a) prenne acte du Rapport spécial sur l’ingérence étrangère dans les processus et les institutions démocratiques du Canada du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement;
b) constate avec inquiétude que certains élus pourraient travailler volontairement ou involontairement aux intérêts de puissances étrangères;
c) demande que le mandat de la commission sur l’ingérence étrangère (Commission Hogue) soit élargi pour lui permettre d’enquêter sur les institutions démocratiques fédérales du Canada, incluant les parlementaires de la Chambre des communes élus lors des 43e et 44e législatures ainsi que les parlementaires siégeant au Sénat.
— Monsieur le Président, je suis très fier de me lever aujourd'hui pour le discours d'ouverture de la journée de l'opposition du Bloc québécois ayant pour thème l'ingérence étrangère. J'en profite pour saluer mes concitoyens de Trois‑Rivières, avec qui je discute souvent de ce sujet parce que cela semble les intéresser. Les gens sont curieux, et, aujourd'hui, nous allons tenter d'aller au bout de leur curiosité.
Voici la motion:
a) prenne acte du Rapport spécial sur l’ingérence étrangère dans les processus et les institutions démocratiques du Canada du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement;
b) constate avec inquiétude que certains élus pourraient travailler volontairement ou involontairement aux intérêts de puissances étrangères;
c) demande que le mandat de la commission sur l’ingérence étrangère (Commission Hogue) soit élargi pour lui permettre d’enquêter sur les institutions démocratiques fédérales du Canada, incluant les parlementaires de la Chambre des communes élus lors des 43e et 44e législatures ainsi que les parlementaires siégeant au Sénat.
Il y a une semaine aujourd'hui, le Canada, le Parlement du Canada et, assurément, plusieurs alliés du Canada en matière de sécurité nationale et de renseignement ont perdu leur innocence. Malgré les dénégations répétées du gouvernement libéral, malgré l'optimisme mal avisé du rapporteur spécial dit indépendant, malgré le rapport aveugle de la commission Rosenberg, le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou CPSNR, a publié le 5 juin dernier un rapport dévastateur. Le rapport n'était pas dévastateur par le ton de sa rédaction. Le rapport était dévastateur par son contenu, qui, pour avoir été supposé par certains au fil du temps, n'était pas connu de la plupart.
Malgré le caviardage qui accompagne ce genre de rapport, le lecteur a pu rapidement comprendre qu'il y avait problème, qu'il y avait péril en la demeure. En 178 paragraphes, le rapport décrivait le concept d'ingérence étrangère. À des fins anecdotiques, je mentionne que le concept d'ingérence étrangère n'est pas défini dans le droit canadien. Il ne figure pas au programme du projet de loi , qui est maintenant à l'étude. Le rapport décrivait aussi l'identité des États voyous, leurs tactiques, leur utilisation des cyberoutils et l'absence de coordination dans la réponse de l'État canadien à ces menaces.
C'est à la lecture du paragraphe 50 et des paragraphes suivants que les cheveux se sont dressés sur la tête des lecteurs.
Premièrement, on y apprend que certains parlementaires ont communiqué « fréquemment avec des missions étrangères avant ou pendant une campagne électorale pour obtenir le soutien de groupes communautaires ou d'entreprises que les missions diplomatiques promettent de mobiliser discrètement en faveur du candidat ».
Deuxièmement, on y apprend que des parlementaires ont accepté « sciemment ou par ignorance volontaire des fonds ou des avantages de missions étrangères ou de leurs mandataires qui sont passés par plusieurs mains ou sont autrement déguisés pour en dissimuler la source ».
Troisièmement, on y apprend que certains parlementaires ont fourni « à des représentants diplomatiques étrangers des informations privilégiées sur le travail ou les opinions d'autres parlementaires, sachant que ces représentants utiliseront ces informations pour faire pression de façon inappropriée sur les parlementaires en vue de faire changer leurs positions ».
Quatrièmement, on y apprend que certains parlementaires ont obéi « aux demandes ou aux ordres de représentants étrangers afin d'influencer de façon inappropriée des collègues ou les travaux parlementaires en faveur d'un État étranger ».
Cinquièmement, on y apprend que certains parlementaires ont fourni « des informations apprises confidentiellement du gouvernement à un agent de renseignement connu d'un État étranger ».
Ce sont cinq constats dévastateurs. La lecture nous confirme ainsi qu'il y a actuellement des députés à la Chambre qui ont collaboré, d'une manière ou d'une autre, avec des États voyous contre notre intérêt national. C'est écrit noir sur blanc. Si ce n'est pas de l'ingérence étrangère, qu'est-ce?
Devant une telle révélation, on ne peut rester de marbre. On ne doit pas rester de marbre. Je le promets, nous ne resterons pas de marbre. Bien sûr, le gouvernement a pris la peine de nous mettre en garde. Je vais donner trois exemples de ce qu'il nous a dit. On nous a dit qu'un renseignement n'était pas nécessairement un fait. C'est fondé, comme réponse. Un renseignement n'est pas nécessairement un fait. On nous a également dit qu'il fallait parfois voir l'ensemble d'une mosaïque afin d'en comprendre le sens, la direction, le chemin, afin de savoir où on va.
Ce n'est pas faux. C'est intéressant comme point. On nous a aussi dit que les renseignements étaient de nature très secrète et qu'ils ne pouvaient être révélés sous peine de prison à perpétuité, ce qui est vrai aussi. Ces trois éléments ne sont pas faux. Entendons-nous bien là-dessus.
Je veux bien entendre et comprendre ces justifications ou ces réponses, mais, en fin de compte, le rapport demeure clair. Il y a actuellement de l'ingérence dans notre Parlement. Au lieu de tenter de nous rassurer avec des paroles creuses, qu'a-t-on fait? Que fait-on? Que ferons-nous? Ce sont des questions auxquelles on n'a pas encore de réponse.
Après avoir entendu les molles justifications lors de l'étude du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique sur la fondation Trudeau, après avoir lu le rapport complaisant du rapporteur spécial soi-disant indépendant et le rapport accablant du comité des parlementaires, que fait-on? Qu'est-ce que ça va prendre de plus pour qu'on agisse?
Actuellement, la situation est tendue. Il y a de la méfiance qui s'installe. Ce n’est bon pour personne, pour aucun des partis. Puis, pour ajouter le tort à l'affront, le comité des parlementaires prend même la peine de mentionner quelque chose de très intéressant dans son rapport de 2023. Le comité mentionne que le gouvernement n'a fourni que quatre documents sur les mille documents demandés. C'est quatre sur mille. Il faut le lire pour le croire. À la décharge du gouvernement, je dirais que, sur les 996 documents manquants, certains ont été fournis de manière caviardée. Bon. Quand même, l'échantillonnage est assez étrange.
Après que les parlementaires aient pris connaissance du rapport du Comité spécial sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine au sujet du laboratoire de Winnipeg, on se souvient qu'il y avait eu toutes sortes de débats à la Chambre, et environ 600 pages du rapport étaient caviardées, y compris les notes en bas de page et les numéros de page.
Un comité spécial a été constitué afin d'évaluer la situation en compagnie d'arbitres, qui étaient des juges de la Cour fédérale. Les arbitres ont conclu que le caviardage était excessif. Il était peut-être préventif, mais il était excessif. On a vu que le caviardage du rapport a été pratiquement éliminé. On ne l'a pas éliminé au complet, parce qu'il y avait des informations sensibles dans le rapport, mais, en gros, on a principalement enlevé le caviardage. On fait souvent face à des cas de surclassification, c'est-à-dire qu'on classe l'information dans une catégorie trop élevée. On va de « confidentiel » à « secret », de « secret » à « très secret », et ainsi de suite. On le fait de manière préventive, mais peut-être pas très juste.
Je vais reprendre les mots de la commissaire à l'information, qui nous disait, au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, qu'il est manifeste que ce gouvernement préfère l'obscurité à la lumière.
C'est dans cet esprit que le Bloc québécois propose sa motion aujourd'hui. La situation est pire que tout ce que nous avions imaginé jusqu'à présent. Le rapport nous apprend non seulement que des États étrangers s'ingèrent dans notre processus démocratique, mais qu'ils auraient en plus des complices chez les élus fédéraux. Ces élus ne sont pas nommés publiquement, et les députés qui siègent au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou CPSNR, sont contraints au silence à perpétuité, comme je le disais plus tôt, sous peine de prison.
Autrement dit, les noms des personnes qui travaillent pour les intérêts étrangers ne pourront pas être révélés par le CPSNR, mais ils pourraient l'être par d'autres avenues, comme celle d'une enquête plus large de la commission Hogue. La commission pourrait creuser la question et obtenir de nouveaux témoignages dans le cadre d'une enquête élargie.
Le gouvernement libéral doit comprendre que son devoir est de nous protéger, pas de se protéger. Il doit cesser la stratégie d'évitement des questions sérieuses et retirer ses lunettes roses, parce qu'on n'est plus en 2015. Le gouvernement doit aussi cesser de banaliser la situation, comme l'a fait la secrétaire parlementaire et députée de la semaine dernière. Au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, elle a répondu « Boohoo, get over it » à un parlementaire qui posait des questions au au sujet de l'ingérence étrangère.
Cette banalisation de la chose est inacceptable et ne sera plus acceptée. Le gouvernement libéral doit aussi comprendre que tous ne sont pas gentils, que tous ne disent pas la vérité et que l'ingérence existe. Afin d'aller au fond des choses, quelques explications s'imposent. Il est admis que la classification de sécurité « très secret » exige que les parlementaires gardent le secret pour toujours. Cela existe.
Il existe aussi ce qu'on appelle le secret du Cabinet. Sa raison d’être est codifiée dans le Parlement de Westminster et ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Il permet aux participants d’être peut-être plus honnêtes entre eux, sans filtre et sans encourir le risque de se faire diffamer ou quoi que ce soit.
Le secret n’est pas un mal en soi. Le secret du Cabinet n’est pas un mal en soi non plus. Le problème, c’est l’abus de ce secret du Cabinet, qui pourrait être qualifié de non éthique ici. Pour s’y retrouver, il faut savoir établir une distinction entre ce qui est secret et ce qui est dissimulé. Ce n’est pas la même chose du tout. On dit du secret — je n'en ferai pas l’étymologie — que c’est ce qui doit être tenu à part. C’est dans une autre catégorie. La dissimulation, elle, est simplement une fourberie qui cache ce qui pourrait être montré. La dissimulation est une forme de manipulation, une forme de mensonge qui implique une certaine supériorité de l’un sur l’autre, fondé sur le fait que l'un sait et croit que l'autre n'a pas besoin de savoir. Ce n’est pas un rapport très égalitaire. Cependant, mentir, c’est surtout faire croire, et faire faire à l’autre personne ce qu’elle n’aurait pas fait si elle avait su. C’est un concept fondamental dans une élection.
Le mensonge a besoin du secret, tandis que le secret n’est pas systématiquement un mensonge. C’est une distinction importante et j’invite mes amis d’en face à y réfléchir. La dissimulation et le mensonge sont les ennemis de la confiance, qui, je le rappelle, consiste à déléguer son avenir à quelqu’un d’autre. Lors d’une élection, le citoyen délègue son avenir à un candidat qui est élu. Le citoyen est en droit de s’attendre à ce que le candidat prenne soin de cette confiance. Le citoyen s’attend à ce que l’État protège ses intérêts, pas ceux d’une puissance étrangère ou, pire, ses intérêts partisans.
Par contre, au moment présent, si on survole l’ensemble de l’œuvre du gouvernement libéral face à l’ingérence étrangère, on ne peut qu’être surpris par sa légèreté et par son élévation de la dissimulation en art de vivre. C’est la raison pour laquelle il nous faut pousser et aller plus loin afin de chasser la dissimulation et le mensonge et redonner à la population la confiance qu’elle est en droit d’espérer de la part de ses élus.
Après l’échec du rapporteur spécial, soi-disant indépendant, c’est en la commission Hogue que le Bloc québécois place sa confiance. Rappelons que la commission Hogue a été constituée par les quatre principaux partis, qui ont travaillé de concert et convenu à l’unanimité de la personne de la juge et de la portée et la nature du mandat.
Pour ceux qui sont moins au courant, je rappelle quelques petits points du mandat. On y dit que la commission doit examiner et évaluer « l’ingérence de la Chine, de la Russie et d’autres acteurs étatiques ou non étatiques étrangers, ainsi que toute répercussion potentielle de cette ingérence, afin de confirmer l’intégrité et les répercussions, le cas échéant, sur les 43e et 44e élections générales […] ». La commission doit aussi examiner et évaluer « la circulation d’informations à destination de décisionnaires de haut rang, notamment d’élus […] ». Troisièmement, la commission doit aussi examiner et évaluer « la capacité des ministères, organismes, structures institutionnelles et processus de gouvernance fédéraux à permettre au gouvernement du Canada de détecter, de prévenir et de contrer toute forme d’ingérence visant directement ou indirectement les processus démocratiques du Canada ».
C’est une grande mission et pour cette grande mission, il faut aux grands maux, les grands moyens. La commission Hogue a de grands moyens: elle peut adopter des procédures et des méthodes qui lui paraissent indiquées pour la conduite efficace de l’enquête publique, et elle peut recevoir et examiner tous les documents pertinents, classifiés ou non. Or, c’est là où le bât blesse, parce que la commissaire a avoué ne pas avoir reçu certains documents ou avoir reçu des documents qui étaient caviardés, ce qui ne devait pas être le cas. J’en reviens à la surclassification. Il faut cesser d’avoir peur d’avoir peur à ce sujet. Les quatre partis, à l’unanimité, ont nommé la commissaire et lui ont donné un mandat. La commissaire devrait être capable ou être en mesure de recevoir ces documents.
L’ingérence étrangère n’a pas de couleur politique. L’ingérence étrangère affecte tous les parlementaires ici à la Chambre, tous les partis politiques et tous les citoyens. Des dizaines de milliards de dollars sont volés chaque année. Des membres de nombreuses diasporas sont menacés en territoire canadien chaque année. Les menaces sont réelles, maintenant, ici, à la Chambre. Ne rien faire n’est plus une option. Il faut cesser de regarder ailleurs et de croire que le danger passera de lui-même.
C'est pourquoi le Bloc québécois « demande que le mandat de la commission sur l'ingérence étrangère [...] soit élargi pour lui permettre d'enquêter sur les institutions démocratiques fédérales du Canada, incluant les parlementaires de la Chambre des communes élus lors des 43e et 44e législatures ainsi que les parlementaires siégeant au Sénat. »
Il faut choisir de faire l'histoire plutôt que de la subir. C'est devant les grands dangers qu'on voit un grand courage. Le Bloc québécois propose cette motion afin que la confiance puisse être rétablie. Je dis à tous mes collègues: courage.
:
Madame la Présidente, cette question est cruciale.
Aujourd'hui, alors que nous nous réunissons, il est essentiel de reconnaître et d'affirmer que tous les parlementaires prêtent serment avant d'entamer leur important travail au sein de la Chambre. Il est essentiel que nous tenions tous pour sacré ce serment, et ce, chaque jour. Les Canadiens ne méritent rien de moins.
Il est tout aussi important que nous travaillions ensemble pour prendre très au sérieux toute tentative d'atteinte à notre démocratie. Ensemble, nous devons rester fermes dans notre engagement à sauvegarder l'intégrité de nos processus et institutions démocratiques. Il ne s'agit pas d'une obligation qui incombe davantage à un côté ou l'autre de la Chambre.
Je remercie mon honorable collègue d'avoir présenté cette motion. Elle nous permet à tous de débattre de l'importance de la question et de nous engager à travailler ensemble pour contrer l'ingérence dans nos institutions démocratiques.
En ce début de mon intervention, je tiens à saluer le travail considérable accompli par le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou CPSNR, pour produire le « Rapport spécial sur l'ingérence étrangère dans les processus et les institutions démocratiques du Canada ». Ce rapport témoigne de la diligence et du dévouement des parlementaires dans la sauvegarde de l'intégrité de nos processus démocratiques. Il souligne les défis auxquels nous sommes confrontés en ce qui a trait à l'ingérence étrangère et met en évidence la nécessité d'une vigilance constante et de mécanismes solides pour protéger notre démocratie.
Le gouvernement prend très au sérieux les recommandations du rapport du CPSNR. Nous les prendrons en compte, comme celles de l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, ou OSSNR, et du rapport du rapporteur spécial indépendant, lorsque nous envisagerons les prochaines étapes. Je sais que le rapport final de la commissaire Hogue, qui sera publié en décembre, contiendra également des recommandations issues de l'enquête publique.
Ces examens sont essentiels pour garantir que l'ensemble des mesures prises par le Canada pour contrer la menace en constante évolution de l'ingérence étrangère soit adapté, efficace et progressif. Chacun de ces mécanismes d'examen a été mis en place pour renforcer la responsabilité lorsqu'il s'agit de s'assurer que les renseignements sont pris en compte et utilisés de manière appropriée pour protéger les Canadiens contre les menaces de tous types.
Il est tout aussi important d'exprimer notre confiance dans les agences de renseignement du Canada. Nos professionnels du renseignement s'engagent à respecter les normes les plus élevées en matière d'intégrité et de sécurité nationale. Ils travaillent sans relâche pour veiller à ce que nos institutions démocratiques soient à l'abri de toute influence étrangère indue.
Je voudrais aborder le fond de la motion présentée aujourd'hui. Les conclusions du CPSNR devraient faire réfléchir tous les députés à la Chambre. Il est inacceptable, voire intolérable, que des députés siègent à la Chambre s'ils travaillent en coulisses pour faire avancer les objectifs de quiconque n'a pas à cœur l'intérêt supérieur des Canadiens. Le rapport du CPSNR indique que c'est possiblement ce qui est en train de se produire.
Notre collègue d'en face a présenté cette motion aujourd'hui pour veiller à ce que ces préoccupations soient soigneusement examinées. Il propose que la commissaire Hogue soit habilitée à examiner cette question. La commissaire Hogue dispose déjà d'un mandat solide dont les attributions ont été négociées entre tous les partis de la Chambre.
Bien qu'il n'appartienne pas à la Chambre de donner des instructions à la commissaire quant à la manière dont elle s'acquitte de son mandat, nous pensons qu'elle dispose de l'autorité dont elle a besoin pour mener à bien son important travail. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que la commissaire a la capacité et l'obligation d'interpréter de manière indépendante le mandat que nous lui avons confié.
[Traduction]
Je me permets de souligner notre point de vue sur le mandat de la commission. Tout d'abord, comme le reflète le libellé de la motion présentée à la Chambre aujourd'hui, le mandat de la commission évoque « l'importance capitale de la préservation de l'intégrité des processus électoraux et des institutions démocratiques du Canada, et [...] le besoin de transparence, cela dans le but de renforcer la confiance des Canadiens à l'égard de leur démocratie ».
Le mandat précise que « les chefs de tous les partis reconnus à la Chambre des communes ont appuyé l'ouverture d'une enquête publique sur l'ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques fédéraux dans le cadre des 43e et 44e élections générales ».
Dans son rapport initial, la commissaire Hogue commente son mandat comme suit, à la page 65: « Le mandat fait expressément référence au “processus électoral” et aux “institutions démocratiques”, ce qui indique que le gouvernement souhaitait que la Commission se penche sur l'ingérence étrangère au-delà des élections. »
Elle ajoute ensuite:
[...] dans le contexte du mandat de la Commission, les institutions démocratiques font référence au Parlement et au pouvoir exécutif. Cela est cohérent avec l'un des principaux points de mire de mon mandat, à savoir le processus électoral fédéral. L'issue de ce processus est l'élection de politiciens chargés de gouverner et de légiférer dans l'intérêt du Canada.
En résumé, mon mandat consiste à enquêter sur d'éventuels cas d'ingérence étrangère relativement:
Au processus électoral fédéral.
Aux activités législatives menées par les membres élus du Parlement.
À la prise de décisions exécutives par le Cabinet et ses ministres en relation avec leurs ministères respectifs, y compris l'ingérence étrangère indirecte dans les décisions ministérielles lorsque celles-ci se fondent sur des informations provenant d'un palier inférieur du gouvernement et sont clandestinement influencées par un État étranger (ou ses mandataires, agents, etc.).
[Français]
Je m’excuse de l’avoir citée longuement, mais quelque chose ressort clairement de ses commentaires.
Mme la juge Hogue estime que l’impact de l’ingérence étrangère, volontaire ou involontaire, sur la manière dont les parlementaires s’acquittent de leurs tâches en tant qu'organe législatif du gouvernement s’inscrit parfaitement dans le cadre de ce qui lui a été demandé d’examiner.
La proposition visant à ce que la Commission examine l’ingérence étrangère en ce qui concerne les députés de la Chambre des communes élus au cours des 43e et 44e législatures, ainsi que les membres du Sénat, soulève d’importantes questions.
Je voudrais ajouter à ce que j’ai déjà dit pour souligner à quel point il est important que nous comprenions tous que le mandat de la commissaire doit être compris dans le cadre de la Loi sur les enquêtes et des termes du décret. Par exemple, bien que le gouvernement reconnaisse que la commissaire aurait la latitude pour examiner les questions soulevées dans la motion d’aujourd’hui, son mandat ne s’étend pas à la formulation de conclusions ou de recommandations en matière de responsabilité civile ou pénale.
Pour conclure, je voudrais réitérer le fait que le gouvernement a lancé le processus de rapport de surveillance réglementaire, dirigé par le très honorable David Johnston; a demandé à l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement et au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement d’entreprendre des études sur l’ingérence étrangère; et a créé l’Enquête publique sur l’ingérence étrangère.
Notons que plusieurs de ces initiatives, à l’exception bien entendu de la commission d’enquête présidée par la juge Hogue, ont été faites malgré l’opposition venant de certains partis de la Chambre. Cependant, il s’agit, dans l’ensemble, de la meilleure fiche en termes de gouvernement occidental depuis les cinq ou six dernières années. Nous savons à quel point les autres pays alliés, les démocraties, sont sous bombardements, que ce soit dans les réseaux sociaux ou par toute autre forme d’ingérence étrangère venant de pays suspects.
Nous avons fait tout cela parce que nous croyons que les Canadiens et les parlementaires méritent de comprendre cette menace critique pour nos valeurs démocratiques. Nous accueillons positivement le débat d’aujourd’hui.
Je suis impatient d'entendre tous les députés s'exprimer sur l'importance de la transparence et de la responsabilité dans ces domaines.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Le rapport sur l'ingérence étrangère du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement est vraiment choquant. Il révèle que certains députés et sénateurs ont sciemment, et j'insiste sur le terme « sciemment », aidé des États étrangers hostiles. Entre autres activités, ils ont, à maintes reprises, rencontré des missions diplomatiques étrangères ou communiqué avec elles, communiqué des renseignements confidentiels à des diplomates étrangers, et transmis à des agents de sécurité d'États étrangers hostiles des renseignements fournis aux députés et aux sénateurs à titre confidentiel.
On ne devrait pas avoir à préciser que le devoir fondamental de tout député et de tout sénateur est de faire passer les intérêts du Canada en premier, et non les intérêts d'un autre État. Tout député ou sénateur qui a fait passer les intérêts d'un État étranger avant ceux du Canada a trahi les Canadiens. Il a trahi la confiance dont il était investi. Il a trahi son serment d'allégeance, jeté une ombre sur l'institution parlementaire et ébranlé la confiance des citoyens dans la capacité des parlementaires de servir leurs intérêts plutôt que ceux d'États étrangers.
Depuis la publication du rapport du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, qui a fait l'effet d'une bombe, le fait preuve d'un total manque de transparence. Il a vu la version non caviardée du rapport. Il sait qui sont les députés et les sénateurs compromis. En fait, c'est lui qui a eu le dernier mot en ce qui concerne ce qui doit être censuré dans le rapport, y compris le caviardage du nom des députés compromis. Les Canadiens ont le droit de connaître ces noms. Ils ont le droit de savoir quels députés et quels sénateurs sont compromis.
Le a comparu jeudi dernier devant le comité de la sécurité publique. J'y étais. Il a eu l'occasion, devant le manque de transparence du , de dissiper les doutes en répondant à des questions élémentaires. Je tiens à souligner combien j'ai été déçu par les réponses évasives du ministre. Face aux questions légitimes que les députés lui ont posées au nom des Canadiens, il a adopté une attitude arrogante et condescendante. Évidemment, le ministre de la Sécurité publique a refusé de donner des noms, exactement comme le premier ministre. Il a refusé de révéler combien de députés et de sénateurs sont compromis. Il a refusé de même donner un chiffre approximatif. S'agit-il de 5, 10 ou 20 députés et sénateurs? De combien parle-t-on au juste? Quelle est l'ampleur du problème? Fait révélateur, le ministre a refusé deux fois de répondre à la question très simple que je lui posais et qui était de confirmer qu'aucun membre du Cabinet du premier ministre ne fait partie des députés compromis. Deux fois, le ministre de la Sécurité publique a refusé de répondre à cette question, ce qui, je le répète, est révélateur et amène à se demander si, après neuf ans de ce premier ministre, les acteurs de l'ingérence étrangère ont étendu leurs tentacules jusqu'aux plus hautes sphères du gouvernement libéral.
Le a soutenu qu'il serait irresponsable de révéler aux Canadiens le nom des députés et des sénateurs en cause. Ce qui est irresponsable, selon moi, c'est le manque total de transparence du , qui a comme résultat de mettre à l'abri des députés et des sénateurs qui ont fait passer les intérêts d'États étrangers avant ceux du Canada. Voilà ce qui est irresponsable.
Le a dit qu'il y avait des informations délicates sur le plan du renseignement et de la sécurité nationale. Il a raison, mais seulement dans une certaine mesure. Je rappelle au ministre et au gouvernement que ce que nous demandons au gouvernement, ce n'est pas de révéler aux Canadiens des renseignements de nature délicate, des sources ou des méthodes employées. Nous demandons simplement au gouvernement libéral de dévoiler les noms des députés et des sénateurs compromis; seulement leurs noms, c'est tout. Je ne parle pas de députés ou de sénateurs qui n'ont fait que rencontrer des diplomates étrangers ou discuter avec eux; je parle plutôt de parlementaires qui ont sciemment, volontairement et délibérément coopéré avec des États étrangers et les ont aidés à porter atteinte aux intérêts du Canada. Comme les Canadiens, nous voulons savoir qui sont ces personnes.
Nous voyons tellement souvent les libéraux s'abriter derrière des considérations de sécurité nationale et de renseignement, pour apprendre, par la suite, que cela n'avait rien à voir. Que c'était seulement dans le but de protéger les intérêts du et du Parti libéral et d'éviter de mettre le gouvernement dans l'embarras à cause de ses nombreux manquements dans la lutte contre l'ingérence étrangère et la protection de la démocratie et de la souveraineté du Canada. Après tout, ce premier ministre affiche un bilan bien établi et troublant de fermer les yeux sur l'ingérence étrangère, tant que cela correspond à ses propres intérêts et à ceux du Parti libéral.
Voilà un qui, jusqu'à ce qu'il se fasse prendre, a délibérément ignoré et camouflé l'ingérence de Pékin dans les élections de 2019 et de 2021, parce qu'il pensait que cela profiterait au Parti libéral. Le premier ministre a été informé, lors des élections de 2019, que l'un de ses candidats, l'actuel député de , était soutenu par le régime communiste de Pékin. Après avoir été mis au courant, qu'est-ce que le premier ministre a fait de cette information? Absolument rien. Il a permis à ce candidat de se présenter sous la bannière libérale à l'élection de 2019, ce qui l'a conduit à la Chambre des communes, et le premier ministre a caché ce fait pendant quatre ans. La juge Hogue a conclu que les actions du premier ministre dans cette affaire étaient fondées sur sa crainte de « conséquences directes [...] sur les élections ». Autrement dit, le but était de protéger le premier ministre et les intérêts du Parti libéral plutôt que de protéger notre démocratie contre l'ingérence de Pékin. Il est clair que le premier ministre et le gouvernement libéral ne méritent pas notre confiance.
Cependant, la bonne nouvelle, c'est qu'il existe une solution raisonnable qui a été décrite dans une lettre adressée au cours de la fin de semaine par le au . Cette solution prévoit que le gouvernement remette à la juge Hogue une version non caviardée des renseignements et des preuves contenus dans le rapport du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Elle pourrait alors examiner les renseignements de manière approfondie et émettre des constatations de nature factuelle concernant les députés qui auraient sciemment aidé des États étrangers, et ces constatations, avec le nom des députés concernés, pourraient ensuite être intégrées à un rapport qui serait alors déposé au Parlement. On garantirait ainsi aux Canadiens la transparence qu'ils méritent, tout en protégeant les renseignements sensibles et en permettant un degré raisonnable de respect des procédures dans les circonstances.
S'il s'agit vraiment de protéger les renseignements sensibles et la sécurité nationale, le gouvernement devrait remettre les preuves à la juge Hogue. Si les libéraux ne le font pas, il n'y a qu'une seule conclusion possible, à savoir qu'une fois de plus, le se protège, protège le Parti libéral et protège des députés libéraux qui pourraient être compromis.
:
Madame la Présidente, il y a une semaine, le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement a publié un rapport qui contient ses conclusions. Ce rapport est le fruit de plus d'un an de travail du comité, qui a examiné quelque 33 000 pages provenant de 4 000 documents classifiés. Les membres du comité ont assisté à des séances d'information. Ils ont interrogé des dizaines de hauts responsables du renseignement et de personnes haut placées, y compris le lui-même. Ils ont découvert que quelques députés participent sciemment aux efforts déployés par des États étrangers pour s'immiscer dans nos affaires politiques. C'est choquant.
[Français]
Le rapport a révélé que ces parlementaires avaient répondu aux demandes ou aux instructions de fonctionnaires étrangers pour influencer de manière inappropriée les collègues parlementaires ou les affaires parlementaires au profit d'un État étranger. Le comité a constaté dans son rapport que quelques membres de l'actuelle Chambre avaient violé l'affirmation solennelle ou le serment prononcé au début de leur mandat de député.
[Traduction]
Je vais citer le rapport, qui fait état « des exemples de députés qui se sont employés à influencer leurs collègues pour le compte de l'Inde et qui ont proactivement fourni des renseignements confidentiels à des représentants indiens ». Il fait aussi état d'« un exemple classique d'ingérence étrangère où un État étranger a soutenu un politicien volontaire ».
En outre, le rapport constate « une situation particulièrement inquiétante où un ancien député entretenait une relation avec un agent non déclaré de renseignement étranger [...]. [Ce] député a cherché à organiser une réunion dans un État étranger avec un représentant haut placé du renseignement et a aussi fourni proactivement [...] à l'agent de renseignement des informations reçues à titre confidentiel ».
Le rapport constate que la République populaire de Chine a établi un « réseau [qui] a eu des contacts avec au moins 11 candidats et 13 membres du personnel électoral, dont certains semblaient sciemment travailler pour la [République populaire de Chine] ». Le rapport fait aussi état d'activités similaires de la part d'un autre réseau dans la circonscription de .
Le rapport constate également que des parlementaires ont communiqué « fréquemment avec des missions étrangères avant ou pendant une campagne électorale pour obtenir le soutien de groupes communautaires ou d'entreprises que les missions diplomatiques [ont promis] de mobiliser discrètement en faveur [de leur] candidat ».
Le rapport nous révèle des exemples de parlementaires ayant « [accepté] sciemment ou par ignorance volontaire des fonds ou des avantages de missions étrangères ou de leurs mandataires qui sont passés par plusieurs mains ou sont autrement déguisés pour en dissimuler la source ».
En outre, le rapport nous dit que des parlementaires ont fourni « à des représentants diplomatiques étrangers des informations privilégiées sur le travail ou les opinions d'autres parlementaires, sachant que ces représentants [utiliseraient] ces informations pour faire pression de façon inappropriée sur les parlementaires en vue de faire changer leurs positions ».
Le rapport nous apprend que des parlementaires ont obéi « aux demandes ou aux ordres de représentants étrangers afin d'influencer de façon inappropriée des collègues ou les travaux parlementaires en faveur d'un État étranger » et fourni « des informations apprises confidentiellement du gouvernement à un agent de renseignement connu d'un État étranger ».
Le rapport fait aussi état de parlementaires qui ont délibérément et sciemment collaboré avec des gouvernements étrangers au détriment du Canada et de sa population. Nous ne connaissons pas l'identité des députés qui ont sciemment et volontairement travaillé dans l'intérêt d'un gouvernement étranger parce que le a ordonné, en vertu du paragraphe 21(5) de la Loi sur le Comité des parlementaires pour la sécurité nationale et le renseignement, que le rapport soit caviardé.
Chaque député fédéral a prêté serment ou fait une affirmation solennelle de fidélité et d'allégeance au souverain. Nous avons juré ou affirmé solennellement d'être fidèles et de porter une véritable allégeance à notre régime constitutionnel, qui est inscrit dans les lois constitutionnelles, dans les décrets, dans les décisions de la Cour suprême du Canada et du Comité judiciaire du Conseil privé, ainsi que dans les conventions non écrites qui régissent le Parlement et les démocraties parlementaires depuis des siècles. Autrement dit, nous avons juré ou affirmé solennellement qu'avant toute chose, notre principale obligation est de servir le peuple canadien.
Dans son rapport, le comité conclut que quelques députés ont enfreint ce serment ou cette affirmation solennelle. Ces députés doivent rendre des comptes. Les députés qui ont volontairement, consciemment et sciemment aidé un gouvernement étranger au détriment des députés, qui ont fait fi du privilège parlementaire et qui ont agi à l'encontre des intérêts du Canada et de sa population, doivent être expulsés de la Chambre. La façon dont fonctionnent les expulsions à la Chambre, c'est que les 337 députés doivent voter en public après un débat sur l'expulsion. J'ai eu la difficile expérience de participer à un tel débat au sujet d'un ex-député il y a de cela plusieurs législatures. Ce n'est pas agréable à faire, mais c'est nécessaire pour protéger l'intégrité de cette institution. Il ne devrait pas s'agir simplement d'une norme pénale à laquelle nous sommes assujettis dans cette enceinte. Les serments et les affirmations solennelles que nous prêtons sont à l'égard des Canadiens. Notre conduite doit être guidée par ces serments et ces affirmations.
Les Canadiens doivent aussi pouvoir se rendre aux urnes aux prochaines élections en sachant si leur député est l'un des quelques parlementaires dont il est question dans le rapport. C'est pourquoi le doit nommer les députés ainsi que les renseignements pertinents pour permettre à la Chambre, à ses caucus et à ses comités de demander des comptes aux parlementaires et de prendre des mesures pour protéger l'intégrité de la Chambre.
Cela nous amène à la motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui. Nous nous retrouvons encore une fois dans la même situation qu'il y a un an et demi, qu'il y a trois ans et qu'il y a quatre ans, lorsque le gouvernement n'est pas disposé à respecter les normes de la démocratie parlementaire et à fournir à la Chambre et à ses comités l'information dont ils ont besoin pour s'acquitter de leur rôle constitutionnel. Le gouvernement n'est pas disposé à divulguer cette information.
Il y a un an, nous nous sommes retrouvés dans la même situation. En 2020, nous avons entamé un débat et des audiences sur les enquêtes liées à l'ingérence étrangère à la Chambre et dans ses comités. Le 18 novembre 2020, la Chambre a adopté une motion que j'avais présentée et qui demandait au gouvernement de produire un plan d'action solide pour contrer les menaces d'ingérence étrangère.
Les années suivantes, soit en 2021, 2022 et 2023, quatre comités de la Chambre des communes ont tenu des audiences. Le comité de la procédure et des affaires de la Chambre, le comité Canada-Chine, le comité des affaires étrangères et le Sous-comité des droits internationaux de la personne ont tenu 70 audiences, reçu 364 témoins, entendu 152 heures de témoignages et obtenu 1 902 pages de preuves dans le but de faire toute la lumière sur cette affaire d'ingérence étrangère.
Un an plus tard, le gouvernement a renvoyé l'affaire au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, qui a fait son travail et rendu son rapport, qui contenait les noms de députés qui avaient sciemment et consciemment aidé un État étranger au détriment des intérêts de la population canadienne. Une fois de plus, le gouvernement refuse de divulguer l'information. Par conséquent, une fois de plus, nous en sommes réduits à devoir passer par un processus extraparlementaire afin que l'affaire soit renvoyée à la juge Hogue, qui dirige l'enquête publique, afin que nous puissions aller au fond des choses et comprendre qui a été impliqué. Ensuite, la Chambre pourra prendre les mesures appropriées.
Nous avons eu le même problème au sujet des documents du laboratoire de Winnipeg. Nous avons dû recourir à un processus extrajudiciaire et extraparlementaire par l'entremise d'un comité spécial afin d'obtenir des résultats.
Nous appuyons la motion du Bloc, mais dans un esprit de collaboration, j'aimerais présenter l'amendement suivant à la motion:
Que la motion soit modifiée par substitution, au paragraphe c), de ce qui suit: c) exige que le gouvernement fournisse la version non caviardée du rapport spécial, ainsi que tous les documents de renseignement et les témoignages que le comité a examinés dans le cadre de l'Enquête publique sur l'ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques fédéraux, la Commission Hogue; et que le mandat de la Commission Hogue soit élargi afin 1) d'exiger que la Commission Hogue a) évalue les déclarations faites aux paragraphes 55 et 56, dans l'encadré suivant le paragraphe 57, et aux paragraphes 58, 59, 61, 64, 68 et 164 du rapport spécial concernant les représentants élus qui, volontairement, ont participé aux efforts d'États étrangers pour s'ingérer dans la politique canadienne, les y ont aidés ou soutenus; b) interroge les personnes nommées ou mentionnées à ces paragraphes et, par souci d'équité procédurale, offre à ces personnes la possibilité de présenter des observations sur les déclarations; c) tire des conclusions de fait concernant ces déclarations; d) produise et publie un rapport d'ici le 1er octobre 2024 à ce sujet, y compris ses conclusions de fait et le nom de tous les députés actuels qui, selon les conclusions de la commission, ont participé à ces activités d'ingérence étrangère, afin que la Chambre puisse prendre les mesures correctives appropriées; 2) d'autoriser la Commission Hogue à enquêter sur d'autres efforts d'ingérence étrangère en relation avec les institutions démocratiques fédérales du Canada, incluant les parlementaires de la Chambre des communes élus au cours des 43e et 44e législatures ainsi que les parlementaires siégeant au Sénat.
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Madame la Présidente, « [j]e [...] déclare et affirme solennellement, sincèrement et véritablement que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la reine Elizabeth II ». J'ai jusqu'à présent prononcé ces paroles à trois reprises: une fois en 2015, une fois en 2019 et une fois en 2021. Bien entendu, notre allégeance va maintenant à Sa Majesté le roi Charles II.
Il est important de souligner que nous ne prêtons pas serment à la personne. Le serment est en réalité prêté à l'incarnation de la Couronne en tant qu'institution, une institution qui est, comme on le sait, un symbole de l'État canadien, un vaisseau qui poursuit sa course malgré un changement occasionnel de capitaine.
Je n'aurais jamais cru en arriver à douter sérieusement de la sincérité de cette affirmation ou de ce serment de la part de mes collègues députés, mais compte tenu du rapport stupéfiant que nous avons reçu la semaine dernière du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, nous en sommes tous là.
Je tiens à souligner que je suis incroyablement fier d'être membre d'un groupe parlementaire qui a toujours été à l'avant-plan des efforts visant à obtenir des résultats dans le dossier qui nous occupe. Je rappelle aux députés qu'il y a un peu plus d'un an, le 30 mai 2023, ma collègue la députée de a profité de notre journée de l'opposition à la Chambre des communes pour s'assurer que nous débattions d'une motion demandant la tenue d'une enquête publique.
Les députés se souviendront qu'à ce moment-là, le gouvernement avait désigné un rapporteur spécial, le très honorable David Johnston, mais il était tout à fait clair que la confiance dans les capacités de M. Johnston était compromise en raison de sa relation étroite avec le et le Parti libéral. C'est pourquoi nous avons estimé à l'époque, en tant que néo-démocrates, qu'il était nécessaire que la Chambre demande à M. Johnston de se désister et que le gouvernement prenne enfin au sérieux la question de l'ingérence étrangère et établisse d'urgence une commission d'enquête publique.
Je suis heureux de souligner que, grâce à tous les partis de l'opposition, la motion présentée par mon parti a été adoptée par 174 voix contre 150; malheureusement, ce sont les libéraux qui ont voté contre. La motion a porté ses fruits, car M. Johnston a démissionné la semaine suivante. Il a compris à ce moment-là qu'il était tout simplement intenable pour lui de continuer à jouer son rôle sans bénéficier de la pleine confiance de la Chambre des communes. Par ailleurs, nous savons que la commission sur l'ingérence étrangère a finalement été créée le 7 septembre 2023.
Je suis membre d'un caucus qui a vu son chef, le , le député de Burnaby—Sud, être directement touché par l'ingérence étrangère. Nous savons que ma collègue la députée de a subi le même sort. Dans notre petit caucus néo-démocrate très uni, nous ne savons que trop bien à quel point l'ingérence étrangère est pernicieuse, car nous l'avons vue toucher directement deux de nos membres et leur nuire. Il s'agit d'une question très personnelle pour notre caucus.
Cela m'amène à la motion que le Bloc québécois présente, à sa journée d'opposition, pour que la Chambre l'examine et, éventuellement, la mette aux voix. Je vais diviser mon intervention en plusieurs parties, en examinant les différents éléments de la motion.
Examinons la première partie de la motion: « Que cette Chambre prenne acte du Rapport spécial sur l'ingérence étrangère dans les processus et les institutions démocratiques du Canada du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement [...] » Prenons donc acte du rapport. Tout d'abord, je tiens à souligner que, dans les premiers paragraphes, on peut y lire ce qui suit: « [...] le Comité a remarqué que l'appareil du renseignement est invariablement d'avis que les auteurs de menace continuent de considérer le Canada comme un milieu permissif, considérant les activités d'ingérence comme une façon de poursuivre des intérêts stratégiques comportant peu de risques et offrant des gains élevés. »
À la fin du rapport, on trouve une litanie de conclusions cinglantes à l'encontre du gouvernement libéral. On y déplore que les retards dans l'élaboration de la politique n'aient pas témoigné d'un sentiment d'urgence proportionnel à la gravité de la menace, que le retard dans la mise en œuvre des mesures ait nui aux réponses opérationnelles du gouvernement à la menace et qu'une réaction lente à une menace connue ait représenté une grave lacune susceptible d'entraîner des conséquences pour le Canada pendant de nombreuses années. « Pendant de nombreuses années »: il y a de quoi réfléchir.
Nous accusons beaucoup de retard dans ce dossier. Les avertissements avaient été lancés, mais notre pays a été lent à agir, avec pour conséquence les conclusions du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. En outre, nous savons maintenant que le gouvernement libéral a omis de divulguer plus de 1 000 pages de documents au Comité, tout comme il a omis de divulguer des documents aux fins de l'enquête publique. Ce n'est pas là le fait d'un gouvernement soucieux de transparence. Je dirais qu'en ce moment, nous avons besoin de transparence. Il faut rétablir la confiance et rendre des comptes. La question dépasse le cadre d'un parti politique, quel qu'il soit. Elle touche aux fondements mêmes de notre démocratie. Ce n'est pas une hyperbole, c'est la vérité pure.
La population canadienne souffre actuellement d'un réel déficit de confiance et, à la base de tout cela, il y a notre confiance commune dans la pérennité de notre démocratie en ces temps troubles ainsi que dans le fait que les élus fédéraux font leur travail honorablement, au nom de leurs concitoyens et dans l'intérêt supérieur de ce pays appelé le Canada. De toute évidence, nous en sommes au point où nous devons repousser avec force les puissances étrangères hostiles qui cherchent à éroder notre démocratie.
Passons à la deuxième partie de la motion, où on peut lire que la Chambre « constate avec inquiétude que certains élus pourraient travailler volontairement ou involontairement aux intérêts de puissances étrangères ». Le rapport du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement a fait l'effet d'une bombe, la semaine dernière. Ses allégations selon lesquelles des députés travaillent pour le compte d'intérêts étrangers dénotent un enjeu extrêmement grave, dont la Chambre doit se saisir. Par exemple, le paragraphe 55 du rapport indique que « certains représentants élus ont commencé sciemment à aider des acteurs étatiques étrangers peu de temps après leur élection ». Le paragraphe a été lourdement caviardé, mais la description des éléments caviardés parle « de députés qui se sont employés à influencer leurs collègues pour le compte de l'Inde et qui ont proactivement fourni des renseignements à des représentants indiens ».
Au paragraphe 56, il est question d'un État étranger — on ne précise pas lequel — qui a soutenu un politicien volontaire. Là encore, le paragraphe est lourdement caviardé. Au paragraphe 57, il est question du fait de l'établissement, par la République populaire de Chine, d'une relation avec certains députés reposant sur une contrepartie, c'est-à-dire que l'engagement des députés auprès de la République populaire de Chine ferait en sorte que celle-ci mobiliserait son réseau en faveur des députés. Les exemples semblables se suivent, le rapport décrivant en détail les réseaux clandestins qui influencent le processus politique, l'utilisation d'intermédiaires, le trafic d'influence auprès de candidats et d'élus, etc.
Je voudrais prendre un moment pour poser une question qui, à mon avis, préoccupe beaucoup de Canadiens et qui m'inquiète vraiment. Qu'en est-il du refus obstiné du d'obtenir l'autorisation nécessaire pour la tenue d'une réunion d'information très secrète sur la question? Le , qui a déjà obtenu cette autorisation, sera informé de l'identité de ces politiciens compromis. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi le chef du parti conservateur persiste dans son refus. La seule chose que je peux en conclure, c'est qu'il aime mieux parler de ce qu'il ne sait pas plutôt que de savoir des choses dont il ne peut pas parler. Le rapport, en particulier les paragraphes 72 et 73, fait référence à l'ingérence présumée de la République populaire de Chine dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada et de l'ingérence alléguée de l'Inde dans une campagne à la chefferie du Parti conservateur.
Il s'agit d'un incendie de cinq alarmes. C'est un sujet que tous les partis doivent prendre au sérieux. Nous sommes, bien sûr, au courant des allégations qui pèsent sur le Parti libéral. Elles ont déjà eu des conséquences pour l'un de ses députés, qui siège désormais comme indépendant. Là encore, je crois qu'il s'agit d'un problème auquel tous les chefs de parti doivent réagir rapidement. Je vais expliquer pourquoi.
La semaine dernière, nous, les membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, avons procédé à un examen minutieux du projet de loi , dont je parlerai plus tard, qui vise à lutter contre l'ingérence étrangère. L'un de nos témoins était David Vigneault, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité. Je lui ai demandé s'il était dans l'intérêt de la communauté du renseignement que certains parlementaires jouant un rôle clé — les chefs de parti — reçoivent cette information. Il m'a répondu qu'en effet, il est dans son intérêt de faire en sorte que le plus grand nombre possible d'élus jouant un rôle clé au Parlement, dans l'ensemble du Parlement du Canada, soient informés de ce dossier.
Je sais que, comme d'autres l'ont dit, il existe un profond fossé entre le renseignement et la preuve, mais d'autres mécanismes sont à la disposition des chefs de parti par rapport à leur propre caucus. Ainsi, si un chef de parti est informé de l'identité d'un député compromis, il peut faire en sorte que le nom de cette personne ne figure pas sur les bulletins de vote des Canadiens aux prochaines élections. C'est une solution possible.
C'est honteux de voir que, trop souvent, les partis choisissent délibérément de faire du grenouillage au lieu de s'informer. À mon avis, c'est tout sauf du leadership. Il y a un voile d'ignorance chez les conservateurs, mais du côté des libéraux, le fait de toujours s'en remettre au processus judiciaire et à l'enquête de la GRC est aussi un prétexte à l'inaction car, je le répète, il existe un fossé entre le renseignement et la preuve. Le renseignement ne satisfait pas toujours aux critères élevés que requiert un tribunal. Les agences de renseignement sont souvent très réticentes à partager l'information qu'elles ont recueillie parce que cela pourrait compromettre les sources qui la leur ont fournie. Pour revenir à ce qu'a dit le directeur du SCRS devant le comité, il y a des mesures à la portée des chefs de parti, mais ils ne peuvent les prendre que s'ils font volontairement le choix de bien s'informer, ce qui n'est toujours pas le cas pour le du Parti conservateur.
Dans la dernière partie de sa motion, le Bloc québécois demande que le mandat de la Commission sur l'ingérence étrangère, aussi appelée Commission Hogue, soit élargi pour lui permettre d'enquêter sur les institutions démocratiques fédérales du Canada, y compris sur les députés de la Chambre des communes élus lors des 43e et 44e législatures ainsi que sur les sénateurs.
Après avoir suivi une partie du débat, je constate que certains députés croient que le mandat actuel de la Commission englobe déjà ces éléments. Or, compte tenu de l'attention et de l'intérêt soutenus qui sont portés au dossier ainsi que des préoccupations bien réelles qu'il suscite parmi les Canadiens, je pense que si nous pouvions demander au gouvernement de préciser ses directives quant au mandat de la Commission, j'y serais volontiers favorable. Je pense que ce serait une demande raisonnable parce que, je le répète, il faut faire le nécessaire pour que l'équipe de l'enquête ait pleinement accès à tous les documents classifiés. Nous ne pouvons pas laisser le secret du Cabinet faire obstacle à la recherche de la vérité. C'est un fait, et je pense que la plupart des Canadiens seraient tout à fait d'accord avec moi.
Nous sommes tous très conscients de la gravité de la situation et de la nécessité de s'y intéresser à compter de maintenant. Nous devons néanmoins nous interroger sur la suite des choses. J'adore étudier les lois canadiennes et, dans les circonstances, la plus pertinente, c'est évidemment la Loi sur la protection de l'information. Or, selon cette loi, toute personne astreinte au secret à perpétuité commet une infraction si elle communique ou confirme, intentionnellement ou sans autorisation, des renseignements opérationnels spéciaux.
En l'occurrence, il s'agit des noms de ces députés. Un dilemme se pose. D'une part, nous avons la Loi sur la sécurité de l'information, qui prévoit des sanctions très sévères. Quiconque commet une infraction au titre de cette loi peut être déclarée coupable d'un acte criminel et passible d'une peine d'emprisonnement maximale de 14 ans. Il s'agit d'une peine sévère pour avoir enfreint les conditions de la Loi. Les membres du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement sont des députés, mais si nous examinons la loi invoquée pour former ce comité, nous voyons à l'article 12 qu'aucun membre de ce comité ne peut « invoquer l'immunité fondée sur les privilèges parlementaires ». Ils ont renoncé à leurs privilèges parlementaires pour faire partie de ce comité. Par conséquent, ils sont également tenus au secret. Ils ne peuvent pas prononcer les noms, car ils s'exposeraient à une peine d'emprisonnement.
Je dois revenir aux droits de la Chambre des communes elle-même, car je pense que nous sommes en train de jeter les bases d'un conflit entre les droits de la Chambre et les lois existantes. Nous savons tous que deux des mécanismes les plus puissants dont dispose la Chambre des communes sont le pouvoir de réglementer ses affaires internes et le pouvoir de prendre des mesures disciplinaires. Ce sont les principaux droits et pouvoirs, parmi quelques autres, dont dispose la Chambre des communes. Je dirais à mes collègues que le bris du serment d'allégeance ou de l'affirmation solennelle que nous avons tous faite pour avoir le privilège de siéger dans cette enceinte est probablement l'infraction la plus grave à laquelle je puisse penser. Je pense que la Chambre serait bien inspirée de s'en saisir en vue de déterminer la sanction appropriée. Je ne suis pas sûr de l'issue de ce conflit, car nous avons des droits en tant que députés, en ce sens que tout ce que nous disons ici à la Chambre est protégé par le privilège parlementaire. Nous ne pouvons littéralement pas être tenus responsables des choses que nous disons dans cette enceinte, car rien ne peut empêcher un député de faire son travail. Les députés ne doivent pas craindre d'être poursuivis pour pouvoir faire leur travail. Nous devons trouver un moyen pour que ces renseignements soient connus. L'objectif ultime que je poursuis est qu'aucun Canadien ne soit confronté à l'éventualité de l'inscription sur un buletin de vote du nom d'un politicien compromis qui pourrait travailler pour le compte d'une puissance étrangère plutôt que dans l'intérêt de la communauté qu'il représente ou de notre pays dans son ensemble.
Dans les deux dernières minutes dont je dispose, je tiens à mentionner que, pour ce qui est de la suite des choses, le projet de loi sera étudié article par article cet après-midi. Je serai présent, au comité, pour examiner chacun de ces articles. Avec un peu de chance, le rapport sera présenté à la Chambre d'ici mercredi. Je pense que le projet de loi contient des mesures substantielles. Nous sommes certainement heureux de le soutenir. Je pense qu'il est important de créer un registre. Je pense qu'il est important que la Loi sur le SCRS soit mise à jour afin qu'elle puisse fonctionner dans un monde numérique. Je pense également qu'il est important que la Loi sur la sécurité de l'information soit mise à jour de manière à ce que les personnes qui participent à des ingérences clandestines soient punies comme il se doit.
Toutefois, permettez-moi de dire ceci. Toute action entraîne une réaction égale et opposée. Je pense que les gouvernements étrangers doivent entendre le message selon lequel leur ingérence dans nos affaires intérieures est désormais clairement sur notre radar et que nous allons agir. C'est un enjeu dont le pays est saisi, dont le Parlement est saisi, et nous sommes désormais prêts à prendre des mesures pour nous assurer que nous éradiquons ce problème et que nous rendions à leurs auteurs la justice qu'ils méritent manifestement. Les allégations selon lesquelles des députés auraient sciemment reçu l'aide d'un gouvernement étranger sont profondément troublantes. Personne ayant ces intérêts à l'esprit ne devrait siéger à la Chambre des communes. Ces personnes ne devraient pas être les bienvenues au Parlement du Canada. En fin de compte, les Canadiens méritent de savoir qui sont ces députés, qui sont ceux qui minent notre démocratie, et le gouvernement doit trouver une solution à ce problème. Tous les parlementaires ont l'obligation de faire tout en leur pouvoir pour lutter contre l'ingérence étrangère.
Sur ce, je conclurai en disant que nous soutiendrons cette motion. Nous serons toujours d'accord pour soutenir les efforts visant à aller au fond de cette question et à la traiter avec le sérieux qu'elle mérite.
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Madame la Présidente, je vous informe que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Il y a eu plus de 70 rencontres au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre sur l’ingérence étrangère dans nos élections. Il y a eu deux questions de privilège, une par le député de et une par le député de , qui ont été étudiées par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Une commission d’enquête indépendante a été lancée après les appels incessants de mon collègue de ainsi que moi-même à la Chambre. Maintenant, un rapport fracassant du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement démontre que des parlementaires canadiens incitent des gouvernements étrangers à les utiliser dans le cadre de leur stratagème de manipulation.
Pourtant, on ne sent pas l’urgence. Le gouvernement veut encore une fois mettre le couvercle sur la marmite et étouffer le scandale. Sauf que là, le Presto va sauter. Je pense qu’on y est. Qu’est-ce que ça va prendre au gouvernement pour agir?
Imaginons, il faut que le Bloc québécois, un parti politique indépendantiste, mène la charge sur ce sujet pour susciter la discussion au Parlement du Canada. Ça n’a aucun sens. C’est même rendu que le Parti québécois veut lancer une enquête nationale au Québec sur l’ingérence étrangère. La mairesse de Brossard a donné son appui à l’idée, parce que le fédéral ne fait pas son travail.
La semaine passée, on a appris que des députés de la Chambre des communes sont directement influencés par la Chine et que, pire, ils suscitent l’ingérence. Ils profitent de manœuvres d’États malveillants à leurs propres fins. C’est grave. J’espère que les gens comprennent ce qu’on est en train de dire. Quand on en parle, le gouvernement nous dit que ce n’est pas si grave que ça, dans le fond. À un moment donné, il faut s’assumer et assumer la gravité.
Je suis une souverainiste, on le sait, qui siège dans un Parlement où je ne souhaite pas siéger parce que je souhaite l’indépendance du Québec. Or, c’est moi qui demande aujourd’hui au gouvernement fédéral de défendre le Canada. Je le dis au gouvernement: il n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Le gouvernement a tout fait pour étouffer l’affaire en refusant initialement une enquête publique et en nommant un rapporteur spécial, on le sait, qui est un ami de la famille Trudeau, pour faire diversion. Le temps a passé.
Tout récemment, c’est la qui a dit à des députés de l’opposition « revenez-en! ». Elle a dit ça en plein comité parlementaire. Je peux dire sans hésitation à la députée de Pickering—Uxbridge: non, je n’en reviendrai pas, parce que je n’ai pas confiance.
Depuis des mois, j’entends les agences de sécurité, le SCRS, la GRC et le Centre de la sécurité des télécommunications Canada se renvoyer la balle et nous dire qu’ils font leur travail, mais que c’est difficile. Je n’en reviens pas de ne pas savoir réellement pourquoi c’est difficile. Personne n’a le courage de me répondre en comité.
J'en suis venue à ma propre conclusion: les agences de renseignement sont ignorées, parce que les nouvelles qu’elles remontent aux plus hautes sphères de l’État canadien ne sont pas au goût du ; pourquoi? C’est parce que, c’est maintenant avéré, des membres du parti gouvernemental sont sous influence étrangère. En effet, des États étrangers ont monté des réseaux clandestins autour de candidats et de représentants d’élus pour arranger des mises en candidature, les élections, les travaux parlementaires et la prise de décisions du gouvernement.
Est-ce qu'on s'en rend compte? C'est incroyable. Ils entourent les cibles avec des dirigeants de communautés ethnoculturelles et d'importants gens d'affaires canadiens, de personnel politique. Les États transmettent leurs références. Que font les collaborateurs? Ils font la promotion des candidats privilégiés auprès des groupes d'électeurs ciblés. Ils passent par la bande.
Déjà en février 2023, l'ancien ambassadeur du Canada auprès de la République populaire de Chine, David Mulroney, avait dit au comité: « […] je me suis rappelé la construction de la ligne Maginot, en France, dans les années 1930. Pour éviter de revivre la situation qu'elle avait connue durant la Première Guerre mondiale, la France a décidé de construire des fortifications le long de sa frontière avec les pays de la partie inférieure de l'Europe, jusqu'à l'Espagne. Ces fortifications étaient impénétrables; elles ont donné un grand sentiment de confiance à la France. Toutefois, l'Allemagne n'a pas suivi ce plan; elle en avait un autre. Elle est entrée par les Ardennes, et la France est tombée. Ce désastre est survenu parce que la France avait conçu des mesures comme bon lui semblait. ». C'est exactement ce qu'on vit au Canada.