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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la réunion no 61 du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Cette réunion se déroule dans un format hybride, bien entendu, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022.
Avant de commencer, je voudrais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro et veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas. En ce qui concerne l'interprétation pour les personnes qui sont sur Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Les personnes qui se trouvent dans la salle peuvent utiliser l'écouteur et choisir le canal voulu. Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées à la présidence. Il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de votre écran. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. Enfin, je rappelle à tous que l'utilisation d'un casque d'écoute approuvé par la Chambre est obligatoire pour participer à distance aux travaux parlementaires.
Conformément à la motion de régie interne approuvée par le Comité concernant les tests de connexion pour les témoins, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 18 janvier 2022, le Comité reprend son étude des impacts écosystémiques et de la gestion des populations de pinnipèdes.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins.
De l'Institut de la fourrure du Canada, des réseaux pour les phoques et la chasse au phoque, nous accueillons M. Chiasson, directeur exécutif, et Mme Vaugeois, gestionnaire de programme. De la Harbour Grace Shrimp Company, nous recevons M. Steinar Engeset.
Je vous remercie de prendre le temps de comparaître aujourd'hui. Vous disposerez chacun de cinq minutes pour faire une déclaration liminaire.
J'inviterais M. Engeset à commencer, s'il vous plaît, pour au plus cinq minutes.
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Je vous remercie, monsieur le président. C'est un plaisir pour moi d'être ici aujourd'hui.
Bien entendu, il est merveilleux de pouvoir discuter avec le président, qui me représente à Harbour Grace.
Il est très important pour moi de sauver les phoques, de sauver les stocks de poissons et d'aider ainsi l'humanité.
La raison pour laquelle je m'intéresse beaucoup aux phoques est qu'ils semblent être une espèce exceptionnellement intelligente. Récemment, nous avons vu des images filmées avec une caméra placée à la queue de navires-usines que nous exploitons et qui partent de Terre-Neuve pour se rendre jusqu'en Arctique. Nous avons vu qu'un phoque pouvait plonger à plus de 500 mètres de profondeur pour aller chercher un poisson rejeté dans les grilles Nordmore. C'est un système que nous avons pour rejeter les poissons de fond. Le phoque attendait que le poisson passe entre le grillage pour s'en nourrir.
Il est indiqué — et je ne peux pas confirmer si c'est la vérité — que les phoques peuvent rester sous l'eau environ 30 minutes grâce à leur capacité d'oxygène dans leur sang et leur corps. C'est un merveilleux système naturel qu'ils ont développé. Comment un animal vivant peut‑il plonger à une telle profondeur? Un être humain ne pourrait jamais faire une telle chose. Il est probable que seuls les phoques et les baleines soient capables de faire ce genre de choses.
Si nous pouvions utiliser des produits créés à partir du corps complet du phoque, nous pourrions fabriquer des produits de grande valeur, et l'un de ces produits qui sont déjà fabriqués est l'huile de phoque à longue chaîne. Par ailleurs, il y a un produit sur lequel je travaille avec d'autres scientifiques de mon pays d'origine, la Norvège, et c'est des pilules de fer hémique, qui peuvent aider les personnes qui souffrent de carence en fer.
Les produits à valeur moindre pourraient être des aliments et d'autres produits qui peuvent être conçus par l'entremise de travaux de recherche et distribués à des pays qui ont besoin d'options alimentaires santé. Bien entendu, des vêtements ont été fabriqués au fil des ans, et les Chinois, par exemple, sont doués pour produire quelque chose à partir des rejets, y compris les intestins. D'autres recherches sur d'autres produits potentiels pourraient être menées afin d'utiliser l'intégralité du phoque.
Le phoque doit manger de 1 200 à 1 500 kilogrammes de nourriture chaque année pour survivre. Les phoques gris peuvent avoir besoin de plus de 3 000 kilogrammes. Cela signifie que l'océan doit leur fournir une grande quantité de nourriture. Si les phoques, vu leur nombre, manquent de nourriture, ils risquent de souffrir de la faim et, au bout du compte, de maladies et d'autres causes dues à leur mauvaise santé, ce qui pourrait mener à leur disparition.
L'économie du Canada atlantique souffrira beaucoup si les industries de la pêche sont en difficulté, car notre économie actuelle est également soutenue par ce que nous récoltons dans nos océans. Il est donc absolument important de mener des recherches appropriées et de dresser un portrait réel de la manière dont nous pouvons sauver nos océans.
Nous travaillons avec un scientifique norvégien, M. Runi Ulvik, qui étudie comment le fer hémique des phoques peut être produit sous forme de pilules. Le laboratoire avec lequel il travaille vérifie également si les phoques contiennent d'autres métaux lourds susceptibles de nuire aux produits qui pourraient être conçus, et comment se débarrasser de ces métaux pour obtenir un produit sûr.
Par exemple, des millions de personnes dans le monde ont besoin de prendre du fer pour leur santé. Ce fer est produit chimiquement et les effets secondaires sont très pénibles et les gens ont du mal à le prendre. Le fer hémique, provenant des phoques, par exemple, a prouvé qu'il pouvait être pris sans aucun effet secondaire et qu'il était très efficace puisqu'il provenait de la nature.
Bonjour, je suis Doug Chiasson, et je suis le directeur exécutif de l'Institut de la fourrure du Canada. L'Institut de la fourrure du Canada a été créé par les ministres responsables de la faune du Canada en 1983, et nous sommes le porte-parole du secteur de la fourrure du Canada.
L'institut compte également le réseau des phoques et de la chasse au phoque, une coalition d'entreprises liées à la chasse au phoque, de gouvernements, d'organisations autochtones et de groupes de chasseurs, d'un océan à l'autre.
Je suis accompagné de ma collègue, Romy Vaugeois, qui est la gestionnaire de programme du réseau.
J'aimerais vous remercier, monsieur le président, et remercier tous les membres du Comité de nous avoir invités à faire part de notre point de vue sur cette étude très importante. Cette étude est importante pour moi sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan personnel, car j'ai grandi dans une communauté rurale côtière du golfe du Saint-Laurent et sur les rives de l'une des plus grandes rivières à saumon de l'Atlantique du Canada, la rivière Margaree.
Tout le monde sait que la chasse au phoque au Canada est aujourd'hui bien moins importante qu'à l'époque de son apogée. De plus de 300 000 phoques en 2004, les chasseurs canadiens ont capturé moins de 30 000 phoques par an au cours des dernières années. Des campagnes de pression et des assemblées législatives armées, influencées par des groupes qui s'opposent à la chasse au phoque, ont mené à l'interdiction des produits dérivés du phoque canadien sur des marchés autrefois importants comme les États-Unis, la Russie et l'Union européenne.
Le commerce du phoque a considérablement évolué depuis que des navires hauturiers internationaux et canadiens sillonnent les glaces et les mers du Canada à la recherche de peaux de phoque pour approvisionner les maisons de couture d'Europe. L'offre actuelle issue de la chasse au phoque au Canada est diversifiée et innovante. Il existe des suppléments alimentaires à base d'oméga‑3 pour la santé et la performance athlétique, des préparations de viande gastronomiques, des aliments, des friandises et des supplémentaires alimentaires haut de gamme pour les animaux de compagnie et, bien sûr, des vêtements et accessoires en peau de phoque chauds, imperméables et visuellement saisissants que nous connaissons et aimons tous.
Cette utilisation complète est non seulement une preuve de respect envers l'animal que nous capturons, mais elle maximise la valeur pour les chasseurs de phoques et les transformateurs.
Au cours des trois dernières années, l'Institut de la fourrure a mené une campagne nationale et internationale d'image de marque et de marketing pour les produits du phoque canadiens. Le site CanadianSealProducts.com est un guichet unique où l'on trouve des renseignements sur la chasse au phoque au Canada et une vitrine en ligne où l'on peut acheter les produits des fabricants de tout le pays.
[Français]
Au cours des 40 dernières années, on a eu beaucoup de discussions sur les populations de phoques, qui s'accroissent. Comme Pêches et Océans Canada se dirige vers une gestion écosystémique des pêches, le rôle de la prédation des phoques est de plus en plus important et doit être considéré. On ne peut pas laisser la gestion écosystémique des pêches...
Au cours des 40 dernières années, on a eu beaucoup de discussions sur les populations de phoques, qui s'accroissent. Comme Pêches et Océans Canada se dirige vers une gestion écosystémique des pêches, le rôle de la prédation des phoques est de plus en plus important et doit être considéré. On ne peut pas laisser la gestion écosystémique des pêches telle qu'elle est actuellement et il faut, en outre, tenir compte des changements climatiques.
[Traduction]
La simple réalité est que le gouvernement fédéral doit prendre des mesures pour réduire les populations de phoques. L'approche du MPO, qui consiste à tout gérer à la hausse, est un échec. La gestion à la hausse des populations de prédateurs près de l'apogée a entraîné une augmentation de la mortalité naturelle dans l'ensemble du réseau alimentaire, ce qui empêche la reconstitution des stocks commerciaux, endommage des espèces culturellement et économiquement importantes comme le saumon et amène les populations de poissons à risque vers la disparition.
L'outil le plus efficace pour contrôler les populations de phoques est une chasse commerciale fructueuse. L'infrastructure, tant sur le plan concret que sur le plan humain, est déjà en place, mais le temps dont nous disposons pour mener à bien cette tâche diminue rapidement. À mesure que les chasseurs de phoques expérimentés quittent le marché du travail, nous courons le risque de ne pas être en mesure de relever le défi d'augmenter nos captures jusqu'aux niveaux nécessaires pour assurer une gestion adéquate.
Ce qu'il faut pour obtenir un changement positif, c'est un leadership attentif de la part des politiciens et des fonctionnaires du gouvernement fédéral. Les ministres qui déclarent publiquement ce que mangent les phoques sont utiles, mais les parlementaires qui portent fièrement une peau de phoque et qui donnent des directives au corps diplomatique pour réduire les obstacles à l'entrée des produits dérivés du phoque sur les marchés prioritaires sont bien plus utiles.
Pour d'autres secteurs, investir une partie de leurs bénéfices pour ouvrir un nouveau marché est un investissement prudent qui peut mener à une croissance à long terme, mais compte tenu de l'échelle restreinte du secteur actuel du phoque et des importants obstacles à l'entrée auxquels nous sommes confrontés, le développement de ces marchés nécessitera le soutien du gouvernement. Cet investissement gouvernemental doit être soutenu par l'appareil commercial du gouvernement fédéral, sinon cela reviendra à acheter une canne à pêche à la mouche haut de gamme, mais à ne pas attacher de mouche au bout.
Enfin, nous devons redonner vie aux discussions sur la chasse au phoque et les phoques. La création d'un environnement où les préoccupations les plus importantes des groupes de pêche, des communautés côtières, des peuples autochtones et du secteur de la chasse au phoque peuvent être discutées ouvertement lèvera le tabou qui s'est créé au cours des dernières décennies. Le Sommet sur les phoques de l'année dernière a constitué une étape importante, mais nous avons besoin d'un suivi complet de ce sommet et de nous engager à ce qu'un autre sommet soit organisé cette année pour continuer à avancer ensemble.
Je vous remercie du temps que vous m'avez consacré. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins.
J'ai trouvé intéressant ce qu'ont dit les témoins aujourd'hui sur le rôle du MPO. J'ai regardé rapidement sur le site Web du ministère. Sur la page d'accueil, on peut lire: « Nous appuyons la croissance économique du secteur maritime et du secteur des pêches, ainsi que l'innovation dans des domaines comme l'aquaculture et la biotechnologie. »
La biotechnologie désigne l'utilisation de processus biologiques à des fins industrielles et à d'autres fins, notamment la manipulation génétique de micro-organismes pour la production d'antibiotiques, d'hormones, et ainsi de suite.
Cette définition évoque ce dont parlait M. Engeset et pourrait probablement être intégrée à la promotion des pêches faite par le MPO.
Monsieur Engeset, auriez-vous des commentaires à formuler à ce sujet?
Ensuite, M. Chiasson pourrait intervenir lui aussi s'il le souhaite.
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Merci, monsieur Arnold.
Avant de me joindre à l'Institut, j'ai passé cinq ans à travailler pour une large organisation de conservation internationale qui se spécialise dans les enjeux liés aux pêches. Le débat mondial sur la gestion écosystémique des pêches et ce que cela signifie se poursuit assurément. Cela dit, nous croyons qu'il est absolument nécessaire de tenir compte de la prédation dans les modèles de population du MPO.
À l'heure actuelle, la production primaire commence à s'effondrer dans l'Atlantique Nord-Ouest. Elle est en train de s'effondrer, en fait. Si l'on ajoute à cela les augmentations significatives de mortalité naturelle, que l'on observe chez diverses espèces, en particulier les poissons de fond, et qu'en plus on n'investit pas suffisamment d'énergie dans le système et qu'on en investit trop dans les phoques, on peut clairement entrevoir les répercussions sur le système.
Je ne dis pas qu'il faudrait prioriser la prédation des phoques par rapport aux autres éléments du modèle, mais regardons la vérité en face. Nous devons faire preuve de franchise dans la gestion de nos pêches, pas seulement dans les pêches commerciales, mais aussi dans la gestion des espèces à risque. On a constaté une augmentation de la mortalité naturelle chez diverses espèces au cours des années 1990 et au début des années 2000. On ne se l'explique pas encore la plupart du temps, mais l'explication est toute simple, en fait. Nous devons être très attentifs à la mortalité qui s'ajoute à la mortalité naturelle si cette dernière augmente.
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Merci, monsieur le président. Je suis heureux que ces témoins soient parmi nous. Leurs témoignages d'aujourd'hui m'en ont beaucoup appris sur les phoques, tout comme les témoignages précédents.
On a déjà évoqué beaucoup de sujets, dont les raisons qui se cachent derrière le manque d'accès aux marchés et le manque d'infrastructures.
Je m'adresserai à vous par l'entremise de la présidence, monsieur Chiasson. Vous avez dit qu'il était important de ne pas s'en tenir à une seule réunion pour régler de tels enjeux. Je pense la même chose. Il y a eu un groupe de travail de l'Atlantique sur les phoques. Il y a eu un sommet.
La a déclaré lors d'une conférence de presse à Terre-Neuve que les phoques mangeaient du poisson alors qu'elle était entourée de pêcheurs. Pourquoi a‑t‑elle dit cela? Décortiquons la chose. Certes, nous pourrions sourire, ricaner et nous en amuser. Oui, elle s'adressait aux pêcheurs, mais elle s'adressait aussi au monde entier. On lui a demandé de le dire. C'était peut-être drôle pour certains, mais c'était très important pour ceux qui étaient sur place et potentiellement aussi pour des marchés futurs.
J'aimerais revenir à l'éducation un instant, parce que vous en avez parlé. Mme Vaugeois et vous avez parlé de vos efforts en la matière. Il me semble qu'il s'agit entre autres de recadrer — il est nécessaire de le faire très rapidement, d'ailleurs — le discours sur l'importance des phoques du point de vue de l'écosystème. Certes, ils mangent du poisson, mais ils peuvent également nous apporter d'autres choses.
Permettez-moi de vous donner un exemple d'éducation. L'an dernier, j'ai participé à un événement sur les phoques organisé dans la région par et . On y présentait différents types de produits. J'en ai pris un, à savoir des gélules d'huile de phoque. On m'a dit qu'elles soulageraient ma polyarthrite rhumatoïde, et je peux vous dire qu'elles m'ont en effet aidé au cours de la dernière année. Le vendeur m'a également dit qu'elles me feraient avoir l'air plus jeune, mais ça n'a pas vraiment fonctionné.
Des voix: Oh, oh!
M. Mike Kelloway: Ce travail me vieillit de plus en plus.
Je m'adresse à vous deux. Il est impératif de recadrer le discours sur les répercussions et les avantages des phoques. Il faut le faire à l'échelle nationale, en passant, mais je dirais même à l'échelle régionale et internationale également.
Pourriez-vous nous parler de certaines de vos initiatives? Pourriez-vous nous donner des façons de travailler ensemble pour recadrer le discours à l'échelle nationale et internationale, en particulier avec les Américains? Si nous faisons bande à part d'une quelconque façon... Je ne crois pas que quiconque ici présent dit que nous avons besoin de les abattre. Je ne crois pas que quelqu'un dise cela. Je ne voudrais pas mettre des mots dans la bouche de qui que ce soit ici présent. Il nous faut faire preuve de prudence, de tactique et de stratégie. Un faux pas pourrait avoir des répercussions sur toute une pêcherie, ou deux, ou trois, ou l'ensemble d'entre elles. Comment pouvons-nous unir nos efforts en matière d'éducation?
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Je vous remercie de la question.
Comme vous l'avez dit, il s'agit vraiment de recadrer le discours. Des représentants de larges organisations de pêche sont venus témoigner au Comité. Or, je suis convaincu qu'ils n'auraient pas accepté l'invitation si l'étude avait été menée il y a 10 ans, parce que fut un temps où il était impossible d'avoir une telle discussion. La discussion en soi faisait partie des choses qui pouvaient mettre les Américains dans tous leurs états.
Ayant grandi dans une ville où il y a beaucoup de pêcheurs de homard et de crabe — mon cousin est un pêcheur de crabe —, je ne veux pas qu'il se produise quoi que ce soit qui puisse nuire à l'accès au marché de tous les poissons et produits de la mer canadiens, mais le phoque est un produit de la mer canadien. Nous devons avoir des discussions plus larges sur les poissons et les produits de la mer. Nous ne sommes peut-être pas au centre de toutes les discussions et, en ce qui concerne les Américains, l'ASFC n'intercepte pas les phoques gris de l'Île de Sable à la frontière. Ces phoques gris nagent dans les eaux du Maine, du New Hampshire et du Massachusetts. Les Américains ressentent les effets de la prédation des phoques gris en provenance du Canada. Beaucoup d'entre eux se demandent pourquoi on empêche les Canadiens d'intervenir.
Nous constatons des répercussions sur d'autres marchés. Nous communiquons avec d'autres pays à l'autre bout du monde, et ils nous disent qu'ils ne veulent pas être impliqués dans une situation où les Américains pourraient se mettre à regarder de plus près ce que nous faisons et aller accidentellement à l'encontre d'une loi vieille de 50 ans — la MMPA — qui n'est pas particulièrement nuancée.
Voilà le problème insoluble de l'industrie du phoque, selon moi. Comment pouvons-nous à tout le moins trouver une façon de forcer les Américains à dire clairement ce qui leur pose problème ou non? Les Américains autorisent l'abattage des phoques et des otaries en vertu du Marine Mammal Protection Act. Ils le font en ce moment même, et ces opérations sont financées par l'État de l'Idaho et d'autres États du Nord-Ouest. Ils retirent des otaries et des phoques qui mangent les saumons et les truites arc‑en‑ciel. Comment pouvons-nous parler aux Américains pour leur dire vous faites ceci, alors nous ferons cela, et que nous allons gérer nos pêches comme eux? Cette question a été taboue pendant trop longtemps. On ne peut jamais aborder le sujet avec les Américains.
Je pense que les relations entre le Canada et les États-Unis sont suffisamment bonnes pour que nous puissions à tout le moins avoir des discussions franches de haut niveau. On ne peut pas envoyer un directeur général du MPO — sans vouloir offenser les directeurs généraux du MPO — à Washington pour avoir de telles discussions. Cela doit se faire au niveau ministériel — et pas seulement avec la , mais aussi avec la et la — pour que les Américains comprennent notre réalité.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Chiasson, il n'y a pas longtemps, le chef du Bloc québécois, , et moi sommes allés au Rendez-vous loup-marin, aux Îles-de-la-Madeleine. On nous a beaucoup entretenus de l'espèce de réserve qui existe relativement à tout ce qui ressemble à une initiative de développement, d'éducation ou de sensibilisation.
On nous a dit qu'on aurait donc peut-être intérêt, au Québec et au Canada, à développer les musées. Par exemple, Exploramer veut mettre en place un centre d'interprétation du phoque et de la chasse au phoque qui informerait les gens de son potentiel. Ce sujet a parfois mauvaise presse. On pourrait commencer par créer des ambassadeurs à l'interne, car, même chez nous, il y a des sceptiques.
Pensez-vous qu'une initiative comme celle d'Exploramer pourrait être élargie à la grandeur du Canada?
J'aimerais faire quelques commentaires à l'intention des nouveaux témoins.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro et veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous n'êtes pas en train de parler. Si vous désirez avoir accès à de l'interprétation et que vous êtes sur Zoom, vous pouvez sélectionner le canal plancher, anglais ou français au bas de votre écran. Bien sûr, cela ne concerne pas ceux qui sont présents dans la salle. Toutes les interventions doivent se faire par l'entremise de la présidence.
Enfin, je vous rappellerai qu'il est obligatoire pour tous les participants virtuels d'utiliser un casque d'écoute approuvé par la Chambre lors de délibérations parlementaires.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins pour cette seconde heure.
Nous accueillons Mme Aaju Peter, qui est avocate. Nous accueillons également M. Keith Hutchings — qui ne m'est bien sûr pas étranger —, directeur général du Centre canadien d'innovations des pêches et ancien ministre. Enfin, nous accueillons Craig Pardy, qui représente l'Assemblée législative de Terre‑Neuve‑et‑Labrador. Comme je viens de l'indiquer, il est député à l'Assemblée législative de cette province, où il représente la circonscription de Bonavista.
Je vous remercie d'avoir pris le temps d'être parmi nous. Vous disposez chacun d'un maximum de cinq minutes pour vos remarques liminaires.
Nous allons commencer par Mme Peter. Allez‑y, je vous prie. Vous disposez d'un maximum de cinq minutes.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de votre invitation à venir témoigner devant vous.
Je me nomme Aaju Peter. Née au Groenland, scolarisée au Danemark, je vis à Iqaluit, dans le Nunavut, depuis 1981. Mes ancêtres les Inuits sont le peuple fondateur de l'Arctique circumpolaire et nous sommes la seule culture fondée sur la chasse à survivre en Amérique du Nord.
Pendant plus de 5 000 ans, la chasse du phoque a été un élément central de presque tous les aspects de la vie des Inuits. Les chasseurs suivent encore l'usage ancien de partager leurs prises avec leur famille et leur communauté. En effet, la viande de phoque n'est pas vendue, mais elle est partagée. Les chasseurs comptent donc sur la vente des peaux pour continuer à nourrir leur famille et leur communauté. Toutefois, les interdictions qui ont frappé le phoque en 1983 et en 2009 ont aggravé outre mesure les conditions de vie dans l'Arctique canadien tout en augmentant l'insécurité alimentaire.
En raison de l'interdiction de vente des produits du phoque dans l'Union européenne, c'est aux Inuits qu'incombe la charge administrative et financière de prouver que la chasse et ses produits satisfont aux critères de l'Union européenne. La vente des produits du phoque ne s'est jamais remise de l'interdiction de 2009, principalement en raison de la perception, dans le public européen, que tous les produits du phoque sont illégaux et immoraux. L'apathie des divers gouvernements canadiens qui se sont succédé dans ces décennies en ne s'opposant pas à la croissance des sociétés de défense des animaux — en grande partie basées aux États-Unis — a rendu plus difficiles les conditions de vie dans tout le Canada, mais, surtout, dans les communautés inuites, gravement touchées.
L'insécurité alimentaire et le coût élevé de la vie sont deux conséquences dures de l'interdiction des produits du phoque par l'Union européenne. L'interdiction a réduit les revenus et l'accessibilité locale de la viande de phoque. Partout dans notre société, cette interdiction a eu un puissant effet négatif. Le prix des peaux de phoques a diminué de 90 %, les populations des diverses espèces de phoques ont explosé dans nos eaux — et sont maintenant plus nombreuses de 10 millions d'individus, en tout — et elles auront un impact grave sur l'équilibre de l'écosystème. Une population trop nombreuse n'est pas une population en santé — au contraire.
Comme si ça ne suffisait pas, l'Organisation mondiale du commerce déclare que cette interdiction est acceptable parce qu'elle protège la moralité des Européens. Elle se trouve donc à dire que notre droit légitime de vivre en harmonie avec notre culture nuit à la moralité des Européens. Cette mentalité colonialiste transparaît dans la prétendue exemption accordée aux produits d'origine inuite, qui n'est seulement applicable que si les Inuits peuvent prouver à l'Union européenne que leurs produits satisfont à ses critères de ce qu'est un Inuit, de ce qu'est la chasse traditionnelle et à un ensemble d'autres règles condescendantes.
Hélas, il faut dire également que, pendant des décennies, le Canada, dans ses faibles tentatives de régler le problème de la chasse du phoque a omis de reconnaître l'identité particulière de la communauté inuite et les répercussions négatives qu'elle a subies, qui ont été beaucoup plus durement ressenties que dans les autres communautés canadiennes.
J'applaudis le fait que le gouvernement s'attaque à la question de la gestion des écosystèmes marins, devenue une nécessité urgente pour nous tous. Cependant, mes applaudissements seraient beaucoup plus bruyants si le gouvernement du Canada s'en prenait activement et avec force à la flétrissure dont l'Union européenne et l'Organisation mondiale du commerce ont marqué les Inuits par les mesures d'interdiction qu'elles ont mises en place et à leurs règles dégradantes pour nos communautés.
La dignité des Inuits exige que le gouvernement s'attache sérieusement à mettre fin à ces interdictions qui flétrissent les communautés inuites, et les autres communautés canadiennes, d'ailleurs.
Merci de votre temps et de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup de me donner l'occasion de témoigner sur votre étude. Je tiens certainement à saluer votre comité et son travail. Je brûle d'impatience de lire le rapport définitif et les recommandations.
Je suis le directeur général du Centre canadien d'innovations des pêches, une entité séparée de l'Université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador et constituée en société, dont le mandat est décidé par le conseil d'administration dirigé par des représentants de l'industrie représentant les pêcheurs et chasseurs, les transformateurs et l'industrie de l'aquaculture. Le centre sert de liaison entre les secteurs des pêches, les universités, les établissements de science et de recherche et les entreprises qui appuient l'industrie. Nous sommes une organisation facilitatrice à la pointe de la recherche appliquée, de l'innovation et de la technologie dans le secteur canadien des fruits de mer.
Le Centre répond aux besoins en matière de R‑D dans les secteurs de la pêche, de la transformation et de l'aquaculture en élaborant et en dirigeant des projets de toutes tailles, et en s'adaptant rapidement aux occasions et aux défis qui se présentent. Il est un chef de file en matière d'équité et de diversité et il favorise la compréhension et une démarche commune avec les peuples autochtones et leurs communautés. Enfin, il appuie la pêche soutenable et il aide l'industrie à s'adapter au changement climatique.
Votre étude des répercussions écosystémiques et de la gestion des populations de pinnipèdes est plus que jamais nécessaire, vu l'abondance croissante de ces animaux, particulièrement du phoque du Groenland, du phoque gris et du phoque commun. Je laisserais entendre que la compréhension de la corrélation — les causalités — entre la prédation de diverses espèces de poissons par les pinnipèdes et les effets subis par les espèces faisant l'objet d'une pêche commerciale et d'autres espèces en déclin est gravement lacunaire dans le discours scientifique et, partant, dans le discours public.
D'un point de vue canadien, nous devons nous demander si nous sommes disposés à consacrer l'investissement et la détermination qui permettront de vraiment collecter les données nécessaires et d'y mettre la recherche et la science pour atteindre le degré nécessaire de compréhension pour autoriser une gestion des ressources qui traduit ces constatations. Nous affrontons un problème de prédation sans précédent des écosystèmes qui est relié à la surpopulation, à la quantité de poissons consommés et à l'effet sur l'écosystème.
Je pense que votre motion exprime bien les questions auxquelles il faut porter attention, par exemple les répercussions, sur l'écosystème, de la surpopulation de pinnipèdes. Il faut une recherche pluriannuelle sur plusieurs espèces, compte tenu de leur répartition spatiale et de leurs migrations. La recherche à court terme et les travaux particuliers sur les contenus stomacaux sont insuffisants. On néglige tellement de variables, par exemple les parcours de migration, l'évolution des températures de l'eau et même les effets sur les espèces de poissons proies et d'autres espèces qui pourraient le devenir.
En ce qui concerne les possibilités de commercialisation au Canada et à l'étranger, par exemple, le Canada consomme très peu de phoque, mais nous essayons de convaincre le monde de continuer à en consommer ou de commencer à le faire. Nous devons investir dans la recherche sur les préparations carnées, le régime et la valeur nutritive de la viande et d'autres attributs, dans l'emploi élargi de cette source alimentaire sur les marchés internationaux et, comme nous l'avons dit, dans l'utilisation intégrale de tous les produits récoltés.
Il nous faut une gestion active — en temps réel, avec une recherche soutenue à long terme et coordonnée avec l'industrie, la science et des organisations alliées qui n'y ont aucun parti pris ni rien à y gagner, si ce n'est de faciliter la recherche et l'intention de donner et de communiquer les résultats pour qu'ils soient utiles à la gestion des ressources.
Sur la question de l'acceptabilité sociale, nous devons considérer cette industrie un peu différemment maintenant. En ce qui concerne les qualités médicales et pharmaceutiques du phoque, les ingrédients naturels que la nouvelle génération considère comme essentiels à un mode de vie sain d'après leur présence dans la nature, correspondent parfaitement à une vision renouvelée des attributs de cette industrie.
Un mot, rapidement, sur le rapport du groupe de travail sur les phoques de l'Atlantique. Il a abordé de nombreux aspects semblables reliés à leur régime alimentaire, leur répartition et leurs parcours migratoires, une meilleure compréhension de la relation entre les phoques et les stocks de poissons pêchés commercialement et la nécessité, pour nous tous, de collaborer ensemble à la recherche et à la découverte d'autres données dans d'autres pays également.
Quatre points reconnus sont particulièrement intéressants: le régime alimentaire des phoques, leur répartition, les relations dont j'ai parlé et la collaboration avec tous les partenaires de l'industrie.
En guise de conclusion, chacun doit s'investir désormais dans la recherche en cours, appuyée par Pêches et Océans Canada et habituée à prendre des décisions de gestion des ressources adaptées aux importantes déprédations qui ravagent l'écosystème dans son ensemble et sensibles à leurs liens. Il nous faut repenser les modalités de collecte des données et les faits scientifiques pour appuyer le travail du ministère. Nous avons certainement besoin de nous mobiliser pour agir.
Merci de l'occasion que vous m'avez donnée d'apporter mon témoignage et d'échanger des idées avec votre comité. Je suis prêt à répondre à vos questions.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de votre invitation. J'ai eu le bonheur de vous voir, monsieur le président, à votre passage à la Chambre d'assemblée, il y a deux semaines.
J'ai trois observations à faire.
Pour commencer par le commencement, la question des compétences. Pendant des siècles, Terre-Neuve-et-Labrador a possédé l'une des pêcheries les plus importantes de la planète. Le prouve le rapport de sir Albert J. Walsh pour le comité de la mise en valeur des pêches, rédigé en 1953, dans le cadre d'une étude mixte du gouvernement canadien et du gouvernement de Terre-Neuve de l'époque.
Avant notre entrée dans la Confédération, une ligne a été tracée dans le sable pour reconnaître au gouvernement fédéral plutôt qu'à notre province les compétences sur les pêches et les océans. Aucune exception n'a été faite pour notre province pour tenir compte de la vaste superficie océanique et des vastes pêcheries que, en notre qualité de pays, nous apportions au Canada. Aucune autre province canadienne n’est dépouillée de ses compétences sur son secteur de ressources le plus important.
Dans le milieu des années 1980, le gouvernement du Canada a consenti une exception partielle à notre province par l'Accord atlantique, qui prévoit un régime particulier pour les ressources pétrolières et gazières sous-marines en périphérie de Terre-Neuve et au large du Labrador. L'Accord autorisait notre province et Ottawa à gérer les ressources en commun par l'entremise de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers.
Nous avons longtemps réclamé un régime semblable pour la gestion des pêches, pour que notre province prenne part aux décisions en ayant voix au chapitre dans la conduite de son industrie la plus importante. Pendant des années, nous nous sommes fait répondre que c'était impossible, mais, évidemment, c'était possible, comme le prouvait l'Accord atlantique. Vous êtes en mesure de le faciliter. Je vous en conjure donc, recommandez comme priorité la cogestion des pêches pour Terre-Neuve-et-Labrador. Nous ne nous illusionnons pas au point de croire que ce serait la panacée de nos problèmes actuels. Elle en créerait d'autres. Malgré tout, ce serait bien préférable de participer aux décisions que de produire des mémoires pour les détenteurs de la totalité du pouvoir.
Ensuite, vous me pardonnerez de désigner les pinnipèdes, ces prédateurs, sous le simple nom de phoques, comme le commun des mortels. Leurs déprédations sont un problème de taille dans de nombreux pays qui pratiquent la pêche, y compris le nôtre. Mais de quelle taille? La réponse dépend de celui à qui on le demande. Il est énorme, d'après les pêcheurs et chasseurs de phoques, qui les voient proliférer sur nos côtes et jusque dans nos rivières et fleuves et qui ont vu leur contenu stomacal ou les carcasses entamées de poissons. Les scientifiques spécialistes des pêches risquent de ne pas vous donner la même réponse. Pourquoi? Parce que le vaste océan sauvage n'est pas un environnement contrôlé de laboratoire.
Les pêcheurs et les chasseurs sont unanimes pour dénoncer le nombre excessif de phoques qui dévorent trop de poissons et qui altèrent l'écosystème. Le niveau de prédation rend impossible une éventuelle reconstitution des stocks. Il faut un programme pour réduire le nombre de prédateurs. Se contenter de moins serait une abdication des responsabilités.
Enfin, mes dernières remarques sont reliées aux deux premières. Elles concernent la forte surpopulation de phoques. Que ce soit celle du phoque du Groenland, sur la côte Nord-Est, du phoque gris dans le golfe du Saint-Laurent ou des nombreuses autres espèces qui occupent nos eaux libres, nos côtes et, bien sûr, nos rivières, si rien n'est fait pour la réduire, nous pouvons abandonner tout espoir de reconstituer nos stocks de morues et de maintenir l'équilibre de nos espèces pélagiques comme le capelan, le hareng et le maquereau. Sur la côte Est, la prédation du saumon par divers phoques sur toute la côte est également une question sensible et elle l'est probablement en Colombie-Britannique aussi.
Glenn Blackwood, le coprésident du dernier rapport du groupe de travail scientifique sur les phoques de l'Atlantique a présenté son rapport au sommet fédéral sur le phoque, qui a eu lieu à St. John's, les 8 et 9 novembre, et auquel vous avez assisté, monsieur le président. Ce rapport estime la consommation totale du phoque du Groenland en 2014, dans les zones 2J3KL, qui s'étendent du Labrador à la presqu'île d'Avalon, à 3,2 millions de tonnes métriques. La même année, tous les débarquements commerciaux dans Terre-Neuve-et-Labrador atteignaient 265 000 tonnes, soit un rapport de 12 contre 1. Et la valeur des débarquements était de 1,3 milliard de dollars.
À une question qu'on lui a posée, M. Blackwood a répondu que la science du régime alimentaire des phoques était lamentablement lacunaire
Ed Martin, un participant du Sommet sur les phoques, a demandé au président du groupe de travail sur les phoques, Glenn Blackwood: « Les phoques ont un effet dévastateur sur notre écosystème. La chasse aux phoques n'est-elle pas essentielle, et sa nécessité ne devrait-elle plus être mise en doute? » Le président a répondu: « J'en conviens. »
Le ministère des Pêches et des Océans, ou MPO, se targue d'adopter deux stratégies principales pour la gestion des pêches: l'approche de précaution et la démarche écosystémique. Nous nous retrouvons dans la situation actuelle par rapport aux phoques parce que le MPO a fait fi de ces deux approches pour la gestion responsable des pêches. Il s'agit de sa politique, qui s'est maintenant soldée par un échec qui n'appartient qu'au ministère.
Pour finir, les limites des champs de compétences entourant les phoques se résument ainsi: tant et aussi longtemps que rien ne sera fait pour rééquilibrer la population de phoques, la et le ministère auront pour toute approche celle de l'espoir et des prières.
La responsabilité relève complètement du gouvernement fédéral depuis 1949. L'absence d'action représente une action en soi. Une absence d'action équivaut à l'abdication du gouvernement fédéral devant son devoir. Il faut retirer les phoques de l'écosystème. On peut passer ses journées à compter les phoques, mais ce n'est pas ce qui les éliminera.
Je suis impatient de répondre à vos questions de mon mieux.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup à tous les témoins.
Je veux poursuivre dans la même veine.
Madame Peter, je suis moi aussi un habitant du Nord, quoique du côté ouest de l'Arctique. Je viens du Yukon.
Je m'intéresse vivement au lien que vous tissez entre les marchés d'outre-mer, particulièrement dans l'Union européenne, et la sécurité alimentaire au niveau local. Je crois qu'il importe vraiment d'étoffer, de cerner et de documenter l'enjeu.
Je me demande si vous pourriez apporter un éclaircissement. Puisque vous avez affirmé que la chasse aux phoques constitue un pan important du mode de vie inuit depuis des millénaires, pouvez-vous préciser le lien entre l'accès au marché de l'Union européenne et l'effet sur la chasse locale et la distribution des phoques pour les Inuits du Nunavut?
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D'après ce que je comprends, en vertu de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, le ministre fédéral doit tenir compte des connaissances et de l'avis des communautés lors de l'évaluation de tout aspect relatif aux océans, aux eaux et à la gestion des phoques, par exemple. Je ne participe pas à ce processus, parce que je ne travaille pas pour les organismes de chasseurs et de trappeurs qui formuleraient des commentaires et je n'en fais pas partie.
Par contre, je connais un adage traditionnel inuit selon lequel une surpopulation n'est pas une population saine. Quand les groupes de défense des animaux ont décidé de sauver les phoques, ils croyaient que cela aurait un effet positif de ne pas tuer ou chasser les phoques. Mais, comme nous le constatons aujourd'hui, en 2023, il y a surpopulation, et nous savons que c'est néfaste pour nous.
Au fil des ans, depuis 1981, quand nous partions en bateau dans la baie de Frobisher, qui fait 250 kilomètres de longueur, nous voyions peut-être, ici et là, des phoques du Groenland — un très petit troupeau. De nos jours, dès qu'on arrive dans la baie et qu'on tente d'y entrer, il y a des troupeaux et des bancs de phoques du Groenland partout.
On l'a déjà dit, les phoques annelés, dont dépend notre alimentation, sont intimidés. Ils voyagent seuls, et un troupeau de phoques du Groenland peut être méchant, alors il est encore plus difficile pour nous de chasser pour nous nourrir.
L'un des enjeux soulevés continuellement par le secteur concerne la période de collecte des données.
Je peux donner l'exemple de l'extraction de l'estomac pour l'évaluation de son contenu, afin de cerner les habitudes de prédation d'un phoque donné, que ce soit un phoque du Groenland ou un phoque gris. Souvent, cette procédure a lieu entre janvier et avril. Il s'agit d'une période restreinte pour un moment précis dans un parcours migratoire, dans un lieu ou lors d'une interaction entre un prédateur et une espèce.
Il n'y a pas d'évaluation à long terme, sur une base annuelle, par exemple. Le phoque du Groenland migre vers le nord. Que mange-t-il dans la région du Front, que mange-t-il dans l'Arctique et quelles proies composent son régime alimentaire complet, sur une période annuelle? Ce type de travail de comparaison sur plusieurs années n'est pas fait. Voilà ce à quoi je me réfère.
Je crois que vous parlez d'un produit en particulier... et je pense que nous avons constaté au Sommet sur les phoques que des groupes se sont rassemblés pour discuter des possibilités dans différentes régions du pays. Il se peut qu'il existe un marché pour certains produits et une certaine disponibilité sans que ce soit nécessairement connu, et la possibilité d'entrer sur ce marché n'est peut-être pas connue.
Voilà ce dont nous avons besoin. Nous avons parlé de collaboration et d'intégration quant aux activités du secteur. Par l'entremise de notre centre, nous faisons tout type de développement de produits, grâce au secteur et à la recherche et au développement. Ce sont des activités qui peuvent être bonifiées s'il y a différents types de produits ou si nous étudions le type de produits que le marché est prêt à accepter.
Pour répondre à votre question, je pense qu'il faut faire davantage connaître la réalité dont vous avez parlé.
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Absolument. Nous avons accru l'accès à la viande de phoque dans les écoles, par exemple, dans le cadre du programme scolaire. Je n'ai été capable d'acheter nulle part, ni dans le Nord ni dans le Sud, de la peau de phoque pour mon usage personnel. Si on tend la main de cette façon, la quantité de viande de phoque qui tient dans la main est équivalente à 56 saucisses, si on en calcule l'apport en fer.
Les problèmes de carence en fer et d'insécurité alimentaire se régleraient si l'on aidait les organismes de chasseurs en leur offrant du financement pour chasser le phoque et en partager la viande dans les communautés. Ils partagent déjà leurs prises. Ils partagent la viande de baleine, le poisson et la viande de phoque, parce que cela fait partie de leurs traditions. Ils doivent le faire. Cette pratique consiste à redonner à la communauté.
Si le gouvernement fédéral faisait la promotion d'un mode de vie sain et d'une saine alimentation et qu'il réduisait l'insécurité alimentaire que nous connaissons dans l'Arctique, nous y serions totalement favorables. Il faut faire de la sensibilisation au sujet de nos connaissances traditionnelles, les conserver et les maintenir.
Madame Desbiens, merci infiniment pour cette question.
Je remercie les témoins d'être présents aujourd'hui.
Par l'entremise du président, je vous remercie, madame Peter, d'être parmi nous. Je suis très reconnaissante de pouvoir écouter vos commentaires directement. Je veux vous remercier d'œuvrer à défendre les droits des peuples autochtones de l'Arctique et vous féliciter. Je sais que vous avez reçu l'Ordre du Canada en 2012. C'est fantastique de vous recevoir et de pouvoir profiter de vos connaissances et de votre vécu.
J'ai eu l'honneur de me rendre au Nunavut avec ma collègue , la députée du Nunavut. J'ai passé du temps à Iqaluit et à Pangnirtung, et j'ai eu l'occasion de faire une sortie en bateau avec la députée Idlout et sa famille. Nous avons pêché de l'omble de l'Arctique, et ils m'ont enseigné le nom en inuktitut des différents types de phoques que nous avons croisés. Cette expérience a eu sur moi un effet incroyable.
J'aimerais vous demander d'en parler davantage, sachant que mon collègue, le député Hanley, a commencé à aborder... Vous avez parlé des effets. Je me demandais si vous pouviez nous en dire un peu plus sur les effets des campagnes internationales contre la chasse au phoque sur les Nunavummiut et autres populations autochtones, et les raisons pour lesquelles, comme vous l'avez dit, les exemptions colonialistes et les règles condescendantes sont loin d'être suffisantes.
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Merci, monsieur le président.
Merci pour la question, madame Barron. Je suis ravie que vous ayez pu aller au Nunavut. J'aimerais que tout le monde puisse s'y rendre et déguster de la viande de phoque comme l'avait fait l'ancienne gouverneure générale.
J'étais totalement contre l'exemption quand elle faisait l'objet de discussions, parce que les Européens croient qu'ils peuvent décider qui est Inuit, ce qui est traditionnel et ce qu'est une pratique durable. Toutefois, en vertu de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, au Canada, c'est à nous de définir qui nous sommes et quelles sont nos traditions. Cette attitude condescendante nous a grandement compliqué la vie, parce qu'elle est administrative. Il nous faut trouver de l'argent pour nous défendre devant les tribunaux. Nous devons prouver que le phoque a été capturé d'une certaine manière. En fin de compte, comme nous le savons, c'est la Commission européenne qui, même après que nous ayons présenté toutes les preuves, décide si la peau de phoque n'a pas été obtenue de la bonne manière ou de la manière édictée dans la réglementation.
L'autre aspect très négatif au fil du temps est l'image diffusée à la télévision au sujet de la chasse au phoque et de ses effets néfastes. Elle marque les gens, même les jeunes hommes et les jeunes femmes. Nous avons beaucoup de mal à contrer cette image. Au lieu de continuer à nous y attaquer, nous devons — et nous en discutons au sein du secteur — donner un visage humain à l'enjeu de la chasse au phoque. Il s'agit de notre vie. Vos règles ont des conséquences sur nous. Elles compliquent encore davantage notre vie déjà difficile.
Il s'agit de sensibiliser les gens et de leur raconter des histoires au sujet de nos traditions vieilles de 5 000 ans, de la culture de la chasse aujourd'hui perdue, de l'économie bleue, et bien d'autres. Comme d'autres intervenants l'ont affirmé, il nous faut réorienter le dialogue vers notre propre dialogue, le dialogue que nous avons au Canada.
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Je vous remercie pour votre question.
Comme vous le savez, le taux de chômage chez les Inuits est le plus élevé au pays et le coût de la vie est trois à sept fois plus élevé dans nos communautés que dans celles du Sud. Lorsque le marché du phoque est passé de 100 $ à 10 $, la capacité des chasseurs de fournir de la nourriture gratuite et nutritive à la communauté... C'était catastrophique. Nous avons dû vivre avec moins de nourriture. La vie est devenue très dure pour les chasseurs qui devaient nourrir leur communauté. Ils devaient travailler cinq jours par semaine pour avoir les moyens de mettre de l'essence dans leur véhicule pour aller chasser.
Le partage des aliments est toujours pratiqué dans nos communautés. Ceux qui ne chassent pas — comme moi — s'attendent à ce que les chasseurs les nourrissent, ce qui est injuste. Je crois qu'il faut aider les chasseurs afin qu'ils puissent continuer de fournir des aliments sains aux communautés et ainsi assurer la sécurité alimentaire.
C'est une tragédie. C'est épouvantable. Il y a un terme pour décrire la situation, mais je n'arrive pas à m'en souvenir. Il faut considérer la situation comme un enjeu en matière des droits de la personne. Nous n'avons pas accès aux aliments: 7 enfants sur 10 vont à l'école le ventre vide. Nous sommes au Canada, l'un des pays les plus riches au monde, et nous acceptons cette situation, mais elle n'est pas acceptable. Nous devons faire notre devoir et veiller à ce que les gens aient accès aux aliments... au phoque.
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Je vous remercie pour votre question.
J'ai toujours dit qu'avec tout l'argent qu'ont amassé les groupes de défense des droits des animaux — qui se décrivent en tant qu'animalistes —, ils devraient payer les Inuits pour tous les dommages causés, pour les décès et la famine dont souffrent les Inuits. On parle de 1 million de dollars.
Il faut viser haut. Il faut rêver en grand, et c'est mon souhait. J'aimerais qu'on offre des mesures réparatrices aux communautés... Je ne parle pas seulement d'excuses, comme celles de Greenpeace.
Les conséquences sur notre communauté sont énormes, parce que nous misons toujours sur une culture de la chasse. Nous dépendons toujours de la chasse et du partage de la nourriture. Lorsque ce partage n'est pas possible, il y a des gens qui ont faim, et on ne fait pas d'argent. Lorsque le prix de la peau de phoque est passé de 100 $ à 10 $, notre propre gouvernement a dû compenser les coûts, parce qu'il sait à quel point il est important pour les chasseurs de continuer à nourrir les communautés.
Les Inuits ont fait les frais de cette situation.
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Je vous remercie pour votre question.
La réponse, c'est non. Selon l'opinion collective de la Chambre d'assemblée de Terre-Neuve‑et‑Labrador, il n'est pas nécessaire de réaliser plus d'études ou de comptes pour connaître l'impact des phoques sur le rétablissement des stocks de poissons de fond. Je crois que les données parlent d'elles-mêmes.
Comme vous le savez — et comme nous le savons tous —, des chasseurs ont montré aux médias le contenu de l'estomac des phoques. Tous les habitants de Terre-Neuve‑et‑Labrador et toutes les personnes qui ont vu les images savent que ces prédateurs consomment une très grande quantité de poissons. Vous avez reçu Bob Hardy, qui est notre plus grand spécialiste. Il avait fait valoir que selon le ministère des Pêches et des Océans, la population de phoque du Groenland consommait un million de tonnes métriques de capelan par année. Nous savons à quel point le capelan est important, sur le plan pélagique, pour le rétablissement des stocks de poissons. Les phoques consomment un million de tonnes métriques de poisson et nos chasseurs en capturent 24 000 tonnes métriques. Nous n'avons pas besoin d'une autre étude pour comprendre l'importance de la prédation dans la province et dans nos eaux.
J'aimerais dire une dernière chose, pour terminer. J'ai regardé une entrevue de Todd O'Brien avec le patrouilleur d'une rivière de la baie de Plaisance, en septembre dernier. Ce patrouilleur disait que le saumon n'avait aucune chance de survivre, puisque 200 à 300 phoques attendaient à l'embouchure de la rivière, prêts à manger les saumoneaux. Il a dit que les saumons n'avaient aucune chance de passer.
Je crois que plus nous attendrons longtemps, plus la situation sera grave et plus il sera difficile de rétablir nos ressources. Je dirais que c'est l'opinion unanime des membres de la Chambre d'assemblée, sans égard à leur parti.
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Je vais vous donner un exemple de ce qui s'est passé à l'Île-du-Prince-Édouard au cours des 10 derniers jours. Nous avons une entreprise qui prépare des appâts. Elle utilisait un sous-produit du phoque. Au cours de la première semaine, on l'a avisée qu'en vertu de la Marine Mammal Protection Act, si un sous-produit du phoque était utilisé dans la préparation des appâts pour la pêche du homard, les États-Unis cesseraient d'accepter les homards provenant du Canada.
Je crois que tout le monde ici est sur la même longueur d'onde: nous voulons accroître la chasse au phoque et trouver de nouveaux marchés ou de nouveaux produits, mais il faut trouver une façon de franchir cette étape avec les États-Unis. Est‑ce qu'il faut passer par les pêcheurs? Est‑ce qu'il faut d'autres négociations commerciales? Je crois que la Marine Mammal Protection Act date de 1972. Elle est évidemment désuète, mais elle semble intouchable, dans une certaine mesure. Est‑ce qu'il s'agit d'un enjeu purement politique, comme c'était le cas au milieu des années 2000, alors que les défenseurs des droits des animaux... et lorsqu'il y avait des dommages collatéraux possibles pour l'exportation d'autres fruits de mer vers les États-Unis, et qu'on demandait une interdiction visant les produits de la mer canadiens?
Comment pouvons-nous surmonter cette situation? Il semble que, de façon générale, nous soyons tous sur la même longueur d'onde au Canada. Nous voulons une chasse au phoque. Nous voulons qu'elle soit plus importante. Nous voulons créer de nouveaux marchés, mais nous sommes faces à un mur. Est‑ce qu'il s'agit d'une question purement politique pour les États-Unis? Que pensez-vous de cela?
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Merci, monsieur MacDonald. Voilà qui conclut la séance d'aujourd'hui.
Je tiens à présenter mes excuses à Mme Desbiens et à Mme Barron, qui n'ont pas eu droit à leur intervention de deux minutes et demie. Nous devons nous arrêter pour 13 heures. Je rappelle aux membres du Comité de respecter le temps de parole qui leur est accordé. Si nous n'avions pas utilisé toutes ces minutes supplémentaires, nous aurions probablement eu le temps d'entendre les questions de Mme Desbiens et de Mme Barron. Je vais tâcher d'être plus ferme la prochaine fois.
Nous poursuivrons notre étude sur ce sujet très important jeudi. Nous entendrons d'autres témoins.
Je tiens à remercier M. Pardy, M. Hutchings et Mme Peter pour leur participation virtuelle à la séance d'aujourd'hui. Merci d'avoir partagé vos connaissances avec le Comité. Elles nous seront très utiles dans le cadre de la rédaction de notre rapport.
Encore une fois merci. Je vous souhaite à tous une très bonne journée. La séance est levée.