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HEAL Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent de la santé


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 19 mars 2003




¹ 1535
V         La présidente (Mme Bonnie Brown (Oakville, Lib.))
V         Dr Howard Njoo (directeur général, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, ministère de la Santé)

¹ 1540
V         M. Steven Sternthal (directeur intérimaire, Division des politiques, de la coordination et des programmes sur le VIH/sida, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, ministère de la Santé)

¹ 1545
V         Dr Howard Njoo
V         La présidente
V         Dre Françoise Bouchard (directrice générale, Services de santé, Service correctionnel Canada)

¹ 1550

¹ 1555

º 1600
V         La présidente
V         M. Rob Merrifield (Yellowhead, Alliance canadienne)
V         La présidente
V         M. Rob Merrifield
V         La présidente
V         M. Rob Merrifield
V         La présidente
V         M. Rob Merrifield
V         La présidente
V         M. Réal Ménard (Hochelaga—Maisonneuve, BQ)
V         La présidente
V         M. Svend Robinson (Burnaby—Douglas, NPD)

º 1605
V         La présidente
V         Dr Bhagirath Singh (directeur scientifique, Institut des maladies infectieuses et immunitaires, Instituts de recherche en santé du Canada)

º 1610

º 1615
V         La présidente
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Bhagirath Singh

º 1620
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. Steven Sternthal
V         Dr Howard Njoo
V         M. Rob Merrifield
V         Dr Howard Njoo

º 1625
V         M. Rob Merrifield
V         Dre Françoise Bouchard
V         M. Rob Merrifield
V         Dre Françoise Bouchard
V         M. Rob Merrifield
V         Dre Françoise Bouchard
V         M. Rob Merrifield
V         La présidente
V         Mme Hedy Fry (Vancouver-Centre, Lib.)

º 1630
V         Dr Howard Njoo
V         Mme Hedy Fry
V         Dre Françoise Bouchard
V         Mme Hedy Fry
V         Dre Françoise Bouchard
V         Mme Hedy Fry
V         Dre Françoise Bouchard
V         Mme Hedy Fry
V         Dre Françoise Bouchard
V         Mme Hedy Fry
V         La présidente
V         Mme Carol Skelton (Saskatoon—Rosetown—Biggar, Alliance canadienne)
V         La présidente
V         M. Svend Robinson
V         La présidente
V         M. Svend Robinson

º 1635
V         La présidente
V         M. Svend Robinson
V         M. Steven Sternthal
V         M. Svend Robinson
V         Dr Howard Njoo
V         M. Svend Robinson
V         Dr Howard Njoo
V         M. Svend Robinson
V         M. Steven Sternthal

º 1640
V         M. Svend Robinson
V         Dr Howard Njoo
V         M. Svend Robinson
V         Dr Howard Njoo
V         M. Svend Robinson
V         M. Steven Sternthal
V         M. Svend Robinson
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. Svend Robinson
V         La présidente
V         M. Svend Robinson
V         M. Steven Sternthal
V         M. Svend Robinson
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. Svend Robinson
V         La présidente

º 1645
V         Dr Bhagirath Singh
V         La présidente
V         M. Jeannot Castonguay (Madawaska—Restigouche, Lib.)
V         M. Steven Sternthal
V         M. Jeannot Castonguay
V         M. Steven Sternthal
V         Dr Bhagirath Singh

º 1650
V         M. Jeannot Castonguay
V         M. Steven Sternthal
V         M. Jeannot Castonguay
V         M. Steven Sternthal
V         M. Jeannot Castonguay
V         M. Steven Sternthal
V         Dr Howard Njoo
V         La présidente
V         Mme Carol Skelton
V         Dre Françoise Bouchard
V         Mme Sandra Black (coordonnatrice nationale des projets de maladies infectieuses, Service correctionnel Canada)

º 1655
V         Mme Carol Skelton
V         Mme Sandra Black
V         Mme Carol Skelton
V         Mme Sandra Black
V         Mme Carol Skelton
V         Mme Sandra Black
V         Mme Carol Skelton
V         M. Steven Sternthal
V         La présidente
V         M. James Lunney (Nanaimo—Alberni, Alliance canadienne)
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. James Lunney

» 1700
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. James Lunney
V         Dr Bhagirath Singh
V         Dr Howard Njoo
V         M. James Lunney
V         Dr Howard Njoo
V         M. James Lunney
V         Dr Howard Njoo
V         M. James Lunney
V         Dr Howard Njoo
V         M. James Lunney
V         M. Steven Sternthal
V         Dr Howard Njoo

» 1705
V         M. James Lunney
V         Dre Françoise Bouchard
V         M. James Lunney
V         Dre Françoise Bouchard
V         La présidente

» 1710
V         M. James Lunney
V         Mme Sandra Black
V         La présidente
V         M. Réal Ménard
V         M. Steven Sternthal

» 1715
V         M. Réal Ménard
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. Réal Ménard
V         Dr Howard Njoo
V         M. Réal Ménard
V         Dr Howard Njoo
V         M. Réal Ménard
V         Dre Françoise Bouchard
V         M. Réal Ménard
V         Dre Françoise Bouchard
V         M. Réal Ménard
V         Dre Françoise Bouchard
V         M. Réal Ménard
V         La présidente
V         Mme Hedy Fry

» 1720
V         Dre Françoise Bouchard
V         Mme Sandra Black
V         Mme Hedy Fry
V         Dre Françoise Bouchard
V         La présidente
V         M. Svend Robinson
V         M. Steven Sternthal

» 1725
V         M. Svend Robinson
V         M. Steven Sternthal
V         M. Svend Robinson
V         M. Karl Tibelius (directeur, Développement de la capacité en recherche, Instituts de recherche en santé du Canada)
V         M. Svend Robinson
V         M. Karl Tibelius
V         M. Svend Robinson
V         Mme Sandra Black
V         M. Svend Robinson
V         Mme Sandra Black
V         M. Svend Robinson
V         La présidente
V         Dre Françoise Bouchard
V         La présidente
V         Dre Françoise Bouchard
V         La présidente
V         Dre Françoise Bouchard
V         La présidente
V         Dre Françoise Bouchard
V         La présidente
V         Dre Françoise Bouchard
V         La présidente
V         Dre Françoise Bouchard
V         La présidente

» 1730
V         Dr Bhagirath Singh
V         La présidente
V         M. Karl Tibelius
V         La présidente
V         Dr Bhagirath Singh
V         M. Karl Tibelius
V         La présidente
V         Dre Françoise Bouchard
V         M. James Lunney
V         La présidente
V         Le greffier du comité (M. José Cadorette)
V         M. Réal Ménard
V         La présidente










CANADA

Comité permanent de la santé


NUMÉRO 025 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 19 mars 2003

[Enregistrement électronique]

¹  +(1535)  

[Traduction]

+

    La présidente (Mme Bonnie Brown (Oakville, Lib.)): Bonjour mesdames et messieurs.

    J'ai le plaisir de déclarer ouverte cette séance du Comité permanent de la santé. Je souhaite la bienvenue aux témoins qui vont nous aider aujourd'hui dans notre étude de la Stratégie canadienne sur le VIH/sida.

    Avant de présenter notre premier témoin, je demanderais à mes collègues de me laisser un peu de latitude, parce que dès que nous aurons le quorum, j'interromprai nos délibérations pour tenir un vote sur le budget du comité. Je ne peux pas le faire tout de suite, parce que nous ne sommes pas assez nombreux, mais dès que neuf membres du comité seront présents, j'aimerais que nous adoptions le budget afin d'en saisir le comité de liaison demain. Merci beaucoup.

    Aujourd'hui, à la demande de nos témoins de l'autre jour, nous recevons des représentants du ministère de la Santé, de Service correctionnel Canada et des IRSC.

    Nous allons commencer par le Dr Njoo, du ministère de la Santé.

    Docteur Njoo, la parole est à vous.

+-

    Dr Howard Njoo (directeur général, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, ministère de la Santé): Merci beaucoup, madame la présidente, membres du comité. J'aurai le grand plaisir cet après-midi de vous parler du VIH et du sida.

    Je m'appelle Howard Njoo, et je suis le directeur général du Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses qui relève de la Direction générale de la santé de la population et de la santé publique de Santé Canada. J'ai avec moi mon collègue, Steven Sternthal, directeur par intérim de la Division des politiques, de la coordination et des programmes sur le VIH/sida.

    Nous vous dirons quelques mots un peu plus tard au sujet du rôle que joue notre centre dans le cadre de la stratégie canadienne sur le VIH/sida, ou SCVS.

    J'aimerais tout d'abord remercier le comité d'avoir accepté d'étudier cette importante question de santé publique à l'échelle nationale et mondiale. Je vous remercie également d'avoir rencontré nos partenaires des organisations non gouvernementales qui s'intéressent au VIH et au sida.

    Dans les prochaines minutes, nous espérons vous donner un aperçu de la naissance de la SCVS, des grandes tendances que présente l'épidémie du VIH/sida ici au Canada et à l'échelle internationale; du rôle que Santé Canada joue en ce moment en collaboration avec ses partenaires de la SCVS; des principaux aspects de la contribution de Santé Canada à la lutte contre l'épidémie au cours des cinq dernières années; des principaux défis que Santé Canada et ses partenaires doivent relever collectivement; et enfin, de la façon dont nous repensons en ce moment la SCVS en vue de consolider le rôle dominant que joue Santé Canada au niveau fédéral dans le cadre de la SCVS.

    À ceux d'entre vous qui s'intéressent aux statistiques épidémiologiques ou qui voudraient plus de détails, nous avons préparé un document à l'intention de tous qui se trouve sur le bureau juste derrière nous.

    Pour ce qui est de nos débuts, le gouvernement fédéral s'est efforcé au départ de définir les contours de l'épidémie en fournissant aux Canadiens des informations de base concernant la prévention et, de concert avec nos partenaires, nous avons contribué à l'édification des services pour ceux qui étaient déjà touchés et qui mouraient rapidement. Vers la fin des années 90, deux facteurs nous ont tous conduits à repenser notre approche. L'avènement de nouveaux traitements a ralenti la progression de la maladie et épargné à un grand nombre de Canadiens une mort précoce, mais il a été démontré que les informations sur la prévention étaient insuffisantes à elles seules à endiguer l'épidémie. Il nous a fallu nous résigner à un avenir où un nombre croissant de personnes vivraient avec le VIH ou le sida pendant plus longtemps.

    En accord avec nos partenaires, nous avons mis au point une nouvelle stratégie pour faire justement cela. Nous nous sommes mis d'accord pour nous attaquer aux phénomènes qui accompagnent l'épidémie—soit la stigmatisation, la discrimination et la marginalisation—et en apprendre davantage au sujet des comportements. Nous devions penser à long terme étant donné que l'épidémie ne nous avait pas encore frappés de plein fouet.

    La SCVS, qui a été lancée en 1998, mettait en place une approche à long terme qui prévoyait une intervention pancanadienne et reconnaissait que le gouvernement fédéral ne pouvait pas à lui seul combattre l'épidémie. La SCVS compte parmi ses partenaires deux autres instances fédérales: Services correctionnels Canada et les Instituts canadiens de recherche en santé qui sont également ici aujourd'hui.

    L'épidémie du VIH/sida est sans précédent à l'échelle mondiale. Elle présente des difficultés pour les gouvernements et les populations partout dans le monde. C'est une épidémie qui a dévasté des pays en voie de développement et qui met maintenant en péril la plupart des aspects du progrès mondial. Dans les pays en voie de développement, elle met en danger l'économie nationale, les droits de la personne et la sécurité nationale.

    En conséquence, les Nations Unies ont tenu une séance spéciale sur le VIH/sida en juin 2001. Le Canada y a envoyé une délégation qui était composée de représentants des gouvernements et des ONG et a ratifié l'engagement qui a été pris de combattre le VIH/sida à l'échelle mondiale. Cette déclaration est un appel à une action mondiale pour combattre l'épidémie et maîtriser les facteurs sociaux, économiques et relatifs aux droits de la personne qui y ont donné naissance.

    J'aimerais maintenant vous parler de certaines tendances générales au Canada. Comme je l'ai dit plus tôt, on a assisté à une diminution considérable du nombre de décès causés par le sida grâce aux progrès dans les traitements et thérapies. Parallèlement, on voit apparaître au Canada de nouvelles infections relatives au VIH à un taux d'environ 4 000 par année. Étant donné que plus de Canadiens vivent avec le VIH et le sida, il faut assurer plus de soins, de traitements et de soutien, ce qui alourdit notre fardeau aux plans économique et social.

    La physionomie de l'épidémie du SIDA change également. La première épidémie frappait essentiellement des hommes qui avaient des rapports sexuels avec d'autres hommes, et ce sont eux qui demeurent les plus touchés. Cependant, les toxicomanes qui s'injectent des drogues sont devenus une population à haut risque à partir du milieu jusqu'à la fin des années 90, et la proportion de cas attribués à la transmission hétérosexuelle a également augmenté constamment au cours de la dernière décennie.

    Le milieu dans lequel fleurissent le VIH et le sida devient également de plus en plus complexe. Il n'y a pas de remède. On espère que des vaccins vont finir par prévenir et guérir les infections séropositives, mais il semble qu'il faudra attendre encore de nombreuses années pour cela. Le virus continue de muter et trouve de nouveaux moyens de contourner tous les médicaments dont on dispose aujourd'hui.

    Même si on a assisté à de grands progrès au niveau des traitements, ce n'est pas tout le monde qui en profite. Nous ne pouvons pas encore nous assurer que chacun a un accès équitable aux traitements parce que ce sont des régimes exigeants, qui ont de sérieux effets secondaires et qui exigent une vie stable si on veut les gérer comme il faut.

    Sur le front de la prévention, la montée récente du taux d'infection transmise sexuellement prouve qu'un grand nombre de personnes ont beaucoup de mal à prévenir les infections acquises du fait des comportements sexuels. Les Canadiens semblent également avoir perdu toute crainte face au VIH et au sida et ne considèrent plus que l'épidémie demeure une menace personnelle grave ou un problème important en matière de politique gouvernementale ou de santé. On pense que cela est attribuable à une confiance mal placée dans les progrès au niveau des traitements et à une volonté troublante de s'adapter à un avenir où le VIH et le sida seront présents.

¹  +-(1540)  

    Le VIH/sida n'est pas seulement un problème de santé. Il faut s'attaquer à ses causes, y compris l'ostracisme et la discrimination qui entravent la prévention de l'infection par le VIH. En ciblant certains facteurs socio-économiques, on pourra réduire les risques de transmission du VIH, de progression précoce de la maladie et de décès.

    Permettez-moi de décrire le rôle que Santé Canada joue actuellement, de concert avec d'autres intervenants, dans la mise en oeuvre de la Stratégie canadienne sur le VIH/sida (SCVS). Par l'entremise du Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Santé Canada est le principal organisme du gouvernement fédéral chargé de combattre le VIH/sida à l'échelle nationale et de contribuer à la lutte internationale contre ce fléau. L'orientation nationale globale et la coordination de la SCVS incombent au Centre. En collaboration avec nos partenaires d'autres ministères fédéraux, les provinces et territoires et les ONG, nous élaborons des programmes et des politiques, exerçons une surveillance nationale et menons des recherches.

    D'autres directions de Santé Canada sont chargées d'offrir des services et les programmes de prévention aux Inuits et aux communautés autochtones vivant dans les réserves. D'autres services du ministère ont pour mandat de favoriser la collaboration avec les intervenants fédéraux qui participent à des activités internationales et de surveiller et d'évaluer l'application de la SCVS.

    À l'échelle internationale, nous collaborons avec de nombreux partenaires, aussi bien pour l'application de programmes que pour la surveillance. Notre travail à cet égard nous a valu des félicitations et a été salué par les Nations Unies.

+-

    M. Steven Sternthal (directeur intérimaire, Division des politiques, de la coordination et des programmes sur le VIH/sida, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Direction générale de la santé de la population et de la santé publique, ministère de la Santé): J'aimerais passer en revue brièvement ce que Santé Canada a accompli au cours des dernières années dans le cadre de la Stratégie canadienne sur le VIH/sida.

    Une des grandes réussites de Santé Canada a été de favoriser la création d'une approche commune. Conformément à la politique gouvernementale consistant à favoriser la participation des citoyens, Santé Canada rassemble les personnes les plus au fait de l'épidémie pour qu'elles l'aident à déterminer la voie à suivre. Des personnes qui sont infectées par le VIH, qui ont le sida ou qui risquent d'être infectées participent à toutes nos activités de planification nationale. Ces personnes siègent également à nos différents comités, dont le Conseil du ministre sur le VIH/sida et le Conseil national autochtone sur le VIH/sida.

    Nous avons également lancé des projets particuliers à l'intention des populations directement touchées par le VIH et le sida. Nous avons adopté une approche fondée sur les droits de la personne et avons réussi à combiner les approches de la médecine classique et des médecines douces pour lutter contre la maladie.

    Sur le plan international, comme Howard l'a souligné, nous travaillons avec la société civile et avec la délégation du Canada aux Nations Unies. Nous avons montré au monde entier l'engagement du Canada à travailler avec ses partenaires à tous les niveaux.

    En 2000, le Canada a amorcé le premier dialogue international sur le VIH/sida au niveau des gouvernements, dans le cadre de l'ONUSIDA, ce qui a permis aux gouvernements de pays développés de se pencher sur les obstacles complexes à une action nationale. Beaucoup d'organisations canadiennes de la bases se sont jumelées à leurs pendants dans d'autres pays, ce qui permet à ces groupes de se communiquer les idées et les enseignements de leurs expériences mutuelles.

    Permettez-moi maintenant de résumer les défis que nous devons relever. Comme Howard l'a dit, nous devons adopter une vision à long terme. Nous devons adopter une approche pragmatique en misant sur les meilleures données scientifiques et en recrutant ceux qui peuvent nous aider à vaincre l'épidémie. Il faut informer la population canadienne que le VIH/sida demeure une menace. Et nous devons surtout nous attaquer de front aux questions difficiles : lutter contre la stigmatisation qui alimente l'épidémie, continuer à faire appel aux groupes marginalisés pour savoir ce dont ils ont besoin et pour déterminer le meilleur mode de collaboration, tout en misant sur les recherches et les connaissances scientifiques pour améliorer l'efficacité de nos programmes de prévention, de traitements et de soutien.

    Cela suppose également qu'il faut étendre la portée des interventions au niveau fédéral. Il faut susciter la participation d'autres ministères, notamment Développement des ressources humaines, Citoyenneté et Immigration, et Affaires indiennes et du Nord. Tous ces ministères doivent collaborer pour que nous puissions maintenir la capacité d'intervention que nous avons acquise au fil des ans et continuer de prendre les moyens nécessaires pour lutter contre cette épidémie à long terme, sachant qu'elle est devenue complexe.

    Nous entendons renforcer encore davantage nos activités internationales pour lutter contre l'épidémie. Ainsi nous avons rassemblé des arguments pour encourager la population canadienne à lutter contre cette épidémie partout dans le monde. Il nous incombe également, puisque nous avons adhéré à la déclaration des Nations Unies, de remplir nos engagements ici même au Canada. Ainsi, nous pourrons réduire les taux d'infection, améliorer l'accès des personnes infectées aux soins, aux traitements et aux services de soutien dont ils ont besoin et agir sur les facteurs qui rendent les Canadiens vulnérables à l'infection par le VIH.

¹  +-(1545)  

+-

    Dr Howard Njoo: Enfin, pour ouvrir la marche, Santé Canada, en s'appuyant sur les conseils et la participation de ses partenaires, soutient la création d'un plan stratégique quinquennal pour tout le pays qui s'attaquera à l'épidémie et à ses causes premières. Nous avons également commencé à examiner le rôle que le gouvernement fédéral a joué au cours des cinq dernières années, nos réussites et nos difficultés. Nous espérons que cela nous aidera à arrêter nos priorités pour les cinq prochaines années et à nous assurer que nos ressources sont utilisées aussi judicieusement que possible, avec un minimum de dédoublement. Ces deux mesures sont entreprises en collaboration avec les autres organisations gouvernementales et non gouvernementales, et nous avons recours au savoir dont disposent ceux qui connaissent le mieux cette épidémie.

    Merci beaucoup de nous avoir écoutés. Mes collègues et moi-même serons très heureux de répondre à vos questions une fois que tous les exposés seront terminés.

    Merci.

+-

    La présidente: Merci beaucoup.

    Nous allons maintenant entendre la Dre Françoise Bouchard de Service correctionnel Canada.

+-

    Dre Françoise Bouchard (directrice générale, Services de santé, Service correctionnel Canada): Bonjour, madame la présidente, membres du comité.

    Je suis la Dre Françoise Bouchard, directrice générale des Services de santé du Service correctionnel du Canada. J'ai avec moi Mme Sandra Black, notre coordonnatrice des programmes de santé publique.

    Nous sommes heureux de nous présenter devant votre comité à titre de partenaires dans la stratégie canadienne sur le sida.

    Le Service correctionnel du Canada est tenu aux termes de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté de fournir des services de santé aux délinquants qui sont condamnés à une peine d'emprisonnement de deux ans ou plus. Cette population de délinquants se compose d'environ 12 600 hommes et 360 femmes. La prestation des services de santé est assurée par des professionnels agréés, dont environ 700 infirmières, 300 psychologues, ainsi que des médecins, physiothérapeutes, diététistes et autres professionnels de la santé sous contrat.

    Je vais faire une pause dans mon exposé ici. Je crois qu'il est important de rappeler qu'au cours de la dernière décennie, l'épidémie du VIH/sida a évolué au Canada, et on a assisté à un déplacement marqué de la transmission sexuelle—d'hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes—vers les toxicomanes qui s'injectent des drogues.

    Dans le corps de notre texte et à la fin, vous trouverez deux tableaux illustrant cette corrélation entre l'évolution de l'épidémie dans la société et la présence accrue du VIH et du sida dans nos prisons. En conséquence, le Service correctionnel du Canada est devenu officiellement un partenaire financier de la Stratégie canadienne sur le sida en 1998. Pour nous, ce partenariat reflète l'évolution sociale de l'épidémie du VIH et du sida et ses effets pour les personnes incarcérées qui présentent un risque élevé pour l'acquisition et la transmission du VIH.

    Les activités entreprises dans le cadre de la Stratégie canadienne sur le VIH/sida s'inscrivent dans le mandat que nous confère la loi, dans notre mission et nos priorités stratégiques, y compris les délinquants autochtones et les délinquantes; la réinsertion sociale des délinquants; l'aménagement d'un environnement sain; les partenariats; la sécurité des établissements; et le cadre de politiques et de responsabilisation de notre gouvernement. Le SCC favorise activement l'adoption de politiques et de programmes qui permettent d'apporter une réponse globale et intégrée au problème du VIH/sida et d'autres maladies infectieuses dans les établissements correctionnels, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs formulés par la stratégie.

    Nous avons appris d'importantes leçons concernant la mise en oeuvre de la Stratégie canadienne sur le VIH/sida. Bien que les crédits de 600 000 $ alloués annuellement au SCC, sur un montant total annuel de 42,2 millions de dollars pour l'ensemble de la stratégie, permettent de lancer des programmes ciblant le VIH/sida, l'exécution soutenue et complète de plusieurs programmes nécessite des investissements considérables en ressources humaines et financières.

    Le Service correctionnel du Canada a présenté au Conseil du Trésor des propositions de financement qui ont été approuvées, et il investit maintenant une grande partie des fonds destinés aux programmes et services de lutte contre le VIH/sida. Au cours de l'exercice 2002-2003, il a ajouté, par exemple, 4 millions de dollars de plus à la prestation de soins, de traitements et d'un soutien aux délinquants infectés par le VIH ou atteints du sida, et 230 000 $ à la surveillance des maladies infectieuses. Dans la répartition interne de nos ressources, nous avons également élargi le programme national d'entretien à la méthadone, qui coûte maintenant 5,3 millions de dollars par année.

    L'autre leçon importante que nous avons retenue est qu'il est essentiel de construire et d'entretenir une infrastructure au niveau des établissements correctionnels et des administrations régionales. Nous avons 53 établissements répartis dans huit provinces. Il faut une structure de coordination pour soutenir la coopération nécessaire pour maintenir les programmes en place. Nous y sommes arrivés en dotant nos établissements et nos administrations régionales d'infirmières spécialisées en maladies infectieuses, et nous avons ajouté des éléments à notre personnel pour contrer ce problème. Nous cherchons également à collaborer autant que possible avec les ressources communautaires existantes comme les services locaux de santé publique et les organisations communautaires, et à utiliser leurs services.

    Un autre élément important de la construction de cette infrastructure a été l'adoption d'un approche d'intervention par une équipe multidisciplinaire dans la lutte contre le VIH/sida dans nos établissements. Le SCC a consacré beaucoup d'énergie à cette approche en veillant à ce que le personnel à tous les niveaux, des agents correctionnels aux agents de libération conditionnelle, participe à des ateliers de formation et d'information sur des sujets comme la planification coordonnée de la sortie des patients, la discrimination et la stigmatisation. Nous estimons que cela fait partie intégrante de la prestation de services aux délinquants infectés par le VIH ou atteints du sida.

¹  +-(1550)  

    Je voudrais profiter de cette occasion pour décrire le façon dont nous allons atteindre certains objectifs de la stratégie. La stratégie consiste à prévenir la propagation du VIH et du sida. Nous avons maintenant divers programmes de réduction des méfaits comme la mise à la disposition des délinquants de trousses de désinfection à l'eau de Javel, de condoms et de digues dentaires; nous avons aussi des programmes d'éducation et d'entraide par les pairs et un programme d'entretien à la méthadone au sein du Service correctionnel du Canada. Nous avons aussi pour but de fournir des soins, des traitements et un soutien aux Canadiens et aux Canadiennes qui vivent avec le VIH/sida et à leur famille, à leurs amis et à leurs soignants.

    Nous devons admettre que, souvent, un grand nombre des délinquants qui entrent dans les prisons du Service correctionnel du Canada n'ont pas pu avoir accès au système de santé publique à l'extérieur, ce qui est souvent attribuable à leurs comportements à haut risque et à leurs activités criminelles. Nous leur offrons donc des programmes comme la prestation de thérapies antirétrovirales fortement actives et nous avons aussi un programme national de soins palliatifs—étant donné que certains détenus sont décédés dans nos établissements.

    Nous visons aussi à réduire au minimum les répercussions néfastes du VIH/sida sur les individus et les communautés en veillant à ce que les programmes et services offerts conviennent aux populations carcérales et soient adaptés pour répondre aux besoins des délinquants autochtones et des délinquantes, et en veillant à ce que notre cadre de politiques traite des questions de stigmatisation et de discrimination liées au sida. Nous avons aussi réduit au minimum les répercussions néfastes du VIH/sida sur les individus et les communautés en continuant d'améliorer la surveillance des maladies infectieuses à l'échelle nationale afin de définir les tendances, d'évaluer l'efficacité des stratégies de prévention et de réduction des méfaits, et d'ajouter à la masse de données empiriques sur le VIH/sida.

    Comme je l'ai dit précédemment, certaines de ces activités ont été réalisées à l'aide de fonds affectés à la stratégie. Mentionnons entre autres le soutien au groupe de travail des responsables des services correctionnels fédéraux-provinciaux-territoriaux sur les maladies infectieuses. Ce groupe constitue un forum très utile pour échanger des connaissances et des renseignements, y compris des pratiques exemplaires, sur la gestion des cas de maladies infectieuses et pour assurer la continuité des soins entre nos provinces et territoires.

    Il existe une autre activité financée expressément par la stratégie et qui consiste à élaborer, mettre en oeuvre et évaluer un programme d'éducation et d'entraide par les pairs à l'intention des délinquants sous responsabilité fédérale, et cela comprend des volets destinés particulièrement aux délinquants autochtones et aux délinquantes.

    Mentionnons aussi l'élaboration et la mise en oeuvre aux unités de réception d'un programme destiné à sensibiliser tous les délinquants au moment de leur admission dans un établissement du SCC en les renseignant sur les maladies infectieuses et l'abus de substances intoxicantes, y compris les services auxquels ils ont accès durant leur incarcération.

    On a également financé la mise en oeuvre d'un programme de dépistage anonyme du VIH dans plusieurs établissements. Il s'agit d'un programme pilote que nous évaluons en ce moment.

    Tout récemment, le SCC a achevé la formation en soins palliatifs d'un grand nombre d'intervenants de première ligne du SCC, activité qui a été également partiellement financée par les fonds de la stratégie sur le sida.

    La prestation de services VIH/sida aux délinquants fédéraux doit s'inscrire dans un cadre de bonnes pratiques d'hygiène publique et tenir compte du fait que les établissements du SCC font partie de la collectivité canadienne. Nous espérons publier le mois prochain un rapport sur notre premier programme de surveillance des maladies infectieuses au sein du SCC.

    Nous savons que pour nous attaquer efficacement à l'épidémie du VIH, nous devons nouer et entretenir de solides partenariats avec d'autres ministères. À cette fin, SCC et Santé Canada sont en train de finaliser un protocole d'entente dans le cadre duquel Santé Canada fournira au SCC certains services dans l'exécution de travaux techniques liés aux maladies infectieuses dans les établissements correctionnels. Au niveau local et régional, nous maintiendrons notre collaboration avec les services d'hygiène publique pour nous assurer que de bonnes pratiques d'hygiène publique sont adoptées dans nos établissements.

    Nous croyons que la participation officielle du SCC à la Stratégie canadienne sur le VIH/sida présente des avantages très nets, puisque les délinquants forment une population à risque élevé pour l'acquisition et la transmission du VIH/sida. Les crédits annuels de 600 000 $ nous permettent d'entreprendre des programmes et activités qui visent tout spécialement nos délinquants. Mais l'un des principaux avantages de la participation officielle du SCC à la stratégie tient au fait qu'elle lui permet de promouvoir des programmes et des politiques pour lutter contre le VIH/sida dans les populations carcérales.

¹  +-(1555)  

    La participation à la stratégie canadienne sur le VIH/sida permet au SCC d'intégrer des programmes communautaires de lutte contre le VIH/sida dans le contexte d'un environnement correctionnel. De plus, elle donne au SCC une voix au chapitre.

    Nous reconnaissons également que bien que nous ayons fait d'importants progrès au cours des dernières années, il reste beaucoup à faire. Cela pose un problème de taille. Nous devons continuer d'accroître notre capacité de surveiller les maladies infectieuses, y compris le VIH/sida, l'hépatite A, B et C, les maladies transmises sexuellement et la tuberculose.

    Nous devons continuer d'explorer de nouvelles initiatives pour inciter les délinquants à se soumettre à des tests de dépistage, et tout particulièrement les délinquants qui continuent de se livrer à des comportements à risque élevé comme l'utilisation de drogues injectables.

    Et ce qui est peut-être le plus important, nous devons continuer d'étudier tous les moyens viables que l'on pourrait employer pour réduire la transmission des maladies infectieuses par le partage de matériel d'injection de drogues et de tatouage. Autrement dit, il nous faut envisager de donner aux délinquants accès à des services stériles de tatouage et de lancer, à titre d'essai pilote, des programmes d'échange d'aiguilles dans quelques établissements sélectionnés. Nous nous colletons avec ce problème au SCC et nous avons besoin d'aide. Nous oeuvrons dans un environnement correctionnel, et les avis sur la forme que devrait avoir cet environnement sont partagés.

    Je crois que le SCC est très bien placé pour donner l'exemple au Canada et à l'échelle internationale, pour proposer des orientations futures dans le cadre de la stratégie et pour contribuer à la masse de connaissances sur la façon d'apporter une réponse globale au problème du VIH/sida dans des populations carcérales. Les services de santé du SCC considèrent que, sur le plan de l'hygiène publique, l'incarcération est une excellente occasion d'effectuer des interventions auprès d'une population qui n'a pas nécessairement accès à des services de santé dans la communauté.

    Il nous incombe de continuer à mettre l'accent sur les populations vulnérables et à renforcer les partenariats et la collaboration entre le milieu correctionnel et le réseau de santé public, et particulièrement entre Santé Canada et le Service correctionnel du Canada.

    Pour terminer, je voudrais réitérer que le SCC tient beaucoup à son rôle de partenaire dans la stratégie canadienne sur le VIH/sida. Nous continuerons de faire tous nos efforts pour suivre les orientations et atteindre les objectifs de la stratégie, exécuter la mission et le mandat du SCC dans le contexte de la stratégie, et demeurer une composante importante de la réponse du Canada à l'épidémie de VIH/sida.

    Je vous remercie de nouveau de cette occasion de vous décrire le rôle du SCC dans la stratégie canadienne sur le VIH/sida.

    Je serai heureuse de répondre à vos questions sur le sujet.

º  +-(1600)  

+-

    La présidente: Merci beaucoup.

    Je voudrais solliciter votre considération pendant que le comité examine les budgets relatifs à son étude concernant les médicaments sur ordonnance.

    Je crois que vous les avez devant vous. Il y en a plusieurs.

    Nous pouvons le faire en deux motions. Le premier budget s'élève à 73 400 $. Il s'agit du budget de fonctionnement correspondant à nos travaux à Ottawa. Y a-t-il des questions sur ce premier budget?

    Comme il n'y en a pas, je peux accueillir une motion.

    M. Ménard propose l'adoption de ce budget de 73 400 $.

    (La motion est adoptée.)

    La présidente : Les deux budgets suivants concernent les voyages, le premier à destination de Victoria, d'Edmonton et de Winnipeg, pour un montant de 105 000 $, et le deuxième à destination d'Halifax, de Québec et de Toronto, pour un montant de 89 800 $.

    Y a-t-il des questions concernant ces deux budgets de voyage?

+-

    M. Rob Merrifield (Yellowhead, Alliance canadienne): Ces budgets sont non pas pour l'ensemble du comité, mais pour huit membres, n'est-ce pas?

+-

    La présidente: Nous avons constaté assez souvent qu'au moment de partir, les députés, qui ont d'autres responsabilités au sein des comités, ont tendance à renoncer au voyage. Nous avons pensé que la prévision de huit participants correspondait assez bien au nombre de ceux qui voudront et qui pourront participer au voyage.

    On pourrait aussi envoyer le moitié du comité dans une direction et l'autre moitié dans l'autre.

    Non? Moi non plus, je n'aime pas tellement cette formule.

+-

    M. Rob Merrifield: Ce que je crains, c'est qu'il y ait quatre députés du parti ministériel et un député de chaque parti d'opposition. L'opposition officielle n'est pas mieux représentée que les autres partis d'opposition, ce qui n'est pas conforme à la représentation des partis à la Chambre.

+-

    La présidente: Voulez-vous qu'on modifie le budget pour porter à neuf le nombre des participants?

+-

    M. Rob Merrifield: Si vous voulez le porter à neuf, c'est parfait, à moins qu'on ne réaménage la représentation des partis.

+-

    La présidente: Il faudrait alors le porter à dix, car il faut autant de représentants du parti ministériel que de l'opposition. Mais si vous voulez un siège de plus pour l'opposition officielle, il va aussi falloir en accorder un de plus au parti ministériel. Le prix du voyage va s'en ressentir.

+-

    M. Rob Merrifield: Si l'on passe à dix?

+-

    La présidente: Oui, si l'on passe de huit à dix.

    À vous, monsieur Ménard.

[Français]

+-

    M. Réal Ménard (Hochelaga—Maisonneuve, BQ): Je pense qu'il faudrait vérifier qui souhaite prendre part au voyage. De toute façon, on ne peut pas voter de motion en voyage, à moins de donner un préavis. Alors, le jeu de l'opposition et du gouvernement n'est pas tout à fait le même, et c'est peut-être moins important.

    L'important, c'est qu'on soit tous nourris par la même information, parce que si on divise le comité, la moitié du comité a accès à une partie de l'information, et l'autre moitié à l'autre partie. Mais on peut s'entendre sur le fait qu'il n'y a pas de motions qui sont débattues en comité. Donc, il faut d'abord voir qui est intéressé, pour ne pas qu'on vote des budgets pour dix s'il n'y en a que huit qui y vont. Il n'y a jamais dix membres qui participent à nos travaux. À moins qu'il y ait des votes, habituellement, on se retrouve à sept ou huit à ce comité-là. Évidemment, ce sont parmi les meilleurs, c'est certain. Mais ce n'est pas nécessaire d'en avoir dix. Ça vous inclut, madame la présidente.

[Traduction]

+-

    La présidente: C'est parfait, mais il y aurait une formule plus pratique, à savoir soumettre ce budget au comité de liaison, qui doit siéger demain, plutôt que d'attendre encore plusieurs semaines. Si nous perdons trop de temps, les crédits de l'année seront épuisés avant que nous n'ayons pu faire approuver notre budget.

    Je vous pose donc une double question. Si quelqu'un veut modifier la motion et augmenter le nombre des participants, nous pourrions approuver un budget prévoyant deux participants supplémentaires, et demander au greffier de réviser les chiffres d'ici demain pour y intégrer ces dépenses supplémentaires. Mais si vous pensez qu'il est plus réaliste d'en rester à huit, nous pouvons adopter directement cette motion.

    Je m'en remets à votre décision.

+-

    M. Svend Robinson (Burnaby—Douglas, NPD): Madame la présidente, je considère que le représentant de l'opposition officielle présente un argument valable. Pour éviter de faire traîner les choses, nous pouvons accepter de présenter un budget où le nombre des participants serait augmenté de deux, demander au greffier de modifier le budget en conséquence et le faire adopter. Je crains que si nous ne procédons pas rapidement, on nous oppose un refus.

    Je propose donc l'adoption du budget avec cet amendement.

º  +-(1605)  

+-

    La présidente: M. Robinson propose un amendement qui fait passer le nombre des participants de huit à dix.

    (L'amendement est adopté)

    La présidente: Le budget prévoit maintenant dix participants.

    Je crois que M. Robinson propose également l'adoption du budget—il a essayé de l'intégrer à sa motion, mais il faut en adopter deux—avec les dix participants et un montant proportionnel à ces deux députés supplémentaires, ce budget devant être soumis demain au comité de liaison.

    Y a-t-il des questions sur cette motion?

    (La motion est adoptée)

    La présidente: Merci.

    Et je remercie de leur indulgence les personnes que nous accueillons aujourd'hui en tant que témoins.

    Nous en revenons maintenant à l'objet proprement dit de cette séance, et nous accueillons les représentants des Instituts de recherche en santé du Canada.

    Je crois que c'est M. Singh.

+-

    Dr Bhagirath Singh (directeur scientifique, Institut des maladies infectieuses et immunitaires, Instituts de recherche en santé du Canada): Merci.

    Bonjour, mesdames et messieurs.

    Les Instituts de recherche en santé du Canada ont été créés en 2000, et je fais partie de l'un des 13 instituts qui ont été créés.

    Je suis également professeur de microbiologie et d'immunologie à l'Université Western Ontario à London, et scientifique au Robards Research Institute à London en Ontario.

    La recherche met l'accent sur la façon dont le VIH, en tant que maladie, a été identifié, sur la cause de la maladie et la possibilité de la prévenir. Les IRSC se sont donné comme objectif à long terme de prévenir et de traiter le VIH en tant que maladie. Les IRSC sont fiers de travailler en partenariat avec d'autres ministères fédéraux depuis 1990 lorsque les IRSC, qui étaient auparavant le CRM, ont entrepris une collaboration de recherche au sein de l'initiative fédérale dans ce domaine.

    Les IRSC appuient les objectifs de la stratégie qui a été présentée. La majeure partie de nos efforts dans ce domaine sont dirigés vers la recherche et l'application et la traduction des résultats en vue de prévenir le VIH.

    Au début de la Stratégie canadienne sur le VIH/sida (SCVS) en 1998, nous administrions 4,6 millions de dollars pour la recherche biomédicale et clinique. Le programme national de recherche et de développement en santé (PNRDS), qui est un prédécesseur de certains programmes dont ont hérité les IRSC, était en fait à la base d'un certain nombre de nouvelles initiatives qui ont été reprises.

    En 1998, notre contribution pour la recherche s'élevait à 4,6 millions de dollars, ce qui incluait la recherche biomédicale de base, mais la contribution du PNRDS comprenait plusieurs autres programmes, notamment les essais cliniques, la recherche en épidémiologie et la recherche communautaire. En 2001, nous avons signé une entente avec le ministère de la Santé en vue de transférer l'élément de recherche épidémiologique aux IRSC.

    Les Instituts, et précédemment le Conseil de recherches médicales, se sont engagés non seulement à tout simplement administrer le fonds provenant de nos partenaires fédéraux, mais également à investir directement dans cette recherche. En 1998, nous nous sommes donc engagés à investir 2 millions de dollars par année pendant cinq ans. Et lorsque nous avons signé l'entente en 2001, l'engagement des IRSC est en fait passé à 3,5 millions de dollars par année.

    Nous allons donc contribuer à la recherche dans ce domaine à raison d'au moins 3,5 millions de dollars par année, en plus des fonds que nous recevons dans le cadre du programme de partenariats. En fait, l'effort de recherche en est arrivé à un point où les IRSC investissent près de 5 millions de dollars par an, en plus des fonds que nous recevons dans le cadre du programme de partenariats.

    En 2000, notre contribution s'élevait à 3,8 millions de dollars; en 2001-2002, elle s'élevait à 5,1 millions de dollars et pour ce qui est de l'exercice en cours, notre contribution est à la baisse et elle atteindra près de 4,5 millions de dollars.

    La SCVS a non seulement permis la création de connaissances grâce à la recherche biomédicale et clinique, qui à l'origine avait un budget de 4,6 millions de dollars, mais elle nous a permis également d'investir dans les services de santé, et dans la santé de la population. Nous avons donc reçu 2,4 millions de dollars dans le cadre du nouveau programme de recherche que nous administrons.

    En ce qui a trait au réseau canadien pour les essais cliniques—et vous avez entendu à ce sujet M. Schechter, nous administrons à l'heure actuelle 3,2 millions de dollars pour ce programme. En fait, on est en train d'examiner ce programme pour voir s'il sera maintenu dans les années à venir, et en ce qui a trait à notre contribution à ce programme, on nous assure qu'il faudrait y investir davantage à l'avenir si nous voulons qu'il soit maintenu dans sa forme actuelle.

    Comment les IRSC administrent-ils les fonds que nous recevons et ceux que nous investissons dans ce programme? Il s'agit essentiellement d'un programme stratégique. Les IRSC ont fait du VIH/sida une question prioritaire. Donc, essentiellement, nous prenons les décisions relatives aux programmes de recherche dans ce domaine.

    À l'heure actuelle, il y a deux sources de financement au sein des IRSC pour la recherche sur le sida/VIH. Il y a le programme de propositions de recherche qui permet aux chercheurs de proposer des idées pour travailler dans un domaine où ils aimeraient faire de la recherche. Pour accéder à ces fonds, il y a un concours ouvert. 

º  +-(1610)  

    Il y a également un concours ouvert lorsque les institutions choisissent les domaines prioritaires, donc nous décidons que le VIH est un domaine prioritaire. Nous proposons des programmes et le financement est assuré par les instituts des IRSC.

    Si vous regardez la diapositive 5, pour les deux programmes que nous avons à l'heure actuelle, la majeure partie du financement se trouve sous la colonne de gauche. Les programmes de recherche biomédicale et clinique et les programmes de services de santé sont financés dans le cadre de cette initiative.

    Depuis la création des instituts, nous avons maintenant la possibilité de décider en fait si cette enveloppe devrait continuer d'être dépensée de la même façon ou si le programme devrait en fait évoluer de façon à ce que toute l'excellente recherche qui est effectuée puisse être financée dans le cadre des programmes réguliers des IRSC.

    Sur la diapositive 6, on donne un tableau des bourses et subventions accordées dans le cadre du programme d'excellence dans la recherche des IRSC pour les subventions de recherches, les essais cliniques et les programmes de collaboration. Comme vous pouvez le constater, le nombre de subventions que nous finançons a en fait augmenté de façon constante tant dans le domaine de la création des connaissances que dans celui des essais cliniques. Les subventions de groupes, les bourses de formation et les bourses salariales contribuent toutes à créer la capacité pour faire ce genre de recherches.

    Mon collègue, M. Karl Tibelius, du développement de la capacité en recherche des IRSC, dirige en fait de nombreuses initiatives dans ce domaine, et il sera ravi de répondre à vos questions.

    Pour revenir aux instituts et au rôle que nous jouons dans l'établissement des priorités, mon institut a coordonné la recherche pour nos IRSC dans ce domaine. Donc nous n'intervenons pas uniquement dans l'élément de recherche de la SCVS, mais dans toute recherche que les IRSC font dans le domaine du VIH/sida. Nous avons en fait mis sur pied un groupe consultatif, un comité consultatif sur l'administration des soins de santé qui inclut plusieurs des communautés et les chercheurs. Notre objectif ultime est d'avoir un processus de planification uniforme qui nous permet en fait d'utiliser ces priorités afin de nous assurer que l'on répond aux besoins des communautés et des chercheurs ainsi qu'à ceux des patients et des organismes de bienfaisance en santé.

    Notre institut est donc le champion dans ce domaine au sein des IRSC, et je serai heureux de répondre à vos questions au sujet de ce programme qui vient tout juste d'être lancé.

    Que va-t-il arriver au cours de la prochaine ronde du concours ouvert? Les chercheurs qui obtiennent des bourses et les instituts qui conçoivent les programmes finiront essentiellement par se rejoindre en ce sens qu'ils sauront exactement comment cet élément du programme devrait être surveillé et lancé.

    Avant de conclure, j'aimerais remercier le comité qui a déterminé les domaines où les IRSC peuvent en fait travailler avec leurs partenaires. L'avenir de la recherche sur le VIH/sida... et mes collègues ont clairement dit qu'il s'agissait là d'une épidémie mondiale. Ce sont des problèmes qui vont au-delà des frontières canadiennes. Nous avons besoin d'une stratégie canadienne qui nous permet en fait de faire le lien avec les efforts déployés à l'échelle internationale. À mon avis, le traitement, les besoins de la communauté, le mise au point d'un nouveau vaccin, les complications qui surgissent en raison de la toxicité des médicaments sont tous des domaines de recherche. Cela ne consiste pas uniquement à faire de la recherche et à l'appliquer, mais aussi à accroître la capacité, car au cours des 20 dernières années, nous avons appris que le Canada a besoin d'accroître sa capacité de recherche.

    Au début, notre capacité de recherche était très limitée. La SCVS, le CRM et les IRSC se sont toujours appuyés sur cet effort de recherche pour l'accroître.

    Nous sommes concurrentiels à l'échelle internationale. Pour soutenir cet engagement, les IRSC, y compris mon institut, se sont engagés à investir à long terme dans la recherche dans ce domaine.

    Il y a des problèmes sociaux psychologiques et comportementaux. Il y a un ou deux problèmes au niveau de la transmission de la maladie aux enfants. Il y a le problème des toxicomanes qui prennent des drogues injectables. Nous avons entendu parler de bon nombre de ces problèmes autour de la table. Je ne veux pas aborder tous ces problèmes en détail.

º  +-(1615)  

    Il doit y avoir un partenariat, et nous sommes vraiment fiers de nos partenariats avec Santé Canada. Ce sont de très bons partenariats et ils nous ont permis non seulement de concevoir des programmes mais aussi de lancer bon nombre de programmes conjoints. Nous sommes très heureux de pouvoir le faire.

    En terminant, les IRSC ont fait un effort majeur pour remplir leur mandat dans le cadre de la SCVS. Nous serons très heureux si ce mandat est renouvelé. Peu importe le mandat que le gouvernement fédéral nous confiera, nous serons là pour relever les défis, et nous sommes impatients de le faire.

    Mon collègue Carl et moi-même serons très heureux de répondre à vos questions. Merci.

+-

    La présidente: Merci beaucoup, monsieur Singh.

    Nous allons maintenant passer à la partie questions et réponses de la séance. Nous allons commencer par M. Merrifield.

+-

    M. Rob Merrifield: Merci de vos exposés. Ils étaient très informatifs. Nous avons eu une autre journée de témoignages, je crois que c'était lundi, et j'ai trouvé que les exposés étaient également très informatifs.

    Une des questions que je voudrais poser concerne les IRSC et l'aspect recherche de toute cette question. Les traitements, les vaccins et la prévention sont ce qui nous intéresse. Si on se tourne vers l'avenir, sommes-nous près de trouver des vaccins ou d'autres traitements, car actuellement, nous ne savons pas si cela va fonctionner? Pouvez-vous nous dire quels sont les progrès réalisés à cet égard et si vous êtes optimiste?

+-

    Dr Bhagirath Singh: Je dois dire que nous avons fait beaucoup de progrès depuis les 20 dernières années, grâce surtout à la thérapie antirétrovitale. Il s'agit maintenant d'une maladie chronique qui doit être en réalité surtout soignée et gérée.

    Cela étant dit, nous sommes encore bien loin de trouver un remède qui permettra de guérir. Pour ce qui est d'un vaccin, tant à l'échelle internationale qu'au Canada, les efforts de recherche sont très prometteurs. Il y a plusieurs essais cliniques en cours. CANVAC, qui est un centre d'excellence dans ce domaine, est l'un des groupes qui participent à ces essais. Je pense qu'il est prématuré de dire que nous avons actuellement un vaccin très prometteur. On est en train de mettre à l'essai un certain nombre de vaccins. Les résultats ne sont pas tous connus, mais cela semble prometteur. Ce n'est pas la seule approche que l'on puisse adopter. Il y a plusieurs autres domaines de recherche dont les IRSC se font les champions. Nous aimerions certainement avoir un vaccin, car un vaccin peut être administré de façon beaucoup plus générale et qui constituera à long terme le meilleur remède contre cette maladie.

+-

    M. Rob Merrifield: Êtes-vous optimiste que nous pourrons savoir bientôt si ces vaccins seront ou non efficaces?

+-

    Dr Bhagirath Singh: Je pense que les cinq prochaines années seront cruciales. Certains essais cliniques ont déjà commencé et certains autres sont prévus. Il n'y a pas tellement de vaccins éventuels, mais certains sont à l'étape des essais. Je dirais qu'au moins quatre sont à cette étape.

º  +-(1620)  

+-

    M. Rob Merrifield: Je crois comprendre que des 42,2 millions de dollars qui viennent du gouvernement fédéral, les IRSC reçoivent environ 13,5 millions de dollars par an. Est-ce exact?

+-

    Dr Bhagirath Singh: Nous recevons 10,2 millions de dollars dans le cadre de la stratégie, et les IRSC investissent près de 5 millions de dollars directement et un autre montant de 5 millions de dollars indirectement dans des programmes de recherche sur le VIH. Donc, les IRSC investissent un montant égal dans ce domaine.

+-

    M. Rob Merrifield: Mercredi, nous avons parlé du fait que les IRSC ont un budget assez important. La question que nous posons en tant que non spécialistes est la suivante : d'après vous, est-ce que le montant que vous investissez dans la recherche dans ce domaine est proportionnel à la gravité du problème? Devrait-on investir davantage?

+-

    Dr Bhagirath Singh: Naturellement, je ne suis pas ici pour demander davantage d'argent. Mais je dois dire qu'à mon institut, qui fait de la recherche sur les maladies infectieuses et immunitaires, on consacre près de 75 millions de dollars des fonds des IRSC à la recherche dans ce domaine, ce qui inclut le VIH/sida. Nous investissons 20 p. 100 de cette somme dans le VIH/sida, soit l'investissement le plus élevé dans un domaine de recherche pour mon institut.

    Malheureusement, il y a de nombreuses maladies infectieuses. Nous entendons parler de ces maladies tous les jours, notamment le virus du Nil occidental et le SRAS. La réalité, c'est que nous devons établir des priorités. Comme je l'ai dit, le VIH est notre principale priorité. Notre institut a déterminé huit priorités, et le VIH est la plus grande priorité dans le cadre de ce programme.

+-

    M. Rob Merrifield: On nous a donné toutes sortes de chiffres en ce qui concerne l'épidémie et l'augmentation du nombre de cas, soit jusqu'à 4 000 personnes par an qui contractent le VIH au Canada. Je pense que ce sont là les chiffres; je les ai vus quelque part ici également.

    Je regarde les projections que l'on faisait il y a 10 ou 20 ans de l'ampleur que la maladie atteindrait en l'an 2000 et au-delà. Il me semble que la maladie est en train de se propager, mais est-ce qu'elle le fait au rythme qu'on avait prévu à l'époque, ou est-ce qu'on a considérablement limité la propagation projetée?

+-

    Dr Bhagirath Singh: Je pense que je vais demander à nos collègues de Santé Canada de répondre à la question. Ils seront peut-être en mesure de vous donner les chiffres.

+-

    M. Steven Sternthal: On a fait des projections il y a de nombreuses années. Les prédictions ont été faites il y a bien longtemps, mais ne se sont certainement pas réalisées.

    Ce que le comité a entendu de plus important lundi concerne également la nature changeante des personnes qui sont infectées, et cela a changé de façon draconienne au cours des dernières années. Même s'il y avait environ 4 000 personnes infectées en 1996, et à peu près le même nombre en 1999, la situation réelle est tout à fait différente. Je pense que c'est ce qui a été dit clairement lundi.

+-

    Dr Howard Njoo: Comme je l'ai mentionné dans mon exposé, au début il s'agissait surtout d'hommes qui avaient des relations sexuelles avec d'autres hommes, de sorte que les projections à l'époque ne tenaient compte que de ce facteur. L'épidémie a cependant changé au cours de la dernière décennie, et il y a maintenant davantage d'utilisateurs de drogues injectables et d'hétérosexuels. Pour ce qui est des projections, il aurait été difficile à l'époque de savoir ce qui aurait pu se produire. Nous constatons maintenant que la situation évolue et devient plus complexe.

+-

    M. Rob Merrifield: J'ai entendu deux choses différentes ici, d'abord qu'il y a de plus en plus d'hétérosexuels qui contractent la maladie. Même à l'époque, nous comprenions que cela risquait de se produire et les projections étaient considérablement plus élevées, n'est-ce pas, par rapport au nombre réel de personnes qui contracteraient la maladie au Canada?

+-

    Dr Howard Njoo: Je vais vous donner un exemple. En 1996, le pourcentage de cas chez les hétérosexuels s'élevait à environ 17 p. 100, et en 1999, il avait augmenté à 21 p. 100. Pour ce qui est des relations sexuelles entre hommes, au plan de la fréquence de nouveaux cas par année, le pourcentage était de 30 p. 100 en 1996 et de 38 p. 100 en 1999. Pour ce qui est des utilisateurs de drogues injectables, le pourcentage a également changé et est passé de 47 p. 100 en 1996 à 34 p. 100 aujourd'hui. Donc, vous pouvez le constater, les choses changent, et nous devons entre autres faire davantage de recherches pour comprendre les déterminants et l'épidémiologie afin de déterminer pourquoi il y a de plus en plus de cas chez une certaine partie vulnérable de la population par rapport à une autre.

º  +-(1625)  

+-

    M. Rob Merrifield: Très bien. Mais le vrai problème, ce n'est pas de savoir si les chiffres sont exacts, c'est de trouver un traitement. Souhaitons que les instituts et les chercheurs nous fassent progresser dans cette direction.

    Mon autre question concerne les prisons. Peut-être en avez-vous parlé dans votre exposé, mais je n'ai pas entendu. Vous dites que les détenus contractent la maladie à cause des tatouages et des échanges de seringues souillées. Je crois que vous avez préconisé des aiguilles à tatouage stériles. Est-ce bien cela que vous proposez à l'intérieur des prisons?

+-

    Dre Françoise Bouchard: Il est impossible de déterminer le taux de transmission à l'intérieur des établissements pénitentiaires. Nous savons qu'une forte proportion de détenus arrive en milieu carcéral déjà infectés, mais nous savons aussi que les détenus s'injectent de la drogue en prison. Nous le savons à cause des saisies d'accessoires dans les prisons. On ne peut pas faire semblant de ne pas le voir. C'est une réalité.

    Quelle était votre question?

+-

    M. Rob Merrifield: Est-ce qu'à votre avis, la solution consisterait à mettre en place des échanges de seringues stériles dans les prisons?

+-

    Dre Françoise Bouchard: Au plan de la santé publique, il faut envisager toutes les mesures de réduction des préjudices, y compris l'échange de seringues et la fourniture de seringues stériles. Par ailleurs, le tatouage n'a pas été clairement établi en tant que facteur de risque, mais nous avons un important problème avec l'hépatite C, et nous pensons que le tatouage est un facteur de risque dans les prisons.

+-

    M. Rob Merrifield: Cela me semble très intéressant.

+-

    Dre Françoise Bouchard: Le tatouage fait partie de la sous-culture des prisons.

+-

    M. Rob Merrifield: Je le conçois parfaitement. Je ne pensais pas que c'était un phénomène fréquent dans les prisons, pas plus que les échanges de seringues. Il faut considérer le problème. Je crois qu'on fait à Vancouver une expérience d'échange de seringues en milieu communautaire, mais je ne savais pas qu'il en était aussi question en prison.

    Merci.

+-

    La présidente: Madame Fry.

+-

    Mme Hedy Fry (Vancouver-Centre, Lib.): Merci beaucoup, madame la présidente.

    Je voudrais adresser mes questions à Santé Canada et à vous, docteure Bouchard.

    Des témoins nous ont parlé lundi du coût des services, en particulier de l'augmentation du coût des médicaments. De nouveaux médicaments apparaissent, mais comme on déplore 4 000 nouveaux cas chaque année et que les gens vivent plus longtemps, le coût des médicaments augmente tellement qu'il pose un véritable problème aux provinces.

    Que pourrait faire Santé Canada pour y remédier? Le ministère ne contribue pas directement à la prise en charge du coût des médicaments; c'est un premier point. Deuxièmement, avez-vous prévu quelque chose pour faire en sorte que toutes les provinces proposent des traitements à ceux qui ont le sida? Actuellement, il n'existe aucun régime panprovincial. Voilà ma première question.

    Ma deuxième question concerne la consommation de drogues en prison. J'ai fait partie du Comité spécial sur la consommation de drogues et de médicaments à des fins non médicales. Comme vous le savez, notre rapport a établi qu'il s'agit là d'un problème majeur et que l'on consomme effectivement des médicaments à des fins non médicales. De toute évidence, il est très difficile d'empêcher l'arrivée des seringues et de la drogue en milieu carcéral. Je crains que... Nous savons que l'eau de Javel ne résout pas le problème. Personne ne veut s'en servir.

    Avez-vous l'intention... Et avez-vous lu le rapport du comité, notamment le passage sur les établissements correctionnels? Nous avons dit qu'en milieu correctionnel, il faudrait appliquer les mêmes formules de réduction des préjudices qu'à l'extérieur.

    Une proportion importante des détenus consomment de la drogue par intraveineuse. Ils peuvent être libérés puis réincarcérés et être séropositifs lorsqu'ils reviennent. Évidemment, on propose des échanges de seringues alors que la drogue est introduite illégalement. Je sais qu'il y a là une contradiction, car personne n'est censé favoriser la consommation de drogues, mais la réalité est là.

    Les détenus libérés contaminent les hétérosexuels, les consommateurs de drogues injectables et les homosexuels. Il y a contamination parce que les allées et venues entre la prison et l'extérieur sont si rapides que l'ensemble de la population est touchée. J'aimerais donc vous interroger sur les échanges de seringues et sur les autres mesures de réduction des préjudices.

    Nous avons aussi parlé de la possibilité d'accéder à un milieu sans drogue. On estime que certains détenus voient dans leur détention l'occasion de se désintoxiquer et de suivre un traitement, mais cela leur est difficile compte tenu des quantités de drogues disponibles en prison. Des intervenants en milieu correctionnel ont proposé que l'on organise un ou deux établissements pénitentiaires exempts de drogues, où les détenus pourraient se faire transférer volontairement pour suivre un traitement et pour avoir une meilleure chance de s'en sortir. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.

º  +-(1630)  

+-

    Dr Howard Njoo: Commençons par Santé Canada et le coût des médicaments. On remarquera que dans la stratégie, on trouve, parmi les mécanismes de coopération avec les provinces et les territoires, un groupe de travail sur le VIH/sida, auquel participe Santé Canada. Nous rencontrons les représentants provinciaux et territoriaux tous les mois par téléconférence et plusieurs fois par année lors de réunions. Pour tous les participants, ce forum donne l'occasion de se communiquer de l'information, d'échanger sur les meilleures pratiques, de relever des défis, etc.

    Dans le domaine du coût des médicaments, nous avons entrepris une révision commune des médicaments qui tient compte de la fixation des prix dans les différentes provinces et des résultats qu'ont pu obtenir certaines provinces par différents moyens, dont les autres provinces pourraient aussi se prévaloir à leur avantage. Mais tous reconnaissent qu'en définitive, les soins de santé sont de compétence provinciale et que les médicaments relèvent strictement de cette compétence.

+-

    Mme Hedy Fry: J'en suis bien consciente, mais ces coûts sont exorbitants et à moins que le gouvernement fédéral ne commence à les prendre partiellement en charge, on ne pourra rendre les traitements obligatoires dans toutes les provinces. Il y aura toujours des provinces qui viendront réclamer chaque année de l'argent car actuellement, ces traitements sont un gouffre sans fond. C'est très bien de partager les meilleures pratiques, mais cela ne règle pas le problème des coûts.

    Merci.

+-

    Dre Françoise Bouchard: En ce qui concerne votre première question sur la réduction des préjudices, en particulier sur les échanges de seringues et le tatouage, le SCC est parfaitement au courant des recommandations du comité, mais je crois qu'il reste encore des décisions à prendre. Le SCC considère la stratégie comme un argument positif qui devrait lui permettre de progresser. Mais compte tenu des particularités du milieu correctionnel, la décision ne sera pas facile à mettre en oeuvre.

    Nous sommes donc tout à fait au courant du rapport du comité. Je m'occupe moi-même de santé publique, et je connais très bien ces recommandations.

    En ce qui concerne l'accès à un environnement exempt de drogues, la question ne relève plus des soins de santé dans les établissements pénitentiaires. L'accès à un tel milieu est obligatoire dans le cadre des programmes de traitement de la toxicomanie au sein du SCC. Il y a des unités résidentielles exemptes de drogues qui sont entrées en service dans tous nos établissements l'année dernière, où les détenus peuvent résider sans consommer de drogues, avec les objectifs que vous avez mentionnés.

+-

    Mme Hedy Fry: En théorie ou en pratique?

+-

    Dre Françoise Bouchard: Je ne peux pas vous répondre, je ne suis pas coordonnatrice. Je crois que cette mesure est déjà en pratique dans tous les établissements.

+-

    Mme Hedy Fry: Je sais que les établissements pénitentiaires sont censés être exempts de drogues, mais ce n'est pas la réalité. Il y a toujours des allées et venues.

+-

    Dre Françoise Bouchard: Il s'agit de certaines unités, et non pas de tout l'établissement. À l'intérieur de chaque établissement, on trouve censément une unité, une aile exempte de drogues, et chaque détenu peut choisir d'y être transféré.

+-

    Mme Hedy Fry: Et il n'y a pas de contact avec les autres unités?

+-

    Dre Françoise Bouchard: Non.

+-

    Mme Hedy Fry: Merci.

+-

    La présidente: Merci.

    Madame Skelton.

+-

    Mme Carol Skelton (Saskatoon—Rosetown—Biggar, Alliance canadienne): Je crois que c'est le tour de Svend.

+-

    La présidente: Je n'ai pas son nom.

    Eh bien, à vous, monsieur Robinson.

+-

    M. Svend Robinson: Merci beaucoup.

+-

    La présidente: Il faut vous manifester, monsieur Robinson, sinon, je ne peux pas inscrire votre nom sur la liste.

+-

    M. Svend Robinson: Je supposais qu'au premier tour...

º  +-(1635)  

+-

    La présidente: Non, ici, il faut toujours demander la parole. Certains députés passent parfois leur tour.

+-

    M. Svend Robinson: Je suis nouveau au comité. Ce n'est pas comme ça qu'on faisait au comité où j'étais avant, mais je vais certainement respecter les règles qui sont en place ici.

    Je tiens tout d'abord à souhaiter la bienvenue moi aussi à nos témoins. J'ai un certain nombre de questions, mais je n'ai pas beaucoup de temps. Je vais tâcher d'être bref en vous posant mes questions.

    Je suis sûr que les témoins qui sont ici aujourd'hui, et je m'adresse tout particulièrement aux représentants de Santé Canada, sont conscients du fait que le comité a entendu des témoignages éloquents et très émouvants de la part de ceux qui sont aux premières lignes de la lutte contre le sida/VIH et l'épidémie actuelle au sujet du fait que le financement nécessaire pour accomplir le travail fait cruellement défaut.

    Nous avons entendu Martin Schechter et les autres. Nous avons ici la liste des partenaires canadiens les plus importants. Je ne crois pas me tromper en disant que tous les partenaires non gouvernementaux ont sans exception affirmé que le niveau de financement actuel est insuffisant. Ils ont décidé d'unir leurs efforts pour chercher à obtenir un accroissement considérable de ce niveau de financement.

    Dans les documents que Santé Canada a remis au comité, je constate, madame la présidente, que Santé Canada reconnaît que l'épidémie a pris beaucoup d'ampleur. Le nombre de personnes atteintes du VIH/sida est passé—et ce sont là les chiffres du ministère—d'environ 27 000 en 1989 à près de 50 000 en 1999. Les infections au VIH continuent à proliférer, et la configuration de l'épidémie ne cesse de changer. Pourtant, le niveau de financement est demeuré—remarquablement, voire honteusement—le même que ce qu'il était au début.

    Étant donné que le mandat de la SCVS, si j'ai bien compris, vient à échéance cette année et qu'il devra être renouveler, que répondez-vous aux préoccupations de ceux qui s'inquiètent de ce que nous ne pouvons pas lutter de façon efficace contre l'épidémie sans un accroissement important du financement?

+-

    M. Steven Sternthal: La question est très directe, et elle est excellente à mon avis. Tout d'abord, il convient de préciser que la Stratégie canadienne sur le VIH/sida dispose en fait d'un financement permanent. En effet, il a été décidé en 1998 que le financement serait permanent tant et aussi longtemps que l'épidémie persisterait. Le fait est que nous n'arrivons pas du tout à la fin d'un cycle de cinq ans où nous devrons obtenir le renouvellement de notre financement. Nous pouvons compter sur un financement à long terme. Il est important de le souligner, car les stratégies précédentes de lutte contre le sida étaient d'une durée limitée.

    En réponse à votre question au sujet du niveau de financement, il ressort clairement qu'en 1998, on a reconnu qu'il fallait une approche à long terme pour tenter d'enrayer l'épidémie. On a donc décidé de prévoir un financement à long terme de 42,2 millions de dollars par année.

    Nous avons entrepris, avec raison, de revoir la stratégie de concert avec les partenaires dont le nom figure dans notre document et qui sont déjà venus témoigner devant le comité lundi ou qui viendront témoigner la semaine prochaine. Il y a déjà cinq ans que la stratégie a été mise en place.

    À la lumière de certaines des questions que j'ai entendues lundi de la part des membres du comité au sujet de la répartition des fonds et de leur optimisation, nous devrons vraiment nous pencher là-dessus—et c'est d'ailleurs ce que nous faisons déjà depuis deux mois—de concert avec nos partenaires, afin d'essayer de reconfigurer la stratégie pour les cinq années à venir, d'essayer de préciser quelles devraient être nos véritables priorités.

+-

    M. Svend Robinson: Permettez-moi d'interrompre ici le témoin.

    Sauf le respect que je vous dois, ce qui préoccupait les témoins, ce n'était pas du tout la réaffectation des fonds ni la question de savoir si les priorités étaient les bonnes, etc. J'espère que vous avez écouté ce qu'ils ont dit. Ce n'est pas du tout ce qu'ils ont dit. Ils nous ont dit que le niveau de financement est absolument insuffisant pour permettre de lutter contre l'épidémie.

    Ils ont fait remarquer que le financement n'avait pas changé depuis bien des années. Il ne s'agissait pas de réaffecter les fonds qui étaient prévus, mais bien de les accroître; ils disaient avoir désespérément besoin d'un financement accru. Ils ont fait remarquer que, si nous dépensions notre argent à bon escient maintenant, cela nous permettrait d'économiser des sommes considérables plus tard. Voilà le problème, sauf le respect que je vous dois.

    Enfin, 600 000 $ pour le Service correctionnel du Canada, c'est trois fois rien; c'est honteux. Je sais que, dans plusieurs autres pays, on dépense beaucoup plus que cela.

    Je vous le demande encore une fois—et je sais bien que nous n'avons pas le ministre ici, que ces témoins sont des fonctionnaires—que répondez-vous à ces critiques?

+-

    Dr Howard Njoo: Ce que nous pouvons vous dire, c'est que la ministre de la Santé nous a demandé en notre qualité de représentants de Santé Canada de faire cet examen quinquennal. C'est ce que nous sommes en train de faire. D'une certaine façon, nous allons passer en revue nos réalisations—ce que nous avons accompli—et nous allons aussi examiner certains des défis qui se posent; nous nous trouverons en quelque sorte à faire une évaluation pour déterminer si les fonds ont été utilisés à bon escient, et nous pourrions peut-être aussi proposer une réorientation.

+-

    M. Svend Robinson: Vous dites « si les fonds ont été utilisés à bon escient ». La ministre va vous demander de la conseiller. Vous avez consulté—je l'espère—vos partenaires sur le terrain. Je ne vous demande pas simplement si les fonds ont été utilisés à bon escient. Cela me préoccupe de constater qu'on formule toujours la question en ces termes. Reconnaissez-vous le bien-fondé de ce que nous ont dit ces partenaires, y compris les partenaires des IRSC, et les appuyez-vous quand ils nous disent qu'il faut accroître considérablement le niveau de financement?

+-

    Dr Howard Njoo: L'examen ne sera pas terminé avant juin, et ce que nous allons faire à ce moment-là, ce sera essentiellement de prendre les résultats de l'examen pour les soumettre à la ministre.

+-

    M. Svend Robinson: Vous penchez-vous dans le cadre de cet examen sur la question de savoir si le niveau de financement est suffisant et sur l'opportunité de recommander qu'il soit considérablement accru?

+-

    M. Steven Sternthal: C'est certainement là une des questions sur lesquelles nous nous penchons dans le cadre de cet examen, et c'est une des questions que nous examinons en consultation avec nos partenaires. Un certain nombre de ceux qui sont venus témoigner devant le comité siègent à notre comité et participent directement à cet examen avec nous.

º  +-(1640)  

+-

    M. Svend Robinson: Il y a aussi un autre sujet de préoccupation : c'est la possibilité—et je sais qu'il en a été question à diverses reprises—que Santé Canada cherche à incorporer la stratégie sur le sida dans la stratégie globale sur la santé de la population. Je sais qu'il était question de faire cela—je crois que c'était en 1997—et qu'on avait alors réussi à faire écarter cette possibilité. A-t-on vraiment écarté cette possibilité? A-t-on reconnu en définitive qu'il serait inacceptable d'incorporer cette stratégie dans la stratégie de la santé de la population?

+-

    Dr Howard Njoo: Pour l'instant, nous ne pouvons vraiment vous parler que de la stratégie sur le sida. Nous ne pouvons pas nous prononcer sur la possibilité qu'elle puisse être incorporée à d'autres stratégies.

+-

    M. Svend Robinson: Ainsi, vous ne seriez pas pour l'incorporation de cette stratégie dans la stratégie globale sur la santé de la population?

+-

    Dr Howard Njoo: Tout dépend de ce que vous entendez par la stratégie globale sur la santé de la population. Je ne sais pas au juste quels sont les éléments ou les composantes que vous incluez dans cette stratégie.

+-

    M. Svend Robinson: Il existe à l'heure actuelle une stratégie qui vise expressément le VIH/sida, et il a été question qu'elle pourrait éventuellement être incorporée dans une stratégie visant de manière générale les questions relatives à la santé de la population. Je me demande si votre collègue aurait quelque chose à nous dire à ce sujet, s'il est au courant de cela.

+-

    M. Steven Sternthal: Oui. L'examen que nous sommes en train de faire porte sur la stratégie telle qu'elle existe depuis 1998. Notre travail s'inscrit dans le contexte de la stratégie actuelle, et je ne pense pas qu'il ait vraiment été question de cette possibilité dans l'examen que nous sommes appelés à faire.

+-

    M. Svend Robinson: La dernière question concerne les essais cliniques de médicaments. Vous savez certainement qu'on a récemment émis des doutes, dans un documentaire de CBC intitulé Marketplace et dans les importants travaux de David McKie, de CBC, sur la question des essais cliniques des nouveaux médicaments au Canada. On peut se demander si les participants reçoivent toute l'information qu'ils devraient avoir et s'ils donnent leur consentement en pleine connaissance de cause avant d'y participer.

    CBC a donné en particulier l'exemple d'une personne qui a participé à l'essai clinique d'un médicament ayant causé la mort de plusieurs personnes au Japon. Le participant me l'a appris que lorsque l'équipe de CBC lui en a parlé, et il a dû attendre cinq mois avant d'obtenir une nouvelle formule de consentement éclairé.

    Que fait Santé Canada pour répondre à ceux qui craignent que dans notre hâte d'ouvrir notre pays aux essais cliniques—et il y a eu des pressions très sérieuses en ce sens, j'ai vu la documentation—on ne perde de vue l'importance fondamentale de la protection des droits des patients et des consommateurs, ainsi que la nécessité d'un consentement parfaitement éclairé?

+-

    Dr Bhagirath Singh: En ce qui concerne les Instituts de recherche, nous nous sommes engagés à entreprendre un examen déontologique complet de toutes les procédures et de tous les programmes, et un examen par les comités consultatifs d'institut de tous les essais cliniques menés par les IRSC.

    C'est certainement un sujet qui va nécessiter un gros effort de contrôle si l'on veut que les droits des patients soient intégralement respectés et intégrés dans une structure déontologique et juridique à laquelle devront obligatoirement se soumettre ceux qui participent aux essais et ceux qui en sont responsables.

    Nous ne voulons pas entreprendre ces essais à la hâte, avant que les participants n'aient donné leur plein accord.

+-

    M. Svend Robinson: Et que fait Santé Canada? Est-ce que vous intervenez pour que ces essais se déroulent dans des conditions qui respectent le principe de consentement parfaitement éclairé?

+-

    La présidente: Je vais demander aux représentants de Santé Canada de répondre à cette question.

+-

    M. Svend Robinson: Il n'y a donc pas d'essais cliniques de médicaments contre le VIH/sida? C'est la question qui m'intéresse.

+-

    M. Steven Sternthal: Ces tests-là sont administrés par les IRSC. Note collègue ici présent pourra donc vous répondre que les essais des médicaments contre le sida, qui sont financés dans le cadre de la stratégie, sont soumis à un processus de révision déontologique. Ce sont les IRSC qui assurent leur financement.

+-

    M. Svend Robinson: Je ne veux pas accaparer le temps qui reste, mais peut-être pourriez-vous renseigner ultérieurement le comité par l'intermédiaire du greffier, pour nous indiquer exactement qui en est responsable. Les représentants des IRSC pourraient nous renseigner sur les lignes directrices qui garantissent l'obtention d'un consentement parfaitement éclairé lors des essais cliniques. Pourriez-vous faire parvenir cette information au comité?

+-

    Dr Bhagirath Singh: Une bonne partie de ces essais ont des budgets de plus de 2 millions de dollars, et les IRSC leur consacrent un comité de surveillance.

+-

    M. Svend Robinson: Merci beaucoup.

+-

    La présidente: J'aimerais ajouter une question sur le même sujet.

    Les IRSC mettent certainement les mêmes contrôles en oeuvre pour tous les projets qu'ils financent. Mais les sociétés pharmaceutiques ne réalisent-elles pas elles-mêmes des essais cliniques sur leurs nouveaux produits?

º  +-(1645)  

+-

    Dr Bhagirath Singh: Ils ne sont pas menés par les IRSC.

+-

    La présidente: Non, non, ce n'est pas ce que je veux dire. Pour moi, vous faites partie du secteur public, mais on fait aussi des essais cliniques dans le secteur privé. Est-ce que quelqu'un les contrôle en ce qui concerne les formules de consentement éclairées?

    M. Svend Robinson: C'est pourquoi j'ai demandé...

    La présidente: Oui, je comprends votre point de vue, mais vous ne parliez pas du secteur privé.

    Santé Canada pourrait nous faire savoir qui surveille les essais cliniques du secteur privé et nous présenter les mesures de contrôle mises en place pour garantir la sécurité des Canadiens qui servent de cobayes quand ces médicaments sont mis au banc d'essai.

    Nous avons ensuite M. Castonguay.

[Français]

+-

    M. Jeannot Castonguay (Madawaska—Restigouche, Lib.): Merci, madame la présidente.

    On sait que depuis l'apparition de cette maladie, comme il a été mentionné à quelques reprises, le taux d'infection continue d'augmenter. Malheureusement, on n'a pas encore de médicament miracle pour guérir la maladie, on n'a pas de vaccin efficace. On sait également qu'on investit beaucoup d'énergie pour essayer de contrer cette maladie.

    Maintenant, j'aimerais savoir comment Santé Canada, le Service correctionnel du Canada ou les instituts de recherche mesurent l'efficacité de leurs efforts. C'est bien beau de faire des efforts, c'est bien beau d'investir, que ce soit de l'argent ou du temps, mais je pense qu'à un moment donné, nous comprenons tous qu'il faut voir quels sont les résultats de nos efforts. Qu'est-ce que vous faites pour mesurer ces résultats? Ça m'intéresse.

    Nous avons une stratégie avec 10 programmes, et si nous nous apercevons que certains de ces programmes ne sont pas efficaces, peut-être que ça pourrait nous suggérer de faire des choses différemment. J'aimerais avoir vos commentaires sur ces points-là.

[Traduction]

+-

    M. Steven Sternthal: Je peux vous donner le point de vue de Santé Canada, et mes collègues compléteront.

    Comme vous l'avez indiqué, on trouve un certain nombre de programmes et de domaines différents au sein de la stratégie et à Santé Canada. Chacun d'entre eux comporte des évaluations et des activités de surveillance qui doivent être entreprises chaque année. Nous rédigeons un rapport annuel qui est présenté par le ministre le 1er décembre, c'est-à-dire la Journée mondiale du sida, où sont indiqués les progrès réalisés chaque année.

    Deuxièmement, nous avons eu recours à des experts-conseils qui ont fait des évaluations pour nous-mêmes et pour nos partenaires afin d'étudier les différents aspects des éléments de programme qui composent la stratégie. On procède donc chaque année à des vérifications pour voir si nous atteignons nos objectifs, de même qu'à des examens périodiques.

[Français]

+-

    M. Jeannot Castonguay: Si cette évaluation se fait de façon continue, pouvez-vous nous dire si à l'heure actuelle, vous êtes satisfaits des résultats de vos efforts? Si vous vous rendez compte que certaines choses pourraient être améliorées, faites-vous les ajustements nécessaires en cours de route, au fur et à mesure?

[Traduction]

+-

    M. Steven Sternthal: Nos contrôles annuels et nos examens périodiques visent à apporter des changements de façon qu'on n'ait pas à attendre trois, quatre ou cinq ans avant de constater qu'on ne s'est pas engagé sur la bonne voie.

    En définitive, comme l'a dit Howard, le taux général d'infection au Canada reste de l'ordre de 4 000 cas par année. Nous essayons toujours d'améliorer la situation grâce aux interventions que nous finançons et grâce à la collaboration de nos partenaires, mais ces taux d'infection restent inchangés depuis des années.

    Peut-être pourrais-je demander à mes collègues s'ils veulent intervenir.

+-

    Dr Bhagirath Singh: Le financement qui passe par les IRSC comporte des échéances de trois à cinq ans. Généralement, au bout de trois ans, on mesure les progrès réalisés dans les travaux de recherche qui ont bénéficié de fonds. Nous assurons donc un contrôle permanent de ces programmes.

    Le Réseau canadien pour les essais VIH—le Dr Schechter a comparu devant vous en tant que directeur du programme des essais cliniques—fait l'objet d'un examen par des pairs de la part d'un comité international externe, qui a reconnu que les travaux avaient donné des résultats et qu'ils devraient être poursuivis.

    En fait, il s'agit là d'un programme parmi d'autres, mais nous évaluons les résultats de tous les programmes qui bénéficient de nos subventions.

º  +-(1650)  

[Français]

+-

    M. Jeannot Castonguay: À la lumière de vos réponses, puis-je conclure qu'à l'heure actuelle, vous êtes satisfaits de la stratégie avec les différents programmes, qui est efficace? Par ricochet, est-ce que cela signifie que si on injectait plus de fonds, cela permettrait de rattraper un peu ce qu'on semble ne pas pouvoir rattraper, c'est-à-dire le taux d'infection qui reste au même niveau, ou encore qui va en augmentant?

[Traduction]

+-

    M. Steven Sternthal: Je vais vous donner le point de vue de Santé Canada.

    Il y a eu des améliorations ces dernières années, mais nous devons constamment nous améliorer. Compte tenu de la complexité de l'épidémie du point de vue des différents groupes de population touchés, nous abordons cette question dans le cadre de l'examen quinquennal auquel nous procédons actuellement. Comme Howard l'a indiqué tout à l'heure, nous voulons savoir si tous nos efforts sont parfaitement ciblés, s'il y a lieu d'apporter des changements dans certains domaines et s'il faudrait encore progresser sur certains points faibles. Par ailleurs, nous vérifions aussi si le financement est suffisant.

[Français]

+-

    M. Jeannot Castonguay: Avez-vous bien dit qu'on pourrait s'attendre à avoir ce rapport-là en juin?

[Traduction]

+-

    M. Steven Sternthal: Oui. Nous en sommes à mi-chemin. L'examen a commencé l'hiver dernier et devrait se terminer en juin. Nous faisons cet examen avec nos partenaires, dont certains ont déjà comparu devant le comité.

[Français]

+-

    M. Jeannot Castonguay: Dans un tel rapport, si vous arrivez à la conclusion qu'en investissant davantage de fonds, on aurait de meilleurs résultats, cela pourrait-il faire partie des recommandations?

[Traduction]

+-

    M. Steven Sternthal: Comme l'a dit Howard, nous soumettons les conclusions de l'examen au ministère et au cabinet du ministre et quelles qu'en soient les recommandations, elles doivent être prises en compte par le ministère.

+-

    Dr Howard Njoo: En réponse à votre question et aussi aux questions que vous avez posées tout à l'heure, la ministre a pris clairement position là-dessus : elle reconnaît les besoins et les souhaits des divers groupes communautaires, etc. Elle veut que nous travaillions tous ensemble pour préparer des arguments qui puissent militer en faveur d'un accroissement du financement pour la stratégie.

+-

    La présidente: Merci.

    La suivante est Mme Skelton. 

+-

    Mme Carol Skelton: Merci, madame la présidente.

    J'ai deux questions, et je vais commencer par Mme Bouchard.

    Vous recevez 600 000 $, et vous dites dans votre exposé que vous appuyez les dirigeants du groupe de travail fédéral-provincial-territorial du Service correctionnel sur les maladies infectieuses. Vous parlez également de l'élaboration, la mise en oeuvre et l'évaluation d'un programme d'éducation et d'entraide par les pairs ainsi que de l'élaboration et la mise en oeuvre aux unités de réception d'un programme de sensibilisation. Quelle part de votre budget consacrez-vous à ces trois programmes?

+-

    Dre Françoise Bouchard: Je vais demander à Sandra de vous répondre directement.

+-

    Mme Sandra Black (coordonnatrice nationale des projets de maladies infectieuses, Service correctionnel Canada): Il est important à mon avis de préciser que, bien souvent, nous nous servons des fonds de la stratégie pour le travail préliminaire. Il arrive donc souvent que nous nous en servions pour la conception et l'élaboration des programmes.

    Les fonds de la stratégie ne seraient certainement pas suffisants pour assurer la mise en oeuvre complète de ces programmes dans l'ensemble des 53 établissements, alors nous nous en servons bien souvent pour le travail préliminaire. Quand il s'agit toutefois de mettre en oeuvre un programme comme le programme de sensibilisation des arrivants et les divers mécanismes du programme d'éducation et d'entraide par les pairs, nous devons trouver les ressources à l'interne ou réaffecter des fonds, ou bien nous devons nous présenter devant le Conseil du Trésor pour expliquer pourquoi nous avons besoin de ces ressources afin d'assurer la mise en oeuvre complète de tel ou tel programme.

    Dans certains cas, nous nous servons des fonds de la stratégie pour faire des choses comme évaluer le programme. Quand nous avons un programme qui est en place depuis un certain nombre d'années, nous décidons parfois de l'évaluer sur le plan du processus afin de déterminer quelles sont les pratiques exemplaires ou les leçons que nous pouvons en tirer.

    Il est toutefois plus difficile d'évaluer les résultats de certains de ces programmes et de les attribuer directement à tel programme ou à tel autre. Le groupe de travail fédéral-provincial-territorial sur les maladies infectieuses n'existerait pas si nous n'avions pas les fonds de la stratégie. C'est là un excellent exemple de ce que nous pouvons faire grâce aux fonds de la stratégie. Pour tout vous dire, les provinces n'ont pas d'argent pour envoyer des représentants à ces réunions, et si nous ne les aidions pas financièrement, les réunions n'auraient pas lieu. Ce groupe de travail est à mon avis une des structures les plus utiles que nous avons au SCC grâce à la stratégie, parce qu'il nous donne l'occasion d'échanger entre gouvernements sur les pratiques exemplaires.

    Le Service correctionnel du Canada a vraiment beaucoup d'argent comparativement à beaucoup des services correctionnels des provinces. Nous comptons 700 infirmiers et infirmières, alors qu'elles n'en ont peut-être que sept. Nous avons donc la possibilité de prendre les produits que nous mettons au point grâce aux fonds de la stratégie et à nos fonds à nous pour les partager avec les provinces. Je crois que c'est là quelque chose de très important pour elle.

º  +-(1655)  

+-

    Mme Carol Skelton: Quelle part de votre budget consacrez-vous à ces programmes?

+-

    Mme Sandra Black: Nous tenons d'habitude deux ou trois réunions fédérales-provinciales-territoriales par année, et chaque réunion coûte environ 25 000 $. Nous essayons de faire en sorte qu'elles aient lieu en même temps que d'autres activités. Ainsi, nous avons constaté qu'il est vraiment très utile d'organiser une séance d'éducation en marge de la réunion fédérale-provinciale-territoriale. Si donc il y a une conférence qui est organisée quelque part au Canada, nous tentons de faire en sorte de tenir une réunion du groupe fédéral-provincial-territorial en même temps pour que les participants puissent s'y rendre.

    Le programme d'éducation et d'entraide par les pairs est notre priorité pour l'année à venir. Sur les 600 000 $, il y en a eu sans doute quelque 400 000 qui seront réservés exclusivement au programme d'éducation et d'entraide par les pairs dans nos divers établissements. Nous venons tout juste d'évaluer ce programme, et nous savons qu'il n'est en place que dans 50 p. 100 de nos établissements. Nous sommes d'avis qu'il serait utile que le programme soit en place dans tous nos établissements.

    La situation varie d'une année à l'autre.

+-

    Mme Carol Skelton: Vous ne consacrez donc que 200 000 $ au traitement.

+-

    Mme Sandra Black: Non.

+-

    Mme Carol Skelton: Je voudrais que vous me donniez des chiffres exacts.

+-

    Mme Sandra Black: D'accord.

    Les fonds de la stratégie ne sont pas du tout utilisés pour le traitement. Nous consacrons quelque 4 millions de dollars par an au traitement lié au VIH, fonds que nous obtenons du Conseil du Trésor en notre qualité de ministère du Service correctionnel du Canada. Parce que nous avons de par la loi le mandat d'assurer ces services aux délinquants fédéraux, nous devons être en mesure de les assurer, si bien que nous nous sommes présentés devant le Conseil du Trésor pour demander des fonds supplémentaires pour une foule d'activités différentes liées aux maladies infectieuses, y compris le soin, le traitement et le soutien relatifs au VIH.

    Dans le document que vous avez sous les yeux, vous pourrez voir que nous dépensons quelque 4 millions de dollars par an. Sont compris dans ce budget les médicaments, les services diagnostics, le soutien clinique, les visites des spécialistes de l'extérieur, etc.

+-

    Mme Carol Skelton: Il me reste encore du temps.

    J'ai une question à poser aux représentants de Santé Canada.

    Vous avez indiqué avoir entrepris l'an dernier des discussions avec les parties intéressées. D'après les discussions que vous avez eues jusqu'à maintenant, avez-vous constaté des lacunes dans le programme?

    D'après les excellents témoignages que nous avons entendus l'autre jour, il me semble qu'il y a d'importantes lacunes dans le programme... ou du moins dans le financement auquel on a droit.

    Dans quels domaines avez-vous constaté des lacunes jusqu'à maintenant, et où envisagez-vous un accroissement des fonds, ou encore pensez-vous qu'ils sont suffisants?

+-

    M. Steven Sternthal: Soyons clairs, l'examen quinquennal, c'est-à-dire l'examen que nous avons entrepris il y a déjà quelques mois de cela, n'est pas encore terminé. Nous n'avons donc pas de réponses à vos questions au sujet de la suffisance des ressources à ce moment-ci. Nous devrions avoir ces réponses d'ici à juin, comme je l'ai déjà indiqué.

    Nous travaillons depuis bien des années déjà—et pas seulement depuis quelques mois—avec nos partenaires afin de mettre en oeuvre cette stratégie, comme les stratégies fédérales précédentes. Jusqu'à maintenant, l'examen a révélé des points forts et des faiblesses, et je suis sûr qu'il en révélera d'autres au cours des mois à venir.

    La question des ressources fait partie de l'examen que nous allons poursuivre pendant quelque temps encore. Je n'ai donc pas de réponse précise à vous donner en réponse à la dernière partie de votre question.

+-

    La présidente: Merci.

    Nous allons maintenant passer à M. Lunney, qui n'a pas encore eu son tour, puis nous irons à M. Ménard, qui n'a pas lui non plus eu son tour encore. Puis, pour le deuxième tour, nous commencerons par Mme Fry, suivie de M. Robinson.

    Monsieur Lunney.

+-

    M. James Lunney (Nanaimo—Alberni, Alliance canadienne): Merci, madame la présidente.

    Je veux revenir à un des exposés, celui des IRSC.

    Vous avez parlé de deux grands types de recherches, celles qui sont faites à l'instigation des chercheurs eux-mêmes et celles qui sont commandées par l'Institut. Je n'ai pas saisi ce que vous avez dit au sujet de la proportion—vous avez dit qu'il y avait un type qui pesait beaucoup plus lourd que l'autre. S'agissait-il des recherches commandées par l'Institut ou de celles entreprises par les chercheurs eux-mêmes?

+-

    Dr Bhagirath Singh: À l'heure actuelle, tous les fonds sont accordés pour les recherches faites à l'instigation des chercheurs. Depuis sa création l'an dernier, l'Institut a lancé deux programmes, et qui sont très modestes—je dirais que le montant est d'environ 500 000 $. Mais ce n'est que le début.

+-

    M. James Lunney: Merci beaucoup pour cette précision.

    En ce qui concerne la recherche, vous pourriez peut-être nous aider à comprendre quelque chose. Nous savons qu'on peut être séropositif sans avoir pour autant le sida et qu'il peut en être ainsi pendant assez longtemps. Avez-vous remarqué un changement à cet égard, c'est-à-dire le laps de temps entre le moment où l'on devient séropositif et le moment où l'on a vraiment le sida, ou est-ce simplement une question de traitement? Y a-t-il une résistance accrue? Y a-t-il des études qui sont en cours pour déterminer pourquoi certains ont un système immunitaire plus résistant que d'autres? Est-ce parce que leur système immunitaire est plus fort ou est-ce à cause des vitamines ou des nutriments qu'ils prennent, à cause de leur style de vie ou à cause d'autres facteurs qu'ils ne contractent pas le sida comme tel?

»  +-(1700)  

+-

    Dr Bhagirath Singh: Du côté scientifique, il y a beaucoup d'études qui sont en cours dans le monde, dont certaines sont d'ailleurs dirigées par des Canadiens. Le Dr Frank Plummer, de Winnipeg, a ainsi dirigé une étude internationale au Kenya qui a montré que le système immunitaire de certaines personnes peut devenir réfractaire au virus. Il y a toutefois tellement d'autres variables qu'il est difficile d'établir un lien précis. C'est là un exemple du fait que, comme nous le savons, certains peuvent acquérir une immunité naturelle, et cela pourrait nous conduire à un vaccin efficace. C'est cette voie qui semble la plus prometteuse à mon avis.

    Pour ce qui est des autres facteurs, comme le style de vie ou le régime alimentaire, tous ces autres facteurs n'ont pas été bien évalués. Ils pourraient avoir une incidence, mais je crois que nous ne savons pas grand-chose à ce sujet.

+-

    M. James Lunney: On a parlé un peu de la difficulté de trouver une stratégie qui conduirait à la mise au point d'un vaccin et de la difficulté de déterminer, et ce, malgré les divers essais qui sont actuellement en cours, les complications découlant de la toxicité des médicaments, etc. Y a-t-il des études en cours à l'Institut ou ailleurs relativement à d'autres traitements qui ne feraient appel ni à un vaccin ni à des médicaments, comme les électro-thérapies?

+-

    Dr Bhagirath Singh: À ma connaissance, il pourrait y avoir bien d'autres thérapies, mais elles n'ont pas encore été suffisamment évaluées pour qu'on puisse en garantir l'efficacité.

    Santé Canada a même lancé des programmes d'évaluation de thérapies de rechange, et les représentants du ministère pourront peut-être répondre à cette question.

+-

    Dr Howard Njoo: Nous pourrons vous revenir là-dessus. Nous n'avons pas nous-mêmes cette information. Cela n'entre pas dans les limites de notre étude.

+-

    M. James Lunney: Ce serait très utile. J'aimerais bien savoir si vous avez des études en cours, notamment sur des électro-thérapies. J'ai entendu dire que certains virus ont une résistance notoire aux médicaments et qu'ils pourraient en fait être très vulnérables à des micro-courants électriques. Alors j'aimerais bien savoir si vous avez des informations à ce sujet.

    Je voudrais revenir à ce qu'on disait tout à l'heure au sujet du fait que l'usage de drogues injectables prenait de plus en plus d'ampleur comparativement aux rapports sexuels entre hommes. Quelqu'un pourrait-il préciser les statistiques à cet égard? Je ne sais pas trop qui a dit cela; je crois que c'est Santé Canada qui nous a présenté des statistiques qui montraient le changement qui s'était produit de 1996 à 1999 : les rapports hétérosexuels, les rapports sexuels entre hommes, puis l'usage de drogues injectables. Je n'ai pas réussi à noter les chiffres. Je n'arrive pas à les retrouver dans les documents. Pourriez-vous les répéter?

+-

    Dr Howard Njoo: Bien sûr. En 1996, il y a eu au total 4 200 nouveaux cas d'infection. En ce qui concerne les groupes à risque, le total pour les hommes qui avaient des rapports sexuels avec d'autres hommes était de 1 240, soit 30 p. 100; il était de 1 970 pour ceux qui font usage de drogues injectables, soit 47 p. 100 environ; et il était de 700 pour les hétérosexuels, soit 17 p. 100 environ.

    En 1999, il y a eu 4 190 cas au total—le nombre est donc assez semblable. Pour les hommes qui avaient des rapports sexuels avec d'autres hommes, le nombre était de 1 610; pour ceux qui font usage de drogues injectables, il était de 1 430; et pour les hétérosexuels, il était de 880.

    Si vous voulez une répartition encore plus détaillée, j'ai ici d'autres données relatives au sexe. En 1996, il y avait 950 femmes parmi ces nouveaux cas et, en 1999, il y en avait 917. Chez les Autochtones, il y avait 310 cas en 1996 et 370 en 1999.

+-

    M. James Lunney: D'accord. Si j'ai bien saisi les pourcentages, la proportion est passée de 17 p. 100 à 20 p. 100 pour les hétérosexuels et elle est passée de 30 p. 100 à 38 p. 100 pour les hommes qui avaient des rapports sexuels avec d'autres hommes.

+-

    Dr Howard Njoo: Oui.

+-

    M. James Lunney: Ce que j'essayais de savoir, c'est la proportion pour les utilisateurs de drogues injectables. Est-ce 30 p. 100 ou 34 p. 100? Je n'ai pas saisi le pourcentage.

+-

    Dr Howard Njoo: C'était 47 p. 100, et c'est tombé à 34 p. 100.

+-

    M. James Lunney: Ah bon, la proportion est donc tombée de 47 p. 100 en 1996 à 34 p. 100. Ou est-ce l'inverse? Ça ne me semble pas juste.

+-

    M. Steven Sternthal: D'après ce que je sais, il y a eu un accroissement considérable des cas d'infection chez les utilisateurs de drogues injectables avant 1996. Entre 1996 et 1999, il y a eu une baisse, mais avant 1996, le nombre de ces cas avait considérablement augmenté. Il y a donc eu un changement pendant cette période.

+-

    Dr Howard Njoo: La tendance était à la hausse chez les utilisateurs de drogues injectables au début des années 1990.

    Ces derniers temps, on note plutôt un accroissement, comme le montrent les chiffres, du côté des hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes. Cet accroissement est peut-être attribuable, comme nous l'avons déjà dit, à une baisse de la vigilance parmi certaines populations quant aux comportements sexuels à risque élevé, et c'est peut-être là ce qui explique cette tendance à la hausse ces derniers temps chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes.

»  +-(1705)  

+-

    M. James Lunney: Je vois. Merci pour ces précisions.

    Ma dernière question s'adresse à la représentante des prisons, Mme Bouchard.

    Je ne faisais pas partie du Comité sur l'usage non médical des drogues qui s'est déplacé d'un bout à l'autre du pays, et je n'ai pas eu l'occasion de me pencher sur ce problème dans les prisons. Je suis curieux, parce que Mme Fry a fait allusion à deux établissements qui seraient exempts de drogue. Puis, je vous ai entendu parler d'unités exemptes de drogue dans différentes régions du pays.  

    Comme je ne m'y connais pas beaucoup dans ce dossier, vous pourriez peut-être nous expliquer, en votre qualité de représentante du Service correctionnel du Canada, comment il se fait que nous ayons un problème de seringues et de drogues dans les établissements pénitentiaires où nous avons des détenus qui sont censés être incarcérés. Comment se fait-il que ces drogues et ces seringues puissent entrer et sortir de ces établissements avec autant de facilité?

+-

    Dre Françoise Bouchard: Tout d'abord, je crois qu'il est important de signaler que 70 p. 100 des détenus qui nous arrivent sont identifiés comme ayant un problème d'alcoolisme ou de toxicomanie. Nous avons donc affaire à des personnes qui font partie d'une population qui a des comportements à risque élevé.

    Permettez-moi de préciser que je ne suis pas responsable de la sécurité dans les établissements correctionnels. Il y a toutefois une foule de mesures qui sont en place. Il est difficile pour les visiteurs de pénétrer dans un établissement pénitentiaire. Nous savons toutefois, par nos rapports sur les saisies, que les saisies de drogues illicites et d'accessoires pour la consommation de drogues n'ont rien d'inhabituel dans nos établissements. Mais le SCC— et je précise encore une fois que ces questions devraient être adressées à nos responsables de la sécurité—a mis en place toute une gamme de mesures au fil des ans pour contrer l'entrée illégale de drogues dans nos établissements. Nous avons par exemple des chiens-détecteurs de drogue. Il existe un très grand nombre de mesures pour empêcher l'entrée de drogues dans nos établissements, mais c'est un problème qui touche tous nos établissements et qui touche aussi les établissements correctionnels des provinces.

    Et votre question, c'était...?

+-

    M. James Lunney: J'aimerais savoir que quelqu'un pose la question, que la question s'adresse au responsable de la sécurité ou à quelqu'un d'autre. Puisque nous n'avons que vous ici aujourd'hui pour représenter le Service correctionnel du Canada, c'est malheureusement à vous que je demande de nous expliquer cette situation.

    Je vous entends parler d'une approche qui vise à réduire les préjudices en donnant des seringues propres aux détenus pour qu'ils puissent consommer illégalement des drogues illicites dans un milieu carcéral, et cela amène beaucoup de Canadiens—ils me le font savoir—à dire que ce qui ne va pas au Canada, ce qui fait que nous n'avons pas la maîtrise de ce qui se passe dans nos établissements, c'est que nous y autorisons des activités illégales.

+-

    Dre Françoise Bouchard: Personne n'autorise d'activités illégales. C'est tout simplement la réalité qui existe dans nos prisons. Je peux vous donner des exemples pour vous montrer que c'est aussi la réalité qui existe dans les prisons européennes. Il a été démontré que la mise en oeuvre de mesures de réduction des préjudices dans ces prisons a fait baisser non pas seulement la consommation de drogues et autres substances dans les prisons, mais aussi le nombre d'incidents liés à la sécurité.

    Il s'agit d'un choix qu'il faut faire à un moment donné quand on se rend compte des conséquences de ces activités. Une des conséquences est le risque de maladies infectieuses pour les autres détenus qui ne sont pas infectés de même que pour notre personnel. C'est un risque que nous devons prendre en compte quand nous faisons des fouilles. On peut être piqué par une seringue ou par divers autres types d'instruments, et on peut ainsi être exposé. Les programmes de prévention des maladies infectieuses que nous avons en place ont aussi un volet éducatif, et nous avons des programmes pour notre personnel.

    Mais les mesures de réduction des préjudices visent non pas seulement à résoudre le problème des drogues illicites—nous ne nions pas pour autant la consommation de drogues illicites—, mais à réduire autant que possible les conséquences puisque nous avons aussi pour mandat de protéger la santé. Il s'agit donc de se rendre à l'évidence de ce qui se passe dans nos établissements et d'opter pour la mise en place dans certains établissements de mesures visant à réduire les préjudices. La question est de savoir si c'est là une solution viable pour les établissements où ces problèmes sont très importants.

+-

    La présidente: Je vous demanderais, si vous avez l'intention de continuer, de ne pas poursuivre cette piste d'interrogation. Cela est un tout autre sujet, celui de la sécurité dans les établissements et tout le reste. Nous avons ici aujourd'hui des spécialistes du VIH/sida et ils sont là uniquement pour discuter de ce sujet.

»  +-(1710)  

+-

    M. James Lunney: Merci.

    J'ai une dernière question. Au sujet de l'éducation et de l'entraide par les pairs, on a donné un chiffre relativement aux nouvelles initiatives. Pourriez-vous répéter ce que vous avez dit? Là encore, je n'ai pas bien saisi les chiffres.

+-

    Mme Sandra Black: Alors, je répète qu'il est difficile de déterminer exactement quels sont les fonds qui proviennent de la stratégie canadienne et quels sont ceux qui proviennent du budget du SCC. Vous vous souviendrez de ce qu'a dit la Dre Bouchard : l'infrastructure comprend la mise en place dans tous les établissements d'un personnel infirmier spécialisé dans les maladies infectieuses. Ces infirmières et ces infirmiers soutiennent le programme d'éducation et d'entraide par les pairs dans l'établissement, mais leurs postes sont financés par le SCC. Nous utilisons les fonds de la stratégie pour des activités comme la conception et l'évaluation de programmes, pour les mesures visant à adapter nos programmes aux délinquants autochtones ainsi qu'aux femmes. S'il y a des initiatives en particulier que nous pouvons financer à même ces fonds, nous le faisons.

    Nous nous en sommes servis par exemple pour adapter notre procédure d'accueil dans les établissements afin que tous les détenus passent, dès leur arrivée, par un mini-programme d'éducation et d'entraide par les pairs. On sensibilise les nouveaux arrivants à la situation dans la prison, aux problèmes liés aux maladies infectieuses, aux problèmes de toxicomanie, de même qu'aux ressources qui sont à leur disposition. On essaie en quelque sorte de leur donner les outils de base dont ils ont absolument besoin pour pouvoir faire leur chemin pendant les quelques premiers mois qu'ils sont avec nous. Après, ils ont la possibilité de participer au programme plus complet.

    L'examen du programme est vraiment important, parce que les études sur le sujet, dans le milieu carcéral mais aussi dans la société en général, montrent que l'éducation par les pairs est une des formes d'éducation les plus efficaces qui soient, surtout quand elle porte sur des questions aussi délicates que celles-là.

+-

    La présidente: Monsieur Ménard.

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Merci, madame la présidente.

    D'abord, en 1998, quand il s'est agi de renouveler la stratégie, Santé Canada a fait faire une évaluation des résultats de la stratégie à l'extérieur, par une firme indépendante. Dans l'ensemble, on a conclu que lorsqu'on compare avec le mémoire qui a été déposé au Conseil des ministres, les objectifs de la stratégie ont été à peu près atteints avec un sous-financement. S'il y a encore des députés qui en doutent, je pense qu'il serait utile que Santé Canada remette cette évaluation-là à notre recherchiste.

    Ce qui m'inquiète, c'est que j'ai de plus en plus de représentations de groupes communautaires, et pour moi, les groupes communautaires sont l'âme de la stratégie. Il est clair que tous les résultats que vous nous avez énoncés n'ont pas pu être atteints par les partenaires institutionnels. Ce sont les groupes communautaires sur le terrain qui peuvent aider à changer les comportements, qui peuvent rejoindre les clientèles marginalisées.

    Quant au programme PACS, j'aimerais que vous déposiez d'abord la liste des engagements financiers pour ce programme et des groupes qui ont été subventionnés à travers le Canada. J'ai aussi des commentaires à l'effet que vous devenez de plus en plus tatillons, bureaucrates, que vous demandez des évaluations extrêmement complexes à des groupes communautaires qui font beaucoup avec peu d'argent, et je trouve cela extrêmement navrant.

    Comme député, je reçois à chaque mois à peu près, de la part du Réseau juridique canadien VIH/sida, un document qui m'est très utile dans ma pratique de député, par exemple des documents sur la prostitution ou sur les vaccins. Je lis tout ce qu'ils m'envoient, et cela m'aide dans ma pratique de député. Pourtant, cet organisme n'est pas largement subventionné.

    J'aimerais donc que vous me rassuriez sur le fait que vous n'allez pas entrer dans une période où vous serez bureaucrates et tatillons envers les groupes communautaires. J'espère qu'on va aller dans le sens d'une reconnaissance accrue du rôle des groupes communautaires et qu'on va augmenter leur financement. C'est ma première question et j'aimerais une réponse rapide, s'il vous plaît, car j'en aurai deux autres.

[Traduction]

+-

    M. Steven Sternthal: Je crois que l'équivalent en anglais est ACAP, ou AIDS community action program. Il s'agit du programme de financement local de la centaine de groupes communautaires dans les différentes régions du pays dont les activités sont financées par la stratégie.

    Il n'est vraiment pas facile de faire en sorte que les fonds que nous accordons ainsi se retrouvent en temps voulu entre les mains des groupes communautaires—nous surveillons ces dépenses. Les groupes répondent aux objectifs au niveau local, et nous rendons des comptes aux organismes centraux et à d'autres. Il n'est vraiment pas facile de concilier les deux.

    Chose certaine, nous nous efforçons de réduire autant que possible la paperasserie, pour ce qui est des demandes et des rapports, et je suis sûr qu'il serait possible de la réduire encore plus. En tout cas, c'est certainement là un de nos objectifs; nous ne voulons pas que les groupes locaux passent tout leur temps à remplir des formulaires et qu'ils ne puissent pas faire ce qui doit être fait pour lutter contre l'épidémie.

»  +-(1715)  

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Bon. J'aimerais parler d'un des défis. Quand mon conjoint est décédé du sida en 1997, il y avait à peine l'AZT et le saquinavir sur le marché. Il y a donc eu une prolifération extrêmement importante des médicaments qui sont offerts aux gens.

    À l'époque, c'étaient les compagnies pharmaceutiques qui contrôlaient le Réseau canadien pour les essais VIH. Je me rappelle avoir participé à un séminaire de recherche à Vancouver, une très belle ville où tout le monde voudrait vivre, bien sûr. On disait que le gouvernement canadien n'investissait à peu près rien dans la conduite de recherches cliniques. Est-ce que la situation a un peu changé? Je ne parle pas forcément seulement des Instituts de recherche en santé, mais est-ce que les recherches conduites par le Réseau canadien pour les essais VIH peuvent avoir un agenda autre que celui qui est dicté par les compagnies pharmaceutiques?

[Traduction]

+-

    Dr Bhagirath Singh: Il ne fait aucun doute que, bien souvent, les essais cliniques sur les médicaments aux Instituts de recherche en santé ne se font pas vraiment sous l'égide d'une compagnie en particulier. Quand une compagnie finance un essai clinique, la recherche se fait généralement dans les hôpitaux, les universités et les laboratoires de la compagnie en question.

    Les IRSC ont bien sûr des partenariats avec l'industrie dans bien des domaines où nous voulons travailler conjointement à l'élargissement des connaissances, à la création d'idées nouvelles. Il n'entre pas vraiment dans notre mandat à ce moment-ci de faire des essais cliniques ou des travaux de recherche financés par des compagnies pharmaceutiques.

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: J'aurais une dernière question. Peut-être que je me trompe, mais il me semble que la grande différence entre les années 1990 et l'année 2003, ce n'est pas qu'il y ait moins d'infections, c'est que le visage a changé. Est-ce qu'on a une idée un peu plus précise de la manière dont s'opère la séroconversion?

    Par exemple, on m'a parlé d'études selon lesquelles dans les grandes villes comme Montréal, ce ne sont plus tellement les jeunes de 20 à 25 ans qui ont des comportements à risque, mais les hommes de 40 ans et plus. Avez-vous une compréhension plus sophistiquée de ce qui fait que les gens ont des comportements sexuels à risque? On m'a dit, par exemple, que la Cohorte Oméga à Montréal avait fait une étude plus longitudinale. Il serait intéressant pour le comité d'avoir un peu plus d'information sur les modèles de comportement qui font que les gens ont des pratiques sexuelles à risque en 2003, malgré les campagnes de sensibilisation.

    Si j'ai le temps, j'aurais une question pour le Service correctionnel du Canada, mais je ne voudrais pas abuser.

[Traduction]

+-

    Dr Howard Njoo: Je crois que la façon la plus facile de répondre à votre question, c'est de dire que tout cela est très complexe. Nous serions disposés à vous remettre un rapport détaillé sur le sujet.

+-

    M. Réal Ménard: Nous pourrons déjeuner ensemble et en discuter.

+-

    Dr Howard Njoo: Bien sûr, nous pourrions faire cela aussi, mais nous pouvons certainement vous donner des renseignements plus détaillés quant aux tendances, aux chiffres, etc. Ce serait sans doute plus efficace pour nous de vous remettre un rapport écrit en réponse à votre question. Cela vous irait?

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Oui.

    Je poserai une dernière question. En 1995, j'avais posé une question à Herb Gray, qui était le responsable du Service correctionnel du Canada, et je n'avais pas eu de réponse. Je comprends très bien pourquoi il y a des drogues dans les prisons, et le législateur ne pourra pas empêcher ça, mais il ne s'agit pas de dire que cela devient légal. Ce qui m'inquiétait, c'est qu'on m'informait que les gens qui étaient incarcérés n'avaient pas la possibilité d'obtenir des condoms, et je trouvais cela incroyable sur le plan de la santé publique. Est-ce que c'est encore le cas? Ce n'est pas parce que les pratiques sexuelles sont interdites qu'il n'y en a pas; j'espère qu'on s'entend là-dessus.

[Traduction]

+-

    Dre Françoise Bouchard: On distribue maintenant des condoms dans les établissements fédéraux.

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Vous avez l'air heureuse de ça.

[Traduction]

+-

    Dre Françoise Bouchard: Je crois que cela fait partie des mesures de prévention qui doivent être en place, alors oui, cette mesure existe. Y a-t-il autre chose à votre question?

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Sur le plan de la stratégie de santé publique, il est possible maintenant dans les prisons d'avoir tout ce qu'il faut pour des pratiques sexuelles sécuritaires. C'est ce que vous dites au comité?

+-

    Dre Françoise Bouchard: Oui.

+-

    M. Réal Ménard: Parfait.

[Traduction]

+-

    La présidente: Merci.

    Madame Fry.

+-

    Mme Hedy Fry: Docteure Bouchard, pourriez-vous me dire si des études ont été faites sur la mesure dans laquelle on se prévaut de ces mesures préventives, comme les condoms et les digues dentaires. Si on ne peut rien faire pour empêcher les drogues d'entrer dans les prisons, le recours à des méthodes de barrière comme celles-là permettrait d'empêcher la propagation de la maladie. De toute évidence, elles ne sont pas utilisées autant qu'elles pourraient l'être. Y a-t-il des études qui pourraient nous renseigner sur la disponibilité de ces méthodes et l'utilisation qu'on en fait?

»  +-(1720)  

+-

    Dre Françoise Bouchard: Je vais demander à Sandra de répondre.

+-

    Mme Sandra Black: Je vais vous parler de deux études différentes. Le plus facile, c'est sans doute de vous parler d'abord du programme de traitement à la méthadone. Quand ce programme a été lancé il y a de cela un certain nombre d'années, on en a fait une première évaluation. Je dois toutefois vous préciser que la taille de l'échantillon était très petite et que l'évaluation ne portait pas tellement sur les résultats au chapitre de la santé que sur les résultats sur le plan de la récidive et de l'extension de la criminalité. L'évaluation de ce programme a permis de conclure que les détenus réintégrés dans la société qui avaient été traités à la méthadone avaient un taux de récidive moins élevé et que, s'ils se retrouvaient de nouveau derrière les barreaux, c'était généralement parce qu'ils avaient violé une des conditions de leur libération, et non pas parce qu'ils avaient commis un autre crime. C'était là une constatation très importante pour nous.

    Nous sommes en train d'évaluer de nouveau le programme, à la demande du Conseil du Trésor, car les fonds que nous avons demandés sont tellement importants que le Conseil du Trésor exige des preuves de l'efficacité du programme. Nous sommes donc en train d'évaluer encore une fois notre programme de traitement à la méthadone, et les résultats devraient être connus en septembre.

    Pour ce qui est de la disponibilité de condoms, de digues dentaires et d'eau de Javel, qui constituent l'autre volet de nos efforts pour réduire les préjudices, la Direction générale de l'assurance du rendement du Service correctionnel a évalué ces programmes et a conclu essentiellement que ces méthodes existent, mais qu'elles ne sont pas toujours utilisées.

    Il faut tenir compte de la réalité du milieu carcéral. Le fait est que les détenus ont peut-être accès à de l'eau de Javel pour nettoyer leurs seringues ou leur matériel de tatouage, mais ce sont là des activités illicites qui doivent être faites de façon clandestine dans ce milieu, si bien qu'ils n'ont peut-être pas le temps de l'utiliser. Quand on a une seringue pour s'injecter de la drogue et que six personnes attendent pour l'utiliser, on ne va pas passer la seringue à l'eau de Javel entre chaque utilisation.

    Il faut donc savoir qu'il est important d'avoir en place ces mesures de réduction des préjudices, que ces méthodes existent et qu'elles sont disponibles, mais que le milieu comme tel n'est pas toujours propice à leur utilisation. C'est pourquoi il est important d'examiner toute la gamme des mesures qui pourraient être mises en place et de faire en sorte qu'on puisse y accéder.

+-

    Mme Hedy Fry: Puis-je poser une autre question, madame la présidente?

    La présidente: Oui.

    Mme Hedy Fry: Voici l'autre question que je voulais poser. C'est que, comme vous le savez, il y a une proposition que les IRSC ont, que je sache, examinée et qui a été bien accueillie à Santé Canada, pour examiner les cas de toxicomanes qui refusent le traitement à la méthadone. Si, par exemple, quelqu'un vit dans la communauté, a été libéré de prison, refuse le traitement d'entretien à la méthadone et participe au programme d'aide aux héroïnomanes, s'il est emprisonné à nouveau sera-t-il autorisé à poursuivre ce programme? C'est une question qu'il faut vraiment se poser si l'on veut assurer la réussite du programme. Tout ce projet ne donnera rien si on ne se la pose pas.

+-

    Dre Françoise Bouchard: Personne n'est venu nous soumettre la question. Je pense que si le cas se pose, les gens qui étudient les répercussions auront à en discuter avec nous, parce que quant à moi je ne peux pas vous répondre sur ce sujet. Nous n'avons participé à aucune des discussions portant sur ce projet.

+-

    La présidente: Monsieur Robinson.

+-

    M. Svend Robinson: Je ferai très vite car nous n'avons presque plus de temps.

    Je voulais en quelque sorte reprendre la question de Mme Fry, et je m'adresse aux représentants de Santé Canada en particulier mais aussi à ceux du SCC et des IRSC. Un examen quinquennal est maintenant en cours, et je suppose que tous et chacun en ce moment critique avaient dû commander diverses évaluations indépendantes pour mesurer la réussite de la stratégie jusqu'à maintenant. Le comité examine aussi ces questions. Je me demande donc si vous avez effectivement commandé ces évaluations et le cas échéant j'aimerais savoir si vous êtes en mesure de faire part des résultats au comité pour nous aider dans nos travaux?

+-

    M. Steven Sternthal: Effectivement des évaluations spécifiques ont été effectuées sur de petits aspects spécifiques de la stratégie. En outre, le comité d'examen quinquennal a rédigé des documents techniques d'information qui visent à voir quels sont les points forts et les points faibles, les défis, les éléments qui ont bien fonctionné et ceux qui ont échoué, la façon dont les fonds sont dépensés, et ainsi de suite. Ces documents font partie de l'examen quinquennal et peuvent être mis à la disposition du comité en temps opportun, dans la mesure où un examen aura montré qu'ils sont fiables sur le plan technique.

»  +-(1725)  

+-

    M. Svend Robinson: Vous allez donc fournir ces documents au comité?

+-

    M. Steven Sternthal: Certainement.

+-

    M. Svend Robinson: Et pour les IRSC?

+-

    M. Karl Tibelius (directeur, Développement de la capacité en recherche, Instituts de recherche en santé du Canada): Je pense que les documents dont mon collègue a parlé seraient les plus pertinents parce qu'on y examine aussi l'aspect recherche de la stratégie. L'évaluation entreprise par les IRSC porte sur certains de nos différents programmes, et les subventions relatives au VIH/sida sont financées dans le cadre de ces différents programmes; il serait donc difficile de recueillir les données spécifiquement pour le VIH/sida.

+-

    M. Svend Robinson: Je suppose que vous pourriez nous fournir les éléments de ces études qui ont trait au VIH/sida. Ce ne serait pas si difficile.

+-

    M. Karl Tibelius: Nous pourrions essayer de le faire pour vous.

+-

    M. Svend Robinson: Bien.

+-

    Mme Sandra Black: Pour ce qui est de la participation du SCC et de la stratégie qu'a Santé Canada en matière de documents, nous allons dire comment nous avons participé à la stratégie et parler de ses résultats. Comme je l'ai dit à Mme Fry, nous examinons et évaluons en effet les programmes indépendants qui peuvent ou non faire partie de la stratégie. Pour nous, au Service correctionnel, il est très difficile d'examiner la situation du VIH en l'absence d'autres maladies transmissibles par le sang, notamment l'hépatite C. Notre taux de prévalence de l'hépatite C frise les 40 p. 100, c'est une chose que nous savons, et nous devons donc vraiment examiner le VIH dans le cadre d'une stratégie de maladies transmissibles par le sang, ce qui, je le sais, diffère un peu de la réponse que vous attendiez à votre question, à savoir si nous participons à une approche axée sur la santé de la population.

    Pour ce qui est de la population et de l'environnement, c'est pour nous la façon la plus pragmatique de l'envisager, car très souvent quand nous examinons des questions liées au VIH, il y a aussi lieu de se demander comment nous abordons les stratégies de maladies infectieuses au sein du Service correctionnel.

    L'autre grande question, évidemment, c'est la tuberculose. Bien qu'elle ne soit pas transmissible par le sang, c'est une préoccupation très importante pour nous.

    Nous menons ces types d'activités de concert avec Santé Canada, mais nous nous tournons aussi vers d'autres partenaires comme le Centre de toxicomanie et de santé mentale, le CTSM.

    Nous sommes dans le secteur correctionnel; nous ne sommes pas dans le secteur de la santé. Si bien que quand nous évaluons des programmes sous l'angle de la santé, nous nous fions en très grande partie au savoir-faire d'autres partenaires et collègues.

+-

    M. Svend Robinson: Pouvez-vous nous faire part des évaluations que nous avez effectuées sur le VIH/sida? Vous allez le faire.

+-

    Mme Sandra Black: Certainement, oui. Certainement.

+-

    M. Svend Robinson: Très bien.

+-

    La présidente: J'aimerais poser une question aux représentants du SCC au sujet de la déclaration faite dans leur exposé selon laquelle 69 p. 100 de tous les nouveaux cas de séropositivité en 2001 ont été découverts dans une unité de réception du SCC. Voulez-vous dire que 69 p. 100 de tous les nouveaux cas au Canada y ont été découverts?

+-

    Dre Françoise Bouchard: Non. Tout d'abord, nous ne pouvons faire rapport que des cas de détenus qui ont accepté de subir un test. C'est la première chose dont tient compte tout système de surveillance.

+-

    La présidente: C'est volontaire.

+-

    Dre Françoise Bouchard: C'est volontaire, et on peut le refaire à tout moment pendant l'incarcération, et nous en offririons la possibilité à tout détenu qui, sur l'avis d'un professionnel de la santé, voudrait subir un test.

    Ce que nous disons, c'est que dans le rapport que nous publierons et qui porte sur une période d'un an, rapport traitant des nouveaux cas de VIH découverts à l'issue d'un test subi par les détenus qui ont accepté de s'y soumettre, 69 p. 100 des détenus étaient séropositifs au moment de leur admission—quand ils sont arrivés. L'unité de réception est l'endroit où ils passent leur temps quand ils arrivent du système provincial ou communautaire.

+-

    La présidente: Est-ce que 40 p. 100 d'entre eux avaient l'hépatite C?

+-

    Dre Françoise Bouchard: Non—dans la population générale. Nous établissons une distinction entre les détenus quand ils arrivent pour la première fois au SCC et passent du temps à la réception, où ils sont évalués et assignés à un établissement pénitentiaire. C'est là qu'ils sont vus, et quand ils sont assignés à un établissement, nous les considérons comme faisant partie de la population en général.

+-

    La présidente: Quel est le taux de séropositivité dans la population en général si ce taux de 69 p. 100 correspond au niveau d'entrée?

+-

    Dre Françoise Bouchard: C'est le reste des autres cas qui ont été dépistés dans la population générale. Dans l'ensemble, nous avons un taux de prévalence du VIH de 1,7 p. 100 au SCC.

+-

    La présidente: C'est 1,7 p. 100—moins de 2 p. 100.

+-

    Dre Françoise Bouchard: Oui, mais c'est plus que dans la population générale au Canada, où le taux est de 0,2 p. 100.

+-

    La présidente: Ça n'a pas de sens pour moi—69 p. 100.

+-

    Dre Françoise Bouchard: C'est 0,2 p. 100 de la population générale au Canada qui est touchée par le sida.

+-

    La présidente: J'ai une autre question pour les représentants des IRSC. Ce qui me préoccupe, c'est qu'il y a 29 nouvelles subventions de recherche sur un total de 87. Il y a 14 bourses de formation sur un total de 39, mais aucun nouvel essai clinique, et le total est de 6. Cela veut-il dire qu'il n'y a aucun nouvel essai clinique parce qu'il n'y a aucun nouveau traitement ou aucun nouveau médicament?

»  -(1730)  

+-

    Dr Bhagirath Singh: Habituellement les essais cliniques correspondent à des programmes continus. Si les gens participent au programme depuis cinq ans, ils ne reviennent pas. C'est pourquoi vous voyez ce chiffre de six, qui signifie qu'ils participent déjà au programme depuis quatre ou cinq...

+-

    La présidente: Je comprends, mais pourquoi n'y en a-t-il pas de nouveaux cette année? Pourquoi ce chiffre de zéro?

+-

    M. Karl Tibelius: C'est simplement qu'en 2002-2003 aucun n'a été financé. Nous pourrions, par exemple, en avoir deux ou trois financés l'année prochaine. Cela dépend simplement du moment où arrivent les demandes et où elles sont financées.

+-

    La présidente: Je devrais alors vous demander s'il y a eu de nouvelles demandes par des gens qui veulent soumettre de nouveaux médicaments à des essais cliniques ou avez-vous reçu des demandes que vous n'avez pas financées? J'espère seulement que la source des nouveaux produits ne s'est pas tarie.

+-

    Dr Bhagirath Singh: C'est exactement cela. Je pense que...

+-

    M. Karl Tibelius: Nous savons qu'au cours de notre plus récent concours—et nous en avons tenu au moins trois cette année—il y a eu trois demandes d'essai clinique qui n'ont pas été financées parce qu'elles doivent satisfaire à des normes de qualité suffisantes, et nous ne sommes pas certains si elles portaient sur de nouveaux médicaments ou sur certains traitements ou études.

+-

    La présidente: Ou sur un vaccin ou quelque chose d'autre.

    Je n'ai pas d'autres questions. Je tiens à vous remercier pour l'information que vous nous avez fournie. Je tiens à dire que les attachés de recherche, quand ils rédigeront un rapport sur la question voudront peut-être communiquer avec vous. J'espère que vous vous ferez un plaisir de leur répondre. Je tiens à vous remercier pour le travail que vous avez fait, particulièrement les représentants du Service correctionnel, car nous comprenons que les gens qui vous arrivent, et qui ont tant besoin de votre aide, se présentent parfois dans des situations désespérées. À mon avis, seulement ces criminels-là se font prendre; il y en a beaucoup en bonne santé qui vivent en liberté et mènent une belle vie et ne sont pas infectés par l'une ou l'autre de ces maladies mais ceux-là sont souvent malades et remplis de désespoir, et ils se font appréhender, et vous êtes censés les remettre en état. Merci donc beaucoup de vous occuper de ceux que je considère comme faisant partie des groupes de population les plus vulnérables.

+-

    Dre Françoise Bouchard: Merci beaucoup. Nos professionnels sont fiers du travail qu'ils font.

+-

    M. James Lunney: Le greffier a-t-il rappelé aux fonctionnaires l'engagement qu'ils ont pris de nous fournir des renseignements?

+-

    La présidente: Oui. Je vais demander au greffier de lire la liste des documents que les représentants de Santé Canada se sont engagés à nous fournir, simplement pour vérifier que nous avons la même liste.

+-

    Le greffier du comité (M. José Cadorette): J'ai pris des notes. Je demanderai les directives sur les essais cliniques sur le VIH/sida. En outre, qui supervise les essais cliniques privés...

    La présidente: Du secteur privé.

    Le greffier: Du secteur privé, oui, excusez-moi. Des renseignements sur les électro-thérapies,

[Français]

l'évaluation de Santé Canada, le rapport sur les comportements sexuels à risque,

[Traduction]

    Des études des IRSC ainsi que du Service correctionnel du Canada conformément à la question de M. Robinson, à nouveau je vais m'en tenir à la transcription pour...

[Français]

+-

    M. Réal Ménard: Il faudrait les projets du PACS et l'évaluation que Santé Canada a fait faire en 1998. Ce sont deux documents. On en a eu une copie au Comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou médicaments. Je peux en amener aussi, mais ça, ce sont des documents très importants. C'est l'évaluation faite par une étude indépendante.

[Traduction]

-

    La présidente: Merci beaucoup, monsieur le greffier. La séance est levée.