'exécuter de façon autonome ses mandats en matière de sécurité et de maintien de l'ordre, tout en attirant des recrues qualifiées et en maintenant en poste les officiers déjà formés.

[Français]

    En raison du milieu opérationnel actuel en Afghanistan, la police en uniforme est une police paramilitaire et non un service de police civile semblable à ce que nous connaissons en occident. Mais cette situation pourrait changer au fur et à mesure que la situation s'améliorera sur le plan de la sécurité. À l'heure actuelle, toutefois, la police en uniforme est confrontée à une sédition en plus des défis habituels au chapitre de l'ordre public et de la sécurité publique. C'est pourquoi les équipes de mentorat comptent des soldats d'infanterie pour enseigner la sécurité et le combat, ainsi que les [Note de la rédaction: inaudible] militaires pour les tactiques, techniques et procédures policières.

  (1605)  

[Traduction]

    Les ELMO donnent de la formation de base sur le traitement des détenus, les techniques de menottage — des choses que nous tenons probablement pour acquises —, les méthodes et les procédures de fouille, l'utilisation d'armes, notamment la manipulation des armes sur le champ de tir, les patrouilles, les engins explosifs artisanaux et les mines, la réaction au feu ennemi et les principes de base d'une position défensive. Lorsque vous êtes venus à Kandahar, je vous ai expliqué qu'il s'agissait de compétences de survie. Si les agents de la PNA ne peuvent survivre lorsqu'ils entrent en contact avec l'ennemi, alors nous ne pourrons jamais progresser.
    Chaque jour, les agents en poste dans les sous-commissariats de police doivent assurer la sécurité des personnes qui s'y trouvent, effectuer des patrouilles, couvrir le territoire et les points de contrôle, vérifier les véhicules et suivre une formation, officielle ou non. Nous avons d'ailleurs pu le constater de visu lorsque le surintendant de la GRC nous a montré les diverses activités entreprises, que ce soit au sein des équipes provinciales de reconstruction, dans nos P-ELMO ou dans les sous-commissariats de police, sur le terrain.
    J'ai parlé plus tôt du perfectionnement ciblé par district. Actuellement, plusieurs initiatives de réforme et de restructuration sont en cours au sein de la PNA, dans la province de Kandahar. L'une des plus importantes est une formation professionnelle intensive de huit semaines donnée aux agents de police dans les centres régionaux de Herat et de Kandahar. Plus de 400 policiers en uniforme afghans l'ont suivie jusqu'à présent. Pendant ce cours, que les agents suivent en groupe à l'extérieur de leur district, ils reçoivent de la formation et, dans certains cas, du perfectionnement, obtiennent un nouvel équipement, puis retournent à leur poste. Lorsqu'ils sont au centre de formation régional, ils sont remplacés par la Police afghane de maintien de l'ordre civil dont j'ai parlé plus tôt.
    Cette formation ne dure que huit semaines, dont l'une est consacrée aux tâches administratives, comme l'ouverture de comptes bancaires pour le dépôt des paies et la délivrance de cartes certifiant l'identité exacte des agents.
    Le 24 avril, les membres de la police en uniforme afghane des districts de Zhari et de Panjwai ont terminé leur formation. Ils ont reçu leurs nouvelles armes, leurs véhicules, leur équipement de communication et d'autres articles personnels. Ils ont maintenant réintégré leur poste dans les régions de Zhari et de Panjwai, où on les encadre pendant six semaines pour valider leurs compétences et leurs progrès; les mentors vivent et travaillent à temps plein avec eux. Ce sera aux équipes de mentorat de poursuivre le développement de ces agents de police et de perfectionner leurs compétences au jour le jour. La police en uniforme est déjà considérée comme une force plus professionnelle par les Afghans du district de Zhari.
    Je vous donne quelques instants pour lire la prochaine diapositive. Elle comprend deux parties. Sur la gauche, vous pouvez voir la réforme au sein de l'armée. Les exemples montrent qu'il y avait 319 généraux et qu'il y en a maintenant 120; on comptait 2 400 colonels, alors qu'il y en a plus que 235; quant aux lieutenants-colonels, leur nombre est passé de 1 800 à 305. On peut facilement voir que cette organisation comptait plus de chefs que d'Indiens, et certainement plus de généraux que de soldats. Regardez ici: le nombre de patrouilleurs, qui est extrêmement important, atteint presque 46 000.
    De l'autre côté, vous pouvez voir que le taux de rémunération mensuel d'un lieutenant-général, qui était de 100 $ par mois — ce qui explique pourquoi on pouvait facilement corrompre ces officiers —, est maintenant de 750 $. Quant au salaire du patrouilleur de rang inférieur, il s'établit à 70 $ par mois. Il y avait une très faible différence entre le salaire du patrouilleur et celui du lieutenant-général avant que l'on réforme le système de paie; cela est un point très important.
    J'ai parlé des cartes d'identité, des transferts de fonds électroniques et de l'ouverture de comptes bancaires: c'est là la voie de l'avenir. Ces agents sont maintenant certains d'être payés. Lorsque les fonds sont déposés, les gens peuvent se présenter avec leur carte d'identité et retirer l'argent sans que personne ne puisse faire main basse sur leur dû. C'est un énorme progrès dont ils sont extrêmement fiers.
    La prochaine diapositive donne un aperçu de la répartition géographique des centre de formation en Afghanistan. Sur la gauche, vous pouvez voir les divers cours offerts.
    Les cours indiqués en rouge sont ceux donnés au centre de formation régional de Kandahar, que nous avons visité à Camp Hero. Il y a le cours élémentaire pour la police en uniforme, le cours élémentaire pour la police des frontières, le programme de transition, le cours destiné à la PAMOC, le maintien en puissance et le cours avancé en leadership et en gestion. On peut voir un tableau sur le côté, qui montre les autres cours et les régions où ils sont donnés.

  (1610)  

    Ils ont accompli d'énormes progrès, mais ils ont encore du chemin à parcourir. Comme je l'ai indiqué lorsque j'ai parlé des Forces de sécurité nationale afghanes, l'Armée nationale d'Afghanistan progresse très bien. Au début, elle tirait de l'arrière; elle est cependant sur la bonne voie, et nous avons observé des améliorations notables. Il reste toutefois encore du pain sur la planche et il faudra du temps avant d'atteindre l'objectif visé.
    Les Forces de sécurité nationale afghanes deviennent plus fortes, plus compétentes, plus professionnelles et plus déterminées à assurer la sécurité de la population. La passation des pouvoirs en matière de sécurité aux forces de police afghanes et à l'Armée nationale d'Afghanistan, à Zhari, a constitué une étape importante vers le transfert complet des activités de maintien de l'ordre public aux autorités afghanes. Comme je l'ai indiqué plus tôt, la dernière chose que les Afghans veulent voir débouler au coin de la rue, c'est un soldat armé d'une mitraillette, un char d'assaut ou un véhicule blindé. Ce qu'il faut, c'est un policier de quartier avec qui les citoyens peuvent développer une relation et en qui ils peuvent avoir confiance, un policier qui va assurer le respect de la primauté du droit.
    Autre preuve de l'amélioration des compétences des forces locales, les Afghans peuvent maintenant planifier et exécuter eux-mêmes des opérations de sécurité et assumer d'autres fonctions de sécurité qui relevaient de la FIAS, comme le maintien de la sécurité pendant la construction du pont enjambant la rivière Arghandab, à la fin de l'automne dernier, et les travaux routiers sur la Route Fosters, dans la région de Panjwai. Les efforts que nous déployons pour aider le gouvernement à assurer une sécurité durable dans le pays et à redonner à sa population un sentiment de sécurité portent fruit. Il est essentiel de disposer d'une force compétente pouvant offrir à la population locale des services de maintien de l'ordre efficaces pour pouvoir assurer l'ordre et la stabilité. Le renforcement de la capacité de la Force de sécurité nationale d'Afghanistan, avec l'aide des pays membres de la FIAS, de la communauté internationale et des autres organisations non gouvernementales, est essentiel si on veut garantir la sécurité en Afghanistan et être certains de progresser vers l'établissement d'une saine gestion.
    Merci. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
    Merci, monsieur. Nous avons le temps de tenir la période de questions habituelle de cinq minutes.
    Monsieur Wilfert, vous disposez de cinq minutes.
    Merci, monsieur le président.
    Je suis très heureux de vous voir, général. Nous vous souhaitons de connaître le plus grand succès dans vos nouvelles fonctions, à compter du 1er juillet. Espérons que d'ici là, vous porterez enfin votre uniforme d'été.
    Dans le Sud, je crois que je m'habillerai un peu plus légèrement.
    Excellente nouvelle.
    Général, le ministre responsable de l'ACDI a annoncé aujourd'hui que le gouvernement consacrerait 120 millions de dollars au projet du barrage de Dahla afin d'améliorer l'irrigation dans la vallée de l'Arghandab. C'est une initiative dont on parle depuis longtemps. Cependant, en tenant compte des questions de sécurité et de la situation des Britanniques à Helmand, pourriez-vous nous dire quel rôle les Forces canadiennes pourraient jouer, que ce soit au chapitre de la sécurité ou du génie? Je sais qu'on a édifié des avant-postes fortifiés.
    Enfin, quelles sortes de relations a-t-on ou pourrait-on développer avec la population locale afin d'assurer la sécurité de ces installations, compte tenu des retombées économiques que ces travaux peuvent avoir?
    Vous venez de soulever un point très important. Je crois que le ministre responsable de l'ACDI a indiqué qu'il s'agissait d'un projet directement attribuable au Canada; il serait donc très important que notre pays y mette beaucoup d'efforts, compte tenu des sommes investies.
    Le rôle des Forces canadiennes, dans le cas qui nous intéresse, consisterait simplement à assurer la sécurité. Il faut effectuer des travaux d'infrastructure sur le barrage Dahla, qui, on le sait, est dans un état lamentable. Il faudra le remettre à neuf pour qu'il puisse assurer la production d'électricité, l'irrigation et les autres services dont profitera la région.
    Nos opérations s'inscrivent dans l'approche globale du gouvernement, et notre rôle est simple: assurer la sécurité pour que l'on puisse mener à bien toutes ces activités. À cette fin, nous avons collaboré, et continuerons de le faire, avec l'ACDI, le gouvernement afghan et nos autres partenaires. L'opération est bien sûr en cours de planification. Nous nous sommes déjà rendus dans la région où se trouve le barrage et y demeurerons; il nous faudra déployer des efforts énormes pour réussir.

  (1615)  

    Je suppose que cette approche gouvernementale globale tient compte des ressources nécessaires sur place.
    Oui, monsieur. La planification suit son cours. Ce n'est pas le genre de projet qui se réalise du jour au lendemain. Vous vous souviendrez que nous avons parlé au ministre Wardak lorsque nous étions en Afghanistan. Il nous a demandé de ne pas apporter nos grosses machines occidentales pour abattre tout le travail dans le cadre de projets d'envergure. Nous pouvons fournir les moyens d'y arriver, mais il faut que ce soient les Afghans qui réalisent les travaux. Une part importante de notre travail consistera à permettre la concrétisation de ce projet. Ce que nous pouvons faire de mieux, c'est assurer la sécurité dans le cadre de cette initiative.
    Ce ne sera pas facile et cela comportera des risques. Comme nous l'avons vu chaque fois que nous avons participé à un grand projet, les talibans voient le progrès d'un très mauvais oeil. Comme je l'ai indiqué, ils savent se faire entendre et tentent continuellement de nous mettre les bâtons dans les roues.
    Merci.
    J'aimerais partager mon temps avec M. Rota.
    D'accord. Vous disposez d'une minute et demie.
    Je m'interroge sur les disparités entre les salaires — qui varient entre 750 $ pour les généraux et 70 $ pour les patrouilleurs. Je suppose que je regarde ces chiffres d'un point de vue relatif. Dans les Forces canadiennes, en passant, ce serait considéré comme une énorme différence entre les échelons supérieur et inférieur. Il me semble que la différence est considérable, surtout si l'on tient compte de la situation sur place.
    Quel est le revenu familial normal, et est-ce qu'un salaire de 70 $ par mois est suffisant pour élever une famille? Et ce montant de 750 $... Je ne veux pas employer le mot « extravagant », mais si on compare les salaires, c'est plus de 10 fois le salaire d'un patrouilleur. Je crois que si un général canadien gagnait 10 fois plus qu'un sergent, cela ferait un foin terrible. Je suis certain que vous pouvez le comprendre.
    Les généraux canadiens ne gagnent pas 10 fois plus que les autres soldats, je peux vous le garantir.
    Je m'en rends bien compte. Je me demande seulement quelles sont les répercussions de cette différence.
    Pour ce qui est du premier point, sachez que l'échelle salariale a été établie par le gouvernement afghan, en fonction des responsabilités et des tâches de chacun. Je comprends qu'une différence entre 70 et 750 $ peut sembler énorme, mais les responsables afghans ont probablement tenu compte de la complexité du travail lorsqu'ils ont fixé cette échelle.
    Le patrouilleur en second, au bas de l'échelle, est une recrue qui vient d'entrer en poste. Un salaire de 70 $ peut nous sembler dérisoire, mais en Afghanistan...
    Vous rappelez-vous je vous avais dit que les Afghans sont payés à la journée lorsqu'ils travaillent dans les champs d'opium? Même si, de prime abord, un salaire de 70 $ ne semble pas très élevé, c'est un salaire raisonnable pour commencer.
    Je suis désolé, nous allons devoir passer à autre chose.
    J'aimerais simplement savoir combien un Afghan gagnerait dans les champs d'opium?
    Je crois qu'il a dit que c'était 10 $ par jour.
    Dix par jour?
    D'accord, très bien. Merci.
    Monsieur Bachand.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Je veux vous entretenir de la structure de commandement. Même si vous n'en avez pas parlé dans votre présentation, ça m'intéresse au plus haut point. Le général McNeill est parti, et c'est maintenant le général américain McKiernan qui est en charge de la FIAS partout en Afghanistan.
    Sur les 47 000 soldats présents actuellement en Afghanistan, combien sont américains? Est-ce 12 000?
    Donnez-moi une minute pour y penser. En fait, monsieur Bachand, je vais devoir confirmer ce nombre. Je n'ai pas les chiffres exacts sous la main.
    D'accord, vous allez me les transmettre.
    Oui.
    Les Forces canadiennes, dont les effectifs là-bas se chiffrent à 2 500, font partie du Commandement régional (Sud). Ce dernier est dirigé, à partir de Kandahar, par le général Thompson.
    Est-ce bien cela?

  (1620)  

    C'est exact. Il est commandant de la brigade canadienne.
    Les Britanniques qui sont dans la province de Helmand sont dirigés par un brigadier-général?
    Oui, c'est un brigadier-général du Royaume-Uni.
    Comment s'appelle-t-il? Vous allez me transmettre son nom?
    Oui.
    Les Hollandais sont à Uruzgan, n'est-ce pas?
    Oui.
    On parle aussi d'un brigadier-général, dans ce cas?
    En effet, et il y a aussi un général.
    Quel est son nom? Vous allez me le faire parvenir?
     À Gardez, il s'agit d'un général américain?
    C'est un colonel.
     Avec l'ajout de soldats des États-Unis dans le sud, les Américains vont-ils demander une rotation à l'intérieur du Commandement régional (Sud) dans un avenir rapproché, selon vous?
    Présentement, la rotation se fait entre nous, les Hollandais et les Britanniques. Ce plan a été élaboré par les membres de la coalition dans le sud de l'Afghanistan. À l'heure actuelle, on discute de la possibilité d'un changement éventuel. En ce moment, le commandant du Commandement régional (Sud) est le major-général Lessard, qui est canadien. Il commande les trois brigades, soit celle des Hollandais, celle des Britanniques et de la nôtre.
    Est-il responsable des forces américaines?
    Oui.
    Et ça, c'est à Gardez.
    Oui. Il y a aussi un groupe de marines qui travaillent dans la province où sont situées les troupes allemandes. Ils sont en même temps sous le commandement du Commandement régional (Sud).
    D'accord. Vous n'excluez pas la possibilité que le colonel du Commandement régional (Sud) soit remplacé par un brigadier. C'est possible qu'ils fassent cette demande.
    Ce sont les partenaires qui travaillent ensemble dans le sud qui discuteront de cette question.
    On sait que le général Richards, un Britannique, était responsable de la FIAS. Comme les Américains ont un très gros contingent en Afghanistan et qu'ils semblent vouloir mettre beaucoup l'accent sur ce pays, pourraient-ils exiger que le général responsable de la FIAS soit toujours un Américain?
    Le commandant actuel de la FIAS est le général McKiernan, un officier américain.
    Donc, c'est un commandant américain qui a succédé à un commandant américain.
    Il n'est pas américain. C'est un officier de l'OTAN.
    Mais il vient des États-Unis.
    C'est l'OTAN qui a demandé aux États-Unis de fournir un officier quatre étoiles comme le général McKiernan pour agir à titre de commandant.
    M. McNeill était-il un officier quatre étoiles aussi?
    Bgén Peter Atkinson: Oui.
    M. Claude Bachand: C'est donc l'OTAN qui a décidé qu'un commandant américain succède à un Américain.
    Bgén Peter Atkinson: Oui.

[Traduction]

    Vous êtes exactement dans les temps. Vous avez utilisé tout le temps qui vous était imparti.

[Français]

    D'accord. J'ai obtenu mes informations.

[Traduction]

    J'attends le nom de...
    Si vous voulez bien transmettre l'information au greffier, nous la communiquerons à tous les membres du Comité. Merci, monsieur.
    Madame Black.
    Merci, monsieur le président.
    Je vous remercie beaucoup de témoigner aujourd'hui. Je suppose qu'il s'agit de votre dernière comparution, et je vous souhaite beaucoup de chance au Texas.
    Vous avez dit, au début, que trois soldats canadiens avaient été tués pendant cette période d'affectation et que plusieurs autres avaient été blessés. Pourriez-vous nous en dire un peu plus au sujet des blessés?
    Comme vous le savez, pour assurer la sécurité des opérations, nous ne parlons jamais du nombre de blessés. Nous rendons hommage aux soldats tombés au combat, mais si nous révélerions des détails sur le nombre de blessés, les talibans pourraient mesurer la réussite de leurs attaques. Voilà pourquoi nous ne divulguons pas de chiffres. Vous vous rappellerez toutefois qu'une fois par année, nous publions des statistiques. Les talibans ne peuvent alors pas tirer de conclusions fiables.
    Quand ces statistiques ont-elles été publiées la dernière fois?

  (1625)  

    C'était fin décembre, il me semble.
    Vous nous avez donné beaucoup d'informations au sujet de la Police nationale d'Afghanistan et présenté un portrait très complet de la situation. Il est intéressant de savoir que c'était notre idée de mettre sur pied la Police auxiliaire nationale afghane, qui s'est malheureusement révélée incapable d'accomplir le travail dont on l'avait chargée. La formation semble constituer une solution bien plus efficace, même si huit semaines, c'est bien peu au regard de la complexité de la tâche.
    Vous vous souviendrez peut-être que les soldats suivent une formation de huit semaines, après quoi ils acquièrent une certaine expérience sous supervision, pour retourner ensuite en formation.
    Néanmoins, si on compare cette formation à ce qui se donne dans le reste du monde, c'est très peu de...
    Voilà pourquoi j'ai dit qu'il s'agissait d'un processus continu qui prendra du temps.
    En effet.
    Mon autre question concerne l'Armée nationale d'Afghanistan, avec laquelle nous collaborons depuis plus longtemps. Tous les militaires canadiens qui viennent témoigner nous disent que les choses vont très bien et que la situation s'améliore... J'aimerais savoir quel est le taux d'attrition et combien de soldats restent dans l'armée nationale après leur entraînement. J'aimerais également connaître la répartition ethnique au sein de cette armée et de la Police nationale d'Afghanistan.
    Je pourrai vous fournir les détails ou les chiffres exacts sur l'attrition et la répartition ethnique à une date ultérieure. De toute évidence, je n'ai pas ces chiffres en tête.
    Je peux cependant vous dire qu'au début, le taux d'attrition était élevé dans l'Armée nationale d'Afghanistan. Au commandement régional Sud, et en particulier à Kandahar, le taux d'attrition des soldats que nous formons dans le 205e corps d'armée — les cinq kandaks que nous entraînons — est extrêmement faible, presque négligeable. C'est peut-être le résultat de la fierté du travail bien fait. Étant donné qu'ils ont été entraînés et supervisés, et que nous vivons, travaillons et combattons à leurs côtés, ces soldats ont développé un esprit de corps et une éthique professionnelle qui s'accroissent semaine après semaine. Ainsi, le taux d'attrition est très faible dans notre région, au sein des cinq kandaks avec lesquels nous travaillons. À titre de comparaison, il était d'environ 40 p. 100 il y a deux ans, alors qu'il est actuellement inférieur à 5 p. 100, je crois.
    Je vous confirmerai cependant ces chiffres, ainsi que la répartition des différentes ethnies au sein de l'armée nationale et de la Police nationale d'Afghanistan.
    Lors de notre première visite en Afghanistan, la composition ethnique de l'armée nationale d'Afghanistan était très préoccupante. À l'époque, cette force ne comptait pas beaucoup de Pashtounes, alors que les troupes canadiennes se trouvaient pour ainsi dire au coeur de leur fief. Je serais donc intéressée à obtenir ces chiffres.
    J'ai oublié mon autre question, je suis désolée.
    Nous allons poursuivre. Il ne vous restait plus que 30 secondes.
    Merci. Je suis désolée.
    Monsieur Hawn.
    Merci, monsieur le président.
    Je vous remercie d'être ici, général, et je vous souhaite bonne chance au Texas.
    J'aimerais vous poser quelques questions au sujet des activités des talibans. Elles ont manifestement augmenté depuis que la récolte du pavot est terminée.
    Au cours de vos opérations, cette année, avez-vous constaté des changements, par rapport aux années précédentes, quant à la concentration des talibans? Vous avez mentionné que vous cibliez leurs dirigeants; en avez-vous senti les effets?
    J'aimerais faire une observation générale, et c'est un élément dont j'ai déjà parlé.
    Parce que nous avons ciblé de façon efficace leurs dirigeants, chaque fois que les talibans ont tenté d'utiliser une approche conventionnelle, si vous voulez, ils ont subi des pertes importantes. Ils continuent de recourir à des tactiques insurrectionnelles classiques, à l'utilisation de IED et de moyens irréguliers — par exemple, à se servir d'enfants et de femmes pour perpétrer leurs attentats-suicides. C'est le seul outil dont ils disposent. Comme nous l'avons vu, les malheureuses victimes, dans tout cela, ne sont pas leurs cibles, c'est-à-dire nous, mais plus souvent qu'autrement, ce sont des civils innocents. Les tactiques des talibans n'ont pas changé.
    Pour ce qui est de la fréquence des attaques, sachez qu'il n'y a pas eu de vaste offensive printanière. Mais y a-t-il eu une hausse depuis que la récolte du pavot est terminée? Oui.

  (1630)  

    Comme d'habitude.
    Il y aura des élections présidentielles en Afghanistan, en septembre 2009. A-t-on fait une évaluation tactique ou stratégique des actions possibles des talibans pour miner le processus électoral, d'une façon ou d'une autre?
    Je crois que nous pouvons nous attendre à ce que les talibans cherchent à perturber ce genre d'activité, comme ils ont tenté de le faire dans le passé. Mais je pense que le gouvernement afghan est plus fort aujourd'hui, grâce à la police et à l'armée nationale afghanes, ainsi qu'à l'aide de la force internationale sur place; il y aura donc beaucoup moins de problèmes lors de ces élections que par le passé.
    Nous avons constaté que le taux de participation électorale était exceptionnellement élevé la dernière fois. Le pays tout entier est plus sécuritaire. Certains incidents isolés se sont produits, mais globalement, la sécurité sur l'ensemble du territoire afghan encouragera grandement les gens à aller voter et à exercer leurs droits.
    Je vous remercie. Je cède la parole à M. Lunney, pour une brève question.
    Monsieur Lunney.
    Merci, monsieur le président.
    Je vous remercie beaucoup d'avoir participé à nos délibérations. Nous vous souhaitons la meilleure des chances. J'espère que nous aurons l'occasion de vous revoir.
    J'aimerais simplement faire un bref commentaire à propos du taux d'attrition et des améliorations dans l'ANA, des kandaks avec lesquels nous travaillons, et des progrès importants réalisés dans le maintien de la force.
    Lorsque nous étions là-bas, nous avons constaté que les membres des ELMO se plaignaient un peu d'avoir passé beaucoup de temps à planter des arbres sur la base, entre autres. Mais je crois que cela contribue à maintenir l'esprit de corps et la fierté de ce qu'ils ont accompli. J'étais ravi de voir tous les arbres qu'ils ont plantés; je crois que cela va faire un grand changement. Ce n'est qu'un commentaire. Même si c'est irritant pour les ELMO, c'est très important, car cela les aide à conserver l'esprit de corps et leur sentiment d'utilité sur place.
    Ces soldats de l'Équipe de liaison et de mentorat opérationnel, le groupe qui est là-bas actuellement, sont déployés à l'extérieur du périmètre depuis presque quatre mois. Ils vivent dans les montagnes, dans les régions éloignées, où ils travaillent et combattent, et certains des militaires que nous avons perdus faisaient partie de cette unité.
    Leur mission est peut-être l'une des plus difficiles, mais comme je l'ai déjà dit, c'est probablement aussi la plus importante, car le mentorat qu'ils effectuent, cette formation pratique, cette confiance qu'ils contribuent à bâtir chez les soldats afghans, témoigneront de notre réussite au bout du compte. Et les former pour qu'ils puissent diriger eux-mêmes leurs opérations avec assurance, en prenant la responsabilité de leur propre avenir, ce sera pour l'OTAN et la communauté internationale un succès.
    Exactement. Je vous remercie.
    Merci beaucoup.
    Une voix: Voulez-vous reprendre votre minute?
    Le président: Le général a un rendez-vous à 15 h 45.
    Je n'ai pas entendu votre dernière question et je peux probablement retarder...
    Juste une courte question, alors.
    Elle sera très brève.
    Vous avez dit qu'il y avait dix policières en poste actuellement à Kandahar.
    En effet.
    Y a-t-il des femmes dans l'ANA? Il y a aussi la question des hommes portant la burka. Je présume que vous avez besoin de plus de femmes dans la PNA et peut-être l'ANA, étant donné la culture, pour s'occuper des personnes en burka.
    C'est un problème, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons, dans nos opérations, des soldates et des policières militaires pour nous assister. Je vous donnerai les chiffres exacts. Nous pourrons aussi obtenir les chiffres pour l'ensemble de la PNA. Je ne crois pas qu'il y ait des femmes dans l'armée nationale afghane, en tout cas certainement pas des soldates de combat. Leur culture ne le leur permet pas.
    Nous vérifierons s'il y en a dans l'ANA et peut-être dans certains postes de soutien, mais je sais que dans les kandaks que nous formons et avec lesquels nous travaillons... Nous parlons de sociétés dominées par les hommes; c'en est vraiment une.
    Merci.
    Monsieur, je vous remercie beaucoup de votre participation à cette dernière séance. Nous vous sommes reconnaissants de vos visites et de toute l'information que vous nous avez fournie. Elle nous a été extrêmement utile, et nous avons hâte de travailler avec votre successeur. Nous vous souhaitons bonne chance dans la poursuite de votre carrière.
    Je vous remercie beaucoup, monsieur, et merci aussi à tous les membres du comité. Merci bien.
    Comme je l'ai dit la première fois que je suis venu ici, il est primordial que nous puissions vous parler de ce que nous faisons de manière tout à fait transparente, afin que vous, parlementaires, compreniez la situation et posiez les questions difficiles qui s'imposent pour que cette mission soit une réussite pour notre pays. La contribution du Canada, en tant que membre de la communauté internationale, revêt une importance capitale. Ce fut pour moi un plaisir de travailler avec vous et je vous remercie beaucoup.

  (1635)  

    Merci, monsieur.
    Je remercie également les membres du Comité. La séance est levée.