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FEWO Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent de la condition féminine


NUMÉRO 071 
l
1re SESSION 
l
44e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le lundi 5 juin 2023

[Enregistrement électronique]

  (1100)  

[Traduction]

    Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à la réunion numéro 71 du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes.
    Conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022, la réunion d'aujourd'hui se tient suivant un format hybride, c'est‑à‑dire que certains membres du Comité y participent en personne alors que d'autres le font à distance, à l'aide de l'application Zoom.
    J'ai quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
    Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez par vidéoconférence, vous devez cliquer sur l'icône du microphone pour ouvrir votre micro et veuillez le mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
    En ce qui concerne l'interprétation pour les personnes qui utilisent Zoom, vous avez le choix, en bas de l'écran, entre le français, l'anglais et l'audio du parquet. Les personnes présentes dans la salle peuvent utiliser leur oreillette et sélectionner le canal de leur choix.
    Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
    Les députés présents dans la salle sont priés de lever la main s'ils souhaitent prendre la parole. Ceux qui participent sur Zoom doivent utiliser la fonction « Lever la main ». La greffière et moi‑même allons faire de notre mieux pour gérer l'ordre des interventions, et nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
    Conformément à la motion de régie interne du Comité au sujet des tests de connexion, je vous informe que tous les témoins qui participent de façon virtuelle ont procédé aux essais requis avant la réunion.
    Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le jeudi 27 avril 2023, le Comité entame son étude sur l'équité menstruelle au Canada. C'est ce que nous ferons pendant la première heure.
    J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Comme je l'ai indiqué, nous accueillons des témoins pour la première heure et, pour la deuxième heure, nous nous réunirons à huis clos.
    Pour entamer cette première partie de la réunion, j'aimerais accueillir Madeleine Shaw de la Coalition pour l'équité menstruelle durable. Elle est la porte-parole de cette organisation. Elle se joint à nous par vidéoconférence.
    De The Period Purse, nous avons Jana Girdauskas et Danielle Kaftarian. De United Way British Columbia, Sussanne Skidmore, qui est la coprésidente de la campagne Period Promise. Elle se joint également à nous par vidéoconférence.
    Nous donnerons à chaque groupe cinq minutes pour s'exprimer, et nous commencerons avec la Coalition pour l'équité menstruelle durable.
    Madame Shaw, vous aurez la parole pour cinq minutes. Lorsque vous me verrez faire un geste du bras, il ne vous restera plus que 10 à 15 secondes. Essayez de conclure dans ce délai.
    La parole est à Mme Shaw.
    Vous avez cinq minutes.
    Je m’appelle Madeleine Shaw et je m’adresse à vous aujourd’hui depuis Vancouver, du territoire traditionnel non cédé des Premières Nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh.
    J’aimerais remercier le Comité de mener cette étude sur l’équité menstruelle et de comprendre la nécessité de s’attaquer à la précarité menstruelle.
    La Coalition pour l'équité menstruelle durable...
    Un instant, s'il vous plaît.
    Le volume est très faible. Nous allons augmenter le volume dans la salle pour vous entendre un peu mieux.
    Allez‑y.
    La Coalition pour l'équité menstruelle durable regroupe trois entreprises canadiennes dirigées par des femmes — Aisle, joni et Bfree — qui se spécialisent dans les produits menstruels durables, pour la plupart fabriqués au Canada. Notre coalition propose toute une gamme de produits écologiques, ce qui inclut des serviettes et des tampons jetables respectueux de l’environnement, des coupes réutilisables, des serviettes en tissu et des sous-vêtements antifuite. Nous offrons ainsi un éventail plus large de produits à notre clientèle.
    Nous luttons depuis des décennies contre la précarité menstruelle au Canada, et nous revendiquons des changements politiques, sensibilisons le public et mettons en place des initiatives visant à fournir des produits menstruels durables aux personnes dans le besoin, tant à l’échelle nationale qu’internationale.
    Par « précarité menstruelle », on entend le manque d’accès aux produits d’hygiène menstruelle, à l’éducation en la matière et aux installations connexes, souvent en raison de contraintes financières. D’autres obstacles, comme un accès difficile aux produits souhaités, la géographie, l’accès à l’eau potable et à des toilettes sécuritaires, et les traumatismes personnels, empêchent également une partie de la population canadienne d’accéder sans contrainte aux produits hygiéniques et de participer à ses activités quotidiennes.
    Malheureusement, ce problème prend de l’ampleur et il n’existe pas de solution universelle à la précarité menstruelle. Cette situation exige que nous fassions preuve de leadership et d’empathie et que nous passions à l’action.

[Français]

     L'accès aux produits menstruels n'est pas un luxe; c'est un droit de la personne fondamental.

[Traduction]

    Dans une étude menée par Plan Canada, 26 % des personnes interrogées ont indiqué qu’elles avaient déjà traversé une période menstruelle sans avoir de produits hygiéniques à leur disposition. Toujours selon cette étude, 68 % des personnes interrogées au Canada estimaient que leurs règles les empêchaient de participer pleinement à une activité.

[Français]

    Imaginez être une adolescente et devoir vous absenter de l'école chaque mois parce que vous n'avez pas les moyens de vous acheter des produits menstruels.

  (1105)  

[Traduction]

    Personne ne devrait se voir empêché de réaliser son plein potentiel simplement en raison de ses menstruations.
    Pour parvenir à une équité menstruelle universelle, il ne suffira pas de placer dans les salles de bains une quantité infinie de produits jetables traditionnels, essentiellement à base de plastique. Pour parvenir à une véritable équité menstruelle, nous devons garantir un accès universel à une diversité de produits de qualité, à l’éducation et à un climat social exempt de stigmatisation. Cela signifie que nous devons diversifier non seulement l’offre de produits, mais aussi les modes d’accès pour les personnes qui vivent en régions isolées et rurales ou dans des réserves, qui sont handicapées ou qui n’ont pas de moyen de transport. Nous devons aussi penser aux personnes dont les règles surviennent à un moment « inopportun » ou dont les besoins sont incompatibles avec le modèle traditionnel, où les produits menstruels sont uniquement accessibles dans les salles de bains. Enfin, pensons aux situations où l’on parvient — enfin! — à trouver une serviette ou un tampon: trois ou quatre heures plus tard, c’est une quête à recommencer.
    La Coalition pour l'équité menstruelle durable et ses produits peuvent jouer un rôle déterminant dans la réussite de cette démarche. Nos produits offrent de nombreux avantages qui surpassent ceux des produits jetables classiques: économies d’argent, réduction des émissions de gaz à effet de serre et des déchets, solutions innovantes et création d’emplois au Canada. Depuis longtemps, la Coalition pour l'équité menstruelle durable aide la population canadienne à accéder à des produits menstruels sécuritaires, efficaces et respectueux de l’environnement. Notre expérience nous a montré que l’offre d’une diversité de solutions, notamment des produits jetables et réutilisables, est le moyen le plus efficace, le plus équitable et le plus inclusif de lutter contre la précarité menstruelle.
    Nous saluons la création par le gouvernement fédéral du Fonds d’équité en matière de produits d’hygiène féminine ainsi que les changements apportés au Code canadien du travail, deux initiatives que nous jugeons encourageantes. Il s’agit là de premiers pas d’une grande importance. Mais nous pouvons et devons faire mieux. Le Canada a l’occasion de jouer un rôle de chef de file sur la scène mondiale. Des pays comme l’Écosse fournissent déjà gratuitement des produits jetables, durables et réutilisables à l’ensemble de leur population.
    Nous avons la possibilité de déployer une approche « Équipe Canada » en tirant parti des innovations des femmes entrepreneures d’ici pour établir de nouvelles normes durables. En ce moment charnière, il est possible de veiller à ce que les petites et moyennes entreprises canadiennes dirigées par des femmes soient incluses dans les processus d’approvisionnement des programmes gouvernementaux et à ce qu’un éventail de produits durables, jetables et réutilisables soit proposé pour répondre aux besoins de chaque personne.
    Unissons nos efforts pour qu’au Canada, chaque personne qui a ses règles ait accès aux ressources et au soutien nécessaires et puisse vivre pleinement sa vie, sans peur ni honte.

[Français]

     Encore une fois, merci de votre invitation.

[Traduction]

    Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
    Merci.
    Parfait. Merci beaucoup.
    C'est maintenant au tour de The Period Purse.
    Madame Kaftarian et madame Girdauska, vous avez cinq minutes à vous deux. Vous pouvez partager votre temps comme vous le souhaitez. Allez‑y.
    Merci de m'avoir invitée à comparaître. Je suis Danielle Kaftarian. Je suis directrice des opérations à The Period Purse.
    The Period Purse a débuté en 2017, un jour que notre fondatrice se rendait au travail en voiture. Alors qu'elle était à un feu rouge, quelqu'un faisait la manche à la fenêtre de sa voiture et elle n'avait rien à lui donner. Elle a alors eu un déclic. Elle s'est demandé: Que fait une personne sans-abri lorsqu'elle a ses règles? Elle n'y avait jamais pensé, et lorsque j'ai entendu parler de ce déclic, j'en ai eu un moi‑même.
    En cherchant la réponse à cette question, nous avons commencé à en apprendre davantage sur la situation générale de la pauvreté menstruelle au Canada et à étudier les nombreux problèmes connexes et le fait qu'elle touche une personne sur sept, tant les sans-abri que les personnes employées.
    Alors que le mouvement menstruel s'est répandu à travers le Canada, un grand nombre d'organisations partageant les mêmes idées et soutenant les personnes qui en ont besoin, nous comparaissons devant vous aujourd'hui en tant qu'expertes de l'équité menstruelle pour défendre les intérêts des personnes qui ne sont pas présentes aujourd'hui.
    Une étude de Plan Canada réalisée en 2022 nous apprend que 22 % des Canadiennes menstruées utilisent des produits hygiéniques plus longtemps qu'elles ne le devraient parce qu'elles n'ont pas les moyens de s'en procurer plus. Ce taux est de 33 % dans les ménages gagnant 50 000 $ ou moins, et de 48 % chez les populations autochtones.
    The Period Purse est le premier organisme de bienfaisance national à aider à soulager la pauvreté menstruelle. Par l'entremise de notre programme de sensibilisation, nous avons donné près de 4,8 millions de produits hygiéniques dans tout le Canada et nous avons éduqué plus de 5 000 personnes au moyen de présentations positives sur les règles.
    Notre mission est de créer une équité menstruelle en garantissant un accès durable aux produits menstruels pour tous et, grâce à des efforts d'éducation et de sensibilisation, de mettre fin à la stigmatisation associée aux menstruations.
    Lorsque nous avons parlé aux membres des communautés que nous soutenons, nous avons entendu de nombreuses expériences de personnes qui choisissent d'acheter de la nourriture au lieu de tampons, qui ne se rendent pas au travail ou à l'école, qui volent des produits et qui fabriquent des tampons et des serviettes hygiéniques de fortune avec de vieux chiffons, du papier hygiénique et des éponges, ce qui peut entraîner des infections. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que c'est inacceptable.
    Je veux que chacun de vous prenne un moment pour réfléchir à ce qui suit: L'un d'entre vous a‑t‑il amené du papier hygiénique au cas où il aurait besoin d'aller aux toilettes pendant qu'il était ici aujourd'hui, ou sommes-nous simplement venus en sachant qu'il serait disponible si nous en avions besoin? L'utilisation des toilettes est quelque chose que nous ne pouvons pas contrôler. C'est biologique, et il en va de même pour les règles. Alors pourquoi les produits menstruels ne sont‑ils pas présents dans les toilettes, comme le sont le papier hygiénique et le savon?
    Lorsque nous commençons à examiner les obstacles à l'accès aux produits menstruels, nous constatons que l'accessibilité financière est un facteur important. On estime qu'au cours de sa vie, une Canadienne dépensera jusqu'à 6 000 $ en produits menstruels. C'est une dépense supplémentaire que les femmes menstruées doivent prévoir dans leur budget.
    Nous entendons des histoires comme celle d'Asha, qui vit dans un territoire autochtone du Nord et qui nous raconte qu'une boîte de tampons peut coûter quatre à cinq fois plus cher qu'une boîte achetée dans les grandes villes. Même dans les villes rurales, le prix de ces produits est considérablement plus élevé qu'ici à Ottawa. L'endroit où vous vivez au Canada ne devrait pas être un obstacle à la disponibilité et au coût des produits menstruels.
    The Period Purse fournit de l'information sur divers sujets relatifs aux règles, allant de ce qu'elles sont à la raison pour laquelle l'équité menstruelle est importante. De nombreuses personnes ne connaissent pas les solutions de rechange aux serviettes et tampons jetables. Nous les informons donc sur les produits réutilisables et sur la manière de les utiliser et de les nettoyer — des produits comme les coupes menstruelles, les serviettes en tissu et les sous-vêtements hygiéniques — afin qu'elles puissent choisir les produits qui leur conviennent le mieux.
    Nous savons que de nombreuses personnes n'ont pas accès à l'eau potable et que cela les empêche d'opter pour des produits réutilisables. Les avis d'ébullition de l'eau ne sont qu'un obstacle de plus à prendre en compte dans le cadre de la lutte pour l'équité menstruelle.
    Le fait de proposer un éventail de produits garantit que nous tenons compte d'éléments comme les croyances culturelles et religieuses, ainsi que des traumatismes sexuels, autant d'éléments qui peuvent avoir une incidence sur le produit que choisit une personne.
    J'ai entendu d'innombrables exemples d'élèves qui manquent des heures de cours pour se procurer des produits auprès d'amis, de conseillers d'éducation ou dans les tiroirs des professeurs, tout cela parce qu'il n'y en a pas dans les toilettes. En disant que les étudiantes doivent toujours avoir des produits sur elles, on ne tient pas compte du fait qu'il pourrait s'agir de leurs premières règles ou qu'elles pourraient ne pas s'attendre à avoir leurs règles, car elles apprennent encore comment fonctionne leur corps.
    J'ai également entendu parler de produits qui ont été placés dans les toilettes des garçons pour que les étudiants puissent les ramener à la maison pour leur mère ou leur sœur, lorsqu'elles en ont besoin. Il s'agit d'une mesure très simple qui permet de réduire la stigmatisation liée aux règles.
    En travaillant avec des partenaires communautaires qui soutiennent les personnes 2SLGBTQ+, nous avons appris que des toilettes sûres sont essentielles à l'équité menstruelle. Toutes les personnes qui ont leurs règles méritent d'avoir accès à des produits gratuits. Sans accès aux toilettes, les personnes transgenres et non binaires peuvent avoir à choisir entre des toilettes qui correspondent à leur identité de genre et des toilettes qui disposent des produits menstruels et des installations dont elles ont besoin. Le fait d'entrer dans des toilettes qui ne correspondent pas à l'identité et à l'expression de genre d'une personne peut être dangereux, tant mentalement que physiquement.
    En conclusion, comme vous pouvez le constater, ce sujet présente de nombreuses facettes et beaucoup d'éléments à analyser, et nous n'avons fait qu'en effleurer la surface aujourd'hui. Plus les gens sentiront qu'ils peuvent s'exprimer librement, plus il y aura d'histoires à raconter et plus il y aura de choses à apprendre. L'équité menstruelle ne se limite pas à la distribution de serviettes et de tampons; elle doit être conjuguée à des efforts d'éducation et de défense des droits pour que les changements aient une incidence.
    Je suis heureuse de constater que le gouvernement du Canada ainsi que d'autres paliers de gouvernement s'efforcent de prendre des mesures pour soutenir l'atteinte de l'équité menstruelle. Je serais ravie de poursuivre cette conversation avec quiconque souhaiterait en savoir plus après cette journée.
    J'espère que tout le monde repartira en ayant appris quelque chose de nouveau et peut-être en ayant eu son propre « déclic ».
    Merci.

  (1110)  

    Merci beaucoup.
    Nous allons maintenant donner la parole à Sussanne Skidmore, de United Way British Columbia. Elle est en ligne.
    Madame Skidmore, vous avez cinq minutes.
    Je vous remercie de m'avoir invitée au Comité pour parler de cette question très importante.
    Je m'appelle Sussanne Skidmore. Mon pronom est « elle ». Je vous appelle depuis les territoires traditionnels non cédés des peuples Musqueam, Squamish et Tsleil Waututh.
    Depuis cinq ans, je suis coprésidente bénévole de la campagne Period Promise de Centraide Colombie-Britannique. Je suis également la présidente de la Fédération des travailleurs de la Colombie-Britannique.
    Centraide Colombie-Britannique a commencé à travailler sur l'équité menstruelle et la pauvreté menstruelle en 2016, et a lancé la première de ses campagnes annuelles pour recueillir et distribuer des produits aux organisations caritatives et à but non lucratif en 2017. Depuis, nous avons pu distribuer plus de 2,5 millions de produits menstruels à des centaines d'organisations communautaires.
    Lors de notre première collecte, nous avons réussi à rassembler et à distribuer 30 000 produits menstruels. Nous étions convaincus que cette montagne de tampons, de serviettes, de coupes, de protège-dessous et de sous-vêtements permettrait de combler les besoins de notre communauté pendant un bon moment. Nous avons remis 15 000 produits à une organisation qui apporte un soutien crucial dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver. Les responsables nous ont remerciés, puis ont ajouté: « Nous en avons assez pour trois mois ». Nous avons rapidement compris que c'est un grave problème.
    Depuis, notre campagne de collecte de produits a pris beaucoup d’ampleur. En 2023, nous espérons recueillir 700 000 produits et les distribuer à plus d’une centaine d’organisations communautaires en Colombie-Britannique. Pour y arriver, nous comptons sur l'aide de partenaires clés comme Tampax et Always, Pacific Blue Cross, Aisle, Joni et bien d’autres encore. Mais nous avons aussi compris qu'une campagne, aussi vaste soit-elle, ne peut offrir aux personnes en situation précaire l'accès fiable qu'elles méritent. Nous avons ainsi déployé des efforts dans trois volets importants.
    Premièrement, nous avons élaboré un accord stratégique que les organisations, de quelque nature que ce soit, peuvent signer. En adhérant à cet engagement, les employeurs, les syndicats, les organisations communautaires, les collectifs locaux, les districts scolaires, les établissements d'enseignement supérieur et les municipalités se sont engagés à fournir un accès gratuit et exempt de toute stigmatisation aux personnes menstruées. Nous avons fait part de ce projet aux sections de Centraide de tout le pays, et plus de 65 d'entre elles y ont adhéré.
    Deuxièmement, nous avons créé des collectifs pour aider les personnes ayant une expérience vécue, les militants sur le terrain, les universitaires et les organisations communautaires à travailler ensemble pour sensibiliser la population et élaborer des solutions. L'un d'entre eux se concentre sur le travail mené en Colombie-Britannique, tandis qu'un autre coordonne les efforts de sensibilisation du gouvernement fédéral. Nous sommes ravis de constater que bon nombre de ces partenaires ont été invités à participer à ces audiences.
    Troisièmement, nous avons effectué de nombreuses recherches sur la question de la pauvreté menstruelle en Colombie-Britannique. Nous avons constaté qu'environ 90 % des organisations communautaires auxquelles nous fournissons des produits sont sollicitées plus d'une fois par semaine, et que plus de 90 % d'entre elles dépendent des dons publics de produits d'hygiène pour répondre à leurs besoins.
    La majeure partie de nos données provient de l'étude que nous avons menée pour le gouvernement de la Colombie-Britannique et qui a été publiée en 2021 en tant que rapport final du projet de recherche Period Promise. Nous avons constaté que près de 51 % des personnes menstruées en Colombie-Britannique ont eu du mal à acheter des produits pour elles-mêmes à un moment donné, et que celles qui ont eu du mal à acheter des produits pour les personnes à leur charge ont 98 % de chances d'avoir du mal à acheter des produits pour elles-mêmes également. Et un peu plus de 30 % des personnes interrogées ont déclaré qu'elles ne savaient pas où acheter des produits qu'elles pouvaient se permettre.
    Nous avons également constaté que celles qui n'ont pas accès aux produits sont souvent exclues de la vie communautaire, ce qui fait des produits menstruels un moyen d'accéder à la communauté. Plus de 18 % des personnes interrogées se sont absentées de l'école, 22 % se sont absentées du travail, 29 % ont raté des événements communautaires et 27 % ont raté des activités sociales. Tous ces chiffres ont augmenté pour les personnes à faible revenu familial, les Autochtones, les personnes handicapées, les immigrantes et les réfugiées.
    Nous avons également constaté que l'accès à des produits gratuits au sein de la communauté aidait 75 % des personnes interrogées à s'engager davantage dans leur communauté et à améliorer leur bien-être général. Voici un témoignage que nous avons recueilli au cours de nos recherches et qui l'illustre bien:
Avoir un milieu de travail qui soutient l'hygiène menstruelle et donne accès à des produits menstruels gratuits me permet de me sentir plus à l'aise lorsque j'ai mes règles. Ayant un flux abondant et un cycle anormal, je craignais toujours de manquer de produits menstruels. Les jours où, par malchance, je n'en avais pas ou pas assez avec moi, je devais me résoudre à plier du papier hygiénique pour créer une serviette de fortune. Je passais le reste de la journée à me demander si le papier allait tenir le coup ou si j'allais tacher mes vêtements. Des produits menstruels gratuits et accessibles me donnent la liberté de continuer ma journée et la certitude de ne pas avoir à me soucier de ça en plus.

  (1115)  

     Aujourd'hui, de plus en plus de personnes ont du mal à subvenir à leurs besoins de base en raison du coût de la vie et des crises inflationnistes qui frappent notre pays. Il est urgent de travailler à l’amélioration de l’accès aux produits menstruels gratuits et à la réduction de la stigmatisation liée aux menstruations. Cela signifie qu'il faut fournir des produits de bonne qualité, une variété d'options, un accès facile, régulier et fiable, et mettre en place des mesures de soutien pour les personnes les plus vulnérables de notre communauté.
    Je vous remercie de nous avoir invitées à participer à la conversation d'aujourd'hui et je serai heureuse de répondre à vos questions.
    Je vous remercie.
    Je vous remercie.
    Nous avons entendu les déclarations préliminaires. Nous allons passer aux séries de questions. Chaque parti disposera de six minutes.
    Nous allons commencer en ligne, avec Mme Vien, pour six minutes.

[Français]

     Merci beaucoup, madame la présidente.
    Bonjour, mesdames. Merci d'avoir pris de votre temps pour venir participer à notre étude aujourd'hui. J'aimerais vous poser une question générale.
     La ministre est venue nous dire au mois de mai que le gouvernement avait dégagé 25 millions de dollars sur deux ans pour mettre sur pied le Fonds d'équité en matière de produits d'hygiène féminine. Certaines d'entre vous l'ont évoqué également. Le pourtour de ce projet pilote ne semble pas encore bien défini, par contre, et l'organisation nationale qui en serait la grande responsable n'a pas encore été désignée.
    Quelles seraient vos recommandations pour que ce projet pilote soit porteur et aide vraiment à régler des problèmes? En d'autres mots, qu'attendez-vous de ce projet pilote, et quelle organisation devrait en avoir la responsabilité à l'échelle nationale?

  (1120)  

[Traduction]

    Bien sûr, c'est une excellente question. Je ferai de mon mieux pour y répondre.
    C'est formidable qu'il y ait un projet pilote, j'en suis ravie. Je m'attends toutefois à ce que le projet pilote se transforme en quelque chose de permanent et de durable.
    Le gouvernement a la responsabilité de fournir ces services aux personnes d'un bout à l'autre du pays, en commençant, évidemment, par celles qui en ont le plus besoin. La réalité est que les personnes qui ont leurs règles dans ce pays paient la taxe sur les règles dont nous parlons tous. Nous devons contribuer à atténuer le stress financier que cela représente pour elles. Le gouvernement du Canada et les gouvernements provinciaux doivent intervenir et soutenir ce projet.
    Plusieurs intervenants vous ont parlé des produits qui sont à notre disposition dans les salles de bain lorsque nous devons nous laver les mains ou utiliser du papier hygiénique. Ces produits sont disponibles gratuitement. Nous ne nous déplaçons pas avec ces produits dans nos sacs à main comme nous le faisons avec nos produits d'hygiène menstruelle. Je m'attends à ce que les produits d'hygiène menstruelle soient traités de la même manière.

[Français]

    Madame Shaw, avez-vous une opinion sur ce à quoi devrait ressembler ce projet pilote et sur qui devrait en être chargé? On n'a pas eu beaucoup d'information, jusqu'à présent.

[Traduction]

    C'est une excellente question. Nous sommes enthousiastes au sujet de cette initiative.
    À la Coalition pour l'équité menstruelle durable, nous aimerions obtenir, entre autres, un engagement envers la durabilité ainsi que, comme je l'ai mentionné, une directive concernant l'approvisionnement. L'idéal serait d'inclure les petites et moyennes entreprises canadiennes dirigées par des femmes.
    C'est une chose de dire que notre pauvreté menstruelle est un problème et que nous avons besoin de produits, mais si nous ne soutenons pas les agences qui vont fournir ces produits et ces programmes, nous ne saurons pas quels seront ces produits et d'où ils proviendront. Il est également très important de s'engager à comprendre quelle est l'incidence des solutions possibles sur les différents groupes.
    En ce qui concerne l'administration du projet, je suis d'accord pour dire qu'un organisme de bienfaisance national, comme Centraide, serait un partenaire idéal. Je suis sûre qu'il en existe d'autres, et je sais que le gouvernement envisage ces possibilités.

[Français]

    Madame Kaftarian, vous avez piqué ma curiosité. Il est vrai qu'il ne doit pas être évident pour les femmes itinérantes d'avoir accès à des produits menstruels. Je pense à l'organisme Chez Doris, à Montréal, et aux maisons qui accueillent des itinérantes. Ces femmes sont déjà stigmatisées. C'est déjà difficile pour elles. Comment cela se passe-t-il, dans la rue, pour ces femmes?

[Traduction]

     Nous entendons tellement d'histoires différentes à propos de l'accès aux produits. C'est la raison pour laquelle nous devons travailler avec les refuges, les bibliothèques et les banques alimentaires, et même avec les partenaires communautaires sur le terrain, comme ceux qui circulent en camionnettes, etc.
    Nous voulons veiller à ce que, lorsque nous interagissons avec ces personnes, nous leur donnions des choix et des renseignements sur la variété de produits disponibles. Nous nous rendrons parfois dans différents endroits pour donner des séances d'information sur une foule de sujets.
    Pour en revenir à votre première question, à savoir ce que nous devrions faire avec le projet pilote, je vous dirais qu'il faut s'assurer que l'organisme choisi aura la capacité de sensibiliser les gens, d'offrir des choix et de travailler avec un grand nombre d'organisations qui sont sur le terrain, en se concentrant sur les partenaires communautaires pour acheminer les produits aux gens. Nous savons déjà comment le faire. De nombreux groupes comme le nôtre savent comment le faire. Il suffit donc de continuer dans cette voie et d'accorder un financement à ces groupes pour qu'ils puissent apporter ce soutien.

[Français]

     J'aurais une dernière question, mais je crois que je n'ai plus de temps.

[Traduction]

    Il vous reste 15 secondes, tout juste le temps de dire merci.

[Français]

    Dans ce cas, merci beaucoup.

[Traduction]

    Je vous remercie.
    Nous restons en ligne, et je cède la parole à Mme Lambropoulos.
    Madame Lambropoulos, vous avez la parole pour six minutes.
    Je vous remercie, madame la présidente.
    J'aimerais commencer par remercier tous nos témoins d'être ici pour nous éclairer sur cette question. Je pense que c'est une question à laquelle nous ne pensons pas souvent et qui n'est pas très évidente, mais une fois que nous y pensons, cela nous saute aux yeux. Vous avez fait la lumière sur cette réalité.
    Comme ancienne enseignante, j'entends parler du nombre de jeunes qui peuvent s'absenter de l'école à cause de cette situation. Cette question m'interpelle particulièrement, et il est très difficile d'entendre ces histoires et de prendre conscience de l'ampleur de la situation.
    Certains membres de la collectivité que je représente ont des besoins financiers très importants, et je ne peux qu'imaginer que l'achat de ces produits ne figure pas en tête de liste de leurs priorités alors qu'ils arrivent à peine à nourrir leur famille certaines semaines et certains mois.
    Je pense aussi qu'il y a beaucoup de stigmatisation liée à cette question, comme vous l'avez mentionné, et pour cette raison, je suis certaine que nous n'avons aucune idée du nombre réel de personnes qui ont besoin de ces produits et qui ne peuvent pas se les payer. Il existe une panoplie d'enjeux sur lesquels nous devons nous pencher.
    Vous avez toutes proposé des solutions possibles et parlé des problèmes associés à chacune d'entre elles. Évidemment, nous avons besoin d'une énorme quantité de produits, parce que les personnes concernées ont des menstruations pendant une semaine chaque mois. Cela signifie qu'elles doivent changer ces produits assez souvent, et il ne suffit pas d'avoir des produits qui ne sont pas réutilisables.
    Madame Shaw, vous avez dit qu'il faut se tourner vers l'innovation canadienne et recourir à des entreprises canadiennes et à des entreprises dirigées par des femmes — dans bien des cas, ce sont souvent des entreprises dirigées par des femmes qui créent ce genre de produits — pour combler cette lacune et peut-être trouver une solution, ou travailler avec le gouvernement pour trouver une solution.
    Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet et sur la façon dont le gouvernement du Canada peut aider à cet égard?

  (1125)  

    Je vous remercie de cette question.
    Le financement pour soutenir les femmes entrepreneures est toujours nécessaire pour stimuler l'innovation au pays. La Coalition pour l'équité menstruelle durable dispose d'exemples incroyables. Je travaille activement sur cette question et je mets au point des produits réutilisables depuis 1993.
    Aisle a été l'une des premières entreprises au monde, et pas seulement au Canada, à faire véritablement œuvre de pionnière en ce qui concerne les produits réutilisables en général. Je peux aussi vous parler de la coupe Bfree, qui est l'une des innovations les plus importantes relativement à la technologie de la coupe menstruelle dans le monde, parce qu'il n'est pas nécessaire de la nettoyer dans l'eau bouillante. C'est très utile dans les collectivités éloignées et les communautés des Premières Nations, où l'accès à l'eau potable pose problème. Ensuite, Joni fournit des distributeurs qui peuvent être installés dans les salles de bain pour fournir toutes sortes de produits jetables durables.
    Nous examinons une foule de solutions pour répondre à de multiples besoins différents. Qu'il s'agisse d'une étudiante, d'une travailleuse ou d'une personne mal logée, nous sommes à la recherche d'une diversité de solutions pour répondre aux besoins de ces différents groupes, parce que nous savons ce que c'est de vivre avec des menstruations et d'essayer de gagner sa vie, d'apprendre, d'être parent, etc.
    Nous avons voix au chapitre, nous avons été invitées ici aujourd'hui pour que notre point de vue et notre expérience soient pris en compte. Nous ne sommes pas simplement perçues comme des entrepreneures qui cherchent uniquement à gagner de l'argent. Nous ne faisons pas seulement partie des leaders les mieux renseignées et les plus dévouées au Canada en matière d'équité menstruelle et de lutte contre la pauvreté; nous représentons aussi de petites entreprises et, comme vous l'avez dit, nous favorisons l'innovation. Nous sommes là pour vous aider et pour faire partie d'Équipe Canada, pour lutter contre la pauvreté et pour faire de l'équité menstruelle une solution que nous pouvons réaliser de notre vivant.
    Je vous remercie.
    Je vous remercie.
    Je suppose que vous seriez favorable à ce que le gouvernement mette sur pied un fonds destiné expressément aux entreprises ou finance l'innovation afin de créer ce genre de produits.
    Oui, je le serais, mais je ferais aussi valoir que nous avons déjà les produits. Nous accomplissons déjà ce travail. L'innovation dont nous avons besoin concerne la distribution et l'accès. Nous avons des produits fantastiques, mais beaucoup de gens...
    Nous devons élargir l'accessibilité pour les gens pour qui ce n'est pas toujours possible de trouver une salle de bain. Je me concentrerais là‑dessus, et je serais heureuse de recevoir l'aide du gouvernement à cet égard.
    Comme je l'ai dit, nous avons les produits. Il nous faut simplement trouver de nouveaux moyens... C'est aussi une question de sensibilisation. Prenez l'exemple de Period Purse. Comment pouvons-nous étendre ce programme à l'échelle nationale? Comment pouvons-nous trouver plus de partenaires pour y arriver?
    Il ne nous faut pas une solution à taille unique. Il nous faut trouver une solution qui répond à divers besoins. Nous devons aller à la rencontre des personnes qui ont leurs règles là où elles se trouvent, plutôt que de leur dire de se rendre dans une salle de bain pour trouver un produit.

  (1130)  

    Je vous remercie.
    Madame Kaftarian, vous avez parlé de l'importance d'offrir ces produits dans les salles de bain. De nombreuses personnes ont des règles irrégulières et peuvent ne pas savoir quand elles arriveront. Cette question ne touche pas seulement les personnes en situation de pauvreté menstruelle, mais aussi les personnes qui ont leurs règles, en général.
    À votre avis, comment le gouvernement fédéral peut‑il contribuer à rendre ces produits, même les produits jetables, plus accessibles en général, dans les salles de bain?
    Vous avez au plus 15 secondes, car le temps est écoulé. Je vous demanderais de donner une réponse courte.
    Bien sûr.
    Je pense qu'il faut tenir compte des endroits où vont les personnes qui ont leurs règles. Les toilettes sont parfaites comme point de contact et comme première étape; elles sont déjà là. Les produits manquent, alors il faut en apporter.
    Comme le disait Mme Shaw, il faut faire preuve de créativité et penser à d'autres endroits où les gens pourront demander ces produits, comme les banques alimentaires et les centres communautaires.
    On me fait signe d'arrêter, alors je vais conclure sur ce point.
    C'est très bien, je vous remercie.
    Je cède maintenant la parole à Mme Larouche pour six minutes.
    Madame Larouche, vous avez la parole.

[Français]

     Merci beaucoup, madame la présidente.
    Mesdames les témoins, merci d'être ici aujourd'hui.
    Madame Kaftarian, on sait que de plus en plus d'endroits dans le monde s'intéressent à la question de l'iniquité menstruelle. Jusqu'à maintenant, nous avons parlé des jeunes filles à l'école et des femmes en situation d'itinérance. Cependant, j'aimerais que vous reveniez sur un point que vous avez mentionné dans vos remarques préliminaires, alors que vous parliez des conséquences de la pauvreté menstruelle pour une femme sur sept. Pourriez-vous en dire plus?

[Traduction]

    Une femme sur sept éprouvera des difficultés à cause de ses règles et de l'accès aux produits.
    Les problèmes peuvent avoir trait à une foule de choses, comme à l'école. Lorsqu'une étudiante a besoin d'un produit, que sa famille ait des difficultés à le payer ou non, ce qu'il faut retenir, c'est que cette étudiante pourrait se rendre compte qu'elle a besoin de ce produit alors qu'elle est aux toilettes. Elle doit trouver le produit dans l'école, retourner aux toilettes, pour enfin revenir en classe, après avoir manqué du temps en classe.
    Nous savons que les familles peinent à s'acquitter des tâches quotidiennes en raison de la hausse de l'inflation — il y a toutes sortes d'éléments — et parce qu'elles doivent choisir entre se nourrir ou dépenser 15 dollars pour une boîte de tampons. Ce sont toutes ces décisions qui font que les gens ont de la difficulté à s'offrir des produits d'hygiène menstruelle. Cette question ne touche pas seulement les personnes qui ne sont pas logées; elle concerne aussi celles qui ont du mal à joindre les deux bouts. Nous le constatons dans les banques alimentaires. Je travaille en étroite collaboration avec nombre d'entre elles. Les gens demandent ces produits dans les banques alimentaires. Ils en ont besoin.
    Nous le voyons de plus en plus, et comme nous le disions — je pense que Mme Shaw en a parlé —, nous constatons que plus les gens se sentent à l'aise, plus ils demandent de l'aide. Nous ne connaissons pas les chiffres réels.

[Français]

    Merci beaucoup de cette réponse, madame Kaftarian.
    Madame Skidmore, en réponse à une question d'une de mes collègues, vous avez parlé de la taxe menstruelle. J'ai déjà tenté de proposer au Comité de mener une étude sur le fait qu'un produit rose destiné aux femmes coûte déjà souvent plus cher qu'il ne devrait, en plus des produits supplémentaires qu'elles ont à s'acheter. Les femmes sont financièrement désavantagées pour plein de raisons et elles ont à investir davantage d'argent qu'un homme dans les produits de l'hygiène quotidienne.
     J'aimerais donc entendre votre point de vue sur cette question. Quand vous parlez de taxe menstruelle, ne serait-il pas aussi important d'élargir la discussion à la fameuse taxe rose, qui change vraiment le coût d'un produit selon sa couleur?

[Traduction]

    Que l'on appelle cela une taxe rose, une taxe sexiste ou peu importe, je pense qu'il est vraiment important de reconnaître que les femmes ne sont pas les seules à avoir leurs règles; il y a des personnes de tous les genres qui ont leurs règles. Nous devons nous assurer de ne pas les oublier dans le cadre de ces conversations. Je pense que c'est tout aussi important.
    Il ne fait aucun doute, et tout le monde ici pourra en attester — j'entends par là aussi bien les personnes qui participent par Zoom que la plupart des gens dans la salle — que, dans notre quotidien en général, nous payons beaucoup plus cher pour bien des choses. Je pense qu'il est important, pour le moment, de nous concentrer sur cette question, surtout parce qu'elle touche un très grand nombre de personnes dans nos collectivités et que le problème de la pauvreté menstruelle ne fait qu'empirer.
    Comme Mme Shaw l'a dit, nous devons nous assurer de collaborer avec les entreprises et les organisations qui œuvrent dans ce domaine. Grâce à leur expertise en la matière, ces entreprises et organisations continuent de relever la barre afin que nous éliminions la stigmatisation liée à la pauvreté menstruelle et aux menstruations en général, que nous en parlions plus ouvertement et que nous dissipions les préjugés connexes. C'est un énorme problème pour beaucoup de gens.
    Je dois dire que si vous m'aviez demandé, il y a environ 10 ans, de passer quelques jours par semaine à parler de la pauvreté menstruelle, des menstruations en général et des produits menstruels, je vous aurais probablement répondu que je ne m'imaginerais jamais faire un tel travail. Aujourd'hui, nous nous y consacrons entièrement ici, en Colombie-Britannique.
    C'est un problème de taille, mais je pense qu'il est vraiment important que nous continuions à faire avancer ce dossier.

  (1135)  

[Français]

     Merci beaucoup, madame Skidmore.
    En tant que porte-parole de l'égalité des genres pour ma formation politique, je suis tout à fait d'accord sur le fait d'élargir cette définition puisque différents genres peuvent aussi avoir des menstruations.
    Madame Kaftarian, je vous remercie d'avoir abordé cette question en lien avec les banques alimentaires. C'est un sujet dont on entend parler. Pour avoir participé à beaucoup de guignolées, la question d'ajouter des produits menstruels au panier de Noël revient de plus en plus. Il y a donc un lien à faire avec la question de l'alimentation. Les gens recherchent ces produits, car ils ont des difficultés financières et ont des choix difficiles à faire.
    Madame Girdauska, comme d'autres témoins, vous avez abordé la question de la sensibilisation. Cependant, comment peut-il y avoir une campagne de sensibilisation fédérale sans qu'il y ait ingérence dans les champs de compétence des provinces, la santé relevant de ces dernières?
    Dans mon deuxième tour de parole, je pourrai notamment revenir sur différentes initiatives qui se font au Québec.

[Traduction]

    Vous avez 20 secondes pour répondre.
    Au Canada, il n'y a qu'une poignée de provinces qui sont allées de l'avant et qui ont consacré des fonds à la lutte contre la pauvreté menstruelle. Beaucoup ont commencé par les écoles en y distribuant gratuitement des produits menstruels. Il s'agit de déterminer comment le gouvernement fédéral peut intervenir, dans les limites de son champ de compétence, mais il faut aussi aider à verser les fonds aux gens qui sont sur le terrain et qui font le travail. Beaucoup d'organisations sont composées de bénévoles qui sollicitent des dons. Qu'il s'agisse de réduire la stigmatisation, de sensibiliser les gens ou de déployer des efforts de sensibilisation, c'est ainsi que le gouvernement fédéral doit apporter son aide.
    Merci beaucoup.
    Nous allons maintenant retourner en ligne pour entendre Leah Gazan.
    Madame Gazan, vous avez six minutes.
    Merci beaucoup, madame la présidente.
    Merci à toutes les témoins d'être des nôtres.
    Ma première question s'adresse à Madeleine Shaw.
    Vous avez dit que l'accès aux produits d'hygiène menstruelle est, en fait, un droit fondamental. Je suis d'accord avec vous. Comme Jana Girdauskas l'a expliqué, nous n'avons pas besoin de demander du papier hygiénique quand nous allons aux toilettes, mais nous devons toujours le faire pour les produits d'hygiène menstruelle.
    Vous avez dit que c'est un droit fondamental. Seriez-vous d'accord pour dire que l'inaction du gouvernement fédéral — en fait, de tous les ordres de gouvernement — constitue une violation flagrante de ce droit?
    Je sais que vous avez parlé de la mise en oeuvre du projet d'équité par le gouvernement fédéral, mais vous avez ajouté qu'il fallait faire mieux. Pensez-vous que si le gouvernement fédéral ne réussit pas à faire mieux, il continuera de bafouer ce droit fondamental?
    Nous vivons à une époque extraordinaire. Je travaille sur ce dossier depuis 30 ans. Je viens d'un milieu où personne ne voulait en parler, et il ne faisait aucun doute que vous deviez payer pour vous procurer un produit menstruel dans les toilettes, si vous aviez la chance d'y trouver un distributeur. À l'époque, les toilettes des femmes étaient conçues de cette façon.
    Nous avons vu les efforts et le leadership des provinces, du gouvernement fédéral et des activistes d'organisations non gouvernementales, comme Centraide et The Period Purse. La vague de soutien est incroyable en ce moment. Le phénomène n'est pas propre au Canada, mais disons que notre pays est un chef de file en la matière. Le Canada a une occasion incroyable...

  (1140)  

    À ce sujet, toutefois... Je n'ai pas beaucoup de temps. Le fait de ne pas fournir des produits menstruels constitue‑t‑il une violation d'un droit fondamental, oui ou non?
    C'est ainsi que je vois les choses, personnellement. La réponse est donc oui.
    D'accord, merci beaucoup.
    Je vais passer à l'organisme The Period Purse.
    Madame Girdauskas, vous avez parlé de la question de l'accès à l'eau potable. Là encore, il s'agit d'un droit fondamental. Le fait de ne pas avoir accès à de l'eau potable... Nous parlons de l'eau pour boire, mais il y a aussi un lien avec la violation des droits de la personne en raison de l'incapacité d'assurer l'équité menstruelle. Dans quelle mesure est‑il essentiel que le gouvernement fédéral mette fin à tous les avis d'ébullition de l'eau pour réellement favoriser l'équité menstruelle au Canada?
    C'est Mme Kaftarian qui parle.
    Oui, nous devons tenir compte des avis d'ébullition de l'eau dans de nombreuses collectivités. Souvent, nous pensons que ces avis ne concernent que l'eau potable pour boire et cuisiner, mais il y a effectivement un lien avec l'équité menstruelle. Beaucoup de serviettes réutilisables, de sous-vêtements hygiéniques et de coupes menstruelles doivent être bien nettoyés dans de l'eau bouillante afin qu'ils demeurent stériles et fonctionnels. L'accès à de l'eau potable est également nécessaire pour se nettoyer, se laver les mains, etc. Les avis d'ébullition de l'eau et le manque d'accès à de l'eau potable comportent toutes sortes de répercussions. Il faut s'attaquer à ce problème.
    Merci beaucoup, madame Kaftarian. Je suis désolée de m'être trompée de nom. En tout cas, je vous remercie beaucoup de votre excellent témoignage.
    J'aimerais passer à Sussanne Skidmore, de Centraide.
    Vous avez dit quelque chose... Nous célébrons actuellement le Mois de la fierté. Vous avez dit que les personnes de tous les genres ont leurs règles. Je vais revenir à la question des droits de la personne, l'argument étant que l'accès à des produits d'hygiène menstruelle est un droit fondamental, tout comme l'est l'accès à de l'eau potable, et que l'incapacité d'y avoir accès constitue une violation des droits de la personne dans le contexte de l'équité menstruelle. En ce qui concerne le point que vous avez soulevé — à savoir que les femmes ne sont pas les seules à avoir leurs règles —, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet? Du point de vue des droits de la personne, à quoi ressemblerait l'accès égal aux produits d'hygiène menstruelle?
    Merci, madame Gazan. C'est une excellente question.
    En tant que personne queer, je ne connais que trop bien cette conversation. La réalité, c'est que les hommes transgenres ont leurs règles; en effet, les personnes qui s'identifient comme transgenres ou non binaires ont aussi leurs règles. L'impossibilité d'avoir accès aux produits crée un obstacle supplémentaire pour ces personnes et constitue une autre violation de leurs droits fondamentaux. C'est une difficulté de plus, qui peut placer certaines personnes dans des situations très dangereuses.
    Oui, c'est le Mois de la fierté. N'oublions pas que les personnes transgenres et non binaires assistent à une montée de la violence et de la peur. Quand une personne est contrainte de s'exposer aux autres en demandant un produit qui lui est essentiel parce qu'elle a ses règles, cela constitue une violation absolue d'un droit fondamental. Nous devons vraiment nous assurer d'être inclusifs lorsque nous faisons ce travail.
    C'est formidable.
    Madame Gazan, je peux voir que vous vous apprêtez à parler. Vous êtes tellement prête à poser votre prochaine question. C'est ce que j'adore en vous, mais nous reviendrons à vous tout à l'heure.
    Je vais maintenant céder la parole à Anna Roberts. Nous entamons notre deuxième série de questions.
    Allez‑y, madame Roberts. Vous avez cinq minutes.
    Merci, madame la présidente.
    Merci à toutes les témoins.
    J'ai quelques préoccupations et questions.
    En date de janvier 2023, 70 % des personnes se sont absentées de l'école ou du travail à cause de leurs règles. En mai dernier, le ministre a annoncé un financement de 25 millions de dollars sur deux ans. En décembre 2022, le ministre a annoncé l'accès gratuit à des produits menstruels dans tous les lieux de travail sous réglementation fédérale. En octobre dernier, le gouvernement de l'Ontario a conclu une entente de trois ans avec Shoppers Drug Mart pour offrir gratuitement des produits d'hygiène féminine dans les écoles.
    J'ai quelques questions à poser. Ces plans sont en place, mais 70 % des personnes s'absentent de l'école ou du travail. Nous avons tous ces plans et tous ces fonds pour les aider, mais le chiffre demeure très élevé. Avez-vous des statistiques qui expliquent pourquoi il en est ainsi? Je suis un peu perplexe, car nous investissons 25 millions de dollars et nous offrons gratuitement des produits et, pourtant, nous obtenons encore un taux de 70 %. Il y a, selon moi, une discordance entre les chiffres. Vous pourriez peut-être m'aider à mieux comprendre.

  (1145)  

    Absolument. C'est une excellente question.
    Tout d'abord, je pense que cela montre la gravité des lacunes et l'ampleur des besoins. Parlons de la situation dans les écoles, par souci de brièveté.
    Oui, le gouvernement de l'Ontario a consacré des fonds à la distribution de produits dans les écoles. C'était un premier pas incroyable. Or, si je ne m'abuse, cela représente environ sept serviettes hygiéniques par élève pour toute l'année scolaire. Nous estimons qu'en moyenne, une personne menstruée peut utiliser jusqu'à 25 ou 35 unités de produit par cycle. On ne donne même pas assez de serviettes hygiéniques aux élèves pour un cycle menstruel.
    Par ailleurs, le programme s'adressait uniquement aux élèves du secondaire et des niveaux supérieurs, alors que nous savons que les menstruations commencent dès la 5e année. Les écoles primaires et intermédiaires ont été laissées de côté. Certains conseils scolaires sont intervenus et ont redistribué certains produits, mais il n'y avait toujours pas assez de produits pour toutes les collectivités.
    C'est là que doivent intervenir d'autres secteurs du gouvernement et des organisations comme la nôtre pour combler ces lacunes et fournir des produits menstruels pour toute l'année scolaire, plutôt que pour un seul cycle. Nous devons en distribuer pour un usage à la maison et au travail. Il y a tellement d'autres endroits.
    C'est vraiment un pas dans la bonne direction, mais il y a encore beaucoup de lacunes à combler.
    Je vous remercie.
    Ce que vous dites, donc, c'est que malgré l'annonce faite en mai concernant un investissement de 25 millions de dollars sur deux ans, cela ne changera rien. C'est ce que vous laissez entendre.
    Non, je ne suis pas d'accord. Cet investissement améliorera beaucoup les choses. Est‑ce que ce sera suffisant pour remédier complètement au problème? Je ne saurais le dire.
    Il faudra déterminer le seuil, mais nous devons unir nos efforts et aider les gens. Si les personnes peuvent aller travailler, cela signifie qu'elles gagneront plus d'argent et qu'elles auront peut-être les moyens d'acheter leurs propres produits plus tard si elles parviennent à économiser de l'argent.
    Nous ne savons pas quel est le seuil pour plafonner le montant, mais nous savons qu'il faut répondre aux besoins actuels des gens, et il y a une énorme lacune que nous devons combler.
    Beaucoup de personnes travaillent de la maison par les temps qui courent, et ces produits sont offerts au travail, mais elles n'y ont toujours pas accès. Est‑ce exact?
    C'est exact. Nous avons besoin de réponses créatives à cet égard. Si les personnes travaillent de la maison, où peuvent-elles avoir accès à ces produits? Peuvent-elles les obtenir d'un autre endroit?
    Il ne faut pas oublier que certaines personnes ont les moyens de se procurer leurs produits. Elles vont choisir et acheter ce qu'elles veulent. Nous devons appuyer les personnes dont les règles surviennent à un moment inattendu, à l'extérieur de leur maison, ainsi que les personnes qui ont les moyens d'acheter leurs produits. C'est là que nous devons travailler avec des partenaires communautaires afin que les gens puissent utiliser ces points de contact pour obtenir ces produits.
    J'ai récemment parlé à une entreprise parce que ce sujet m'intéressait et parce que je savais que nous allions entreprendre cette étude. Vous pourriez peut-être répondre à ma prochaine question.
    J'ai demandé pourquoi le prix de ces produits avait augmenté, sachant qu'il s'agit de produits dont toutes les femmes ont besoin. On m'a expliqué que c'était attribuable, entre autres, à l'inflation et à la taxe sur le carbone. L'acheminement des produits jusqu'à leur destination a eu une incidence sur l'augmentation des coûts. Même si ces produits sont exempts de taxe, ils coûteront quand même beaucoup plus cher.
    Quelle solution auriez-vous à nous proposer, à nous et au gouvernement, pour rendre ces produits plus abordables?
    Tâchez de répondre en 15 secondes, grosso modo, car le temps est écoulé.
    Oui.
    Je ne connais vraiment pas les facteurs économiques qui permettront de rendre ces produits abordables, mais je sais que nous devons en tenir compte. Les prix sont à la hausse. Je les vois augmenter considérablement, comme vous l'avez dit.
    Le gouvernement devrait envisager toute mesure qui nous permettrait de réaliser des progrès.

  (1150)  

    Nous devrions peut-être éliminer la taxe sur le carbone.
    Je vous remercie.
    Merci beaucoup.
    Nous allons maintenant céder la parole à Sonia Sidhu, qui est en ligne. Madame Sidhu, vous avez cinq minutes.
    Merci, madame la présidente.
    Je remercie les témoins de comparaître aujourd'hui sur ce sujet important.
    Mes questions s'adresseront à Mme Shaw, de la Coalition pour l'équité menstruelle durable.
    Madame Shaw, comment envisagez-vous d'assurer l'accès équitable à des produits menstruels gratuits dans tous les espaces publics, comme les écoles, les bibliothèques, les centres commerciaux, les lieux de travail et d'autres installations communautaires? Nous savons que, d'ici le 15 décembre prochain, tous les lieux de travail et édifices sous réglementation fédérale devront fournir gratuitement des serviettes hygiéniques et des tampons dans les toilettes.
    Nous avons également entendu parler des obstacles et des groupes qui sont habituellement plus difficiles à atteindre. Que faites-vous pour surmonter ces obstacles?
    Merci beaucoup pour cette question.
    C'est une question à laquelle nous avons beaucoup réfléchi chez Aisle en particulier, mais je sais que nous ne sommes pas les seuls à l'avoir fait. Il s'agit d'une approche que nous appelons l'accès « centré sur l'utilisatrice ». Dans un premier temps, nous cernons les endroits où se trouvent les personnes qui ont besoin de produits menstruels, par opposition au modèle qui limiterait cela aux toilettes — où, nous en convenons, cela est essentiel. Par exemple, nous émettons des cartes-cadeaux qui peuvent être échangées électroniquement. Cela permet d'acheter et de choisir ses propres produits, d'obtenir exactement ce que l'on veut et de recevoir ces produits à domicile. De cette façon, la question n'est plus de savoir comment se rendre dans une salle de toilettes et où trouver ce produit, mais plutôt de savoir comment faire fonctionner ces solutions à son avantage.
    Cette approche a remporté un franc succès. Nous avons travaillé avec des employeurs comme la plus grande coopérative de crédit du Canada, Vancity, qui a distribué à ses employés des cartes-cadeaux d'une valeur de plusieurs milliers de dollars. À notre époque où tant de gens travaillent à domicile — comme vous l'avez souligné —, se rendre à une toilette peut poser problème. Cette approche permet de faire des achats en ligne et de choisir exactement les produits que l'on veut et dont on a besoin.
    C'est une façon de penser qui met l'accent sur les points d'accès autres que les toilettes. L'Université McGill, par exemple, a récemment distribué des tonnes de produits joni et Aisle à ses étudiantes, dans un effort pour les renseigner et les soutenir. Cela s'est fait sur les voies importantes que les étudiantes empruntaient, ce qui évitait à ces dernières d'aller dans les toilettes, de demander à quelqu'un, etc.
    Ce discours public décomplexé encourage non seulement l'accès aux produits, mais élimine également la stigmatisation et la honte. Il encourage la tenue de conversations positives. Au‑delà du simple accès aux produits, cela ouvre la porte à d'intéressantes possibilités.
    Voilà quelques exemples de ce qui se fait.
    Je vous remercie.
    D'après votre expérience, quels ont été les moyens les plus efficaces pour sensibiliser les gens, en particulier dans les collectivités rurales et les communautés multiculturelles?
    Les médias sociaux ont été un outil formidable. Je félicite Centraide et The Period Purse d'avoir vraiment fait passer le message que les produits menstruels sont bien plus qu'un simple moyen de ramasser un dégât ou qu'une solution à un problème: il s'agit d'emplois, il s'agit de l'acquisition d'une éducation, il s'agit d'un avenir et d'une vie auxquels les jeunes seront capables de participer pleinement.
    Nous voyons les campagnes qui ont été créées dans le cadre de Period Promise, et je pense que The Period Purse est un autre excellent exemple. Avec eux et Aisle, nous avons créé du matériel didactique pour les jeunes autochtones de la nation mohawk. Nous avons collaboré avec les aînés pour comprendre les termes liés à la menstruation qui sont utilisés dans la langue mohawk traditionnelle et nous avons créé du matériel didactique adapté à eux et respectueux de leur culture.
    Je pense qu'il y a beaucoup de place pour la créativité. J'aurais tendance à mettre en garde contre l'idée d'une façon de faire qui s'appliquerait à tous les publics. Nous devons vraiment penser aux besoins particuliers des diverses populations, qu'il s'agisse de personnes transgenres ou non binaires, de Néo-Canadiens ou des jeunes. Il faut accorder beaucoup d'attention au mode de vie de chacune de ces clientèles, à leurs besoins en matière d'éducation et à leurs attributs culturels.
    Madame Skidmore, pourriez-vous parler des pratiques exemplaires en matière de sensibilisation?
    Bien sûr. Comme Mme Shaw l'a dit, nous avons fait des choses créatives ici, en Colombie-Britannique. Nous avons parlé de cela avec des personnes non traditionnelles. Nous sommes allés voir des hommes occupant des postes de direction et des dirigeants dans des endroits où l'on n'a pas l'habitude de voir des femmes. Le président de l'International Longshore and Warehouse Union est un type un peu bourru et costaud, mais il est très loquace et c'est l'un de nos plus grands défenseurs.
    Je pense qu'il s'agit d'être créatif et de s'assurer que l'information est diffusée largement.
     Je vous vois, madame la présidente.

  (1155)  

    Vous êtes formidable. Merci beaucoup. Merci de me garder à l'œil.
    Je vais passer la parole à Andréanne Larouche pour les deux prochaines minutes et demie.
    Madame Larouche, nous vous écoutons.

[Français]

     Merci, madame la présidente.
    Encore une fois, mesdames Girdauska, Kaftarian et Skidmore, merci beaucoup de votre participation à cette étude. Vos témoignages nous seront très utiles.
    Madame Shaw, comme je le disais précédemment, des initiatives sont en cours dans les villes, dans les provinces et au Québec. Afin d'améliorer l'équité menstruelle, notamment, la Ville de Montréal a lancé le 1er juin le Programme d'accessibilité aux produits menstruels dans les édifices municipaux de son territoire. Des distributeurs automatiques de produits menstruels, soit des tampons et des serviettes hygiéniques, seront installés dans les bâtiments publics des différents arrondissements, qui permettront à toute personne qui en a besoin d'y avoir accès gratuitement. Pour sa part, le gouvernement fédéral a annoncé le 10 mai que les employeurs sous réglementation fédérale auront à partir du 15 décembre l'obligation de fournir des produits menstruels à leur personnel sur les lieux de travail.
     On voit de plus en plus de telles initiatives partout au pays. C'est une bonne nouvelle pour l'équité en matière d'accès aux produits hygiéniques. Or, je me demande ce que le fédéral pourrait faire de plus puisqu'il prévoit déjà rendre universel l'accès aux produits menstruels dans ses propres milieux de travail dès cette année. De plus, je crois que la balle est maintenant dans le camp du Québec et des provinces, puisque ce sont elles qui ont compétence pour légiférer en matière de santé. Qu'est-ce que le fédéral pourrait faire de plus dans le respect de ses champs de compétence?

[Traduction]

    Merci de cette formidable question.
    À bien des égards, le Québec a été un chef de file au pays pour ce qui est des moyens novateurs de traiter de l'équité menstruelle et de la pauvreté menstruelle. Par exemple, il y a le fait d'offrir des bons qui peuvent être échangés par les citoyennes dans plusieurs villes et municipalités.
    Dans le cadre de la séance d'aujourd'hui, l'une des principales choses que je souhaite faire, c'est de demander à chacun d'entre vous, en tant que membres du Parlement, d'adopter une résolution visant à trouver des solutions inclusives et durables à la pauvreté menstruelle. Nous avons une partie des réponses, mais je ne pense pas que nous les ayons toutes. C'est l'occasion pour le gouvernement d'utiliser l'ingéniosité et le leadership dont il fait montre actuellement à cet égard pour trouver de nouvelles solutions. Ces dernières pourraient inclure l'idée des bons, l'idée des cartes-cadeaux électroniques et celle de la diversification des points de distribution. Il s'agit d'examiner tous ces éléments et de s'écarter d'une mentalité qui consiste à chercher le Saint-Graal de l'équité menstruelle. En effet, il n'y a pas qu'une seule façon de faire les choses. Il n'y a pas qu'une seule façon de procéder.
    Je dois m'arrêter là. Je vous remercie.
    Merci, madame Shaw. Vous êtes fantastique.
    Nous allons maintenant passer à notre dernière série de questions, avec Leah Gazan.
    Madame Gazan, vous avez la parole pour deux minutes et demie.
    Merci beaucoup.
    Ma question s'adresse à Sussanne Skidmore.
    Nous savons que les organismes à but non lucratif ont du mal à fournir des produits d'hygiène menstruelle. Je dirais que l'approche que nous avons adoptée à cet égard est fondée sur le modèle caritatif alors que ce devrait être quelque chose qui est financé par l'État, puisqu'il s'agit d'un droit humain. La nécessité de fournir ce type de soins de santé aux personnes qui ont leurs règles ne devrait pas échapper à la responsabilité de l'état.
    Êtes-vous d'accord avec cela ? Selon vous, que faut‑il changer pour répondre à ce droit fondamental, par exemple dans les organismes à but non lucratif ?
    Je vous remercie.
    Je suis tout à fait d'accord avec vous. Le modèle caritatif est une solution de fortune à un problème qui est astronomiquement plus grand que nous ne le pensons. Les données que nous avons recueillies ici en Colombie-Britannique ne nous donnent pas un portrait complet de la question. Je pense que le gouvernement doit travailler avec les organismes communautaires et les organismes à but non lucratif sur le terrain pour s'assurer que ces derniers disposent de fonds pour ces produits, car c'est à ces organismes que les gens s'adressent. Il ne faut pas que ce soit eux qui soient mis à contribution. Ils ne devraient pas avoir à puiser dans les fonds dont ils disposent pour d'autres choses. La solution devrait être gouvernementale, et toutes celles qui ont besoin de ces produits devraient être en mesure de s'en procurer.
    Merci de votre question, madame Gazan.

  (1200)  

    Merci beaucoup.
    Madame Kaftarian, pourriez-vous nous en dire plus sur The Period Purse? Je sais que vous en avez parlé.
    Bien sûr.
    Nous devons envisager un éventail plus large d'endroits où nous plaçons ces produits. Il ne s'agit pas de miser seulement sur les organismes de bienfaisance. Il faut utiliser tous les points de contact dont nous avons parlé.
    Il s'agit aussi de renseigner les gens, de leur dire où ils peuvent trouver un produit. Il faut les informer de la façon d'offrir des produits gratuits dans leurs écoles, sur leurs lieux de travail. Cela devrait faire partie de la réflexion sur ce que nous faisons lorsque nous mettons ces produits à disposition des gens dans divers endroits.
    Merci beaucoup.
    Ai‑je encore du temps? Je suis désolée, je n'ai pas su m'arrêter.
    Le temps est écoulé, madame Gazan.
    Mme Leah Gazan: C'est ce que je pensais.
    La présidente: Ce n'est pas grave. J'essaie de travailler avec vous. Je vous remercie beaucoup.
    Au nom du Comité, j'aimerais vous remercier tous pour le superbe coup d'envoi de cette étude. Merci beaucoup pour tous vos formidables témoignages. C'est une étude très importante que nous entamons, et nous sommes très reconnaissants du temps que vous nous avez accordé.
    Ça va pour tout le monde?
    D'accord. Nous allons suspendre la séance.
    [La séance se poursuit à huis clos.]
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