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HEAL Rapport du Comité

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OPINION DISSIDENTE

Comité permanent de la santé
Rapport sur la disponibilité des insulines d'origine animale

pour les diabétiques

Svend J. Robinson, député

Le Nouveau parti démocratique marque sa dissidence face au rapport.  Nous appuyons certaines recommandations, mais nous jugeons que le rapport ne traite pas suffisamment de la sécurité de l'insuline biosynthétique.

Mes collègues néo-démocrates et moi-même reconnaissons et apprécions le professionnalisme et le travail de mes collègues du Comité qui a tenu des audiences auprès de témoins importants sur les insulines animales et biosynthétique.  Comme mes collègues, je remercie tous les témoins qui ont comparu devant nous.  Leurs propos ont été particulièrement éclairants et détaillés.  Malheureusement, le Comité a omis d’inviter plusieurs experts nationaux et internationaux qui avaient été recommandés par la Society for Diabetic Rights, et qui auraient pu donner un point de vue critique sur la sécurité de l’insuline biosynthétique.

Dans le rapport, le Comité prend des mesures importantes pour garantir que les Canadiens continuent d’avoir accès à l’insuline d’origine animale cependant, il ne va pas assez loin. Voici les éléments que le Comité devrait, selon nous, renforcer :

  1. Le rapport donne à penser que l’insuline biosynthétique ou humaine recombinante remplace de façon sécuritaire les insulines animales, sans reconnaître les graves dangers que court une minorité significative de diabétiques qui les utilisent.  Le rapport mentionne que certains utilisateurs d’insuline animale n’ont pas été capables de passer aux insulines biosynthétiques, mais il ne dit rien des diabétiques qui vivent le même problème sans jamais avoir utilisé d’insuline animale avant l’insuline biosynthétique.  Le gouvernement doit obliger Santé Canada à faire un suivi complet de l’insuline biosynthétique après sa mise en marché.  En outre, la monographie des produits devrait contenir une information scientifique indépendante exacte.  Pour ce qui est des monographies d’insuline humaine biosynthétique d’Eli Lilly, on craint que la compagnie ait négligé de mentionner un lien possible entre les symptômes arthritiques et cette insuline, malgré que ce lien ait été établi dans une étude que la compagnie parrainait.  Le gouvernement doit également faire en sorte que Santé Canada informe les médecins de la disponibilité de l’insuline de bœuf et de porc pour les patients qui présentent ces symptômes douloureux et débilitants.

 

  1. En outre, le gouvernement devrait demander à Santé Canada de mener des recherches sur les cas d’hypoglycémie non détectés causés par l’insuline biosynthétique.  Les données sur la prévalence de cet effet secondaire très dangereux n’ont été ni accumulées ni considérées suffisamment.  Un article récent de la revue Diabetes Care donne les résultats surprenants d’un suivi continu du glucose qui révèle que 62,5 % des diabétiques de type 1 et 46,6 % des diabétiques de type 2 ne reconnaissent pas l’hypoglycémie quand elle se manifeste.  Parmi eux, près de 74 % des cas d’hypoglycémie se produisent la nuit.  Il est très peu probable que les sujets de l’étude aient utilisé de l’insuline de porc, encore moins de l’insuline de bœuf.  Un simple suivi pourrait déterminer s’il y a une différence entre les patients recevant de l’insuline de porc NPH d’Eli Lilly (insuline animale parmi les moins stables), de l’insuline de porc de Semilente (vendue en Europe par Novo Nordisk), ou l’insuline de bœuf Ultralente (vendue en Angleterre).

 

  1. Le gouvernement doit demander à Santé Canada de développer, avec l’aide du Comité, un meilleur système pour aider médecins, pharmaciens, autres soignants et patients à signaler les effets secondaires de l’insuline biosynthétique à la Division de la surveillance des effets indésirables des médicaments.  Cela est nécessaire parce qu’il semble que les personnes qui travaillent aux soins des diabétiques ne savent pas que l’hypoglycémie persistante, inexplicable et grave est un effet secondaire inacceptable, très différent des cas typiques et symptomatiques de faible concentration de sucre sanguin que connaissent la plupart des utilisateurs d’insuline.

 

  1. Des affirmations non fondées ont été formulées durant nos audiences, selon lesquelles les autres pays ne font rien pour maintenir la disponibilité de l’insuline animale.  Cela est faux, car plusieurs pays d’Europe ont garanti la disponibilité de jusqu’à sept types d’insuline de porc à leurs diabétiques.  Le gouvernement devrait donc demander à Santé Canada de sensibiliser les médecins et les patients à la disponibilité des insulines animales, au Canada comme à l’étranger, par une campagne concertée de sensibilisation.  Un numéro de « Votre santé et vous » n’est pas suffisant.  En outre, le gouvernement devrait demander à Santé Canada de ne pas travailler avec une seule compagnie pharmaceutique pour s’assurer que les Canadiens aient un accès permanent aux insulines de bœuf et de porc à un prix raisonnable, mais plutôt de faciliter l’accès à ces produits à partir d’autres producteurs, soit au pays soit à l’étranger.

 

  1. Le gouvernement devrait modifier la Loi sur les aliments et drogues pour que les médicaments soient approuvés en fonction de la nécessité médicale. Les médicaments approuvés doivent constituer une valeur plus sûre et faire la preuve qu’ils ne compromettent pas la santé. La Loi devrait donner à Santé Canada le pouvoir d’exiger que les compagnies pharmaceutiques maintiennent les versions les plus sûres et les plus efficaces des grands médicaments sur le marché, au cas où des substituts moins chers à produire ou de qualité moindre seraient mis au point. Il ne faut pas laisser les compagnies pharmaceutiques compromettent la santé des Canadiens en cherchant à maximiser leurs profits en remplaçant des produits avérés, sûrs et efficaces par des produits de qualité inférieure. À cet égard, le gouvernement devrait adopter des normes plus élevées pour approuver les médicaments nouveaux, assortis de l’exigence d’étudier des paramètres de qualité de vie, de mortalité et de morbidité préalablement à l’autorisation.

Voilà les points que nous estimons que le rapport devrait renforcer.