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INST Rapport du Comité

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Le présent chapitre porte sur l’examen par le Comité des données sur le prix du brut et les prix de détail et de gros de l’essence1. L’accent est mis sur le passé récent, soit la période de novembre 2002 à septembre 2003, l’objectif étant de comprendre les facteurs qui ont mené à un sommet du prix de l’essence jamais vu au Canada2. Le Comité examine aussi les perspectives à long terme et les tendances internationales. La montée en flèche des prix et la conjoncture de cette hausse sont analysées au chapitre 3.

Prix de l’essence et du pétrole brut (novembre 2002–septembre 2003)

Le Comité débute son étude sur le prix de l’essence en se penchant sur le prix du pétrole brut, la matière première de l’essence. Le Comité a adopté comme meilleur indicateur du prix du brut le prix de référence traditionnel de l’industrie en Amérique du Nord qui est celui du West Texas Intermediate (WTI) à la bourse NYMEX (New York Mercantile Exchange). Le 11 novembre 2002, le prix de fermeture du WTI à la NYMEX était de 26,42 $US le baril — entre les extrêmes pour l’année (voir figure 1). Ce prix n’a cessé d’augmenter, atteignant un sommet de 36,96 $US le 18 février 2003 — une hausse de 40 % en trois mois à peine — avant de chuter à 26,91 $US le 25 mars 2003, une baisse de plus de 10 $US le baril en un mois à peine. Le prix du 25 mars a été le cours le plus bas de l’année jusqu’à maintenant, car le prix avait semblé grimper légèrement à 29,18 $US le baril à partir du 9 septembre 2003. Il ressort que l’essentiel de la hausse de 40 % au premier trimestre 2003 avait fondu à la fin du troisième trimestre, étant donné que le prix en fin de période de 29,18 $US n’était que de 10,4 % supérieur au prix de 26,42 $US en début de période.

Le Comité examine maintenant en aval les prix de gros de l’essence, utilisant comme référence pour le Canada le prix à la rampe à Toronto. De 33,3 ¢ le litre le 3 décembre 2002, le prix à la rampe de Toronto a grimpé régulièrement jusqu’à 47,7 ¢ le 11 mars 2003 — une hausse de 43 % en trois mois à peine — avant de chuter à 35,7 ¢ le 25 mars 2003, une baisse de plus de 12 ¢ le litre en deux semaines à peine. Contrairement au prix du brut, le prix à la rampe n’avait pas fini de dégringoler; d’autres baisses ont été enregistrées. Le prix le plus faible de l’année jusqu’à maintenant a été de 32,3 ¢ le 24 juin 2003. La tendance depuis est à la hausse, le prix s’établissant à 38,4 ¢ le litre le 9 septembre 2003. Comme dans le cas du brut, la plus grande partie de la hausse de 43 % au premier trimestre de 2003 avait fondu à la fin du troisième trimestre, le prix en fin de période étant de 38,4 ¢, soit 12,9 % plus élevé que le prix de 34 ¢ en début de période.

Le prix de l’essence à la rampe à Toronto a suivi de près celui à Buffalo (NY). Hormis quatre dates (ou semaines) exceptionnelles durant la période, le prix entre Toronto et Buffalo n’a jamais fluctué de plus de 2,5 ¢. En moyenne, le prix de l’essence à la rampe à Toronto était de 0,8 ¢ supérieur au prix à Buffalo, soit moins que le coût de transport du produit outre la frontière, rendant ainsi inutile économiquement tout autre arbitrage par le marché dans le cadre du commerce.

FIGURE 1

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Enfin, il y a le prix de détail de l’essence. Le Comité a utilisé le prix moyen pondéré de l’essence ordinaire tel qu’observé dans 10 villes du pays3. Le prix de détail était de 69,2 ¢ le litre le 3 décembre 2002, et il a augmenté régulièrement jusqu’à un sommet de 84,2 ¢ le 11 mars 2003 — une hausse de 21,7 % en trois mois à peine. Ce prix a diminué tout au cours de l’été, atteignant son plus bas niveau de l’année jusqu’à ce jour, soit 68,2 ¢ le 24 juin 2003, mais il avait regrimpé à 77,1 ¢ le 9 septembre 2003. Le prix en fin de période est demeuré de 11,4 % supérieur au prix en début de période.

En comparant le prix du brut, ainsi que le prix de gros et de détail de l’essence, le Comité a constaté que les prix à la rampe et du détaillant augmentent et atteignent leur sommet un mois environ après que le prix du brut en ait fait autant. Le prix de détail a rejoint le prix à la rampe en très peu de temps; les fluctuations du prix à la rampe se sont entièrement reflétées sur le prix de détail en moins de deux semaines. En pourcentage, les fluctuations du prix à la rampe se comparent à celles du prix du brut. Le prix de détail  de l’essence n’a toutefois augmenté que de la moitié des prix à la rampe et du brut en pourcentage, et sa baisse en pourcentage au cours de l’année a également été plus douce. Le prix du brut et les prix à la rampe et de détail en fin de période étaient de quelque 10 à 13 % plus élevés que les prix en début de période.

Prix de l’essence à la pompe et ses composantes

Le Comité passe maintenant des prix à chaque étape de transformation à leur effet combiné. La comparaison des prix d’une étape de transformation à l’autre permet de déterminer la marge de prix à chaque étape ainsi que la part de chacun dans l’industrie. Cela dit, le Comité a utilisé, comme repère la moyenne de quatre semaines du prix du brut, du prix à la rampe et du prix de détail de l’essence ordinaire dans des endroits clés, au cours de l’année dernière, au lieu de la somme des prix à un moment donné, pour réduire l’effet de toute anomalie observée à une étape de transformation donnée. Les anomalies dans les prix sont très fréquentes dans cette industrie, à cause de la volatilité des prix d’une semaine à l’autre. La moyenne de quatre semaines des prix donne des résultats plus significatifs et renseigne davantage sur la marge d’exploitation de chaque étape de production dans l’industrie (voir figure 2).

FIGURE 2

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De toute évidence, la hausse de 40 % du prix du brut entre la fin novembre 2002 et la mi-mars 2003 a permis aux producteurs de pétrole de réaliser des marges de prix plus élevées. Le 11 mars, les producteurs canadiens réalisaient en moyenne quelque 9 ¢ de plus le litre qu’en novembre 2002. Ce rendement exceptionnel a toutefois été éphémère, car le prix du brut est revenu presque immédiatement au niveau antérieur à ce sommet. De la fin mars au début de septembre 2003, les producteurs canadiens ont réalisé en moyenne quelque 1 ¢ de plus le litre qu’en novembre 2002. Les producteurs américains en ont fait autant en moyenne.

Les raffineurs ont également amélioré leur sort au cours de cette période, mais pas tout à fait au même moment que les producteurs. Alors que le prix à la rampe augmentait de 43 % de novembre 2002 à la mi-mars 2003, la marge de prix moyenne du raffineur augmentait de moins de 2 ¢ le litre, soit environ 20 %, durant la période4. Les raffineurs ont eu un rendement bien meilleur après mars 2003. En septembre 2003, la marge de prix moyenne du raffineur atteignait 16 ¢ le litre, en hausse de quelque 7 ¢ ou 80 %, par rapport à ce qu’elle était en novembre 2002. Il en a été de même pour les raffineurs américains.

Les détaillants d’essence canadiens n’ont pas eu autant de chance que les autres acteurs de l’industrie. Alors que le prix de détail de l’essence a augmenté de près de 22 % de novembre 2002 à mars 2003, la marge de prix du distributeur a diminué en moyenne de 5,4 à 4,5 ¢ le litre au cours de la même période. En septembre 2003, la marge de prix du distributeur allait chuter d’un autre dixième de cent, à 4,6 ¢. Ce mauvais rendement des détaillants canadiens contraste nettement avec celui de leurs homologues américains. Les détaillants américains n’ont cessé de voir leur marge de prix augmenter en 2003, passant de 5 ¢ en novembre à 7,1 ¢ en mars et à 8,5 ¢ en septembre.

La dernière composante du prix de détail de l’essence, ce sont les taxes. Au Canada, les gouvernements ont augmenté les taxes tout au cours de la période. En moyenne, les taxes ont augmenté au pays, de 30,5 ¢ le litre en novembre 2002, à 31,7 ¢ en mars 2003, et à 32,1 ¢ en septembre 2003. La situation a été fort différente aux États-Unis. Les taxes américaines sur l’essence, se situant à 22,1 ¢ en moyenne en novembre 2003, ont diminué à 16,7 ¢ en mars 2003, puis à 15,4 ¢ en septembre 2003. Toutefois, une mise en garde s’impose. Le dollar canadien s’est beaucoup raffermi par rapport au dollar américain durant la période, et c’est ce facteur, et non une réduction des taxes fédérales ou d’État aux États-Unis, qui explique l’essentiel, sinon la totalité, de la baisse du facteur fiscal américain dans le prix de l’essence, en dollars canadiens.

Nous pouvons maintenant évaluer l’effort relatif des différents acteurs durant la période. Les consommateurs ont payé quelque 11,3 ¢ de plus le litre en mars 2003 par rapport à novembre 2002; de cette hausse, 9 ¢ sont allés aux producteurs, 1,8 ¢ aux raffineurs et 1,2 ¢ aux gouvernements, alors que les détaillants ont perdu 0,7 ¢. En septembre 2003, les consommateurs payaient 9 ¢ de plus le litre qu’en novembre 2002; les détaillants ont encaissé 0,8 ¢ de moins, alors que les raffineurs et les gouvernements ont encaissé 7,1 et 1,6 ¢ de plus respectivement.

FIGURE 3
Répartition des composantes du prix de l’essence ordinaire
le 9 septembre 2003

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Enfin, dans l’évaluation par composante de la répartition des ventes d’essence au détail au Canada, en pourcentage plutôt que par litre, le Comité constate que la part du lion va aux gouvernements, dont les taxes atteignent 40 % des recettes moyennes pour la période de quatre semaines se terminant le 9 septembre 2003. Suivent les producteurs avec 34 %, les raffineurs avec 20 % et les détaillants avec 6 % (voir figure 3). Cette répartition comparée à celle aux États-Unis révèle que seuls les gouvernements font mieux au Canada qu’aux États-Unis, le sort de tous les autres acteurs de l’industrie étant moins enviable.

Prix de l’essence à la pompe et ses composantes, au Canada et dans certaines villes américaines le long de la frontière

Le Comité s’intéresse aussi au sort de l’industrie au pays. En conséquence, il veut s’assurer que les moyennes nationales susmentionnées ne cachent pas des faits ou des écarts régionaux importants.

La figure 4 contient la même information que les données du 9 septembre de la figure 2, mais la ventilation se fait suivant les cinq régions suivantes du Canada : Canada atlantique, Québec, Ontario, Prairies, Colombie-Britannique. La figure 4 contient aussi les mêmes données sur les prix à certains endroits le long de la frontière qui sont réputés être de bons repères ou de bonnes références à des fins de comparaison. Le Comité note d’abord que les provinces de loin les plus taxées comptent les collectivités où les prix de détail sont les plus élevés — sauf à Halifax et Kamloops (dans cette dernière ville, sans doute à cause des récents feux de forêt). Par ailleurs, les provinces les moins taxées comptent les collectivités où le prix de détail de l’essence est le moins élevé — sauf à Winnipeg et Charlottetown (dans cette dernière ville, sans doute à cause de la réglementation).

FIGURE 4

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Le Comité note aussi que les écarts dans le prix de détail entre les cinq régions s’explique essentiellement par les écarts fiscaux, plus précisément les écarts d’impôt provincial. Il y aurait deux exceptions : Victoria et Prince George où la marge du détaillant est beaucoup plus élevée qu’ailleurs au Canada (mais comparable à celle observée à Seattle, Washington).

Le Comité note enfin que les taxes sont partout plus élevées au Canada qu’aux États-Unis. Les prix de détail sont donc plus élevés dans chaque région du Canada que dans chacune des localités frontalières de référence choisies, essentiellement pour cette raison. La marge du raffineur est aussi plus élevée dans chacune des régions canadiennes que dans les localités frontalières de référence correspondantes, sauf si on compare la Colombie-Britannique à Seattle, Washington. Enfin, la marge du distributeur est plus faible dans chaque région du Canada que dans les localités frontalières de référence correspondantes, sauf quand on compare Regina et Minneapolis (Minnesota).

Il ne reste au Comité qu’à conclure que les moyennes nationales mentionnées dans les pages précédentes sont très représentatives des résultats et des observations provenant des cinq régions du Canada. Il existe des écarts régionaux, mais ils ne sont pas assez importants pour changer les résultats obtenus à l’aide des moyennes nationales.

Prix de l’essence à la pompe, à long terme et dans les pays du G8

Le Comité a aussi examiné le prix de détail de l’essence, à long terme et dans les pays du G8, afin de situer la question dans une perspective tant temporelle qu’internationale.

FIGURE 5

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Le prix moyen de l’essence ordinaire au Canada en 1986 — alors que le secteur du pétrole et du gaz était déréglementé au Canada — était d’environ 48 ¢ le litre, taxes comprises, et de 30 ¢ avant taxes. En 1997, le prix moyen, taxes comprises, était de 58 ¢, ou de 29 ¢ avant taxes (voir figure 5). En 1999, les prix ont commencé à grimper régulièrement jusqu'à 75 ¢ le litre taxes comprises, ou 45¢ avant taxes — moyennes établies jusqu’à ce jour pour 2003. La part des taxes était de 18 ¢ le litre en moyenne en 1986, et elle a grimpé à 29 ¢ en 1997 et à 31 ¢ en 2003. Par conséquent, le prix de l’essence avant taxes a augmenté de 50 % à long terme, alors que les taxes ont augmenté de 67 %. Les taxes constituent donc le facteur qui a crû le plus dans le prix final de l’essence.

Le prix de l’essence varie considérablement d’un pays du G8 à l’autre5. En 2003, jusqu’à maintenant, c’est aux États-Unis que le prix moyen est le plus bas, soit 59,3 ¢ le litre, suivi du Canada à 74,5 ¢. C’est en Allemagne et au Royaume-Uni que le prix est le plus élevé, soit 1,76 $ (voir figure 6). C’est aux États-Unis que les taxes sur l’essence sont les plus faibles, soit 14,6 $ le litre, suivi du Canada à 31 ¢. C’est au Royaume-Uni que les taxes sont les plus élevées, soit 1,32 $. Le Canada est au deuxième rang pour le prix avant taxes, soit 43,6 ¢ le litre, derrière la France à 43,2 ¢; c’est au Japon que le prix de l’essence avant taxes est le plus élevé, soit 58 ¢.

FIGURE 6

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1À moins d’indication contraire, tous les prix sont en dollars canadiens.
2Le présent rapport repose en grande partie sur des données recueillies par MJ Ervin and Associates et publiées par l’Institut canadien des produits pétroliers. À cause des contraintes de temps, le Comité n’a pu consulter des sources indépendantes de données sur les prix du pétrole.
3Données de MJ Ervin and Associates : Vancouver, Edmonton, Regina, Winnipeg, Toronto, Montréal, Saint-Jean, Halifax, Charlottetown et St. John’s.
4Le Comité ne parle que des marges de prix et non des marges bénéficiaires de l’industrie. La marge de prix est l’écart entre le prix de l’extrant et le prix du principal intrant à chaque étape de transformation ou de distribution. La marge bénéficiaire est la marge de prix moins les autres coûts par unité.
5Les prix avant taxes ne tiennent pas compte des différences de spécifications entre les produits, qui peuvent être importantes au sein du G8.