Monsieur le Président, sur le mur de l’École polytechnique, il y a une plaque. Quatorze noms y sont gravés: Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte. Ce sont 14 vies volées, 14 femmes assassinées parce qu’elles étaient des femmes. Ce sont 14 filles, conjointes, sœurs et amies arrachées à ceux et celles qu’elles aimaient, à ceux et celles qui les aimaient.
L’attentat antiféministe de Polytechnique n’a pas fait que 14 victimes, il en a fait beaucoup plus, des milliers, des millions. Le Québec tout entier, 30 ans plus tard, vit encore avec ce fardeau, ce sentiment désagréable de s’être sali. C’est arrivé chez nous, un geste commis par l’un de nous. On a tous perdu quelque chose le 6 décembre 1989. Un homme est entré dans une classe, dans un lieu de savoir et de connaissance, a séparé les hommes et les femmes, a laissé partir les hommes, a aligné neuf femmes et a fait feu.
Une des étudiantes, Nathalie Provost, a fait face à cet homme armé et a essayé de le calmer: « Écoutez, nous sommes juste des femmes étudiant l’ingénierie, pas forcément des féministes prêtes à marcher dans les rues, criant que nous sommes contre les hommes, juste des étudiantes cherchant à mener une vie normale. » Six sont mortes, trois ont été blessées, juste des étudiantes cherchant à mener une vie normale. Puis, il quitte la classe et sème la terreur pendant 20 minutes dans l’école.
Une école, c’est ce que nous souhaitons tous pour nos enfants. Nous leur disons d'aller à l'école, d'apprendre, de trouver le métier qui leur convient, de contribuer à la société et de faire de leur mieux. Dans une école, une université, c’est là que la lâcheté, la haine, la misogynie et la violence ont sévi le 6 décembre 1989.
Il ne suffit pas de commémorer les événements de Polytechnique; il ne suffit pas de nous rappeler où nous étions et avec qui nous étions. Cela ne suffit pas. Non, 30 ans plus tard, il faut continuer le combat pour qu’il n’y ait plus jamais d’attentat antiféministe comme celui du 6 décembre 1989.
Dans nos livres d’histoire, 14 noms sont gravés: Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte.
Pour vous, nous devons agir. Vous êtes à tout jamais les porte-étendards de la lutte contre la violence à l'égard des femmes, une part de notre conscience, et un élan qui nous inspire à faire mieux et à être une meilleure société.
Trente ans plus tard, trente ans après ce jour infâme, engageons-nous solennellement à lutter contre la misogynie, à lutter contre la haine et à combattre la violence envers les femmes.
Cet engagement doit dépasser les mots et nous avons, à la Chambre, la capacité de poser des gestes concrets pour que l'attentat antiféministe de l'École polytechnique de Montréal ne se reproduise pas.
Nous pouvons resserrer le contrôle des armes à feu, plus particulièrement des armes d'assaut ou de poing, resserrer le contrôle des armes aux frontières et nous assurer que les acquéreurs d'armes à feu ne constituent pas une menace pour la vie de qui que ce soit.
Nous devons agir aussi contre la violence quotidienne envers les femmes, ces claques sur la gueule, cette violence sale que subissent les femmes simplement parce qu'elles sont des femmes.
Il faut bouger. Il faut agir. Nous avons un devoir de vigilance. Pour ces femmes que nous avons perdues le 6 décembre 1989, pour ces femmes que nous avons perdues depuis et pour que cela n'arrive jamais plus, agissons!