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SRID Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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SUB-COMMITTEE ON HUMAN RIGHTS AND INTERNATIONAL DEVELOPMENT OF THE STANDING COMMITTEE ON FOREIGN AFFAIRS AND INTERNATIONAL TRADE

SOUS-COMITÉ DES DROITS DE LA PERSONNE ET DU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL DU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mercredi 9 mai 2001

• 1537

[Traduction]

La présidente (Mme Beth Phinney (Hamilton Mountain, Lib.)): Mesdames et messieurs, je déclare ouverte la séance du Sous- comité des droits de la personne et du développement international du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international.

Nous sommes le mercredi 9 mai 2001. C'est la deuxième réunion que nous tenons pour discuter de la Colombie. Nous recevons aujourd'hui deux groupes de témoins. Droits et Démocratie... C'est ainsi qu'on doit vous appeler? C'est maintenant votre titre officiel? Très bien. La représentante de Droits et Démocratie est Eleanor Douglas qui nous présentera sa collègue lorsqu'elle prendra la parole. Les représentants de la Fondation canadienne pour les Amériques sont Judy Meltzer et Gord Schonwalder.

Nous allons commencer par Droits et Démocratie. Eleanor, pourriez-vous commencer et nous présenter votre collègue.

Mme Eleanor Douglas (conseillère, Droits et Démocratie): Merci de nous avoir invitées à venir ici aujourd'hui.

Je suis accompagnée de Mary Durran. Elle travaille au service des communications de Droits et Démocratie.

Si j'ai bien compris, nous disposons d'une dizaine de minutes après quoi nous répondrons à vos questions. Je voudrais vous faire une mise à jour très rapide de certains des derniers événements survenus dans le processus de paix en Colombie, voir rapidement avec vous de quelle façon le gouvernement canadien participe à l'établissement de la paix dans ce pays et formuler quelques recommandations sur l'orientation.

J'aurais peut-être quatre ou cinq choses à dire à propos du déroulement du processus de paix au cours de l'année dernière. Malheureusement, il y a d'abord la détérioration terrible du conflit, y compris les massacres causés par des groupes paramilitaires de droite, l'augmentation des cas prouvés de violation des droits de la personne, des agressions contre des défenseurs des droits de la personne, des syndicalistes, des journalistes et des professeurs. Je n'entrerai pas dans les détails; cela figure dans le document que vous recevrez.

• 1540

Il y a certainement eu une détérioration du conflit au cours des 12 derniers mois. Ce n'est pas seulement du côté des paramilitaires. Les guérilleros y ont contribué en se servant d'armes difficiles à contrôler telles que des bonbonnes de gaz qu'ils ont fait exploser dans des petites villes. Il y a eu plusieurs incidents de ce genre. Nous ne pouvons certainement pas nier la responsabilité de la guérilla vis-à-vis de l'aggravation du conflit en Colombie.

Des civils non armés sont déplacés de force. Ce sont les gens qui sont attaqués, surtout dans la campagne, par des groupes militaires principalement et qui se trouvent forcés de migrer à l'intérieur du pays. Le nombre total de personnes déplacées a augmenté d'à peu près 300 000 et atteint maintenant environ deux millions.

Une autre réalité est peut-être un peu plus subtile. Ce qu'il y a d'inquiétant actuellement en Colombie, c'est ce que les Nations Unies appellent la désinstitutionnalisation de l'État démocratique. L'appui du public au processus démocratique commence à faiblir parce que les gens sont très fatigués. Ils sont très fatigués de la guerre, du conflit et de toutes ces souffrances humaines. Je ne dis pas que cela arrivera, mais nous devons comprendre que le processus de paix est fragile et en tenir compte. Il est fragile pour plusieurs raisons. L'une de ces raisons est que les gens commencent à ne plus y croire. Il faut en tenir compte, surtout pour examiner les recommandations quant à la façon de consolider les appuis au processus de paix.

Un aspect positif que je mentionnerai en ce qui concerne les 12 derniers mois est l'augmentation de l'intérêt que ce conflit suscite sur la scène internationale. Les allées et venues plus nombreuses entre la Colombie et les autres pays sont certainement un signe très positif. Je crois que la participation de la communauté internationale au processus de paix en Colombie est absolument cruciale. Le Canada est évidemment l'un des pays participants.

Il y a aussi le fait que les groupes qui participent à la guérilla ont accepté, pour la première fois, cette participation. Cela fait 20 ans que la Colombie négocie avec les guérilleros. Ce n'est pas la première fois. Mais c'est la première fois que la communauté internationale peut participer comme elle le fait maintenant.

Il y a plusieurs défis politiques à considérer, dont malheureusement l'attitude des États-Unis à l'égard de ce conflit. Nous ne pouvons pas éviter cette discussion. La détermination des États-Unis à maintenir leur domination sur la région et la façon dont ils ont choisi d'intervenir en Colombie sont problématiques. Cela reste vrai, que nous l'appelions le Plan Colombia ou maintenant, l'Initiative andine. Leur intervention sous la forme d'un accroissement du potentiel militaire n'est pas ce dont la Colombie a besoin pour établir la paix. Cela a seulement alimenté le conflit. La société civile du pays n'approuve certainement pas ce genre d'intervention et les guérilleros y voient une menace pour eux, ce qui les éloigne davantage de la table de négociation.

Il y a ensuite la politique que les États-Unis insistent pour adopter vis-à-vis de la Colombie en ce qui concerne le trafic de stupéfiants. La drogue pose un problème en Colombie. Mais ce n'est pas la cause des difficultés actuelles. À mon avis, si la production de drogue dans les pays andins est considérée comme la seule source du problème, c'est une façon très limitée de voir les choses. Le conflit en Colombie se trouve intensifié par la façon dont les États-Unis ont décidé de s'attaquer au problème des stupéfiants en envoyant de grandes quantités de matériel militaire.

La possibilité d'élargissement du conflit à d'autres pays pose également un défi politique. Je crois important que le gouvernement canadien en soit très conscient. En débordant des frontières de la Colombie, avec celles de l'Équateur, du Venezuela, de Panama et du Pérou, le conflit pourrait poser un problème pour la communauté internationale. Nous voyons déjà des incursions armées de l'autre côté de la frontière—non pas pour le trafic de stupéfiants, mais pour planter de la coca dans d'autres pays comme l'Équateur. Tout gouvernement devrait donc examiner sérieusement le risque d'escalade du conflit dans la région.

• 1545

Bien entendu, cela souligne également la nécessité de protéger certaines ressources comme le pétrole. Cela intéresse directement le Canada compte tenu du nombre de sociétés pétrolières canadiennes qui se trouvent en Colombie. Les États-Unis doivent protéger leurs réserves de pétrole, surtout au Venezuela. Mais la Colombie est maintenant le septième exportateur vers les États-Unis et il est donc de plus en plus important de pouvoir exploiter ces ressources pétrolières.

De nombreuses personnes ont conclu, au cours des 12 derniers mois, que le conflit risquait de s'intensifier. Il pourrait s'aggraver. Les choses vont déjà très mal, mais la possibilité qu'elles s'aggravent encore est bien réelle tant que certaines mesures ne seront pas prises et qu'on ne s'engagera pas plus à établir la paix.

Il faut notamment que l'establishment colombien décide s'il est prêt à payer pour obtenir la paix. Un processus de paix ne peut pas être un simple accord technique. Il faut apporter des changements structurels dans le pays. Il faut une réforme agraire. Il faut offrir des débouchés aux gens faute de quoi la paix ne se fera pas.

Il n'est pas encore évident que l'establishment colombien est prêt à en payer le prix. Nous croyons que c'est indispensable pour avoir un processus de paix réel et durable.

Une autre chose importante à considérer est que, lorsqu'on élabore des politiques pour un pays comme la Colombie, des politiques économiques, commerciales ou sur l'investissement, on ne peut pas s'imaginer que la situation est la même qu'en Suisse ou au Canada. La Colombie est, pour le moment, un pays très fragile. Toute intervention, qu'elle soit de la part de la société civile, du gouvernement ou du secteur privé, doit poursuivre des objectifs très clairs. Il faut établir ce que l'on essaie de réaliser. Et il faut s'assurer que l'intervention ne va pas saper un processus déjà fragile.

En dernier lieu, il faut penser au rôle doit jouer la société civile dans tout cela. Étant donné que vous négociez pendant que le conflit fait rage, nous pensons que les divers organismes et la société civile ont un rôle important à jouer. Il ne s'agit pas seulement de négocier la quantité d'armes qui devront être remises ou le nombre d'hommes et de femmes qui abandonneront l'uniforme du combattant, mais aussi la teneur des propositions, genre de société que nous voulons bâtir et le prix que nous sommes prêts à payer pour l'obtenir. Avec toutes ses contradictions internes et toute sa richesse, la société civile a un rôle important à jouer et doit être soutenue. Cela ne veut pas dire que les gouvernements n'ont pas besoin d'être soutenus eux aussi, mais dans le cas de la Colombie, il faut certainement appuyer la société civile.

Pour ce qui est du rôle que le Canada joue actuellement en Colombie, je crois qu'il joue un rôle très actif sur le terrain. Notre ambassade est connue pour les activités et l'énergie qu'elle déploie sur le terrain. L'ambassade du Canada dénonce activement les violations des droits de la personne. Nous participons aux deux processus avec les deux principaux groupes de guérilleros.

Un grand nombre de mes amis des ONG qui travaillent actuellement en Colombie connaissent les gens de l'ambassade, parce qu'ils sont allés leur rendre visite. L'ambassade du Canada joue donc un rôle actif sur le terrain et je crois qu'il faut l'apprécier. C'est un rôle positif au niveau local. Là où nous avons des difficultés, c'est à un niveau plus macropolitique. Il semble y avoir des contradictions inhérentes dans le rôle que le Canada est prêt et apte à jouer sur le terrain et le rôle qu'il n'est peut-être pas disposé à jouer plus ouvertement dans la sphère publique. C'est probablement en raison de nos relations avec nos voisins du Sud et de notre engagement envers un certain type de modèle économique.

Les Colombiens, les universitaires du monde entier, d'autres gouvernements et les Européens demandent notamment que l'on s'engage clairement à établir la paix et à ne pas renforcer le potentiel militaire en Colombie, les forces armées, comme le gouvernement américain a choisi de le faire par l'entremise du Plan Colombia.

• 1550

Le Canada a adopté publiquement une position neutre. Nous estimons qu'il n'est pas possible d'être neutres vis-à-vis de ce genre d'intervention. Quand le processus de paix est fragile dans un pays aussi ravagé par les conflits, si vous arrivez avec ce genre de matériel et de formation militaires, vous n'indiquez pas clairement que vous comptez trouver une solution pacifique. D'autres gouvernements l'ont déclaré sans équivoque, mais pas le nôtre.

La société civile du Canada continuera à réclamer au gouvernement canadien qu'il énonce publiquement sa position au sujet de l'intervention américaine en Colombie. Il se peut que cette intervention évolue et que nous puissions convaincre les États-Unis de trouver une façon différente d'intervenir. Néanmoins, pour le moment, il y a d'importantes divergences de vues, si vous voulez, entre les organismes de la société civile du Canada et nos collègues de Colombie.

Nous ne pensons pas que le Canada serait seul à prendre clairement position étant donné que l'Union européenne s'est déjà prononcée sans équivoque sur ce que devrait être une intervention positive en Colombie. Nous demandons au gouvernement canadien d'en faire autant.

Pour ce qui est de nos autres recommandations, nous voudrions que le gouvernement canadien continue de participer activement au processus de paix qui se déroule en Colombie, en faisant le même genre de choses que ce qu'il fait sur le terrain. Ce sont des mesures positives et nous souhaiterions qu'elles traduisent la politique du gouvernement et non pas une simple initiative de la part du personnel de l'ambassade ou des Canadiens qui sont sur place. Nous ne voulons pas que ce soit un simple hasard. Il s'agit là d'un processus à long terme. Il va durer des années. C'est difficile et nous exhortons le gouvernement à bien le comprendre.

En plus d'adopter une position semblable à celle du Parlement européen au sujet de ce processus, ce qui serait positif, selon nous, le Canada devrait se doter d'une politique cohérente, globale et diversifiée vis-à-vis de la Colombie. L'ACDI, le ministère des Affaires étrangères et même les organismes de la société civile devraient essayer d'élaborer pour l'intervention en Colombie un plan cohérent dont nous pourrons discuter ensemble au Canada et avec nos collègues de Colombie. Cette politique devrait prévoir un mode d'intervention cohérent. Cela comprend nos accords commerciaux avec la Colombie de même que les investissements que nous cherchons à promouvoir là-bas. Comme vous le savez sans doute, les sociétés canadiennes cherchent à investir en Colombie, surtout dans le pétrole. Il s'agit de voir si elles se sont informées pour bien comprendre les conflits qui règnent dans les régions où elles vont s'établir.

Nous ne disons pas que ce sont les sociétés canadiennes qui causent les massacres et ce genre de choses, mais le conflit est complexe. Ce n'est pas au point d'être incompréhensible, mais il faut comprendre ce qui se passe dans une région avant d'intervenir afin de ne pas aggraver la situation et de ne pas entraîner les parties dans des formes encore pires de confrontation armée, comme cela se produit déjà.

Nous réclamons donc un franc dialogue, comme celui-ci. Nous souhaitons ce genre de discussions et nous voudrions continuer à pouvoir discuter avec le gouvernement.

Comme je l'ai déjà mentionné, nous nous inquiétons également de la vente de matériel et de services militaires canadiens. Il est difficile de faire toute la lumière sur la récente affaire des hélicoptères, mais il faut resserrer la législation canadienne, du moins en ce qui concerne la vente de matériel militaire. Tant que nous n'aurons pas la preuve que l'armée colombienne n'est pas coupable de violations des droits de la personne, on n'est pas complice avec les factions paramilitaires de droite, nous recommandons que le Canada ne vende ni matériel ni services militaires aux forces armées colombiennes. Il est difficile de vérifier, sur le terrain, ce qu'il advient de ce matériel, mais il est absolument essentiel de le faire avant de vendre quoi que ce soit.

• 1555

Une dernière recommandation serait peut-être que le Canada tienne ici et cherche à promouvoir, dans l'hémisphère, un débat très ouvert, très franc, très éclairé et très professionnel sur la politique à l'égard des stupéfiants et de leur élimination.

De toute évidence, la criminalisation de la production de coca en Colombie ne règle pas le problème. Depuis des années, les États-Unis essaient de contrôler la production de coca en Colombie, mais les mêmes quantités de cocaïne continuent d'entrer aux États-Unis. Cette politique n'a pas été un succès. Il faut voir les choses dans une optique beaucoup plus vaste. Nous croyons que le Canada a pris l'initiative, à l'OEA, d'examiner certaines des vérifications et c'est très important.

Nous pensons que le débat doit aller encore plus loin. Il faut l'élargir pour voir quelles sont les autres solutions possibles au lieu de parler seulement de cultures de remplacement, comme si c'était facile. C'est très difficile. Quand vous travaillez dans une région comme le sud de la Colombie où il n'y a pas de routes, vous ne pouvez pas transporter vos récoltes vers l'extérieur. On ne peut parler avec insouciance de cultures de remplacement.

Nous estimons que le Canada pourrait jouer un rôle de chef de file, peut-être en favorisant un débat sur la question afin qu'un jour une autre solution que l'intervention américaine en Colombie puisse être trouvée pour résoudre le problème du trafic des stupéfiants.

Ma dernière recommandation, dont j'ai déjà parlé, est que le gouvernement devrait soutenir les organismes de la société civile qui ont besoin d'aide. Cela pourrait se faire de nombreuses façons, par exemple, en leur fournissant les moyens de poursuivre leur travail en Colombie, au beau milieu du conflit. Les universitaires qui étudient encore et qui écrivent, les peuples indigènes et les Afro-Colombiens qui font partie de la base ont besoin d'être protégés et il faut soutenir leur travail. Il faut comprendre qu'au milieu de toute cette horreur, il y a des gens qui font des choses très créatives et productives. Si nous perdons leur capacité de créer, de penser, de produire et même de rêver au milieu de l'horreur, nous perdrons énormément.

Pour conclure, je vous dirai simplement qu'il faut être là-bas pour ces gens-là. La route sera longue, et il faut que les autres gouvernements offrent leur appui et jouent un rôle dans le processus afin qu'ils comprennent les difficultés et la dynamique à long terme. Il est impossible de réduire les problèmes qui se posent en Colombie à une simple équation. Il s'agit d'un conflit complexe.

Plus vous en saurez à ce sujet, mieux cela vaudra. L'organisation Droits et Démocratie aimerait qu'une délégation officielle de parlementaires se rende en Colombie pour constater par elle-même la situation et rencontrer des gens sur place afin de bien comprendre et de bien sentir ce qui se passe dans ce pays.

Je vous remercie.

La présidente: Merci beaucoup, madame Douglas. Nous savons que vous avez des notes dont nous pourrions obtenir copie, mais le document n'est disponible qu'en anglais. Une fois qu'il aura été traduit, tout le monde en recevra un exemplaire. Nous allons poser nos questions lorsque les deux groupes auront terminé leur exposé.

Nous allons maintenant passer à la Fondation canadienne pour les Amériques. Qui en sera le porte-parole?

Mme Judy Meltzer (analyste de politique, Fondation canadienne pour les Amériques): C'est Gord qui va être notre porte-parole.

La présidente: Auriez-vous l'obligeance de vous présenter l'un et l'autre?

M. Gord Schonwalder (directeur adjoint, Fondation canadienne pour les Amériques): Je m'appelle Gord Schonwalder et je suis le directeur adjoint de la Fondation canadienne pour les Amériques ou FOCAL. Je suis accompagné par Judy Meltzer qui est notre analyste de politique pour la région andine. Elle a d'ailleurs consacré un certain temps à étudier le cas de la Colombie, de sorte qu'elle connaît probablement mieux ce pays que moi. Elle répondra d'ailleurs sans doute à certaines des questions.

Je voudrais vous dire quelques mots au sujet de la Fondation canadienne pour les Amériques afin que vous compreniez un peu mieux notre position et l'intervention que nous voulons faire. Notre organisation est un groupe de réflexion indépendant et à but non lucratif dont le siège est ici à Ottawa. Il a principalement pour mandat de renforcer et d'élargir les relations entre le Canada et les pays de l'Amérique latine et des Antilles. Ce que nous faisons en encourageant le dialogue et l'analyse des orientations politiques afin d'améliorer la compréhension des dossiers dans l'hémisphère et d'aboutir à des options de politique plus claires sur les dossiers qui intéressent l'hémisphère.

• 1600

Nous étudions ainsi entre autres les relations interaméricaines comme la formule des sommets et l'OEA, la gouvernance, la sécurité humaine, les politiques sociales et l'intégration économique. Nous étudions toutes ces questions grâce à l'intervention d'experts. Nous organisons des ateliers et des colloques. Nous surveillons la situation dans les différents pays de l'hémisphère et nous publions des énoncés de politique. Nous vulgarisons les résultats de nos analyses par plusieurs moyens comme la publication des énoncés de politique dont je viens de vous parler, ainsi que par des ateliers et des groupes de discussion.

La Colombie est devenue pour nous une priorité, et cela pour plusieurs raisons. En premier lieu, il y a l'aggravation du conflit qui règne dans ce pays. On y constate toujours des violations des droits de la personne ainsi qu'un affaiblissement des institutions démocratiques, en plus d'une kyrielle d'autres problèmes.

Nous venons tout juste de commencer à travailler sur le dossier colombien et nous n'avons pas encore de recommandations précises en matière de politique pour la bonne raison que nous n'avons pas encore conduit les activités dont je viens de vous parler, c'est-à-dire un dialogue avec les parties prenantes et avec les experts que nous connaissons, l'organisation d'ateliers et ainsi de suite. Nous venons tout juste de commencer à le faire, de sorte que nous n'avons pas encore de position spécifique dans ce dossier.

À notre avis, l'élément essentiel qui manque actuellement au Canada est qu'il ne semble pas y avoir de dialogue véritablement général. Il existe bien au Canada un certain nombre d'organisations et d'intervenants qui s'intéressent à la Colombie, notamment dans les milieux gouvernementaux et non gouvernementaux, dans les médias et dans le monde universitaire, mais personne n'a encore réuni tous ces acteurs pour étudier le dossier sous un angle holistique afin d'en dégager quelques idées qui pourraient alors être disséminées. Nous aimerions pour notre part pouvoir contribuer à ce processus. C'est essentiellement sous cet angle que nous nous percevons. Nous nous voyons comme un genre de passerelle, comme un genre de courtier, quelqu'un qui pourrait réunir les différents acteurs dans le cadre d'un dialogue. Mais nous sommes encore au tout début du processus.

Cela dit, je ne voudrais pas que vous pensiez que nous n'avons rien à dire. Nous avons déjà publié deux énoncés de politique au sujet de la Colombie, et nous les avons ici. Malheureusement, l'un d'entre eux n'est qu'en anglais et le second n'est qu'en français. J'ignore si cela est conforme au Règlement de la Chambre, mais si ce n'est pas le cas, nous nous contenterons de vous les remettre et vous pourrez vous charger de les faire traduire. Vous pouvez également les consulter sur notre site Web.

Notre position en ce qui concerne la Colombie est que le Canada devrait intervenir davantage. Je pense que la présence du Canada est insuffisante et je voudrais vous expliquer cette thèse de façon plus détaillée. Le Canada devrait intervenir davantage dans le dossier colombien pour la bonne raison que le conflit qui règne dans ce pays est à l'heure actuelle l'un des problèmes les plus graves de l'hémisphère. Ce conflit est devenu l'un des principaux problèmes de politique étrangère de l'hémisphère, pas seulement pour le Canada, mais également pour les autres pays. Le Canada a plus particulièrement intérêt à intervenir dans ce dossier et à en faire une de ses priorités en matière de politique étrangère parce que notre pays a un rôle à jouer du fait qu'il devient un acteur clé dans l'hémisphère, à preuve le Sommet qui a eu lieu le mois dernier à Québec. Depuis 10 ans, le Canada s'intéresse de plus en plus au dossier concernant l'hémisphère. Il est entré à l'OEA et il y est devenu plus actif, à tel point qu'il dispose de beaucoup d'atouts. Nous sommes convaincus que si le Canada veut jouer un rôle clé dans l'hémisphère, il ne peut pas se permettre de rester sur la touche et de ne pas intervenir dans le dossier colombien.

De toute évidence, il y a d'autres excellentes raisons encore, qui ont beaucoup à voir avec les objectifs classiques du Canada en matière de politique étrangère comme, par exemple, le soutien de la démocratie. Sur le plan intérieur, il y a d'autres questions qui sont plus brûlantes. Il y a au Canada des réfugiés colombiens, et cela également est un problème. Par ailleurs, le Canada est un pays consommateur de drogues illicites. Il y a toute une série d'éléments qui militent ainsi pour une plus grande participation du Canada.

• 1605

Cela étant, nous pensons que le genre de conflit auquel nous assistons et la façon dont ce conflit se déroule—son aggravation, les violations des droits humains, l'affaiblissement des institutions étatiques et la fragilité de la démocratie pour ne citer que ceux-là—ouvrent la voie à une intervention non seulement au niveau bilatéral, c'est-à-dire comme bailleur d'aide et d'assistance technique, mais également au niveau macropolitique. Cela signifie que le Canada devra travailler avec d'autres protagonistes, d'autres pays en particulier, qui eux aussi commencent à devenir parties prenantes dans le conflit. Comme la communauté internationale s'intéresse de plus en plus à la Colombie, le moment semble bien choisi pour que le Canada joue un rôle plus important à ce niveau, et non seulement il peut le faire, mais il doit le faire.

Les avantages seraient parfaitement évidents. Comme je l'ai déjà dit, si le Canada veut qu'on prenne au sérieux son rôle de protagoniste clé dans l'hémisphère, sa crédibilité a tout à gagner si nous jouons un rôle dans ce conflit. Nous pourrions également rehausser notre réputation de réservoir d'experts—si vous me permettez l'expression—dans des domaines comme l'édification et le maintien de la paix. Si le Canada n'agissait pas dans ce sens, s'il restait sur la touche, non seulement sa crédibilité en souffrirait, mais on pourrait être porté à penser qu'il ne prend pas suffisamment au sérieux les dossiers qui intéressent l'hémisphère.

Il y aurait d'autres conséquences également. Il faut penser à la façon dont nous allons intervenir. De toute évidence, si le Canada intervient du mauvais côté ou s'il n'intervient pas de la bonne façon, il y aura des conséquences. On risquerait par exemple de se trouver associés à des gens qui ne sont pas du bon côté.

Notre position est que dans l'état actuel des choses, le Canada aurait probablement tout à gagner en essayant de jouer un rôle de médiateur ou de courtier—je sais que ce sont des termes lourds de signification, et j'espère donc ne pas les utiliser de façon biaisée. Quoi qu'il en soit, le Canada pourrait faire beaucoup en tentant de rapprocher les parties, en essayant de les faire asseoir à la même table, mais également en s'associant à d'autres acteurs internationaux pour faciliter la recherche d'une solution aux hostilités. Je vais d'ailleurs en parler un peu plus longuement plus loin.

Je ne vais pas vous parler de ce conflit en détail car je pense que vous avez déjà, à d'autres séances, fait un tour d'horizon de la situation avec les représentants du gouvernement qui sont venus vous expliquer toute la complexité de la situation.

Je vais me contenter de vous exposer en quoi le Canada a la possibilité de jouer un rôle constructif. En premier lieu, je l'ai déjà dit, il s'agirait pour le Canada de jouer un rôle actif au sein des institutions de l'hémisphère ainsi que dans les processus déjà en cours. Il faudrait maintenant que le Canada concrétise l'impulsion qu'il a donnée à tous ces dossiers qui intéressent l'hémisphère, ce qu'il a commencé à faire à l'Assemblée générale de l'OEA en 2000 ainsi qu'au Sommet de Québec.

Le Canada a déjà une présence au niveau local, et il est intervenu avec beaucoup d'insistance dans le cas des enfants victimes de la guerre et des populations déplacées. Pour ce qui est des projets plus concrets, le Canada a déjà fait beaucoup, et il participe de plus en plus de près au processus d'établissement de la paix. Pour vous donner un exemple, le Canada est le principal facilitateur de ce qu'on appelle le Groupe des Dix, un groupe de 10 pays qui ont pris l'initiative de faciliter les négociations entre un des groupes de guérilleros, le FARC, et le gouvernement colombien.

Simultanément, le Canada a aussi consenti provisoirement à jouer un rôle dans les négociations avec l'autre groupe de guérilleros, l'ELN, négociations qui devraient, espérons-nous, commencer bientôt.

Nous constatons toutefois que cette intervention a tendance à se faire par des voies non officielles. L'ambassade a été très active dans ce sens. Et ses représentants étaient présents lors de plusieurs réunions. Tout cela est bon signe, mais il n'empêche que cette intervention officieuse ne semble pas bénéficier d'un appui plus officiel. Nous sommes portés à penser que l'intervention du Canada dans ces procédures et au sein de ces institutions devrait devenir officiellement une de ses priorités de politique étrangère. C'est là le principal élément que nous voulions faire valoir ici.

• 1610

Je vais maintenant faire un survol de quelques autres problèmes qui ont un lien avec l'orientation principale que nous avons pu constater.

La présidente: Excusez-moi de vous interrompre, mais Judy va-t-elle également prendre la parole?

Mme Judy Meltzer: Non.

La présidente: Fort bien. Je vous concède encore quelques minutes, mais nous voulons que les membres du comité aient également le temps de vous poser des questions.

M. Gord Schonwalder: D'accord, je vais être bref.

En Colombie, l'un des problèmes fondamentaux qui appellent toujours une solution, un problème d'ailleurs pour lequel le Canada aurait particulièrement intérêt à intervenir, et à le faire sous un angle distinct, c'est l'affaiblissement des institutions démocratiques. Il n'y a pas qu'un simple conflit armé qui fait rage en Colombie. Ce conflit armé allié au problème de la drogue a eu un effet très débilitant sur les institutions démocratiques. À tel point d'ailleurs que c'est l'État démocratique tout entier qui risque de s'effondrer, ce qui serait particulièrement dramatique, étant donné surtout la situation géographique de la Colombie dans la région andine, une région qui est déjà affligée par les mêmes problèmes. Nous sommes convaincus qu'avec l'expérience qu'il a des dossiers comme celui de la gouvernance démocratique, le Canada pourrait utilement intervenir pour renforcer ces institutions.

Le Canada pourrait également jouer un rôle plus actif dans la recherche de nouvelles stratégies de développement. Jusqu'à présent, il a répugné à le faire parce que souvent, ces stratégies exigent l'éradication des cultures, et j'entends par là celle de la coca. À notre avis, il n'y a pas là de lien obligé. Et si ce lien n'existe pas, à ce moment-là nous estimons que le Canada pourrait faire quelque chose d'utile dans ce sens, et peut-être l'ACDI pourrait-elle réexaminer ses stratégies.

La politique régionale est un autre élément important. Les pays qui entourent la Colombie deviennent eux aussi des acteurs dans le conflit. Ils ont commencé à prendre position plus fermement. Ils ont fait valoir leurs préoccupations, et ils ont également signalé leur volonté de jouer un rôle dans la recherche d'une solution au conflit. Ici aussi, le Canada pourrait faciliter le processus en utilisant les relations qu'il a déjà établies avec ces pays ainsi que le fait qu'il est souvent perçu—et à juste titre d'ailleurs—comme un participant impartial, un participant qui peut vraiment amener les parties à la conciliation.

Outre le palier régional, il y a également celui des acteurs extra-hémisphériques. On a parlé de l'Europe. Nous avons également la conviction que le Canada pourrait jouer un rôle coordonnant ses efforts avec ceux des autres intervenants, en collaborant en particulier avec l'Union européenne étant donné que les positions respectives semblent relativement proches pour autant qu'elles aient été exprimées.

De toute évidence, ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que personne ne pourra imposer une solution à la Colombie. Personne ne peut aller sur place et intervenir en imposant un règlement concocté d'avance. Cela doit se faire en concertation avec les Colombiens. Ces derniers doivent commencer par s'entendre sur un règlement politique. À ce moment-là, l'intervention de tierces parties pourra avoir lieu, mais il faut que les Colombiens commencent par prendre l'initiative.

En conclusion, je le répète, nous sommes surtout convaincus que le Canada doit intervenir de plus près dans le dossier colombien. Il faut qu'il s'engage officiellement à rester présent tout au long de la route qui conduira à la paix. Le Canada ne doit plus se limiter à intervenir dans le cadre de projets bilatéraux conduits au niveau local mais s'engager également au niveau macropolitique pour pouvoir devenir un protagoniste clé pour le renforcement de la démocratie et l'avènement d'une paix négociée.

Nous avons également la conviction que le Canada a les moyens de contribuer beaucoup au processus de paix. Ne pas le faire aurait pour résultat une diminution de sa crédibilité en tant que partenaire important et sérieux dans l'hémisphère, et c'est là une crédibilité que le Canada est à la veille d'acquérir et de pouvoir exploiter.

Je vous remercie beaucoup.

La présidente: Merci. Ce que les deux groupes viennent de nous dire a été fort intéressant.

Nous allons commencer par M. Rocheleau.

[Français]

M. Yves Rocheleau (Trois-Rivières, BQ): Merci, madame la présidente.

[Traduction]

La présidente: Je pense que nous allons procéder par intervention de 10 minutes, si vous le voulez bien, après quoi nous allons alterner.

• 1615

[Français]

M. Yves Rocheleau: Mes premiers mots iront en termes de remerciements aux témoins pour leur comparution.

J'ai deux questions que j'adresserai à Mme Douglas. Pourriez-vous élaborer davantage sur les deux points suivants: d'abord, vous avez mentionné que dans votre lecture des événements, vous craigniez qu'il y ait une possibilité d'extension du conflit aux pays frontaliers, que la situation dégénère et que les pays voisins soient aussi touchés, si je vous ai bien comprise. Pourriez-vous expliquer davantage?

En deuxième lieu, vous avez parlé d'une forme de contradiction qui existerait dans l'attitude du Canada, entre son comportement sur le terrain et ses relations amicales avec les États-Unis, si j'ai bien compris. Là-dessus aussi, pourriez-vous élaborer davantage?

[Traduction]

Mme Eleanor Douglas: Pour ce qui est de la possibilité que le conflit gagne les pays voisins, il s'agirait en l'occurrence surtout de Panama, du Venezuela et de l'Équateur, et peut-être aussi du Pérou, de la Bolivie et du Brésil. Par contre, le conflit se propage de différentes façons.

Pour commencer, il y a les populations qui traversent les frontières suite à l'éradication des cultures de coca dans le sud de la Colombie, mais également pour fuir le conflit. Il faut donc être attentif à ces frontières afin que les populations déplacées—en fait, elles ne sont plus déplacées, puisqu'il s'agit d'authentiques réfugiés qui traversent la frontière—conservent leurs droits. Le problème s'est posé à Panama, au Venezuela et en Équateur.

La deuxième problématique de la propagation du conflit est que, comme vous le savez, la cocaïne et les autres drogues font l'objet d'un commerce illicite et, aussi longtemps que ce commerce produira des bénéfices, les gens trouveront toujours semble-t-il le moyen de cultiver la matière première. Par conséquent, là où il y a eu des campagnes massives d'éradication, comme dans le sud de la Colombie, les activités de production semblent se déplacer ailleurs en Colombie, pour commencer, mais certains éléments portent également à penser, surtout le long de la frontière avec l'Équateur, qu'on trouve désormais dans ce pays aussi des cultures et des laboratoires.

Le troisième élément est que les autres pays ont peur de ce conflit, de sorte qu'ils ont commencé à surveiller de très près leurs frontières, et s'il faut assurer un genre de protection militaire, ils seraient prêts à le faire. Il y a donc là une véritable possibilité d'escalade.

Le quatrième élément tient à mon avis au fait qu'en raison de la crainte que le conflit gagne du terrain, ces pays qui se sentent menacés ont commencé par demander, surtout au gouvernement des États-Unis, un soutien militaire accru. Cela a donné ce qu'on a appelé l'Initiative andine. Il s'agit encore surtout de combattre le trafic des stupéfiants et d'éradiquer les cultures, mais avec une composante militaire assez significative toutefois.

Ce sont là les tendances, des tendances qui ne sont pas encore arrivées au stade de la crise, mais la possibilité que ce genre d'activité se poursuive et se développe le long des frontières de la Colombie, reste préoccupante. Il y a donc le problème du déplacement des populations outre-frontières et celui de la propagation du conflit lui-même à d'autres pays. D'après ce qu'on semble voir actuellement dans le nord de l'Équateur, il semblerait que le FARC ait commencé à recruter des Équatoriens. Il y a eu des incursions militaires dans le nord de l'Équateur et des escarmouches entre le FARC et les factions paramilitaires. Comme les frontières traversent la jungle ainsi que des régions montagneuses, elles ne sont pas bien marquées et il est toujours difficile d'affirmer qu'il y a effectivement eu des incursions. Mais le cas s'est produit. Les Équatoriens disent qu'il y a des Colombiens qui achètent des terres chez eux et ils ont l'impression que c'est pour y cultiver la coca. Voilà donc certains des éléments qui nous poussent à conclure à la possibilité que le conflit gagne du terrain.

En deuxième lieu... peut-être qu'on ne peut pas vraiment parler de contradiction. J'ai l'impression qu'en ce qui concerne le rôle du Canada en Colombie—je suis d'accord avec ce qu'on vient de dire—le Canada joue un rôle positif dans le processus de paix. Ce n'est pas seulement en raison du gouvernement qui dirige la Colombie ou des gens qui sont à l'ambassade, mais parce qu'il s'agit de la politique du Canada.

• 1620

En outre, et puisse aborder certaines des autres questions qui se répercutent sur le processus de paix. Un grand nombre d'organismes de la société civile considèrent que la participation des États-Unis au processus sous la forme d'un renforcement du potentiel militaire ne contribue pas à résoudre la situation. D'autres gouvernements l'ont dit et nous demandons au gouvernement canadien de le dire lui aussi pour compléter son appui au processus de paix. Nous voudrions que le Canada soit plus clair.

L'autre jour, à une conférence, un universitaire canadien a dit que le Canada avait une politique «agnostique» vis-à-vis de la Colombie. Nous disons que nous ne voulons pas de politique agnostique. Nous voulons une politique parfaitement claire.

Nous savons également quelles sont les limitations, mais nous voulons entendre la voix de la morale. Pour revenir à ce que vous avez dit quant à l'attitude des autres à l'égard du Canada, vous avez les moyens de jouer ce rôle.

Le Canada n'est pas vu de la même façon dans le Sud. Il n'est pas vu de la même façon en Colombie. Les Colombiens s'attendent à ce que le Canada exprime davantage son opinion. La contradiction que je vois là vient de nos relations très étroites et très nécessaires... nos relations étroites avec les États-Unis et leur importance économique pour le Canada. C'est sans doute un facteur qui empêche de faire les choses que nous souhaitons.

Le Canada devrait toutefois penser à la contribution positive qu'il pourrait apporter en jouant un rôle plus actif, sans oublier que les gouvernements européens pourraient facilement se joindre à lui.

La présidente: Judy, avez-vous quelque chose à ajouter?

Mme Judy Meltzer: Oui. Je voudrais ajouter quelque chose à l'excellent résumé qu'Eleanor a fait de la situation dans la région et les pays voisins. Une chose que je crois également importante pour le Canada c'est que, lorsque nous commençons à parler d'une politique régionale, nous avons tendance à homogénéiser les problèmes.

Du point de vue des États-Unis, une politique régionale peut signifier une militarisation, par exemple. Il faut bien se dire que les pays de la région ressentent de façon différente les conséquences de la situation et qu'ils entretiennent des relations très différentes avec la Colombie.

Le Brésil, par exemple, a adopté une attitude attentiste jusqu'ici. Il s'est fait le critique le plus véhément du Plan Colombia et de la politique américaine dans la région. Plus récemment, il est intervenu de façon un peu plus concrète. Il a conclu une alliance avec l'aérospatiale européenne pour effectuer une surveillance. Il s'inquiète beaucoup de l'intégrité de ces milliers de kilomètres de frontière amazonienne. Le Brésil voit les choses dans une optique très particulière.

Le Venezuela et la Colombie ont eu des relations très froides. Récemment, il y a eu un rapprochement superficiel entre les deux pays. À certains égards, ce rapprochement est facilité par le Mexique. Il se peut que Fox cherche à obtenir un peu d'autonomie vis-à-vis des États-Unis. Mais le G-3, le lien entre la Colombie, le Venezuela et le Mexique, qui se fonde principalement sur le commerce, a été réactivé. Le Venezuela et la Colombie ont récemment convenu d'assurer ensemble la sécurité des frontières. Le Venezuela joue donc un rôle intéressant dans ce conflit et, bien entendu, il a eu tendance, par le passé, à soutenir les guérilleros.

Il y a beaucoup de tension entre la Colombie et le Venezuela si bien que la nature de leurs relations n'est pas la même qu'avec l'Équateur qui s'est beaucoup rapproché des politiques américaines et qui cherche à participer à la stratégie anti-stupéfiants des États-Unis. L'Équateur a ouvert une base de l'armée de l'air américaine dans une de ses villes côtières, Manta. Cela représente de gros investissements.

Par conséquent, dans la mesure où tous ces pays éprouvent les mêmes problèmes—comme vous l'avez dit, celui des réfugiés, de l'expansion de l'industrie de la drogue—la quantité de drogue qui sort de la région n'a pas vraiment changé; elle s'est simplement dispersée.

Je crois qu'une politique régionale ne devrait pas être une politique homogène. Il faut tenir compte des relations différentes entre chacun de ces pays. Mais il est important d'intervenir sur une base régionale. Je voulais seulement ajouter cette perspective macropolitique.

[Français]

M. Gord Schonwalder: Je voudrais seulement ajouter quelques mots. Je crois, si je peux parler à titre personnel, que si le Canada avait une position claire sur la Colombie, cette position serait vraisemblablement très similaire à la position européenne. La position européenne, ce n'est pas une seule position. Il faut se rendre compte que le Parlement européen est toujours beaucoup plus fort dans ses résolutions que la Communauté européenne ou le Conseil européen, où vous avez les États membres de l'Union européenne.

• 1625

Il faut faire une différence entre les deux. Mais quand même, je crois que les positions de base du Canada seraient probablement un peu plus proches de la position européenne.

En même temps, et c'est une chose à laquelle il faut réfléchir, c'est que les États-Unis seront toujours là en Colombie. Je ne crois pas qu'on puisse envisager une situation où les États-Unis n'interviendraient plus dans le conflit qui a lieu en Colombie. Donc, la question se pose de savoir qui va s'adresser aux États-Unis et s'il y a quelqu'un qui puisse le faire afin d'assurer un compromis entre les positions divergentes, entre les différentes positions?

Or, s'il y a un pays qui pourrait jouer un tel rôle, c'est le Canada. C'est beaucoup plus facile pour le Canada que pour les Européens. Donc, peut-être faudrait-il aussi voir le problème sous cet angle. Cela ne veut pas dire qu'on ne devrait pas critiquer certains éléments du Plan Colombia, certains éléments qui ne fonctionnent pas, mais en même temps, il serait aussi important d'avoir quelqu'un qui puisse parler aux Américains.

[Traduction]

La présidente: Merci beaucoup.

Monsieur Robinson.

M. Svend Robinson (Burnaby—Douglas, NPD): Merci.

Je tiens à remercier les témoins pour leurs témoignages et le travail qu'ils ont accompli au cours des années. Je suis surtout au courant des efforts qu'Eleanor a déployés sans relâche, ici au Canada et en Colombie.

Je voulais seulement revenir à une ou deux questions qui ont été soulevées.

En ce qui concerne le Plan Colombia, je suis certainement d'accord avec Droits et Démocratie pour dire que notre gouvernement doit prendre clairement position au sujet de la composante militaire de ce plan. J'ai soulevé la question à la Chambre et en comité et je continuerai de le faire. Je trouve particulièrement triste que des hélicoptères canadiens participent à la composante militaire du Plan Colombia, des hélicoptères que nous avons vendus aux États-Unis et qui, parce que nous n'avons imposé aucune exigence quant à leur utilisation finale, ont servi pour l'intervention militaire américaine dans le sud de la Colombie.

Avant de poser quelques questions, je voudrais savoir si la Fondation canadienne pour les Amériques a pris position au sujet de la politique du Canada concernant le Plan Colombie et sa composante militaire?

M. Gord Schonwalder: Puis-je répondre directement? Non, nous ne l'avons pas fait. Nous n'avons pas pris position au sujet du Plan Colombie pour la simple raison que nous n'avons pas terminé notre analyse du problème. En même temps, nous ne sommes pas un organisme de pression. Notre principale mission consiste à réunir les gens pour formuler des recommandations sur des orientations politiques. Nous n'avons donc pas pour habitude de prendre fermement position sur des questions de politique. Nous essayons de jouer davantage le rôle de passerelle.

Je peux dire que nous n'en sommes pas encore arrivés au point où nous pourrons nous prononcer fermement sur l'une de ces questions. J'irais jusqu'à dire que certains éléments du Plan Colombia ont certainement de quoi nous inquiéter. Cela me paraît assez clair. Mais nous n'avons pas pris position et, comme je l'ai dit, nous n'avons pas vraiment l'habitude de le faire.

M. Svend Robinson: Vous ne prenez donc pas position sur les événements qui se passent dans l'hémisphère?

M. Gord Schonwalder: Nous essayons de formuler des recommandations sur des orientations politiques et nous laissons aux décideurs le soin de les mettre en oeuvre ou d'en faire des politiques.

M. Svend Robinson: Je ne comprends pas très bien la différence entre une recommandation sur une orientation politique et une prise de position. Par exemple si, à la suite de votre analyse du Plan Colombia—qui n'est pas nouveau et qui remonte déjà à un certain temps—vous estimiez que le Canada doit prendre fermement position au sujet de la composante militaire, comme bien d'autres pays l'ont fait, vous ne seriez pas en mesure de formuler cette recommandation au gouvernement?

M. Gord Schonwalder: Non, ce serait une possibilité. Nous pourrions formuler une recommandation politique sur un élément du Plan Colombia. Mais nous n'en sommes pas encore arrivés là. C'est toutefois une possibilité.

En même temps, je peux seulement répéter que nous sommes l'un des rares organismes du Canada qui peut réunir autour de la table des gens représentant les différentes tendances politiques. À ce titre, nous hésiterions peut-être un peu plus qu'un organisme de pression à prendre fermement position. Cela ne nous empêche pas de formuler des recommandations sur des orientations politiques et ne réduit en rien notre capacité à favoriser le dialogue et la discussion.

• 1630

M. Svend Robinson: Nous attendrons certainement avec impatience les résultats de vos délibérations sur le Plan Colombia.

Peut-être que Mme Douglas pourrait nous faire part de sa perception de ce qui s'est dit sur la Colombia à la Commission des droits de l'homme des Nations Unies, à Genève.

Lorsque j'étais en Colombia en janvier, j'ai rencontré Anders Kompass, le représentant des Nations Unies. Dans son dernier rapport aux Nations Unies, il avait critiqué sévèrement la position du gouvernement colombien, en particulier sur la question de la collaboration entre les groupes paramilitaires et l'armée et sur l'impunité quasi totale qui règne en Colombie. Il m'a dit que cette année, le ton de son rapport serait encore plus critique et qu'il y avait eu détérioration de la situation en Colombie. Il condamnait le rôle que joue le gouvernement colombien à bien des égards.

Je n'ai pas encore eu l'occasion d'examiner le rapport, mais peut-être pourriez-vous nous résumer ce qui s'est dit au sujet de la Colombie à la Commission des droits de l'homme et nous parler du rôle que le Canada y a joué. Je sais qu'une résolution ferme sur les violations des droits de la personne à Cuba a été adoptée, bien que je n'aie pas entendu parler de nombreux massacres ou disparitions à Cuba récemment. Je me demande si la Colombie a fait l'objet d'une résolution ou d'un énoncé de la présidence.

Mme Eleanor Douglas: D'abord, je dirai que le bureau onusien des droits de la personne en Colombie est très important. C'est l'un des seuls qui existent au monde. Le Canada appuie ce bureau, qui exerce une surveillance du respect des droits de la personne tout en essayant d'aider le gouvernement colombien à progresser à ce chapitre. Ce travail constitue un appui clé pour le pays.

Je n'ai pas assisté aux séances proprement dites à Genève. J'ai lu le rapport du haut-commissariat, qui critique encore plus sévèrement que le précédent les éléments que vous venez de mentionner—la détérioration du conflit, le nombre croissant de massacres perpétrés par les groupes paramilitaires, la multiplication des enlèvements, dont la plupart sont imputables aux organisations de la guérilla et aux paramilitaires, et l'impuissance du gouvernement colombien—sans parler du manque de volonté—à rompre les liens entre l'armée et les groupes paramilitaires. Voilà une condition essentielle à l'amélioration de la situation colombienne. Si cela ne se produit pas, il n'y aura pas de processus de paix. Il sera impossible de gagner la confiance de la population civile et des négociateurs de la guérilla si les paramilitaires ne sont pas freinés et si le gouvernement ne s'efforce pas de juguler le type d'actions qu'ils préconisent.

Je crois qu'il n'est pas nécessaire d'en faire la preuve, de revoir les documents qui établissent les liens qui existent entre les membres, les institutions, et des pans des forces armées et des groupes paramilitaires. Le lien est clair.

Droits et Démocratie n'affirme pas que les groupes paramilitaires sont une institution du gouvernement. Il n'y a pas de ministère des Opérations paramilitaires au sein du gouvernement Pastrana; ce n'est pas ce que nous affirmons. Toutefois, les liens entre l'armée et les paramilitaires sont clairs. Le Département d'État en obtient constamment la confirmation. Jusqu'à ce que ce lien soit rompu, il n'y aura pas de processus de paix en Colombie. Le rapport sur les droits de l'homme des Nations Unies l'affirme très clairement. Ça saute aux yeux. C'est l'un des premiers éléments.

D'autres recommandations énergiques ont été formulées, comme d'habitude—et le Canada les a appuyées fermement—pour la conclusion d'une entente internationale régissant le comportement au combat pendant que dure le conflit, pour assurer la protection de la population civile.

Si l'on veut gagner la confiance de la population et la convaincre du succès possible du processus de paix, la deuxième condition importante est la protection des personnes qui ne sont pas parties au conflit, qui ne sont pas armées et dont la vaste majorité sont des victimes.

Je n'étais pas présente lors du vote. Je ne pourrais pas me prononcer sur le contenu de ces délibérations. Et je ne sais pas si Mary a assisté à ces débats.

Mme Mary Durran (agent de communication, Droits et Démocratie): Non, je ne les ai pas suivis en détail.

M. Svend Robinson: Et les autres témoins?

• 1635

Mme Judy Meltzer: Non, je n'ai pas suivi le débat intégralement, mais des 21 recommandations faites, je me souviens qu'elles étaient quelque peu... Quelques-unes étaient très fermes. La Commission constate que certains progrès ont été réalisés, et qu'il y a eu moins de violations des droits de la personne par les forces armées, tout en reconnaissant qu'il y a encore un long chemin à parcourir. Nous ne pouvons tolérer que des syndicats, des journalistes, des universitaires... C'est la population civile qui est la cible. Il y a des points très forts qui ont été exprimés dans cette déclaration.

M. Svend Robinson: Merci.

Pour finir, je voulais renchérir sur ce qui a été dit à propos du rôle que joue l'ambassade canadienne pour aider à faire respecter les droits de la personne. Je me suis rendu personnellement avec l'ambassadeur Guillermo Rishchynski, nous étions à Barrancabermeja immédiatement après une terrible attaque des groupes paramilitaires. J'étais aussi en sa compagnie lorsque nous avons rencontré des représentants de la police et de l'armée. Je sais que les défenseurs des droits de la personne de cette région respectent au plus haut point le rôle que jouent l'ambassadeur du Canada et tout son personnel pour assurer le suivi des cas de violation qui sont rapportés, et ainsi de suite.

Je tiens à le dire clairement. En tant que Canadien, je suis très heureux de voir qu'il y a, en Colombie, une véritable reconnaissance du rôle que joue le Canada en matière de protection des droits de la personne.

La présidente: Svend, votre temps de parole tire à sa fin.

M. Svend Robinson: Ma dernière question sera brève et porte sur...

La présidente: Pouvons-nous poser la question et y répondre en 30 secondes?

M. Svend Robinson: D'accord.

Où en sont les négociations avec l'Armée de libération nationale pour une nouvelle zone démilitarisée?

Mme Eleanor Douglas: Pour l'instant elles sont suspendues. Elles ont été interrompues par l'ELN. Le gouvernement et l'ELN se sont entendus sur la région du pays où se tiendra ce qu'on appelle la convention nationale. Dans cette zone auront lieu neuf mois de discussion entre le gouvernement, la société civile et l'ELN pour s'entendre sur l'avenir de la Colombie.

Il est triste de constater que la zone choisie et approuvée par le gouvernement est sous contrôle paramilitaire. Malheureusement, il y a eu tant de manifestations contre le choix du site que l'ELN a dit qu'elle suspendait le dialogue pour le moment. La question qu'il faut se poser est la suivante: Qui contrôle le site? C'est une région où le gouvernement accepte de se rendre pour prendre part à des négociations avec la guérilla, et ses plans sont contrecarrés parce que des paramilitaires ont pris le contrôle de la zone.

La présidente: Merci beaucoup.

Monsieur Bellemare.

[Français]

M. Eugène Bellemare (Ottawa—Orléans, Lib.): Merci, madame la présidente. Je désire vous remercier pour les compliments que vous avez adressés au Canada. Je désire vous remercier surtout pour le travail que vous faites dans l'observation et l'analyse des problèmes humains que crée actuellement le conflit en Colombie.

[Traduction]

Je suis heureux de vous entendre reconnaître les efforts que le Canada a faits et qu'il continue à faire. Bien sûr, en tant que secrétaire parlementaire de l'ACDI, je sais que nous avons la volonté de travailler de plus en plus dans le sens de la stabilité. Nous disposons d'un grand gâteau qu'il faut partager pour venir en aide à la société civile et défendre les droits de la personne partout dans le monde. Comme vous le savez, nous dépensons des millions de dollars en Colombie.

J'ai entendu des commentaires selon lesquels que l'ACDI devrait se doter d'une politique d'intervention plus cohérente. J'aimerais savoir précisément ce que vous entendiez par là. Pour éviter de nous éparpiller, je vous poserai des questions auxquelles vous pourrez ensuite répondre.

Vous affirmez que le Canada devrait intervenir directement. Je ne comprends pas très bien ce que cela signifie. Quelqu'un disait que l'Europe intervient directement. Pourriez-vous parler du rôle positif qu'a joué le Canada au sommet de Québec, et nous dire quelle incidence le Canada pourrait avoir sur les événements ou les conflits en Colombie.

• 1640

Mme Eleanor Douglas: En ce qui concerne une intervention plus cohérente de l'ACDI, je crois que l'Agence elle-même est en voie de renouveler son programme pour la Colombie. L'ACDI a commencé à élaborer un nouveau programme quinquennal et, comme vous pourrez le lire dans le document que je vous ai soumis, on parle déjà ouvertement d'appui aux personnes déplacées, d'aide humanitaire et d'établissement de la paix.

Ce que j'essayais de dire... Je disais que l'ACDI et les autres organisations qui veulent travailler en Colombie doivent s'asseoir et mettre au point une approche plus cohérente. Il ne s'agit pas seulement de l'ACDI. Plutôt que d'avoir un programme en pièces détachées, il serait très souhaitable que nous puissions tous nous asseoir, dialoguer ensemble et bien réfléchir à la question: «Nous intervenons de cette façon-ci, vous intervenez de cette façon-là».

Je crois que l'ACDI est maintenant sur la bonne voie. L'Agence n'a pas encore de cadre stratégique; il sera au point à l'automne. Cependant, si l'on se fie à ce qui a été dit publiquement par l'ACDI et par des ministres, nous appuyons certainement les thèmes qui sont proposés. Je disais plutôt que nous devrions tous nous réunir pour assurer la cohérence.

M. Eugène Bellemare: Il me semble que les ONG sont réticentes à l'idée d'intervenir directement en Colombie. L'avez-vous remarqué?

Mme Eleanor Douglas: Du point de vue historique, les ONG canadiennes n'ont pas eu une présence aussi marquée en Colombie qu'au Pérou, en Bolivie ou dans d'autres pays. Nous n'intervenons pas; nous fournissons un appui sur le terrain aux groupes qui oeuvrent dans le domaine de la réconciliation, de la justice alternative, du développement alternatif et de l'établissement de la paix. Mais la plupart des ONG canadiennes ne se rendraient pas sur place pour mettre sur pied un programme d'intervention. Nous apporterions plutôt un soutien aux organisations partenaires qui font ce genre de travail.

Une partie du problème vient du fait que de nombreuses ONG qui travaillent dans d'autres régions du monde n'ont pas été présentes en Colombie dans le passé. Mais il y en a de plus en plus. Leur présence s'accroît, et les ONG souhaitent accentuer le dialogue avec ceux qui travaillent auprès des enfants. Je crois donc que l'intérêt va croissant—non pas pour une intervention directe, mais plutôt pour un appui.

M. Eugène Bellemare: Vous connaissez nos activités dans les domaines des droits de la personne et de la société civile. L'une de vos affirmations m'a fait sourciller. Vous semblez accuser le Canada de vendre du matériel militaire à la Colombie—peut-être que j'ai mal compris à cause de l'interprétation de l'anglais vers le français. Vous avez fait allusion aux hélicoptères en Colombie, qui soit utilisés dans des attaques contre les citoyens.

Mme Eleanor Douglas: M. Robinson vient de faire la même remarque—voulant qu'un certain nombre de...

M. Eugène Bellemare: J'en suis conscient, mais à l'entendre, on pourrait croire que le Canada vend ses hélicoptères. Les hélicoptères...

Mme Eleanor Douglas: Du point de vue juridique, ce qui s'est produit, c'est que, entre 1998 et 2000, le Canada a vendu aux États-Unis des hélicoptères remis à neuf. Ces hélicoptères ont abouti en Colombie. Officiellement, le gouvernement affirme bien sûr que le Plan Colombia n'avait pas encore été approuvé lorsque ces appareils ont été vendus.

J'essaie tout simplement de dire que...

M. Eugène Bellemare: Mais personne ne peut nous blâmer pour cela...

Mme Eleanor Douglas: ... que nous devions être conscients...

M. Eugène Bellemare: Pas plus que si vous vendez votre voiture à un concessionnaire d'automobiles et que celui-ci la revend ensuite à un bandit. Vous n'êtes pas coupable d'avoir aidé des bandits parce que vous avez vendu votre voiture à un concessionnaire.

Mme Eleanor Douglas: Non, je suis entièrement d'accord avec vous. Je cherche tout simplement à dire...

M. Eugène Bellemare: Il y a eu un raisonnement qui m'a fait sourciller.

Mme Elenor Douglas: D'accord. Disons qu'il y a des failles dans les mesures régissant l'exportation du matériel militaire. Les organisations canadiennes ne font que le constater. C'est tout.

M. Eugène Bellemare: Je crois que c'est une remarque pertinente: Lorsque nous vendons du matériel, tout contrat pourrait comporter une clause stipulant que ce matériel ne doit pas être utilisé à mauvais escient. Êtes-vous d'accord?

Mme Eleanor Douglas: Oui, absolument.

La présidente: Monsieur Schonwalder, voulez-vous prendre la parole?

M. Gord Schonwalder: Merci.

Je voulais parler brièvement du Sommet des Amériques à Québec, puisque vous avez soulevé cette question.

• 1645

Comme vous le savez, une déclaration sur la Colombie a été adoptée à Québec. Je crois que l'on s'entend pour dire que cette déclaration est plutôt faible et qu'elle n'est pas vraiment à la hauteur de ce qu'on escomptait. FOCAL et ses partenaires s'attendaient à ce que le Sommet donne lieu à des propos beaucoup plus vigoureux qui pourraient indiquer concrètement la voie à suivre, et offrir des solutions concrètes au conflit. La déclaration a seulement réaffirmé—je dis seulement entre guillemets—son appui pour le processus de paix en Colombie, qui est important bien sûr. Mais nous espérions des propositions plus détaillées, une initiative plus forte, des moyens concrets de mise en oeuvre de cet engagement envers le processus de paix.

M. Eugène Bellemare: Qui faut-il blâmer en l'occurrence?

M. Gord Schonwalder: Je ne pointe personne du doigt.

La présidente: Peut-être qu'ils attendent la fin de nos délibérations pour nous demander conseil.

M. Gord Schonwalder: Je n'ai pas été mis au courant des discussions au Sommet, si bien que je n'en connais pas la teneur de leurs discussions.

M. Eugène Bellemare: Vous n'aviez pas besoin d'y être. Lorsque 34 pays se réunissent pour discuter d'un sujet brûlant d'actualité, on peut s'attendre à ce qu'il n'y ait pas de grande décision idéaliste.

M. Gord Schonwalder: Eh bien, regardez la déclaration sur Haïti: elle est plus vigoureuse et plus substantielle, et les Haïtiens doivent maintenant composer avec son contenu. Je crois que nous étions aussi en droit de nous attendre à des propos un peu plus fermes sur la Colombie.

La présidente: Mme Durran souhaiterait intervenir.

Mme Mary Durran: En ce qui concerne le Sommet de Québec, j'ajouterais que nous avons été très encouragés par l'appui clairement exprimé pour la démocratie et les droits de la personne, et qu'il a été très clairement énoncé que le respect des droits de la personne est une condition essentielle de la démocratie.

Mais j'appuie ce que Gord a dit. Nous avons constaté que le Président Aristide a été condamné à juste titre pour violation de la procédure électorale. Et pourtant, compte tenu de ce qu'a dit Eleanor un peu plus tôt à propos du fait que le gouvernement colombien n'arrive pas à rompre le lien entre l'armée et les groupes paramilitaires, nous étions en droit d'espérer une condamnation tout aussi sévère à l'endroit de la Colombie. Je considère que le c'est quelque chose d'aussi grave, voire plus grave.

La présidente: D'accord.

[Français]

Monsieur Rocheleau, cinq minutes s'il vous plaît.

M. Yves Rocheleau: Rapidement. Il y a deux groupes qui s'affrontent: les paramilitaires d'un côté, les guérilleros de l'autre. Est-ce qu'il y a quelqu'un là-dedans qui bénéficie d'une aide étrangère? C'est ma première question.

Mon autre question sera: est-ce qu'il est réaliste, quand on pense au trafic de la drogue, de penser qu'il y a quelqu'un à qui le crime profite? Je pense aux Américains, notamment. Au bout de la ligne, est-ce qu'il n'y a pas des gens qui ont intérêt à ce que ce genre de conflit se perpétue?

[Traduction]

Mme Judy Meltzer: J'ai un bref commentaire à faire sur votre deuxième question, et peut-être que les autres voudront compléter par la suite...

Je suppose que vous me demandez s'il y a des gens en Colombie à qui le trafic de la drogue profite. C'est une question d'une énorme importance, et la réponse dépend de la définition que l'on donne du profit. Bien sûr, l'argent généré par le narco-trafic empêche le conflit de s'épuiser; il l'alimente. Les guérilleros enregistrent annuellement des recettes de 250 millions de dollars environ en taxant la vente de la drogue. Les groupes paramilitaires utilisent également les revenus du narco-trafic pour alimenter leur guerre.

Mais il est trop facile d'accorder une importance exagérée à la drogue. Certes, c'est l'un des facteurs qui influencent et aggravent sérieusement la situation—car il s'agit d'un problème énorme. Mais il y a des problèmes structurels qui sous-tendent tout cela: la réforme agraire, le chômage, et les iniquités socio-économiques. Ces facteurs sont souvent relégués au second plan, derrière la drogue.

Ce sont deux précisions que je tenais à faire à propos du trafic des stupéfiants.

Mme Eleanor Douglas: Quatre-vingt-dix pour cent des profits du narco-trafic restent à l'extérieur de la Colombie. C'est donc une question très importante pour les Colombiens aussi. Qui profite de cette activité? Certainement pas eux. Les véritables bénéfices sont ailleurs dans le monde.

Judy parle du pourcentage des profits qui revient en Colombie. Ce sont les guérilleros et les paramilitaires qui en profitent, et cela corrompt le système politique. Il y a donc des avantages économiques à tirer du prolongement du conflit et du narco-trafic. Mais les Colombiens vous diront aussi: étudions attentivement toute la filière de ces profits et voyons où la majeure partie de l'argent reste. Il est difficile de le dire avec certitude, mais la majeure partie de l'argent ne revient pas en Colombie.

• 1650

En ce qui concerne l'aide étrangère aux groupes paramilitaires et aux guérilleros, la réponse est simple. Je ne pourrais vous affirmer avec certitude que la guérilla ne bénéficie pas de l'appui de guérillas de l'extérieur, mais essentiellement le phénomène se limite à la Colombie pour l'instant. Les groupes paramilitaires trouvent leur appui à l'intérieur du pays. L'argent provient du narco-trafic, de certains grands éleveurs de bétail et d'autres secteurs de la société. La guérilla se finance en pratiquant des enlèvements et en exigeant des rançons; et il y a aussi le trafic de la drogue.

Le recrutement dans les campagnes se fait très facilement, non pas par conviction pour la cause, mais parce qu'un jeune homme vivant en milieu rural en Colombie n'a pas le choix, aujourd'hui: il quitte sa campagne natale ou se joint à un mouvement; autrement, il devient une cible. C'est ce qui alimente le conflit, parce que les jeunes hommes, particulièrement en milieu rural, sont coincés dans cette lutte territoriale. Mais c'est un conflit interne, et non externe.

Dans certaines régions, il y a des investissements étrangers parce qu'on y trouve des ressources importantes. Nous estimons que les entreprises ne sont pas à l'origine des conflits ni des massacres, mais puisqu'il y a une guerre entre deux armées dans la région où se trouvent les ressources, la présence des entreprises peut alimenter le conflit. Voilà ce que j'essayais de dire: il faut chercher vraiment à bien comprendre la région où les entreprises vont être présentes.

S'il y a du pétrole dans une région où il y a déjà une guérilla, et une compagnie vient exploiter le pétrole, on peut être sûr que les paramilitaires vont arriver dans la région aussi. Il y aura une escalade du conflit, et c'est la population civile qui va souffrir. La situation est compliquée, mais on ne peut pas dire que les compagnies appuient le conflit, mais elles rendent la situation plus difficile.

Que je sache, il n'y a pas de financement énorme qui provient de sources extérieures. Les armes circulent librement partout sur le continent, en passant par le Panama, l'Amérique centrale et le Mexique. Cela est clair. Mais en général, ces armes sont payées.

La présidente: Merci. J'aimerais poser une question pour faire suite à quelque chose que vous nous avez dit.

Vous nous avez dit ce qui arrive lorsque ces compagnies arrivent sur le terrain. Qu'est-ce que vous proposez? Qu'elles n'y aillent pas? Comment doit-on répondre à cette question selon vous?

Mme Eleanor Douglas: Je répète tout simplement ce que j'ai déjà dit: il faut faire preuve d'énormément de prudence et disposer de beaucoup de renseignements avant de faire des investissements en Colombie. Il ne faut pas que les investissements exacerbent le conflit.

Nous ne disons pas qu'il ne doit pas y avoir d'investissement étranger ni de commerce. Cela est impossible. Cela ne peut pas arriver. Mais il faut prendre le temps de bien connaître la région et de savoir qui sont les intervenants, qui sont les victimes éventuelles et agir en conséquence. En fin de compte, il faut s'assurer que les investissements dans une région ne vont pas empirer la situation. C'est à peu près tout ce que je peux dire pour le moment.

La présidente: Mais il est très difficile pour une compagnie qui pense s'établir dans une région d'arriver à une telle conclusion.

Mme Eleanor Douglas: Cependant il existe beaucoup de ressources à l'intérieur du pays pour trouver les renseignements nécessaires. On ne peut pas se contenter de dire qu'on ne sait pas.

Il n'est pas nécessaire d'aller faire sa propre enquête. Beaucoup de recherches ont été faites en Colombie concernant toutes les régions du pays. On sait où sont les zones de conflit et elles sont indiquées sur des cartes. On sait qui lutte contre qui. Donc il n'est pas exact de dire qu'on ne peut pas s'informer. Nous souhaitons que c'est ce que les entreprises vont faire.

Mme Judy Meltzer: Il incombe à l'entreprise de s'informer si elle veut faire preuve de responsabilité sociale.

La présidente: Même si elles s'informent, leur présence va quand même exacerber la situation. C'est ce que vous avez dit. Les entreprises connaissent leur situation, mais que peuvent-elles faire pour ne pas aggraver le conflit? Est-ce possible?

• 1655

Mme Judy Meltzer: Je tiens à me faire l'écho des observations d'Eleanor. À mon avis, il n'y a pas de façon parfaite pour ces compagnies d'intervenir, même en Colombie ou en Équateur, où il y a beaucoup d'activités de la part des compagnies minières et pétrolières canadiennes. Il est toujours difficile pour une compagnie d'aller s'établir dans ces régions où il y a des problèmes écologiques et des collectivités autochtones. Le fait d'être bien informé aide à atténuer certaines de ces conséquences négatives.

En Colombie, compte tenu du conflit et de la situation des droits de la personne, il est encore plus important d'être bien informé avant d'aller s'y établir. À mon avis, il est aussi important que la population locale soit informée et habilitée à négocier, et qu'elle sache quelle incidence la présence de ces compagnies risque d'avoir sur elle.

L'information est un outil essentiel pour atténuer certaines répercussions. Je pense que c'est exactement l'argument avancé par Eleanor.

La présidente: Merci.

J'ai le nom de Colleen sur ma liste. Voulez-vous poser une question, madame Beaumier? Il nous reste environ cinq minutes.

Mme Colleen Beaumier (Brampton-Ouest—Mississauga, Lib.):En fait, j'ai plusieurs questions. Je tiens à développer un peu les observations de Beth.

Combien de compagnies canadiennes sont présentes? En avez-vous une liste?

Je sais que l'ambassade du Canada tenait des réunions au sujet de la responsabilité des entreprises dans ces pays. Il me semble qu'il existe un problème là-bas.

Vous dites qu'il faut faire participer le gouvernement local et les collectivités locales. Comment est-ce possible si la collectivité locale ou le gouvernement local sont sous l'emprise d'un groupe de rebelles ou de paramilitaires?

Sans les investissements étrangers, on se retrouve avec la pauvreté qui est à l'origine des troubles. C'est tout un bourbier qui est loin d'être particulier à la Colombie.

Est-ce que le gouvernement de la Colombie sait quoi faire si le gouvernement canadien discutait plus énergiquement de la situation, de notre politique et de nos attitudes à l'égard du gouvernement de la Colombie? Peut-être que cette volonté n'existe pas pour le moment. Nous pourrons peut-être encourager le gouvernement à faire preuve de cette volonté. Le gouvernement dispose-t-il des moyens nécessaires pour mettre fin à ce problème?

Mme Eleanor Douglas: En réponse à votre remarque au sujet de la responsabilisation des collectivités locales et du gouvernement local, je dois dire qu'en Colombie il n'existe pas de solutions claires et nettes.

Dans le département de Cauca, le gouvernement local a fait élire un gouverneur de la région, un poste qui ressemble à celui d'un premier ministre provincial, pour la première fois dans l'histoire du pays. Il a reçu un large appui. Le gouvernement local n'a été récupéré par personne. Je vous parle de la population locale, autochtone, des gens qui exercent des métiers et qui ont des petites entreprises. Il est très important de conserver ce genre d'exemple qui illustre bien qu'il est possible de faire de la politique d'une autre façon dans ce pays.

Ce genre d'exemple se multiplie. Il y a davantage de coalitions qui ont des candidats. Il ne s'agit pas simplement des libéraux et des conservateurs. Ce sont des candidats qui sont vraiment indépendants. Je peux affirmer cela. Dans certains cas, ils n'ont pas de comptes à rendre à qui que ce soit. Il faut examiner chacun individuellement—certains exemples sont encourageants. On peut appuyer et faire participer le gouvernement local.

Mme Colleen Beaumier: Comment pouvons-nous appuyer cela?

Mme Eleanor Douglas: Dans le département de Cauca, par exemple, on est en train de mettre au point un plan de développement quinquennal pour cette région du pays. Ce département travaille en collaboration avec les quatre gouverneurs des départements avoisinants. Ils demandent instamment des ressources et un appui politique dans le contexte du conflit.

Je pense qu'il existe des mesures concrètes à prendre. Le gouvernement central de la Colombie ne va pas s'y opposer. Il ne va pas se fâcher contre les Canadiens d'avoir fait une telle chose.

Vous demandez si le gouvernement colombien ferait quelque chose d'efficace si le gouvernement canadien était plus énergique. Non, cela ne va pas se faire si vite.

Certaines institutions gouvernementales sont efficaces. La cour constitutionnelle a été très efficace. Il y a beaucoup de fonctionnaires dans les différents ministères qui sont efficaces. Les problèmes sont énormes. Le renforcement des institutions, dont nous avons parlé ici aujourd'hui, est un élément très important pour permettre aux ministères et aux institutions gouvernementales de faire leur travail.

• 1700

Derrière tout cela, bien entendu, il y a une élite politique—un establisment politique—et cela complique pas mal les choses. Le processus est difficile non pas à cause des fonctionnaires ou des élus, mais plutôt à cause de ce pouvoir réel qui s'exerce en coulisses.

Mme Colleen Beaumier: La volonté globale n'existe tout simplement pas.

Mme Eleanor Douglas: Ce sont ces personnes qui entravent le processus.

Mme Colleen Beaumier: J'ai du mal à imaginer un pouvoir global qui s'exerce en coulisses.

La présidente: Est-ce que quelqu'un veut intervenir?

Mme Judy Meltzer: En réponse à votre première question, je ne sais pas combien de compagnies canadiennes il y a au juste. Le Canada est très présent dans le domaine du pétrole, du gaz et des mines, et nous sommes l'investisseur étranger le plus important dans le domaine des télécommunications avec Bell et Nortel. Notre présence est considérable dans ce secteur. Toutes les grandes sociétés minières, pétrolières et gazières canadiennes ...

Mme Colleen Beaumier: Est-ce qu'elles forment des Canadiens? Est-ce qu'elles embauchent la population locale?

Mme Judy Meltzer: Je ne le sais pas.

Mme Colleen Beaumier: Ça vaudrait la peine de...

Mme Judy Meltzer: Vous avez demandé ce que font les entreprises pour atténuer les incidences de leurs activités. Elles créent leurs propres fondations. Je pense par exemple à de grosses entreprises comme Canadian Occidental, Alberta Energy, Talisman et Enbridge. Elles ont des stratégies intéressantes.

Mme Eleanor Douglas: J'insiste de nouveau sur le fait que l'ambassade canadienne en Colombie accepte tout à fait que nous allions là-bas pour parler à ces entreprises. Il ne s'agit pas d'une boutique fermée. Nous pouvons discuter avec elles. Cela est très important. J'espère qu'il s'agit d'une politique, et pas simplement d'une coïncidence.

Je me rends là-bas bientôt pour parler à un groupe de personnes. Nous allons avoir une réunion avec les pétrolières. Nous pouvons leur parler, leur poser des questions au sujet des renseignements dont elles disposent. Nous tenons à avoir ce genre de dialogue, plutôt que de dire que tout va mal.

Mme Judy Meltzer: Puis-je ajouter quelque chose?

La présidente: Oui.

Mme Judy Meltzer: Cela m'amène à mentionner le besoin d'avoir un dialogue avec tous les secteurs. Il faut que le dialogue s'établisse non seulement entre la société civile et le gouvernement, mais également entre le secteur privé, le gouvernement et la société civile—tous les intervenants doivent participer à la discussion. Voilà ce qui manque au Canada à l'heure actuelle.

La présidente: Merci beaucoup.

Vous avez constaté que certains des députés sont partis. C'est parce qu'ils doivent assister à d'autres réunions de comité ou qu'ils ont d'autres rendez-vous. Cependant, notre attaché de recherche est présent, ce qui est très important. Nous ne le savons pas encore, mais il est possible que nos réunions se poursuivent jusqu'à l'automne, et il se peut qu'on vous demande de recomparaître devant nous.

Votre proposition au sujet de l'ACDI est utile. Il se peut qu'on reconvoque des représentants de l'Agence avant qu'elle ne change de politique officiellement. Il se peut qu'on réexamine la politique pour voir ce qu'on a l'intention d'en faire, avant qu'on la rende officielle.

Je vous remercie de nouveau d'être venus.

La séance est levée.

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