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INDU Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON INDUSTRY

COMITÉ PERMANENT DE L'INDUSTRIE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 11 mai 2000

• 1533

[Traduction]

Le président suppléant (M. Ian Murray (Lanark—Carleton, Lib.)): Je déclare la séance ouverte. Conformément à l'ordre de renvoi de la Chambre, daté du 29 février 2000, nous étudions le Budget principal des dépenses pour l'exercice se terminant le 31 mars 2001, les crédits de la rubrique Industrie et le rapport sur le rendement d'Industrie Canada pour la période se terminant le 31 mars 1999.

Nous avons le plaisir d'accueillir l'honorable Martin Cauchon, secrétaire d'État de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.

Monsieur le ministre, je crois comprendre que vous avez une déclaration à faire, et vous voudrez peut-être présenter les collaborateurs qui vous accompagnent.

[Français]

L'hon. Martin Cauchon (ministre du Revenu national et secrétaire d'État (Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec), Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis content de comparaître pour la quatrième année consécutive, je pense, devant ce comité. Tel que vous l'avez demandé, je vais d'abord vous présenter les gens qui font partie de l'équipe: M. André Gladu, sous-ministre à Développement économique Canada; M. Jean-Guy Saint-Martin, sous-ministre adjoint, Stratégie et Liaison; M. Jocelyn Jacques, sous-ministre adjoint, Opérations; M. Pierre Bordeleau, directeur général, Gestion des ressources; M. Jean-Pierre Thibault, directeur général, Communications; Mme Rita Tremblay, chef de cabinet du sous-ministre; et M. Joachim Normand, mon chef de cabinet.

[Traduction]

Comme vous l'avez dit, monsieur le président, j'aimerais d'abord formuler quelques commentaires. Bien sûr, je vais essayer d'être le plus bref possible, sachant que les membres veulent avoir le temps de poser des questions.

[Français]

Comme vous le savez, Développement économique Canada est essentiellement une agence de développement régional qui fait partie de l'équipe d'Industrie Canada, donc du grand portefeuille d'Industrie Canada. Le but de nos interventions est essentiellement de favoriser le développement économique de l'ensemble des régions au niveau du Québec.

• 1535

Nos deux domaines d'action privilégiés sont les suivants: le développement de la petite et moyenne entreprise et, ce qui est tout aussi important, l'amélioration de l'environnement de soutien pour qu'on puisse aider les régions à se doter de ce dont elles ont besoin pour créer un climat propice au développement économique.

Évidemment, nous sommes en train de revoir le cadre stratégique du ministère et nous aimerions partager également, à 50-50, le budget entre ces deux orientations. Évidemment, monsieur le président, nous ne voulons pas nous peinturer dans un coin, si vous me permettez l'expression, mais nous souhaitons nous rapprocher de ce 50-50.

Pour réaliser ces buts, on mise sur le développement de l'entrepreneurship dans l'ensemble des régions; également, on mise énormément sur le développement de l'entrepreneurship jeunesse.

[Traduction]

Bien sûr, monsieur le président, nous savons tous que la situation économique a beaucoup évolué au cours des dernières décennies. Il y a eu des changements très importants avec la mondialisation des marchés. De plus, nous avons une économie fondée sur le savoir et nous disposons de nouveaux moyens de transiger et de nouveaux outils pour la création de petites et moyennes entreprises—je parle bien sûr de la technologie de l'information.

Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement—et, bien sûr, le secteur privé a été confronté au même problème... Nous avons dû changer nos mentalités. Nous nous rappelons tous qu'en 1994-1995 le gouvernement, par l'entremise de l'Agence de développement régional, a modifié sa programmation dans le cadre de l'examen des programmes. Aux termes de l'ALENA, nous avons d'abord et avant tout établi un programme appelé IDÉE-PME. Le deuxième programme que nous avons créé il y a quelques années est l'Initiative régionale stratégique.

J'aimerais simplement signaler que ces programmes plaisent à nos clients, et nous voulons nous assurer de continuer à répondre aux besoins de la population et de toutes les régions de la province de Québec. Nous sommes en contact avec nos clients, et nous nous assurons d'adapter nos programmes chaque année.

[Français]

Monsieur le président, je mentionnais tout à l'heure que nous vivions dans une nouvelle ère et que nous avions dû mettre sur pied une nouvelle programmation qui, aujourd'hui, semble bien fonctionner en regard des chiffres que nous avons et des besoins de la clientèle. Cela nous a amenés également à lancer des initiatives particulières pour aider les entreprises à oeuvrer dans ce nouveau contexte.

Parmi ces initiatives particulières, j'ai mentionné le programme Initiative régionale stratégique, un programme qui est élaboré en fonction des besoins particuliers de chacune des régions. C'est un programme qui est développé en partenariat avec les différents intervenants, ce qui fait que, d'un bout à l'autre du Québec, lorsqu'on regarde les initiatives régionales stratégiques qui ont été annoncées, on voit qu'elles diffèrent sensiblement en regard des besoins et des réalités.

Par exemple, dans la région Bas-Saint-Laurent—Gaspésie, on a lancé la Technopole maritime. Au niveau de la MRC de l'Amiante, considérant les problèmes particuliers, on a mis sur pied un fonds spécial de 5,5 millions de dollars pour intervenir, étant donné qu'on faisait face à cet endroit à une situation économique assez exceptionnelle, voire même très difficile.

Je dois dire qu'il y a quelques semaines, j'ai pu effectuer le premier bilan de nos interventions dans le cadre du fonds Amiante. Un montant de 1,7 million de dollars a été investi depuis un an dans 12 projets différents. Également, 83 emplois ont été non pas maintenus mais effectivement créés par ces interventions dans la région de l'Amiante.

Également, on parle de façons d'intervenir qui vont aider les entreprises à oeuvrer dans la nouvelle ère. Je me dois de parler de notre initiative de commerce électronique qui a été lancée l'année dernière. Il s'agit d'une initiative de 50 millions de dollars au cours des trois prochaines années. Elle comporte des phases. La première phase s'est terminée en décembre dernier, et nous allons annoncer prochainement le résultat de cette première phase et en même temps annoncer les critères d'orientation pour la deuxième phase de l'initiative de commerce électronique.

Notre programmation comporte un autre fleuron. Je disais tout à l'heure qu'on vivait dans une ère de mondialisation. Nous avons donc lancé le programme IDEE-PME, qui met énormément l'accent sur les exportations.

• 1540

Finalement, j'aimerais mentionner que nous nous attardons davantage à certaines régions. Par exemple, pour la grande région de la Gaspésie, où je serai demain, des mesures particulières ont été mises sur pied, qui commencent déjà à donner des résultats.

[Traduction]

Bien sûr, le gouvernement a dû faire face à de nouvelles réalités sur le marché mondial, et s'adapter à un nouveau système de communication. La façon de transiger avec les gens a beaucoup changé par rapport à ce qu'elle était en 1993. En fait, nous avons plus d'expérience à offrir. Nous faisons davantage appel à l'expérience de nos ressources humaines, et nous essayons de former autant de partenariats possible pour créer de nouveaux liens.

En bout de ligne, le ministère forme de nouveaux partenariats pour offrir aux régions de la province de Québec, et bien sûr, dans une certaine mesure aux PME, plus d'informations sur les nouveaux moyens de communication afin qu'elles soient plus concurrentielles, non seulement sur le marché national mais surtout sur le marché international.

[Français]

Également, lorsqu'on parle de mieux communiquer, cela veut dire mieux communiquer avec l'ensemble des partenaires, mais également mieux communiquer ce que nous faisons. Monsieur le président, j'avais signalé l'année dernière qu'on avait mis sur pied il y a quelques années les Foires-info pour les petites et moyennes entreprises. C'est mon collègue le ministre de l'Industrie qui a lancé cette initiative. Je vous annonce qu'il y en aura une cette fin de semaine, samedi, dans la région de Trois-Rivières, à laquelle j'assisterai. Les Foires-info visent à faire en sorte qu'on puisse communiquer des expériences à l'ensemble des entrepreneurs dans les régions où les foires ont lieu, mais également à permettre aux entrepreneurs d'être en contact avec les différents ministères qui ont des services à offrir aux petites et moyennes entreprises. Jusqu'à maintenant, 22 Foires-info ont eu lieu un peu partout au Québec et davantage dans l'ensemble du Canada. Cela nous a permis, ne serait-ce qu'au Québec, de rejoindre environ 28 000 entrepreneurs.

Toujours dans le cadre d'une meilleure communication et de l'établissement de meilleurs liens, j'aimerais signaler Ressources Entreprises, une initiative qui a été lancée il y a quelques années et qui permet à l'ensemble des entrepreneurs d'avoir accès aux nouveaux moyens de communication, notamment à Internet et à des sites tels que Strategis, qui est le plus beau site commercial au Canada, voire même en Amérique du Nord.

Finalement, j'aimerais vous dire un mot sur l'entrepreneurship jeunesse. Vous savez que dans l'ensemble des régions, il y a un certain exode, particulièrement au niveau de la nouvelle génération. Nous avons fait un constat avec nos partenaires de premier plan que sont les Sociétés d'aide au développement des collectivités, partenariat dont nous sommes particulièrement fiers. On sait que les Sociétés d'aide au développement des collectivités sont bien au fait de la situation dans l'ensemble des régions du Québec et offrent des services ainsi qu'un fonds d'investissement intéressant pour l'ensemble des petites et moyennes entreprises. Donc, de concert avec les SADC, nous avons constaté qu'il y avait une lacune au niveau de l'entrepreneurship jeunesse. Cela nous a amenés à mettre sur pied un certain nombre d'initiatives. Je pense par exemple aux centres d'entrepreneurship qu'on a lancés au niveau des universités et aux clubs d'entrepreneurship jeunesse qu'on a lancés au niveau des cégeps. Il y a aussi la Stratégie jeunesse SADC-DEC, qui vise essentiellement à permettre le démarrage d'entreprises dans l'ensemble des régions.

Nous investissons également dans les secteurs de la technologie. Qu'on pense par exemple au groupe CESAM à Montréal, qui s'efforce de faire en sorte qu'on développe des entreprises dans les nouveaux secteurs technologiques. Il y a finalement la Fondation du maire de Montréal pour la jeunesse, qui intervient plutôt en milieu urbain.

[Traduction]

C'est tout ce que je voulais dire pour l'instant, monsieur le président.

Pour terminer, depuis que nous avons adopté une toute nouvelle programmation en 1995, il semble que nous avons formé un assez bon partenariat avec les intervenants de toutes les régions de la province de Québec, avec les PME. Nous offrons de bons services et les résultats sont fructueux.

• 1545

Comme je l'ai dit, nous voulons vous donner plus de temps pour nous poser des questions et je vais donc rendre la parole au président.

[Français]

Le président suppléant (M. Ian Murray): Merci, monsieur le ministre.

[Traduction]

Monsieur Hill, avez-vous une question à poser?

M. Grant Hill (Macleod, Alliance canadienne): Merci monsieur le président. Monsieur le ministre, merci de votre exposé et merci aux collaborateurs qui vous accompagnent.

Je pense pouvoir dire qu'on a assez longuement examiné les programmes de développement économique et DRHC. La question a suscité un intérêt accru depuis au moins le mois de février. Certains observateurs estiment que ces programmes ont fait l'objet de favoritisme, d'une certaine aide, si des fonds sont accordés à une entreprise.

J'aimerais parler précisément des vérifications internes de ces programmes, et j'aimerais savoir quand la dernière vérification a été faite. Vous pourriez me résumer ce que la vérification indiquait au sujet du programme.

M. Martin Cauchon: Monsieur le président, je suis très heureux qu'on me pose la question.

D'abord comme j'ai dit, en 1993, les programmes de notre agence étaient très différents. À l'époque, nous avions quelque 40 programmes. Nous nous intéressions à peu près à tout dans la province de Québec. Après l'examen des programmes, nous avons établi deux programmes. Nous ciblons davantage les petites et moyennes entreprises.

Nous avons dû changer notre façon de faire. Vous vous rappelez tous qu'en 1993 les gens d'affaires disaient aux différents partis en lice que le gouvernement devait d'abord établir des partenariats et, ensuite, que les subventions aux entreprises n'étaient pas vraiment utiles à l'époque. Si nous croyons en ce que nous voulons faire, disaient-ils, les PME vont investir. Ils étaient prêts à former un partenariat avec le gouvernement si le gouvernement fournissait ce que nous appelons aujourd'hui des prêts ou des contributions remboursables. Il n'y a plus de subventions dans le cas des entreprises. C'est un grand changement d'approche, de philosophie.

Ensuite, et cela se rapporte à votre question, il y a la vérification. Comme je l'ai dit, nous avons changé nos mentalités. La programmation a changé en 1994-1995. Elle est entrée en vigueur en 1995. Des vérifications ont été demandées. Nous n'avons pas été forcés de les faire; elles ont été demandées par le ministère, parce qu'il s'agissait de nouveaux programmes et que nous voulions nous assurer de fournir au ministère les renseignements lui permettant d'apporter les modifications nécessaires pour offrir les meilleurs services possibles aux petites et moyennes entreprises.

Certaines ont été demandées par le ministère. J'aimerais vous dire qu'il y a eu des vérifications internes en 1997, en 1998 et en 1999. Il y en a une qui a été faite par le vérificateur général en 1995, mais nous savons tous que c'est en 1995 que les nouveaux programmes ont été inaugurés officiellement.

On a fait quelques remarques sur la nouvelle programmation. Je suis fier de signaler que la toute dernière vérification du vérificateur général a été faite en 1998, et si vous jetez un coup d'oeil aux observations formulées par le Bureau du vérificateur général au sujet des améliorations apportées à ce qui avait été constaté en 1995... Je suis très heureux et fier de signaler que ces commentaires étaient très favorables.

M. Grant Hill: Pourriez-vous simplement résumer la dernière vérification pour moi, celle de 1999, je vous prie?

M. Martin Cauchon: Non, la dernière a eu lieu en 1998.

M. Grant Hill: Voudriez-vous me la résumer, je vous prie?

M. Martin Cauchon: Dans l'ensemble, vous me demandez de résumer... Je n'ai pas tous les détails, mais je sais qu'on a indiqué que, par rapport à ce qui avait été constaté en 1995, les nouveaux programmes représentaient une grande amélioration, et que la prestation des services s'était aussi beaucoup améliorée. On a reconnu qu'il y avait eu beaucoup de progrès à ce sujet.

J'ai un énorme document que je peux vous fournir sur les observations formulées par le vérificateur général, mais pour entrer dans les détails du rapport...

Ce que je pourrais peut-être faire, monsieur le président, c'est fournir aux députés le chapitre de 1998 qui traitait de l'agence.

Le président suppléant (M. Ian Murray): Cela paraît raisonnable.

M. Grant Hill: J'aurais vraiment aimé avoir un aperçu de ce que la vérification a indiqué parce que nous avons posé la question à la Chambre et nous avons obtenu à peu près la même réponse. Ce n'est pas une réponse.

• 1550

M. Martin Cauchon: Je suis désolé, mais c'est une réponse. J'ai dit qu'on n'avait pas obligé le ministère à effectuer une vérification. J'ai dit que nous voulions en effectuer une et que nous allons en faire d'autres plus tard...

M. Grant Hill: Vous l'avez déjà dit. Comme je l'ai dit, nous avons essayé de nous engager dans cette voie à la Chambre et nous n'avons pas reçu, d'après moi, de réponse claire au sujet des améliorations apportées.

Permettez-moi de poser une question précise alors. Une partie des activités financées ont un lien avec le tourisme. Est-ce qu'on peut dire cela?

M. Martin Cauchon: Bien sûr.

M. Grant Hill: Une exploitation de pêche dans une région du Québec à un concurrent l'autre côté du lac. L'exploitation reçoit une certaine aide financière. Quelle explication donnez-vous à celle qui ne reçoit rien, sur le plan de la compétitivité? On me dit que ce n'est pas juste.

M. Martin Cauchon: La question est très pertinente, monsieur le président.

Comme je l'ai dit, nous avons changé nos mentalités en 1995, quand nous avons présenté de tous nouveaux programmes. Le gouvernement du Québec comprend que le gouvernement du Canada va continuer de s'intéresser au tourisme, mais le tourisme à vocation internationale. S'il y a un projet dans la province du Québec qui à des visées internationales, le ministère est là pour fournir de l'aide, dont des contributions remboursables quand on satisfait aux critères.

Nous avons participé à certains projets, par exemple, des auberges et des pourvoiries à vocation internationale. Mais il n'y en a pas beaucoup dans l'ensemble de la province de Québec. Nous devons aussi nous assurer de nous intéresser à un domaine où il y a un bassin d'organisations capables d'attirer un marché international ou du tourisme international.

Nous l'avons fait à certains endroits. Notre participation au mont Tremblant en est un très bon exemple. Nous avons réussi à établir un lieu de villégiature exceptionnel à cet endroit. Nous avons formé un partenariat avec la province de Québec et le secteur privé, de façon à offrir à la population de la localité et aussi à celle de toute la région environnante des opérations de démarrage. Franchement, nous avons établi, toujours en partenariat, une capacité de calibre international.

Le président suppléant (M. Ian Murray): Vous avez une autre question à poser, monsieur Hill.

M. Grant Hill: Merci, oui.

Les sociétés d'aide au développement des collectivités jouent un rôle dans le développement économique. Y a-t-il une surveillance exercée sur ces sociétés? Est-il possible de savoir si l'argent est dépensé à bon escient et pour les buts visés? Y a-t-il un mécanisme de surveillance?

M. Martin Cauchon: Il y a 54 sociétés d'aide au développement des collectivités dans la province de Québec. Essentiellement, elles sont dirigées par la communauté, c'est-à-dire que le conseil d'administration est composé d'intervenants de la région.

Pour ce qui est de savoir si ces sociétés agissent de façon responsable, j'aimerais vous signaler que nous avons signé un tout nouveau contrat il y a quelques années, et nous avons établi des paramètres pour évaluer leurs activités chaque année.

Par contre, en tant que ministre responsable du développement économique, je dois rendre des comptes à la Chambre des communes. Je dois donc m'assurer de rester en contact avec ces organisations. Il peut arriver que des gens se posent des questions sur les prêts consentis aux sociétés d'aide au développement des collectivités dans la province de Québec. Nous prenons simplement les mesures voulues conformément au contrat que nous avons signé avec elles.

Le président suppléant (M. Ian Murray): Merci beaucoup.

[Français]

Monsieur St-Julien.

M. Guy St-Julien (Abitibi—Baie-James—Nunavik, Lib.): Il me fait plaisir de voir ici un ministre d'action, un gars du Québec.

Ma première question concerne les SADC. On entend parler des SADC. Justement, ça me fait plaisir de voir mes collègues en face de moi. On sait qu'il y a plus de 50 SADC au Québec. Or, je veux savoir quel est l'avenir des SADC au Canada. On sait que le Québec a implanté ses CLD bien après l'action du gouvernement canadien. On était déjà en place. Il y en a plusieurs qui nous disaient qu'on allait doubler, mais c'est le contraire qui s'est passé, en fin de compte. C'est Québec qui a doublé le Canada sur le terrain. On sait qu'il y a plusieurs bénévoles. En parlant des SADC, je vais vous dire que j'ai un journal...

• 1555

M. Martin Cauchon: Préparez vos questions.

M. Guy St-Julien: Donc, j'ai le numéro d'avril d'un journal du nord du Québec, Le Jamésien, dont vous faites la première page. On y parle des SADC. À la Chambre, on ne peut pas les montrer, mais ici, en comité, on peut les montrer. Ça me fait plaisir. Le SADC Matagami, monsieur le président, nous donne son centre d'accès à l'Internet et une grande page à l'intérieur. Je vois justement un de vos fonctionnaires, Daniel Ricard, le directeur du Nord du Québec. Vous savez que ma circonscription d'Abitibi—Baie-James—Nunavik est très grande.

Parlons de vos actions et de celles de vos fonctionnaires. J'en connais certaines et je les apprécie. Il y a M. Gladu, que je connais depuis 1984. C'est un gars d'action, et je suis content que vous l'ayez récupéré pour l'amener chez vous, mais je veux parler avec vous de l'avenir des SADC.

M. Martin Cauchon: En fait, la question est vaste.

M. Guy St-Julien: C'est parce que vous êtes un bon ministre. C'est pour cela que la question est vaste.

M. Odina Desrochers (Lotbinière, BQ): On appelle cela des questions plantées.

M. Guy St-Julien: Non, ce n'est pas une question plantée; je lui aurais écrit. J'aimerais dire à M. Desrochers que c'est bien beau de parler de questions plantées, mais qu'il doit savoir que je regarde mes notes personnelles. Je suis un gars de terrain, moi. Je viens de la plus grande circonscription des 10 provinces du Canada et si j'ai à parler au ministre, je n'ai pas besoin d'entendre les commentaires du petit gars du Bloc québécois. Merci. Allez-y, monsieur le ministre.

M. Martin Cauchon: Monsieur le président, le programme des Sociétés d'aide au développement des collectivités existe sous une forme ou sous une autre depuis plus de 20 ans. À l'origine, il était sous la responsabilité de Développement des ressources humaines et s'appelait CAE ou CADC. Lorsque nous avons formé le gouvernement, en 1993, il y a eu des modifications: les deux ont été fusionnés et maintenant, au Québec, ça s'appelle les Sociétés d'aide au développement des collectivités.

Certes, lorsque les CADC relevaient de Développement des ressources humaines, leur rôle était sensiblement différent en vertu du mandat premier du ministère du Développement des ressources humaines. Depuis que les CADC ont été transférés au ministère de Développement économique, leur rôle est beaucoup plus axé sur une intervention en matière de développement économique, une intervention qui est essentiellement en ligne avec le mandat de l'agence.

Je dois dire qu'on a signé un nouveau contrat avec les Sociétés d'aide au développement des collectivités. Elles sont ciblées par l'agence comme étant l'un des partenaires de premier plan dans l'ensemble des régions. Je dois dire aussi que plus on évoluera avec les SADC, plus le partenariat avec l'agence va se raffermir. Par exemple, elles sont appelées à nous aider à développer des programmations particulières.

Tout à l'heure, je mentionnais les Initiatives Jeunesse qui ont été développées de concert avec les SADC. Elles sont également appelées à livrer des services de première ligne et des parties de programmation, non seulement pour l'agence, mais également pour d'autres ministères. Donc, plus nous allons évoluer, plus les SADC deviendront des partenaires de premier plan dans l'ensemble des régions. Évidemment, elles offrent une ramification intéressante, considérant qu'il s'agit de 54 organismes qui possèdent une expertise absolument remarquable un peu partout au Québec.

On me parlait de l'avenir. Je pense que l'avenir des SADC est brillant. Actuellement, au niveau de la collaboration sur le terrain, les SADC collaborent plutôt bien avec les autres intervenants en matière de développement économique.

M. Guy St-Julien: Ma deuxième question concerne votre rapport sur les dépenses économiques pour les régions du Québec. On dit toujours que les paroles s'envolent, mais je regardais vos écrits. C'est très bien fait parce que, comme je l'ai dit plus tôt, vous êtes un ministre d'action. On n'est pas toujours sur la même longueur d'onde, mais on peut trouver des solutions pour les gens de chez nous. On dit ceci à la page 13 de votre rapport:

    Les régions métropolitaines de Sherbrooke, de Trois-Rivières, de Chicoutimi-Jonquière, et les agglomérations de Rimouski et de Rouyn-Noranda capitalisent de plus en plus sur leurs centres universitaires pour participer à l'économie du savoir...

Les universités sont importantes, surtout dans le Québec profond. Quand on parle du Québec profond, on parle des régions éloignées des grands centres urbains. Plusieurs personnes me disent: «Chez nous, Guy, tout est centralisé à Montréal.» Je leur dis que ce n'est pas vrai, parce qu'on a l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, qui est située à Rouyn-Noranda et qui a des filiales à Amos et à Val-d'Or. L'année dernière, on voulait faire un projet de 7,4 millions de dollars pour l'université à Rouyn-Noranda. Ce sera déposé cet après-midi à vos bureaux régionaux. C'est un gros dossier parce qu'on a fait l'historique de la répartition régionale pour s'implanter à Amos, à Val-d'Or et à Rouyn-Noranda.

• 1600

C'est la première fois que je vois cela et ce sera la première fois que je vais appuyer Rouyn-Noranda sur ce dossier, avec Jules Arsenault. On veut du béton, on veut de ceci et de cela, mais on veut aussi s'épanouir dans notre région. Du côté de l'université, que pouvez-vous faire en matière de développement économique pour aider les grandes régions? Vous savez que l'Abitibi-Témiscamingue est une deuxième Gaspésie. Je pense même qu'on dépasse un peu la Gaspésie ces temps-ci, car les gens de cette région vont de l'avant, comme vous l'avez dit plus tôt. Chez nous, nous reculons depuis quelques mois. En Abitibi, le chômage est à 24 ou 25 p. 100. Les statisticiens nous disent qu'il est à 13,4 p. 100, mais quand on y regarde de près, on voit qu'il est à 28 p. 100 chez les jeunes, etc.

Du côté de l'université régionale, qu'est-ce que vous pouvez faire pour nous aider à nous épanouir?

M. Martin Cauchon: D'abord, je vais reprendre un peu ce que je dis souvent dans mes allocutions. Avec la mondialisation, particulièrement avec les nouveaux moyens de communication et la nouvelle économie, si les régions, dans leur ensemble, peuvent bien utiliser tous les outils qui sont à leur disposition dans ce nouveau contexte, l'avenir appartiendra peut-être d'abord et avant tout à l'ensemble des régions du Québec et du Canada.

On trouve un savoir-faire dans l'ensemble des régions. On y trouve également une qualité de vie assez extraordinaire. Mais évidemment, les régions devront être capables de se structurer et de se positionner. Pour se structurer, certes, elles ont besoin de centres de recherche et également d'universités, mais il faut faire en sorte qu'il puisse y avoir une meilleure symbiose ou homogénéité entre les universités, les centres de recherche et le milieu des affaires.

Un peu partout au Québec, que ce soit à l'université de Sherbrooke ou à l'Université du Québec à Chicoutimi, des interventions ont été faites par Développement économique Canada pour aider les gens dans leurs recherches, dans des domaines bien spécifiques, toujours par le biais du programme Initiative régionale stratégique.

Vous avez parlé tout à l'heure de développer des domaines de savoir de concert avec les universités. Il y a toutes les mesures qui ont été mises de l'avant par Industrie Canada, particulièrement la Fondation canadienne pour l'innovation, qui peut permettre des interventions dans les différents centres de recherche et avec le milieu universitaire.

Je sais que des projets sont présentement en cours d'analyse pour l'université de votre région. Ce sont des projets intéressants qui pourront permettre à la région de mieux participer à la nouvelle ère économique. Ces projets ont été soumis dans le cadre de Stratégie jeunesse SADC-DEC. J'espère qu'on pourra vous fournir une réponse prochainement, mais des choses ont été été faites. Qu'on pense, par exemple, à un programme dont le nom m'échappe, mais qui vise à faire en sorte que l'université puisse aider les gens de votre secteur à prendre une idée et à la concrétiser. Au Québec, on appelle communément ces gens des «patenteux». Ce sont des gens qui ont l'esprit inventif, mais qui ne peuvent pas concrétiser leurs idées sur papier, qui ne peuvent pas obtenir de brevet pour leur produit et qui n'ont pas la capacité ou le savoir nécessaire pour commercialiser ces choses. Il y a quelques années, de concert avec l'université, on a mis sur pied une organisation qui s'occupe essentiellement de cela. Le bilan est plutôt positif au moment où on se parle.

M. Guy St-Julien: J'ai une autre question qui porte sur le même dossier. C'est très intéressant quand on regarde ça. C'est très bien fait. Quand on parle d'un bon gouvernement qui travaille très fort, en voilà un. Quand on regarde à la page 43, qui porte sur l'Abitibi-Témiscamingue...

Une voix: Il faut dire que le député est très éloquent.

M. Guy St-Julien: Il est vrai que je commence ma douzième année comme député, mais c'est toujours le peuple qui parle. C'est vrai que j'ai battu le Bloc québécois la dernière fois, et on va le refaire la prochaine fois.

Monsieur le président, je voudrais parler au ministre de la page 44. On nous donne l'occasion d'intervenir. Vous parlez à la page 44 des prospecteurs. On parle du secteur minier à la page 43 surtout et de la capacité de technologie et d'entrepreneurship. On va parler du secteur minier.

On sait que vous étiez présent, l'année dernière, dans le secteur situé au nord-ouest de Val-d'Or et que vous avez parlé de RSW-Béroma, des moulins portatifs, etc. J'aimerais vous entendre parler de cela. Comment votre ministère peut-il aider le secteur minier? Parlez-nous aussi de l'Association des prospecteurs du Québec. Vous êtes allé en Europe, à l'OCDE.

• 1605

Le grand problème qui se pose à nous, c'est celui de l'exploration minière qui s'enfonce à cause du prix des métaux. Quel est l'avenir de l'exploration minière chez nous?

M. Martin Cauchon: D'abord, c'est évident que votre région se trouve particulièrement affectée. L'économie y est basée sur l'exploration, l'exploitation et l'extraction minières. Or, c'est un secteur où la valeur des produits, des métaux et des denrées de base fluctue énormément.

Le rôle de Développement économique Canada, dans ce contexte, et je l'ai déjà souligné, est de faire en sorte que les régions puissent diversifier leur économie, mais en partant de leur réalité économique. Évidemment, dans votre région, on a annoncé une initiative régionale stratégique qui colle à votre réalité, aux produits touristiques sur le plan international, certes, mais aussi au secteur minier. Notre but est de faire en sorte qu'on puisse aider des entreprises à développer des technologies apparentées au secteur minier et, par la suite, produire ces choses non seulement pour le marché d'ici au Canada, mais aussi pour le marché international.

Vous faisiez allusion tout à l'heure à une société qui a développé une mini-machine pour essentiellement effectuer une espèce de filtrage des produits qu'on extrait du sol, ce qui est assez révolutionnaire. Le but de notre intervention a été essentiellement de permettre à la société de réaliser un prototype, de le mettre en fonction et de l'utiliser afin qu'elle puisse exporter son savoir-faire ailleurs dans le monde. C'est un produit assez révolutionnaire, parce que ce petit ensemble miniature, que j'ai eu l'occasion de voir, peut remplacer tout un processus minier.

Essentiellement, nous voulons que nos interventions servent à aider les entreprises à mettre au point une technologie. Imaginez les services que cet outil technologique peut rendre dans le domaine de l'extraction minière dans les pays en voie de développement, par exemple.

Finalement, le dernier budget de mon collègue comportait l'annonce d'un certain montant affecté au secteur minier un peu partout au Canada. Il y a tout près de six millions de dollars qui seront consacrés à la province de Québec et qui seront gérés par Développement économique Canada. Évidemment, ces six six millions de dollars seront gérés à travers le prisme de notre programme IRS.

M. Guy St-Julien: Par quel bureau?

M. Martin Cauchon: Le bureau de Val-d'Or.

M. Guy St-Julien: Merci.

M. Martin Cauchon: Dont l'honorable Léo Couture est le directeur.

M. Guy St-Julien: Un très bon directeur.

Le président suppléant (M. Ian Murray): Merci, monsieur St-Julien.

Monsieur Desrochers.

M. Odina Desrochers: D'ores et déjà, je puis dire que mes questions ne porteront pas uniquement sur ma circonscription, mais sur l'ensemble du Québec. Lotbinière est un belle circonscription, mais je vais tenter d'élargir mon champ d'action.

J'aimerais vous poser une question. On parle de développement économique, de développement rural, de développement régional, et on annonce actuellement des programmes Internet à droite et à gauche. Il y a deux semaines, j'ai entendu M. Gagliano annoncer des programmes Internet, de même que votre collègue Mitchell et vous aussi. Y a-t-il une ligne d'action dans tout cela? Puisqu'on dit que vous êtes en charge du développement économique pour la région du Québec, y a-t-il un programme grâce auquel vous pouvez vous assurer de réaliser progressivement toutes ces promesses que vos collègues ont faites? À un moment donné, il y en aura trop si cela continue.

M. Martin Cauchon: L'intervention date déjà de quelques années. On se rappellera que lorsque le ministre Manley avait revu l'ensemble des programmes d'Industrie Canada, le fer de lance de sa programmation était ce qu'on appelait «Un Canada branché». On voulait faire du Canada le pays le plus branché au monde. Je pense qu'on peut maintenant dire que c'est mission accomplie.

Dans le cadre de cette stratégie du Canada branché, si ma mémoire est bonne, il y a deux ou trois ans, le premier ministre a demandé à l'ensemble des intervenants économiques du gouvernement canadien d'aller de l'avant avec des mesures qui pouvaient soutenir leurs divers mandats. On a demandé tout spécialement aux agences de faire leur part en matière de stratégie de connectivité.

Donc, le cadre de travail, c'est le programme «Un Canada branché». Par exemple, nous sommes intervenus par une mesure très significative, qui est peut-être la mesure la plus significative, soit notre intervention en matière de commerce électronique, qui ne cible pas l'entreprise comme telle ou l'individu comme tel, mais davantage les effets structurants pour une collectivité donnée, pour une région géographique ou administrative donnée.

Je dois dire qu'après qu'ait été lancée cette mesure en matière de commerce électronique, j'ai eu l'occasion de rencontrer mon homologue provincial, David Cliche, avant qu'il ne lance lui-même des mesures en matière de commerce électronique ou des mesures de connectivité. Il a donc eu la chance de prendre connaissance de l'ensemble de ma programmation, ce qui a permis un bon arrimage entre les deux ministères.

• 1610

M. Odina Desrochers: Puisqu'on parle des Sociétés d'aide au développement des collectivités, les SADC, avez-vous l'intention d'élargir le mandat de celles qui existent déjà et même d'en créer d'autres au cours de 2000-2001?

M. Martin Cauchon: Comme vous le savez sans doute, puisque vous semblez bien suivre la question du développement régional, j'ai annoncé, il y a un an et demi, que la distribution géographique des Sociétés d'aide au développement des collectivités serait soumise à une révision. Du même souffle, j'ai expliqué qu'il pourrait y avoir, ou bien la création de nouvelles SADC, ou bien l'élargissement des territoires des SADC existantes, ou encore la création de nouveaux partenariats.

Je dois dire qu'actuellement, nous discutons avec le Réseau des SADC, une organisation provinciale qui représente l'ensemble des 54 SADC. Nous discutons également avec d'autres organismes et devrions normalement être en mesure d'aller de l'avant avec une initiative dans un avenir rapproché, je l'espère.

M. Odina Desrochers: Êtes-vous en mesure de me faire connaître votre échéancier aujourd'hui?

M. Martin Cauchon: Lorsque j'ai annoncé le projet, l'échéancier devait normalement être d'une année. Il s'est avéré un peu plus long. Je pense que ce qui importe, c'est de s'assurer que l'intervention, quand elle aura lieu, satisfasse les demandes formulées par le milieu. En effet, l'idée d'aller de l'avant avec une nouvelle répartition du territoire et un agrandissement du territoire n'est pas une idée virtuelle. En fait, c'est une idée qui a été émise à plusieurs reprises, par plusieurs intervenants économiques et par plusieurs maires.

Pourquoi? Parce que, comme je le mentionnais tout à l'heure, quand le mandat des SADC relevait de Développement des ressources humaines, il n'était pas le même. Le mode d'intervention n'était pas le même. Aujourd'hui, les SADC sont devenues un bel outil de développement économique dont tous les milieux veulent bénéficier.

M. Odina Desrochers: Est-ce que leur fonctionnement est autonome? Est-ce qu'il est axé sur la décentralisation et mise sur l'écoute du milieu?

M. Martin Cauchon: Oui, elles ont un fonctionnement autonome. Les conseils d'administration des SADC fonctionnent en collégialité et sont constitués de gens d'à peu près tous les milieux. Ce sont des conseils d'administration représentatifs.

La seule limite à leur autonomie, c'est probablement mon imputabilité ministérielle. Comme je le mentionnais tout à l'heure au député de l'Alliance canadienne, je dois rendre compte à la Chambre des communes. C'est le grand principe démocratique. Donc, les organismes qui gèrent des fonds publics doivent aussi me rendre compte à moi. Cependant, je pense que nous avons trouvé un bel équilibre entre l'indépendance et le principe d'imputabilité.

M. Odina Desrochers: Ai-je encore du temps? Oui.

Monsieur le ministre, vous dites augmenter vos contributions au programme Initiative régionale stratégique. J'aimerais savoir vers qui il sera orienté. Quelle clientèle visez-vous? Avez-vous déjà des projets-pilotes en tête, ou des régions que vous voulez rejoindre grâce à ce programme? Il y a quand même une augmentation qui a été annoncée; votre budget passe de 55 millions de dollars à 75 millions de dollars pour 2000-2001.

M. Martin Cauchon: La question est appropriée parce que le budget de Développement économique Canada est, à quelques dollars près, de 150 millions de dollars pour cette année, somme répartie entre trois programmes principaux. On parle d'IDEE-PME, d'Initiative régionale stratégique et du Programme d'aide au développement des collectivités.

Quand on regarde de façon plus particulière la répartition du budget entre IRS et IDEE-PME qui, à l'origine, après la révision des programmes, était notre programme principal, on s'aperçoit qu'IRS a atteint sa vitesse de croisière et dépassé IDEE-PME. Essentiellement, le budget d'IDEE-PME est d'environ 50 millions de dollars, si ma mémoire est bonne, alors que celui d'IRS oscille entre 70 et 74 millions de dollars. On s'entend sur 72 millions de dollars. Donc, on voit que les deux programmes ont atteint leur vitesse de croisière.

Maintenant, où vont ces sous? Dans chaque région, Développement économique Canada a établi des partenariats avec les différents intervenants. Je dois dire que, dans certaines régions, la table est plutôt large.

Dans chaque région, on a mis sur pied une IRS qui correspondait à la volonté des gens du milieu, en termes de structuration économique. Je mentionnais tout à l'heure le Bas-Saint-Laurent—Gaspésie, où le thème est «Bâtir une technopole maritime».

Donc, oui, certes, on intervient sur le plan touristique parce qu'il y a un produit touristique extraordinaire, qu'on peut commercialiser à l'international. Mais il y a aussi des particularités économiques dans les divers secteurs: Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Îles-de-la-Madeleine.

• 1615

On intervient dans des centres de recherche, comme l'Institut Maurice-Lamontagne avec lequel on a un certain partenariat. On intervient également dans des entreprises dont la réalité est collée au milieu maritime. On me souffle à l'oreille le nom de Marinard. Il y a aussi des entreprises qui fabriquent des produits de beauté à partir d'algues marines, donc des entreprises très orientées vers les réalités. Dans la région de Québec, il y a le développement d'une techno-région et le rayonnement international de la grande région de Québec. Donc, on intervient dans des entreprises. Le fonds GATIQ est un fonds de 10 millions de dollars qui nous permet de soutenir des entreprises dans des domaines technologiques très pointus.

Également, le fonds d'Initiative régionale stratégique nous permet d'intervenir auprès de l'INO, l'Institut national d'optique, dans les secteurs de la géomatique. Nous sommes aussi en train d'examiner deux dossiers intéressants en matière de produits touristiques internationaux et d'infrastructures qui auront vraiment un effet d'entraînement. On parle de l'Aquarium et du Terminal de croisières. On fait beaucoup d'efforts pour coller aux réalités et aux besoins de chacune des régions.

Monsieur le président, vous savez que j'ai grandi moi-même dans les régions du Québec. Je suis originaire de Charlevoix. J'ai beaucoup entendu parler de développement régional. Souvent on disait que les programmes n'étaient pas assez flexibles et ne correspondaient pas aux réalités des régions. Lorsque je me suis vu confier le mandat du développement économique, j'ai voulu réaliser le programme Initiative régionale stratégique. À mon point de vue, aujourd'hui, on constate des résultats plutôt satisfaisants pour l'ensemble des partenaires.

M. Odina Desrochers: Une dernière question. Vous avez mentionné deux dossiers: le Terminal de croisières et l'Aquazoo. Est-ce bien cela?

M. Martin Cauchon: L'Aquarium.

M. Odina Desrochers: L'Aquarium. Est-ce qu'on peut s'attendre à des décisions prochainement? Où en sont les pourparlers? Je sais qu'il y a une polémique qui existe actuellement.

M. Martin Cauchon: L'Aquarium a été annoncé hier. Je ne sais pas si vous l'avez lu dans les journaux de ce matin.

M. Odina Desrochers: J'en suis très heureux pour les gens de Sainte-Foy.

M. Martin Cauchon: L'Aquarium est un dossier qui est en marche depuis déjà un an. J'ai eu l'occasion de rencontrer les responsables du dossier pour la première fois il y a un an. Je les ai rencontrés par la suite à quelques reprises, entre autres il y a quelques semaines. Le dossier est actuellement en phase terminale au niveau de l'analyse, et j'espère être capable, parce que je sais que les gens de l'ensemble de la région de Québec s'attendent à une annonce prochaine, de concrétiser ma réponse dans les semaines qui viennent.

M. Odina Desrochers: Et le Terminal?

M. Martin Cauchon: Actuellement, comme vous le savez, dans la grande région de Québec, il y a un débat qui se déroule sur la question du Terminal de croisières. On a lancé dernièrement une enquête publique sur un site particulier. Nous nous sommes montrés ouverts à ce que d'autres sites puissent être pris en considération. Est-ce que ces autres sites pourront être considérés dans le cadre de l'enquête? Cela m'apparaît difficile puisqu'elle est déjà commencée. Mais ça n'infirme quand même pas notre volonté de considérer d'autres sites. À mon point de vue, il est important qu'on puisse s'entendre pour doter la région de Québec d'une infrastructure touristique dont l'apport économique sera vraiment important.

M. Odina Desrochers: Merci, monsieur le président.

Le président: Merci, monsieur Desrochers.

[Traduction]

Il y a deux autres députés sur la liste de ceux qui veulent poser des questions, M. Hill et M. St-Julien.

[Français]

Il y a également M. Dubé, et nous avons 10 minutes.

[Traduction]

Ce tour ne sera pas long et nous allons commencer avec M. Hill.

M. Grant Hill: M. Dubé peut volontiers...

[Français]

M. Odina Desrochers: C'est qu'on se préoccupe des questions du Québec.

M. Antoine Dubé (Lévis-et-Chutes-de-la-Chaudière, BQ): Je veux saluer M. Jacques, qui a été un de mes professeurs à une époque et qui m'a enseigné l'approche systémique. Je devrais lui poser une question parce que le ministre qui nous parle aujourd'hui est toujours très éloquent.

L'évaluation est très importante et doit répondre à des critères très précis. Je n'ai pas en main le fameux rapport d'évaluation dont parlait M. Hill. Cependant, êtes-vous en mesure de juger de l'évolution de la situation en fonction de critères depuis le virage, en somme depuis que vous êtes là, depuis 1993? Avez-vous des critères comme le nombre d'emplois? Quels sont vos critères et quelle évaluation faites-vous? Quel avancement pouvez-vous nous démontrer aujourd'hui?

• 1620

M. Martin Cauchon: En rapport avec la programmation et l'évaluation de la programmation, depuis 1995, on a demandé des rapports de vérification interne parce qu'il s'agissait justement d'une nouvelle programmation. On voulait s'assurer d'effectuer le fine tuning voulu pour s'ajuster aux besoins et mieux les satisfaire par notre programmation.

Le deuxième élément, c'est qu'un cadre stratégique a été développé par le ministère pour qu'un meilleur suivi soit effectué des différentes données qu'on recueille au sujet de la programmation. Un observatoire a aussi été mis sur pied.

J'ai sans doute oublié de le mentionner dans mon discours d'introduction, mais nous avons maintenant un bureau virtuel à DEC. En naviguant sur Internet, vous avez accès à notre site, à notre bureau virtuel, et vous avez également accès à cet observatoire où on recueille énormément d'information pour nous permettre de faire évoluer notre programmation, mais également d'étudier la bonne marche de notre programmation.

Ce qui est important, toujours en matière d'évaluation, c'est que depuis quelques années, la programmation IDEE-PME du ministère est ISO 9002. C'est un fait très important. Qu'est-ce que cela veut dire? Ça veut dire que le processus de mise en application du programme doit être effectué de façon très rigoureuse et selon des critères reconnus sur une base internationale. Chaque dossier est traité de la même façon. On sait qu'ISO fait l'objet de vérifications régulières. Je pourrais vous dire que la norme ISO vient tout juste d'être renouvelée à Développement économique Canada pour le programme IDEE-PME.

J'aimerais également vous annoncer, peut-être en primeur, que nous lançons le processus d'«isotage», si vous me permettez l'expression, pour le programme Initiative régionale stratégique.

Finalement, puisque nous sommes fermement orientés vers les résultats, lorsqu'on intervient, on n'est pas rattachés à x dollars pour un emploi, mais on intervient dans un projet de développement économique. Il n'en reste pas moins qu'on mesure par la suite les retombées en nombre d'emplois. Régulièrement, pour IDEE-PME, des vérifications sont effectuées par sondages auprès de l'ensemble de notre clientèle pour nous permettre de déterminer la création d'emplois.

Certes, au niveau d'Initiative régionale stratégique, des mesures semblables seront mises sur pied, mais le programme est relativement nouveau. Toutefois, on veut aller de l'avant avec ça parce que plus on évolue, plus on s'oriente vers les résultats en termes de retombées économiques et en termes d'effets structurants pour une région.

M. Antoine Dubé: Avant 1993, il y avait une entente qu'on appelait à l'époque Canada-Québec. L'an dernier—parce que depuis un an, c'est mon collègue de Lotbinière qui s'occupe du dossier du développement régional—, il n'y avait que deux provinces qui n'avaient pas renouvelé l'entente. Au Québec, il y avait un blocage. Où en est-on maintenant?

M. Martin Cauchon: Vous dites qu'au Québec, ça bloquait?

M. Antoine Dubé: Pour le renouvellement d'une entente.

M. Martin Cauchon: C'est un mot un peu dur, mais puisqu'il vient d'un député de l'opposition, je l'accepte.

En réalité, ça ne bloquait pas. On se rappellera qu'entre le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada, il y avait aussi un accord Industrie Canada-Québec qui, lorsqu'il est venu à échéance, n'a pas été renouvelé. Je sais que le gouvernement du Québec est allé de l'avant avec sa propre programmation, en l'occurrence le programme FAIRE. Nous avons créé d'autres modes d'intervention orientés selon notre vision du développement économique. Bien souvent, lorsqu'on s'arrête aux effets concrets, on voit que ce sont des effets complémentaires.

Au niveau du développement régional, il en a été de même. En 1995, nous avons réorienté notre programmation vers ce que nous croyons être la force du gouvernement canadien et nous l'avons basée également sur l'expertise du gouvernement canadien, de même qu'en fonction de la juridiction du gouvernement canadien, parce qu'on a une juridiction conditionnelle en matière de développement économique. Si on observe ce qui se passe aujourd'hui, on voit qu'il y a une grande complémentarité entre les deux gouvernements. Je pense que 40 p. 100 des interventions au Québec sont faites en partenariat avec le gouvernement du Québec.

• 1625

D'ailleurs, j'accompagnerai demain M. Landry pour faire une annonce dans la région de la Gaspésie. Il y a une excellente communication. Ce qui est important, c'est que le renouvellement de la programmation de part et d'autre nous aura permis de mieux nous concentrer sur nos champs d'expertise, sur ce qui reflète notre juridiction, notre capacité et notre expérience.

Le président: Merci, monsieur Dubé. Monsieur St-Julien, vous avez quatre minutes.

M. Guy St-Julien: Je vais commencer immédiatement. Il y en a qui disent ne pas parler seulement pour leur région. Vous savez que la province de Québec mesure 1 500 000 kilomètres carrés, dont 802 000 constituent ma circonscription, en comparaison de celles des autres députés, qui peuvent mesurer 50, 100 ou 1 000 kilomètres carrés. Je fais affaire avec 68 maires et, à partir de la ville la plus au sud, Val-d'Or, il y a 2 000 kilomètres jusqu'à Salluit, la ville la plus au nord.

Ma question est la suivante. On parle des Inuits et des autochtones du Québec. Je sais qu'Industrie Canada et Développement économique Canada, votre bureau, ont un mandat spécifique par rapport aux autochtones. Ce dont je veux surtout vous parler, monsieur le ministre, c'est du programme Initiative régionale stratégique pour l'an 2001. Je sais qu'il y a des initiatives qui ne sont pas encore au point actuellement et que votre personnel travaille très fort là-dessus.

J'aimerais vous entendre parler du Nunavik, de la Baie James, de la Côte-Nord, du Centre du Québec, de Laurentides-Lanaudière, de la zone non métropolitaine de la région de Montréal.

En passant, j'aimerais savoir si c'est vrai que vous allez tenir un congrès canadien des SADC. Est-ce au Québec, à Mont-Tremblant, comme je viens de l'apprendre tout à l'heure? J'aimerais vous entendre parler de ça en même temps.

[Traduction]

M. Martin Cauchon: Monsieur le président, combien de temps nous reste-t-il?

Le président suppléant (M. Ian Murray): À peu près trois minutes.

M. Martin Cauchon: Je vais essayer de répondre à cette question très rapidement, même si je pourrais parler pendant une heure. C'est une question très vaste.

[Français]

Concernant le nord du Québec, le député sait très bien que, du côté de l'Industrie d'abord, une initiative particulière a été lancée il y a deux ans, soit Entreprise autochtone Canada. L'ensemble des agences ont été appelées à mettre la main à la pâte et, plus encore, on a participé financièrement à ce fonds pour un montant d'un million de dollars. Ce fonds fonctionne bien.

De notre côté, dans le cadre du programme Initiative régionale stratégique, nous irons de l'avant prochainement, je l'espère. Vous avez mentionné 2001, mais j'espère que ce sera plus tôt. Nous irons de l'avant avec une IRS pour le nord du Québec qui inclura un nouvel outil de développement économique qui sera géré en complémentarité avec la programmation déjà existante, que ce soit IDEE-PME ou encore la programmation d'Industrie Canada.

En ce qui concerne le congrès national des SADC, il aura lieu au Québec, à Mont-Tremblant, à la fin de mai. C'est une première. Je crois que les SADC d'un bout à l'autre du pays ont beaucoup en commun. Je suis convaincu que ça va redynamiser ces organismes, qui, encore une fois, sont un outil de développement économique assez remarquable.

M. Guy St-Julien: Je voudrais remercier le ministre d'avoir amené au Québec ce congrès national canadien qui est important, car le développement économique engendre la prospérité. Le congrès se tiendra, je crois, durant la dernière fin de semaine du mois de mai.

J'estime le ministre. Monsieur le président, s'il y a un ministre qui fait le tour du Québec et qui fait acte de présence dans sa province, c'est bien l'honorable Martin Cauchon. Merci.

[Traduction]

Le président suppléant (M. Ian Murray): Je tiens à remercier le ministre et ses fonctionnaires d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. Nous avons eu une discussion très intéressante et nous en avons appris beaucoup sur la circonscription de M. St-Julien. Encore une fois, merci beaucoup.

La séance est levée.