Que la Chambre réitère au gouvernement l'importance de mettre en oeuvre un véritable programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés, qui s'appliquerait à tous les travailleurs âgés, de tous les secteurs d'activité économique, et ce dans toutes les régions.
— Monsieur le Président, le sujet dont nous traitons aujourd'hui est des plus importants. Il attirera l'attention de l'ensemble des travailleuses et des travailleurs. Une bonne partie du patronat est aussi touchée par la question des mises à pied qui ont lieu un peu partout au pays. De plus, ce qui se passe au Québec est particulièrement porté à notre attention.
Dans tous les secteurs d'activité et dans toutes les régions, un problème majeur se pose pour les travailleurs âgés qui ont le malheur de perdre leur emploi après avoir dépassé l'âge de 50 ans et, de façon plus vulnérable, l'âge de 55 ans.
Ce matin, j'ai l'honneur d'être le proposeur de la motion du Bloc québécois pour que la Chambre se prononce sur la motion suivante:
Que la Chambre réitère au gouvernement l'importance de mettre en oeuvre un véritable programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés, qui s'appliquerait à tous les travailleurs âgés, de tous les secteurs d'activité économique, et ce dans toutes les régions.
Nous prenons la peine de spécifier que c'est pour tous les travailleurs âgés, de tous les secteurs d'activité économique et de toutes les régions, parce qu'au cours des derniers jours, le gouvernement a manifesté l'intention de cibler des régions et des secteurs particuliers pour une période de temps limitée. Ce serait très inconvenant, puisque, encore une fois, le travail se ferait de façon sélective, arbitraire et surtout discriminatoire.
Lorsqu'une personne perd son emploi, peu importe qu'elle soit dans une région ayant un plus haut taux de travailleurs sur le marché du travail. Ce n'est pas parce que le voisin travaille que cela apporte du pain sur sa table.
Ce programme a déjà existé et il a fait ses preuves. Il a été mis en place en 1988 et a été en vigueur jusqu'en 1997. Ce programme a été coupé en 1997 dans une opération de coupe aveugle des libéraux de l'époque, sans considération pour les effets néfastes sur les travailleurs concernés.
Le Bloc québécois considère inadmissible que le gouvernement fédéral, le gouvernement actuel, tarde lui aussi à mettre ce programme en application.
Pourtant, le discours du Trône prônait l'importance de remettre en vigueur le Programme d'aide aux travailleurs âgés (PATA); les provisions de 100 millions de dollars prévues au budget et annoncées par le premier ministre lui-même visaient à donner un signal signifiant que le gouvernement actuel avait l'intention de remettre ce programme en vigueur; une motion unanime de l'Assemblée nationale du Québec invitait le gouvernement canadien à remettre en vigueur ce programme en indiquant que le Québec était prêt à y participer à la même hauteur que les années passées, soit 30 p. 100 de la contribution — le fédéral participerait donc à hauteur de 70 p. 100; enfin, ce programme est relativement peu coûteux.
Nous sommes décontenancés par la frivolité avec laquelle le gouvernement conservateur accueille les doléances des travailleurs, des représentants des travailleurs et du Bloc québécois pour corriger cette injustice flagrante.
Je rappelle aussi que ce programme doit s'adresser aux travailleurs âgés que l'on ne peut reclasser ou qui ne sont pas reclassés. Si un individu pratique le même métier toute sa vie et qu'il est spécialisé, et que cette discipline disparaît alors que l'individu est âgé de 55 ans et plus, cela entraîne des difficultés d'apprentissage. Mais surtout — vu le temps qui lui reste sur le marché du travail —, cela décourage les employeurs à investir dans cet individu afin qu'il occupe un nouveau poste. Il s'agit donc d'une difficulté supplémentaire pour les travailleurs âgés.
Sur le plan historique, comme je le mentionnais plus tôt, ce programme qui a existé de 1988 à 1997 était un programme à frais partagés. En 1996, l'année avant qu'il ne soit aboli, 11 700 personnes adhérant à ce programme étaient impliquées dans 900 licenciements collectifs.
À l'époque, il s'agissait d'un coût minime de quelque 17 millions de dollars pour le gouvernement fédéral. On peut donc constater que pour le budget d'alors de 17 milliards de dollars, 17 millions de dollars représentaient seulement une parcelle, soit 1 p. 100 de la somme.
Aujourd'hui encore, il est tout à fait incompréhensible que l'on ait procédé de cette façon dans le passé et que le gouvernement d'alors et l'actuel gouvernement n'aient pas corrigé cette injustice, comme je le mentionnais plus tôt.
Relativement à la difficulté de pouvoir se retrouver un emploi, en 2004, la Commission de l'assurance-emploi faisait part des statistiques de 2004-2005 établissant un bas taux de chômage dû à la reprise économique. Malgré ce bas taux de chômage, voyons les pourcentages. Les travailleurs âgés sont surreprésentés parmi les chômeurs de longue date, puisqu'ils composent 21,3 p. 100 de ce groupe de chômeurs, alors que sur le marché du travail, ils constituent seulement 12,5 p. 100 de la population active. Ils génèrent, en fait de potentiel de chômeurs, le double de leur représentation sur le marché de la population active. Cela est dû aux difficultés liées à la capacité de se replacer, comme je le l'indiquais plus tôt.
Parlons des projets-pilotes. L'attitude du gouvernement actuel est opposée à la nôtre. Il y a deux aspects à considérer. D'abord, les projets-pilotes permettent à ces gens d'être formés pour pouvoir se reclasser. Toutefois, il arrive que les champs d'intérêt présentés à ces travailleurs ne se marient pas souvent avec le profil qu'ils ont développé au cours des ans. Cela rend encore plus compliqué l'accession à cette formation, d'une part.
D'autre part, parmi toutes les personnes formées dans le cadre de ces projets-pilotes, moins de 4 p. 100 réussissent à se replacer dans un emploi stable. Bien sûr, elles peuvent trouver de petits emplois et se retrouver aussi dans des situations beaucoup plus difficiles par rapport aux conditions de travail qu'elles avaient auparavant. Toutefois, en ce qui concerne un emploi comparable, ou à tout le moins un emploi permanent, moins de 4 p. 100 réussissent à se reclasser. Cela revient à dire que la solution ne se trouve pas là.
Il y a un deuxième élément invoqué par le gouvernement conservateur: on nous dit qu'on fait des études. Quelque chose est assez décontenançant en cette Chambre. Lorsqu'on change de gouvernement, on agit comme si rien n'avait été fait auparavant.
Je tiens à rappeler que pendant les années précédentes, sous le régime libéral, cet argument a été invoqué: on fait des études. Au Comité permanent des ressources humaines et du développement social, nous avons reçu une bonne partie de ces études ainsi que toutes les études en ce qui concerne le PATA.
Comment se fait-il que le gouvernement actuel n'ait pu avoir accès à ces études? Pourtant nos sources sont de bonnes sources, ce sont des sources gouvernementales. C'est sur la base de ces sources que nous avons élaboré notre position — de même que d'autres intervenants dans la société, particulièrement les centrales syndicales.
Les grandes centrales syndicales du Québec ont développé une position commune à cet égard. Alors, tant les experts gouvernementaux que nos études et celles menées par les centrales syndicales démontrent premièrement que l'expérience passée est une expérience tout à fait positive et que le programme était tout à fait justifié. Il s'agissait peut-être d'un des programmes les plus performants.
En ce qui concerne la situation de l'industrie — que ce soit les industries du textile, du vêtement, de la chaussure et maintenant du bois d'oeuvre, et j'en passe —, l'expérience des dernières années nous démontre que ce programme est toujours nécessaire.
En ce qui concerne aussi les pertes d'emploi, le pire des scénarios serait que ce programme coûte 50 millions de dollars la première année et qu'il en coûte 75 millions de dollars les années subséquentes. Bien sûr, il y a l'évolution du coût de la vie. Il faut la prévoir. Toutefois, je rappelle que c'est dans le pire des scénarios.
À cet égard, nous ne comprenons pas que le gouvernement soit encore à faire des études, alors que toutes les données sont sur la table afin de pouvoir prendre une décision. En ce qui concerne la difficulté de reclasser les personnes âgées, je rappelle que 39,1 p. 100 — donc environ 40 p. 100 — des travailleurs âgés de la population active n'ont pas terminé leurs études secondaires par opposition à 18 p. 100 chez les travailleurs de 25 à 54 ans. C'est une autre difficulté supplémentaire qui se présente.
Revenons brièvement sur les coûts, mais cette fois en matière de prestations. En 1993, le programme a été révisé. Les dernières données relatives à l'expérience vécue démontrent que les personnes recevaient des prestations liées au PATA de l'époque qui s'échelonnaient de 760 $ à 1 000 $, en fonction du revenu des personnes concernées.
Je viens de rappeler brièvement l'historique de ce programme et également l'historique récent des pertes d'emploi. J'ai indiqué plus tôt que, lors du discours du Trône, on a mentionné qu'on doit remettre le PATA en marche. Cette mention a également été faite dans le budget.
Néanmoins, je rappelle que le 9 juin de l'année dernière, j'ai eu l'honneur de présenter dans cette Chambre une motion du Bloc québécois à laquelle tous les parlementaires ont été favorables, de façon unanime. Pourtant, le Parti libéral qui était au pouvoir ne l'a jamais mise en application et ne l'a pas respectée. Et le gouvernement conservateur — il est toujours le gouvernement de la Chambre — ne l'a pas respectée non plus, et ce, malgré les deux engagements supplémentaires qui ont été pris par ce gouvernement depuis la reprise de la session.
À mon avis, c'est tout à fait inacceptable et scandaleux, même sur le plan de la démocratie. En effet, ici à la Chambre, nous sommes souvent portés à parler des exemples de démocratie que nous pouvons donner à d'autres peuples. Or nous pourrions peut-être commencer en donnant l'exemple dans la pratique.
De surcroît, l'année dernière, le Comité permanent des ressources humaines, du développement social et de la condition des personnes handicapées — qui, l'année dernière, s'appelait le Comité permanent du développement des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées — a fait 28 recommandations à cette Chambre après des travaux laborieux et bien faits et des consultations, etc. Or aucune de ces recommandations n'a été retenue. Et parmi ces recommandations, il y avait le PATA, le Programme d'adaptation des travailleurs âgés.
J'ai parlé jusqu'ici du PATA, parce que c'était ainsi qu'on l'identifiait. Toutefois, il faut maintenant l'adapter à la réalité d'aujourd'hui. Certaines choses ont changé, et c'est pourquoi on doit maintenant l'appeler « programme de soutien au revenu pour les personnes âgées », parce qu'il existe déjà des programmes de formation pour l'intégration au marché du travail.
Il est important de faire cette distinction, afin que le gouvernement cesse de fuir ses responsabilités en matière de soutien au revenu pour ces personnes, en se rabattant sur la formation.
Quant à la précarité du marché du travail actuel, il semble qu'une partie de la Chambre seulement voie ce qui se passe sur le terrain. On dirait que c'est lorsqu'un gouvernement, un parti politique, est battu qu'il commence à voir ce qui se passe sur le terrain, comme si le fait d'être battu purifiait.
Depuis plusieurs années, au moins quatre ans, le Bloc n'a de cesse de rappeler les difficultés qui affectent l'industrie, particulièrement l'industrie manufacturière, mais d'autres types d'entreprises aussi. Le Bloc n'a pas cessé de demander au gouvernement de prendre des mesures appropriées pour assurer le maintien des emplois à leur maximum par rapport au jeu des marchés internationaux.
Certains pays font des contrôles à cet égard. Le gouvernement n'a rien fait. Au bout du compte, il n'a rien fait pour protéger les travailleurs lorsqu'ils perdaient leur emploi, tout comme il n'a rien fait pour protéger leur emploi. C'est scandaleux.
Qu'on parle des gens de Whirlpool à Rivière-du-Loup, de ceux du textile à Huntingdon, des travailleurs du bois dans Lanaudière, de ceux des scieries et des pâtes et papiers à Mont-Laurier, dans le Nord-Ouest québécois, au Saguenay—Lac-Saint-Jean ou à Ville de La Baie, plusieurs centaines de travailleurs ont perdu leur emploi. Vingt à vingt-deux pour cent de ces travailleurs avaient plus de 55 ans.
J'insiste davantage sur le Saguenay—Lac-Saint-Jean parce qu'un député majeur, et qui est ministre, siège en cette Chambre des communes. Quand il s'est fait élire, comme ses autres collègues au Québec, il disait que le Bloc ne pouvait rien faire, mais que les conservateurs régleraient tout cela quand ils seraient au pouvoir. Depuis qu'ils sont au pouvoir, ils fuient. Ils ne sont même pas capables d'aller rencontrer les travailleurs. Les seuls qui veuillent les rencontrer présentement, c'est nous.
Dans le secteur de la chaussure à Québec, Chaussures Régence et Chaussures St-Émile relèvent du comté de . L'un de nos éminents collègues — estimé par la Chambre et qui a fait adopter des projets de loi majeurs —, a été battu. C'est la règle démocratique.Pourquoi a-t-il été battu? Parce que le candidat conservateur disait qu'une fois au pouvoir, les conservateurs allaient régler cela. Qu'ont-ils réglé depuis qu'ils sont là? Rien. Pourtant, ils en font accroire aux gens. Cela aussi, c'est odieux. Ils disent à des gens qu'ils vont régler ceci ou cela spécifiquement pour eux. On ne règle pas les choses à la pièce ainsi. Il faut faire attention.
Je reviens d'une tournée dans presque toutes les régions du Québec. En Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, les gens se retrouvent présentement dans une situation incroyable à cause de l'industrie de la pêche. C'est inadmissible.
La mesure n'est pas compliquée. Nous n'avons qu'à adopter la présente motion. Si c'est la caution dont a besoin le gouvernement conservateur, nous allons la lui donner. Toutefois, il faut qu'il la prenne et qu'il vote avec nous. Il faut que les bottines suivent les babines, comme on dit chez nous.
Il faut arrêter d'en faire accroire aux gens. Il faut passer aux actes et mettre en application le programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés au plus vite. Cela presse et cela presse rétroactivement. En effet, toutes ces années passées, on a mis les gens dans la misère. On les a laissés sans aide. Ils doivent récupérer cette aide pour leur permettre de s'en sortir, car on la leur doit. Ces gens finissent de manger le peu qu'ils ont gagné. Souvent, ils ont été obligés de vendre leur maison pour arriver à survivre, alors qu'ils avaient passé une vie entière à travailler pour pouvoir se donner un chez-soi.
En conclusion, c'est l'appel que je lance à tous les législateurs et parlementaires ici présents, pour que demain chacun de nous — chacun de nous, monsieur le Président — puisse retourner dans son comté et dire que nous avons fait notre travail tel qu'il se doit et que nous avons pris les mesures pour pouvoir aider ces gens, parce que le programme en place coûte 50 millions sur un budget de 16 milliards de dollars. C'est une parcelle. De plus, nous ne voulons même pas que l'argent soit pigé dans le budget de la caisse d'assurance-emploi, parce que ces gens sortent du marché du travail et la société leur doit au moins cette part de reconnaissance.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis très heureuse de réagir à la motion présentée par le député de .
Étant ministre des Ressources humaines et du Développement social, je sais que les Canadiens peuvent se targuer du fait que le Canada se classe près du sommet des pays membres du G7 et de l'OCDE sur le plan de la création d'emplois. Notre taux de chômage de 6,5 p. 100 en août était un des taux les plus bas des 30 dernières années. Des emplois ont été créés dans toutes les régions et dans tous les groupes d'âge.
Par contre, je suis du même avis que le député au sujet de la situation des travailleurs âgés qui se retrouvent sans emploi en raison de fermeture d'usines, de réduction des effectifs ou d'autres facteurs économiques qui échappent à leur contrôle.
La motion du député inclut tous les secteurs économiques dans toutes les régions, mais nous savons que le problème est particulièrement grave dans les petites collectivités qui dépendent d'une seule industrie. Les travailleurs des secteurs de la foresterie, des pêches, des mines et du textile sont particulièrement touchés.
Pour les travailleurs âgés, les défis que comporte la perte de l'emploi sont particulièrement exigeants. Durant toute leur vie active, ces personnes ont été autonomes et indépendantes. Elles ont travaillé avec ardeur, jour après jour. Elles ont économisé progressivement pour la retraite. Puis, avant d'avoir pu concrétiser leurs plans, ils voient leur lieu de travail menacé de disparition.
Dans bien des petites localités, lorsque le principal employeur licencie des travailleurs, la collectivité dans son ensemble est touchée. Souvent, il manque aux travailleurs âgés quelques années supplémentaires de revenu avant de pouvoir prendre leur retraite. Que doivent-ils faire alors? Doivent-ils compter sur leurs économies de retraite jusqu'au versement de leur pension? Doivent-ils vendre leur maison ou prendre une nouvelle hypothèque, ce qui peut être assez difficile lorsqu'on n'a pas d'emploi? Ou bien doivent-ils trouver du travail dans un autre domaine. Et, dans ce cas, comment peuvent-ils acquérir de nouvelles compétences?
Ce sont là des choix difficiles pour des personnes qui ont travaillé toute leur vie durant à tenter d'établir la sécurité de leur famille. Dans de telles situations, nous sommes tous inquiets du sort réservé aux travailleurs âgés déplacés.
Dans notre réaction à la motion du député de , nous devons nous demander quelle est la meilleure solution. Serait-ce un programme de retraite anticipée et, dans ce cas, une telle solution correspondrait-elle aux besoins du marché de la main-d'oeuvre du Canada, ou même de celui de l'économie locale?
Un programme de soutien du revenu, selon la proposition du député, aurait essentiellement pour effet de retirer tous les travailleurs âgés de la population active, dans l'immédiat et pour l'avenir. Ce retrait serait prématuré et nocif aussi bien pour les travailleurs que pour le marché de la main-d'oeuvre du Canada.
Au cours des dernières années, les travailleurs âgés sont devenus la principale source de croissance de la main-d'oeuvre. Depuis la fin de 2002, cette source représente plus de la moitié de la croissance de l'emploi au Canada et l'augmentation de la participation des travailleurs âgés est devenu le principal élément qui explique la croissance du taux de participation canadien dans l'ensemble. À mesure que vieillit la population canadienne, il sera critique d'encourager la participation des travailleurs âgés pour répondre aux besoins en main-d'oeuvre.
Bref, le Canada ne peut se permettre à l'heure actuelle de mettre à la retraite des travailleurs qui constituent un atout précieux et trop souvent négligé. On doit plutôt intervenir en donnant à ces travailleurs les outils qu'il leur faut pour demeurer aptes à l'emploi et il convient d'éviter toute intervention qui pourrait les dissuader de participer au marché du travail, de se déplacer ou de se perfectionner.
L'économie canadienne a besoin des compétences, de l'expérience et des capacités de tous les travailleurs âgés. Nous ne pouvons nous priver de l'enrichissement qu'apporte l'expérience de travail de toute une vie. Cela est d'autant plus vrai dans le cas des petites et moyennes entreprises pour lesquelles le recrutement est difficile, d'autant plus que ces entreprises sont le moteur de l'économie canadienne.
Le Canada n'est pas le seul pays confronté à de tels défis. En fait, l'OCDE a récemment étudié la situation des travailleurs âgés dans le monde industrialisé. L'organisation souligne que, compte tenu du vieillissement de la population, les économies ont besoin de garder les travailleurs âgés au sein de la population active pour assurer leur croissance et leur prospérité au cours des périodes de diminution de la main-d'oeuvre comme celle que nous traversons. En fait, l'OCDE met en garde contre les programmes de retraite anticipée et toute autre forme de programme ayant l'effet d'amener les travailleurs à prendre des retraites plus tôt que prévu.
Dans le budget de mai dernier, le nouveau gouvernement du Canada s'est engagé à examiner des moyens d'aider les travailleurs âgés déplacés. Nous avons promis de réaliser une étude de faisabilité afin d'évaluer les mesures actuelles et possibles pour aider les travailleurs âgés canadiens. L'étude portera sur différentes options et inclura des consultations avec les provinces et les territoires, avec les groupes d'intervenants et des experts de tout le Canada.
Les options examinées pourraient bien inclure les prestations de retraite versées à ceux qui prennent une retraite anticipée, selon ce que suggère le député de , mais il y a d'autres options. Il y a d'autres moyens d'aider les travailleurs âgés tout en s'assurant qu'ils demeurent une force vitale pour notre économie.
Nous avons des assises très solides pour asseoir les mesures que nous prendrons afin d'aider les travailleurs âgés à réintégrer le marché du travail. Le gouvernement du Canada pourra profiter des leçons apprises du projet pilote auprès des travailleurs âgés qui a pris fin en mai dernier.
Laissez-moi partager avec la Chambre quelques leçons apprises de ce projet pilote. Nous avons constaté que les programmes qui ont le plus de succès sont ceux qui combinent les services d'aide à l'emploi et de la formation, du marketing et de l'expérience de travail. Nous avons aussi constaté qu'il est important que les programmes soient souples. Le même programme ne convient pas à tout le monde. Les meilleurs programmes tiennent compte de la situation et des besoins de chaque participant, y compris des compétences du travailleur, de la situation du marché du travail local et de l'établissement d'une liste des possibilités qui existent dans des villes ou des régions données.
Les programmes doivent être d'une durée permettant aux travailleurs âgés déplacés d'acquérir de nouvelles compétences. La formation doit être pratique et adaptée aux participants. Il existe des carrières où les travailleurs âgés déplacés peuvent mettre à profit leur expérience et leurs intérêts personnels, qui peuvent les aider à tirer fierté de leur contribution continue à l'essor économique de leurs collectivités et qui leur permettent d'atteindre l'autonomie. Il est important de procéder au cas par cas pour trouver à chaque travailleur âgé la nouvelle carrière qui lui convient et qui est la plus réaliste dans son cas.
Entre-temps, et contrairement à ce que le député d'en face voudrait nous faire croire, nous disposons de nombreux programmes pour aider ceux qui se retrouvent sans emploi. Les travailleurs âgés déplacés bénéficient de nos prestations d'emploi actives en vertu de la partie II du régime d'assurance-emploi, ce qui les aide à trouver et conserver de nouveaux emplois en élargissant leurs aptitudes, en accumulant de l'expérience de travail, et en obtenant des conseils en matière d'emploi et des services de placement, et en ayant accès à l'information sur le marché du travail.
Les députés savent-ils que, l'année dernière, plus de 80 000 travailleurs âgés de plus de 50 ans ont bénéficié de prestations en vertu de la partie II du régime d'assurance-emploi? De plus, près de 230 000 travailleurs ont reçu 1,4 milliard de dollars en prestations en vertu de la partie I du régime d'assurance-emploi. Nous n'affirmons pas qu'il s'agit là de la seule solution pour ces travailleurs. En fait, nous nous sommes engagés à prendre le temps et à déployer les efforts nécessaires afin de trouver les meilleures solutions pour les travailleurs âgés déplacés, compte tenu du marché du travail actuel.
En attendant les résultats de l'étude de faisabilité, nous ne devrions pas limiter notre choix d'options. C'est pourquoi je ne peux voter en faveur de la motion du député telle qu'elle est libellée, même si je partage ses préoccupations. Il nous faut des programmes qui permettent aux travailleurs âgés de demeurer actifs au sein de l'économie canadienne. Il nous faut des programmes assez souples pour répondre aux besoins divers des individus et des collectivités. Il nous faut tirer parti de ce que nous avons appris au sujet des types de programmes qui sont efficaces et de ceux qui ne le sont pas.
J'invite les députés à faire comme moi et à voter contre cette motion telle qu'elle est libellée.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part au débat en cette Chambre sur la motion du député de l'opposition relativement aux mesures de soutien destinées aux travailleurs âgés de tous les secteurs d'activité économique, et ce, dans toutes les régions du pays.
C'est un honneur pour moi de partager mon temps avec la ministre des Ressources humaines et du Développement social. J'en profite pour souligner son excellent travail.
Permettez-moi, tout d'abord, de souligner que le nouveau gouvernement du Canada valorise au plus haut point les travailleurs âgés et leur apport à la société. Nous comprenons fort bien que nous leur devons beaucoup non seulement pour leur contribution passée, mais aussi pour leur contribution actuelle et future au marché du travail et à notre mieux-être. Les générations qui nous ont précédés ont façonné le Canada que nous connaissons et admirons aujourd'hui, et nous leur en sommes très reconnaissants.
L'apport de tous les Canadiens et Canadiennes est certes essentiel à notre bien-être collectif. Comme on le sait, le Canada, tout comme l'ensemble des pays industrialisés, fait face à une population vieillissante. De fait, d'ici 2020, la proportion des personnes âgées de 55 à 64 ans augmentera de 50 p. 100.
D'une part, l'espérance de vie est à la hausse et, d'autre part, les gens jouissent d'une meilleure santé et demeurent actifs. Ils peuvent et veulent ainsi continuer à contribuer à la société plus longtemps qu'auparavant. De plus en plus, les Canadiens et Canadiennes retournent au travail après avoir pris leur retraite ou entreprennent une nouvelle carrière après 55 ans. Ils ont encore beaucoup à donner, et des rêves et objectifs à réaliser. Et, plus que cela, ils veulent continuer à travailler pour partager leur expérience avec les autres membres de leur communauté.
Cela tombe bien, car nous avons besoin d'eux. Nous avons besoin de leur expérience et de leurs précieux conseils. Nous avons besoin de leur expertise et de leur sagesse. Leur potentiel est énorme et n'attend qu'à être exploité. Les travailleurs âgés entre 55 et 64 ans représentent la plus importante source potentielle d'augmentation future de la main-d'oeuvre disponible. Il faudrait donc déployer des efforts pour accroître leur participation au marché du travail.
Si nous voulons maintenir notre niveau de vie, si nous désirons continuer à prospérer en tant que nation, nous devons optimiser le potentiel de tous les citoyens. Depuis quelques années, la croissance de la population active est principalement attribuable aux travailleurs âgés. Ainsi, depuis la fin de 2002, la moitié de la croissance de l'emploi au Canada est attribuable à ces travailleurs, et l'accroissement de leur participation constitue maintenant le moteur principal de l'augmentation du taux de participation global au Canada. Autrement dit, à l'heure actuelle, le Canada ne peut tout simplement pas se permettre de mettre à la retraite les travailleurs que l'on considère comme étant excédentaires.
En parallèle, nous devons aussi trouver des solutions aux pénuries de main-d'oeuvre qui sont devenues une réalité dans plusieurs secteurs de l'économie. Les gens de métiers, par exemple, sont désormais des denrées rares dans certaines régions du pays, dont ma propre circonscription, . Ce phénomène ira en s'accentuant au cours des prochaines années.
Pourtant, nous savons pertinemment qu'il y a des milliers de travailleurs âgés qui perdent leur emploi — souvent l'unique emploi qu'ils ont occupé dans toute leur vie —, à la suite d'une fermeture d'usine ou du ralentissement d'une industrie en particulier. Les régions éloignées ou celles qui dépendent d'un nombre limité d'industries sont malheureusement les plus touchées.
Nous en avons des exemples probants au Québec dans les secteurs du textile, de la foresterie et des pêches. Nous sommes conscients de cette situation et nous entendons bien poursuivre nos efforts pour aider les travailleurs âgés à réintégrer le marché du travail.
Toutefois, nous ne voulons pas adopter des mesures ponctuelles et improvisées. Non, nous désirons en premier évaluer l'ensemble de la situation des personnes âgées avec nos partenaires des provinces et des territoires afin de dégager des pistes de solutions. Les travailleurs âgés ont des besoins particuliers qui nécessitent des réponses précises. Nous ne voulons pas bâcler le travail.
Dans son budget de 2006, notre nouveau gouvernement s'est engagé à aider les Canadiens les plus touchés par les répercussions de l'économie globale, dont les travailleurs âgés. Ainsi qu'il est mentionné dans le budget, nous allons mener, de concert avec les provinces et les territoires, une étude de faisabilité afin d'évaluer les mesures dont bénéficient ou pourraient bénéficier les travailleurs âgés licenciés, pour les aider à surmonter ces difficultés. Il pourrait s'agir d'améliorer la formation ou de bonifier le soutien du revenu, notamment grâce à des prestations de retraite anticipée. Rien n'est retenu ou rejeté à l'heure actuelle. Tout sera tenu en compte.
Dans l'intervalle, les travailleurs âgés ne sont pas oubliés, ils continuent à se prévaloir des nombreux programmes en vigueur, comme la partie II de l'assurance-emploi. À ce chapitre, chaque année, plus de 80 000 travailleurs âgés de 50 ans et plus profitent des programmes d'emploi financés par l'entremise de la Loi sur l'assurance-emploi. Ils peuvent ainsi suivre une formation, acquérir de l'expérience de travail et obtenir de l'aide pour démarrer leur propre entreprise.
De surcroît, près de 230 000 travailleurs âgés sans emploi reçoivent chaque année quelque 1,4 milliard de dollards en vertu du programme d'assurance-emploi.
En outre, notre gouvernement s'est engagé à dépenser 400 millions de dollars au cours des deux prochaines années afin d'améliorer la compétitivité à long terme du secteur de la foresterie.
Naturellement, les autres mesures fiscales annoncées dans le budget aideront les travailleurs âgés comme tous les autres Canadiens.
Enfin, nous nous soucions du bien-être de tous les Canadiens et des travailleurs âgés, en particulier. Parce qu'ils ont des besoins précis, nous élaborerons des solutions précises. Nous ferons en sorte que les programmes que nous proposerons répondront à leurs besoins et qu'ils pourront réintégrer le marché du travail et ainsi continuer à contribuer à l'essor de notre beau pays, le Canada.
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Monsieur le Président, je tiens à vous dire d’emblée que j’appuie la motion, mais j’estime que, en y donnant suite, le gouvernement devra l’envisager comme s’inscrivant dans une stratégie d’ensemble englobant d’autres problèmes connexes. Je présume que la motion sera adoptée puisque, comme je l’ai indiqué un peu plus tôt lorsque j'ai posé une précédente question, une motion très similaire a été débattue à la Chambre le 9 juin 2005, et tous les partis l’ont alors appuyée à l’unanimité. Je serais atterré et étonné que tous les députés ne votent pas aujourd’hui en faveur de la motion.
Il y a cependant deux points que je tiens à soulever à propos de cette motion. Il faudra être très prudent en y donnant suite. Je suggère instamment au gouvernement de ne pas ajouter de nouvel élément dissuasif à notre régime de soutien du revenu dans le but de retenir les gens au travail.
Premièrement, je presse le gouvernement, dans son processus pour donner suite à l’adoption de cette motion, de se pencher de près sur les mesures de soutien du revenu. Cette question nécessitera des consultations très étroites avec les autorités provinciales. Je constate une réelle lacune dans les mesures de soutien du revenu pour les gens âgés de 55 à 65 ans.
J’ai omis de dire, monsieur le Président, que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je crois que, dans le cadre de ce processus, le gouvernement devrait se pencher sur les mesures de soutien du revenu pour les personnes âgées de 55 à 65 ans. Je constate qu’il y a là une grave lacune. Actuellement, lorsqu’une personne atteint l’âge de 65 ans, elle a droit au supplément de revenu garanti. Ce n’est pas parfait. Il n’y a pas de quoi vivre dans le luxe avec cela, mais c’est drôlement mieux que les mesures de soutien du revenu auxquelles les personnes âgées de 55 à 65 ans ont droit. Un grand nombre d’entre elles n’ont pas de régime de retraite, elles ne sont pas admissibles au Régime de pensions du Canada, et, pour une foule de raisons, elles sont incapables de travailler. Ce peut être pour des raisons de santé, ou encore parce qu’elles ne parviennent pas à se trouver un emploi. Il s’agit là d’une question qu’on devra examiner très sérieusement en donnant suite à cette motion si elle est adoptée.
Une autre question doit être prise en considération dans le même esprit que cette motion, à savoir la nécessité de doter le Canada d’une stratégie exhaustive à l’intention des travailleurs âgés. Nous appréhendons, et je crois que la ministre en a elle-même parlé, une bombe démographique à retardement au Canada. Nous allons devoir faire face à une grave pénurie de main-d’oeuvre.
La perspective, dans tout ce débat, a été complètement inversée au cours des 15 dernières années. Il y a 15 ans, je serais intervenu au Parlement pour exhorter les décideurs à mettre en œuvre des programmes incitant des travailleurs âgés à quitter la population active pour laisser la place aux jeunes de 21 ou 22 ans qui cherchaient du travail. Aujourd’hui, la situation n’est plus la même, surtout dans le cas des travailleurs qualifiés.
La pénurie de travailleurs qualifiés est la grande préoccupation de tous les conseils sectoriels au Canada. L’industrie de la construction aura besoin de 150 000 nouveaux travailleurs au cours des dix prochaines années. Il en faudra 81 000 dans le secteur minier, 40 000 dans celui du camionnage, 333 000 dans le secteur touristique. L’industrie manufacturière cherche aussi de nouveaux travailleurs. La liste est interminable.
Il s’agit d’un enjeu très grave pour tous les ordres de gouvernement. Il y aura des problèmes de productivité, des problèmes dans nos industries. La population active sera en proie à l’instabilité et les salaires seront à la hausse, ce qui, par ricochet, fera grimper le coût des projets et des produits manufacturés. Ce sera ou c’est déjà un facteur d’inflation dans notre économie. Quand nous en serons là, les taux d’intérêt augmenteront. Comme chacun le sait, cela aura un effet négatif cumulatif sur notre économie. Cette évolution sera bonne à court terme, mais, à long terme, les conséquences négatives seront graves pour notre société. Tout cela se voit déjà dans certaines régions du Canada. Si nous laissons faire, il y aura des répercussions négatives.
Si un pays veut s’attaquer à ce problème, il n’y que quelques stratégies possibles. L’immigration est l’une d’elles. Le gouvernement précédent essayait de faire augmenter le nombre de travailleurs qualifiés admis au Canada. Il a remporté certains succès, mais nous devons affronter la concurrence dans un monde où beaucoup d’autres pays, notamment en Europe, éprouvent les mêmes problèmes que nous. La concurrence est acharnée dans la recherche d’immigrants qualifiés et instruits.
Nous pourrions essayer de faire augmenter le taux de participation à la population active, mais, encore une fois, notre taux de participation est relativement élevé, si nous le comparons à celui d’autres pays. Le taux de natalité est d’environ 1,41 p. 100, comme nous le savons tous. Il est nettement inférieur au taux de remplacement. Il se situe probablement aux deux tiers du taux de remplacement. Comme les données démographiques le laissent entrevoir, à un moment donné -- en 2011, je crois --, le marché du travail local plafonnera, et le déclin s’amorcera en 2016. Une fois le déclin amorcé, il sera très marqué, année après année. Voilà des faits dont les décideurs doivent être conscients, et il faut se préparer, car ce sera très grave.
Ce que je veux faire ressortir, cependant, c’est qu’il faut rattacher à la motion l’idée d’une stratégie pour les travailleurs âgés. Il nous faut élaborer une stratégie pour encourager ces travailleurs à rester sur le marché du travail, si tel est leur désir. Nous n’allons certainement pas légiférer pour obliger les gens à travailler. Par contre, s’ils souhaitent continuer à travailler, nous devons rendre ce choix plus attrayant. En Suède et au Japon, à titre d’exemple, environ 90 p. 100 des travailleurs âgés entre 55 et 65 ans restent au travail. Au Canada, la proportion est d’environ 50 p. 100. Voilà qui nous donne une idée du défi qui nous attend.
Une question que j'examinerais est la formation des travailleurs de ce groupe. Il faut que l'on en vienne à rejeter toute proposition de retraite obligatoire. Des changements doivent être apportés à notre politique fiscale. Nous devons faire en sorte qu'il soit plus profitable et bénéfique pour les travailleurs âgés, notamment ceux qui se situent au bas de l'échelle salariale, de continuer de travailler. L'une des politiques d'intérêt public les plus importantes que le gouvernement devrait examiner concerne sans doute les politiques relatives aux régimes de prestations publics.
Par exemple, à l'heure actuelle, un grand nombre de personnes de plus 65 ans touchent probablement le supplément de revenu garanti. Elles ne souhaitent peut-être pas travailler à plein temps, mais un emploi à temps partiel pourrait les intéresser. Elles voudraient peut-être travailler 10 heures par semaine et gagner 100 $ ou 200 $. Cependant, dans l'état actuel des choses, leurs gains seraient presque totalement récupérés, ce qui n'est pas de nature à pousser ces gens-là à travailler. Nous devons examiner cela dans le cadre d'une stratégie concernant les travailleurs âgés.
Un autre élément qu'il faut examiner concerne nos conventions collectives, qui doivent être modifiées afin de permettre aux travailleurs âgés qui le veulent d'adhérer de nouveau à un syndicat. Ils ne peuvent pas le faire actuellement.
J'a parlé de cinq ou six éléments qui feraient tous partie d'une stratégie favorisant un changement d'orientation. Pareille stratégie n'existait pas il y a 15 ans, mais elle doit être créée aujourd'hui. Je tiens à souligner que même si une telle stratégie était mise en oeuvre, cela ne ferait tout de même que repousser le problème. Elle ne réglerait pas le problème, qui finirait par nous rattraper.
Certains des points que j'ai soulevés ne concernent qu'indirectement la question, mais j'appuie la motion. J'exhorte le gouvernement à la mettre en oeuvre, mais il devrait le faire dans le cadre d'un programme global comprenant des mesures de soutien du revenu pour les personnes âgées de 55 à 65 ans. Ce devrait être une stratégie vraiment globale et bien conçue pour les travailleurs âgés.
:
Monsieur le Président, je tiens à remercier et à féliciter le député de pour avoir porté à l'attention de la Chambre cette question très importante. Je le félicite d'avoir formulé cette motion que j'appuierai, un motion que je trouve assez large. C'est impossible d'avoir un aperçu trop étroit d'un problème qui est aussi vaste.
On ne peut pas considérer les solutions aux problématiques vécues par les travailleurs âgés sans considérer la communauté où ils résident, la communauté où ils veulent que leur famille réside. Cette communauté doit avoir un bon dynamisme économique de même qu'un bon potentiel afin qu'elle demeure intacte.
[Traduction]
On ne peut pas examiner cette question de façon isolée. Nous avons entendu beaucoup d'excellentes observations là-dessus ce matin. En fin de compte, le soutien du revenu à lui seul ne suffit pas, tout comme la formation seule. Je pense que nous devons examiner la situation dans son ensemble, soit la collectivité, l'économie et l'endroit où les travailleurs âgés et les jeunes travailleurs vivent.
Comme le laisse entendre la motion, les fermetures d'usines et d'entreprises ne touchent pas qu'un seul segment démographique dans nos collectivités. Elles affectent toutes les collectivités. Il nous faut une approche adaptée à cette réalité.
Dans le cas du soutien du revenu, je pense que nous pourrions commencer à la base. Nous pourrions examiner les programmes de soutien du revenu que nous avons déjà pour voir s'ils répondent aux besoins. Je sais que les habitants de mes collectivités qui touchent des prestations du Régime de pensions du Canada ou de Sécurité de la vieillesse ont du mal à joindre les deux bouts. Les montants qu'ils touchent ne suffisent pas dans l'économie actuelle. Les prix sont élevés. Le coût de la vie augmente de façon marquée pour eux.
L'indice des prix à la consommation ne permet pas de voir ce qu'il en est. Il augmente très lentement. L'inflation est jugulée. Cependant, lorsqu'on examine les coûts de base liés à une maison et aux besoins essentiels d'une famille, on s'aperçoit que les dépenses obligatoires ont augmenté très rapidement au cours des dernières années.
Il est vrai que les prix des principaux biens de consommation n'ont pas beaucoup augmenté. Les prix des automobiles n'ont pas augmenté tant que cela, tout comme ceux des produits alimentaires peut-être. Les prix des appareils électroniques n'ont certes pas augmenté. Cependant, examinons les coûts de base, comme le prix du carburant, le prix du chauffage de nos maisons, le prix de l'énergie. Tenons compte également des coûts d'assurance de nos maisons et de nos véhicules. Dans les régions rurales du pays, où beaucoup de ces travailleurs âgés vivent, le transport en commun n'est pas une option. Il n'y a pas de service de ce genre. Il est impossible d'élever une famille et de faire fonctionner un foyer sans un véhicule personnel. Ces coûts sont très élevés.
Les ministériels ont laissé entendre que puisqu'il y a un excédent dans le Régime de pensions du Canada et que l'économie se porte très bien, nous devrions accélérer la réduction des cotisations. Je demande au gouvernement d'envisager l'autre solution qui consiste à maintenir ces cotisations. Nous devons être prudents, car nous ne voulons pas étouffer les employeurs et l'économie, mais je pense que nous devrions accroître les prestations. Le gouvernement devrait augmenter le revenu disponible des travailleurs âgés, des retraités et des personnes handicapées au Canada.
Je remercie le député de de proposer que nous examinions le cas des bénéficiaires du Régime de pensions du Canada qui pourraient travailler une partie de l'année, à condition de ne pas perdre leurs prestations. Certains d'entre eux ne peuvent plus travailler à plein temps en raison de maladie chronique, mais pourraient le faire deux ou trois semaines par année. Si leurs prestations de retraite n'étaient pas récupérées, la collectivité, leur famille et eux-mêmes pourraient en bénéficier.
Dans bien des secteurs, comme ceux de la fruiticulture et de l'agriculture, on assiste à une pénurie chronique de main-d'oeuvre. Ces secteurs ont besoin de beaucoup de main-d'oeuvre pendant une très courte période. Ces travailleurs pourraient être disponibles pendant cette période, ce qui pourrait être profitable tant à ces secteurs qu'aux travailleurs. Je crois que nous devons faire preuve d'imagination à cet égard.
Dans les localités de l'Ouest de la Nouvelle-Écosse, l'industrie de la pêche au hareng a connu un ralentissement très marqué. Cette industrie est cyclique. Elle se relèvera. Elle se déplace. Les quotas de hareng ont été réduits de 80 000 tonnes à 50 000 tonnes par année. Beaucoup de gens ne recevront pas de prestations d'assurance-emploi cette année.
Ces gens sont de très bons employés. Ils sont polyvalents. Les employeurs collaborent pour tenter de maximiser le nombre de semaines pendant lesquelles les gens peuvent travailler. Tout le monde a été très responsable, mais bon nombre des travailleurs n'auront toujours pas accumulé le nombre nécessaire d'heures de travail. Ils ne s'en tireront pas tout à fait cette année. Qui sont ces gens? La plupart sont des femmes. Beaucoup d'entre elles sont âgées de 45 ans et plus. Elles sont chefs de famille monoparentale. Ce sont là les personnes qui souffrent le plus.
Nous devons faire preuve d'un peu d'imagination au sujet des genres de programmes que nous pourrions mettre en place. Lorsque nous formions le gouvernement, nous avions un excellent programme. Nous avons créé du travail exprès pour occuper les travailleurs, mais cela bénéficiait toujours à la collectivité. Le travail que faisaient ces gens était précieux. Ils aidaient les collectivités et étaient récompensés en gagnant un revenu et leurs prestations d'assurance-emploi, et ils pouvaient nourrir leur famille.
Ces gens ne peuvent plus bénéficier d'une formation. Des compressions ont été faites dans les programmes de formation, comme je l'ai déjà dit. Trois mois après le début de l'année, les programmes de recyclage et de soutien de DRHC ont été supprimés. Le programme d'alphabétisation a été réduit. Il s'agit là des outils essentiels dont les gens ont besoin afin de pouvoir travailler.
Nous voyons des gens qui n'ont plus de travail dans le secteur du hareng. Shaw Woods était un très bon employeur, et un employeur responsable, mais en raison des conditions sur le marché international, il a dû fermer. La scierie de Weymouth a été fermée, et l'accord sur le bois d'oeuvre ne fera rien pour qu'elle reprenne ses activités, croyez-moi. King's Processors a aussi été victime des pressions sur le marché international et a dû fermer ses portes. Puis, il y a également le secteur du tourisme et l'agriculture. Ils traversent tous des périodes difficiles. De moins en moins de touristes américains se rendent en Nouvelle-Écosse depuis le 11 septembre 2001, et c'est un problème qui ne sera pas résolu demain matin. C'est un problème difficile, qui touche beaucoup de travailleurs saisonniers. Nombre de ces entreprises dépendent des étudiants.
Quelle a été la réaction au ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences? Il a décidé de réduire le financement du programme d'emploi pour étudiants. Il avait déjà été réduit à cause des statistiques issues du recensement, et j'apprends qu'on va lui appliquer de nouvelles réductions. En moyenne, dans chaque circonscription, 70 étudiants de moins trouveront du travail l'année prochaine. En plus de négliger les étudiants, nous négligeons les collectivités. Nous n'aidons pas les populations locales à maintenir une économie saine et dynamique, qui permettrait aux travailleurs plus âgés de réintégrer le marché du travail, comme le souhaite le ministre. Je pense que nous devons examiner toutes ces choses.
Puis, il y a les centres d'accès Internet communautaires. J'ai mentionné plus tôt ce sujet. Il y a deux semaines, je me trouvais dans le village de Maitland Bridge, qui est un village isolé, près d'un parc national. On y faisait beaucoup d'exploitation forestière. Aujourd'hui, les jeunes quittent le village. On n'y trouve aucun accès Internet à haut débit. Il est très important que Maitland Bridge puisse se doter d'un centre d'accès communautaire. On en trouve à 10 ou 15 kilomètres de Maitland Bridge ou même encore plus loin, mais il n'y en a aucun dans le village même. À l'heure actuelle, il n'est plus possible d'établir un tel centre, parce que le financement n'a pas été rétabli. Au contraire, il est disparu.
Il est important pour nous de faire ces choses. Il est important d’assurer à toutes les collectivités un accès haute vitesse à Internet. Nous avons réussi à le faire pour beaucoup de collectivités et Rescol a permis d’en doter toutes les écoles. Quelques collectivités rurales ont l’accès haute vitesse, mais il faudrait que toutes en disposent si nous voulons protéger l’économie des collectivités où vivent ces travailleurs âgés.
Je ne propose pas de revenir à l’ancienne époque de l’assurance-emploi. Je me souviens du piège de l’assurance-emploi. Au lieu de chercher un emploi à temps plein, les gens tombaient parfois dans ce piège. Ce n’était pas une bonne chose, mais nous devons examiner l’assurance-emploi et veiller à ce que le régime fonctionne bien.
Dans mon coin, par suite du changement des limites des circonscriptions, nous avons quelques grandes collectivités, certaines urbaines et d’autres semi-urbaines, où le chômage est presque nul. Statistique Canada en a déduit que les travailleurs saisonniers peuvent travailler toute l’année. Ils doivent donc accumuler un grand nombre de semaines de travail pour être admissibles à l’assurance-chômage. Ce n’est pas vrai. Pour travailler toute l’année, il faudrait qu’ils fassent 400 km le matin pour aller au travail et 400 autres le soir pour en revenir. C’est tout à fait impossible. Je crois que les limites devraient être définies de façon à mieux correspondre aux collectivités où ces gens vivent.
Nous avons parlé de projets pilotes. On a dit que certains ont bien marché, et d’autres pas. Nous devons bien sûr les revoir, mais qu’est-ce qu’on nous dit encore et toujours? Ils sont à l’étude, encore à l’étude et que le travail avance. On continue à nous dire la même chose au sujet de ces projets. Il faudrait faire preuve d’un peu plus d’imagination. Nous devrions donner plus de latitude aux très bons fonctionnaires qui travaillent pour nous à Ressources humaines et Développement social Canada et qui connaissent le potentiel de ces collectivités. Ils savent où faire des investissements et quels groupes connaissent assez l’économie locale pour donner la formation et créer les emplois nécessaires.
Je voudrais passer à un autre point. Qui sont ces travailleurs âgés qui vivent dans mon coin? Qui sont les personnes que nous essayons d’aider? Beaucoup sont des femmes. Il faudrait qu’une organisation ou une autorité quelconque se batte pour elles, parce qu’elles vivent dans des collectivités isolées très éloignées du centre.
Qu’a fait pour nous le présent gouvernement? Il a coupé le budget de Condition féminine Canada. C’est vraiment insultant. Puis, quelques jours plus tard, on nous a dit que le reste du budget ne peut pas servir à financer des organismes qui font du lobbying, défendent les droits des femmes ou mènent des recherches. Nous avons encore en principe un organisme nommé Condition féminine Canada, mais il ne peut plus rien faire. Nous savons pourquoi : c’est parce que le groupe REAL Women croit que l’argent de Condition féminine Canada ne devrait servir qu’à organiser des réunions pour échanger des recettes de gâteaux.
Je crois qu’il est temps pour nous d’affronter la réalité et de veiller à prendre soin de tous les membres de notre société.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre part à ce débat. Je vais partager mon temps avec la députée de .
Je félicite le député de pour cette motion. Je sais qu'il s'agit d'un sujet qui lui tient à coeur. Je l'ai écouté nous faire part d'histoires très troublantes au sujet de travailleurs âgés qui avaient été licenciés et qui n'arrivaient pas à se trouver un emploi.
Nous, les néo-démocrates, appuyons fortement l'idée d'un programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés venant de toutes les régions et de tous les secteurs d'activités. Le député a raison de persister et d'exercer des pressions sur le gouvernement. Nous devons tous exercer des pressions afin que le gouvernement agisse dans le but d'aider ces travailleurs qui perdent leurs emplois à cause de la fermeture d'usines ou du ralentissement dans un secteur, que ce soit les forêts ou les pêches. Par exemple, en Colombie-Britannique, nous allons sûrement assister à la fermeture de scieries en raison de cette mauvaise entente sur le bois d'oeuvre.
Nous croyons également que les travailleurs âgés qui perdent leurs emplois devraient avoir droit à de la formation et accès à des cours, si cela s'applique. C'est pour cette raison que les néo-démocrates poussent pour que soit développée une stratégie d'apprentissage pour toute la vie. Cela veut dire avoir la possibilité de continuer à contribuer à la société canadienne ses talents, sa compétence, son énergie et la sagesse qu'on peut avoir acquise à un certain âge, et ce, aussi longtemps que cela est possible.
À mon avis, dans cette motion, il n'est pas question de ces travailleurs qui sont aptes au travail et qui pourraient être recyclés d'une façon ou d'une autre. Il faut reconnaître que les travailleurs âgés entre 55 ans et 64 ans — qui est la tranche d'âge avant de pouvoir accéder à la retraite — ont des difficultés plus grandes. Il ne s'agit pas seulement de suivre un petit cours tel que proposé par les conservateurs pour réussir à décrocher un emploi. C'est plutôt une « jobine » qu'on décroche, si même il y en a.
Tel que proposé dans cette motion, les travailleurs âgés requièrent un programme spécifique qui répondra à leurs besoins, leur apportant un revenu d'appoint, plutôt que de les reléguer au bien-être social, avec tous les stigmates que cela comporte. On nous dit que l'économie fonctionne à plein et que le marché du travail n'a jamais été aussi florissant. Or, même dans un tel contexte, les travailleurs âgés qui sont licenciés, peu importe leurs compétences ou leurs expériences de travail, se retrouve face à un grand défi.
[Traduction]
Victoria affiche un des taux de chômage les plus bas au Canada et, malgré cela, les banques d'alimentation n'ont jamais été aussi occupées. J'ai eu l'occasion de visiter ces établissements et j'y ai vu des travailleurs dans la cinquantaine sans ressources et souvent sans abri. C'est une situation tout à fait inacceptable qui nécessite des mesures concrètes et non d'autres études.
Une dame de 56 ans est venue à mon bureau à Victoria. Elle a suivi plusieurs cours de recyclage, mais se retrouve quand même en chômage et n'a d'autre choix que de dépendre de l'aide sociale. Je me demande ce que le gouvernement dirait à cette travailleuse de Victoria.
Au Canada, nous reconnaissons l'importance de permettre aux gens qui vieillissent de vivre dans la dignité. C'est pour cette raison que nous avons des programmes comme le Régime de pensions du Canada, la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti.
[Français]
Le Parlement aussi a adopté la motion du NPD visant à protéger le droit des personnes âgées. Bien qu'elle ait été adoptée, le gouvernement n'est pas passé à l'action pour en faire une loi. Il faut continuer à presser le gouvernement pour que ceux-ci soient aussi protégés.
Aujourd'hui, nous parlons d'un groupe démographique qui échappe à ces bénéfices; il s'agit des travailleurs âgés mis à pied, trop jeunes pour la retraite et qui font face à de sérieux obstacles pour se trouver un autre emploi. Que fait-on? Les laisse-t-on pour compte alors que, dans certains cas, ils ont payé leurs cotisations d'assurance-emploi tout au long de leur vie?
On sait que les libéraux, alors qu'ils étaient au pouvoir, ont tellement resserré les critères d'admissibilité à l'assurance-emploi que maintenant, seulement 60 p. 100 des travailleurs qui ont perdu leur emploi peuvent recevoir des prestations d'assurance-emploi.
On sait aussi qu'avant 1997, il existait un programme d'ajustement offert aux travailleurs âgés, créé en 1988 et aboli par la suite. Ce programme était géré par les provinces, mais financé à hauteur de 70 p. 100 par le fédéral. Il permettait à des travailleurs âgés de 55 à 64 ans ayant perdu leur emploi lors de mises à pied majeures de recevoir des bénéfices. Maintenant, ce programme n'existe plus. En revanche, on sait que les gouvernements à Ottawa et au Québec travaillent actuellement à un programme-pilote de soutien pour les travailleurs âgés qui ont été touchés par les fermetures d'usines dans différentes régions du Québec. Voilà un exemple de collaboration entre le fédéral et le provincial, qui est directement reliée aux besoins de la province. Le fédéral aide à assurer l'équité pour les Canadiens vulnérables.
Je soumettrais qu'il faudrait faire de même pour d'autres enjeux, comme en alphabétisation, plutôt que de sabrer ces programmes, comme vient de le faire le gouvernement conservateur. On a même entendu le président du Conseil du Trésor nous dire que c'était un gaspillage d'argent que d'investir dans les adultes et qu'il fallait plutôt investir dans les enfants. Un investissement dans nos enfants est une excellente idée, mais l'idée d'opposer les besoins des adultes à ceux des enfants est tout à fait folle. Il y a des besoins très importants en alphabétisation chez les adultes, qui méritent un programme et du financement.
Cela dit, le programme de soutien dont je parlais pour les travailleurs Ottawa-Québec serait destiné aux travailleurs de 55 ans et plus oeuvrant seulement dans les secteurs de la forêt et du textile.
Le NPD croit qu'il faut un système pour tous les travailleurs âgés, de tous revenus, venant de toutes les régions et de tous les secteurs d'activité. Il nous faut aussi une stratégie pancanadienne pour les travailleurs âgés, qui respecte le fait que ces travailleurs ont le droit de vivre en toute dignité. Ils devraient avoir la possibilité de continuer à se développer. Je crois que la société canadienne profiterait beaucoup de leur contribution.
[Traduction]
En négligeant les travailleurs âgés, en n'agissant pas dans ce dossier et en nous concentrant uniquement sur leur contribution à l'économie et non sur leur contribution à la société en général, nous ratons le coche.
C'est comme si le gouvernement avait des oeillères lorsqu'il ne fait que se concentrer sur la valeur économique, sans tenir compte des problèmes graves de pauvreté auxquels beaucoup de ces travailleurs âgés sont confrontés. Bon nombre d'entre eux ont travaillé toute leur vie et, dans certains cas, ont dû quitté l'école tôt pour aider à subvenir aux besoins de leur famille. Qu'il s'agisse de travailleurs du secteur des pêches ou du secteur forestier, ils se retrouvent en chômage à cause des problèmes que connaissent ces secteurs et ont de la difficulté à trouver d'autres emplois.
Dans bien des cas, il existe des possibilités de recyclage, mais encore une fois nous voyons le gouvernement conservateur réduire à néant bien des programmes. C'est certes le cas à Victoria, où la transition ou encore la réintégration de ces travailleurs étaient facilitées par les programmes d'alphabétisation et le Programme d'accès communautaire, qui ont tout simplement été mis de côté.
Je demanderais au gouvernement de se pencher de nouveau sur le cas des travailleurs de 55 à 64 ans et d'appuyer la motion dont nous sommes saisis.
:
Monsieur le Président, je suis ravie d'intervenir à la Chambre aujourd'hui au sujet de l'une des questions les plus pressantes pour la nouvelle économie canadienne, soit le soutien du revenu aux travailleurs âgés. J'aborde la question à un double titre. Premièrement, à titre de porte-parole néo-démocrate au sujet des aînés et des pensions et, deuxièmement, à titre de députée de.
D'entrée de jeu, permettez-moi de donner un aperçu de ce qui se passe dans la ville où j'habite, Hamilton. La plupart des députés considèrent Hamilton comme la ville de l'acier, comme une ville dont la réputation repose sur un secteur industriel et manufacturier fort et dynamique. Il n'y a pas si longtemps, cette impression était encore juste. Toutefois, les députés seront peut-être surpris d'apprendre que, à Hamilton aujourd'hui, le plus grand employeur n'est ni Stelco, ni Dofasco, mais plutôt le secteur des services et, en particulier, celui des soins de santé.
Je prends un moment pour expliquer ce qui s'est passé à Hamilton. L'économie qui était auparavant axée sur le secteur industriel et manufacturier n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les deux grandes aciéries qui employaient plus de 30 000 personnes n'en emploient plus qu'environ 6 000. L'ensemble du secteur de l'acier qui, comme je l'ai dit plus tôt, constituait l'épine dorsale de l'économie de Hamilton ne représente plus maintenant qu'un quart de sa taille antérieure.
Dans le seul secteur de l'acier, nous avons perdu 3 248 emplois dans 35 entreprises au cours des cinq dernières années. Certaines des pertes étaient attribuables à des faillites et des fermetures d'usines, tandis que d'autres résultaient de compressions continues et, dans ces cas, d'autres pertes sont à prévoir à mesure qu'évolue le marché industriel dans l'économie mondiale.
Malheureusement, les pertes d'emploi ne se sont pas limitées à l'industrie de l'acier. Nous avons perdu Studebaker, International Harvester, Westinghouse, Proctor & Gamble, J.I. Case, Firestone et des centaines d'usines de plus petite taille. Il ne s'agit là que de quelques-uns des grands noms de l'histoire de Hamilton. Il faut dire, malheureusement, que la liste des pertes continue de s'allonger.
Pour la période plus récente, encore celle des cinq dernières années, je pourrais citer les 332 licenciements de Siemens Westinghouse, et le cas de Camco où 716 personnes ont perdu leur emploi lorsque l'usine a fermé ses portes et où 284 travailleurs de plus ont fait l'objet de licenciements temporaires. Avec la fermeture de l'usine Tiercon, nous avons également déploré la perte de 700 emplois de plus, et puis il y a eu les faillites et les fermetures d'usines chez Rheem, Philip Environmental, Hercules, Mak Steel, Frost Fence, Dominion Castings, Cold Metal Products, et ACI Automotives. On constate chaque mois de nouveaux licenciements permanents dans le secteur manufacturier industriel à Hamilton et rien ne permet de croire que cela va cesser.
J'ai commencé en parlant de l'ancien secteur manufacturier de l'économie de Hamilton et cela pour une bonne raison. Il s'agit d'un secteur de l'économie qui n'est pas en croissance et qui ne crée pas d'emplois. Pour la plupart, ses entreprises sont très vieilles, et leur main-d'oeuvre, très âgée. À mesure que ces usines ferment et subissent des compressions, ce sont des travailleurs âgés qui perdent leur emploi dans 60 p. 100 ou 70 p. 100 des cas et ils ont été déplacés, en partie tout au moins, à cause de politiques gouvernementales.
En effet, les changements technologiques ont eu de profondes répercussions sur la nature du milieu de travail, mais certaines politiques en ont eu tout autant, comme par exemple les accords de libre-échange qui ont été établis au départ par les conservateurs de Mulroney et élargis par la suite sous les libéraux.
On aurait pu croire que les gouvernements successifs auraient assumé une responsabilité quelconque à l'égard des problèmes particuliers auxquels les travailleurs âgés sont confrontés au Canada. Il faut dire en toute justice que les conservateurs ont agi sur au moins un aspect de l'aide aux travailleurs âgés en 1987 par l'introduction du Programme d'adaptation des travailleurs âgés qui assurait un soutien du revenu aux travailleurs âgés entre 55 et 64 ans ayant perdu leur emploi à la suite de licenciements massifs. Sans être parfait, ce programme a permis à plus de 12 000 travailleurs âgés déplacés ayant de faibles perspectives de réembauche de faire la transition entre le licenciement et la retraite.
Malheureusement, les libéraux ont démantelé le programme en 1997 sans le remplacer par une meilleure formule. Essentiellement, les libéraux ont fait leur deuil des travailleurs âgés en les considérant comme d’inévitables victimes des changements structurels que connaissait l’économie canadienne. Nous avons aujourd’hui l’occasion de réparer cette erreur fondamentale, et le fait de procurer aux travailleurs âgés un soutien du revenu est un important pas dans cette direction, mais ce ne devrait pas être le seul.
De nombreux travailleurs âgés qui perdent leur emploi veulent et doivent continuer à faire partie de la main-d’oeuvre active. C’est particulièrement vrai lorsque les pertes d’emploi résultent de faillites d’entreprise. Dans de tels cas, les travailleurs perdent non seulement leur emploi, mais également leur droit à des prestations de retraite et des arrérages de salaire sur lesquels ils comptaient .
C’est précisément pour ces raisons que j’ai présenté plus tôt cette année le projet de loi . Ce projet de loi, qui donne préséance aux travailleurs, ferait en sorte que les prestations qui leur sont dues aient priorité sur toute autre créance en cas de faillite commerciale. Il ne fait pas de doute que nous tous à la Chambre, qui avons à coeur l’octroi d’un soutien du revenu aux travailleurs âgés, appuyons cette mesure législative. J’espère que mon projet de loi recevra un appui unanime au moment de sa mise aux voix à la Chambre.
De nombreux travailleurs âgés n’ont pas le choix de se trouver un nouvel emploi, mais, pour en trouver un, ils se heurtent à plusieurs obstacles de taille bien particuliers. Permettez-moi de vous en donner quelques exemples. D’abord, de nos jours, on a tendance à donner la préférence aux travailleurs hautement qualifiés pour combler les besoins de main-d’œuvre. Cela pose un énorme problème aux travailleurs peu spécialisés qui se retrouvent au chômage, particulièrement s’ils habitent des régions de notre pays où les possibilités de se trouver un nouvel emploi sont très limitées.
Le Canada n’a jamais eu de culture d’apprentissage en milieu de travail. Cela doit changer. Si les employeurs investissaient comme il se doit dans le perfectionnement et la formation continus de leurs employés, non seulement ils y gagneraient en productivité et en rentabilité, mais notre pays tout entier en profiterait, étant donné que les travailleurs déplacés auraient alors les compétences voulues pour participer à une économie qui repose de plus en plus sur la haute technologie.
Je ne veux pas dire par là que la responsabilité de la formation des travailleurs ne devrait incomber qu’aux employeurs. Le gouvernement a lui aussi un important rôle à jouer dans la promotion de l’apprentissage tout au long de la vie. Mais on constate qu’au lieu de prendre ce rôle au sérieux, le gouvernement est en fait à l’origine de bien des obstacles qui découragent l’offre de formation axée sur les compétences.
Pas plus tard que la semaine dernière, le gouvernement a réduit son aide financière à l’alphabétisation. Pourtant, nous savons que 40 p. 100 des Canadiens en âge de travailler savent à peine lire et compter que ces compétences s’atrophient faute d’être suffisamment utilisées dans certains milieux de travail. Cela a eu un effet très négatif sur les perspectives de recyclage des travailleurs canadiens.
D’autre part, le régime d’assurance-emploi du gouvernement ne fait pas grand-chose pour inciter les travailleurs à améliorer leurs compétences. Au contraire, il leur dresse des obstacles.
Si le gouvernement ne se contentait pas de belles paroles pour aider les chômeurs, nous dirigerions les travailleurs âgés en priorité vers des programmes de perfectionnement, de recyclage ou la possibilité de changer de carrière. Malheureusement, le régime d’assurance-emploi les force à aller perdre leur temps à chercher inutilement un emploi pendant des mois dans le secteur où ils viennent d’être mis à pied et dans lequel les mises à pied se poursuivent, simplement pour qu’ils puissent prouver qu’ils ne peuvent pas être réembauchés dans ce secteur avec les compétences qu’ils possèdent.
Pourquoi obligeons-nous les travailleurs à prouver l’évidence? Pendant qu’ils font ce que le gouvernement exige, ils sont de plus en plus découragés et démoralisés et, pire encore, ils gaspillent une énorme partie de leurs prestations d’assurance-emploi pour ces efforts inutiles. Lorsque l’assurance-emploi est enfin prête à envisager un recyclage quelconque pour ces travailleurs âgés, les démarches administratives sont tellement compliquées qu’il y a de quoi décourager les travailleurs. Même ceux qui tiennent jusqu’au bout se rendent compte que dans la majorité des cas, leur demande de formation est refusée. Seul un petit nombre des personnes intéressées à recevoir une formation sont acceptées.
De toute évidence, la réforme de l’assurance-emploi doit compléter les programmes de soutien du revenu si nous voulons résoudre efficacement le problème du déplacement des travailleurs âgés dans l’économie d’aujourd’hui.
Enfin, nous devons examiner l’économie dans son ensemble. Comme je l’ai déjà dit, les accords de libre-échange ont eu un effet très négatif sur les emplois hautement rémunérés de l’industrie et du secteur de la fabrication de notre pays. L’accord désavantageux sur le bois d’oeuvre que le gouvernement conservateur actuel s’occupe activement de promouvoir aura le même effet dévastateur pour les travailleurs, leurs familles et les communautés touchées du secteur forestier.
Il est temps que nous cessions de prendre nos décisions économiques en fonction de ce qui sert le mieux les intérêts des États-Unis. Il est honteux que nous n’ayons pas de stratégie pour notre industrie sidérurgique. Nous avons désespérément besoin d’une stratégie pour le secteur de l’automobile. Si nous établissions une stratégie pour l’industrie verte, cela représenterait un potentiel économique énorme.
Au lieu de poursuivre sérieusement ces initiatives, les gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé ont jeté l’éponge et sont restés les bras croisés pendant que nos emplois hautement rémunérés de l’industrie sont remplacés par des emplois moitié moins bien payés dans le secteur des services.
Ceux qui en souffrent le plus ce sont ceux qui ont bâti notre pays, les travailleurs âgés dont le travail a été le moteur de notre économie et dont les impôts ont permis de bâtir notre infrastructure sociale telle que notre système de soins de santé qui nous définit comme nation. Les Canadiens âgés méritent davantage de leur gouvernement et c’est maintenant qu’ils le méritent.
Je suis fière d’appuyer la création d’un véritable programme de soutien du revenu pour les travailleurs âgés.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps avec le député de au regard de cette motion du Bloc québécois présentée par le député de , que je félicite.
La motion dit ceci:
Que la Chambre réitère au gouvernement l'importance de mettre en oeuvre un véritable programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés, qui s'appliquerait à tous les travailleurs âgés, de tous les secteurs d'activité économique, et ce dans toutes les régions.
Aujourd'hui, je veux me faire le porte-parole des gens qui vivent cette réalité. J'ai entendu des députés conservateurs demander si ces gens ne s'étaient pas trouvé du travail et qu'on essaie de leur dire comment cela se fait. Aujourd'hui, ces gens nous écoutent. Dans ma circonscription, , l'usine Whirpool a mis à pied, il y a deux ans, au moins 100 travailleurs de 55 ans et plus. Quelques-uns se sont trouvé un emploi. La vaste majorité a fait toutes les démarches nécessaires pour se trouver un emploi. Il y a certes des emplois disponibles, mais la réalité est que ces gens ne sont pas nécessairement aptes à la tâche. On sait qu'il faut travailler avec de nouvelles technologies aujourd'hui. Des gens très compétents dans une compagnie où ils accomplissaient une tâche depuis plusieurs années ne sont pas nécessairement capables de décrocher automatiquement un autre emploi. De plus, les employeurs n'embauchent pas facilement quelqu'un de 58 ou 60 ans, même si cette personne a besoin d'un revenu.
Aujourd'hui, c'est au nom de Gilles, de Michel, de Clément, et des gens venus me voir au lendemain de l'élection de 2004 que je parle. Il s'agit du premier groupe que j'ai rencontré à Montmagny, dans le nouveau comté que je représentais. J'avais alors dit à ces gens que l'on ferait tout ce que l'on pouvait pour obtenir que l'on mette en place un programme pour les travailleurs âgés.
D'un côté, il est bien d'avoir des programmes permettant aux gens de se trouver un emploi. Facilitons-leur la tâche pour ce faire. Cependant, de l'autre côté, il existe une réalité qui a toujours été niée par le présent gouvernement jusqu'ici. En effet, aucune solution n'est proposée pour les gens qui ne se retrouvent pas d'emplois.
Ce problème n'existe pas seulement dans ma circonscription. C'est une nouvelle réalité propre à la mondialisation et à l'accroissement du commerce. Bravo! nous sommes tous contents de cette mondialisation et de cet accroissement du commerce. Si cela aide l'activité économique, tant mieux. Toutefois, il y a des gagnants et des perdants. La responsabilité de l'État, c'est de s'assurer que la répartition de la richesse est adéquate. Lorsqu'on investit, qu'on permet un gain de productivité, qu'on donne un crédit sur l'investissement ou un amortissement accéléré, souvent, en matière d'emploi, des gens sont victimes. Il faut trouver une solution afin que ces gens aient leur part du gain de productivité et du profit. Cela s'appelle un programme d'aide aux travailleurs âgés.
Nous avons donc commencé cet effort depuis longtemps. Il s'est poursuivi lors de la dernière campagne électorale. En effet, le leader du Bloc québécois est venu à Montmagny où il s'est engagé à en faire une priorité au Parlement. Nous avons talonné le gouvernement depuis ce temps et nous allons continuer jusqu'à la mise en place d'un programme pertinent qui réponde aux besoins des gens.
Tout d'abord, nous avons obtenu que, par un amendement, on mentionne dans le discours du Trône le problème des travailleurs âgés. Ensuite, nous avons obtenu qu'il puisse y avoir, dans le budget, l'expression d'une volonté d'agir du gouvernement.
On nous a parlé d'études de faisabilité. Cela n'allait vraiment pas assez loin. Les gens touchés par la situation vivent cette réalité depuis six mois ou un an. Ils éprouvent des difficultés et sont aux prises avec des problèmes sociaux. Des cas de suicide ont même été constatés. Ces gens ont hâte que le gouvernement agisse de façon concrète. Jusqu'ici, nous n'avons pas encore obtenu cet engagement, mais nous revenons à la charge aujourd'hui avec une motion dont tous les mots sont importants.
Nous demandons « que la Chambre réitère au gouvernement [...] », parce que ce dernier est au courant depuis longtemps de la nécessité d'agir. Les exemples sont là. Des propositions, particulièrement des centrales syndicales du Québec, ont été déposées, assorties de conditions très raisonnables. Il ne s'agit pas de procéder à un open bar et de faire en sorte que tous les gens aient accès à ce programme s'ils n'ont pas fait les démarches nécessaires pour se trouver un emploi. Toutefois, lorsque la situation est telle que celle que l'on connaît, s'il s'agit de gens qui ne réussissent pas à se retrouver des emplois, il est nécessaire qu'ils puissent par exemple obtenir les conditions pour aller de l'avant.
Il faut que le programme vise tous les travailleurs âgés. Il n'est pas question de commencer à faire de la ségrégation. Je mets au défi les collègues de cette Chambre de me garantir que dans leur circonscription il ne pourra y avoir d'usine touchée, ces six prochains mois ou au courant de la prochaine année, par des fermetures liées à la mondialisation, et qu'il n'y aura pas de travailleurs qui, ayant consacré leur vie à une entreprise et ayant fait vivre leur famille, se retrouveront alors au chômage. Or, actuellement, tout ce qu'on leur accorde, c'est seulement un maximum de 45 semaines d'assurance-emploi. Ces gens ont souvent cotisé à l'assurance-emploi pendant 20, 25 ou 30 ans et, au bout des 45 semaines, ils se retrouvent devant rien.
Il faut donc que le programme couvre tous les travailleurs âgés, hommes et femmes, qui vivent ces situations.
Il y en a eu particulièrement dans l'industrie du textile. Chez nous, les industries Troie de Saint-Pamphile employaient 150 femmes qui travaillaient dans ce domaine depuis plusieurs années. Elles travaillaient pour un employeur dynamique, mais les importations de Chine sont arrivées comme un raz-de-marée.
Le gouvernement n'ayant pas mis en place les mesures pertinentes, les emplois ont été emportés. Parmi les gens touchés par les pertes d'emploi, certains travailleurs sont plus âgés et ont du mal à trouver un autre emploi. Ils doivent être admissibles à ce type de programme, peu importe leur secteur d'activité.
Aujourd'hui, le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie traite de la question du secteur manufacturier. Un défi extraordinaire attend toutes les entreprises québécoises et canadiennes du secteur manufacturier puisque, avec la mondialisation, il est devenu très difficile de faire compétition à tous les produits qui proviennent de l'extérieur. Il nous faut mettre en place ce qu'il faut pour cela. Lorsqu'une entreprise ferme ses portes, les travailleurs victimes de cette situation, doivent être traités de façon équitable, et il faut que cela touche tous les secteurs d'activité. C'est ce que vise la motion du Bloc.
Dans les fuites organisées et mises sur la table par le gouvernement conservateur, ce dernier a indiqué que cela pourrait toucher le secteur forestier et le secteur du textile. Toutefois, il y a aussi le secteur du meuble auquel il faut penser.
Semaine après semaine, plusieurs usines annoncent leur fermeture, et elles n'oeuvrent pas nécessairement toutes dans le même secteur. Les gens de la région de Québec qui travaillent dans le domaine de la chaussure seront-ils exclus? Inscrira-t-on une entreprise d'une région où le taux de chômage est faible et où, malheureusement, une entreprise est soudainement frappée de plein fouet par ce type de fermeture?
Dans la motion, il est écrit: « ...à tous les travailleurs âgés, de tous les secteurs d'activité économique, et ce dans toutes les régions. »
Il est important que cette motion soit adoptée aujourd'hui par cette Chambre, et j'espère qu'elle le sera à l'unanimité. Si ce n'est pas le cas, j'espère qu'elle obtiendra la majorité des voies. Ainsi, le gouvernement saura que le temps des discussions est révolu. Nous ne pouvons plus nous permettre de dire qu'il faut compléter ceci ou cela, que nous n'avons pas tous les chiffres ou les données suffisantes.
La ministre doit adopter la même attitude que celle qu'elle a adoptée lors de notre récente bataille sur les mesures transitoires pour l'assurance-emploi, bataille qui visait le maintien des cinq semaines de prestations additionnelles pour les travailleurs saisonniers. Maintenant, pour les travailleurs âgés, l'échéance est là. Que la ministre fasse comme elle l'a fait dans les autres dossiers. Lorsqu'elle aura hésité, qu'elle donne son accord à un programme qui touchera l'ensemble des travailleurs de toutes les régions et de tous les secteurs d'activité.
Notre économie et l'efficacité de notre société se mesurent au produit intérieur brut, mais aussi à la répartition de la richesse. À cet égard, notre société n'atteint pas souvent la note de passage.
Il y a beaucoup de points pour lesquels on doit s'assurer de pouvoir aller de l'avant. Je vous donnerai un exemple qui m'a beaucoup fait réfléchir et qui m'a fait mal au coeur. La semaine dernière, nous avons su qu'au 31 mars 2006, le surplus s'élevait à 13 milliards de dollars. De cette somme, 2 milliards de dollars provenaient de la caisse d'assurance-emploi et ont été versés afin de diminuer la dette.
Dans les circonscriptions, les gens qui vivent cette réalité — évaluée à 75 millions de dollars pour l'ensemble du Canada — ont trouvé qu'au lieu de payer la dette plus rapidement, on aurait mieux fait d'en consacrer un peu au programme dont nous parlons aujourd'hui.
La mise en place d'un programme pour les travailleurs âgés aurait représenté 75 millions de dollars des 13 milliards de dollars de surplus. Je pense que personne ne s'en serait aperçu. Des gens auraient pu vivre une situation plus décente. Ils auraient été traités comme des travailleurs et des travailleuses qui ont fait leur part dans la société. Maintenant qu'ils se préparent à la retraite, ils auront droit à la pension de sécurité de la vieillesse lorsqu'ils atteindront l'âge de 65 ans. Ils auront aussi droit à la Régie des rentes du Québec. Toutefois, ils devront vivre un calvaire pendant 2 ans ou 3 ans, parce qu'à 56 ou 57 ans, ils seront obligés de retirer leur REER et de vendre leurs biens. Cela créera une iniquité terrible. Certaines personnes qui soutenaient leur famille ne pourront plus le faire.
Devant cette réalité, il faut absolument que cette Chambre adopte cette motion. Il faut que les conservateurs comprennent que cela va au-delà des statistiques. Que les députés conservateurs retournent dans leur circonscription, ils verront probablement des gens de 55, 56 ou 58 ans qui, malgré leurs effort pour trouver un autre emploi et malgré le faible taux de chômage, ne réussissent pas à trouver d'emploi. Ces gens méritent le soutien de l'État, ce que la motion demande. Pour cette raison, il doit y avoir un appui massif à la proposition du Bloc québécois.
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Monsieur le Président, je remercie le député de d'avoir bien voulu partager avec moi le temps dont il disposait, et d'avoir fait un si bel exposé qui examine vraiment en profondeur le problème des travailleurs âgés.
J'aimerais aussi remercier mon collègue de qui a déposé cette motion, et qui l'a aussi défendue avec beaucoup de sensibilité.
Ce matin, la ministre nous a dit en Chambre que le Canada connaît actuellement une augmentation d'emplois et que, par conséquent, nous n'avons pas besoin d'aider les personnes plus âgées. C'est complètement absurde de lier le nombre d'emplois au fait que des travailleurs âgés ne peuvent pas se reclasser.
La ministre a reconnu que les pertes d'emploi avaient aussi un effet d'entraînement dans la communauté. C'est exact, et on reconnaît que des gens qui deviennent pauvres à 57 ou 58 ans, et qui perdent tout, n'aident pas leur communauté, loin de là. L'argent qu'on peut donner à des gens qui ont travaillé toute leur vie aide donc l'ensemble de la communauté et aide même les plus jeunes à trouver de nouveaux emplois.
Ce matin, la ministre disait que les gens prendraient plutôt leur retraite de façon généralisée s'il y avait un programme comme le PATA. Au contraire, les gens veulent travailler. Si, à un moment donné, ils ne travaillaient plus et recevaient l'aide d'un programme comme le PATA, ce serait parce qu'aucune autre solution ne se serait offerte à eux. Les gens ne veulent pas vivre avec un montant de survie octroyé par le PATA. Ils préfèrent avoir un véritable salaire. C'est important que la ministre s'en rende compte.
J'ai eu l'impression que la ministre n'était pas allée voir ce qui se passait sur le terrain. Elle ne connaît pas les gens à qui s'adressent ces mesures. Elle se trompe quand elle pense que les programmes d'aide pour apprendre les nouveaux métiers s'adresseront à ces individus. Il est très rarement possible de les recycler. Elle parle même de nouvelle carrière. Allons donc! Des hommes et des femmes qui ont travaillé 18, 20, 25, 27 ou 28 ans pour la même entreprise sont devenus des experts dans leur métier et ne peuvent pas se recycler facilement. Ils ont un métier, qu'ils ont appris sur le tas. En général, les travailleurs du textile, du meuble, du bois et bientôt du tapis — puisque le problème de l'industrie du tapis se rapproche dangereusement de mon comté — ne peuvent pas facilement apprendre un autre métier ou entreprendre une autre carrière, contrairement à ce que s'imagine la ministre. Pourquoi? Parce qu'ils ont très peu d'éducation.
Mon confrère de vient de dire que les gens sont souvent illettrés. Ils ont de grandes connaissances et possèdent une expertise extraordinaire. Ils sont des professionnels de leur métier. Mais ils ont une éducation de l'ordre de la deuxième, troisième ou quatrième année. Certains ont de la difficulté à lire. Ils ne peuvent donc pas facilement commencer une autre carrière à un âge avancé. Comment peut-on penser que c'est possible, alors que ce ne l'est pas?
Je prendrai d'ailleurs l'exemple de mon beau-père, un homme typique, qui a passé sa vie au service de Goodyear, justement dans le textile, et qui est devenu un expert. Cet homme n'avait pas fait d'études. Il avait peut-être étudié deux ou trois ans, et il a dû travailler après la guerre parce qu'il était issu d'une famille nombreuse.
Au Québec, les familles nombreuses existent encore. Il arrive encore que des gens partent de la campagne pour aller travailler dans des manufactures et qu'ils y reçoivent leur formation. Ils deviennent des gens ouverts, capables, qui peuvent aider les autres. Mon beau-père était même contremaître. Mais, à 57 ou 58 ans, il ne pouvait pas se recaser ailleurs. C'était impossible. Il n'avait pas les connaissances requises.
Un individu qui change d'emploi à tous les cinq ou dix ans est mobile; sa tête l'est aussi. Il peut facilement se replacer dans d'autres domaines. Comme le dit la ministre, il peut se placer dans un programme d'aide pour entreprendre éventuellement une autre carrière. Cependant, des gens qui ont fait le même métier leur vie durant n'ont pas cette ouverture d'esprit et ne sont pas capables de trouver facilement une autre façon de travailler et de vivre.
Pour ces gens, le PATA est donc absolument nécessaire. On ne peut pas le remplacer.
Mon comté compte plusieurs travailleurs. Contrairement à la ministre, je les rencontre et je leur parle.
Je rencontre ces personnes, je leur parle et je sais à quel point elles aimeraient travailler, à quel point elles voudraient se trouver un autre travail. Or, c'est impossible puisque ces personnes sont trop spécialisées dans un seul secteur. Il y a donc moins de travail pour elles, sinon pas du tout.
Par exemple, la compagnie CSBS, qui est l'ancienne CS Brooks de Magog, est présentement en restructuration. À chaque semaine, elle met des gens à la porte ou elle en réembauche. Pourquoi? Parce qu'il y a une compétition énorme qui nous vient de la Chine, un phénomène qu'on pourrait carrément qualifier de dumping. La définition du dumping, c'est de donner des choses gratuitement à une compagnie. Or, là-bas, le gouvernement leur donne des terrains, de l'équipement sans taxe, leur prête de l'argent à des tarifs préférentiels et aide fiscalement ces compagnies. Il s'agit donc de dumping puisque le prix de vente est moindre que le coût de production.
Néanmoins, le gouvernement n'a jamais rien fait. Depuis les dix dernières années, avec l'OMC, il aurait pu mettre des barrières, comme les États-Unis l'ont fait d'ailleurs. Il y a également eu l'ALENA, et comme nous sommes de gros exportateurs vers les États-Unis, nous nous sommes retrouvés coincés.
La CSBS est une manufacture de textiles qui connaît actuellement de très gros problèmes. Elle n'est pas la seule. Ce matin, dans les journaux locaux de mon comté, on annonçait que la Consoltex, une compagnie de textile de Cowansville, — dans ma propre ville — veut réduire les salaires, les vacances et les avantages sociaux de ses employés puisqu'elle n'arrive plus financièrement. Imaginez-vous, si les employés refusent une réduction de salaire qui les ramènera à des salaires de famine, la compagnie fermera ses portes. Il s'agira donc d'un autre cas de fermeture d'une compagnie qui laissera au chômage des spécialistes. Je dis bien des experts en matière de textile. Les plus jeunes pourront naturellement se replacer sur le marché du travail. Or, les gens qui ont 55 ans et plus ne pourront pas se replacer facilement.
L'ensemble des syndicats nationaux du Québec de même que les syndicats locaux nous soutiennent. Je les ai personnellement rencontrés et ils sont tous en faveur d'une aide aux personnes de 55 ans et plus, parce qu'ils savent très bien qu'on ne peut pas les replacer, qu'on ne peut pas leur redonner une autre carrière aussi facilement que la ministre le pense.
Il faut donc absolument que nous nous penchions sur les manufactures qui ont de la difficulté à survivre et que nous nous rendions compte qu'il s'agit d'une question humanitaire. Nous ne pouvons pas demander à l'aide internationale de venir aider nos anciens ouvriers qui sont âgés de plus de 55 ans. C'est au gouvernement de le faire. Je suis convaincu que, pour le gouvernement, la subvention demandée n'est pas immense et qu'elle représente une pinotte par rapport au budget total.
Toutefois, cela est très important parce que depuis 10 ans, la moitié de l'industrie du Québec a perdu 100 000 emplois. Dans mon comté, des emplois se perdent par milliers. On ne peut pas replacer ces gens-là aussi facilement qu'on le voudrait et qu'on l'espère.
De plus, nous avons ouvert les frontières ce qui a occasionné encore plus de difficultés. Il ne s'agit pas de conditions qui existaient il y a 20 ou 25 ans. Il s'agit de conditions nouvelles, et nous avons actuellement besoin d'un plan qui peut répondre de façon ponctuelle et directe aux besoins des 55 ans et plus.
Soyez assurés que les travailleurs âgés vont préférer continuer à travailler ou se trouver un autre travail plutôt que de bénéficier du PATA.
Le PATA, c'est le secours, c'est le filet sous le travailleur qui va l'empêcher de mourir psychologiquement et d'être en moins bonne santé. L'argent qui ne sera pas investi dans le PATA sera versé afin de d'assurer le maintien de la santé psychologique ou autre.
Que le gouvernement dépense d'un côté ou de l'autre, je préfère avoir des ex-employés, hommes ou femmes, qui sont en santé, plutôt que de dépenser en matière de santé pour les maintenir en vie jusqu'à la fin de leurs jours. À mon avis, il est nécessaire que le PATA soit implanté immédiatement.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole aujourd'hui avec mon collègue de Palliser.
[Français]
Je veux remercier le député de pour cette proposition et j'espère qu'il comprend que notre gouvernement s'engage à s'assurer que les travailleurs âgés demeureront actifs et sont importants au sein du groupe des travailleurs au Canada.
[Traduction]
Je veux d'abord rappeler au député et à la Chambre que, dans notre budget de 2006, nous nous sommes engagés à réaliser une étude de faisabilité qui passera en revue les mesures actuelles et potentielles visant à régler les problèmes auxquels font face les travailleurs âgés sans emploi. À mon avis, nous reconnaissons ainsi l'importance de mettre en oeuvre des programmes concrets à l'intention de nos travailleurs âgés.
Cette étude de faisabilité comprendra, entre autres, un examen approfondi sur l'aide que nous pouvons donner aux travailleurs âgés à l'avenir. Nous avons tiré des leçons du programme pilote qui s'adressait aux travailleurs âgés. Je reviendrai sur trois points que la ministre a soulevés ce matin et qui m'ont frappé en ce qui concerne l'utilité des futurs programmes.
Premièrement, la mesure la moins efficace consiste à subventionner à 100 p. 100 les salaires. Deuxièmement, il faut prévoir suffisamment de temps pour que les participants âgés assimilent de nouvelles compétences et la formation doit être pratique et pertinente. Troisièmement, une approche à long terme permettra d'utiliser les fonds plus efficacement.
La mise en oeuvre de programmes d'aide aux travailleurs âgés, de programmes efficaces et efficients, aura des effets directs dans la circonscription de , que je représente. Par exemple, au cours des dernières années, nous avons été témoins de la fermeture de la Nackawic Pulp and Paper Co., une usine de pâtes et papiers dans une petite ville monoindustrielle. Heureusement, cette usine a été rouverte en janvier dernier et près de 300 travailleurs ont été rappelés au travail. Puis, Thomas Equipment, un fabricant de matériel établi à Centreville, au Nouveau-Brunswick, depuis longtemps a fermé ses portes il y a quelques semaines à peine.
J'ai rencontré des travailleurs touchés directement par ces fermetures. Il s'agit pour une grande part de travailleurs âgés, ceux-là mêmes que vise la motion du député de .
En attendant ces nouveaux programmes, il y a le soutien temporaire du revenu qu'on offre aux travailleurs pendant qu'ils se cherchent un nouvel emploi. Nous en avons discuté longuement chez Thomas Equipment, à Centreville. Ces programmes de soutien se présentent sous deux formes: les prestations d'assurance-emploi versées au titre de soutien du revenu, qui agissent comme relais entre les emplois; le soutien non pécuniaire tel que la formation, le perfectionnement des compétences et, dans certains cas, le soutien au travail autonome.
Ces programmes donnent à tous les travailleurs, y compris les travailleurs âgés, qui perdent un emploi l'occasion de rehausser leur employabilité. Les efforts ont été formidables, et nombre de ces travailleurs ont bénéficié de l'injection annuelle de 1,4 milliard de dollars au titre des prestations de revenu.
Toutefois, en plus des mesures de soutien du revenu, nous devons examiner les options qui s'offrent à nous pour aider les gens à améliorer leur employabilité. J'utilise le mot « employabilité », car je le trouve très important. Selon moi, l'aide à l'employabilité est une responsabilité qui incombe autant au gouvernement qu'aux entreprises.
Je reviens aux exemples de fermetures dans ma circonscription. L'époque où les organisations pouvaient garantir un emploi à vie est révolue. Toutefois, toute organisation consciente de ses responsabilités collectives doit faire en sorte que les travailleurs demeurent employables. Le concept vise aussi les travailleurs âgés qui veulent demeurer membres de la population active.
L'expérience des travailleurs âgés représente une ressource inexploitée qui pourrait contribuer à l'amélioration des conditions économiques dans les villes, les villages et les régions des quatre coins du Canada. Brad Donnelly, de Manpower Professional, au Nouveau-Brunswick, a dit récemment: « Les aînés sont éduqués. Ils sont alertes et ils sont un atout au sein de la main-d'oeuvre. Pourquoi veut-on mettre en oeuvre des programmes visant à les écarter de la vie active? »
On ne soulignera jamais assez l'importance des travailleurs âgés pour le marché du travail et l'économie de notre pays. Comme chacun sait, notre population vieillit, ce qui entraîne d'importantes pénuries de travailleurs. Nous avons entendu un certain nombre d'observations à cet égard à la Chambre ce matin. Ces pénuries se font déjà sentir dans ma province, le Nouveau-Brunswick, où un article paru récemment dans le Moncton Times & Transcript nous apprend que les spécialistes des ressources humaines ne comprennent pas pourquoi il faut beaucoup de temps pour combler des vacances de postes bien rémunérés dans un nombre croissant de lieux de travail.
Une situation semblable se produit durant la récolte de cet automne dans ma circonscription, celle de , où des travailleurs âgés et même des aînés jouent un rôle important dans la récolte de pommes de terre cette année à cause d'une pénurie de travailleurs.
Cependant, nous ne sommes pas les seuls à ressentir des pressions économiques. D'autres pays de par le monde connaissent des problèmes semblables et examinent plusieurs solutions pour accroître la main-d'oeuvre.
Une des grandes recommandations consiste à supprimer les mesures qui incitent les travailleurs à prendre une retraite hâtive. Au Canada, comme nous l'avons tous vu, les travailleurs plus âgés sont devenus le groupe qui contribue le plus à la croissance de la main-d'oeuvre ces dernières années. Comme la population canadienne vieillit, les mesures prises pour inciter les travailleurs âgés à continuer de travailler joueront un rôle important dans le maintien de la croissance et la hausse du niveau de vie.
En somme, les programmes ne comprenant que des mesures de soutien du revenu ne sont pas la solution. Ils pourraient être un élément des fondements de cette nouvelle stratégie que nous allons élaborer, mais ils ne seront pas le seul.
Comme Judy Cutler de l'Association canadienne des individus retraités l'a fait remarquer, les personnes âgées sont beaucoup plus actives. Elles sont tout à fait disposées à continuer de travailler. Par exemple, mon beau-père me rappelle tous les jours qu'il a tondu ma pelouse 20 fois cet été. Il se lève le matin et il a beaucoup plus d'énergie que son gendre préféré, comme il m'appelle.
Néanmoins, nous reconnaissons que les travailleurs âgés qui se retrouvent sans emploi suite à la fermeture d’une usine ou de la réduction de l’activité dans les collectivités mono-industrielles ont davantage de difficulté à réintégrer le marché du travail et qu’ils restent plus longtemps en chômage. Il y a à cela de nombreuses raisons telles que le déclin des secteurs dans lesquels ils ont fait carrière, le fait de vivre dans des endroits isolés et une mobilité réduite. Toute combinaison de ces facteurs tend à accroître le taux de chômage dans une ville mono-industrielle. Je pourrais citer certaines petites villes de ma région qui dépendent beaucoup de l’industrie forestière où il y a beaucoup de hauts et de bas à l’heure actuelle.
De toute évidence, un programme visant à aider les travailleurs âgés en améliorant leurs compétences a deux objectifs. Il leur permet de trouver plus facilement un emploi et il contribue aussi à la croissance du marché de la main-d'oeuvre et de l'économie du pays. Comme d’autres l’ont mentionné, il vaut la peine de souligner qu’une politique à l’égard des travailleurs âgés doit avoir pour principal objectif d’accroître les taux de participation des personnes âgées de 50 à 64 ans.
Le député de en a parlé ce matin. Il a dit que le soutien du revenu n’était pas la solution et que nous devions adopter une stratégie plus vaste. Je suis entièrement d’accord. Voilà pourquoi je crois que cette motion a une portée beaucoup trop étroite pour que la Chambre puisse l’appuyer.
Nous devrions doter les programmes à l’intention des travailleurs âgés des outils dont ces derniers ont besoin pour rester employables. Il ne faudrait pas que ces programmes dissuadent les travailleurs âgés de participer au marché du travail, d’améliorer leurs compétences ou d’aller exercer un emploi ailleurs. Il faut aussi que ces programmes soient ciblés, notamment sur les villes et villages qui gravitent autour d’une seule industrie. Nous raterons notre objectif si nous appliquons ces programmes dans toutes les régions et dans tous les secteurs de l’économie, car cela ne reflète pas la réalité du contexte actuel.
Pour conclure, nous trouvons des moyens de réaliser tout cela. Nous nous efforçons de le faire avec un bon nombre de partenaires. Il s’agira d’un partenariat entre nous-mêmes, l’industrie, les provinces et les territoires qui visera à aider les travailleurs âgés en chômage à trouver et conserver un emploi dans le marché du travail d’aujourd’hui. Nous sommes conscients des besoins des travailleurs âgés comme en témoignent nos nombreux programmes et notre engagement à faire une étude de faisabilité.
Je peux vous parler de ce qui se passe dans ma circonscription où réside une importante population multiculturelle. Nos fonds de l’établissement permettront à un bon nombre de personnes qui sont venues d’Amérique du Sud de devenir des travailleurs productifs dans la région de .
Je comprends et je partage les préoccupations du député de à l’égard des travailleurs âgés, mais il serait prématuré d’appuyer une motion aussi générale. Le gouvernement doit examiner attentivement le contexte économique et démographique qui est complexe. Nous devons terminer notre étude de faisabilité avant de pouvoir prendre des mesures à long terme.
Je peux toutefois vous assurer que nous continuerons de soutenir nos travailleurs âgés grâce aux programmes actuellement en vigueur. Nous ne voulons pas prendre de décisions hâtives. Nous voulons trouver la bonne solution à long terme pour les travailleurs âgés et nos décisions devront tenir compte de la situation actuelle de l’économie et du marché du travail.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'avoir la possibilité de réagir à la motion présentée par le député de , qui propose la mise en oeuvre d'un programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés de tous les secteurs d'activité économique et dans toutes les régions du pays.
Je puis assurer à la Chambre que le nouveau gouvernement du Canada partage les préoccupations du député concernant les défis qui attendent les travailleurs âgés du Canada.
Comme le l'a dit avec conviction récemment, notre pays doit garder les travailleurs âgés sur le marché du travail, si nous voulons que notre économie reste forte et dynamique. Nous reconnaissons que les travailleurs canadiens sont un trésor de compétences et d'expérience pour notre marché du travail. Il est donc absolument essentiel pour le bien-être de la nation comme pour leur propre bien-être que nous trouvions le moyen de garder les travailleurs âgés sur le marché du travail et de profiter au maximum de leur savoir, de leur expertise et de leur éventail de compétences. Je me permets d'expliquer pourquoi cette question est de plus en plus importante.
Comme tous les pays de l'OCDE, le Canada est aux prises avec une population vieillissante, étant donné la baisse du taux de natalité et la hausse de l'espérance de vie. Il en résulte une croissance moins rapide de la population active et, du fait même, une pénurie de main-d'oeuvre dans des industries et des métiers clés, dans toutes les régions du pays. Je suis sûr que les députés savent que ces pénuries pourraient nuire à la croissance du PIB par habitant et, ainsi, engendrer une baisse du niveau de vie de tous les Canadiens.
Si les taux d'emploi selon le groupe d'âge et le sexe demeurent aux niveaux actuels, la main-d'oeuvre canadienne augmentera de moins de 5 p. 100 au cours des 50 prochaines années, comparativement à la croissance de 200 p. 100 qui a eu lieu entre 1950 et le tournant du siècle.
Il est remarquable et révélateur que les travailleurs âgés du Canada soient devenus notre principale source de croissance de la main-d'oeuvre au cours des dernières années. Entre 1995 et 2005, leur participation au marché du travail a augmenté de 11 p. 100. Ce renversement récent du taux de participation au marché du travail des travailleurs âgés est, sans aucun doute, une bonne nouvelle pour eux et pour notre pays.
Quoi qu'il en soit, la participation au marché du travail est encore bien au-dessous du taux pour les travailleurs dans la force de l'âge. En 2005, le taux de participation des travailleurs âgés était de 58 p. 100, comparativement à 87 p. 100 pour les travailleurs dans la force de l'âge. La différence entre les deux taux représente une perte énorme de compétences et d'expertise dont notre main-d'oeuvre pourrait grandement profiter.
Pour ce qui est de l'avenir, nous constatons que le potentiel pour les travailleurs âgés est encore plus grand. Entre 2000 et 2020, la proportion de notre population âgée entre 55 et 64 ans augmentera d'environ 50 p. 100. Étant donné les répercussions économiques d'une réduction de la main-d'oeuvre, nous ne pouvons simplement nous permettre de ne pas utiliser l'expérience et les compétences des travailleurs âgés. C'est une question à laquelle le gouvernement entend s'attaquer.
Nous connaissons très bien les obstacles particuliers que les travailleurs âgés doivent surmonter lorsqu'ils tentent de revenir sur le marché du travail après en être sortis prématurément; nous comprenons parfaitement leurs difficultés. Nous savons, par exemple, que les récentes fermetures et les récents licenciements dans les industries textiles et des pâtes et papiers ont touché un grand nombre de travailleurs âgés et que certains d'entre eux ont du mal à revenir sur le marché du travail. Ce sont les défis que nous cherchons à relever.
Comme la Chambre le sait, aux termes de la partie II de la Loi sur l'assurance-emploi, les chômeurs canadiens, y compris les travailleurs âgés, peuvent être admissibles à des prestations de soutien au réemploi pour les aider à trouver et conserver un nouvel emploi. Ces programmes visent notamment à offrir de la formation et du recyclage, à donner de l'expérience professionnelle aux intéressés et à les aider à devenir des travailleurs autonomes. Je suis heureux de signaler à la Chambre que plus de 80 000 travailleurs âgés de plus de 50 ans ont participé à des programmes de ce genre l'année dernière.
Je le répète, nous croyons, comme l'OCDE, que l'optimisation de la participation des travailleurs âgés au marché du travail est l'un des meilleurs moyens à notre disposition pour contrebalancer la baisse de la croissance de la main-d'oeuvre à laquelle nous sommes confrontés, à l'instar de beaucoup d'autres pays.
Pour toutes ces raisons, le budget de 2006 prévoit la somme de 400 millions de dollars à l'intention du secteur forestier, en vue d'aider les Canadiens touchés par les ajustements qu'entraîne la mondialisation de l'économie. Voilà aussi pourquoi nous sommes en train de réaliser une étude de faisabilité pour évaluer les mesures actuelles et éventuelles visant à aider les travailleurs âgés qui sont déplacés et qui ont notamment besoin de meilleurs programmes de formation et d'un soutien du revenu accru. Les recommandations qui résulteront de l'étude de faisabilité nous indiqueront les meilleurs moyens pour aider les travailleurs âgés à long terme.
Entre-temps, nous continuons d'aider les travailleurs âgés qui se retrouvent sans emploi. Nous allons continuer de nous employer à offrir aux travailleurs mis à pied, y compris aux travailleurs âgés, diverses formes d'aide, comme des possibilités de développer leurs compétences et d'acquérir de l'expérience de travail dans de nouveaux domaines. Dans le cadre de cette démarche, nous allons pouvoir tirer profit de l'expérience acquise au cours des projets pilotes fédéraux conçus spécialement pour répondre aux besoins des travailleurs âgés. L'Initiative des projets pilotes à l'intention des travailleurs âgés, qui s'est déroulée entre 1999 et le mois de mai de cette année, nous a montré par exemple que les meilleurs résultats s'obtiennent par des approches conjuguant les services d'aide à l'emploi, comme les services de conseiller en emploi et les services de placement, avec la formation, la commercialisation et l'acquisition d'expérience de travail.
Les participants aux projets pilotes pour travailleurs âgés ont dit clairement que les travailleurs âgés souhaitaient bénéficier d'une formation pratique et pertinente. Je crois que la détermination des travailleurs âgés montre bien jusqu'à quel point ils souhaitent continuer de contribuer à notre économie d'une manière concrète, en tirant profit au maximum de leurs capacités.
Le gouvernement est bien conscient des nombreuses solutions qui existent pour atténuer les effets du ralentissement dans la croissance de la main-d'oeuvre, comme le recours à l'immigration, mais il semble que l'une des solutions les plus pratiques et les plus viables est d'exploiter le potentiel des travailleurs âgés. Chaque année, si nous arrivons à garder en moyenne seulement 0,5 p. 100 de plus de travailleurs canadiens âgés de 50 à 64 ans sur le marché du travail, notre main-d'oeuvre augmenterait de 13 % d'ici 2030.
Ces statistiques sont éloquentes et nous font voir un potentiel énorme qui est essentiel pour la prospérité à venir du pays.
Bref, je crois bien que l'étude de faisabilité entreprise par le gouvernement va nous aider à trouver les meilleures solutions pour tirer profit du potentiel crucial des travailleurs âgés maintenant et dans les décennies à venir. C'est pourquoi je ne peux pas appuyer la motion présentée par le député de . Il y aura peut-être des amendements. Je serai heureux de répondre aux questions des députés.
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Monsieur le Président, je vous informe que je partagerai le temps qui m'est alloué avec le distingué député de .
C'est avec une ambivalence au coeur que je m'adresse aujourd'hui à la Chambre pour intervenir sur la motion du Bloc québécois dans le cadre de sa journée d'opposition.
D'une part, je suis heureuse d'avoir le privilège de m'exprimer sur l'importance de mettre en oeuvre un véritable programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés qui s'appliquerait à tous les travailleurs âgés de tous les secteurs d'activité économique et dans toutes les régions.
D'autre part, je suis déçue de devoir encore une fois expliquer aux élus de cette Chambre — particulièrement aux membres du gouvernement — toute l'importance et l'urgence de mettre en place un tel programme, tel que stipulé dans la motion.
Peut-être est-il nécessaire à cette étape-ci de communiquer aux personnes qui nous regardent à la télévision toutes les informations nécessaires pour qu'elles comprennent bien la lutte acharnée que mènent, depuis 1997, le Bloc québécois, les travailleurs et les syndicats du Québec, afin d'obtenir un programme de soutien aux travailleurs âgés. En fait, il serait plus juste de parler de restauration du programme.
Il faut rappeler qu'un tel programme a déjà existé et qu'il n'est pas complètement nouveau. En 1988, il permettait le paiement de prestations aux travailleurs admissibles de 55 à 64 ans qui avaient perdu leur emploi à la suite de licenciements majeurs et permanents, en établissant un pont entre les prestations d'assurance-chômage et celles de la Régie des rentes. Sous le règne libéral, avec le député de pour ministre des Finances, le programme a pris fin en 1997.
C'était un programme à frais partagés: 70 p. 100 étaient couverts par le gouvernement fédéral, et 30 p. 100 par les provinces participantes. Depuis sa disparition en mars 1997, il n'existe plus aucun programme de soutien du revenu à l'intention des travailleurs âgés victimes de licenciements collectifs ou de fermetures d'entreprise.
À la dernière législature, le Bloc québécois avait travaillé énergiquement à bien des occasions afin que soit mis en place un programme de soutien pour les travailleurs âgés.
Je rappelle qu'en juin 2005, une motion déposée par le Bloc québécois demandait de mettre sur pied une stratégie pour venir en aide aux travailleurs âgés qui perdent leur emploi, stratégie qui devait prévoir des mesures de soutien au revenu. Les libéraux, au pouvoir à l'époque, n'ont rien fait.
Au mois d'avril 2006, les élus de cette Chambre ont adopté à l'unanimité le sous-amendement au discours du Trône présenté par le Bloc, qui allait dans le sens de la motion de juin 2005.
Depuis le printemps dernier, la nous parle d'une étude de faisabilité dont on ne connaît toujours pas les résultats. Depuis quelques semaines, la ministre tient en haleine les travailleurs âgés du Québec qui sont désespérés d'avoir perdu leur emploi, en disant qu'elle fera des annonces sous peu. Un membre de son personnel, probablement à court d'arguments, a même informé les travailleurs qui appellent à son bureau et qui sont en attente de bonnes nouvelles. Il les a tenus en haleine en disant que les annonces et le programme s'en venaient. Il les a encouragés à être patients. Son manque d'éthique professionnelle l'a même poussé à dire à des travailleurs désespérés de mon comté de ne pas se décourager, et qu'il lui ferait plaisir d'aller prendre un café avec eux à Huntingdon pour célébrer l'événement.
Cette situation ne peut plus durer. Elle est inhumaine. La doit cesser cet horrible suspense. Le gouvernement doit, comme le demande le Bloc québécois, mettre en place un véritable programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés, qui s'applique à tous les travailleurs âgés de tous les secteurs d'activité économique de toutes les régions, comme le stipule la motion.
Maintenant, j'aimerais bien vous parler de la situation de personnes, de citoyens, de contribuables, de travailleurs du textile de la ville de Huntingdon, dans mon comté, qui ont perdu leur emploi à la suite de la fermeture de six usines de textile le 13 décembre 2004. Cette fermeture a entraîné la perte de plus de 800 emplois, touchant ainsi 70 p. 100 — il faut le répéter — de la population active de la municipalité de Huntingdon. Plus d'une centaine de travailleurs âgés ont perdu leur emploi — particulièrement des travailleurs âgés de 55 ans et plus — et se retrouvent aujourd'hui devant rien.
À l'intention des personnes qui nous écoutent et qui nous regardent à la télévision, il est important de rappeler que le secteur du textile et du vêtement traverse une crise. En effet, les industries doivent s'adapter à un environnement commercial qui a changé dramatiquement ces derniers temps. Le 31 décembre 2004, l'Accord sur les textiles et les vêtements, en vigueur depuis 1995, est arrivé à son terme. La fin de cet accord signifie donc que les frontières du Canada et du Québec seront plus ouvertes aux importations, notamment celles de la Chine qui sont en forte croissance.
Je ne vous apprends rien, monsieur le Président, en disant que c'est le gouvernement fédéral qui est responsable de cette ouverture des frontières.
Puis, les États-Unis, principal débouché pour les exportations québécoises, ont conclu une série d'accords qui facilitent l'entrée sur le territoire de vêtements fabriqués à l'étranger à partir de tissus américains, ce qui diminue autant l'accès aux vêtements fabriqués à partir de textiles québécois.
Je tiens à parler de ces travailleurs âgés du textile de Huntingdon en particulier, afin d'exprimer par des exemples bien concrets l'urgence pour le gouvernement de passer à l'action. Des exemples concrets illustrent bien qu'au-delà de nos débats parlementaires, au-delà des études qui ne viennent pas, au-delà des réponses toutes faites de la lors de la période de questions, qui ne veulent rien dire aux gens de Huntingdon, des personnes vivent, au moment où je vous parle, une situation dégradante et humiliante.
Ces personnes, des travailleurs âgés du textile, ont été abandonnées et elles sont maintenant déçues et désillusionnées. Elles ont voulu croire les conservateurs qui leur promettaient l'aide demandée, mais elles ont vite déchanté lorsqu'elles ont vu le vrai visage du gouvernement —, un gouvernement qui, comme le précédent, abandonne les travailleurs âgés à leur sort. Elles ont compris que le Bloc québécois est le seul parti qui lutte pour elles, le seul parti qui porte leurs voix à la Chambre des communes.
Depuis mon élection, je travaille avec acharnement avec les travailleurs âgés du textile de Huntingdon et avec l'ensemble des acteurs de la communauté qui s'est mobilisée autour de la situation dramatique de ces personnes touchées par la fermeture des usines de textile de leur milieu.
Ces citoyens et travailleurs âgés ne demandent que de travailler et de retrouver leur dignité.
Un grand nombre de ces travailleurs du textile se sont inscrits dans une démarche de reclassement. Quelques-uns ont suivi des cours de formation et certains se sont replacés dans d'autres entreprises, mais malheureusement, la majorité des travailleurs âgés n'ont pas réussi à se trouver un autre travail, à cause de leur âge en grande partie.
Il n'est pas question ici de payer des personnes à ne rien faire. Cette pensée circule actuellement et elle est très insultante pour ces citoyens qui ont travaillé toute leur vie et qui ont contribué toute leur vie au développement du Québec et du Canada. Il faut se rendre à l'évidence qu'un grand nombre de travailleurs âgés de 55 ans et plus ne sont pas les premiers choix des employeurs. Et combien de frustrations, de déceptions et d'humiliations sont leur lot, car, bien qu'ils savent qu'ils détiennent l'expérience et la volonté, les employeurs ne les choisissent pas, leur préférant des travailleurs disponibles plus jeunes et plus en santé.
Avec désolation, il semble clair que les travailleurs âgés, en plus d'être victimes des accords mondiaux négociés au-dessus de leur tête, sont aussi en quelque sorte victimes d'âgisme.
C'est une réalité qui ne semble pas...
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je participe à ce débat. Je voudrais d'abord féliciter ma consoeur de qui vient de faire un discours exceptionnel, un discours qui résume très bien la situation que vivent les travailleurs âgés et qui explique bien la nécessité de ce programme PATA.
J'aborderai le problème un peu sous un autre angle, mais avant je voudrais préciser que ce programme est énormément attendu dans mon comté. Je cite en exemple la fermeture possible, d'ici quelques semaines, de la compagnie Norsk Hydro à Bécancour. Elle a laissé entendre que si l'usine n'était pas achetée, il y aurait fermeture. Donc, les travailleurs âgés se retrouveront à 55, à 58 ou à 60 ans sans travail et, comme l'a expliqué ma consoeur, avec peu de chances de se retrouver un emploi.
Bien sûr, tous les efforts de formation seront faits, tous les curriculum vitae seront postés partout et il y aura un soutien de leur syndicat, de l'entreprise et de Ressources humaines Canada. Toutefois, si cela n'aboutit pas, on a besoin d'avoir le support du PATA. Ce qui me choque dans l'attitude des députés conservateurs d'en face, c'est de voir que ce programme a déjà été en vigueur et a déjà fait ses preuves.
Je l'ai vécu dans mon comté. Par exemple, je me rappelle des travailleurs de Marine Industrie. Il y a eu 300 travailleurs qui ont profité de ce programme et sur ce nombre, au-moins une soixantaine avait une troisième année comme niveau de scolarité. Allez donc recycler quelqu'un qui a fait à peu près les mêmes gestes à l'usine pendant 30 à 35 ans et lui demander d'apprendre une nouvelle technologie pour se reclasser. C'est là le drame. À l'époque, ces gens-là ont pu avoir ce soutien. Cela a été la même chose à Tioxide et à Beloit quand ces usines ont fermé. Tout près, dans le comté voisin du mien, des baisses dramatiques d'emploi ont eu lieu à Sidbec-Dosco et on a pu justement appliquer le programme PATA.
Donc, ce programme a été éprouvé dans d'autres usines comme Soreltex, comme Kuchibel, dans la région et dans de plus petites entreprises comme à Saint-Ours, Yamaska, Pierreville ou Nicolet. Cela, c'est seulement dans mon comté. Dans les autres comtés, on a aussi bénéficié de ce programme PATA. Depuis des années, il est réclamé à grands cris, autant par les patrons que par les syndicats, par le monde communautaire, par le monde politique municipal et le monde politique provincial ou fédéral.
Lorsque j'ai écouté le discours du député de la région de , ce matin, ce que j'ai entendu, c'est qu'ils allaient étudier les données, qu'ils allaient encore avoir des comités d'étude pour voir quel programme serait le meilleur. Alors, ce que le député de Mégantic—L'Érable dit à ces gens qui travaillent dans les mines dans son comté, c'est qu'on se fout d'eux; on étudie. Ceux qui travaillent dans les usines de textile dans son comté et qui crient pour avoir ce programme, on les oublie.
Ces conservateurs du Québec prétendaient venir ici et bien représenter les gens du Québec, les gens de leur comté, en apportant des idées nouvelles. Ils disaient qu'eux allaient aider les travailleurs quand ils auraient des difficultés, qu'eux auraient des initiatives et des programmes.
Quand ils étaient dans l'opposition, les conservateurs qui avaient voté avec le Bloc en faveur d'une motion sur le PATA. Ils affirmaient qu'ils allaient être encore plus nombreux. Ils disaient que lorsqu'ils seraient au pouvoir, ils auraient le pouvoir de mettre en application le programme PATA. Le Bloc en parle, mais eux, ils allaient pouvoir le mettre en application.
Aujourd'hui, ces députés du Québec qui tenaient ce discours-là sont assis la tête basse et n'osent même pas dire un mot. C'est cela leur façon d'avoir le vrai pouvoir, c'est de s'écraser, d'abandonner les travailleurs démunis face à leur perte d'emploi.
Cela me choque d'avoir entendu aujourd'hui le député de , la tête haute, dire que ce n'était pas utile, que ce n'était pas nécessaire immédiatement et qu'il fallait étudier la situation.
Où sont les députés de , de , de , de , de , les ministres venant de Beauce, de Jonquière, du Pontiac, de Saint-Laurent? Se lèvent-ils pour parler pour les travailleurs, pour dire que oui, cela a de l'allure, qu'ils vont instaurer un programme PATA et qu'ils vont mettre quelques millions de dollars pour répondre aux besoins des démunis?
On nous dit qu'il faut consulter. Le gouvernement a-t-il consulté lorsqu'il a mis 17 milliards de dollars pour acheter de l'équipement militaire?
A-t-il consulté à ce moment-là? A-t-il consulté lorsqu'il a décidé de prolonger la mission en Afghanistan? Il est arrivé rapidement avec une motion, sans prévenir, sans consulter la population, sans consulter la Chambre et sans débat. Il était prêt. Par contre, il n'a rien à offrir à des travailleurs démunis.
Il y a quelques semaines, quand il a coupé 1 milliard de dollars aux groupements de femmes, lorsqu'il a coupé 1 milliard de dollars dans l'alphabétisation — donc aux plus démunis —, a-t-il fait des consultations, a-t-il convoqué des comités, a-t-il fait des études? La réponse est non. Toutefois, pour l'aide aux travailleurs, il est encore à étudier la question et il veut prendre le temps qu'il faut.
Une voix: C'est du cynisme.
M. Louis Plamondon: Oui, c'est du cynisme.
J'interpelle les 10 députés conservateurs du Québec et je leur dis qu'ils rompent leurs promesses. Eux qui prétendaient répondre aux besoins des travailleurs une fois au pouvoir, ils restent silencieux. Je les vois en face de moi, la tête basse, n'osant même pas se lever parce qu'ils n'ont peut-être pas la permission de leur parti pour le faire. Par contre, ils sont là pour faire des compressions. Ils sont là pour allouer de l'argent au matériel militaire et pour toutes sorte de programmes autres que ce ceux qui pourraient satisfaire les démunis. Ils sont là aussi et surtout pour couper chez les plus faibles. Mais nous nous reverrons aux prochaines élections et nous en reparlerons.
Je termine en disant que ce programme de soutien aux travailleurs âgés — qu'a si bien expliqué ma consoeur plus tôt — n'est pas un luxe.
Ce n'est pas une dépense exagérée, c'est uniquement le gros bon sens: un gouvernement reconnaît que des citoyens ayant travaillé 30 ou 40 ans dans une usine l'ont fait en toute bonne foi et avec la meilleure volonté du monde. Il le reconnaît au point de les soutenir un certain temps, au moment où, malheureusement, la situation économique conduit à un dérapage. Tant mieux si ces travailleurs trouvent un autre emploi. S'ils n'en trouvent pas, le gouvernement les soutiendra jusqu'à 60 ans, et avec le régime des rentes jusqu'à 65 ans, afin que ces travailleurs continuent de vivre dignement.
Voilà ce que dit simplement ce programme. Quand j'entend les députés conservateurs nous dire que cela ne presse pas, qu'ils vont faire des études, je me dis que nous savons maintenant où vont leurs vraies priorités.
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Monsieur le Président, je souhaite partager mon temps avec le député de .
Je me lève aujourd'hui afin de prendre part au débat sur la motion présentée par mon collègue, le député de .
Comme l'a indiqué le député qui a parlé avant moi, les libéraux appuient le principe sur lequel cette motion a été bâtie. Nous appuyons la motion, car l'opposition officielle croit aux droits fondamentaux de tous les travailleurs, et tout particulièrement aux droits des Canadiens de plus de 55 ans. Ces Canadiens sont congédiés plus souvent, ou alors leur emploi est devenu inutile en raison des développements technologiques, ou même, ils ont perdu leur emploi en raison de la faillite des entreprises dans un secteur économique en baisse.
Plusieurs travailleurs de plus de 55 ans sont stigmatisés lorsqu'ils présentent leur candidature, car les employeurs les considèrent comme surqualifiés. Ils sont laissés de côté en raison de leur expérience, une expérience qu'ils ont acquise au cours des années passées sur le marché du travail.
Selon une étude de Statistique Canada publiée en mai 2005, 39 p. 100 des travailleurs âgés de 56 ans et plus ont moins de chances de se trouver un emploi que la moyenne des Canadiens. Je sais que le député d'en face ne croit pas que 55 ans soit vieux, mais pour beaucoup d'employeurs, c'est vieux. Cette anomalie s'explique entre autres par la possibilité de discrimination et la préférence que montrent les employeurs à former une main-d'oeuvre plus jeune, ce qui leur permettra d'obtenir un rendement à beaucoup plus long terme.
Les députés des deux côtés de la Chambre en conviendront, la dignité et la confiance en soi sont des conséquences importantes de l'emploi, surtout pour les travailleurs qui ont des familles. La possibilité de participer au marché du travail est un aspect important des capacités d'un individu, car cela lui permet de comprendre son environnement et, à un moindre degré, le monde dans lequel il vit.
C'est précisément pour cette raison que le gouvernement libéral précédent a investi 55 millions de dollars, de 1999 à 2005, en initiatives pour des projets-pilotes pour les travailleurs âgés. Cela devait être la base de ce qui aurait pu être un programme d'appui au revenu, qui répondrait aux besoins d'une population très vulnérable.
Le gouvernement libéral a entrepris ces projets-pilotes nationaux, car nous avions fait la découverte, lorsque nous sommes arrivés au gouvernement, que les programmes étaient mal pensés et injustes pour les travailleurs plus âgés. Ces programmes, qui avaient été mis en place par le précédent gouvernement conservateur de M. Mulroney, ne s'appliquaient qu'aux secteurs où les licenciements étaient nombreux. On ignorait totalement les besoins du pays en entier, car on ne permettait pas l'accès aux programmes dans toutes les provinces et régions, malgré les disparités régionales des offres d'emploi pour les travailleurs plus âgés.
Des études démontrent aujourd'hui que la retraite est peut-être chose du passé. Les Canadiens devront peut-être travailler jusqu'à l'âge de 70 ans non pas parce qu'ils le désirent, dans certains cas, mais à cause du fait que les lacunes dans la main-d'oeuvre seront telles que les employeurs ne seront plus en mesure d'opter pour cette discrimination, dont je parlais plus tôt, à l'endroit des travailleurs âgés, sur la base du fait qu'ils sont peut-être surqualifiés ou qu'ils n'ont pas les connaissances technologiques ou les outils suffisants pour fonctionner dans une société de plus en plus basée sur la connaissance. Les travailleurs âgés veulent se recycler. C'est pour cela que les projets-pilotes des libéraux avaient été prévus.
Je ne peux pas compter le nombre d'hommes et de femmes qui ont frappé à la porte de mon bureau de comté à , pour me dire qu'ils avaient été remerciés de leurs services. Parfois, ils occupaient des emplois assez haut placés dans le domaine du management. Malheureusement, ils se retrouvaient sans emploi et ne savaient pas vers quoi se tourner. Ils avaient essayé de se recycler et, malgré cela, personne ne leur avait offert un emploi. Pourtant, ils avaient de l'expérience.
Le Québec a reçu 74 projets du total de 125 pour tout le Canada. Cela signifie que 60 p. 100 de tous les projets subventionnés pour les personnes âgées se trouvaient dans ma province. Nous avons reçu environ 21 millions de dollars de l'argent accordé pour la nouvelle formation et les autres besoins en emploi. Pourtant, les libéraux n'ont pas ignoré comme les conservateurs les autres régions du Canada, puisque nous travaillons pour tous les Canadiens, sans égard à la région où ils vivent.
L'année dernière, le gouvernement libéral a accordé 5 millions de dollars afin de prolonger le programme jusqu'en mai 2006, pour un total de 55 millions de dollars. Aujourd'hui, ce même programme n'existe malheureusement plus. Et le gouvernement conservateur n'a donné aucune indication quant à sa manière d'intégrer les résultats des projets-pilotes libéraux et de les ramener vers des projets à plus long terme, et ce, bien que le gouvernement conservateur ait promis de le faire lors du dernier discours du Trône.
De ce côté de la Chambre, nous gardons espoir que le nouveau gouvernement conservateur entreprendra une évaluation bien intentionnée de ces projets-pilotes avant de les éliminer. La population ne veut pas d'un programme qui ne répondra pas aux besoins de tous les Canadiens.
S'il me reste quelques minutes, je souhaiterais parler brièvement des autres investissements libéraux pour les travailleurs. Entre autres, je voudrais énormément parler — parce que c'est si important —, de la Stratégie canadienne des compétences en milieu de travail. En 2004, le gouvernement libéral a lancé cette stratégie pour aider les travailleurs à perfectionner leurs connaissances afin de rester en phase avec un milieu de travail où les conditions sont en constante évolution — nous l'admettons.
Dans le budget de 2005, les libéraux ont accordé des crédits supplémentaires de 125 millions de dollars sur trois ans. Aujourd'hui, les nouveaux conservateurs ont annoncé des coupes de 17 millions de dollars dans le financement de la Stratégie canadienne des compétences en milieu de travail, et cela, parmi leurs compressions budgétaires de 1 milliard de dollars. À cela s'ajoutent — c'est là que je rejoins mon collègue du Bloc québécois — 17,7 millions de dollars. C'est autant d'argent de moins pour les programmes d'alphabétisation.
J'ai souligné cette semaine en Chambre que, selon les statistiques, au Québec seulement, près d'un Québécois sur deux, âgé de 16 à 65 ans, n'a pas les compétences de lecture nécessaires pour fonctionner pleinement dans la société. Tout cela, en dépit du fait que le gouvernement enregistre des surplus de plus de 13 milliards de dollars. Encore une fois, les travailleurs âgés seront peut-être laissés de côté par ce gouvernement.
Est-ce l'idée que se fait le gouvernement conservateur de la responsabilité gouvernementale? Est-ce aussi l'idée que se font les conservateurs de la façon de se tenir debout?
À titre de conclusion, je voudrais demander à mes collègues du Bloc québécois de préciser leur vision d'un programme d'appui au revenu pour les travailleurs âgés. Même si l'intention de la motion est noble, et, évidemment, je conviens de cette intention, cette motion ne traite pas suffisamment de l'approche à ce programme d'appui.