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Monsieur le Président, c'est toujours un peu difficile d'intervenir une première fois pendant 16 minutes et une seconde fois pendant quatre minutes. Je pense que j'utiliserai ces quatre minutes à bon escient en résumant les commentaires que j'avais faits avant la période des questions.
Premièrement, nous devons tous reconnaître ici la tragédie que vivent trop d'enfants en famille d'accueil, le nombre disproportionné d'enfants autochtones en famille d'accueil et les effets des politiques gouvernementales d'autrefois sur la situation actuelle.
Nous avons également parlé de la légère amélioration, non seulement par rapport à l'action du gouvernement, mais aussi par rapport à ce que le gouvernement conservateur précédent avait fait pour multiplier les partenariats et mettre davantage l'accent sur la prévention. Cela dit, tout n'est pas terminé.
Nous avons le sentiment que, s'il est correctement libellé, ce projet de loi mettra fin au flou entourant les champs de compétences qui, d'aussi loin que je me souvienne, a représenté un défi, surtout dans les réserves. Il était donc important d'y mettre fin, d'être bien clair à ce sujet et d'affirmer les droits autochtones dans ce dossier.
Il est aussi important de mettre l'accent sur la prévention. Beaucoup d'entre nous, surtout ceux qui ont des antécédents dans le domaine des soins de santé, savent que la prévention est l'élément clé de la réussite.
Cela nous amène au texte du projet de loi. Il contient quelques très bonnes choses. Néanmoins, il y a une très importante question à laquelle nous devons nous assurer d'avoir une réponse.
Concernant les communautés autochtones vivant dans des réserves, je pense que les choses sont claires: elles fourniront des services à leurs membres, et les communautés hors réserve exerceront les mêmes compétences que celles qui sont dans les réserves, et c'est très bien.
Néanmoins, je ne suis pas juriste. Le gouvernement insiste en permanence sur le respect de la Constitution. Nous devons être absolument certains de respecter la compétence constitutionnelle du gouvernement fédéral quand la province assure la prestation de services en dehors des réserves.
Les libéraux avaient l'habitude de nous critiquer s'ils pensaient que nous ne respections pas la Constitution ou la Charte; je trouve cela intéressant. Ils nous accusaient d'avoir une approche imposée d'en haut.
Je dirai, cependant, que les réponses que le ministre nous a données relativement aux réactions des provinces étaient un peu préoccupantes. Je ne suis pas sûre qu'il n'y ait pas de problème de constitutionnalité auquel il se pourrait que nous devions remédier dans ce projet de loi.
Je serai ravie de répondre aux questions et d'entendre les observations de mes collègues. Bref, le projet de loi renferme de très bons principes, mais le gouvernement a un bien piètre bilan relativement à la transformation de principes en projets de loi. Il suffit de regarder le projet de loi , qui était tout un cafouillis, et le projet de loi sur les langues autochtones, auquel le gouvernement a apporté 30 modifications — un nombre sans précédant — à l'étape tardive de l'étude article par article. Je ne suis donc pas complètement convaincue que le gouvernement a réussi à bien rédiger le projet de loi, mais nous l'examinerons avec toute la diligence qui s'impose parce que les principes en jeu sont très importants.
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Monsieur le Président, comme toujours, c’est un grand honneur pour moi de prendre la parole au nom des habitants de Timmins—Baie James, surtout aujourd’hui, un jour historique, alors que nous parlons de la nécessité de réformer le système de protection de l’enfance sérieusement mal en point et du projet de loi , Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Je dirai d’entrée de jeu que nous attendons depuis longtemps ce projet de loi. Cependant, il faut bien faire les choses, car le Canada n’a pas gagné la confiance nécessaire pour avoir le droit de prendre des décisions au sujet des enfants autochtones. Si nous voulons aller de l’avant, nous avons besoin d’un engagement législatif ferme du gouvernement à respecter ses obligations, car il s’agit de la vie d’enfants.
J’aimerais commencer par parler de certains de ces enfants qui sont décédés au cours des deux dernières années. Tammy Keeash a été enlevée de chez elle, pauvre et autochtone, par un État qui a dit qu’il allait assurer sa sécurité. On l’a retrouvée morte dans le canal d’évacuation des crues McIntyre à Thunder Bay. Elle avait 14 ans. Il y a eu Chantel Fox, Kanina Sue Turtle, Jolynn Winter, Jenera Roundsky, Azraya Kokopenace, Courtney Scott, de Fort Albany, et Tina Fontaine.
J’ai rencontré la famille Kokopenace à Grassy Narrows. C’est une famille qui a été empoisonnée par la criminalité d'entreprise à Grassy Narrows, où 80 % des enfants ont été contaminés et empoisonnés. La petite Azraya a été enlevée à sa famille par souci de sécurité, pour être retrouvée morte dans une rue de Kenora.
Courtney Scott a été enlevée de Fort Albany et est morte à des milliers de kilomètres de chez elle. J’ai entendu sa petite sœur parler. Ce qu’elle a dit au sujet du traitement des enfants autochtones aujourd’hui, en 2019, dans le système de protection de l’enfance, va choquer les Canadiens. Ils doivent comprendre que les sévices subis dans les pensionnats indiens se poursuivent encore aujourd’hui.
Notre pays a été très ému par l’histoire de Chanie Wenjack. Nous avons tous trouvé formidable que le Canada prenne un moment pour entendre l’histoire de ce petit garçon qui essayait de rentrer chez lui à Marten Falls. Cependant, il y a 165 000 enfants comme Chanie Wenjack qui essaient de retrouver leur famille.
S’il est une chose que nous pouvons faire au Parlement, c’est de nous assurer que la loi est bien faite. Nous n’allons pas répéter ce qui a été fait année après année, décennie après décennie, c’est-à-dire de belles paroles, des propos positifs et toute la surveillance exercée par la vérificatrice générale, le directeur parlementaire du budget et tous les grands comités qui se sont penchés sur la violence et la négligence dont sont victimes les enfants autochtones. Des enfants meurent encore aujourd’hui et continuent de mourir.
Commençons par parler de Tina Fontaine. J'exhorte mes collègues à lire le rapport sur la façon dont le système a laissé tomber la petite Tina. Elle a été arrachée à son foyer par l'État blanc. Des gens ont promis qu'ils la garderaient en sécurité. Ils l'ont installée dans un hôtel, puis ils l'ont abandonnée dans les rues du Manitoba. Le gouvernement du Manitoba ne recense même pas le nombre d'enfants qu'il laisse dans des hôtels. Dans les derniers jours de sa vie, lorsqu'on a signalé sa disparition, Tina a eu des échanges avec des ambulanciers paramédicaux, des policiers et des intervenants des services d'aide à l'enfance, mais aucun d'entre eux ne lui est venu en aide, même si on savait qu'elle était la proie d'un homme de 62 ans dépendant à la méthamphétamine. Quand elle a tenté d'obtenir de l'aide, on lui a dit de se rendre dans un refuge en vélo.
Il incombait à l'État de protéger cette enfant, mais elle a été retrouvée assassinée dans la rivière Rouge. Je repense souvent aux paroles puissantes du sergent O’Donovan, qui a trouvé le corps de Tina. Il a dit que, s'il s'était agi d'une portée de chiots, les Canadiens auraient été scandalisés. Toutefois, il ne s'agissait que d'une autre petite fille autochtone.
Voilà le problème que nous tentons de régler aujourd'hui. Selon moi, de nombreux éléments de ce projet de loi sont très rassurants quant au libellé entourant le contrôle détenu par les autochtones et les communautés autochtones. Le droit des familles et des communautés autochtones de décider de l'avenir de leurs enfants doit constituer le début de la fin du colonialisme parce que cette politique a été fondée sur la destruction de la famille indienne.
Cependant, nous ne serons pas beaucoup plus avancés si nous n'adoptons pas des dispositions législatives qui obligent le gouvernement fédéral à honorer ses engagements. Pendant longtemps, nos dirigeants ont tenu de beaux grands discours, mais ils ont manqué à leurs obligations envers les enfants autochtones. Ils ne se sont pas montrés dignes de confiance dans ce dossier.
Ce projet de loi nous est présenté dans la foulée de cinq ordonnances de non-conformité émises par le Tribunal canadien des droits de la personne, qui forcent le gouvernement à respecter ses obligations juridiques. Le gouvernement précédent a dépensé près de 6 millions de dollars pour lutter contre Cindy Blackstock.
Michael Wernick, qui vient de prendre sa retraite, était à ce moment sous-ministre et a fait espionner Cindy Blackstock, car cette femme qui a su prendre la défense des enfants était perçue comme une menace pour le gouvernement du Canada.
Ces injustices ne datent pas d'aujourd'hui, ni du gouvernement actuellement en place ou de l'ancien gouvernement, ni même du gouvernement précédent. Elles remontent jusqu'aux décisions prises lors de la prise du territoire de force et de la violation des traités. À cette époque, l'objectif fondamental était de séparer les enfants autochtones de leur famille et d'anéantir les Autochtones en tant que peuple, ce qui correspond à l'un des principaux critères internationaux constitutifs d'un génocide.
Duncan Campbell Scott n'a pas inventé le système des pensionnats autochtones, mais il a certainement su le parfaire. Lorsque, scandaleusement, des enfants placés dans ces pensionnats ont commencé à mourir à cause d'un sous-financement chronique, systémique et voulu de la part du gouvernement fédéral, il a dit:
Il est couramment reconnu que les enfants indiens perdent leur résistance naturelle à la maladie par la cohabitation très rapprochée dans les pensionnats, et qu'ils y meurent beaucoup plus que dans leurs villages. Mais cela ne permet pas de justifier un changement de la politique de ce ministère, qui est d'apporter une solution finale à notre problème indien.
L'expression « solution finale » était une notion purement canadienne reposant sur la destruction des Indiens.
Pourquoi revenir sur l'histoire? C'est une chose que j'ai apprise en tant qu'homme blanc. Les gens se demandent pourquoi on parle constamment de ce qui s'est passé pendant cette période. On ne peut pas se rendre dans une communauté autochtone sans savoir comment on en est arrivé à la situation actuelle. Si on ne le sait pas, on ne peut pas aller de l'avant. Les pensionnats, voilà l'explication.
Dans les années 1950, le gouvernement fédéral s'est rendu compte que les pensionnats avaient été un échec lamentable, non pas à cause des mauvais traitements, des actes de torture, du viol des enfants et des résultats des plus décevants sur le plan de l'éducation, mais parce que l'objectif fondamental de l'assimilation n'avait pas été atteint. C'est alors qu'il a décidé de recourir au système d'aide à l'enfance. Il n'y a rien eu d'accidentel dans la rafle des années 1960. Il s'agissait d'une politique expressément élaborée par le gouvernement fédéral pour gommer l'identité des enfants et en faire des enfants blancs.
Dans son ouvrage sur les pensionnats, John Milloy écrit ceci:
Le placement en famille d'accueil était considéré comme le moyen le plus efficace d'éliminer l'engorgement du système d'aide à l'enfance et, finalement, combiné à l'intégration, de fermer les pensionnats […] Cela représentait un autre attrait sur le plan financier […] La prise en charge des enfants coûtait considérablement moins cher dans les familles d'accueil que dans les pensionnats […]
Le principe était toujours le même. Il s'agissait de détruire l'identité des enfants à un moindre coût pour les contribuables. C'est ce principe fondamental qui a mené au sous-financement chronique des pensionnats. C'est ce principe qui a abouti à tant de souffrances et à tant de suicides dans ma propre région, où il y en a eu plus de 600, presque entièrement de jeunes, depuis les années 1980.
Les gouvernements se succèdent et font toutes sortes de promesses, mais rien ne change. C'est le principe fondamental à l'origine de la bataille que Cindy Blackstock a commencé à livrer il y a plus de 12 ans au gouvernement fédéral, à savoir qu'il n'y avait rien de fortuit dans ce qui arrivait dans le système d'aide à l'enfance et qu'il s'agissait d'une politique fédérale délibérée de sous-financement chronique, de l'ordre de 40 % dans certains cas.
À un moment donné, dans les années 1970 et 1980, le gouvernement a commencé à parler de confier le contrôle de l'aide à l'enfance aux Autochtones, mais les Autochtones ne pouvaient contrôler qu'un système défectueux et sous-financé. Il est ironique que l'un des seuls moments où le ministère des Affaires indiennes accepte de consacrer plus d'argent aux enfants, c'est lorsqu'ils sont retirés de leur famille. C'est la politique. La rafle des années 1960 a été qualifiée de rafle du millénaire. Nous avons maintenant la rafle de 2018 et de 2019. Il y a plus d'enfants confiés à l'État maintenant qu'à l'apogée des pensionnats autochtones. Les politiques sont toujours en vigueur.
À la lumière du projet de loi et des discours sur la volonté de redonner le contrôle aux Autochtones et de respecter leur droit de mettre en place leurs propres structures familiales, où les enfants peuvent grandir dans des milieux sécuritaires et adaptés à leur culture, j'ai l'impression que nous vivons un grand moment. Cela dit, si nous ne tenons pas compte de l'obligation légale du gouvernement fédéral de combler le manque à gagner dans le financement, ce ne sont que de belles paroles.
Dans une décision rendue en 2016, on a déclaré que le gouvernement fédéral était coupable de violation systématique des droits de la personne contre les enfants autochtones. C'était un moment marquant. J'étais très fier d'entendre le affirmer que le gouvernement n'allait pas contester cette décision. Il l'a toutefois fait.
Il a consacré 1 million de dollars à cette lutte. Il a fait face à cinq ordonnances de non-conformité. Chaque fois, le Tribunal des droits de la personne a tranché que le gouvernement fédéral privilégiait ses propres intérêts financiers au détriment de l'intérêt des enfants. Dans la troisième ordonnance, le tribunal conclut que « la définition du principe de Jordan adoptée par le Canada a fait l’objet d’une décision stratégique calculée et éclairée, qui a été soumise à une analyse des répercussions financières et des risques potentiels, plutôt que d’être fondée sur les besoins ou l’intérêt supérieur des enfants des Premières Nations qui sont censés être protégés par le principe de Jordan et qui devraient être au cœur des programmes du Canada ».
Dans cette troisième ordonnance de non-conformité, le tribunal a déclaré le Canada coupable de la mort de Jenna Roundsky, de Chantel Fox et de Jolynn Winter parce qu’il savait que ces enfants de Wapekeka étaient en danger. Il y avait eu une série de suicides, et le gouvernement a décidé de ne pas aider ces enfants, disant que la demande de financement arrivait au mauvais moment. Le gouvernement a insisté sur le fait que la vie de ces enfants devait cadrer avec les priorités du ministère des Affaires indiennes, et non sur le fait que le ministère des Affaires indiennes avait des obligations envers ces enfants.
Le Tribunal des droits de la personne a déclaré le gouvernement coupable de la mort de ces enfants. C’étaient de beaux jeunes enfants, et ils étaient aimés. L’incapacité du gouvernement à réagir à Wapekeka a déclenché une horrible crise de suicides, et nous en sommes encore à recoller les morceaux.
J’étais à Thunder Bay avec mon bon ami Sol Mamakwa, où nous avons rencontré la famille d’une jeune victime de suicide. Que dire à une famille endeuillée dans une communauté qui a perdu tant d’enfants? Cette enfant a été enlevée à sa famille par les politiques de l’État et du gouvernement libéral, parce qu’il ne voulait pas financer des écoles secondaires de sa collectivité; elle vivait donc dans une maison de pension à l’âge de 14 ans à Thunder Bay.
Ces décès, ces souffrances et ces abus sont les résultats de ce sous-financement.
Dans sa quatrième décision, le Tribunal des droits de la personne a conclu que le fait que le Canada continue de se fier à l’approche progressive en matière d’égalité favorise la même discrimination que celle qui a motivé la plainte initiale.
Lorsque le Parlement a ordonné au gouvernement libéral d'injecter 158 millions de dollars pour renflouer les services d’aide à l’enfance, le gouvernement a dit que s’il était forcé de dépenser cet argent, ce serait comme s'il jetait l'argent en l'air comme des confettis. Le gouvernement avait été reconnu coupable de sous-financement systémique, mais il estimait que s’il était forcé de mettre fin au sous-financement systémique, ce serait du gaspillage d'argent. Les libéraux nous disent que le changement progressif est la voie à suivre et que les choses prennent du temps.
Je pense à l’incroyable déclaration de Martin Luther King, d’une prison de Birmingham, qui se demandait comment dire à des personnes dont les droits ont été bafoués pendant plus de 100 ans d’attendre, que les choses vont finir par changer. Le changement doit s’opérer aujourd’hui.
Tout simplement, nous devons partir du principe que le Canada ne s’est jamais mérité la confiance nécessaire pour qu’on lui confie la vie des enfants autochtones.
Si le gouvernement reconnaît sa culpabilité en toute humilité, s’il reconnaît que nous allons commencer à transformer notre relation fondamentale en disant que l’avenir appartient aux enfants, que les droits des enfants seront protégés, que les unités de base que sont la famille et la culture des communautés autochtones ne seront plus ciblées, minées et détruites par les systèmes chroniques et défaillants de protection de l’enfance, d’éducation et de logement et par les graves problèmes de moisissures, que la vie des enfants deviendra la chose la plus précieuse que nous chérissons dans ce pays, nous serons alors la nation que nous aurions toujours dû être.
Je vois, dans ce projet de loi, des éléments intéressants, mais ils doivent être inscrits dans la loi. Le principe de Jordan doit être inscrit dans la loi, car c'est la façon dont le gouvernement l'interprétait constamment qui a été jugée discriminatoire. Les obligations en matière d'équité doivent être inscrites dans la loi, car on ne peut pas se fier au gouvernement.
Le affirme que le gouvernement signera les ententes avec les bandes, une nation et une communauté à la fois et qu'il faut lui faire confiance. Nous n'avons toutefois aucune raison de lui faire confiance. Bien que je respecte le nouveau ministre, j'ai vu, au fil des ans, des ministres des Affaires indiennes qui étaient excellents, d'autres mauvais, paresseux ou racistes.
Le seul changement que j'ai constaté pendant ces 15 années touche la pression juridique exercée, de façon concertée et continue, pour forcer le ministère à respecter ses obligations. Que le ministre des Affaires indiennes soit bon, mauvais ou moyen, cela ne fait aucune différence: il s'agit de responsabilités législatives.
Que voulons-nous obtenir comme résultat? Nous voulons que les obligations du gouvernement fédéral de reconnaître la compétence des nations et des organismes autochtones soient inscrites clairement dans la loi. Nous appuyons cette idée. Nous voulons inscrire dans la loi que le gouvernement respectera et précisera en quoi consiste l'intérêt des enfants pour éviter le flou et pour avoir des normes nationales robustes garantissant un traitement et un financement équitables. À défaut d'un financement équitable, on ne peut pas aller de l'avant.
Nous voulons des mesures de reddition des comptes pour exiger que le gouvernement du Canada rende des comptes. Nous savons ce qui est arrivé au Manitoba au sujet de la décision concernant Tina Fontaine: le gouvernement conservateur a dit qu'il n'y avait pas de leçons à tirer de la tragédie de cette jeune fille. C'est scandaleux alors qu'un si grand nombre d'enfants se retrouvent dans les rues de Winnipeg parce que le système du Manitoba ne fonctionne pas. En Ontario, le gouvernement de Doug Ford a fermé le bureau de l'Intervenant en faveur des enfants, la seule voix pour les enfants les plus marginalisés, qui a défendu les enfants abusés sexuellement ou physiquement et ceux qui sont morts dans le système. Si ces mécanismes pour protéger les enfants sont absents, le système continuera à détruire des vies et nous continuerons à perdre des enfants.
Nous voulons travailler avec le gouvernement. Nous voulons faire tout ce qui est possible pour faire adopter le projet de loi. Cependant, nous n'allons pas nous contenter d'autres beaux discours, pas après la mort de tant de personnes, pas après le Tribunal canadien des droits de la personne, pas après le travail de jeunes dirigeants cris comme Shannen Koostachin, qui a dénoncé l'incapacité systémique du gouvernement à aider les enfants.
Nous devons faire de la vie et des droits des enfants une priorité absolue. Je dois dire qu'honorer 150 ans de promesses non tenues coûtera cher, mais je peux assurer à mes collègues qu'absolument rien ne rapportera autant au pays que d'investir dans la vie des enfants autochtones vivant dans les réserves, dans la rue et un peu partout au pays. Il s'agit d'une jeune génération qui n'est pas en reste, d'une jeune génération à qui on ne dira pas quoi faire, d'une jeune génération qui comprend que si on lui donne l'occasion d'apporter des changements, l'espoir se concrétisera.
C'est à ce moment-là que la réconciliation deviendra réalité. Sans cet engagement de la part du gouvernement fédéral, on ne fera que perpétuer le cycle séculaire des promesses non tenues.
Je lance un appel aux députés du gouvernement. De ce côté-ci, nous ferons tout ce qu'il faudra pour faire adopter ce projet de loi. Toutefois, cette mesure législative doit servir les intérêts des enfants, car le Canada n'a pas mérité le droit de se voir confier les droits et la vie des enfants autochtones.