:
Je vous remercie, monsieur le président, et je souhaite un bon après-midi à chacun d'entre vous.
Je vous remercie de me permettre de prendre la parole devant vous aujourd'hui. J'ai remis le texte complet de mon allocution au greffier du Comité, mais je vais essayer de raccourcir mes propos pour laisser plus de temps aux questions et discussions.
Je m'appelle Steve Reynish et je suis vice-président directeur, Stratégie et développement, à Suncor Énergie, la plus importante société énergétique intégrée du Canada, employant plus de 10 000 Canadiens d'un océan à l'autre.
Le sujet prévu aujourd'hui porte sur l'avenir des secteurs pétrolier, gazier, minier et nucléaire du Canada et la façon dont nous nous adaptons à ce nouvel environnement de prix plus bas pendant plus longtemps.
Je tiens, avant tout, à vous parler des feux qui sévissent dans le nord de l'Alberta et des impacts sur la collectivité et l'industrie. Notre priorité absolue est la sécurité et le mieux-être de nos employés. Le gouvernement, l'industrie et les Premières Nations locales ont travaillé ensemble pour évacuer des milliers de résidents et de travailleurs en toute sécurité. Les sociétés qui exploitent les sables pétrolifères possèdent des méthodes de sécurité, une expérience et une expertise de calibre mondial pour gérer ce type de situations et planifier et exécuter l’arrêt et le redémarrage sécuritaires de leurs activités. La sécurité et l'environnement resteront notre priorité absolue lorsque les activités redémarreront, et sachez que c'est déjà le cas de certaines d'entre elles.
Les conséquences des feux sont importantes pour Fort McMurray. Comme vous le savez, des milliers de personnes ont été déplacées. Bien que des mesures soient prises pour commencer la reconstruction de la collectivité de Fort McMurray, où ma famille et moi avons habité pendant trois ans, il faudra un certain temps avant que les citoyens puissent y revenir en toute sécurité. À l'opposé, pratiquement aucune installation industrielle n'a été physiquement touchée et l'industrie est en cours de redémarrage de ses installations.
Il est important de se rappeler que l'industrie est ici pour longtemps; il s'agit d'actifs qui dureront de 50 à 100 ans et ils sont protégés. L'industrie, les collectivités et les citoyens sont résilients et cette résilience permettra un retour à la pleine production dans l'industrie et fournira à l'Amérique du Nord et aux autres marchés l'énergie dont ils ont besoin. Au cours des semaines et des mois à venir, l'industrie continuera de collaborer avec les gouvernements, les collectivités, les Premières Nations et autres pour rétablir une collectivité prospère à Fort McMurray.
Je crois que la réponse à ces feux a fait ressortir les meilleures qualités des Canadiens. Leur générosité à l'égard des personnes touchées a été et continue d’être extraordinaire. Au cours des jours, des semaines et des mois à venir, les résidents de Fort McMurray auront besoin de notre aide et de notre soutien, et si on se fie à la réponse reçue jusqu'à maintenant, je sais qu'ils l'obtiendront.
Enfin, je sais que je parle au nom de mes collègues lorsque je dis à quel point nous sommes fiers de la détermination, de la solidarité et de l'engagement démontrés par nos employés et nos entrepreneurs en cette période difficile.
Regardons maintenant le portrait global.
L'industrie pétrolière et gazière est essentielle à l'économie du Canada. Elle crée des emplois, génère des impôts et répond à nos besoins énergétiques. L'ampleur et la durée de la faiblesse des prix du pétrole ont une incidence importante sur les producteurs, les fournisseurs, les partenaires et l'économie dans son ensemble. Ces effets se traduisent par des impacts sur les gens, leurs familles et leurs entreprises et il faudra des années pour tout rétablir. Nous avons tous vu les effets réels de la chute des prix sur l'économie canadienne, et l'effet domino sur les revenus plus faibles des gouvernements. À Suncor, nous maintenons notre stratégie visant à être un exploitant des sables pétrolifères à faibles coûts et sobre en carbone.
Il y a deux volets à cette histoire économique: le court terme et le moyen et long terme.
Le court terme concerne la survie de l'industrie et nous n'en sortirons pas de sitôt. Je crois que les stocks de pétrole brut mondiaux doivent considérablement diminuer sur une longue période avant que les prix remontent.
À Suncor, notre modèle d'affaires intégré, notre rigueur en matière d'investissement et un bilan solide nous ont permis de traverser cette phase difficile. Pour être honnêtes, nous croyons être en meilleure position comparativement à plusieurs autres et nous continuons à maintenir un bilan relativement solide.
Quant au principal défi que nous aurons à relever à moyen et à long terme, ce sera de relancer notre croissance. Chacun sait fort bien que c'est la croissance qui permet de créer des emplois. Avant ces récents feux, de nombreux exploitants avaient éliminé l'investissement dans la croissance.
Suncor, toutefois, a maintenu son engagement et poursuivi deux projets importants: notre nouvelle mine de Fort Hills, en Alberta, et l'installation de production Hebron, au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador. De plus, nous avons également accru notre participation dans Syncrude plus tôt cette année.
Pour les nouvelles constructions, notre but est d'éviter la destruction de la valeur associée à l'arrêt et au démarrage de projets et de profiter d'un contexte de coûts de construction plus faible afin que ces projets demeurent économiquement durables. Cet engagement signifiait le maintien de l'emploi de nombre de nos entrepreneurs et fournisseurs. Par exemple, Fort Hills créera de l’emploi pour environ 5 000 à 6 000 personnes au plus fort de la construction.
Malheureusement, d'autres joueurs de l'industrie ayant une dette plus élevée ou des flux de trésorerie limités ont dû reporter ou annuler des décisions d'investissements à long terme pour des projets de croissance futurs. Le contexte de prix et l'absence d'accès aux marchés ont contribué à ces décisions. Les impacts sont réels et durables. Par exemple, tous les producteurs du secteur Amont ont perdu de l'argent au cours des deux premiers mois de l'année, et collectivement, les données de l'industrie indiquent la perte de 40 000 emplois directs et de 100 000 emplois indirects à l'échelle du Canada.
Aussi, n'oublions pas que nous avons toujours besoin de la capacité pipelinière pour soutenir les activités actuelles et les projets en cours. La production et les projets qui sont actuellement au ralenti dans l’industrie pourraient redémarrer, donc la nécessité de construire de nouveaux pipelines n'a pas disparu. En fait, la création d'emplois futurs et les nouveaux investissements reposeront sur les facteurs économiques des projets dont le principal est le prix du pétrole.
Mais d'autres facteurs, dont la certitude réglementaire et fiscale, l'accès aux marchés et les coûts associés au fardeau des politiques globales de divers paliers gouvernementaux jouent un rôle clé... Par exemple, les dépenses en immobilisations liées à la participation de Suncor dans le projet Fort Hills de 15 milliards de dollars sont de 6,5 milliards de dollars. Et les investissements de Suncor dans Hebron dépassent les 3 milliards de dollars. La construction de ces deux projets devrait être complétée au quatrième trimestre de 2017. Dès que ces deux projets seront pratiquement terminés, les carnets de commandes des entreprises du Canada qui fournissent des produits et services pour ces projets seront particulièrement vides, et il y a peu ou pas de nouveaux projets majeurs à l'horizon.
Bien que ce contexte de prix ait été difficile, Suncor a maintenu son engagement envers la recherche et le développement et les nouvelles technologies. Et je sais qu'il s'agit là d'un domaine d'intérêt pour les membres du Comité.
Suncor dépense environ 200 millions de dollars par année en nouvelles technologies et innovations. Ces investissements ne visent pas seulement à améliorer la compétitivité économique en réduisant les coûts, mais également à aider à réduire notre empreinte environnementale liée à la gestion de l'eau et à la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, les GES.
Il est moins que probable que nous verrons de nouveaux projets de croissance sans l'adoption de nouvelles technologies et les gouvernements et l'industrie doivent partager les travaux de recherche et de développement pour réduire l'empreinte carbone et améliorer les résultats financiers de la mise en oeuvre future des sables pétrolifères. En fait, afin d'appuyer davantage le développement technologique et l'innovation, Suncor a appuyé publiquement l’établissement d’une taxe générale sur le carbone.
Plus particulièrement, nous avons appuyé activement le plan d'action de l'Alberta sur le changement climatique, et notre chef de la direction, Steve Williams, faisait partie de la délégation canadienne qui est allée à Paris dans le cadre des discussions de la COP21.
Nous comptons sur le gouvernement pour soutenir une culture de l'innovation; ce soutien devrait se présenter sous la forme d'un investissement direct en R-D et d'un cadre réglementaire souple pour permettre l'adoption de technologies.
Heureusement, l'approche qu'il faut prendre aujourd'hui est également pertinente pour le moyen et long terme. Pour que l'industrie soit viable à long terme, les actions que nous prenons aujourd'hui doivent faire partie d'un changement de mode de vie et non d'un régime-choc et, pour réussir, nous devons travailler avec les gouvernements. Cela signifie qu'il faut garantir que des cadres stratégiques cohérents et solides sont en place pour faciliter le développement futur, particulièrement en ce qui concerne l'accès aux marchés.
Nous sommes de plus en plus en concurrence directe avec notre plus important client, les États-Unis, et c'est dans cette optique que nous devons porter un regard critique sur l’efficacité de la réglementation pour notre industrie. Renforcer notre capacité d'acheminement améliorera la possibilité pour les sociétés de continuer à mettre l'accent sur la croissance et, en bout de ligne, de créer des emplois et une croissance économique.
Nous voulons travailler avec le gouvernement pour assurer que le public fait confiance au processus réglementaire. En abordant ces enjeux et en mettant en oeuvre des projets d'infrastructure, nous pouvons enfin commencer à tirer le meilleur profit possible des ressources canadiennes.
Suncor s'engage à collaborer avec tous les gouvernements pour passer à un avenir sobre en carbone. Nous invitons également le gouvernement à tenir compte des efforts visant à réduire les GES déjà en cours dans plusieurs provinces lors de l'établissement de cibles afin d'éviter le double comptage.
Voilà l'essentiel de ce que j'avais à vous dire, monsieur le président. Je répondrai maintenant avec plaisir aux questions et préciserai certains points mentionnés.
Je vous remercie de m'avoir ainsi donné l'occasion de m'adresser à vous.
:
Au nom d'Unifor, j'aimerais remercier le Comité permanent de cette occasion qu'il m'offre de m'entretenir avec vous aujourd'hui.
Comptant 310 000 membres qui évoluent dans trois douzaines d'industries, Unifor est le plus important syndicat du secteur privé. Nous représentons au-delà de 13 000 travailleurs dans l'industrie du pétrole et du gaz naturel, incluant des membres dans le secteur en amont de l'extraction du pétrole et du gaz naturel, dans le secteur intermédiaire du raffinage et de la fabrication pétrochimique, ainsi que dans le secteur en aval, soit la distribution du gaz naturel.
Unifor procède en ce moment à l'élaboration d'une politique énergétique globale, qu'on pourrait publier plus tard cette année. Je ne peux vous présenter un ensemble détaillé de recommandations de nature politique, puisque nous n'avons toujours pas défini nos points de vue en ce qui à trait au développement énergétique au Canada.
Les hydrocarbures - pétrole brut, gaz naturel et charbon - représentent 87 % de la consommation d'énergie à l'échelle mondiale. L'hydroélectricité et le nucléaire représentent ensemble 11 %, alors que les énergies renouvelables constituent à peine 2 % de la consommation mondiale d'énergie. Le pétrole demeure la source de combustible la plus importante à l'échelle mondiale, soit 33 % de l'énergie totale. L'ancien premier ministre s'est démarqué en qualifiant le Canada de « superpuissance énergétique », dans le contexte de la demande énergétique mondiale. Le Canada possède les troisièmes réserves prouvées en importance au monde, nous sommes au quatrième rang au niveau de la production de pétrole et le cinquième plus important producteur de gaz naturel au monde. M. Harper avait donc raison.
Si vous analysez la composition de la production actuelle du Canada, vous allez observer qu'elle est composée à 45 % de pétrole brut, à 34 %, soit un peu plus d'un tiers, de gaz naturel. C'est ce que nous produisons au pays. Une fois encore, il s'agit dans une très large mesure d'exploitation d'hydrocarbures.
Notre consommation d'énergie, elle, se présente un peu différemment. La plus importante source de carburant utilisée est le pétrole, suivie du gaz naturel. Elles représentent respectivement 31 % et 28 % de notre consommation totale. Ces deux industries productrices fournissent donc pratiquement 60 % de notre consommation alors que les énergies renouvelables n'en fournissent que 1,5 %.
Notre pays a toutefois énormément de chance avec la combinaison d'énergies qu'il produit, car il dispose de capacités très importantes de production hydroélectrique. La combinaison des énergies d'origine hydroélectrique, nucléaire et renouvelable, donc non émissives, correspond à 35 % de notre consommation. C'est là un pourcentage beaucoup plus élevé que la moyenne mondiale, qui est de 13 %. L'Union européenne, qui est la championne des énergies renouvelables et non émissives, n'atteint que 24 %. Il appert donc que, même si notre consommation est supérieure à celle de l'Union européenne, elle est beaucoup plus tournée vers les sources non émissives.
Je veux attirer votre attention sur le fait suivant: lorsqu'on ramène cette production au prorata de la population de chaque province canadienne pour obtenir la production et la consommation proportionnelles d'énergie primaire, on découvre que 65 %, soit les deux tiers, de l'énergie que nous consommons provient de l'Alberta. Il faut y ajouter 22 % qui sont produits en Saskatchewan et en Colombie-Britannique.
Quelles conclusions peut-on en tirer? Il y en a au moins trois. La demande d’hydrocarbures est encore énorme dans le monde. En second lieu, le Canada dispose d’abondantes ressources non émissives. Ensuite, toute discussion sur l’élimination du carbone va avoir des effets plus marqués sur les habitants de l’Ouest du Canada, parce qu’une telle mesure devra s’attaquer avant tout à leur économie, puisque c’est dans cette partie du pays que la production est la plus importante. Ce sont là tout simplement les réalités auxquelles nous somment confrontés. Je me contente simplement de faire état de quelques faits.
Ces trois conclusions sont importantes. Lorsqu’on examine l’apport du secteur énergétique à la prospérité du Canada, on constate qu’il est énorme. Dix pour cent de notre PIB provient du secteur énergétique, ce qui nous met sur un pied d’égalité avec le secteur manufacturier. Lorsqu’on cantonne l’analyse au pétrole et au gaz, le pourcentage est encore de 7 %. C’est un chiffre qui peut paraître faible, mais il se compare au poids du secteur combiné des finances et des assurances dans notre économie. Pour situer encore plus précisément les choses, ces 7 % correspondent aussi à la part globale du secteur des soins de la santé et de l’aide sociale, ou encore à celle du secteur de l’éducation dans notre économie.
Le pétrole et le gaz contribuent de façon déterminante à la prospérité du Canada. Dans le domaine des investissements des entreprises, ils représentent une part énorme de ces derniers. Il s’agit en effet d’environ un quart de tous les investissements des entreprises au Canada. Ils sont également à l’origine d’une part énorme des emplois bien rémunérés. Au Canada, le salaire industriel moyen est de 23 $ l’heure, ce qui correspond à 46 000 $ par année. C’est la moyenne canadienne. Dans le secteur de la distribution du gaz naturel, on s’approche davantage des 36 $ l’heure, ce qui revient à dire que les salaires y sont plus élevés de 50 %. Dans les secteurs de l’extraction du pétrole et du gaz, et plus précisément dans les activités extractives, ce salaire moyen est carrément multiplié par deux. Cela donne un taux de rémunération horaire de l’ordre de 45 $ l’heure.
Il n’est pas inutile de rappeler que le secteur énergétique est une source importante d’emplois bien rémunérés.
Le Canada est un exportateur important de pétrole et de gaz, d’énergie en général, mais nous dépendons également de sources d’approvisionnement étrangères pour nos importations. Nous exportons 3,6 millions de barils de pétrole par jour, presque exclusivement à destination des États-Unis. La plupart de ces exportations ne sont pas raffinées. Il s’agit le plus souvent de bitume ou de produits pétroliers non raffinés. Nos exportations ne comprennent en vérité que 15 % de produits pétroliers raffinés.
Nous importons aussi 1,2 million de barils de pétrole par jour, ce qui s’explique par le fait que notre réseau énergétique est dominé par un axe Nord-Sud. L’Ouest du Canada expédie la plupart de ses ressources énergétiques vers le sud, aux États-Unis, alors que les régions du Centre et de l’Est importent une grande part de l’énergie dont elles ont besoin. Si les États-Unis sont notre principal fournisseur d’énergie, il ne faut pas non plus oublier l’Arabie Saoudite, le Nigéria, la Norvège, et cetera.
À l'échelle de la planète, les ressources énergétiques du Canada ont une importance historique. Elles nous permettent d’exercer une influence géostratégique. C’est là l’un des tout premiers arguments dans toute conversation sur l’élimination du carbone. Cette énergie constitue l’une des fondations de notre civilisation. Il n’y a pas d’échappatoire à cette vérité. Près de 90 % de notre énergie provient de carburants fossiles. Unifor a parfaitement conscience de l’ampleur du défi auquel nous sommes confrontés avec les émissions de carbone, la pollution et les autres formes de dommages à l'environnement.
Unifor estime que, au niveau le plus faible de résolution de ce défi, nous sommes en mesure de développer de façon responsable ces ressources énergétiques, tout en respectant les droits ancestraux et issus des traités, ce qui devrait bien évidemment impliquer des consultations et une pleine participation socio-économique, et nous pourrons alors respecter nos cibles d’émissions définies à Paris lors de la COP21.
Cela ne sera pas possible avec le modèle actuel de développement du secteur énergétique. Lors de l’envolée des prix des matières premières, nous avons extrait ces sables bitumineux aussi rapidement que nous que nous l’avons pu. Nous les avons expédiés à qui voulait bien les acheter, surtout non transformés, non raffinés, pour les racheter fréquemment par la suite sous forme de produits finis.
Unifor a une vision bien à elle de la situation. À chaque fois que nous assistons à la construction d’un pipeline, ou à l’augmentation de la capacité de transport de ressources énergétiques non raffinées et non transformées, nous nous disons que nous exportons de bons emplois. Je vais revenir sur cet aspect des choses dans un instant. Nous voyons aujourd’hui fort bien, en Alberta comme à Terre-Neuve, les conséquences négatives de cette mentalité de « ruée vers l’or ». Tout le monde trouve ce modèle parfait lorsque les prix sont à la hausse. Lorsqu'ils s’effondrent, comme ils le font de façon cyclique et inévitable, tout le monde se dit qu'il est grand temps de réfléchir aux conséquences.
Je vais essayer d’accélérer un peu.
Voici ce qui importe le plus à mes yeux. Si le monde s’efforce d’éliminer le carbone, et si le Canada se lance sur cette voie, nous devrons veiller à générer autant d’activités économiques que possible à même les ressources dont nous disposons actuellement. Si l’assise économique de notre secteur des ressources diminue, nous n’aurons d’autres choix que d'en tirer le maximum pour créer des emplois et pousser notre PIB à la hausse.
Permettez-moi de vous donner quelques précisions sur la capacité de raffinage du Canada. Alors que nous avons 10 % des réserves mondiales et 5 % de la production mondiale, notre capacité de raffinage n'est que de 2 %. Nous avons fermé des raffineries. Depuis le début des années 1980, à la fin de la dernière période de croissance, jusqu'à la fin des années 1990, nous avons fermé, en moyenne, une raffinerie par an.
N'oublions pas qu'alors que nous étions en pleine croissance du secteur énergétique, nous avons fermé quatre raffineries. Si notre production a triplé depuis 1978, notre capacité de raffinage, elle, a diminué. Nous supprimons ces emplois fort bien rémunérés du secteur du raffinage et les exportons le plus vite possible. Cela revient à perdre des possibilités.
Unifor croit que le Canada devrait élaborer une stratégie nationale en matière d'énergie, une stratégie reprenant les pratiques exemplaires des autres secteurs de compétences dans le domaine énergétique, incluant des mesures de conservation et d'efficacité énergétique, de propriété publique et de surveillance de la réglementation, de consultation publique, de sécurité d'approvisionnement et, ce qui est encore plus important, des principes visant, entre autres, à maximiser l'avantage pour notre pays.
Merci de l'attention que vous m'avez accordée.
:
Parfait. Je vous en remercie.
Permettez-moi de commencer en vous présentant brièvement Technologies du développement durable Canada, ou TDDC. J’ignore s’il y en a parmi vous qui connaissent bien notre fondation. J’aimerais également vous entretenir de certains des vecteurs de changement que nous percevons dans le secteur, en particulier ceux qui favorisent les innovations dans les industries du pétrole et du gaz. Pour terminer, j’entends vous donner un aperçu de certains des investissements que TDDC a réalisés dans le secteur au cours des 15 dernières années, ce qui nous amènera alors à aborder quelques problèmes que certains de mes pairs ont déjà soulevés devant vous.
TDDC a été créée en 2001 avec le mandat de se comporter comme un instrument de politique du gouvernement pour permettre aux Canadiens de bénéficier de retombées environnementales et économiques favorables. Pour y parvenir, nous mettons l’accent sur le développement et la démonstration de solutions technologiques qui permettent de s’attaquer aux changements climatiques, à la qualité de l’air, de l’eau, des terres et des sols. Nous avons également pour mandat de mettre sur pied des partenariats novateurs et de doter notre pays d’infrastructures technologiques de développement durable, ce qui dépasse les simples équipements puisque cela englobe également les écosystèmes. Nous devons également assurer la diffusion en temps opportun de ces technologies, ce qui revient à dire qu’il nous faut accroître leur nombre et leur taux de mise en œuvre sur le marché pour conférer des avantages à l’ensemble de notre pays. C’est ce que nous entendons par des retombées environnementales et économiques.
Le principal instrument que nous utilisons pour mettre en œuvre notre mandat est le Fonds de technologies du DD. Il s’agit essentiellement d’un instrument subventionnaire doté par le gouvernement fédéral d’un budget de 955 millions de dollars depuis 2001. La vaste majorité de ces fonds a été affectée à divers projets. Nous avons réalisé des investissements d’environ 850 millions de dollars dans tous les secteurs de l’économie canadienne.
Nous sommes un organisme sans but lucratif et, si nous fonctionnons sans lien de dépendance, nous sommes tenus de rendre des comptes au Parlement, autrefois par l’intermédiaire du ministre des Ressources naturelles et maintenant par celle du . Quinze administrateurs composent notre conseil d’administration, dont sept sont nommés par le gouvernement du Canada, et en particulier son président, M. Jim Balsilie.
Le rôle de TDDC est essentiellement de financer les risques associés au développement et à la démonstration de technologies. Cela fait maintenant longtemps que des études ont montré le manque de capitaux disponibles à injecter dans les phases de développement et de démonstration de technologies gourmandes en capitaux. Dans ce contexte, le rôle de TDDC est de prendre à sa charge une partie des risques financiers et d’attirer dans ses projets d’autres investisseurs pour que ces technologies puissent parvenir à maturité, devenir des solutions prêtes à être commercialisées et générer des retombées pour les Canadiens.
Jusqu’à ce jour, TDDC a procédé à des investissements de 850 millions de dollars dans 304 projets. Ceux-ci ont permis d’attirer des capitaux de 2,3 milliards de dollars de divers partenaires du gouvernement et de l’industrie, dont environ 85 % proviennent de l’industrie. C’est donc pratiquement toute l’industrie qui est impliquée.
Quant à la ventilation de ces investissements par secteur, une part importante est allée à ceux du pétrole et du gaz. Je peux vous dire que nous évaluons à 15 % ceux qui ont été consacrés à ce que nous appelons les technologies de carburants fossiles plus propres. Cela couvre les technologies d’extraction de pointe, mais également celles qui permettent de s’attaquer à certains des flux de déchets de la production. Nous avons également investi dans certaines infrastructures de soutien, réalisé des investissements importants dans les technologies de détection de fuites sur les pipelines, ainsi que dans d’autres mesures de sécurité liées à la production et aux pipelines, sans oublier les technologies utilisées dans le secteur des services en appui au secteur pétrolier et gazier.
Quelles sont les tendances ou les défis auxquels le secteur est ou sera confronté et quels sont les problèmes que nous plaçons en tête de liste lorsque nous nous penchons sur les innovations qui apparaissent dans ce secteur?
Comme premier élément de réponse, je vous invite à vous reporter à l’étude sur les indicateurs de croissance verte de l’OCDE de 2014 qui classe la capacité concurrentielle du Canada pour des unités multiples, en fonction du PIB. Les auteurs de cette étude ont analysé la productivité du PIB par unité de CO2, ainsi que par unité d’énergie consommée, par unité d’eau utilisée et par unité de consommation physique dans la production. Le classement du Canada ainsi obtenu n’est pas très bon quand on le compare à ceux d’autres pays comme les États-Unis, Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Irlande, et cetera. Nous sommes 14e sur 15 pour la productivité du CO2, dernier sur la production d’énergie, 11e en matière de consommation d’eau, et encore 11e, toujours sur 15, dans le cas de la productivité de la consommation physique de la production par unité de PIB.
S'ajoutent à cela, comme nous le savons tous, que le monde devient de plus en plus concurrentiel et que nous pouvons déjà détecter des tendances très fortes qui auront des répercussions à l’avenir sur la capacité concurrentielle du secteur. Le GIEC a calculé que nous devrons réduire nos émissions de 40 à 70 % pour éviter des répercussions importantes sur les changements climatiques. On compte également qu’il faudra réaliser des investissements de 90 billions de dollars en infrastructures pour parvenir à des réductions importantes des émissions de carbone au cours des 15 années à venir.
La Chine va lancer en 2017 un marché du carbone qui concernera six de ces secteurs d’activité. C’est pratiquement demain. Elle collabore avec l’Union européenne pour harmoniser son cadre de politique à celui de Bruxelles. On s’attend à ce que, d’ici cinq à dix ans, le marché du carbone soit consolidé.
Il faut enfin savoir qu’une étude récente de McKinsey & Company prévoit que de 25 à 40 % de la population mondiale seront confrontés à des pénuries d’eau, d’énergie et d’aliments. C’est l’occasion pour rappeler que nous disposons de quantité de ressources énergétiques et qu’il nous faudra les déployer de façon efficace.
Quelles devraient être les répercussions de ces attentes sur le secteur du pétrole et du gaz, en particulier au Canada?
Nombre des personnes qui se sont adressées à vous auparavant vous ont parlé des calculs de NRCan. Leurs résultats sont proches de 8 % de notre PIB. Pour rester concurrentiel, nous n’avons donc d’autre choix que d’adopter des solutions novatrices et durables. Nous devons améliorer en permanence notre performance pour conserver notre position sur un marché mondial fort concurrentiel. Pour parvenir à résister dans ce secteur qui sera frappé par d’importantes vagues macro-économiques, touchant en particulier le prix du pétrole, il nous faut impérativement viser trois résultats. Il faudra aller au-delà de la capacité concurrentielle par les coups et réussir à faire preuve d’une telle capacité dans les domaines environnementaux et sociaux.
Il faut s’attendre à ce que ces facteurs externes jouent un rôle de plus en plus important pour déterminer la viabilité des possibilités s’offrant aux entreprises. Qu’il s’agisse de la responsabilité perçue en matière de carbone ou de questions liées au contrat social qui pourraient retarder la mise en œuvre des projets, avec pour effet un accroissement du montant des investissements, ou encore des coûts de déploiement des nouvelles possibilités d’affaires, il faudra en tenir compte. Pour conserver notre prospérité économique dans ce monde en évolution rapide, nous devrons nous attaquer à ces trois dimensions: économique, environnementale et sociétale.
Nous avons tous pu constater les effets dramatiques de ces fortes fluctuations des prix du pétrole au cours des 10 dernières années. Ceux-ci ont été très volatiles. Il est très difficile, pour n’importe quelle industrie, de choisir la bonne voie à suivre dans un tel contexte. Il n’est alors d’autre choix que de se demander comment conserver sa part de marché dans un univers touché par une telle volatilité. À quel niveau faut-il fixer ses prix pour disposer de marges importantes et pour garder les avantages économiques dont bénéficie notre pays?
Ce graphique montre les diverses tranches de coûts que les divers producteurs de pétrole doivent assumer à travers le monde en fonction de la nature de leur stock de ressources, ainsi que les émissions de GES par baril pour les diverses solutions de production. Les blocs grisés correspondent aux tranches de coûts. Sur l’axe horizontal, vous avez le volume de production attribué à chaque source et les symboles en forme de « I » majuscule vous donnent l’ampleur des émissions de GES pour les sources respectives utilisées dans les diverses techniques de production pétrolière.
J’aimerais insister ici sur le fait que le bloc des sables bitumineux est celui qui affiche la fourchette la plus élevée de coûts de production, et encore la fourchette la plus élevée pour les émissions de GES par baril de pétrole. Ce n'est bien évidemment pas là une situation enviable dans un tel contexte de volatilité et de chute marquée des prix la ligne rouge pointillée horizontale indique approximativement les niveaux de prix actuels. La ligne verte, elle, correspond au coût moyen de production pour les divers blocs gris. Nous sommes bien au-dessus de la moyenne et du prix de vente actuel.
En procédant à ces investissements dans ce secteur, TDDC privilégie la réduction de la gamme des coûts. Le graphique suivant illustre la cible que nous avons retenue, à la fois du point de vue de la production et de celui de l’intensité des émissions de GES par baril. Nous avons procédé à un nombre assez élevé d’investissements dans cette cible pour atteindre nos objectifs, et nous sommes prêts à y investir encore davantage.
Pour vous situer nos investissements sur la chaîne de valeurs, sachez qu’ils vont de l’exploration jusqu’à la commercialisation et la distribution, en passant par toutes les étapes intermédiaires. Comme je vous l’ai déjà dit, nos investissements dans le secteur de l’énergie représentent environ 15 % des fonds dont nous disposons, ce qui revient à dire qu’ils se montent aux alentours de 150 millions de dollars. Je dois ici vous préciser que lorsque je parle d’investissements, il s’agit en vérité de subventions. Nos fonds ne sont pas destinés à prendre la forme d’une participation au capital dans les sociétés que nous finançons.
Comme vous pouvez vous en douter, une partie importante de nos investissements dans la chaîne de valeurs a été faite dans le domaine de la production. Nous avons analysé soigneusement les techniques d’extraction à base de solvants et celles qui font appel à des moyens améliorés de production de vapeur. Nous nous sommes penchés sur la production de vapeur au fond du trou qui offre également des avantages marqués en termes d’efficience, sur les techniques de gestion des résidus qui permettent de réduire le rendement net desdits résidus tout en permettant de remettre les terrains dans leur état originel, et d’extraire davantage de valeur de ces résidus, de ces minéraux et des autres coproduits.
Enfin, nous avons examiné tous les autres aspects de la production dans le but d’en améliorer l’efficience. TDDC estime avoir là un rôle important à jouer, dans le but de conserver la valeur de ces activités pour les Canadiens, tout en en améliorant l’efficience. Plus un produit est raffiné et plus il est facile à acheminer par pipeline, plus son transport est efficient. Les investissements que nous avons faits dans des sociétés comme MEG Energy, Fractal Systems et Field Upgrading avaient tous pour but de parvenir à des valorisations partielles pour permettre aux entreprises canadiennes concernées d’accroître leurs marges bénéficiaires.
Nous avons également réalisé des investissements importants dans les pipelines, dans leur intégrité, dans la détection des fuites qu’ils peuvent présenter et même dans leurs réparations dans des écosystèmes délicats. Nous avons aussi investi dans des activités de raffinage en aval au sein d’entreprises comme Quantiam, lmtex et Paradigm Shift Technologies, et ceux-ci ont permis de réduire très sensiblement l’intensité énergétique de la production d’éléments chimiques de base destinés à l’industrie.
[Français]
La présentation a été traduite et vous pouvez la visualiser ici.
[Traduction]
Merci au Comité de m'avoir gentiment invitée à venir discuter avec vous aujourd'hui.
[Français]
Comme vous venez de le constater, je parle les deux langues. Alors, si vous avez des questions en français, sentez-vous bien à l'aise de les poser dans cette langue.
[Traduction]
Je vous parlerai très brièvement, aujourd'hui, du rôle que peut jouer la confiance du public lorsqu'il s'agit de libérer le potentiel énergétique du Canada. Nous menons des recherches dans ce domaine depuis quelque temps, à l'Université d'Ottawa, et je vais vous faire part de certains des résultats des recherches qui ont trait à cette question.
Pour commencer, je vais vous brosser très rapidement un tableau de la situation. Je pense souvent à l'énergie, aux défis et aux changements qui touchent le secteur de l'énergie, comme au début d'une ère nouvelle dans le domaine du développement énergétique; je vais en parler davantage dans un instant. Je vais aussi vous parler très brièvement du projet Énergie positive, puis je vais aborder la question de la confiance du public et du rôle important que joue la confiance du public lorsqu'il s'agit de développement énergétique et de la libération du potentiel énergétique du Canada.
C'est vraiment le début d'une ère nouvelle dans le monde du développement énergétique. J'étudie les politiques et règlements en matière d'énergie depuis une vingtaine d'années, maintenant, et je n'avais jamais vécu autant de controverse et vu cette question faire aussi souvent les manchettes avant aujourd'hui. Je réfléchis souvent au contexte des politiques et des règlements, qui sont devenus de plus en plus complexes, puisque les gouvernements, essentiellement, cherchent ce que je considère comme une solution miracle en matière de politiques et de règlements énergétiques. Les gouvernements essaient de trouver les points d'équilibre appropriés parmi un certain nombre d'impératifs stratégiques clés, dont bon nombre des impératifs que votre comité étudie actuellement: les impératifs liés au marché, c'est-à-dire les débouchés économiques; les impératifs environnementaux, entre autres les changements climatiques, mais aussi, bien sûr, les autres formes d'impacts environnementaux liés à l'énergie; les impératifs liés à la sécurité, c'est-à-dire la sécurité des infrastructures énergétiques critiques, et tout cela. Le quatrième impératif sur lequel mes commentaires vont se concentrer est lié à l'acceptation sociale qui doit se doubler d'un soutien social au moment de trouver les points d'équilibre appropriés pour les trois impératifs précédents, le marché, l'environnement et la sécurité. Je vais en parler dans un instant.
Comme je l'ai mentionné, les politiques énergétiques deviennent de plus controversées et sont très polarisées. Nous avons observé un changement d'orientation des politiques énergétiques, au cours des dernières années. Elles ciblaient auparavant des préoccupations bien plus locales en matière d'énergie, que l'on a appelées avec à-propos le syndrome « pas dans ma cour », et elles ciblent aujourd'hui ce que j'appelle une opposition de principe aux projets de développement énergétique, en particulier les projets utilisant les combustibles fossiles. Les gens s'opposent à l'exploitation de toutes les ressources énergétiques quelles qu'elles soient, et vous avez déjà probablement entendu parler de ce nouveau « mot d'ordre »: « il ne faut pas construire quoi que ce soit près de qui que ce soit. » C'est une forme d'opposition très différente, et les décideurs, les organismes de réglementation et l'industrie font donc face à une approche politique d'un type très différent. Il est clair, et nous le constatons depuis un certain nombre d'années, que cela retarde les décisions touchant les projets, et que cela peut même ralentir et même faire cesser complètement la réalisation d'un projet. La question que nous devons maintenant nous poser, c'est de savoir si nous pouvons nous permettre de poursuivre sur cette voie. Lancer un projet, cela coûte cher aux promoteurs, en temps et en argent; cela coûte aussi beaucoup de temps et d'argent de s'y opposer. Les relations se détériorent — je vais en parler dans quelques instants —, mais aussi, et cela est bien plus intéressant pour votre comité, il y a une perte des possibilités économiques et un risque potentiel de fuite des capitaux.
Dans ce contexte, le projet Énergie positive, que je préside, vise en réalité à faire deux choses. La première, c'est de tabler sur le pouvoir de mobilisation de l'université pour rassembler les joueurs clés du secteur de l'énergie pour chercher à savoir comment l'on pourrait renforcer la confiance du public dans le développement énergétique. Nous ne parlons pas ici seulement des combustibles fossiles. Comme tout le monde le sait, les projets fondés sur les combustibles fossiles ne sont pas les seuls à susciter l'opposition de la société. Cela concerne également les projets hydroélectriques ou les éoliennes, et d'autres projets du même type.
Mais nous faisons ce que j'appelle une réunion à valeur ajoutée. Nous menons également des projets de recherche appliquée axés sur des solutions qui visent à éclairer les mesures à prendre et les échanges à entretenir. Je vais donc vous présenter quelques-uns des résultats de ces recherches, aujourd'hui.
Qu'est-ce qui inspire confiance au public? Quels éléments peuvent influer sur la confiance que les citoyens, individuellement ou collectivement, accordent au développement énergétique? En réalité, trois facteurs clés ont une incidence sur la confiance du public. Évidemment, le gouvernement — les politiques et les règlements mis en vigueur par les gouvernements — a une incidence sur le niveau de confiance que le public accorde au secteur de l'énergie. Ensuite, la société: les activités des organisations non gouvernementales, l'opinion des collectivités locales, l'opinion des voisins de chacun. Tout cela a également une incidence sur les attitudes, les opinions et le niveau de confiance du public au regard du secteur énergétique. Et il y a bien sûr, également, l'industrie. Le rendement de cette industrie a une incidence sur la confiance du public.
Pourquoi alors nous retrouvons-nous face à ce niveau de controverse touchant l'énergie et à ce phénomène du déclin de la confiance du public dans le développement énergétique? Pourquoi aujourd'hui? Qu'est-ce qui a changé dans ce tableau, ces dernières années, pour l'expliquer?
Les facteurs sont divers. Il n'y a pas de facteur unique qui motive la confiance du public. Je ne vais pas exposer tous les facteurs. Je parlerai des changements sociaux et des changements de valeur survenus depuis une vingtaine d'années. Nous voyons des lacunes dans un certain nombre de politiques publiques; les politiques n'évoluent pas, et cela concerne bien des secteurs clés et explique le déclin de la confiance du public. Il y a d'autres facteurs, notamment les règlements adoptés en réaction à ces lacunes au chapitre des politiques et les pratiques des promoteurs des projets. Comme je l'ai dit, je vais m'attacher aux changements sociaux et aux changements des valeurs de même qu'aux lacunes au chapitre des politiques. Je traiterai avec plaisir des autres sujets, pendant les questions, si cela vous intéresse.
Il ne faut pas sous-estimer les changements sociaux et les changements des valeurs. En ce qui concerne le développement énergétique, la situation d'aujourd'hui n'a aucun point commun avec celle de 1950. La dernière fois que notre pays a été secoué par une telle controverse sur la construction d'oléoducs, cela remonte aux années 1950. La situation est très différente aujourd'hui de ce qu'elle était il y a 60 ou presque 70 ans.
Nous observons un certain nombre de changements sociaux clés, qui font qu'il est beaucoup plus difficile aujourd'hui d'avoir la confiance du public en ce qui concerne l'énergie. J'en ai fourni ici une courte liste, mais je ne peux pas donner beaucoup de détails sur chacun d'entre eux. Ce sont des choses que nous avons tous vécues, fort probablement, au quotidien.
Premièrement, il y a le déclin de la confiance du public à l'égard des institutions, tant publiques que privées, et je parle de façon générale. Nous ne parlons pas ici seulement de l'énergie. Il y a un déclin, également, en ce qui concerne le respect de l'autorité et de l'expertise. Nous n'utilisons plus, comme nous le faisions probablement dans les années 1950, une approche rationnelle, globale, technocratique et fondée sur des experts en matière d'élaboration de politiques ou de gouvernance.
En second lieu, il y a le désir d'une plus grande participation du public à la prise de décisions. Les gens veulent avoir voix au chapitre lorsque des décisions vont les affecter.
Troisièmement, il y a le passage des valeurs communautaristes à des valeurs individuelles. La ligne de mire, quand il s'agit des intérêts, est souvent dirigée vers un objectif local — les effets sur une localité et sur les personnes — plutôt que vers un objectif national. J'y pense souvent quand j'entends l'expression: « Qui parle au nom du Canada? » Qui défend l'intérêt de la nation dans ce type de débat? Ce que nous essayons de mettre en lumière, grâce à nos recherches, c'est que certains des changements qui touchent la société et les valeurs privent d'une grande partie de leur attrait des valeurs de ce type.
En quatrième lieu, on observe une montée de valeurs qui, à notre avis, s'oppose au corporatisme, aux grandes sociétés et même aux carburants fossiles et, en parallèle, une préférence marquée pour des projets à petite échelle, des projets davantage locaux, de même qu'une diminution de la tolérance au risque. Comme Beck le soulignait, nous vivons dans une société du risque, mais nous vivons également dans une société dont les habitants perdent confiance dans la capacité des gouvernements et de l'industrie d'atténuer les risques et de gérer les risques si les choses vont mal. Voilà pour les changements sociaux et les changements des valeurs.
Je ne vais pas m'attarder très longtemps sur les lacunes au chapitre des politiques. Je ne crois pas pouvoir dire quoi que ce soit sur un sujet auquel vous aviez certes déjà réfléchi.
En ce qui concerne les changements climatiques, je parle de la perception, vraie ou fausse, selon laquelle il ne se passe plus grand-chose et de la réduction du nombre de tribunes sur lesquelles on peut discuter des changements climatiques de façon significative, ce que l'on observe depuis des dizaines d'années, et je parle non pas seulement du gouvernement précédent, mais de tous les gouvernements avant celui-là aussi.
En ce qui concerne les Autochtones et le dossier de la réconciliation, dont ont parlé les précédents témoins, il s'agit du besoin de régler, de façon significative, certains des enjeux clés dont se préoccupent les collectivités autochtones. Encore une fois, cela dépasse la seule question de l'énergie. Il peut s'agir d'eau potable, de logements, des femmes autochtones assassinées ou disparues, de toute une gamme d'enjeux qui vont bien au-delà du simple enjeu énergétique.
Ces lacunes au chapitre des politiques, les inquiétudes liées au fait qu'il ne s'est pas passé grand-chose dans ces dossiers, alors qu'il aurait pu se passer quelque chose, se compliquent en outre du fait que les gouvernements travaillent en vase clos, à l'échelle des ministères fédéraux ou du gouvernement fédéral dans son ensemble, mais cela concerne également les gouvernements provinciaux et, jusqu'à un certain point, les administrations municipales.
La troisième lacune, au chapitre des politiques, c'est le manque de mécanismes qui permettraient de pallier les effets cumulatifs ou de prévoir à l'échelle d'une région les effets cumulatifs de différents projets énergétiques.
Quels sont les impacts de ces lacunes au chapitre des politiques? Nous avons vu, entre autres, une tendance croissante à utiliser le processus réglementaire et les processus réglementaires personnalisés dans chacun des projets énergétiques. Les problèmes non réglés en matière de politiques affectent les processus réglementaires, tout comme les préoccupations relatives au changement climatique, l'absence de mesures concernant la réconciliation, l'absence de mécanismes touchant les effets cumulatifs ou la planification régionale, ce qui fait que les gens doivent se tourner vers les tribunes existantes. Les tribunes en question, dans ce contexte, sont les processus réglementaires pour les projets individuels, et ne sont pas nécessairement le lieu où traiter de ce type de préoccupation; le problème en est donc exacerbé, ce qui tue encore davantage la confiance du public.
Que faire? D'abord et avant tout, ce que nos recherches nous ont fait comprendre, entre autres, c'est qu'il est très important de comprendre que, dans certains de ces dossiers, il est déjà trop tard. Nous ne sommes plus en 1950. On entend parfois dire — et vous avez déjà probablement entendu cela — que l'on aimerait revenir à l'âge d'or, lorsque les gouvernements pouvaient agir de manière plus unilatérale, lorsque le public faisait beaucoup plus confiance au gouvernement, à l'opinion des experts, et à tout cela. Mais nous n'en sommes plus là, alors il nous faut repenser la façon dont nous nous occupons de l'énergie, si je puis m'exprimer ainsi.
Ensuite, il faut combler ces lacunes au chapitre des politiques. C'est un des aspects qui m'inspirent un optimisme prudent. Il est certain qu'un certain nombre de ministères fédéraux, mais également provinciaux, commencent à poser des gestes plus significatifs dans les domaines du climat, de la remise en valeur des terres, et qu'ils essaient de pallier les impacts cumulatifs et régionaux des projets énergétiques individuels.
Combler les lacunes au chapitre des politiques fait partie de la solution, mais ce n'en est qu'une partie. Il est également important de ramener la confiance du public dans le processus décisionnel; cela n'a pas trait seulement à la teneur des décisions dans le domaine de l'énergie; cela a également trait au processus décisionnel proprement dit.
Nous travaillons aujourd'hui dans les collectivités pour attirer l'attention sur l'importance du processus qui débouchera sur des décisions touchant des projets énergétiques. Les collectivités veulent avoir accès à ce processus décisionnel, aux informations pertinentes qui concernent chacun des projets énergétiques. Dans bien des cas, de plus, nos recherches ont montré le rôle important du renforcement des capacités à l'échelle locale, à l'échelle des administrations municipales en particulier, mais dans d'autres secteurs également, pour qu'ils puissent participer à la prise de décisions dans le domaine de l'énergie.
En ce qui concerne la teneur de ces décisions, il y a un thème a fini... si je dis « fini », c'est qu'il me dit qu'il me reste deux minutes.
:
Merci de me donner l'occasion de vous présenter mon exposé aujourd'hui. Je vais laisser tomber certains des commentaires formulés par la personne qui a parlé avant moi. En particulier, je vais vous présenter certains des enjeux touchant la réconciliation dans le contexte autochtone, et j'espère que mes commentaires pourront renseigner les membres du Comité.
Je m'appelle Alika Lafontaine. Je suis un Ojibwe; je suis également anesthésiste, consultant en harmonisation et actuellement président de l'Indigenous Health Alliance.
J'aimerais reconnaître le territoire traditionnel visé par le Traité no 8, où je participe à la téléconférence, de même que le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin, où les audiences se déroulent.
Le projet de l'Indigenous Health Alliance est une réponse aux appels à l'action dans le domaine de la santé lancés par la Commission de vérité et de réconciliation. Sa mission consiste à effacer les différences au chapitre de la qualité des soins entre les patients autochtones et les patients non autochtones. Mais l'aspect le plus important, c'est que le processus est dirigé par les Autochtones.
Nous comptons parmi nos membres et sympathisants le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, le Collège des médecins de famille du Canada, l'Association médicale canadienne, l'Assemblée des Premières Nations et l'Indian Residential School Survivor Society, un organisme national, de même que de nombreuses autres organisations des Premières Nations et des territoires. Nous sommes en train d'élaborer une stratégie visant à éliminer les différences au chapitre de la qualité des soins de santé, et cette stratégie sera dirigée par les Autochtones. Nous avons transmis à votre Comité de l'information supplémentaire sur l'Indigenous Health Alliance.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je m'adresse à vous aujourd'hui. J'espère pouvoir vous éclairer à ce sujet en parlant des similitudes que l'on observe entre la santé des Autochtones et la mise en valeur des ressources.
J'aimerais remercier la firme Indigemetrics Consulting, qui m'a offert un soutien technique pendant la préparation de ma déclaration, de même que les membres et les dirigeants des collectivités autochtones, qui m'ont offert une orientation et des conseils. J'aimerais en particulier remercier le sénateur Ted Quewezance de la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan. Il m'a beaucoup aidé à comprendre l'histoire de la mise en valeur des ressources de mon propre territoire traditionnel, celui du Traité no 4.
J'aimerais d'abord faire une mise en garde: ma déclaration préliminaire n'est pas faite au nom des peuples autochtones. Nos collectivités autochtones ont leurs propres processus décisionnels internes, leurs priorités et leurs dirigeants, et je vous encourage à tendre la main aux Premières Nations des territoires et de toutes les collectivités, à l'échelon des régions et des collectivités.
Les défis et les problèmes auxquels vous faites face aujourd'hui — l'avenir des industries pétrolière et gazière, minière et nucléaire au Canada — présentent d'intéressantes similitudes avec le domaine de la santé. J'aimerais présenter brièvement deux ou trois points.
Le premier point a constamment été soulevé par le juge Murray Sinclair, qui affirme que l'intention du colonialisme était d'abolir les droits des peuples autochtones à disposer librement de leurs terres et de leurs ressources. Quand nous parlons de systèmes coloniaux dans le domaine de la santé, par exemple, nous voyons bien qu'ils sont axés sur ce résultat, abolition des droits des peuples autochtones de disposer librement de leurs terres et de leurs ressources. Pensez aux patients autochtones qui vivent dans une réserve: s'ils veulent avoir droit à l'ensemble des avantages du système de santé du Canada, tout ce qu'ils doivent faire, c'est de quitter leur territoire traditionnel et d'abandonner les droits aux soins de santé que leur confèrent les traités. Cela veut dire, littéralement, que, s'ils abandonnent leurs droits sur les terres et les ressources, ils deviendront des Canadiens comme tous les autres.
La situation comporte de nombreuses facettes, mais, pour dire les choses simplement, disons que les Autochtones ne participaient pas aux processus de définition des problèmes et des solutions ni à l'élaboration des stratégies de mise en oeuvre qui ont trait à leurs problèmes de santé, et c'est voulu. Les problèmes de santé, les solutions et les stratégies de mise en oeuvre ont été déterminées à l'avance. Le système, et encore une fois c'est voulu, empêche les patients autochtones de jouer un rôle significatif dans leur collectivité. C'est à contre-courant de la transformation du système de santé dans son ensemble, où les collectivités, les familles et les patients sont au centre de tout ce qui se fait. Nous sommes actuellement en trait de restructurer le système de santé du Canada dans ce but.
Et il est important de souligner, également, que, si le système de santé dans son ensemble continue à afficher une amélioration des résultats, les résultats en santé pour les Autochtones affichent la tendance inverse. Il y a de toute évidence une corrélation entre la façon dont le système de santé est conçu et les résultats pour les patients. L'approche en matière de santé des Autochtones est de toute évidence inefficace, puisque les écarts sont plus prononcés. En vérité, le système de santé colonial favorise l'extinction des droits des Autochtones sur les terres et les ressources.
Permettez-moi maintenant de faire un lien entre cette situation et l'exploitation des ressources par les industries pétrolière et gazière, minière et nucléaire. L'idée selon laquelle la participation des Autochtones constitue une forme d'acceptation sociale est une idée fausse, et il faut la combattre dans tous les projets futurs. En 2013, les tribunaux avaient donné raison aux collectivités autochtones dans plus de 150 affaires concernant le secteur des ressources du Canada, et ce nombre a probablement augmenté depuis. Puisque les collectivités autochtones ont revendiqué leurs droits aux terres et aux ressources, en se fondant sur les traités, nous constatons que l'obligation de consulter et d'accommoder les groupes autochtones a une incidence très concrète sur les résultats des projets de mise en valeur des ressources. Les Autochtones ne confèrent pas une acceptation sociale à des projets d'exploitation des ressources; ils donnent un permis en bonne et due forme. Ce permis est protégé par un cadre juridique qui continue à évoluer.
La participation des peuples autochtones doit avoir lieu à une étape où nous pouvons respecter et soutenir leurs droits issus de traités sur les terres et les ressources. Les entreprises ont l'obligation juridique de faire participer les peuples autochtones à l'exploitation des ressources qui ont lieu sur leurs territoires traditionnels respectifs. Toutefois, les entreprises ne respectent pas encore complètement cette obligation juridique. Encore aujourd'hui, il y a un effort continu visant à redéfinir ces droits juridiques en tant que droits sociaux; cela suppose des obligations fiduciaires très différentes.
J'ai constaté, en comparant les processus de consultation des Autochtones en matière de santé et d'exploitation des ressources dans les industries pétrolière et gazière, minière et nucléaire, que le même système colonial était appliqué. Par exemple, le processus adopté par l'Office national de l'énergie est conçu de façon à mobiliser les peuples autochtones après l'élaboration du plan. Cela veut dire que les problèmes, les solutions et les stratégies de mise en oeuvre pour l'exploitation des ressources ont été en grande partie déterminés à l'avance pour eux.
Le processus de l'ONE est donc davantage axé sur la promotion du plan, au lieu de faire participer directement les peuples autochtones à son élaboration. Les différends sont inévitables dans ce genre de processus, et on déploie des efforts importants pour réduire au minimum ou alors éliminer les droits issus de traités sur les terres et les ressources qui appartiennent aux Autochtones afin de faire en sorte que l'exploitation puisse aller de l'avant.
Les efforts de consultation varient beaucoup d'un projet d'exploitation des ressources à un autre. Par exemple, dans le cadre d'un projet dans la région de Swift Current, en Saskatchewan, sur un territoire visé par le Traité no 4, le processus de consultation des peuples autochtones s'est résumé à une discussion autour d'un café entre les consultants et un unique auto-stoppeur. Je n'exagère pas. Cela est vraiment arrivé. Je ne dis pas qu'il s'agit de la norme pour toutes les consultations, mais nous ne pouvons pas, au moment d'évaluer nos processus, faire abstraction des lacunes aussi évidentes.
Comment le Canada peut-il consulter les peuples autochtones de façon satisfaisante, en reconnaissant et en respectant leurs droits issus de traités sur les terres et les ressources? Le processus actuel pour tout projet d'exploitation des ressources doit pleinement faire participer, et ce, le plus tôt possible, les collectivités afin de cerner les problèmes, de trouver des solutions et d'élaborer des stratégies de mise en oeuvre. Il ne faut pas que les résultats soient déterminés à l'avance.
Il faut également reconnaître, dans le cadre du processus, qu'on ne peut pas résumer les problèmes à une seule question; par exemple, comment connecter un point A à un point B par pipeline.
Il y a aussi d'autres questions connexes à celles qui concernent l'exploitation des ressources, entre autres l'éducation, la santé, le développement économique et l'environnement. Si on néglige de cerner clairement les difficultés et de les prendre en considération dans le processus de consultation, les solutions que nous allons trouver ne pourront pas résoudre les vrais problèmes, ce qui accentuera le risque d'échec dans les stratégies de mise en oeuvre.
Quand les intervenants de l'Indigenous Health Alliance se sont rendu compte que des problèmes étaient imminents, nous avons adopté un processus axé sur la collectivité en utilisant des outils de consignation et de priorisation. Je vais vous parler de certaines des questions auxquelles nous avons attribué la plus haute priorité. Vous allez peut-être vous apercevoir qu'il y a un certain recoupement avec les problèmes actuels dans les industries pétrolière et gazière, minière et nucléaire qui ont été énumérés par les témoins précédents.
Une priorité consiste à reconnaître que nous devons, pour atteindre notre objectif, mettre en place un modèle de prise de décisions axé sur les collectivités. Les collectivités doivent déterminer quel est le problème, trouver une solution et décider de la stratégie de mise en oeuvre à adopter.
Souvent, il y a des visées concurrentes au sein d'une même nation autochtone, entre les collectivités et les intervenants extérieurs et entre les nations régionales. Il est donc difficile de concevoir une façon de diriger et d'orienter les modèles, afin d'optimiser les résultats, dans le cadre d'une collaboration pangouvernementale et des processus intégrés qui sont financés par les gouvernements fédéral et provinciaux, comme cela est prévu dans l'autonomie gouvernementale des Autochtones.
Souvent, on cerne les problèmes, trouve des solutions et élabore des stratégies de mise en oeuvre avant même de mobiliser la collectivité. La « mobilisation » se résume donc à promouvoir une stratégie prédéterminée auprès de la collectivité, au lieu de vraiment la faire participer et d'aller de l'avant à la lumière de priorités communautaires, issues d'un processus décisionnel dirigé par la collectivité.
Les Autochtones sont marqués par les traumatismes de leur histoire. En conséquence, leurs collectivités doutent que les étrangers veulent vraiment les faire participer au processus. La mobilisation doit découler d'un leader en qui la collectivité a confiance.
Les collectivités tiennent fermement à ce que les Aînés participent au processus décisionnel. Les Aînés doivent donc être reconnus comme un groupe d'intervenants qui doivent faire partie du processus décisionnel, et pas seulement à titre d'influenceurs. Ils doivent participer directement à l'élaboration du déroulement du projet, en fonction des composantes et des processus qu'ils veulent y intégrer. De cette façon, on pourra dire que l'activité est holistique.
Les processus gouvernementaux sont toujours axés sur une question unique. On ne veut pas prendre tous les problèmes en considération pour élaborer une stratégie coordonnée. Sans transparence et sans une bonne stratégie de communication, la conception du processus est vouée à l'échec.
Le manque de confiance envers le gouvernement est intense dans les collectivités autochtones et est exacerbé dans les collectivités qui ne comprennent pas comment fonctionne la structure gouvernementale. Conséquemment, les deux parties ont l'impression de ne pas être écoutées.
Le processus que le gouvernement utilise actuellement pour faire progresser les projets d'exploitation des ressources ne mobilise pas les collectivités; il n'a pas été conçu à cette fin, car il s'agit d'un processus colonial.
Les Autochtones sont des gens pragmatiques et raisonnables. Nous sommes un peuple hétérogène et nous avons nos propres priorités. Les peuples autochtones sont pragmatiques et raisonnables en ce qui concerne l'exploitation des ressources, tant que le processus prend vraiment en considération les questions soulevées par la collectivité et appuie l'élaboration d'une structure où les décisions émanent de la collectivité, afin de cerner clairement les problèmes et d'éviter un processus de consultation unilatérale.
Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant vous aujourd'hui. Je suis impatient de prendre part à la discussion.
Meegwetch.
:
Vous me posez une question difficile.
Encore une fois, j'aimerais revenir à mon exposé. Il s'agit d'une question multidimensionnelle, et ces principes constituent une première étape très importante.
Cela dit, je crois que nous allons devoir chercher, entre autres solutions, à atteindre un équilibre entre les politiques et la réglementation relativement aux projets de pipeline. Cela vaut également pour l'industrie de l'énergie en général, mais votre question était axée sur les projets de pipeline en particulier.
Les processus réglementaires ont été conçus, à l'origine, pour utiliser des données probantes et des évaluations par des tiers, le but étant d'assurer leur objectivité et leur indépendance. Si nous ajoutons à tout cela une autre série de principes, à une étape ou à une autre, sans être complètement sûrs de la façon dont ces principes seront opérationnalisés, et à quel niveau ils le seront, et qu'un projet de pipeline passe par ce système réglementaire, je vous demande, après tout cela, que veut-on dire par « le cabinet va-t-il prendre en considération les impacts du projet sur les changements climatiques »? L'équilibre entre les politiques et la réglementation dans ce système ne m'apparaît pas évident.
Je crois qu'un autre aspect vraiment essentiel — et je suis curieuse d'entendre ce que les autres témoins en pensent — serait l'intégration des connaissances traditionnelles dans les processus réglementaires. Je crois que c'est un principe très important ou, je le redis, une étape très importante, comme la façon dont l'opérationnalisation se déroule est une question importante. Mais, en partie, selon moi, il s'agit de quelque chose qui n'a pas encore été fait.
L'une des choses que le gouvernement peut faire en matière de politiques et de stratégie est de fixer le ton. Il y a eu un changement vraiment important dans ce que l'on voit au gouvernement actuel relativement à l'ancien gouvernement. Une autre chose que le gouvernement peut faire — toujours en ce qui concerne les politiques, pas la réglementation —, c'est de prendre en considération l'impact ainsi que l'impact collectif de l'ensemble des projets.
Les processus réglementaires ont pour but de réagir aux propositions de projets des promoteurs. C'est de cette façon qu'ils fonctionnent. Le gouvernement pourrait, à l'échelon stratégique, voir plus loin et prendre en considération la série de projets proposés dont il est question et se demander comment évaluer collectivement ou de façon cumulative les projets. Ce que...
:
Merci, monsieur le président.
Docteur Lafontaine, je souhaite parler d'un commentaire que vous avez fait au sujet du partenariat entre les sociétés d'exploitation des sables bitumineux et les Premières Nations et de l'évacuation des résidants de Fort McMurray. Bien sûr, les sociétés d'exploitation des sables bitumineux jouent un grand rôle à cet égard, mais je souhaite reconnaître les efforts de plusieurs Premières nations et collectivités métisses de ma circonscription — de Lakeland — qui, de fait, procurent également un refuge à des évacués de Fort McMurray et ont ouvert leur foyer et leur collectivité pour soutenir les personnes qui sont venues dans le sud et qui avaient besoin de leur aide. Un énorme effort a été déployé par de nombreuses collectivités, y compris des collectivités des Premières Nations et des collectivités métisses, dans l'ensemble de ma circonscription pour aider nos voisins du Nord.
Assurément, je me ferais l'écho de votre commentaire selon lequel il y a effectivement des points de vue hétérogènes au sein des collectivités des Premières Nations concernant le développement énergétique. Je voyage beaucoup dans ma circonscription — qui loge de vastes exploitations de pétrole classique, de pétrole lourd et de gaz, et aussi des sociétés qui exercent leurs activités dans les sables bitumineux —, ainsi qu'un petit peu dans le sud. J'entends souvent parler de partenariats égaux, productifs et très actifs entre les Premières Nations, qu'elles soient employées directement par des producteurs d'énergie ou des entreprises de services et de fournitures. Sans aucun doute, le message que nous entendons régulièrement de la part des producteurs d'énergie est exactement ce que vous dites, c'est-à-dire qu'ils insistent sur l'importance de faire participer les collectivités des Premières Nations au développement énergétique dès le tout début.
J'aimerais aussi parler un peu de ces questions touchant les mesures provisoires. Comme vous l'avez fait remarquer, il est important pour nous de reconnaître que nous avons les plus grandes réserves énergétiques de toute démocratie industrialisée au monde, dont la vaste majorité est reliée aux sables bitumineux de l'Alberta. Je voulais souligner ce point. Je pense que, ce qui me préoccupe, c'est qu'il semble y avoir une réelle absence de détails et de données probantes concernant le fait de savoir d'où provient cette confiance du public. Vous aviez parlé de projets de développement énergétique locaux et communautaires. En tant que personne vivant aux côtés des projets de développement énergétique dans une province qui a de longs antécédents de développement énergétique responsables sur les plans environnemental et social, je pense que certains d'entre nous ne savent pas très bien d'où cette confiance provient, car nous sommes les chefs de file mondiaux en matière de réglementation de l'énergie et de développement énergétique.
En ce qui concerne les mesures provisoires que le gouvernement a annoncées, nous avons entendu toute une succession de témoins dire que celles-ci ne sont pas claires ou qu'elles ajoutent effectivement des retards, comme c'était le cas, par exemple, à l'égard de la prolongation du processus d'approbation de l'oléoduc Énergie Est à 21 mois au lieu des 15 mois habituels, ou de l'ajout du critère supplémentaire des changements climatiques à l'étude de l'oléoduc Trans Mountain de la société Kinder Morgan une fois le processus d'examen de l'Office national de l'énergie presque terminé. Évidemment, la certitude et la prévisibilité sont très essentielles au développement énergétique au Canada.
Seriez-vous en mesure de vraiment fournir quelques détails concernant le bien-fondé de ces mesures et démontrer que cela ne découle pas d'une méconnaissance de la feuille de route réelle du Canada et, plus particulièrement, de l'Alberta en matière de développement énergétique?
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux d'être venus. J'ai bien aimé entendre aujourd'hui vos idées sur beaucoup des questions qui entourent l'objet des discussions du Comité.
J'aimerais vraiment aborder quelques points, y compris cette idée de l'approche collaborative dont nous avons parlé — vu que nous sommes au pouvoir — et la façon dont nous essayons de changer les mentalités par rapport à l'exploitation des ressources naturelles. Nous n'essayons pas nécessairement de changer le processus, mais je pense qu'il est important de reconnaître que, simplement parce que le Canada a été un chef de file parmi les pays développés occidentaux, en ce qui concerne les politiques entourant l'exploitation des ressources naturelles et les types de stratégies que nous avons utilisées pour favoriser l'innovation et la croissance en matière de technologie au sein du secteur, cela ne nous donne pas un droit de veto pour ce qui est de nous efforcer continuellement d'en faire davantage. Nous devons continuer de croître, d'évoluer et de mettre l'accent sur des technologies propres et l'innovation qui proviennent largement du secteur.
Nous avons eu plus tôt un témoin de TDDC. J'ai toujours été un admirateur de TDDC, du travail effectué par l'organisation et de la façon dont elle a aidé le gouvernement à renforcer la croissance au sein d'un secteur, particulièrement celui du pétrole et du gaz. Je pense que nous devons vraiment mettre l'accent sur la participation des intervenants, qu'il s'agisse des collectivités des Premières Nations ou des trois différents ordres de gouvernement, et sur la façon dont nous pouvons collaborer afin de faire croître le secteur et de jouir d'une acceptabilité sociale — ou l'adhésion de la collectivité, si vous préférez — dans l'ensemble du pays. Au bout du compte, je crois vraiment que, pour que ces projets de mise en valeur des ressources aillent de l'avant, la perception du public à l'égard de ces projets doit changer, et nous devons nous adapter en tant que gouvernement, en changeant aussi notre mentalité, pour les voir aller de l'avant.
Je crois que tout le monde ici convient de l'importance du secteur énergétique pour l'économie canadienne. Je pense que nous sommes tous de chauds partisans de ce secteur. Nous avons tous des membres de la famille qui travaillent à ces projets. Nous avons tous des amis qui travaillent à ces projets. Je suis juste vraiment emballé au sujet des possibilités qui s'offrent à nous.
Plus précisément, madame Gattinger, je crois comprendre vous avez assisté aux réunions des trois ministères. J'aimerais que vous nous parliez de l'effet — en ce qui concerne particulièrement l'innovation, la sécurité énergétique, la technologie propre et la conservation — du fait d'avoir trois gouvernements travaillant ensemble à l'échelon ministériel pour tenter d'en arriver à une politique alignant les trois gouvernements d'Amérique du Nord afin de faire avancer la croissance technologique, de mettre l'accent sur nos émissions de gaz à effet de serre, de finir par atteindre nos cibles en matière de lutte contre les changements climatiques et de maintenir ces cibles à long terme en misant sur la collaboration.
Il y a eu beaucoup de discussions, au cours des dernières semaines et des derniers mois, au sujet du fait que l'économie canadienne — si nous favorisons cette croissance par nous-mêmes — doit travailler sans ménager d'autres gouvernements. Pouvez-vous simplement me décrire comment les trois gouvernements pourraient travailler ensemble pour favoriser ce type de croissance et les synergies qui pourraient ressortir de cela, contrairement à la friction qui découle du fait de travailler l'un contre l'autre?
:
Continuons avec les affaires du Comité.
Pour l'instant, nous avons une réunion prévue pour mercredi. Nous accueillerons deux témoins, soit les représentants de l'Alberta Federation of Labour et du ministère de la Mise en valeur des ressources gazières de la Colombie-Britannique. Si la tendance des derniers mercredis se maintient, ils ne viendront probablement pas, mais nous verrons comment cela se passe mercredi.
Le 30 mai est notre dernière journée, et il est actuellement prévu que l'Office national de l'énergie et la In Situ Oil Sands Alliance viendront. Si quelque chose survient mercredi, nous devrons essayer de recevoir ces témoins le 30 mai.
Les analystes m'ont avisé qu'ils peuvent commencer à rédiger l'ébauche du rapport la semaine du 23 mai, et l'ébauche du rapport préliminaire serait prête un peu avant notre retour, le 30 mai. Ensuite, après avoir entendu les témoins du 30 mai, ils intégreront ces témoignages au rapport dans le but de nous donner quelque chose à réviser, possiblement le 1er juin, mais c'est probablement trop serré. Le 6 juin serait plus réaliste, et on m'a suggéré que le Comité consacre les réunions des 6, 8 et même 13 juin à l'examen du rapport.
C'est le calendrier que nous envisageons. Si nous l'adoptons — et à supposer que l'ébauche ne sera pas prête pour le 1er juin, ce que je ne considère pas réaliste, car nous avons des témoins le 30 mai — alors il n'y aura pas de réunion le 1er juin, ou du moins, il n'y aura rien de planifié pour cette journée-là. Cela nous laisserait ce jour-là et les mercredis et lundis de juin qui restent, tant que nous siégeons, pour le réviser.
Premièrement, est-ce que tout le monde est d'accord avec le calendrier que je viens de décrire?
Deuxièmement, est-ce que quelqu'un a une suggestion sur ce que nous allons faire — ou si nous voulons faire quelque chose — pendant les jours qui restent en juin? Nous pouvons régler cela.
Troisièmement, je crois savoir que la secrétaire parlementaire a une proposition à nous faire. Nous pourrions peut-être l'écouter d'abord, puis répondre aux questions un et deux.
:
J'ai des cadeaux pour tout le monde, mais je ne les ai pas enveloppés.
Après mûre réflexion, il a été suggéré, étant donné que les technologies propres sont vraiment le fondement de nombre de nos sujets et voies d'avenir, que nous menions une étude portant précisément sur les technologies propres. Ce que l'on vous distribue maintenant représente en quelque sorte les grands traits de ce à quoi cela pourrait ressembler.
Je vais seulement énoncer quelques points et ensuite discuter de la forme que cela pourrait prendre.
Il est question de mobiliser les parlementaires sur les enjeux liés aux technologies propres et aux ressources naturelles, de donner un nouvel aperçu de l'approche du gouvernement pour soutenir les technologies propres et d'examiner les occasions qui s'offrent aux secteurs d'exploitation des ressources naturelles de tirer profit des technologies propres. Il y a quelques questions à étudier.
L'idée serait de prendre les dernières semaines où nous siégeons pour étoffer certaines des questions que nous voudrons peut-être poser afin de délimiter le sujet. Pour cette étude, l'idée serait essentiellement de séparer le pays — quel mauvais choix de mots: disons plutôt « étudier séparément chaque région » —, à commencer par l'Ouest, étant donné que nous aurons terminé d'étudier le pétrole et le gaz. Cela me semble plus convenable, car ce sera encore frais dans notre mémoire.
Deux ou trois propositions ont été faites, mais elles ne sont pas coulées dans le béton. Nous les présentons seulement pour donner matière à réflexion. Nous cherchons aujourd'hui surtout aujourd'hui à confirmer si, en principe, cela nous intéresse et si nous pouvons, comme je l'ai dit, bien délimiter le sujet.
Si vous consultez l'annexe 2, Jonathan Wilkinson, secrétaire parlementaire en matière d'environnement, qui a 20 ans d'expérience dans le domaine des technologies propres à Vancouver, nous a fait quelques suggestions. Certaines d'entre elles viennent d'ailleurs — y compris de notre greffier, je crois — au sujet de destinations possibles ou de groupes que nous pourrions vouloir convoquer.
On propose que la Vancouver Economic Commission — consultez le portrait de l'organisation et l'aperçu de ses partenaires — tienne pour notre comité une table ronde où différentes personnes du secteur des technologies propres participeraient.
Je vous demanderais aussi de regarder la suggestion de deux visites en Colombie-Britannique. L'une serait au Centre de foresterie du Pacifique de RNCan. Vous pouvez lire le portrait de l'organisation. C'est l'un des cinq centres de recherche du Service canadien des forêts. L'autre est une installation de GNL. Le GNL constitue un enjeu majeur, et il y a des installations de GNL qui travaillent réellement à mettre au point des technologies propres qui sont très innovatrices.
Cette option est de deux jours, et il y aurait ensuite deux jours en Alberta. Si vous passez à la page suivante, il y a la possibilité d'une table ronde sur le pétrole et le gaz à Calgary. L'exposé de l'Alliance pour l'innovation dans les sables bitumineux du Canada était très fouillé, et elle nous a offert son aide pour organiser autre chose. Elle pourrait servir de catalyseur à cette fin. Qui sait, ce n'est qu'une suggestion.
Il y a aussi l'installation CanmetÉNERGIE de RNCan, près d'Edmonton. Son travail est très innovateur, et elle collabore avec des entreprises qui l'aident à atteindre ses objectifs.
La troisième chose est — et nous allons demander particulièrement à nos collègues de l'Alberta ce qu'ils en pensent — l'idée de visiter Fort McMurray. Nous voudrions montrer notre appui à Fort McMurray de diverses façons et en leur rendant visite, s'il est convenable de se rendre à l'une des installations situées à proximité de Fort McMurray, mais, encore une fois, nous l'ignorons, et vous le savez mieux que nous. Cela aurait lieu la dernière semaine d'août, alors ce ne serait pas avant un bon bout de temps, et ce n'est qu'une suggestion. Je crois que c'est important pour le Comité, mais nous sommes aussi conscients du fait que c'est délicat, parce que des gens essaient de retourner à la maison, etc., et nous ne voulons certainement pas empêcher cela.
Cela représente la première étape ou partie du projet.
La deuxième serait en octobre, et nous pourrons en parler dans un instant.
Entretemps, il y a deux aspects qu'il importe — selon nous — que le Comité examine dans les deux volets suivants, soit les secteurs minier et nucléaire. Michael a communiqué avec les responsables de certaines mines de diamants aux Territoires du Nord-Ouest qui sont vraiment innovatrices. Il y a un vol direct à partir d'Ottawa, ce qui facilite grandement les choses. Cela pourrait être une destination à envisager. Cela permettrait de reconnaître que le Nord est extrêmement important pour nous et d'avoir un aperçu des problèmes d'accessibilité et des infrastructures, etc.
L'autre option est le Centre pour l'énergie de Darlington. On y trouve actuellement une réplique d'une calandre complète pour l'énergie nucléaire que nous pouvons visiter. J'y ai passé sept heures il y a quelques semaines. Nous pouvons visiter l'installation de déchets, et il y a toutes sortes de choses que nous pouvons faire pour avoir une meilleure idée de ce qu'est l'énergie nucléaire et de certaines des innovations dans ce domaine.
En tant que parlementaires, vous pouvez vous y rendre en train gratuitement. Nous pouvons faire l'aller-retour le même jour. Je propose cela, car je prends le train chaque semaine.
En octobre, nous pourrions aller dans la partie plus à l'est du pays pour étudier l'énergie marémotrice. Je ne sais pas si vous connaissez l'énergie marémotrice. C'est un secteur très intéressant. Il y a la foresterie au Québec et sur la côte est. Nous travaillons encore sur deux ou trois choses dans l'Est et au Québec qui pourraient être intéressantes. Ce n'est pas avant octobre, alors nous nous y attarderons un peu plus tard.
Voilà donc l'aperçu de l'étude, et, bien entendu, nos analystes et notre greffier nous aideraient à déterminer ce que cela représenterait en matière de budget et de déplacements. Nous visons la dernière semaine d'août, juste avant la fin de semaine de la fête du Travail, et la semaine après l'Action de grâce. C'est ce que nous envisageons, et les deux autres journées seraient planifiées entre ces deux dates.