Bienvenue à la 85e réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes, que j'aime appeler — et il semble que M. Johns le désapprouve — « le puissant Comité ».
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 17 octobre 2022, le Comité se réunit pour poursuivre son étude sur l'application ArriveCAN.
Comme d'habitude, je vous rappelle qu'il ne faut pas mettre les oreillettes à côté du microphone, car cela provoque une réaction acoustique et peut causer des blessures.
Je vais faire rapidement le point sur des documents dont nous avons demandé la production.
M. Firth, de GC Strategies, a communiqué avec le Comité au sujet des documents bancaires liés à GC Strategies. Nous les attendons aujourd'hui. Bien entendu, ils seront ensuite traduits.
Avant que nous commencions, je vais me servir de la prérogative de la présidence. C'est l'anniversaire de ma femme.
Des voix: Ha, ha!
Le président: Je sais qu'elle regarde la réunion sur CPAC.
Des voix: Joyeux anniversaire.
Le président: Je tiens à souhaiter un joyeux anniversaire à ma femme Sasha. Bien sûr, je suis radin. Comme cadeau d'anniversaire, j'emballerai un exemplaire du budget supplémentaire des dépenses (B) que je rapporterai à la maison.
Une voix: Vous êtes vraiment radin. Que diriez-vous d'une bonne bouteille de vin pour votre femme?
Des voix: Ha, ha!
Le président: Je sais.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. Je suis ici pour parler du rôle de Services publics et Approvisionnement Canada relativement au soutien apporté à l'Agence des services frontaliers du Canada dans le cadre des travaux sur l'application ArriveCAN.
Aujourd'hui, je suis accompagné de trois membres de la Direction de l'acquisition des services professionnels, soit Mme Angela Durigan, gestionnaire; Mme Silvana Mansour, chef d'équipe d'approvisionnement; et Mme Anita Chan, spécialiste en approvisionnement.
[Traduction]
J'aimerais souligner qu'il est tout à fait inhabituel que des fonctionnaires chargés des achats opérationnels en première ligne soient appelés à témoigner devant des parlementaires. Je tiens à les remercier de s'être joints à moi aujourd'hui pour soutenir le Comité dans le cadre de son étude en donnant un meilleur aperçu des marchés publics et du rôle des professionnels de l'approvisionnement.
Avant de commencer, j'aimerais souligner que la terre sur laquelle nous nous réunissons est le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Dès les premiers jours de la pandémie, alors que le gouvernement du Canada, comme tous les autres gouvernements, travaillait d'arrache-pied pour faire face à la pandémie, les professionnels de l'approvisionnement de SPAC ont travaillé sans relâche pour aider les ministères et les organismes à s'approvisionner en fournitures et à trouver des fournisseurs dans le cadre de cette réponse. Pour mettre les choses en perspective, il s'agissait du début de la pandémie, au moment où il y avait des confinements partout au pays, où les hôpitaux débordaient et où des gens étaient malades et mouraient. C'était aussi une période durant laquelle les chaînes d'approvisionnement se sont effondrées. Il était très difficile de s'approvisionner en fournitures et de trouver des prestataires de services.
À ce moment, l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, a analysé sa capacité interne. Elle n'était pas en mesure de concevoir une application avec ses ressources en personnel. Par conséquent, l'ASFC a contacté notre ministère pour un besoin urgent de services professionnels afin de soutenir la conception, l'intégration et la maintenance d'un outil dont on avait besoin d'urgence pour appuyer la mise en œuvre de mesures frontalières afin de réduire le risque d'importation et de transmission de la COVID‑19. Cet outil est devenu celui que nous connaissons aujourd'hui sous le nom d'ArriveCAN.
L'ASFC a envisagé plusieurs options pour la mise en œuvre de l'application, y compris le recours à du personnel interne. Toutefois, cette option a été écartée, car l'Agence n'avait pas la capacité ou le savoir-faire technique qu'il fallait pour concevoir une application aussi complexe avec le personnel dont elle disposait. Pour trouver l'assistance informatique nécessaire, SPAC a aidé l'ASFC à accéder à des ressources dans le cadre de plusieurs méthodes d'approvisionnement en services professionnels gérées par SPAC et à mettre en place de nouveaux contrats pour répondre aux besoins, dont certains ont été conclus en vertu de pouvoirs de passation de marchés en cas d'urgence.
D'après les informations reçues de l'ASFC à ce jour, un total de 46 contrats ont été utilisés, en tout ou en partie, par l'ASFC pour obtenir des services professionnels et des licences de logiciels afin de soutenir, de créer et de maintenir l'application ArriveCAN. Trente et un de ces contrats ont été attribués par mon ministère. Sur ces 31 contrats, 19 ont été attribués à la suite d'un processus concurrentiel dans le cadre d'arrangements en matière d'approvisionnement préétablis; 8 concernaient l'acquisition de licences de logiciels, pour lesquelles il a été nécessaire de recourir à des contrats à fournisseur unique en raison des droits de propriété intellectuelle ou d'un besoin urgent; et 4 étaient des contrats à fournisseur unique pour des services de consultation en TI en raison de l'urgence.
Pour que les choses soient claires, le Règlement sur les marchés de l'État ainsi que le cadre politique connexe permettent à SPAC et aux ministères de conclure des marchés à fournisseur unique en cas d'extrême urgence. La pandémie était une telle urgence. En outre, afin d'appuyer l'exécution d'une réponse efficace et rapide du gouvernement à la pandémie mondiale de COVID‑19, le Secrétariat du Conseil du Trésor a approuvé des augmentations temporaires des limites de ces pouvoirs de passation de marchés en situation d'urgence.
Pour 23 contrats, les travaux ont été autorisés « sur demande » au moyen d'autorisations de tâches. La plupart de ces contrats fondés sur les tâches ont été mis en place en utilisant les méthodes d'approvisionnement préexistantes du gouvernement.
[Français]
Ces arrangements permettent au Canada de solliciter des propositions auprès d'un bassin de fournisseurs préqualifiés, en vertu d'une liste de critères prédéfinis, et de tirer profit de modalités de contrats préétablies.
[Traduction]
Ces arrangements ont été établis pour accroître l'efficacité du processus de passation des marchés et fournir aux clients des services plus rapides avec des coûts administratifs collectifs moindres. De par leur conception, ils fournissent un cadre permettant aux ministères clients de mettre en place leurs propres contrats et autorisations de tâches beaucoup plus facilement et d'administrer leurs propres contrats.
Dans le cadre de ces arrangements, les ministères clients élaborent des énoncés de travail et des critères d'évaluation pour le processus de sélection. Si la valeur du contrat est inférieure à 3,75 millions de dollars, le ministère peut faire office d'autorité contractante, c'est‑à‑dire gérer la procédure de passation de marché et mettre en place le contrat. Si la valeur est supérieure à 3,75 millions de dollars, SPAC administre la sélection et l'attribution du marché. Dans les deux cas, c'est le ministère client qui évalue les propositions techniques et qui procède aux vérifications et aux clarifications. En tant qu'autorité contractante, SPAC procède à l'évaluation financière et applique les critères d'évaluation pour recommander un gagnant. Nous vérifions tous les habilitations de sécurité des entreprises et des individus au moment de l'attribution. De plus, nous attribuons le contrat une fois qu'il a été approuvé par le ministère client.
Ces contrats ont permis à l'ASFC de faire appel rapidement aux ressources dont elle avait besoin, avec les compétences techniques spécifiques à différents stades de la création de l'application.
Une fois le contrat en place, son administration est une responsabilité partagée entre SPAC...
:
Je vais conclure très rapidement.
Je voudrais seulement terminer en soulignant que les contrats de TI sont un élément très important pour soutenir les petites entreprises au Canada, et les entreprises autochtones en particulier. Au sein de ce comité, vous avez entendu le témoignage de représentants de Dalian, qui est une entreprise autochtone. Dans le cadre de la stratégie de passation de marchés pour les entreprises autochtones, les ministères et organismes fédéraux peuvent réserver des marchés aux entreprises autochtones lorsqu'il existe une capacité connue. Dalian en est un exemple.
Ce qu'il est important de comprendre, c'est que dans le cadre de la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, 33 % des ressources contractuelles ou des sous-traitants doivent être autochtones, non pas pour une autorisation de tâches particulière, mais pour la valeur globale du contrat. Les entreprises autochtones peuvent donc sous-traiter avec des entreprises non autochtones.
Je tiens à nouveau à remercier le Comité de nous donner l'occasion de témoigner. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Monsieur Mills, vous avez commencé votre déclaration préliminaire en disant qu'il est inhabituel que nous recevions ici, de façon générale, si je puis dire, les cadres intermédiaires et non les hauts fonctionnaires. C'est tout à fait inhabituel, mais ce qui l'est également, c'est que les Canadiens ont payé 54 millions de dollars pour l'application ArriveCAN. Ce qui est encore plus inhabituel, c'est l'enquête de la GRC, qui porte sur des allégations de faux curriculum vitae, de vol d'identité, de collusion et de contrats frauduleux. C'est vraiment extraordinaire.
Ce qui est aussi extraordinaire, monsieur Mills, c'est que le gouvernement a pour habitude de ne pas écouter les femmes, de laisser les hommes parler au nom des femmes. Vous pouvez vous adresser à Jane Philpott si vous voulez en savoir plus à ce sujet. Vous pouvez en parler à Jody Wilson-Raybould ou à Celina Caesar-Chavannes. Initialement, nous avions invité ces trois femmes, sachant qu'elles seraient parfaitement capables de répondre elles-mêmes.
Enfin, monsieur Mills, si vous me le permettez, ce comité a malheureusement l'habitude de voir des cadres supérieurs du gouvernement ne pas nécessairement lui dire la vérité. Hélas, je pense que c'est lié à leurs dirigeants politiques, mais c'est certainement un sujet qui requiert une discussion plus approfondie.
Compte tenu de tout cela, monsieur Mills, je crois que mes collègues et moi communiquerons surtout avec les trois autres personnes ici présentes, celles que nous avions invitées au départ et...
:
Il me reste donc 4 minutes et 30 secondes. Je vous remercie.
Ce que je disais et ce que j'essayais d'expliquer aux deux témoins que nous n'avions pas invités au départ, c'est que malheureusement, comme vous le savez bien, monsieur Johns, il est déjà arrivé au sein de ce comité que des cadres supérieurs du gouvernement ne soient pas francs avec nous et ne nous disent pas nécessairement la vérité.
Je pense que dans cette salle, je peux franchement dire qu'ils nous ont menti, comme l'a montré le récent article de Bill Curry dans le Globe and Mail. Veuillez donc nous excuser, s'il vous plaît, si nous posons des questions aux trois autres personnes — Mme Durigan, Mme Chan et Mme Mansour — qui sont ici aujourd'hui.
Je vais maintenant commencer.
Madame Chan, pourquoi avez-vous déterminé que le contrat de Botler était entre Botler et le sous-traitant?
:
Le tout aurait commencé par une enquête de notre part, une fois que nous avons reçu la première plainte de Mme Dutt alléguant que son nom et celui de M. Mora avaient été utilisés, sans leur consentement, dans une autorisation de tâches et que le travail était en cours. Les travaux ont été payés à l'entrepreneur figurant dans le dossier, à savoir Dalian et Coradix dans le cadre d'une coentreprise.
Lorsque nous nous sommes renseignés auprès des représentants de Coradix, ils nous ont informés qu'en fait, le travail fourni par les ressources avait été accompli par une tierce partie, à savoir GC Strategies.
De notre point de vue, étant donné que les entreprises Dalian et Coradix se sont conformées à nos exigences, notre audit n'a rien révélé d'anormal. Elles n'ont commis aucun manquement au contrat ou à des dispositions du contrat. Dès lors, il s'agissait d'un différend entre les ressources, GC Strategies et l'entrepreneur. Ce différend ne relevait pas de la compétence du Canada.
Nous vous sommes très reconnaissants de votre collaboration. Après plusieurs réunions, nous essayons toujours de comprendre ce qui s'est passé.
Ce que notre comité a appris, d'après ce que j'ai compris, c'est qu'ArriveCAN ne fait pas l'objet d'une enquête, mais qu'on est en train d'examiner les allégations de Botler concernant un appel d'offres pour créer une application visant à contrer le harcèlement sexuel. Le coût total de 55 millions de dollars d'ArriveCAN et de ses 70 mises à jour comprend la conception, les mises à jour, la sécurité de l'information, la gestion des données et les services infonuagiques, mais l'application permet également d'économiser trois dollars par voyageur par rapport à l'ancien système papier. Nous avons appris que c'était en fait moins cher et que le tout a été fait en un temps record compte tenu des circonstances.
Le principal problème de l'entreprise Botler ici concerne un contrat qui la lie à Coradix et à Dalian. Botler devait effectuer une validation de principe de six mois pour son logiciel à l'ASFC, avec la possibilité d'une utilisation gouvernementale plus large. Des problèmes de paiement se sont posés. Botler affirme n'avoir reçu que deux versements d'un montant total de 112 000 $ sur les 336 000 $ promis pour le travail de configuration du logiciel.
Nous avons entendu de nombreuses allégations selon lesquelles des personnes auraient induit ce comité en erreur, qu'il s'agisse de fonctionnaires ou de Botler. Voilà où nous en sommes.
Ma première question s'adresse à M. Mills.
Au cœur de cette situation, il y a un différend entre un sous-traitant et un fournisseur du gouvernement fédéral, qui a commencé par des plaintes pour non-paiement. À quelle fréquence diriez-vous que SPAC entend parler de sous-traitants qui se trouvent dans des situations similaires ou en litige avec des titulaires de contrats? Est‑ce courant ou rare? Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président.
Au cours des dernières semaines, une anomalie a été portée à l'attention du public et du Comité concernant l'attribution d'un contrat à Dalian Enterprises et à Coradix Technology Consulting, qui met aussi en cause GC Strategies et Botler. Comme vous le savez, c'est cette dernière compagnie qui a diffusé l'information. Tout cela s'est passé à peu près au même moment où ces trois compagnies, GC Strategies, Dalian Entreprises et Coradix Technology Consulting, travaillaient à la mise au point de l'application ArriveCAN.
Madame Chan, dans le cadre du travail de ces trois compagnies sur l'application ArriveCAN, y a-t-il eu des sous-traitants qui n'ont pas reçu leur paiement dans les délais impartis?
:
Il n'est pas surprenant que le recours à la sous-traitance ait quadruplé sous ce gouvernement et doublé sous le gouvernement précédent. Cela a pris des proportions démesurées.
Madame Durigan, parlons des autorisations de tâches que GC Strategies a transmises à ce comité l'année dernière. Vous avez signé deux autorisations de tâches — 2022000080 et 2022016142 —, pour un total de 10,2 millions de dollars. Cependant, le coût estimé du contrat principal qui a été attribué était de seulement 2,35 millions de dollars.
Le premier problème, c'est que la valeur d'une autorisation de tâches ne peut pas dépasser la valeur d'un contrat principal. Pourtant, ces autorisations de tâches représentent plus de quatre fois la valeur du contrat. Le deuxième problème, c'est que le contrat en vertu duquel ces autorisations ont été émises n'existe pas. GC Strategies ne nous a pas transmis ce contrat et il ne se trouve pas dans la base de données d'AchatsCanada. Il n'y a aucune preuve de son existence.
Comment a‑t‑on pu émettre des autorisations de tâches qui représentaient plus de quatre fois la valeur du contrat?
:
Je vous ai déjà dit que j'accorde une grande importance à la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones — je pense que nous devrions tous le faire —, et qu'il est essentiel d'avoir un leadership et une participation autochtones dans le processus d'approvisionnement. Les néo-démocrates défendent cela avec acharnement, en particulier pour ce qui est des occasions d'approvisionnement qui ont une incidence directe sur les communautés autochtones.
J'aimerais savoir ce qui se passe avec le programme des marchés réservés aux entreprises autochtones. D'après ce que j'ai entendu, j'ai l'impression que les choses ne se passent pas comme elles le devraient. Le rôle de SPAC dans le cadre de ce programme est de faire en sorte, à juste titre, que le travail n'est pas tout bonnement sous-traité à des entités non autochtones. Toutefois, lorsque j'ai posé des questions aux représentants de Dalian au sujet de l'octroi de contrats en sous-traitance dans le cadre de contrats réservés aux entreprises autochtones, j'ai été sidéré par leurs réponses. Ils n'ont pas reconnu que les sous-traitants devaient être autochtones.
D'ailleurs, M. Yeo a déclaré que les règles leur permettaient d'embaucher à peu près qui ils voulaient. Il nous a également dit que les exigences en matière de marchés réservés aux autochtones font l'objet d'un audit pour chaque contrat auquel Dalian et Coradix participent en coentreprise. Est‑il vrai que ces exigences font l'objet d'un audit pour chaque contrat détenu conjointement? Est‑il vrai que Services aux Autochtones Canada a mené un audit sur le travail de Botler, en particulier, comme l'a affirmé M. Yeo?
:
Je vous pose cette question, car je veux passer en revue un échange de courriels entre vous et Mme Ritika Dutt.
Le 10 mai 2023, elle vous a fait part d'un certain nombre de préoccupations: que Coradix et Dalian utilisaient leurs noms comme sous-traitants à leur insu et sans leur consentement; qu'ils avaient reçu des paiements du gouvernement dans le cadre de l'autorisation de tâches; que pendant le processus d'appel d'offres, ils avaient prétendu à tort qu'ils avaient communiqué avec Botler et avaient demandé leur avis; qu'une demande d'accès à l'information de l'ASFC avait confirmé qu'aucune attestation du personnel ne figurait au dossier; qu'ils avaient, en réalité, déposé un avis juridique auprès de l'entreprise pour qu'elle produise le document, et qu'elle ne s'était pas pliée à cette demande; et qu'ils avaient sollicité votre aide pour obliger l'entreprise à produire le document.
Ce courriel contient des éléments criminels. Il ne s'agit pas seulement de la possible violation du contrat et des règlements relatifs à l'autorisation de tâches. Il y a aussi des éléments de fraude et de contrefaçon.
Ces renseignements ne vous ont pas mis la puce à l'oreille? J'aimerais savoir si vous avez transmis ces courriels au ministère de la Justice pour obtenir son avis. Je vous demanderais de répondre par oui ou par non.
Nous connaissons déjà les faits. M. Firth a témoigné. Si le curriculum vitæ de Ritika Dutt n'avait comporté qu'une modification, l'explication farfelue et illogique de M. Firth aurait peut-être été plausible. Nous aurions pu croire qu'il avait commis une erreur, comme il le prétend. Toutefois, si je me souviens correctement de ce qui est inscrit au compte rendu, M. Firth a essayé au moins cinq fois, si ce n'est pas six, de manipuler délibérément les renseignements sur l'expérience de travail pour que les données inscrites dans les formulaires respectent les critères de financement. Ces actes vont au‑delà de la falsification de données. Ce sont des actes frauduleux.
Je voudrais donc savoir pourquoi vous n'avez pas cessé immédiatement toute activité avec GC Strategies, Coradix et Dalian étant donné les odeurs de criminalité. Les irrégularités sautaient aux yeux. Vous n'avez pourtant rien remarqué?
La question s'adresse à Mme Chan, et non pas à M. Mills.
Monsieur Mills, je vais revenir à ma dernière question.
Pourquoi une compagnie de recrutement qui réussit à obtenir un contrat doit-elle le sous-traiter à une autre compagnie de recrutement qui, elle, va recruter le personnel, qu'il s'agisse d'individus qui forment une société ou de toute autre compagnie? Pourquoi a-t-on engagé la première, au départ, si elle n'est pas capable de faire le travail et de trouver les ressources nécessaires pour remplir le contrat? Je ne comprends pas cela, sincèrement.
On l'a vu dans le cas de Botler AI, mais je pense aussi à ce qui est arrivé concernant l'application ArriveCAN et à toutes les autres situations où quelqu'un a pu sous-traiter un contrat à une autre compagnie de recrutement. Je trouve cela aberrant. Pourquoi ne choisit-on pas directement la compagnie qui a les ressources nécessaires?
:
Monsieur le président, merci pour la question.
Dans les cas comme celui‑ci, il y a deux types de contrats axés sur les tâches. Il y a les contrats axés sur les produits livrables et les contrats axés sur une entreprise.
Dans les contrats axés sur les produits livrables, l'entreprise doit réunir les ressources qui lui permettront de répondre aux exigences établies par le gouvernement. Parfois, les entreprises de recrutement, comme vous les appelez, qui ont accès à une grande variété de ressources, n'ont peut-être pas parmi leurs contacts certaines ressources techniques très pointues. Dans ce secteur, les entreprises peuvent établir des partenariats avec d'autres entreprises qui leur donneront accès aux ressources dont elles ont besoin pour produire les livrables demandés.
Le plus souvent, nous déterminons au départ les professionnels et les compétences nécessaires pour accomplir les tâches figurant au contrat. Nous choisissons des entreprises qui ont déjà des sous-traitants ou des employés ou qui entretiennent des partenariats avec des entreprises qui possèdent les compétences en question.
:
Le gouvernement estime que nous en avons pour notre argent. On parle de 11 millions de dollars pour une entreprise de recrutement de deux employés qui n'a fait aucun travail sur cette application, et on nous dit que le système de passation des marchés est équitable.
Précédemment, un membre a indiqué qu'ils ne peuvent pas gonfler le prix. Le prix est manifestement gonflé, si des entreprises fantômes et des intermédiaires peuvent faire des millions de dollars en ayant recours à la sous-traitance sans même enfoncer eux-mêmes une touche sur un clavier.
La relation entre ce gouvernement libéral, les hauts fonctionnaires et les initiés, les consultants et les lobbyistes est... Je trouve cela extrêmement frustrant, mais ce que j'entends des Canadiens, c'est qu'ils trouvent cela absolument révoltant.
Les Canadiens en arrachent. Au cours des huit dernières années, les loyers ont doublé; les paiements hypothécaires ont augmenté de 151 %. Chaque mois, deux millions de personnes — dont le tiers sont des enfants — ont recours aux banques alimentaires. Si les Canadiens ont perdu confiance envers le chef du gouvernement, envers le , c'est en raison de tout ce qui s'est produit avec l'application ArriveCAN et des réponses qu'on nous donne, à savoir que les Canadiens en ont eu pour leur argent. Voilà pourquoi ils perdent confiance dans leurs institutions.
Pour moi, il n'est ni raisonnable ni crédible d'entendre qu'on en a pour notre argent et qu'il est impossible pour les entreprises de faire grimper les commissions. Le projet n'aurait pas dû coûter 54 millions de dollars, alors qu'une couple d'individus utilisant Goggle dans un sous-sol ont soutiré 11 millions de dollars.
Si vous avez besoin de spécialistes pour trouver des économies, je suis certain qu'il y a des gens beaucoup plus intelligents que moi qui peuvent trouver d'autres façons d'y arriver au lieu de ce que je viens d'encercler en rouge par rapport à ces 11 millions de dollars.
Je n'ai plus de questions.
:
J'ai beaucoup de questions.
Je dois admettre que je suis arrivé alors que l'affaire était commencée depuis un bon moment, alors j'en suis encore à essayer de comprendre.
On a allégué que les CV de plusieurs employés de Botler ont été trafiqués pour qu'ils paraissent mieux qu'ils l'étaient, pour faire croire qu'ils avaient 10 ans d'expérience alors que ce n'était pas le cas.
Ai‑je raison, monsieur Mills? Vous avez dit que ce sont les organismes, et non SPAC, qui sont chargés de s'assurer que les sous-traitants ont la capacité d'effectuer les tâches qui leur sont confiées. Dans ce cas précis, l'étude des CV relevait-elle de l'ASFC ou de vous?
:
Merci, monsieur le président.
Essentiellement, SPAC, votre ministère, est chargé d'évaluer l'optimisation des ressources dans le contexte de l'approvisionnement. Je crois comprendre que cela fait partie de vos responsabilités.
J'ai pu trouver une liste d'applications qui ont été élaborées sous le gouvernement conservateur de M. Harper. Ce sont des applications complexes: l'application Rappels d'impôts d'entreprises de l'ARC; l'application de déclaration électronique de l'ASFC; l'application des Forces armées canadiennes, etc. Toutes ces applications ont été conçues, dans la plupart des cas, pour bien moins d'un demi-million de dollars. Dans un cas, c'était près de 3 millions de dollars.
Le coût pour la création de cette application est radicalement disproportionné comparativement à d'autres applications élaborées sous le gouvernement précédent. Cela ne sous‑entend‑il pas que votre ministère a failli à la tâche d'optimiser les ressources?
Madame Durigan, voulez-vous faire un commentaire à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président.
Mesdames Durigan, Chan et Mansour, je tiens d'abord à vous remercier beaucoup de vos nombreuses années de service au gouvernement, à l'approvisionnement et aux services de TI. Merci d'avoir pris le temps de nous faire profiter de votre expertise.
J'ai une question pour M. Mills.
Si SPAC trouvait des preuves d'embellissement de CV semblables aux cas dont nous avons entendu parler, prétendument dans le but d'aider une entreprise à remporter un appel d'offres, quelles mesures et pénalités le ministère pourrait‑il imposer?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Ozmutlu, les compagnies Coradix Technology Consulting et Dalian Enterprises ont remporté deux contrats pour les travaux liés à l'application ArriveCan, contrats qui étaient réservés dans le cadre de la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. Or, seul M. Yeo, le président et fondateur de Dalian Enterprises, est membre des Premières Nations. M. Yeo nous a dit que certains de ses sous-traitants en étaient membres, mais n'a pas été en mesure de nous préciser combien l'étaient.
La Stratégie a pour but, non seulement de donner plus de contrôle aux Premières Nations, mais aussi d'inciter ces personnes à aller acquérir des spécialisations et des expertises dans des domaines qui leur sont utiles et qui sont également utiles au gouvernement du Canada ainsi qu'à l'économie en général.
Si, dans une entreprise, une seule personne vient d'une Première Nation et qu'il s'agit d'un entrepreneur, le contrat cadre-t-il automatiquement avec les objectifs de la Stratégie d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones?
:
La population a tout à fait le droit de connaître la réponse à cette question.
Je suis d'accord avec mon collègue, M. Kusmierczyk, au sujet de la valeur de votre travail et de la reconnaissance que nous avons pour ce que vous accomplissez et l'engagement que vous avez tous pris envers le Canada. Il est vraiment difficile de nous retrouver en comité et de vous presser autant de répondre, mais les gens se démènent et n'obtiennent pas les réponses dont ils ont besoin.
Je dois noter que j'ai entendu dire que le moral des fonctionnaires est sapé lorsqu'ils apprennent qu'une entreprise empoche 10 millions de dollars sur 55 millions de dollars en contrats alors qu'elle n'est même pas experte dans le domaine.
Envisagez-vous de régler le problème et de faire appel à des fonctionnaires qui pourront remplacer ces sous-traitants qui n'ont pas l'expertise nécessaire pour faire le travail au nom des Canadiens? Envisagez-vous de le faire?
:
Merci, monsieur le président.
Madame Chan, je regarde le courriel de Ritika Dutt du vendredi 26 mai, dans lequel elle écrit: « Bien que du travail ait été fait pour la mise en œuvre de la solution de Botler à l’ASFC, nous n’avons pas accepté ou consenti à être nommés dans cette autorisation de tâches, ou AT, ou pour le travail à exécuter pour cette AT particulière. Étant donné que nos renseignements personnels ont été utilisés par Coradix pour mettre en œuvre cette autorisation de tâches, nous demandons que Coradix produise tout document qui contiendrait notre consentement à être désignés comme ressources dans cette autorisation de tâches. Nous demandons également la documentation de la correspondance et des commentaires présumés entre Botler et Coradix pendant la mise en œuvre de cette AT, y compris les “commentaires de Botler” qui auraient recommandé la désignation de Patrick van Abbema comme ressource. »
Je regarde ensuite votre réponse, madame Chan, du lundi 5 juin 2023, dans un courriel adressé à Mme Dutt, qui dit: « À la lumière des faits qui nous ont été présentés, le Canada a déterminé que cette question est un problème entre les trois parties: vous-même, l'entrepreneur Dalian Enterprises et Coradix Technology Consulting en coentreprise, et la tierce partie Stratégies GC. Aucune autre mesure n'est requise de notre part. »
Lorsque vous avez reçu ce courriel de Mme Dutt, qui avez-vous consulté?
:
Qui a pris la décision ultime? Madame Chan, il doit bien y avoir quelqu'un qui a dit: « Vous savez quoi? Nous n'allons pas nous occuper de ce dossier. Nous n'allons pas nous en mêler. C'est ainsi que les choses se passent au gouvernement du Canada. Les gens reçoivent des sommes faramineuses. C'est ainsi que fonctionne la passation de marchés. Nous nous contentons de signer les documents. »
J'ai eu la chance de travailler à Affaires mondiales Canada pendant près de 15 ans. J'étais agente de gestion consulaire pour le ministère. J'ai examiné les stratégies d'approvisionnement. J'admets sans m'en cacher que je n'ai pas reçu autant de formation que vous, mais les grandes lignes de ce qui constitue une entreprise à propriétaire unique sont très claires. Les répercussions découlant du non-respect de conditions dans un contrat avec un fournisseur privilégié sont tout aussi claires.
Il est ahurissant de constater que ces contrats étaient quatre fois plus élevés que le montant prévu. Les règles sont très claires et très précises, mais en même temps, les employés et les équipes font preuve de leur propre jugement quant aux façons de faire. La situation n'a aucun sens. C'est un montant farfelu. À un certain moment, quelqu'un doit prendre une décision. Quelqu'un, quelque part, doit assumer la responsabilité.
Qui a pris la décision sans appel voulant que ce n'était pas à vous de décider, que votre organisation pouvait s'en laver les mains et que vous pouviez simplement écrire à Mme Dutt que le Canada n'était pas impliqué dans le dossier et que Mme Dutt devait trouver une solution avec ces trois entreprises louches?
:
D'accord. Vous en assumez la responsabilité personnelle.
J'ai d'autres nouvelles pour le Comité. Dans ce courriel du 5 juin, on peut lire: « Le Canada a déterminé [...] » Eh bien, comme l'indique le site Web achatsetventes.gc du gouvernement du Canada, le Canada est défini comme étant « Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représentée par » — je vous le donne en mille — « le ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux. » Le Canada est donc quelqu'un. Le Canada est représenté par un ministre, et c'est lui qui est ultimement responsable de ce qui s'est passé, monsieur le président.
Monsieur le président, dans le temps qu'il me reste, j'aimerais simplement faire le point sur la situation de M. Doan, qui, bien sûr, a déjà comparu devant le Comité. Nous avions discuté, à la lumière du dénouement de sa première comparution, de notre intérêt à avoir une autre conversation avec lui.
Pourriez-vous me dire où nous en sommes avec sa comparution?
:
Mes dernières questions s'adressent à tous les témoins.
Selon un article du Globe and Mail du 7 novembre, la présidente de l'ASFC, Erin O'GOrman, aurait fait une demande le 3 novembre à SPAC en vue de suspendre tous les contrats de l'Agence avec GC Strategies, CORADIX Technology Consulting Ltd., et DALIAN Entreprises Inc., ce que le ministère a accepté de faire.
La suspension pourrait durer jusqu'à 180 jours.
Dans l'article, on peut lire que bien que ces allégations et enquêtes ne visent pas ArriveCAN, la présidente reconnaît que les conclusions des vérifications en cours pourraient établir un lien avec ce processus d'approvisionnement.
Dans un autre article du Globe and Mail, du 4 octobre 2023 cette fois, la population canadienne a appris que la GRC enquêtait sur GC Strategies et sur le contrat à fournisseur unique avec l'ASFC et Botler en fonction de témoignages au sujet d'activités frauduleuses. Or, 20 jours plus tard, le 24 octobre, SPAC invitait GC Strategies à soumissionner pour une demande de service temporaire.
Pourquoi? Vous saviez que la société était visée par une enquête de la GRC, mais vous l'avez invitée à soumissionner à nouveau, pour du soutien informatique temporaire. Vous demandiez à une entreprise formée de deux personnes qui travaillent dans leur sous-sol, qui n'avait fourni aucun service et qui était visée par une enquête criminelle, de présenter une soumission pour cette demande. Pourquoi?
:
Excellent. Excellent. Merveilleux.
Si l'on considère que 54 millions de dollars ont été dépensés pour cette application et que, comme je l'ai souligné plus tôt, plusieurs applications comparables préparées sous le gouvernement conservateur précédent l'ont été pour des coûts bien inférieurs — généralement moins d'un demi-million de dollars ou, dans un cas, jusqu'à 3 millions de dollars —, on constate qu'il s'agit d'une ampleur plus importante.
Avez-vous examiné ce contrat et dit, « Les contribuables n'en ont pas pour leur argent », ou l'avez-vous examiné et dit, « Oui, il me semble bien », et avez donné votre approbation?
:
Votre temps de parole est écoulé, monsieur Kusmierczyk.
Chers témoins, merci de votre présence parmi nous.
Monsieur Mills, je veux juste donner suite à quelques points. Mon collègue, M. Brock, a posé une question concernant les primes. Je présume que vous nous répondrez par écrit. Je pense connaître la réponse, mais vous nous fournirez une réponse.
En ce qui concerne l'entente de non-divulgation, allez-vous la fournir? Vous avez mentionné que vous n'étiez pas certain de l'avoir. Pourriez-vous nous la fournir si vous l'avez?
M. Michael Mills: Nous vous fournirons ce que nous avons.
Le président: C'est parfait. Merci beaucoup.
Merci à tous d'être des nôtres aujourd'hui. S'il n'y a rien d'autre, la séance est levée.