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NDVA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mardi 4 novembre 2003




Á 1150
V         Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.))
V         Le président
V         Vice-amiral Greg R. Maddison (sous-chef d'état-major de la Défense, ministère de la Défense nationale)

Á 1155

 1200
V         Le président
V         M. Jay Hill (Prince George—Peace River, Alliance canadienne)
V         M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ)
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison

 1205
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         Colonel J.A.G. Champagne (directeur, de disponibilité de la Force terrestre, ministère de la Défense nationale)
V         M. Jay Hill

 1210
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         Mme Anita Neville (Winnipeg-Centre-Sud, Lib.)
V         Vam Greg R. Maddison

 1215
V         Mme Anita Neville
V         Vam Greg R. Maddison
V         Mme Anita Neville
V         Le président
V         M. Robert Bertrand (Pontiac—Gatineau—Labelle, Lib.)
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Robert Bertrand
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Robert Bertrand
V         Vam Greg R. Maddison

 1220
V         M. Robert Bertrand
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Robert Bertrand
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Claude Bachand
V         Col J.A.G. Champagne
V         M. Claude Bachand
V         Col J.A.G. Champagne
V         M. Claude Bachand

 1225
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Claude Bachand
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Claude Bachand
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Claude Bachand
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         Mme Elsie Wayne (Saint John, PC)

 1230
V         Le président
V         Mme Elsie Wayne
V         Vam Greg R. Maddison
V         Mme Elsie Wayne
V         Vam Greg R. Maddison
V         Mme Elsie Wayne
V         Vam Greg R. Maddison
V         Mme Elsie Wayne
V         Vam Greg R. Maddison
V         Mme Elsie Wayne
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison

 1235
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison

 1240
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         M. Jay Hill

 1245
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         Col J.A.G. Champagne
V         M. Jay Hill
V         Col J.A.G. Champagne
V         M. Jay Hill
V         Col J.A.G. Champagne
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill

 1250
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill
V         Le président
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill

 1255
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         Mr. Robert Bertrand
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         VAdm Greg R. Maddison
V         Le président
V         Col J.A.G. Champagne
V         Le président
V         Col J.A.G. Champagne
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison

· 1300
V         Le président
V         Vam Greg R. Maddison
V         Le président
V         M. Jay Hill
V         Le président
V         M. Jay Hill
V         Vam Greg R. Maddison
V         M. Jay Hill
V         Le président










CANADA

Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants


NUMÉRO 042 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 4 novembre 2003

[Enregistrement électronique]

Á  +(1150)  

[Traduction]

+

    Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.)): Cette séance du Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants est maintenant ouverte.

    Nous sommes heureux de recevoir aujourd'hui trois témoins, le colonel Champagne, le vice-amiral Maddison et le colonel Snell.

    Bienvenue à vous, messieurs. Avant de vous écouter, nous avons une question à vider, en l'occurrence le rapport de l'ombudsman concernant les déductions injustes des paiements du RARM effectués à d'ex-membres des Forces canadiennes.

    J'ai ici la motion de la réunion du 30 octobre 2003 que je vais lire pour l'édification des membres :

Que le SPDNAC reçoive le rapport de l'ombudsman sur les «déductions injuste des paiements du RARM effectués à d'ex-membres des Forces canadiennes» le 30 octobre 2003, et qu'il implore le ministre de la Défense et le gouvernement d'accepter immédiatement les recommandations formulées et d'y donner suite.

    Voilà donc la motion. Je pense que nous avons suffisamment délibéré de la question la dernière fois, de sorte que nous pourrons sans plus attendre la mettre aux voix.

    C'est Mme Grey, je crois, qui a présenté la motion, appuyée en cela par M. Price.

    (La motion est adoptée)

+-

    Le président: Je remercie tous les membres du comité.

    Nous passons maintenant à l'ordre du jour, l'étude de la coopération pour la défense entre le Canada et les États-Unis.

    Vice-amiral Maddison, je vais vous donner la parole immédiatement car nous vous faisons attendre depuis suffisamment longtemps déjà.

+-

    Vice-amiral Greg R. Maddison (sous-chef d'état-major de la Défense, ministère de la Défense nationale): Merci beaucoup.

    Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants, c'est un vif plaisir pour moi d'être ici aujourd'hui en compagnie du colonel Mike Snell du volet politique ainsi que du colonel Gerry Champagne de la force terrestre afin de discuter avec vous de la mission des Forces canadiennes en Afghanistan.

    J'aurais une déclaration préliminaire à faire au comité, comme vous l'avez dit monsieur le président, après quoi je répondrai avec très grand plaisir à toutes vos questions.

[Français]

    Compte tenu que j'ai aujourd'hui l'occasion de vous adresser la parole pour la première fois depuis le début de la mission à Kaboul, permettez-moi d'abord de vous fournir un survol de la mission, de souligner la contribution canadienne et de présenter ce que nous avons accompli à ce jour.

[Traduction]

    Comme vous le savez, la Force internationale d'assistance à la sécurité, ou FIAS a été autorisée par une résolution adoptée en décembre 2001 par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette mission a pour but d'aider le pouvoir de transition en Afghanistan à maintenir la sécurité à Kaboul et aux alentours afin que les pouvoirs publics locaux et internationaux puissent fonctionner en toute sécurité. En outre, l'OTAN a assumé la direction de la FIAS qui avait été donnée en août dernier à un contingent placé sous un commandement germano-hollandais.

    En participant à la FIAS, le gouvernement canadien voulait surtout empêcher l'Afghanistan de redevenir un non-État pouvant servir de refuge sûr aux terroristes et à leurs organisations à partir duquel ils pourraient conduire leurs opérations en toute liberté. Travaillant de concert avec d'autres nations, nous avons pour objectif essentiel à court terme d' épauler le gouvernement central afghan, d'améliorer le quotidien des gens par un renforcement de la sécurité et de l'assistance, et d'empêcher la réapparition de conditions propices au terrorisme risquant de déboucher sur un nouvel attentat comme celui du 11 septembre.

    Les Forces canadiennes travaillent par conséquent dans le cadre d'une stratégie qui était et demeure en étroite coordination avec le ministère des Affaires étrangères et par l'Agence canadienne de développement international, l'ACDI. Nous sommes unis sur le front diplomatique, sur le front de la défense et sur le front du développement—ce qu'on appelle les «3-D» afin de favoriser la croissance et de promouvoir le pluralisme en Afghanistan.

[Français]

    La mission actuelle de la Force internationale d'assistance à la sécurité comprend environ 5 300 troupes provenant de 31 nations différentes. Aujourd'hui, plus de 2 040 membres des Forces canadiennes sont déployés, soit près de 40 p. 100 de la force totale. Un peu plus de 1 700 personnes sont à Kaboul, les autres étant déployées à notre base de soutien hors de l'Afghanistan. Le contingent canadien est le plus grand contingent national à Kaboul.

[Traduction]

    Permettez-moi de vous exposer brièvement ce que nous faisons au juste au sein de la FIAS. Nous fournissons au quartier général de la FIAS du personnel de maîtrise et de commandement, et notamment son commandant adjoint le Major-général Andy Leslie qui est également le commandant en chef du contingent canadien sur le théâtre d'opérations. Nous fournissons également du personnel au quartier général de la brigade multinationale à Kaboul, et en outre son commandant, le Brigadier général Peter Devlin qui a sous ses ordres trois groupes bataillons dont un groupe bataillon canadien d'infanterie composé principalement de membres du 3e bataillon du Royal Canadian Regiment de Petawawa. Les deux autres bataillons sont fournis par la France et par l'Allemagne.

    Le théâtre d'opérations confié au groupe bataillon canadien se situe au sud-ouest de Kaboul et s'étend sur près de 200 kilomètres carrés, soit à peu près l'équivalent de la grande région d'Ottawa. Ce secteur contrôlé par le Canada est peuplé par près de 800 000 personnes. Il fait partie de la ville, mais il s'étend également au-delà de celle-ci dans les montagnes et les campagnes avoisinantes. Le 3e Bataillon du Royal Canadian Regiment a pour rôle d'effectuer les patrouilles de sécurité, de surveiller et de contrôler la sécurité et d'aider l'armée nationale afghane ainsi que la police locale dans l'exercice de leurs fonctions.

    Chaque jour, il peut y avoir jusqu'à 300 soldats canadiens en patrouille de routine. Il s'agit de patrouilles à pied et motorisées, conduites de jour comme de nuit, au moyen de véhicules blindés légers et de véhicules non blindés. Les troupes canadiennes occupent également des postes d'observation et effectuent des opérations de surveillance dans tout le secteur qui leur est confié. Tout récemment encore, le Canada a commencé à participer à l'entraînement des forces d'infanterie et d'artillerie de l'armée afghane.

Á  +-(1155)  

[Français]

    La force opérationnelle canadienne comprend également plusieurs éléments de soutien tels que des policiers militaires, des logisticiens, des ingénieurs et du personnel des services de santé. Finalement, nous avons également une base de soutien en théâtre qui fournit du soutien logistique supplémentaire à nos troupes et des éléments de transport national, en l'occurrence des avions Hercule.

[Traduction]

    Il s'agit donc d'une force relativement imposante. Il n'a pas été facile de déployer et d'installer ce contingent à Kaboul. La préparation des lieux en vue de l'arrivée des troupes canadiennes a été rendue possible en grande partie par un déploiement initial de ce que nous appelons une «équipe de préparation du terrain». Ce groupe de spécialistes, constitué d'éléments du Groupe des opérations interarmées basé à Kingston a été déployé à la fin mai pour effectuer toutes les activités préalables au déploiement du contingent principal.

    Cette équipe devait ainsi effectuer plusieurs missions de reconnaissance à Kaboul et aux alentours afin de déterminer le meilleur emplacement possible pour le camp, ainsi que les éléments d'appui et de logistique disponibles à Kaboul; négocier avec le quartier général de la FIAS et les différents pays participants pour l'utilisation des installations existantes comme l'aéroport international de Kaboul, superviser l'exécution des contrats conclus pour la construction du camp, que nous avons baptisé «Camp Julien», et la livraison de fournitures, comme le carburant, les vivres et l'eau et planifier et exécuter le calendrier de réception de tout le matériel et de tout le personnel en Afghanistan, du matériel qui avait été expédié du Canada vers la Turquie puis envoyé directement à Kaboul par avion.

    Le fait d'avoir une équipe spécialisée sur place avant l'arrivée des principaux éléments du contingent canadien a permis à ce dernier d'être pleinement opérationnel sitôt arrivé sur place, sans devoir se préoccuper de construire un camp et d'organiser toute la logistique nécessaire. Cette nouvelle doctrine de la préparation du terrain est manifestement, à nos yeux, une réussite, et un grand nombre de nos alliés au sein de l'OTAN ont manifesté un intérêt très vif pour cette façon de faire relativement inédite.

    Même si notre principale mission à Kaboul consiste manifestement à aider les pouvoirs afghans à maintenir la sécurité à Kaboul et dans les environs, nos soldats permettent également d'améliorer le sort de la population. Dans le cadre du contingent canadien, nous avons une composante coopération civilo-militaire mieux connue sous le sigle COCIM ou encore CIMIC. Les équipes COCIM travaillent dans le secteur confié au Canada afin de parer aux besoins les plus pressants de la population locale. Elles assurent la coordination nécessaire avec les organismes non gouvernementaux, les ONG, pour construire et réparer les écoles. Grâce à un concours financier de l'ACD, nous installons de nouvelles pompes à eau, nous réparons les infrastructures et nous faisons l'acquisition de fournitures scolaires et médicales.

    Notre équipe a ainsi pu réparer des puits existants et en forer de nouveaux. L'eau est une denrée essentielle pour la population de Kaboul. En ce qui concerne la santé, les équipes CIMIC procèdent à des évaluations pour déterminer ce qui est nécessaire. À titre d'exemple, nos troupes fournissent à ceux qui en ont le plus besoin des fauteuils roulants offerts par un ONG.

    Voilà donc quelques exemples seulement des nombreuses activités qui concourent à nous rendre populaires dans le coeur et dans l'esprit des Afghans.

[Français]

    De plus, en appui aux autorités locales, les Forces canadiennes appuient l'entraînement de l'armée nationale afghane à Kaboul. Cet entraînement est cohérent avec le mandat de la Force internationale d'assistance à la sécurité et représente un élément de plus de la tâche multidimensionnelle que le Canada poursuit dans cette mission.

    Du point de vue de la sécurité, la situation en Afghanistan est précaire, et ce pays demeure un endroit dangereux. Nous en avons encore eu la preuve il y a quelques semaines avec la mort de deux soldats en patrouille à seulement quelques kilomètres du Camp Julien.

[Traduction]

    Le nombre d'extrémistes dans le sud et l'est de l'Afghanistan a augmenté. On ne sait pas encore si cela va se répercuter à Kaboul même. Nos renseignements indiquent que les extrémistes planifient régulièrement des attaques contre les Occidentaux, le personnel des organisations d'aide et les membres du gouvernement Afghan dans les secteurs ruraux autour de Kaboul et dans le reste de l'Afghanistan. Ils recourent à diverses techniques, notamment les mines, les bombes de circonstances, la guerre ouverte et les fusées.

    Jusqu'ici, il n'y a pas eu tellement d'attaques à Kaboul, malgré l'attentat à la bombe sur un autobus allemand en juin, les attaques à la fusée du 11 septembre sur l'un de nos camps de la FIAS et, évidemment, l'attentat à la mine au début octobre. Ces événements confirment l'évaluation générale des menaces globales que nous subissons depuis un certain temps.

    Cette menace et ces incidents récents ont renforcé notre objectif de faire tout ce que nous pouvons pour donner à nos troupes le meilleur soutien possible. Pas seulement à ceux d'entre nous qui sont en uniforme mais à toute l'équipe de défense, civile et militaire.

    Nous avons donné au personnel des équipements excellents, notamment des véhicules télécommandés qui permettent de procéder à une reconnaissance aérienne de Kaboul dont les résultats sont utilisés par le commandant au sol. Nous leur avons fourni des radars d'acquisition d'objectifs qui permettent de détecter les projectiles en approche. Ils disposent d'un nouvel équipement de vision de nuit, de nouveaux vêtements de combat, de nouveaux viseurs et marqueurs laser ainsi que de véhicules d'artillerie et blindés légers.

[Français]

    Nos soldats ont reçu un excellent entraînement avant leur déploiement et sont munis de règles d'engagement robustes. Ils sont parmi les soldats les plus dévoués, les plus professionnels, à mon avis, et les plus expérimentés au monde, et ils ont énormément d'expérience dans ces opérations exigeantes. Ils ont acquis cette expérience cruciale en Bosnie, au Kosovo, au Timor oriental et lors d'autres missions complexes ailleurs dans le monde, et nous avons appris des leçons importantes que nous mettons en pratique tous les jours en Afghanistan.

[Traduction]

    Notons en particulier que nous assumerons le commandement de la mission en février prochain, et que nous serons très présents au sein du commandement, le lieutenant-général Rick Hillier ayant été désigné commandant V de la FIAS.

    En conclusion, monsieur le président, je suis certain que nous nous acquitterons bien de cette mission importante en Afghanistan. Nous avons d'excellents soldats, un entraînement superbe et un excellent commandement sur place. Un général de l'OTAN a récemment déclaré que, si le Canada s'en allait, il n'était pas sûr qu'un autre membre de l'OTAN puisse faire autant en Afghanistan—ce qui est très élogieux. A mon avis, le Canada apporte une contribution majeure à la stabilisation et à la reconstruction de l'Afghanistan.

    Merci beaucoup de votre attention.

    Merci beaucoup.

  +-(1200)  

+-

    Le président: Merci, Amiral, de vos commentaires.

    Monsieur Hill voulez-vous démarrer la période de questions?

+-

    M. Jay Hill (Prince George—Peace River, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.

    Merci, Amiral, et merci à vos collègues d'être venus aujourd'hui nous éclairer sur la situation en Afghanistan en particulier, puisque c'est essentiellement le sujet de vos observations ce matin, et je vous en remercie.

    Pourrais-je vous poser quelques questions d'ordre général quant à l'équipement tout d'abord. Vous avez mentionné l'équipement de nos troupes en Afghanistan. Peut-être pourriez-vous nous aider à comprendre les proportions et comment sont prises les décisions là-bas.

    Certaines des critiques que j'ai entendues... et on m'a critiqué moi-même de vouloir être un général de salon ou de contester les précisions prises par le commandement sur le terrain. Or, je vous assure, que ce n'est pas du tout le cas.

+-

    M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ): Qui a dit cela?

+-

    M. Jay Hill: Ma foi, je pense qu'il pourra se défendre tout à l'heure.

    En tout cas, je vous assure qu'il n'en est rien. Je cherche simplement à mieux comprendre comment les décisions prises par le gouvernement, en particulier en matière d'achats d'équipement et quel équipement mis à la disposition de nos troupes peut avoir des répercussions sur le processus décisionnel.

    Combien de ces véhicules blindés légers, comme les LAV III et le Bison, avons-nous là-bas par rapport à l'Iltis? C'est ma première question.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Merci beaucoup, messieurs.

    Tout d'abord, avant de décider de ce dont on a besoin pour une mission, on effectue une étude et une analyse approfondies. Nous avons envoyé une équipe de reconnaissance stratégique et une équipe de reconnaissance tactique sur le théâtre d'opérations pour voir ce qu'il nous faudrait pour réussir. Nous avons évidemment vu ce qu'utilisaient nos prédécesseurs et c'était un équipement similaire à ce que nous utilisons aujourd'hui—des marques différentes mais l'équipement était analogue—quant au nombre de véhicules légers et blindés.

    Après quoi, on effectue une analyse avec l'armée afin de déterminer si c'est raisonnable. Nous avons conclu que cet assortiment était absolument essentiel pour que nous puissions faire notre travail—pour non seulement avoir une force suffisante, si nécessaire, mais également pour disposer de la souplesse nécessaire pour en fait réussir à gagner le coeur et l'esprit de la population afghane.

    Lorsque l'équipe de préparation du terrain est allée activer le camp et préparer l'arrivée des troupes, elle a reconfirmé que la combinaison prévue était exactement ce qu'il nous fallait parce que ce que nous voulions, c'était nous assurer a) que nous étions visibles et b) que nos pouvions en fait essayer de comprendre et de traiter avec la population locale pour savoir ce qui était réellement nécessaire. Il est extrêmement difficile quand on a simplement des véhicules blindés qui passent à une allure donnée devant les gens, de pouvoir connaître ces gens-là.

    Il fallait donc voir combien de véhicules de chaque type étaient nécessaires...

  +-(1205)  

+-

    M. Jay Hill: Je vais vous interrompre, si vous permettez, parce que nous n'avons pas beaucoup de temps. Je n'ai que quelques minutes car il va falloir du temps même si j'ai un autre tour.

+-

    Vam Greg R. Maddison: D'accord, désolé.

+-

    M. Jay Hill: Je voulais plutôt vous interroger sur la répartition réelle. Je crois qu'il y a environ 100 Iltis et 50 LAV III et Bison?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Il y avait au début 90 ou 92 Iltis sur le théâtre d'opérations. On a ensuite compris qu'étant donné l'environnement dans lequel ils opéraient, la poussière, etc., le commandant sur place devait disposer d'une plus grande latitude, ce qui nécessitait plus d'Iltis. Il y en a pratiquement tout le temps environ 7 ou 8 p. 100 qui sont immobilisés pour des travaux d'entretien et nous en avons donc ajouté 30 autres. Nous avons maintenant de 120 à 125 Iltis sur place et nous avons 55 ou 56 véhicules blindés. Dix ou onze autres doivent y être envoyés la semaine prochaine ou dans 10 jours.

    Nous avons donc environ 65 véhicules blindés et environ 130 Iltis.

+-

    M. Jay Hill: Savez-vous combien sont dans la configuration de transport du personnel? Parce que je crois que certains de ces véhicules sont configurés pour différentes tâches—par exemple, pour un service d'ambulance ou autre.

+-

    Vam Greg R. Maddison: En effet. Certains véhicules servent à des fins administratives pour les déplacements de gens à l'aéroport, par exemple. D'autres servent à la reconnaissance et d'autres comme plate-formes de commandement et de contrôle.

    Je n'ai pas la ventilation précise pour le parc Iltis. Peut-être que le colonel Champagne le sait mais je n'ai pas le pourcentage exact, monsieur Hill.

    Le savez-vous, Gerry?

+-

    Colonel J.A.G. Champagne (directeur, de disponibilité de la Force terrestre, ministère de la Défense nationale): Non, monsieur. Nous ne parlons que de capacité, et c'est à cela que nous les utilisons sur place.

+-

    M. Jay Hill: Si vous pouviez nous trouver ces chiffres, j'aimerais en effet savoir combien des blindés légers sont faits pour le transport de patrouilles. Autrement dit, qui sont configurés pour cette tâche.

    Évidemment, s'il s'agit d'un camion-remorque ou d'une ambulance, ça ne sert pas à grand-chose au commandant qui essaie de décider, en fonction des risques un jour donné, s'il doit utiliser un Iltis ou un LAV III. Un LAV III doit être configuré d'une certaine façon pour effectuer la mission le jour en question.

    Vous avez dit, à la fin de votre témoignage... et je voudrais d'abord répéter que nous sommes tous bien d'accord—qu'il ne faut pas faire de politique en la matière—sur le fait que, comme vous le disiez, il ne fait aucun doute que nous allons réussir. Nous sommes tous extrêmement satisfaits de nos forces armées. C'est certain.

    Vous avez dit, juste avant de terminer : «Ces événements ont confirmé l'évaluation générale de la menace globale que nous subissons depuis un certain temps».

    Toutefois, après l'accident tragique de la mine qui a tué deux de nos soldats, on a dit que cette menace avait changé alors. Il ne me reste pas beaucoup de temps, mais j'aimerais vous demander si vous pourriez nous expliquer comment on procède à cette évaluation des risques. Pourriez-vous m'expliquer comment l'équipement à la disposition du commandant sur le terrain peut avoir une incidence sur sa décision quant à l'équipement utilisé un jour donné.

    Vous avez dit qu'il y avait un pourcentage élevé d'Iltis immobilisés pour raison d'entretien. Je suppose que les LAV sont beaucoup plus fiables mais ils doivent également être entretenus.

    Vous voyez où je veux en venir. Sur les 55 à 65 véhicules légers à la disposition du général Leslie et de ses commandants un jour donné, si seulement la moitié d'entre eux ont la bonne configuration et que, là-dessus, seulement un certain pourcentage peut être utilisé ce jour-là, il est évident que cela jouera sur son choix du véhicule à utiliser. Et c'est ce qui me préoccupe. Comment procède-t-on à l'évaluation des risques?

    Et quand vous dites que vous estimiez depuis un certain temps que la menace globale était assez élevée, que voulez-vous dire...?

  +-(1210)  

+-

    Vam Greg R. Maddison: Monsieur le président...

+-

    Le président: Je voudrais vous interrompre une seconde.

    Monsieur Hill, vous avez largement dépassé votre temps mais comme la question est, dirais-je, très importante, nous allons laisser l'amiral répondre comme il faut.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Avant même de déployer nos forces, nous avons fait une évaluation générale de la menace pour déterminer la menace réelle pour nos militaires. Bien entendu, nous savions très bien que les mines posent depuis des années une grave menace en Afghanistan. De 9 à 11 millions de mines ont apparemment été posées en Afghanistan.

    Nous savions aussi qu'il y a des groupes en Afghanistan qui ne veulent pas que le président Karzai et son gouvernement, ou d'autres gouvernements à l'avenir, en Afghanistan établissent leur légitimité et qui étaient tout à fait prêts à essayer d'interrompre les activités de la coalition et de la FIAS en Afghanistan.

    Nous avons une cellule de renseignement de sécurité très robuste sur le théâtre des opérations. C'est une cellule nationale qui fonctionne aussi de concert avec nos partenaires de la coalition. Cette cellule s'efforce de déterminer si un groupe quelconque projette une opération contre la FIAS, contre un pays particulier ou contre la coalition dirigée par les Américains à l'extérieur de la FIAS.

    Le commandant a évalué la situation dans notre secteur d'opérations et a considéré qu'il y avait probablement des mines dans la région, mais il y avait eu des véhicules sur ces routes et les ingénieurs avaient déjà mené des opérations de dépollution et une douzaine de véhicules différents avaient déjà emprunté cette route. Le commandant avait donc évalué les risques, et nous obtiendrons, bien sûr, d'autres précisions quand le comité d'enquête aura terminé son travail, mais il a jugé que, comme il n'y avait pas eu d'incident dans le secteur et que nous n'avions vu personne essayer de faire quoi que ce soit contre nos forces et que d'autres véhicules avaient déjà emprunté cette route, nous pouvions y envoyer un véhicule non blindé.

    C'est une décision très difficile à prendre pour un commandant. Il doit tenir compte de toutes sortes de facteurs avant de décider logiquement s'il permettra à des véhicules non blindés d'aller quelque part, ce qu'il ne fera pas s'il a des indications que les risques sont un peu plus élevés dans un secteur donné, mais il faut reconnaître que le niveau des risques est relatif en Afghanistan, et qu'il préférera utiliser des véhicules blindés pour mieux protéger nos militaires.

    Le commandant et ses adjoints doivent donc tenir compte de toutes sortes de facteurs en prenant de telles décisions.

+-

    Le président: Je vais devoir vous interrompre pour l'instant, mais je suis certain, monsieur Hill, que l'amiral pourra répondre à certaines des autres questions que vous avez soulevées, surtout en ce qui a trait à la configuration des véhicules un peu plus tard.

    Madame Neville.

+-

    Mme Anita Neville (Winnipeg-Centre-Sud, Lib.): Merci.

    Je voudrais en savoir un peu plus long sur l'équipe de préparation du terrain. Quel est le rôle de cette équipe exactement? Combien de gens en font partie? Comment cela se compare-t-il avec ce qu'on faisait dans le passé? S'agit-il toujours de la même unité et quel rôle jouera-t-elle dans d'autres pays?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Merci beaucoup de cette question, monsieur le président.

    Nous avions décidé de procéder de cette façon pour notre mission en Éthiopie et en Érythrée. Cette équipe avait joué un rôle relativement modeste à l'époque, mais comme elle avait eu beaucoup de succès, nous avons décidé d'envisager sérieusement quelque chose du même genre pour la mission en Afghanistan.

    Permettez-moi de vous expliquer l'utilité de cette équipe. Auparavant, ceux qui allaient exécuter la mission, effectuer les patrouilles, et ainsi de suite, étaient aussi chargés de construire le camp et d'organiser toute la logistique nécessaire pour l'opération, ce qui détournait un peu l'attention de la principale raison de leur présence sur le théâtre d'opérations. Nous avons donc conclu que nous avions besoin d'un groupe de spécialistes qui pourrait s'occuper de toutes les activités préalables au déploiement.

    Une bonne partie des membres de l'équipe sont des militaires, mais il y a aussi beaucoup de civils qui font partie de l'équipe et qui fournissent des conseils techniques aux militaires. Il y a d'ailleurs encore un certain nombre de civils au camp Julien en Afghanistan qui fournissent de l'appui aux militaires relativement à l'alimentation, au traitement de l'eau, aux usines de traitement des eaux usées, aux systèmes d'ingénierie et aux communications. Le fait d'avoir un groupe de civils a libéré de 80 à 100 militaires pour les opérations.

    Cette équipe s'est donc rendue sur les lieux, a pris les dispositions voulues, a construit le camp et a été protégée par un peloton de défense et de sécurité d'un autre bataillon du RCR, du RCR 2. Cela a vraiment épaté nos alliés parce qu'ils procédaient à l'ancienne manière. Toutes sortes de gens sont venus voir ce que nous faisions et nous ont dit : «C'est tellement simple; pourquoi ne pas y avoir songé plus tôt?»

    Il y a donc eu pas mal d'échange d'information avec les Américains, les Britanniques, les Français et les Hollandais parce qu'ils voulaient tous savoir comment nous avions pu faire une telle chose parce qu'ils trouvaient tous que c'était très futé.

    Je suis convaincu que nos alliés adopteront probablement la même procédure pour leurs missions futures.

  +-(1215)  

+-

    Mme Anita Neville: Merci.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Si vous me le permettez, monsieur le président, j'ajouterai que cette équipe fait partie d'un groupe de Kingston. L'équipe comptait environ 250 personnes à son arrivée sur le théâtre d'opérations et le même groupe s'occupera de fermer le camp une fois la mission terminée. Ce sera aussi utile parce que le contingent principal n'aura pas à s'en occuper.

+-

    Mme Anita Neville: Merci. Cela semble effectivement très simple.

+-

    Le président: Merci, madame Neville. Comme il vous reste encore du temps, je vais donner la parole à M. Bertrand.

+-

    M. Robert Bertrand (Pontiac—Gatineau—Labelle, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.

    Je n'ai que quelques questions à vous poser, amiral. Avons-nous des véhicules de reconnaissance Coyote en Afghanistan?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Oui. Nous avons le LAV III, nous avons les véhicules Coyote, qui font partie de l'escadron de reconnaissance.

    Combien y a-t-il exactement de Coyote, Gerry?

    Je pense qu'il y en a une douzaine, monsieur Bertrand. Je n'ai pas le chiffre exact, mais nous avons des Coyote en Afghanistan.

+-

    M. Robert Bertrand: Vous en servez-vous beaucoup?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Beaucoup. Si je peux faire une analogie, pour les opérations de renseignement de sécurité, de surveillance et de reconnaissance, ces véhicules sont littéralement nos yeux et nos oreilles à longue distance qui nous permettent de savoir ce qui se passe à une certaine distance du camp, plus loin que nos patrouilles dans le secteur qui nous est confié.

    Il n'y a aucun autre contingent de la FIAS en Afghanistan qui possède une telle capacité de surveillance à l'intérieur de son secteur qui puisse communiquer de tels renseignements aux pelotons pour que les sergents, les officiers et le commandant du peloton puissent décider où déployer leurs hommes.

+-

    M. Robert Bertrand: Je voudrais aussi poser une brève question au sujet de la capacité de dépollution des routes. Qu'utilise-t-on pour enlever les mines qui se trouvent sur les routes ?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Pour dépolluer les routes, nous utilisons un groupe d'ingénieurs munis d'équipement spécial qui leur permet de détecter la présence de mines. Nous utilisons aussi beaucoup un véhicule muni de détecteurs pour la dépollution des routes pour que nos militaires puissent les emprunter. C'est une autre capacité que personne d'autre ne possède sur le théâtre d'opération. C'est un véhicule que nous utilisons beaucoup. On l'appelle l'ILDS, je pense, ce qui veut dire système de détection améliorée des mines terrestres. Il s'agit d'une initiative canadienne qui date d'il y a quelques années et qui est très utile.

  +-(1220)  

+-

    M. Robert Bertrand: Et combien de véhicules de ce genre avons-nous?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Nous n'avons qu'un seul véhicule ayant une telle capacité.

+-

    M. Robert Bertrand: Combien de kilomètres de route ce véhicule doit-il dépolluer?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Nous sommes responsables d'un secteur d'environ 200 kilomètres carrés, monsieur le président. Ce secteur englobe une partie du centre-ville de Kaboul, où il y a toujours de la circulation et nous n'utilisons pas le véhicule en question dans la ville même. Cependant, certaines des routes que nous voulions emprunter et que nous empruntons effectivement se trouvent dans des régions rurales et montagneuses. Nous utilisons donc ce véhicule presque constamment pour dépolluer ces routes et revérifier leur sécurité pour garantir dans la mesure du possible que nos militaires peuvent les emprunter.

+-

    Le président: Merci, monsieur Bertrand.

    Monsieur Bachand.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Merci, monsieur le président. Je tiens à remercier l'amiral pour sa présentation.

    Amiral, je suis du Royal 22e Régiment. J'ai eu l'honneur de m'entraîner avec le régiment et d'aller en Bosnie, où il avait été déployé. Sachant qu'il va assumer la prochaine rotation, je vais poser des questions qui portent essentiellement sur ce sujet.

    D'abord, j'aimerais savoir si l'entraînement à Fort Drum est terminé. Je voudrais également que vous me disiez quand il est prévu que le régiment aille à Sherbrooke. Pourriez-vous nous expliquer ce qu'ils vont faire à Sherbrooke--j'imagine qu'ils ne vont pas livrer d'assauts au centre-ville--et nous dire s'ils sont encore à Fort Drum?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Merci, monsieur Bachand.

    Monsieur le président, je pourrais demander au colonel Champagne de vous donner une réponse plus exacte. À mon avis, le niveau d'entraînement à Fort Drum est approprié au combat interurbain. On y a reproduit un petit village du type de ceux qu'on trouve en Afghanistan, où nos soldats peuvent s'habituer à mener des opérations dans un tel milieu.

    Pour ce qui est de notre rotation en Afghanistan, je veux préciser qu'il y avait un petit village de ce genre à Petawawa, mais qu'on n'avait pas l'équivalent à Valcartier. Pour cette raison, l'armée a décidé d'utiliser le petit village de Fort Drum.

+-

    M. Claude Bachand: Sont-ils toujours à Fort Drum?

+-

    Col J.A.G. Champagne: Monsieur le président, ils sont en train de terminer l'entraînement et ils vont se diriger vers Sherbrooke par la suite. Pour répondre à votre question sur l'entraînement à Sherbrooke, je dirai que dans le cadre d'un déploiement effectué dans un théâtre comme celui-là, il y a différentes étapes, et celle de Sherbrooke est spécifique au théâtre des opérations. Ils vont utiliser ce secteur pour être en milieu urbain, ce qui est plus approprié. Ce ne sera pas un entraînement comme celui qui a lieu à Fort Drum, où toutes les armes sont déployées et où l'entraînement est effectué à haute intensité.

+-

    M. Claude Bachand: Est-ce que les soldats vont circuler dans Sherbrooke avec des armes? Qu'est-ce qu'ils vont y faire? Ils ne peuvent pas se mettre à tirer au centre-ville.

+-

    Col J.A.G. Champagne: Non, monsieur. Il s'agit plutôt d'entraînements ayant trait au contrôle de la circulation, par exemple.

+-

    M. Claude Bachand: D'accord.

    Amiral, j'ai l'impression que la zone d'intervention en Afghanistan sera élargie au-delà de Kaboul. Est-ce exact?

  +-(1225)  

+-

    Vam Greg R. Maddison: Merci, monsieur Bachand.

    Monsieur le président, à l'heure actuelle, l'OTAN parle d'un éventuel déploiement à l'extérieur de la ville de Kaboul. On peut décider de faire cela, mais... J'aimerais continuer ma réponse en anglais, si vous le permettez.

[Traduction]

    L'OTAN a décidé de faire un essai dans une ville à l'extérieur de Kaboul. Cette ville est Kunduz, où les Allemands projettent d'installer ce qu'on appelle une équipe de reconstruction provinciale selon le mandat de la FIAS. Si cet essai réussit et si l'OTAN peut augmenter ses effectifs, en principe, parce qu'aucune décision n'a encore été prise, on pourrait élargir la zone d'intervention au-delà de Kaboul.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: S'il y a élargissement de la zone d'intervention, on parle alors d'un autre type de mission. J'entends par là qu'il faut faire un autre type de reconnaissance. Un peu plus tôt, vous avez parlé des drones. Or, il me semble avoir lu que ces véhicules, dans un environnement comme Kaboul, ne rencontraient pas beaucoup de problèmes, mais qu'aussitôt arrivés dans les montagnes, ils faisaient face à des difficultés.

    En ce qui a trait au matériel dont nous disposons, vous avez dit qu'il y avait 120 Iltis et environ 65 véhicules blindés. Est-ce qu'on va garder le même type d'équipement si on élargit la zone d'intervention? Il me semble que dans un cas pareil, la mission va changer. Ce sont les questions que je me pose, et j'aimerais que vous essayiez d'y répondre.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Merci beaucoup pour votre question. À l'heure actuelle, aucun plan ne prévoit que les soldats canadiens vont mener des opérations à l'extérieur de la région où ils sont actuellement. L'OTAN, pour sa part, pourrait choisir plus tard d'y envoyer des forces, mais pour le moment, considérant le nombre de soldats que nous avons, nous allons rester dans notre secteur, près de Kaboul.

+-

    M. Claude Bachand: Si l'OTAN décidait d'étendre la zone d'intervention et demandait au Canada de contribuer à cet effort, est-ce qu'il nous serait possible de changer la mission actuelle pour être en mesure de patrouiller plus largement? Vous conviendrez avec moi qu'il s'agit là d'un changement de mission qui demanderait qu'on apporte à la prochaine rotation des ajustements importants. Est-ce exact?

[Traduction]

+-

    Vam Greg R. Maddison: Monsieur le président, je crois qu'il faudrait augmenter les effectifs si l'on voulait élargir la zone d'intervention à l'extérieur de Kaboul.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Est-il possible d'assister à l'entraînement? Comme je vous le disais, je suis du Royal 22e et j'aimerais savoir s'il me serait possible d'aller à Sherbrooke, par exemple, pour voir comment les choses se déroulent. Est-ce à vous, au ministre ou au secrétaire parlementaire que je devrais adresser cette demande?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Pour vous-même? C'est à moi, sans l'ombre d'un doute.

[Traduction]

    Et si quelqu'un d'autre veut assister à l'entraînement à Sherbrooke, nous serons ravis de vous accueillir.

+-

    Le président: Merci de l'invitation, amiral.

    Avez-vous une question, monsieur LeBlanc? Non?

    Madame Wayne.

+-

    Mme Elsie Wayne (Saint John, PC): Vice-amiral, un militaire en uniforme est venu me voir et m'a dit qu'il s'inquiétait à propos des Hercules.

  +-(1230)  

+-

    Le président: Madame Wayne, puis-je vous demander de parler dans le micro?

    Une voix : Nous ne vous entendons pas, Elsie.

+-

    Mme Elsie Wayne: Oui, c'est ce que quelqu'un m'a dit hier soir.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Pour ma part, je vous entends bien.

+-

    Mme Elsie Wayne: Cela me rassure.

    J'adressais la parole à un autre groupe hier soir et mon mari était là. Selon lui, tout le monde disait qu'on m'entendait mal. Il m'a dit : «Elsie, tu n'as qu'à leur parler comme tu me parles chez-moi et tout le monde t'entendra certainement.»

    Non, je ne crie pas après mon mari.

    De toute façon, j'étais à Terre-Neuve quand ce militaire est venu me voir et m'a dit : «Madame Wayne, nous n'avons pas de pièce de rechange pour nos appareils Hercules et nous n'avons pas l'argent dans le budget pour acheter ces pièces. Pouvez-vous nous aider? Nous avons besoin de ces pièces ou il nous faut de nouveaux appareils.»

    Que se passe-t-il en Afghanistan relativement aux Hercules?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Monsieur le président, je dois dire que notre flottille de Hercules fait de la très belle besogne pour nous. C'est un appareil très utilitaire et l'équipage de ces appareils nous aide beaucoup. C'est peut-être l'un des éléments des Forces canadiennes qui sont les moins bien connus et dont les succès ont fait le moins de bruit au cours des années. Nous avons cependant très souvent recours à eux et c'est pour cela qu'il y a une telle demande pour des travaux d'entretien et des pièces de rechange.

    Nous avons maintenant sur le théâtre des opérations un certain nombre d'appareils Hercules qui sont chargés de fournir un appui à notre mission en Afghanistan. Les appareils Hercules sont aussi utilisés au Canada pour quelques projets pour les services de recherche et de sauvetage et de transport aérien tactique. Ces services font l'objet de beaucoup d'analyses et d'études au quartier général. Le ministre lui-même a dit essentiellement qu'il y avait trois ou quatre secteurs clés que nous devons vraiment améliorer.

    Il y a, bien sûr, le projet des hélicoptères maritimes, la transformation de l'armée au complet et le remplacement des appareils Hercules. Le sous-ministre adjoint au matériel a donc fait beaucoup pour trouver des pièces de rechange pour les appareils Hercules sur le marché mondial parce qu'ils sont tout à fait essentiels à notre succès. Nous essayons d'accélérer les cycles d'entretien pour ces appareils. Nous nous occupons aussi, bien sûr, d'étudier la façon de remplacer cette capacité essentielle pour nous.

    C'est donc une question fondamentale dont nous nous occupons le mieux possible.

+-

    Mme Elsie Wayne: J'espère que vous réussirez. Comme vous dites, vous avez besoin des Hercules et je peux vous dire que vous aurez notre appui des deux côtés de la table au comité si vous avez besoin d'argent pour obtenir des pièces de rechange ou autre chose. Nous serons là pour vous aider.

    Combien de temps nos hommes et nos femmes passent-ils en Afghanistan quand ils y sont déployés, avant de pouvoir rentrer au Canada et d'être remplacés?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Pour répondre à votre question, madame Wayne, le groupe de militaires que nous avons maintenant en Afghanistan a été déployé pour six mois et il sera remplacé en février prochain par le 22e régiment.

    Cela étant dit, chaque militaire a l'occasion de quitter le théâtre pendant environ deux semaines pour rentrer dans sa famille ou rencontrer les membres de sa famille quelque part dans le monde pour décompresser et relaxer avant de retourner sur le théâtre d'opérations. Ils ont cette occasion au moins une fois pendant leur déploiement.

+-

    Mme Elsie Wayne: Ils peuvent le faire.

    Est-ce la norme lorsque nos militaires, hommes et femmes vont en mission, ils soient déployés pour des périodes de six mois? Est-ce la norme?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Monsieur le président, nous nous efforçons de concevoir et d'organiser nos missions pour garantir que personne ne soit déployé plus longtemps que six mois. Il peut arriver dans de rares occasions que l'on décide après une analyse approfondie de garder nos militaires en déploiement pendant plus longtemps, mais à ma connaissance, dans le cas de l'Afghanistan, personne ne restera sur le théâtre plus longtemps que six mois ou six mois et demi.

+-

    Mme Elsie Wayne: Très bien.

    Merci beaucoup, monsieur le président.

+-

    Le président: Merci, madame Wayne.

    Je pourrais peut-être en profiter pour vous poser moi-même quelques questions, amiral.

    La décoration qui sera décernée aux militaires sur le théâtre d'opérations sera la médaille de l'Asie du sud-ouest, n'est-ce pas? Ou bien y a-t-il une médaille spéciale pour l'Afghanistan?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Je voudrais bien pouvoir répondre correctement à cette question, monsieur le président. Je sais que les personnes aux ressources humaines qui sont chargées des décorations et des médailles examinent maintenant la question de savoir comment il faudrait reconnaître la contribution de nos militaires en Afghanistan. Si je ne m'abuse, il y a maintenant deux ou trois possibilités. Je ne peux cependant pas vous dire si l'on a déjà pris une décision à ce sujet parce que cela ne relève pas de moi.

    Comme vient de le dire le colonel Champagne, la décision n'a pas encore été prise. Dès qu'elle le sera, nous pourrons certes en aviser le comité.

  +-(1235)  

+-

    Le président: Je pourrais peut-être revenir aux questions que posait M. Hill à propos de la configuration des véhicules. Vous disiez, je crois, que certains véhicules participent à des opérations comme Medivac et d'autres aux opérations de commandement et aux plateformes de contrôle. Je ne sais pas quelles sortes d'autres configurations vous avez?

    Pouvez-vous nous dire dans quelle proportion ces véhicules serviraient pour le transport des unités d'infanterie, par exemple, par opposition à autre chose? Et pouvez-vous garantir au comité qu'il y a suffisamment de véhicules blindés légers ou de Coyote sur le théâtre d'opérations et que ce n'était pas parce qu'on ne disposait pas de ces véhicules qu'il y a eu cette tragédie, mais à cause d'une décision d'utiliser plutôt le véhicule Iltis?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Oui, monsieur le président. Je crois certainement savoir que le problème ne tenait pas au fait que nous ne disposions de suffisamment de véhicules blindés pour nos missions. La majorité de nos véhicules blindés servent pour les patrouilles, la surveillance et les opérations de reconnaissance. Il s'agissait d'une gestion des risques. Cela fait maintenant une vingtaine d'années que nous avons le véhicule Iltis. Nous nous en sommes servis pour diverses missions un peu partout dans le monde avec beaucoup de succès. Pour que notre mission réussisse en Afghanistan, nous devons accorder la priorité à nos opérations d'abord à pied, c'est-à-dire à la façon dont nous effectuons nos patrouilles; deuxièmement, aux véhicules Iltis; troisièmement, à moins, bien sûr que les risques ne changent, ou que nous obtenions des renseignements montrant qu'on ne devrait pas utiliser l'Iltis sur une route donnée, avec le LAV III; et ensuite, quatrièmement, avec le véhicule Bison, qui est un véhicule blindé du génie.

    La grande majorité de nos patrouilles se font à pied, et celles-ci ont maintenant beaucoup de succès, avec l'appui ultérieurement de véhicules non blindés.

+-

    Le président: Je voudrais vous poser une question, ce qui vous demandera peut-être plus de détails que vous n'en saurez donner. Il m'a semblé, au moment de l'incident au cours duquel deux soldats ont été tués, qu'il y avait des informations en sens divers qui nous venaient à la fois du théâtre des opérations et d'Ottawa en ce qui concernait la cause de l'explosion proprement dite. Il y avait notamment eu, je crois, et je vais peut-être dire une bêtise, il y avait des T-56, des vieilles mines antichars soviétiques, et qu'il était possible que deux ou trois de ces mines aient été empilées.

    Pourriez-vous nous éclairer un peu mieux sur la cause de l'explosion?

+-

    Vam Greg R. Maddison: En fait, non. Si je ne peux vous éclairer un peu mieux à ce sujet, c'est que nous devons attendre que la Commission d'enquête ait terminé son travail, et elle ne pourra pas remettre son rapport au général Leslie en Afghanistan avant une semaine environ. À partir de là, le général formulera ses recommandations et nous les transmettra. De toute évidence, nous allons être très attentifs et très minutieux au niveau des recommandations et des conclusions à tirer de l'enquête, après quoi nous ferons à notre tour nos recommandations au chef d'état-major et au ministre.

    Cela étant dit, lorsqu'on lit les rapports qui ont déjà été établis et lorsqu'on parle au commandant lui-même, on ne peut que conclure que la déflagration a été d'une telle intensité qu'elle ne peut avoir été produite que par l'explosion d'au moins une, sinon deux, voire trois, mines antichars délibérément disposées sur la piste. Il s'agit d'une quantité d'explosifs exceptionnelle étant donné qu'une mine antichar est normalement suffisante pour détruire un char de 70 tonnes. Certaines mines antichars—nous n'en savons encore rien, ou du moins moi je n'en sais rien, mais peut-être la Commission arrivera-t-elle à cette conclusion—ont même une charge creuse qui fait que l'explosion principale se produit à l'intérieur du char, ce qui blesse ou tue la personne qui s'y trouve.

    Nos premières conclusions, et nous allons évidemment attendre que la commission termine son travail, a donc été que l'explosion a été extrêmement forte, le genre d'explosion qui ne peut se produire que lorsqu'on utilise une ou deux mines antichars.

  +-(1240)  

+-

    Le président: Je commence à manquer de temps, de sorte que je vais vous poser rapidement une toute petite question concernant la situation des forces américaines en Irak. Pendant la fin de semaine, je lisais dans le New York Times qu'on avait critiqué certains commandants d'unité, mais également l'organisation logistique, parce qu'il n'y avait pas suffisamment de gilets pare-balles pour tous les soldats envoyés en mission.

    On a également critiqué les véhicules Humvee parce qu'ils ne sont pas suffisamment blindés alors que souvent, ils sont envoyés là où il risque d'y avoir des bombes ou de vieux obus qui traînent le long des routes.

    Qu'est-ce que vous avez appris au sujet du genre de matériel qui a été donné aux Américains pour faire leur travail? C'est évident qu'il y a beaucoup plus d'Américains que de Canadiens en Afghanistan, mais il me semble que les Américains sont un peu au maximum de leurs possibilités du point de vue de la logistique et de l'intendance.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Effectivement, monsieur le président, et je dois vous dire que nous suivons de très près la situation de la coalition en Irak. Si nous le faisons, c'est bien entendu principalement pour savoir s'il y a des leçons à tirer de la façon dont les autres alliés conduisent leurs opérations.

    En second lieu, pour ce qui est de la capacité de nos avions Hercules qui sont basés en dehors de l'Afghanistan, s'il nous reste une quelconque capacité en fait de nombre de missions, nous avons effectivement autorisé ces appareils à transporter du matériel et de l'équipement en Irak pour aider la coalition après la fin de la guerre. Nous voulons donc surveiller de très près le niveau de danger que ces avions risqueraient de rencontrer.

    Les Américains connaissent actuellement une passe très difficile, cela ne fait absolument aucun doute. Il nous semble d'ailleurs que les groupes extrémistes qui subsistent en Irak les prennent tout particulièrement pour cible. Ces groupes sont très malins, ils choisissent apparemment très minutieusement le genre de matériel que les Américains utilisent en s'efforçant d'en exploiter la moindre faiblesse. En revanche, les Américains ont d'énormes moyens sur le terrain. Cela dit, c'est eux qui sont pris pour cible. Il est assez intéressant de voir ce qui se passe dans leur cas alors qu'à Basra, là où ce sont les troupes britanniques qui sont en place, la situation est très calme.

    Je ne veux pas arriver à en conclure quoi que ce soit, mais laissez-moi simplement vous dire que la campagne que nous menons en Afghanistan, pour gagner les coeurs et les esprits, ressemble à s'y méprendre à ce que font les Britanniques dans le secteur qui leur est confié. Nous sommes d'ailleurs en relation étroite avec eux afin d'aligner nos méthodes d'intervention respectives dans les opérations de maintien de la paix afin que celles-ci puissent aboutir.

    Peut-être y a-t-il là des leçons à tirer pour les autres pays qui font partie de la coalition en Irak.

+-

    Le président: Je ne veux pas gruger davantage le temps d'intervention de M. Hill, mais que je sache, les Américains essaient de faire exactement la même chose. Je ne sais pas s'ils s'y prennent différemment ou s'ils ont des problèmes différents, mais peut-être pourrions-nous y revenir un peu plus tard.

    Monsieur Hill.

+-

    M. Jay Hill: Merci, monsieur le président.

    Amiral, j'espère que vous m'aiderez à un peu mieux comprendre votre réponse à une question que vient de vous poser le président. Si je vous ai bien compris, vous nous avez dit que le nombre de blindés légers disponibles le jour de la tragédie n'aurait pu avoir aucune incidence sur la décision prise par le commandant d'utiliser tel ou tel véhicule. Pourtant, lorsque vous avez répondu à une de mes questions, vous avez reconnu que vous ne saviez pas combien de ces 55 ou 65 véhicules qui sont déployés là-bas sont équipés pour transporter du personnel pour une mission comme celle-là.

    Puisque cela me semble un peu une contradiction, comment pouvez-vous venir nous dire que cela n'aurait pu n'avoir aucun impact sur la décision prise par le commandant d'utiliser tel ou tel genre de véhicule, et cela en fonction d'une analyse du niveau de risques, dans la mesure où on ne sait même pas... J'imagine qu'il pourrait être possible que, ce jour-là, tous ces véhicules aient été à l'atelier.

    Savez-vous au juste combien de véhicules étaient disponibles ce jour-là?

  +-(1245)  

+-

    Vam Greg R. Maddison: J'ignore combien de véhicules étaient disponibles ce jour-là, mais le commandant de l'unité devrait le savoir. Par contre, ni lui, ni son état-major sont venus nous trouver pour nous dire : «Nous n'avions pas suffisamment de véhicules ce jour-là ce qui nous a obligés à envoyer l'Iltis». Nous avons... à ce moment-là, environ 50 véhicules blindés, utilisés surtout pour des patrouilles, la surveillance et la reconnaissance. Je n'ai pas le nombre exact en tête, mais je sais que ces véhicules étaient majoritairement utilisés pour ce genre de mission.

    Cela dit, après l'accident... ou plutôt après cette attaque délibérée, le niveau spécifique de danger pour les Canadiens a changé du fait que nous étions délibérément pris pour cible. Cela a poussé le commandant à dire—et tout cela n'était pas un facteur en cause parce qu'il ne m'en avait jamais parlé, en ce qui concerne la décision d'utiliser tel ou tel type de véhicule le jour en question—«je pense avoir besoin d'un plus grand niveau de souplesse, c'est-à-dire d'un plus grand nombre de véhicules blindés que je peux utiliser, car il est vraisemblable qu'à partir de maintenant, je vais les utiliser plus souvent que je n'ai utilisé les Iltis».

    Suite à cela, il m'a demandé une quinzaine de véhicules blindés de plus, 11 LAV-III et quatre Bison, pour le corps du génie. D'ailleurs, ces véhicules sont en ce moment même en train d'être livrés à nos forces en Afghanistan. Cinq d'entre eux je crois sont déjà arrivés et, d'ici une semaine environ, les autres seront livrés par avion.

    Cela répond-il à votre question?

+-

    M. Jay Hill: Oui, je vous remercie.

    Lorsque vous avez répondu à une question de M. Bertrand je crois, concernant les véhicules de déminage spécialisés utilisés sur le théâtre des opérations, vous aviez dit que nous en avions un sur place. En avons-nous davantage en réserve? En avons-nous plus qu'un seul, ailleurs dans le monde, au Canada par exemple?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Je pourrais demander au colonel Champagne de vous donner des détails à ce sujet, mais je pense que les Forces canadiennes en ont deux au total.

    Gerry?

+-

    Col J.A.G. Champagne: En effet, amiral, vous avez raison, nous en avons deux.

+-

    M. Jay Hill: Et l'un de ces deux véhicules est en service là -bas.

    Étant donné que le niveau de danger a changé, n'a-t-on pas pensé qu'un seul de ces véhicules spécialisés ne serait pas suffisant pour déminer toutes les routes qu'on nous demande d'emprunter?

+-

    Col J.A.G. Champagne: Si vous me le permettez, monsieur, laissez-moi vous dire que dans les cas de ce genre, on demande au commandant d'établir des priorités. Nous n'avons jamais suffisamment de véhicules de ce genre pour pouvoir faire tout ce qui serait nécessaire, de sorte que tout est une question de priorité et de niveau de danger. Dans le cas qui nous occupe, le commandant de l'unité évaluera le niveau de... je ne parlerai pas de «risque», mais plutôt le niveau de sécurisation nécessaire, et en fonction de cela il affectera le véhicule là où cela est nécessaire.

+-

    M. Jay Hill: Lorsqu'il vous a parlé, le commandant vous a-t-il dit qu'à son avis un seul de ces véhicules suffisait? J'imagine que c'est ce qu'il vous dit.

+-

    Col J.A.G. Champagne: En effet, monsieur.

+-

    M. Jay Hill: Il ne vous a pas demandé le second, donc j'imagine qu'à son avis, un seul de ces véhicules est suffisant?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Vous avez parfaitement raison, monsieur Hill.

+-

    M. Jay Hill: D'accord.

    Toujours en ce qui concerne cette tragédie qui est survenue à l'extérieur de Kaboul, vous avez dit, je crois, amiral, que nos forces devaient patrouiller un secteur de 200 kilomètres carrés.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Milles carrés.

+-

    M. Jay Hill: D'accord, 200 milles carrés. Et j'imagine que la majorité de ce secteur se trouve à l'extérieur de la ville de Kaboul, n'est-ce pas?

  +-(1250)  

+-

    Vam Greg R. Maddison: Oui.

+-

    M. Jay Hill: Le ministre et d'autres nous ont dit, et c'est compréhensible, que la majorité des patrouilles dans la ville, du fait de certaines restrictions, de toutes les démolitions et de l'étroitesse des rues, du monde, etc., doivent se faire à pied, comme vous l'avez dit vous-même tout à l'heure, ou en Iltis, dont les dimensions sont limitées. Toutefois, je voudrais parler des patrouilles en dehors de la ville, comme celle de ce jour tragique.

    Pour les patrouilles à l'extérieur de la ville, sur ce genre de pistes, je crois savoir que l'on met maintenant un blindé léger en tête du convoi?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Ça dépend. Pour certaines de leurs missions, c'est tout à fait exact, selon l'évaluation des besoins pour une patrouille particulière ce jour-là ou à ce moment et, dans d'autres cas, c'est différent.

    Je ne voudrais pas que vous ayez l'impression qu'à l'extérieur de Kaboul, il n'y a personne, que c'est entièrement rural, parce qu'il y a des tas de petits villages plus ou moins importants où, selon l'évaluation du commandant ce jour-là, il peut décider d'envoyer des véhicules non blindés et des patrouilles pour continuer à rétablir la confiance parmi la population.

    Je vais vous relater au moins une anecdote qui montre ce que l'on peut obtenir de cette façon. Nos gars allaient entrer dans un bâtiment mais, grâce aux relations qu'avait pu établir le sergent responsable d'une de ces patrouilles, un des Afghans locaux les a prévenus de ne pas entrer parce que le bâtiment était piégé. Quand on a fait venir les experts en explosifs, c'est exactement ce que l'on a découvert.

    Donc, cela montre que parce qu'ils réussissent à avoir des contacts personnels avec les Afghans, on a pu gagner leur confiance au point qu'ils nous mettent en garde contre les dangers. Cela a probablement évité des blessures sinon la perte de vies.

+-

    M. Jay Hill: Me reste-t-il du temps?

+-

    Le président: Certainement.

+-

    M. Jay Hill: On m'a signalé que les soldats sur le terrain se plaignaient que les cartes qu'on leur donne pour effectuer leurs patrouilles à pied à l'extérieur de la ville ne sont pas fiables. Pourriez-vous nous dire ce qu'il en est? Est-ce exact? On entend toujours parler de ce genre de problème lorsque l'on déploie des militaires dans des lieux dangereux.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Nous avons un excellent service de cartographie qui dépend en fait de mon organisation. Nous avons fourni au bataillon et aux commandants certains produits excellents pour mener leurs opérations. Tout le monde ne dispose pas d'un GPS mais chaque véhicule ou chaque patrouille en a un afin qu'ils sachent toujours exactement où ils sont, etc.

    Les commandants sur le terrain ne nous ont jamais dit qu'ils manquaient de quoi que ce soit. Ils n'hésitent pourtant jamais à le faire quand ils manquent de matériel. Ils n'hésitent jamais non plus à demander des rations supplémentaires, ou autre chose. Ce n'est certainement pas qu'ils n'osent pas. Sinon, ils nous diraient : «Vous savez, on croyait qu'on avait exactement tout ce qu'il nous fallait, mais il nous faudrait certains autres outils!» Toutefois, cette fois, nous n'avons jamais rien entendu de semblable.

+-

    M. Jay Hill: Vous n'avez donc reçu aucune demande des troupes pour ce qui est...? Par exemple, vous avez parlé de GPS, de satellite de positionnement global, de récepteurs, au cas où un soldat soit séparé de son groupe. Si le commandant avait un GPS et qu'un de ses soldats en patrouille se trouvait séparé du reste...

    Là encore, d'après ce que l'on me dit, et j'ai reçu des rapports et vu certaines choses à la télévision, les femmes de certains de ces soldats achètent ce genre d'équipement pour le leur envoyer. Je suppose que c'est parce que leur mari leur ont demandé. Elles ne feraient pas cela autrement—à moins qu'il s'agisse d'un cadeau de Noël ou autre.

    Je vous demande simplement si vous n'avez pas reçu de demande officieuse par la bande pour ce genre d'équipement pour tous les soldats plutôt que simplement pour les commandants ou autres responsables?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Monsieur Hill, je n'ai pas reçu de demande spécifique du genre. Il est toutefois très probable que certains soldats souhaiteraient avoir leur propre GPS pour exercer leurs activités. Mais pour réaliser la mission et pour permettre aux patrouilles de le faire, le commandant a déclaré ce dont il avait besoin et affirmé qu'il n'avait besoin de rien d'autre.

+-

    M. Jay Hill: Là encore, je suppose que cela résulte d'une évaluation des risques et que celle-ci aurait permis au commandant de conclure qu'il n'était pas nécessaire de fournir ce genre d'équipement à chaque militaire?

  +-(1255)  

+-

    Vam Greg R. Maddison: Tout à fait. Je dirais aussi que j'aurais du mal à croire que nos sergents, nos caporaux-chefs et nos lieutenants laisseraient l'un de leurs soldats partir tout seul en mission, sans personne pour l'accompagner. Ce n'est pas la façon dont nous opérons. Nous n'envoyons pas de soldat seul, comme cela, à moins qu'il ne s'agisse d'opérations extrêmement spéciales, ce que nous ne faisons pas en fait dans cette mission particulière, comme des opérations de tireur d'élite. Et même là, ils n'y vont pas seuls.

+-

    M. Jay Hill: Non, non, comprenez-moi bien, amiral, je ne voulais pas dire que l'on donnerait l'ordre à quelqu'un d'aller patrouiller sans ce genre d'équipement. Je disais simplement qu'il pouvait arriver que durant une patrouille de nuit, par exemple, quelqu'un se trouve accidentellement séparé du reste de la troupe et se retrouve le lendemain matin dans une zone disputée.

    Je ne sais pas, je ne suis pas allé là-bas. Je dis simplement que c'est peut-être le genre de préoccupation qui conduirait un soldat à envoyer un courriel à sa femme pour lui dire qu'il serait plus à l'aise s'il avait cet équipement sur lui au cas où un tel scénario se produise. Je ne voulais pas dire que ce serait une décision délibérée de la part de quiconque.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Bien.

+-

    Le président: Merci, monsieur Hill.

    Monsieur Bertrand.

+-

    Mr. Robert Bertrand: Merci beaucoup, monsieur le président.

    Je voudrais revenir sur le représentant de l'OTAN qui a été si élogieux à l'égard des compétences de l'Armée canadienne. Nous avez-vous donné son nom?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Monsieur le président, c'est un peu délicat. Si le pays de ce général apprenait qu'il avait dit cela, il pourrait se trouver dans une situation gênante parce que c'est en fait une critique vis-à-vis de son propre pays. Je préférerais ainsi ne pas vous donner de nom, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

+-

    Le président: Merci, monsieur Bertrand, de cette question pénétrante.

    Des voix : Oh, oh!

+-

    Vam Greg R. Maddison: Je me contenterai de dire que c'est l'un de nos plus proches alliés,sans plus.

+-

    Le président: J'ai une petite question pour vous concernant la composition des bataillons français et allemand opérant avec les Canadiens à Kaboul. Pouvez-vous nous donner une idée de leur moyens sur le plan de l'armement blindé et des armes antiblindées?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Merci, monsieur le président, pour cette question.

    Tout d'abord, il y en a deux, les Français et les Allemands, comme vous dites, mais ces deux bataillons ne sont pas composés que de Français ou d'Allemands. Leurs bataillons sont aussi composés de ressortissants d'autres nations. Cependant, il s'agit de deux bataillons d'infanterie et ils disposent donc surtout d'équipement léger. Ils ont du matériel blindé, mais pas autant que le bataillon canadien.

+-

    Le président: Ont-ils des blindés lourds?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Vous voulez dire des chars d'assaut?

+-

    Le président: Oui.

+-

    VAdm Greg R. Maddison: Non. La FIAS ne dispose pas de chars d'assaut, en l'occurrence.

    À vrai dire, certaines patrouilles sortent sans vestes pare-éclats ou protection balistique. Ils ne se sont pas servis des couvertures antibombes, les couvertures en Kevlar, dont nous nous servons lorsque nous sortons en Iltis par exemple. À vrai dire... Pas pour être méchant, mais je vous dirais qu'à cause de l'incident d'octobre nos partenaires se sont grouillés un peu. Ils avouent maintenant qu'ils auraient dû avoir, eux aussi, ce que nous avions et ils sont en train de s'en procurer.

    En gros, ils ont les mêmes moyens que nous, mais pas en matière de véhicules blindés.

+-

    Le président: Une dernière question : certains d'entre nous ont trouvé intéressant d'apprendre que nous avions de l'artillerie à Kaboul. Nous avons donc une puissance de feu indirect, mais nous n'avons ni missiles TOW ni ADATS pour nous défendre contre les blindés. Et j'aimerais savoir si nous avons un Carl-Gustaf là-bas?

+-

    Col J.A.G. Champagne: Oui, monsieur, et nous disposons aussi de TOWs.

+-

    Le président: Nous avons des TOWs?

+-

    Col J.A.G. Champagne: Oui, monsieur.

+-

    Le président: Bon. Mais pas d'ADATS.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Non.

    Pour ce qui est de l'artillerie, deux raisons militent en sa faveur. La plus importante, c'est qu'il s'agit d'un moyen de dissuasion. La présence de l'artillerie envoie un message clair à ceux qui voudraient peut-être vous faire du mal. Deuxièmement, évidemment, on peut s'en servir en cas de besoin. Elle nous est plus utile déployée en Afghanistan qu'au Canada.

    La raison première, donc, c'est qu'il s'agit d'un moyen de dissuasion, mais cela ajoute aussi à nos moyens de défense. Et nous sommes le seul contingent à disposer d'artillerie là-bas.

·  -(1300)  

+-

    Le président: Et je suppose qu'on a aussi des mortiers.

+-

    Vam Greg R. Maddison: Oui.

+-

    Le président: Parfait.

+-

    M. Jay Hill: Une dernière question?

+-

    Le président: Très courte, parce que nous avons déjà dépassé l'heure prévue.

+-

    M. Jay Hill: C'est une question courte.

    Je crois que c'est le président qui vous a posé une question à propos de l'Irak. Pouvez-vous nous dire s'il y a ou non des troupes canadiennes déployées en Irak et, si c'est le cas, quel est leur rôle là-bas?

+-

    Vam Greg R. Maddison: Merci beaucoup, monsieur Hill. Nous avons un programme d'échange et de liaison auquel participe notre personnel militaire canadien, c'est-à-dire soldats, marins, aviateurs et aviatrices ainsi que les militaires d'autres nations. Les États-Unis et la Grande-Bretagne participent à ce programme. Aux dernières nouvelles, nous avions quatre Canadiens qui participaient à ce programme d'échange avec les États-Unis et le Royaume-Uni en Irak. Ils y jouent un rôle soit au quartier général, soit comme policiers militaires et ainsi de suite.

    Donc, oui, il y a une poignée de Canadiens en Irak.

+-

    M. Jay Hill: Merci.

-

    Le président: Merci.

    Amiral, colonels, au nom du comité j'aimerais vous remercier d'avoir pris le temps de participer à la réunion d'aujourd'hui. Elle a été très intéressante et nous avons hâte de vous revoir.

    La séance est levée.