La Chambre reprend l'étude, interrompue le 9 novembre, du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement, ainsi que du groupe de motions no 1.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole devant la Chambre des communes, aujourd'hui, au sujet des motions proposées par la députée de .
Avant de commencer, j'aimerais souligner le travail accompli par le Comité permanent de la santé dans le cadre de son étude du projet de loi . Le Comité a entendu près de 100 témoins sur une période de cinq jours. Ses délibérations ont mené à l'adoption de 20 amendements qui ont contribué à l'amélioration de divers aspects du projet de loi. Les amendements sont fondés sur les idées et les conseils des nombreux témoins canadiens et étrangers. Je remercie les membres du Comité de leur examen réfléchi du projet de loi et de leurs efforts pour l'améliorer.
Le projet de loi donne suite à l'engagement du gouvernement de légaliser le cannabis, de le réglementer étroitement et d'en restreindre l'accès d'une façon qui protège les Canadiens, y compris les jeunes, et de priver le crime organisé et les autres criminels des profits qu'ils tirent de ce commerce. Aujourd'hui, je tiens à expliquer certaines des raisons pour lesquelles l'approche du gouvernement en matière de cannabis est la bonne.
Dans les faits, la motion présentée par la députée de vise à empêcher les adultes de cultiver des plants de cannabis sur leur propriété. Cela va complètement à l'encontre de l'approche du gouvernement, qui propose d'autoriser les adultes à cultiver jusqu'à quatre plants sur leur propriété à des fins personnelles.
Premièrement, je rappelle aux députés que notre projet de loi s'appuie sur les recommandations éclairées et exhaustives du Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis, qui était présidé par Anne McLellan. Le Groupe de travail a mené une vaste consultation auprès des Canadiens dans tout le pays afin de déterminer la meilleure façon de légaliser et de réglementer le cannabis. Ses membres ont entendu l'avis de jeunes, de consommateurs de cannabis, de l'industrie, de communautés autochtones, de gouvernements provinciaux et territoriaux, d'organismes d'application de la loi, de municipalités, d'organismes chargés d'appliquer la réglementation dans d'autres administrations, de spécialistes de la santé publique et de la sécurité, de chercheurs ainsi que d'une foule d'autres intervenants. De façon générale, les divers avis exprimés et soigneusement évalués dans le cadre de ces vastes consultations tendent à indiquer que les adultes peuvent cultiver de façon sécuritaire et responsable une petite quantité de cannabis à leur domicile.
En permettant aux adultes de cultiver un petit nombre de plants sur leur propriété, le nouveau cadre proposé pour la réglementation du cannabis s'accorde avec l'approche recommandée par le Groupe de travail. Il ne fait aucun doute que la proposition du gouvernement visant à autoriser les adultes à cultiver un petit nombre de plants à leur domicile constitue une approche équilibrée qui permet d'atteindre les objectifs du projet de loi .
L'un des objectifs est de ne pas judiciariser les Canadiens pour des infractions mineures liées au cannabis. L'approche actuelle à l'égard du cannabis a fait en sorte que des milliers de Canadiens ont été accusés, reconnus coupables et emprisonnés pour simple possession de petites quantités de cannabis. De toute évidence, cette approche est contreproductive. Advenant l'adoption de la motion présentée par la députée de , les Canadiens continueraient de faire l'objet d'accusations criminelles pour des infractions mineures et non violentes. Il ne faut pas appuyer cette motion, entre autres parce qu'elle engendrerait un fardeau inutile pour le système de justice pénale. Par surcroît, nous savons tous qu'un casier judiciaire peut entraîner des conséquences à vie, notamment limiter les possibilités d'emploi.
Autre objectif clé du projet de loi: réduire les activités illégales liées au cannabis. Chaque année, le marché illégal du cannabis génère des profits substantiels dont une bonne partie se retrouve entre les mains du crime organisé. Permettre aux adultes de cultiver en toute légalité une petite quantité de plants de cannabis sur leur propriété représente une solution de rechange au marché illégal et ne devrait pas être entièrement interdit. La prohibition totale de la culture à des fins personnelles, comme le propose la députée de , pourrait nuire à la capacité du gouvernement de supplanter le marché illégal et de réduire les activités criminelles.
L'établissement d'une limite quant au nombre de plants qu'un adulte peut cultiver constitue une façon raisonnable de faire la distinction entre un petit nombre de plants de cannabis cultivés à la maison par des adultes responsables et le cannabis cultivé en vue d'approvisionner et de faire tourner le marché illégal. Voilà pourquoi d'autres États ont emprunté une voie similaire.
Comme le cadre fédéral s'inspire également de l'expérience et des pratiques exemplaires à l'échelle internationale, je note que dans les États où le cannabis est légal et assujetti à une réglementation stricte, seul l'État de Washington a maintenu l'interdiction à l'égard de la culture à des fins personnelles. Ailleurs, notamment au Colorado, en Oregon et en Californie, les autorités ont établi des dispositions limitant le nombre de plants pouvant être cultivés, comme l'a fait le gouvernement dans le projet de loi .
Permettre la culture de petites quantités de cannabis à des fins personnelles s'inscrit dans le droit fil de l'approche du gouvernement qui vise à autoriser les Canadiens à s'approvisionner en cannabis à une source légale, tout en établissant un seuil très clair pour aider les organismes d'application de la loi à repérer les organisations criminelles qui soutiennent le marché illégal.
Pour que les choses soient claires, autoriser la culture de quelques plants à des fins personnelles n'ouvre pas la voie à n'importe quoi. Au contraire, la vente de cannabis cultivé chez soi resterait une infraction pénale, de même que la culture de plus de quatre plants.
Il faut préciser enfin que, dans le cadre proposé, les provinces, les territoires et les municipalités pourraient imposer, concernant la culture à des fins personnelles, d’autres restrictions que celles qui sont prévues dans le projet de loi . Il est important de le savoir, car le gouvernement estime que les provinces, les territoires et les municipalités sont mieux placés pour évaluer la nécessité et l’applicabilité d’autres restrictions.
Selon l’approche proposée par le gouvernement, les Canadiens ne risqueraient plus d’avoir un casier judiciaire pour la possession, l’échange ou la culture de petites quantités de cannabis. Le Canada est tout à fait prêt à adopter une nouvelle approche, qui permet notamment aux Canadiens de cultiver quelques plants de cannabis à des fins personnelles.
Je le répète, la motion proposée par la députée de va à l’encontre des principaux objectifs du projet de loi. Nous recommandons donc à tous les députés de voter contre. Si elle était adoptée, cette motion saperait les efforts que le gouvernement déploie pour supplanter le marché illégal et réduire la criminalité liée au cannabis. Je pense que le nouveau cadre juridique que nous proposons, et notamment les dispositions actuelles du projet de loi qui autorisent la culture d’une petite quantité de plants à des fins personnelles, est la meilleure solution pour tous les Canadiens.
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Madame la Présidente, aujourd'hui, nous discutons du projet de loi , Loi concernant le cannabis et modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le Code criminel et d’autres lois.
Le projet de loi vise à légaliser la marijuana. Il comporte de nombreux objectifs, mais, malheureusement, un grand nombre de ceux qui touchent à la santé publique et à la sécurité publique ne seront pas atteints. Ce projet de loi ne protège pas la santé des jeunes en restreignant leur accès au cannabis, il ne prévient pas les activités illicites liées au cannabis et il n'allège pas le fardeau du système de justice pénale.
À cause du délai hâtif imposé par le gouvernement libéral, les forces de l'ordre n'auront ni le temps ni les ressources pour assurer la formation et la préparation requises en vue de la légalisation de la marijuana. Les médecins sont profondément inquiets de la santé des jeunes si la mesure législative est adoptée, étant donné que la marijuana est une substance qui peut être extrêmement nocive. De nombreuses municipalités et provinces n'auront pas non plus le temps ni les ressources pour composer avec les profondes répercussions que le projet de loi aura sur toutes les collectivités canadiennes.
Plus de 68 000 policiers au Canada devront suivre une formation spécialisée dans la foulée de cette mesure législative monumentale, mais les quelques mois qu'il reste ne constituent pas un délai raisonnable. Par conséquent, l'Association canadienne des chefs de police a demandé au gouvernement de prolonger le délai. Si la police n'est pas prête à composer avec la mesure législative au moyen d'une formation adéquate, cela pourrait entraîner la prise de décisions douteuses, ce qui établirait une mauvaise jurisprudence pour toute nouvelle mesure législative.
Nous voulons que les forces de l'ordre soient en mesure de faire respecter convenablement la loi. La police a besoin d'un projet de loi définitif de tous les ordres de gouvernement avant de pouvoir commencer leurs préparatifs. Le gouvernement doit fournir à la police des indications claires à propos tant du financement que de la formation.
Le projet de loi est aussi très inquiétant pour quiconque circule sur les routes du Canada, étant donné que les forces de l'ordre ne disposent pas non plus des ressources pour contrôler la conduite avec les capacités affaiblies par la marijuana. À l'heure actuelle, il n'existe aucun moyen fiable d'effectuer des contrôles routiers pour établir l'affaiblissement des capacités causé par la marijuana, comme il en existe actuellement pour l'alcool. Il s'agit d'un enjeu énorme du point de vue de la sécurité publique.
L'un des objectifs de ce projet de loi est d'alléger le fardeau des forces de l'ordre, mais il est probable qu'il aura l'effet contraire. Même s'il est possible que le nombre d'accusations pour simple possession baisse, davantage d'énergie pourrait être nécessaire pour distribuer des contraventions. De plus, la culture à la maison et le fait de pouvoir posséder jusqu'à quatre plants inquiètent beaucoup. Ce sera extrêmement difficile à faire respecter. Des compétences comme le Colorado, aux États-Unis, qui ont déjà légalisé la marijuana ont connu d'énormes difficultés à cet égard, surtout avec des individus qui vendent leur marijuana cultivée à la maison à un prix inférieur au prix réglementé légalement. Cette situation est problématique, car elle ne favorise pas l'élimination du marché noir.
Certains éléments de l'emballage neutre pourraient nuire au travail des forces de l'ordre puisqu'il sera très difficile pour les agents de distinguer les dérivés de la marijuana qui sont légaux de ceux qui sont illégaux.
L'accès des jeunes à la marijuana est une autre préoccupation grave. Sur le plan médical, il a déjà été confirmé que l'utilisation de la marijuana chez les jeunes a de graves effets à long terme, tels que des retards de développement cognitif et des problèmes de santé mentale. Tous ces effets auront probablement des conséquences sur l'atteinte des objectifs scolaires, et plus tard, professionnels.
Fumer de la marijuana double le risque de souffrir de schizophrénie, ce qui est particulièrement inquiétant pour ceux qui courent déjà un plus grand risque. Ces risques ne disparaissent pas à 18 ans, lorsqu'on atteint l'âge adulte; ils se poursuivent jusqu'à l'âge de 25 ans. Il ne faut pas limiter la sensibilisation à l'égard de ces risques aux jeunes de moins de 18 ans; une sensibilisation accrue est aussi nécessaire auprès des jeunes âgés de 25 ans et moins.
Les recherchent suggèrent que les jeunes commencent habituellement à consommer dans un contexte social et qu'ils ne reconnaissent pas le danger. De plus, ils considèrent que les risques liés à la conduite avec les capacités affaiblies par la marijuana sont minimaux. Le gouvernement ne doit pas ignorer les données probantes observées au Colorado à la suite de la légalisation de la marijuana. Cet État a connu des hausses drastiques de décès causés par la conduite avec les capacités affaiblies par la marijuana. Il est essentiel que les jeunes soient informés de ces réalités dangereuses, et qu'ils ne se fient pas aux mythes et au bouche-à-oreille.
La marijuana cultivée à la maison présente aussi un risque considérable pour les jeunes, puisqu'elle est alors facilement accessible. Malgré des dispositions qui visaient à limiter l'accès pour les jeunes, la consommation de marijuana chez les jeunes était fréquente et, dans la plupart des cas, la marijuana provenait initialement de sources légales. Cet aspect est particulièrement préoccupant en ce qui concerne les produits comestibles. Bien que ce sujet ne soit pas abordé dans ce projet de loi, il est probable que des particuliers en produiront ou même qu'on en vendra sur le marché noir. Une fois la marijuana légalisée et plus facile d'accès, les produits comestibles à base de cannabis deviendront plus répandus. Les enfants risquent de voir ces produits et de les trouver appétissants, ce qui pourrait être très dangereux.
Je tiens à souligner que la loi prévue par le Québec pour encadrer la légalisation de la marijuana interdira la culture du cannabis à la maison pour usage personnel, probablement exactement pour ces raisons. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick s'attaque lui aussi aux risques liés à la culture de la marijuana à la maison en obligeant les personnes qui en cultivent à garder leurs plants dans un endroit verrouillé. Les provinces et les municipalités élaborent des mesures législatives en prévision de l'adoption du projet de loi , mais il est clair qu'elles n'ont ni les ressources ni les infrastructures nécessaires pour se préparer à sa mise en oeuvre d'ici le 1er juillet 2018. C'est d'ailleurs pourquoi la province de Québec a récemment demandé au gouvernement fédéral de reporter l'entrée en vigueur de la légalisation à 2019.
La légalisation de la marijuana a de nombreux résultats indirects et les municipalités devront être prêtes à assumer des frais médicaux additionnels attribuables à une hausse du nombre de visites aux urgences et d'appels au centre antipoisons. De plus, les endroits qui ont déjà légalisé la marijuana ont observé une hausse considérable du taux d'itinérance et de criminalité comme conséquence directe de leur décision. Nous ne devrions pas adopter à la hâte ce projet de loi, mais plutôt prendre le temps d'examiner ce qui s'est produit dans les États ayant déjà légalisé la substance afin de ne pas répéter leurs erreurs. Nous avons besoin de plus de temps pour mettre en oeuvre toutes les dispositions du projet de loi et minimiser les risques sur le plan de la sécurité publique.
De plus, la mise en oeuvre du projet de loi aura d'importantes ramifications internationales. Le Canada enfreindra trois traités des Nations unies et pourrait provoquer des conflits avec son voisin du Sud, les États-Unis. Des fonctionnaires aux postes frontaliers américains demandent parfois aux personnes si elles ont consommé de la marijuana et ces personnes se voient refuser l'entrée aux États-Unis lorsqu'elles répondent par l'affirmative. Cette situation peut être très problématique lorsque la marijuana est considérée comme une drogue légale et que des gens se voient refuser l'entrée aux États-Unis en raison de sa consommation. Cette question demeure non résolue.
Le projet de loi est extrêmement inquiétant, car il comporte de graves lacunes. Le Comité permanent de la santé a entendu de nombreux témoins au sujet du projet de loi , et le gouvernement a négligé de mettre en oeuvre leurs recommandations dans bien des secteurs. Des organismes réputés, comme l'Association médicale canadienne et l'Association canadienne des chefs de police, ont indiqué qu'ils ont des réserves.
Si mes collègues d'en face se souciaient du bien-être des Canadiens, ils ne présenteraient pas ce projet de loi. Je demande à mes collègues à la Chambre d'assurer la sécurité de tous les Canadiens et de voter contre le projet de loi.
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Madame la Présidente, j'interviens aujourd'hui pour exprimer mon appui inconditionnel au projet de loi , grâce auquel le gouvernement met fin à la criminalisation du cannabis, une approche qui a échoué. Il s'agit d'une occasion en or pour protéger les jeunes, pour enlever les profits aux criminels et pour considérer la consommation de drogues telle qu'elle est, c'est-à-dire comme un problème de santé publique.
Je m'affaire activement à faire progresser cette politique depuis que j'ai animé des discussions du caucus libéral, à l'automne 2011, au sujet de la possibilité de légaliser la marijuana. Je suis donc fière de prendre la parole à la Chambre et de voir cette politique se concrétiser.
J'aimerais d'abord remercier certains organismes qui préconisent l'adoption de cette nouvelle politique qui est à la fois très pratique et positive. En premier lieu, je tiens à remercier le Dr Evan Wood, médecin urgentologue, qui a mené une coalition appelée Stop the Violence BC lorsqu'il a constaté toute la violence liée aux gangs de rue et aux armes à feu dans les rues du Grand Vancouver; des violences ont notamment éclaté dans un restaurant primé dans Vancouver Quadra, où deux personnes ont été blessées lors d'une fusillade liée au commerce de la drogue.
Je tiens à remercier Brett Harvey et Adam Scorgie, qui ont réalisé le documentaire intitulé The Union: The Business Behind Getting High, au sujet du contrôle qu'exerce le crime organisé sur le commerce du cannabis. Il y a plusieurs années, j'ai eu l'honneur de les recevoir et de présenter leur film à Ottawa, en ouverture d'un événement organisé à l'intention de tous les députés et sénateurs, pour les sensibiliser au fait qu'il fallait remplacer notre politique inefficace, ce que nous faisons aujourd'hui.
Je remercie également tous ceux qui prônent un changement de politique sur les drogues au moyen d'arguments solides, notamment Donald MacPherson, de la Coalition canadienne des politiques sur les drogues, qui a fourni des faits prouvant la nécessité d'un changement de cap, ainsi que les nombreux autres professionnels de la santé, du système de justice pénale et des services policiers qui ont milité pour le changement que le pays s'apprête à faire.
Enfin, je remercie le d'avoir inclus cette initiative dans notre plateforme, et les ministres et d'avoir accompli ce mandat. Merci aussi au de son leadership et à tous les membres du Comité permanent de la santé de leur bon travail en prévision de ce changement auquel nous préparons le pays depuis plus de deux ans.
Cette semaine, la saisie de 64 livres de cannabis et de 94 plants matures auprès des Hells Angels de Kelowna nous a rappelé encore une fois l'importance du débat actuel. En effet, notre système fonctionne ainsi: le crime organisé produit, distribue et vend du cannabis et utilise les profits pour financer d'autres activités criminelles. Ce sont les Hells Angels et d'autres criminels qui établissent les règles, contrôlent le produit et sa composition, et décident comment en vendre davantage aux jeunes. Ce sont les bandes de malfaiteurs qui recrutent des jeunes pour participer à cette terrible entreprise criminelle. Il est donc de loin préférable que le contrôle et la réglementation du cannabis relèvent du gouvernement. C'est exactement l'objet du projet de loi .
[Français]
Le projet de loi devant la Chambre des communes aujourd'hui a été élaboré en fonction de l'excellent travail du Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis, qui a entrepris un examen approfondi des implications variées de la législation et de la réglementation stricte du cannabis.
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Madame la Présidente, les adultes qui se trouvent en possession de petites quantités de cannabis, jusqu'à un maximum de 30 grammes, ne seront plus traités comme des criminels. Le projet de loi offrira plutôt aux consommateurs adultes responsables une façon d'obtenir des substances légales qui ont été strictement réglementées afin de répondre aux normes nationales élevées pour la sécurité et la qualité du produit.
[Traduction]
Cette nouvelle approche permettra de réduire le fardeau démesuré imposé aux 18 000 personnes qui ont dû faire face à des accusations de possession de cannabis en 2016. Nous savons que les accusations de possession simple de cannabis peuvent nuire aux perspectives d'avenir de l'accusé tout au long de sa vie. Le projet de loi combattra cette injustice tout en réduisant le fardeau du système de justice pénale.
Le gouvernement croit que les organismes d'application de la loi et les tribunaux devraient employer leurs ressources pour lutter contre les activités criminelles qui nuisent vraiment à la société, ainsi que pour faire de la sensibilisation et de la prévention à l'égard des problèmes de santé publique liés à la consommation de cannabis.
Les témoins experts qui ont comparu devant le Comité permanent de la santé appuient l'approche que propose le gouvernement. Par exemple, Karey Shuhendler, de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada, a dit ceci:
[...] le projet de loi C-45 favorise l'élimination des préjudices associés au modèle d'interdiction, tout en reconnaissant le besoin de protéger les populations vulnérables, y compris les jeunes.
Sous le régime actuel, le Canada affiche l'un des taux de consommation de cannabis les plus élevés au monde chez les jeunes. En 2015, 21 % des jeunes de 15 à 19 ans ont déclaré avoir consommé du cannabis au cours de l'année précédente. Certains résidants de Vancouver Quadra ont dit craindre que la légalisation du cannabis entraîne une hausse de la consommation chez les jeunes. Or, selon les données probantes, je crois que les programmes de prévention et de sensibilisation mis en place par le gouvernement permettront de réduire la consommation au fil du temps.
Rappelons que de nombreux jeunes consomment actuellement du cannabis dont la vente est contrôlée par les réseaux criminels. Le projet de loi prévoit donc des sanctions et des mesures de contrôle rigoureuses pour protéger les jeunes. Il prévoit aussi des dispositions qui visent à dissuader les adultes de fournir du cannabis aux jeunes n'ayant pas l'âge de s'en procurer et à les sanctionner s'ils le font. Pour protéger les jeunes, il faut lutter contre le marché noir.
Plusieurs experts, comme la Dre Christina Grand, de la Société canadienne de pédiatrie, nous ont déconseillé de fixer un âge minimum trop élevé, car il n'empêcherait pas le marché noir de fournir du cannabis peu sûr, non réglementé et de source illégale aux jeunes de 20 à 24 ans. Ce sont les jeunes Canadiens qui consomment le plus de cannabis dans l'ensemble de la population et par rapport à leurs semblables des autres pays développés.
[Français]
Il est également important de garder à l'esprit le fait que le projet de loi offrirait à chaque province et territoire la flexibilité d'établir des restrictions supplémentaires qui peuvent aller encore plus loin que celles proposées dans le cadre fédéral, selon les besoins et les circonstances qui leur sont uniques.
[Traduction]
Je précise que les provinces et les territoires qui le souhaitent pourront fixer un âge minimum supérieur à l'âge minimum national.
En plus des restrictions et des lourdes sanctions associées à la vente de cannabis à des jeunes, le projet de loi prévoit un certain nombre de mesures supplémentaires de protection des jeunes Canadiens. Il contient notamment des dispositions qui interdisent la vente de cannabis et de produits du cannabis pouvant être attrayants pour les jeunes. Il interdit la publicité et la promotion du cannabis, sauf dans des circonstances limitées et très restreintes. Il définit aussi les exigences à respecter concernant l'emballage et l'étiquetage afin que les produits ne soient pas attrayants pour les jeunes.
Comme divers témoins experts l'ont dit devant le Comité permanent de la santé, ces mesures doivent être accompagnées de vastes campagnes efficaces de sensibilisation visant à expliquer à la population les risques et les méfaits associés à la consommation de cannabis, surtout chez les jeunes. Le gouvernement est tout à fait d'accord avec ces experts et il a déjà entrepris une campagne nationale d'information et de sensibilisation en collaboration avec les provinces et les territoires. Nous avons récemment annoncé que cette campagne bénéficiera d'ailleurs de 36,4 millions de dollars supplémentaires.
Enfin, étant donné la tragédie que constitue la crise des opioïdes, je tiens à souligner qu'on peut sauver des vies en adoptant une approche de santé publique fondée sur des données objectives en matière de consommation de drogues. On sait que, lorsqu'il s'agit de soulager la douleur ou pour d'autres besoins médicaux, le cannabis est plus sécuritaire que les opioïdes et risque beaucoup moins de créer une dépendance. Dans les nombreux États américains qui ont légalisé le cannabis médical, il y a 25 % moins de décès liés aux opioïdes que dans les États où le cannabis médical demeure illégal. Au Canada, la crise des opioïdes a fait au moins 2 458 morts en 2016, et la situation continue de s'aggraver. La Colombie-Britannique et Vancouver sont les plus durement touchés. J'ai toutefois bon espoir que la légalisation du cannabis viendra freiner cette tragédie.
Bref, le projet de loi à l'étude est réfléchi et exhaustif. Il est conçu pour protéger la santé et assurer la sécurité des Canadiens tout en sauvant des vies.
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Madame la Présidente, je me lève aujourd'hui pour parler du projet de loi sur la légalisation de la marijuana.
Le pense-t-il vraiment que légaliser la marijuana va servir à protéger nos enfants et mes enfants de 12 et 14 ans? Quand j'entends ce genre de discours, je suis convaincu que cet homme manque de raisonnement ou carrément de sincérité. Ce que je trouve encore plus troublant, c'est que le député de , un ancien policier de longue date, croit lui aussi que le crime organisé va tout simplement disparaître de l'équation dès que le projet de loi C-45 sera approuvé au Parlement. Ces messieurs font partie d'un monde imaginaire où la magie fait en sorte que des projets de loi bâclés et simplistes apportent des solutions à des problèmes très complexes. Dans ce même monde, ces héros démantèlent le crime organisé avec de la poussière de lutin. Il n'y a plus de problème!
À la Chambre, nous devons oublier ce monde imaginaire et confronter la réalité comme des adultes. Nous devons nous assurer que nos actions produisent de vrais résultats, améliorent la sécurité des Canadiens et éloignent les jeunes d'une vie de consommation de drogue. Le projet de loi ne fait que compliquer le problème de la consommation de drogue au Canada. Non, légaliser la marijuana ne servira pas à réduire l'accès aux drogues pour nos enfants. Non, le crime organisé ne manquera pas d'imagination pour détourner des lois qu'il n'a pas l'intention d'honorer. Non, nos corps policiers n'ont pas accès à la poussière de lutin pour combattre les crimes, la violence et les pertes de vies reliées au trafic de drogue.
Les libéraux nous disent que le projet de loi C-45 va réglementer l'industrie. C'est une farce monumentale. Une fois le projet de loi C-45 en vigueur, le gouvernement devra créer une stratégie pour le prix au détail. Comment pense-t-on que le crime organisé va réagir? Croit-on qu'il ne fera rien? Je pense que les criminels ont déjà mis en place un plan d'action pour s'ajuster à la nouvelle réalité. Quand le gouvernement veut augmenter les taxes sur le tabac, le crime organisé ajuste ses prix. Il y a toujours un ajustement de marché. L'histoire nous révèle chaque fois que c'est la même chose, et ce sera la même chose pour la marijuana.
De plus, les jeunes sont plus susceptibles d'être attirés par les bas prix du marché noir, parce qu'ils n'ont pas les mêmes moyens que les adultes. Ils n'ont pas les moyens de payer plus cher. S'il le veut, le , lui, va pouvoir s'acheter de la marijuana à n'importe quel prix, mais ce n'est pas le cas de nos jeunes. Ils auront à choisir entre le prix du gouvernement et le prix des criminels.
Lors de la dernière campagne électorale, le premier ministre a dit qu'il voulait légaliser la marijuana pour la rendre inaccessible aux jeunes, mais le texte du projet de loi nous confirme que l'achat de cannabis sera disponible aux jeunes de 18 ans et plus. Je vais donner beaucoup de chiffres et on va essayer de ne pas se mêler.
Dans le projet de loi C-45, on dit que les 18 ans et plus pourront accéder au cannabis. Pourtant, au Colorado, il faut avoir 21 ans ou plus. Cela devrait être le minimum. L'autre problème, c'est que les jeunes vont pouvoir avoir de la marijuana sur eux. Il faudra donc avoir 18 ans pour en acheter, mais à partir de 12 ans, on pourra en avoir sur soi. Il y a déjà là une incohérence.
Par ailleurs, les mineurs de 16 et 17 ans sont amis avec des gens de 18 ans. Ils sont moins souvent amis avec des gens de 21 ans et plus. Ainsi, un jeune de 18 ans, qui est majeur et qui a le droit d'acheter du cannabis, va pouvoir en transférer à ses amis de 16 ou 17 ans. Ce n'est pas moi qui le dis. Tous les témoins, surtout ceux du milieu médical, disent qu'il faudrait fixer l'âge minimum à 21 ans.
Je pense à mes enfants, qui ont 12 et 14 ans. La loi va leur permettre d'avoir en leur possession jusqu'à 5 grammes de marijuana. Pour que ce soit clair pour tout le monde, cela correspond à 10 à 15 joints. Si mon fils de 14 ans se fait prendre avec 10 joints dans ses poches, ce ne sera donc pas illégal. Il ne pourra pas en acheter, mais il pourra en avoir sur lui. Cela fait partie des grandes incohérences du projet de loi C-45.
De plus, dans la loi, rien n'interdit aux jeunes de 12 à 17 ans d'en distribuer entre eux. Je recommande donc que le projet de loi C-45 fixe à zéro la quantité de marijuana que les jeunes peuvent posséder.
Les jeunes ne devraient avoir aucune possibilité de posséder de la drogue.
Plusieurs questions se posent également sur les différents produits dérivés du cannabis et sur les stratégies concernant les permis de vente qui ne sont même pas encore définies. Les propriétaires d'immeubles locatifs ont aussi des problèmes, parce que la loi dit actuellement qu'on a le droit d'avoir jusqu'à quatre plants à la maison. En outre, la hauteur n'est pas réglementée à l'heure actuelle.
Quatre plants bien engraissés et bien gras qui poussent jusqu'à huit pieds peuvent produire jusqu'à 600 grammes de marijuana dans une maison. À ce sujet, la plupart des témoins ont dit qu'il ne fallait pas permettre de plants à la maison. Les groupes médicaux, les policiers et tout le monde le dit: il ne faut pas permettre cela.
Aujourd'hui, je suis vraiment fier de la province de Québec. Le gouvernement du Québec a fait sa propre loi, à partir de ce qui a été proposé par le fédéral. Au Québec, on a dit qu'il n'était pas question d'avoir des plants dans les maisons. Bravo au gouvernement du Québec!
Il y a un autre problème: les corps policiers ne reçoivent aucune réponse à leurs questions. Ils aimeraient savoir comment ils seront en mesure d'appliquer la loi sur la route à compter du 1er juillet 2018.
En outre, comment les provinces, qui permettront des plants dans les maisons et les appartements, vont-elles faire pour contrôler les gens? Comment vont-elles faire pour vérifier chacun des appartements du Canada, afin de constater qu'il y a vraiment quatre plants et non pas cinq, six, sept ou huit?
Il reste encore beaucoup de questions auxquelles nous n'avons pas de réponse. Ce gouvernement s'empresse de nous enfoncer le projet de loi dans la gorge en disant que c'est une priorité nationale. Au Canada, il n'y a rien de plus important que de légaliser la marijuana. Bravo!
Les policiers nous parlent également d'autres problèmes qu'on retrouvera dans les maisons: problèmes d'odeur, nombre de plants, hauteur des plants et nuisance que que cela pourra créer. Encore une fois, beaucoup de questions laissées sans réponse dans cadre de ce projet de loi.
Que fait-on si on a des plants à la maison? Les jeunes peuvent prendre du pot dans le plant et se faire des joints. Ils vont partir avec les joints pour aller voir leurs chums. Ils vont les vendre à leurs amis qui vont les revendre. Il va se créer un réseau criminel à partir de plants légaux qui poussent à la maison. Les jeunes pourront vendre du pot à leurs amis. Le marché noir va continuer de cette façon. Ce sera légal à la maison, mais illégal dans la rue. C'est vraiment du gros n'importe quoi, et je ne parle même pas des problèmes d'assurance reliés au fait d'avoir des plants à la maison.
Les frontières posent aussi un problème. Nous l'avons vécu récemment avec le gros problème d'immigrants illégaux à nos frontières. Toutes les ressources de la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada sont aux frontières. Le gouvernement arrive maintenant avec la légalisation de la marijuana, et les agents des services frontaliers se demandent ce qu'ils doivent faire.
Si des Américains arrivent à la frontière avec de la marijuana, est-ce qu'on les arrête? Est-ce qu'on le dit aux Américains? C'est illégal de l'autre côté de la frontière. S'ils arrivent chez nous avec leur pot en pensant venir au Canada pour fumer leurs joints, doit-on les déclarer aux autorités américaines et les laisser de l'autre côté de la frontière? Ce genre de questions n'a toujours pas de réponse. Si on part en vacances, et qu'on passe la frontière avec du pot en pensant qu'on peut l'apporter ailleurs, et bien non, cela ne fonctionne pas. Encore des questions sans réponse.
On veut nous faire voter en faveur de ce projet de loi. Je constate clairement une période d'amateurisme. Si le Parlement du Canada, la Chambre des communes du Canada, adopte vote une loi comme celle-là, c'est qu'on est vraiment des amateurs de haut niveau. Les gens de haut niveau sont habituellement des pros, mais dans ce cas-ci, des amateurs de haut niveau, ce sont des gens qui ne sont pas rendus chez les professionnels.
Une voix: Cela s'appelle des libéraux.
M. Pierre Paul-Hus: À mon avis, les libéraux transforment à l'heure actuelle notre pays en frat house. Ce sont des maisons de club d'étudiants sur les campus universitaires, où tout est permis. Maintenant, on dit que ce sont des jeux innocents et que ce n'est pas grave.
Cela étant dit, pour mes enfants, je vais voter contre ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue.
Aujourd'hui, j'ai l'honneur de parler en faveur du projet de loi , la loi proposée par notre gouvernement, afin de légaliser la consommation de cannabis au Canada, tout en la réglementant de manière rigoureuse.
La future loi sur le cannabis représente une approche nouvelle par rapport au cannabis. Ce sera une loi qui va privilégier la santé publique et la sécurité de la population et qui protégera mieux les jeunes Canadiens et les jeunes Canadiennes.
[Traduction]
L'approche actuelle en matière de cannabis ne fonctionne pas. Elle permet aux criminels et au crime organisé de s'enrichir, mais n'empêche pas le cannabis de se retrouver entre les mains de jeunes Canadiens. Dans bien des cas, les jeunes peuvent plus facilement acheter du cannabis que des cigarettes. Les Canadiens sont parmi ceux qui consomment le plus de cannabis dans le monde. C'est la drogue illicite la plus souvent consommée par des jeunes Canadiens.
En 2015, 21 % des jeunes âgés de 15 à 19 ans ont dit avoir consommé du cannabis au cours de la dernière année. Cela représente un jeune sur cinq. Dans la région des Laurentides, c'est presque un jeune sur deux.
[Français]
Trop de jeunes considèrent que le cannabis est une substance bénigne. Souvent, ils sont mal informés des dommages qu'ils peuvent subir en consommant du cannabis et sont inconscients du fait que l'utilisation précoce du cannabis augmente la susceptibilité aux effets à long terme. Les jeunes en particulier sont sensibles aux effets du cannabis sur le développement et le fonctionnement du cerveau. Ils le sont puisque le THC dans le cannabis affecte le même système biologique du cerveau qui dirige son développement.
[Traduction]
Parallèlement, bien trop de jeunes se retrouvent dans le système de justice pénale pour avoir eu en leur possession de petites quantités de cannabis, ce qui peut avoir une incidence sur leurs possibilités à long terme. Manifestement, il doit y avoir une meilleure façon de sensibiliser et de protéger les jeunes.
Compte tenu de ces faits, j'aimerais centrer mes observations d'aujourd'hui sur les avantages du projet de loi pour les jeunes. L'un des principaux objectifs du gouvernement dans le cadre du projet de loi est de protéger les jeunes en restreignant leur accès au cannabis.
[Français]
Je commencerai en soulignant que cette loi n'est qu'un des volets d'une approche globale à l'usage du cannabis chez les jeunes. L'engagement de notre gouvernement à garder le cannabis hors de la portée des enfants est composé de plusieurs mesures complémentaires visant à préserver leur santé, à assurer leur sécurité et à assurer leur bien-être.
[Traduction]
Le gouvernement tente de réduire la consommation de cannabis chez les jeunes en restreignant leur capacité de se procurer le produit, en leur fournissant de meilleurs renseignements sur ses risques et ses effets néfastes pour la santé et en veillant à ce qu'ils n'aient pas de casier judiciaire pour possession de cannabis, même en petite quantité.
Cette approche exige la mise en place de mesures législatives et réglementaires et un soutien en matière d'éducation et de sensibilisation du public. À cette fin, le gouvernement a entamé une campagne d'éducation publique destinée aux jeunes et à leurs parents en vue de mieux les renseigner sur le cannabis, ses méfaits et les risques qu'il pose pour la santé.
[Français]
Compte tenu de l'ensemble de ces mesures, je suis convaincue que l'approche globale de notre gouvernement fera que nous réussirons à mieux protéger nos jeunes des méfaits possibles de ce psychotrope.
[Traduction]
J'aimerais expliquer les mesures du projet de loi sur le cannabis qui portent spécifiquement sur la protection des jeunes. La société a appris des mesures de santé et de sécurité mises en place pour d'autres substances potentiellement nocives comme les cigarettes, l'alcool et les médicaments sur ordonnance.
Le projet de loi se fonde sur les pratiques exemplaires concernant ces substances et met en place différentes mesures visant à protéger les jeunes.
[Français]
Dès le début, le projet de loi interdit la vente de cannabis à quiconque est âgé de moins de 18 ans et interdit aux adultes de procurer du cannabis à quiconque est âgé de moins de 18 ans. Elle prévoit une infraction, une sanction pour quiconque se sert d'un jeune pour commettre une infraction liée au cannabis. Tout adulte reconnu coupable de participer à ce genre d'activité serait passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 14 ans.
[Traduction]
Afin d'éviter que les jeunes soient incités à consommer du cannabis, comme ce fut le cas de la cigarette par le passé, le projet de loi interdirait toute forme de produit du cannabis conçu pour plaire aux jeunes. Ainsi, les produits comme des oursons de gélatine ou des suçons au cannabis seraient illégaux.
Pour décourager les jeunes de consommer du cannabis, les producteurs et les détaillants n'auront pas le droit d'avoir recours à des emballages ou à des étiquettes attrayants pour les jeunes ni d'embaucher un porte-parole, de faire de la publicité de style de vie ou d'utiliser un personnage de dessin animé pour faire la promotion de leur produit. La promotion des produits du cannabis et la publicité seraient interdites dans tous les endroits et médias auxquels les jeunes peuvent avoir accès comme les épiceries, les cinémas ou les transports en commun, pour ne donner que quelques exemples.
Afin de réduire davantage le risque qu'un jeune puisse obtenir illégalement du cannabis, il sera interdit d'offrir ce produit dans des machines distributrices. Le projet de loi prévoit également qu'on puisse exiger que le cannabis soit vendu dans des emballages à l'épreuve des enfants, de façon à empêcher que de jeunes enfants consomment la substance par inadvertance.
Ensemble, ces mesures représentent une approche globale visant à préserver la santé et la sécurité des jeunes Canadiens.
[Français]
En plus de préserver la santé publique et la sécurité de la population, l'un des objectifs de notre gouvernement consiste à écarter la criminalisation de Canadiens et de Canadiennes qui ont commis des délits relativement mineurs.
Le fait d'avoir des antécédents judiciaires pour possession simple de petites quantités de cannabis peut avoir des conséquences importantes. Les perspectives d'emploi, de logement, de bénévolat, de voyage, tout cela peut se compliquer du simple fait d'avoir une casier judiciaire. Voici donc la question que nous devons nous poser: souhaitons-nous continuer d'accabler les Canadiens et les Canadiennes de ces difficultés pour avoir été en possession de petites quantités de cannabis? La réponse de notre gouvernement est un non catégorique.
[Traduction]
Le projet de loi prévoit une limite de possession en public de 30 grammes de cannabis séché pour les adultes d'au moins 18 ans. Comme je l’ai dit, il prévoit en outre des infractions et des sanctions strictes pour les adultes qui donnent ou qui tentent de vendre du cannabis à des jeunes ou qui utilisent un jeune pour commettre une infraction liée au cannabis.
Aux termes du projet de loi , les jeunes ne seraient pas passibles de poursuites pénales pour avoir possédé ou partagé une très petite quantité de cannabis. Ainsi, toute activité liée à des quantités supérieures à cinq grammes serait sanctionnée en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
[Français]
Notre gouvernement travaillera avec les provinces et les territoires afin de soutenir l'élaboration d'une législation dans chaque administration qui permettrait aux forces de maintien de l'ordre de confisquer le cannabis possédé par des jeunes, indépendamment de la quantité. On permettrait aux autorités de retirer toute quantité de cannabis qu'ils pourraient avoir en leur possession.
[Traduction]
Je veux être bien claire, l’approche proposée par rapport à la possession de cannabis par des jeunes ne signifie pas que ce comportement est encouragé ou acceptable. Il ne l’est pas. Nous faisons simplement valoir qu’une approche plus équilibrée et qui prévoit le recours à divers outils autres que le système de justice pénale serait un moyen plus utile de réduire la consommation de cannabis chez les jeunes.
Cette approche va dans le sens des conclusions du Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis. Le rapport final du groupe de travail souligne que des approches non criminelles devraient être mises en oeuvre pour décourager la possession ou la consommation du cannabis par les jeunes. Je crois que cela permettrait d'atteindre l'équilibre parfait entre les efforts visant à éviter d'incriminer les jeunes pour la possession de petites quantités et ceux visant à contrôler et à réglementer étroitement le cannabis.
En conclusion, le gouvernement a placé la santé, la sécurité et le bien-être des jeunes au coeur de ce projet de loi.
[Français]
Je suis convaincue que notre gouvernement, grâce à cette approche équilibrée, permettra à la population d'utiliser le cannabis à des fins récréatives de façon sécuritaire et encadrée et enlèvera cette substance des mains de nos enfants.
:
Monsieur le Président, la dernière fois que j'ai parlé du projet de loi , c'était en mai. J'avais alors commencé par féliciter le gouvernement d'avoir franchi une importante première étape vers l'abandon de l'approche axée sur la criminalisation et les sanctions qui était celle du Canada depuis les années 1920 et qui n'avait rien donné. Il ressort très clairement des études et des ouvrages sur le sujet — qu'ils aient été produits ici ou ailleurs dans le monde — que la guerre contre la drogue est un échec complet et total. Les milliards de dollars qui y ont été consacrés en vain et les innombrables vies qui ont été perdues en sont d'ailleurs la preuve flagrante. À mon avis, le Canada ferait meilleur usage de ses ressources en les employant à autre chose, surtout maintenant qu'on sait que les résultats obtenus sont à des lieues de l'effet recherché. Les jeunes du Canada figurent parmi les plus grands consommateurs de cannabis du monde, même si sa consommation et son commerce constituent des infractions criminelles depuis maintenant des dizaines et des dizaines d'années.
Depuis ma première intervention, en mai, l'étude réalisée par le Comité permanent de la santé — qui a entendu énormément de témoins en très peu de temps — nous a permis d'apprendre beaucoup de choses sur le projet de loi. Au début, nous avions bon espoir de pouvoir profiter de cette étude pour améliorer le texte proposé par le gouvernement, mais ce n'est hélas pas ainsi que les choses se sont passées.
Le gouvernement a présenté cette mesure législative dans une tentative maladroite de s'acquitter d'une promesse électorale. Il veut maintenant couper court au débat à l'étape du rapport et limiter le débat à l'étape de la troisième lecture sur ce changement majeur et révolutionnaire aux lois canadiennes sur les drogues. Les libéraux tentent en quelque sorte d'empêcher les parlementaires d'exercer une diligence raisonnable et d'exprimer à la Chambre le point de vue des citoyens afin de respecter une date limite arbitraire qu'ils ont fixée, soit juillet 2018. Les députés ministériels savent que le gouvernement a un mandat de quatre ans. Les libéraux seront au pouvoir jusqu'en octobre 2019, mais ils ont fixé la date limite au mois de juillet 2018, afin que le projet de loi puisse être adopté. On a l'impression que l'approche est improvisée et qu'on ne prend pas le temps de faire les choses correctement, alors qu'on aurait manifestement pu faire mieux. Bien que nous appuyions le projet de loi en principe et que nous disposions de nombreux témoignages, il est évident qu'on aurait pu faire davantage pour améliorer le projet de loi.
J'aimerais poursuivre en concentrant mes observations sur quelques lacunes importantes du projet de loi à cette étape.
Je tiens à souligner la contribution remarquable de mon collègue le député de au Comité permanent de la santé. À titre de porte-parole du NPD en matière de santé, il y a fait un travail inestimable. Il a notamment été chargé de présenter, au nom du NPD, 38 amendements qui auraient permis d'améliorer substantiellement le projet de loi. Malheureusement, les libéraux, majoritaires au Comité, ont rejeté toutes nos propositions. Un amendement en particulier proposait la suppression de la limite de possession de 30 grammes pour les adultes. Dans son intervention, le député de Vancouver Kingsway a souligné que n'importe quel adulte dans cette enceinte pouvait aller dans un magasin d'alcool et y acheter assez d'alcool pour se tuer. La possession de n'importe quelle quantité d'alcool est légale, mais pour le cannabis, on propose une limite arbitraire de 30 grammes dont le dépassement entraînerait des démêlés avec le système de justice pénale.
Mon collègue a également proposé une certaine décriminalisation pour que la section sur les peines corresponde davantage à celle de la Loi sur le tabac. Je précise que c'est le député de Vancouver Kingsway qui a d'abord proposé l'élimination de la limite de 100 centimètres pour la hauteur des plants, mais que les libéraux ont décidé de voter contre cette initiative pour faire adopter leur amendement prévoyant exactement la même chose et ainsi s'en attribuer le mérite. Mon collègue a également avancé l'idée d'autoriser les provinces à créer leur propre cadre de délivrance de permis pour que les petits producteurs et les producteurs artisanaux fassent partie du plan de légalisation. J'ose espérer que lors de la rédaction du règlement pris en vertu du projet de loi, le gouvernement tiendra compte de la réalité existante, notamment dans ma province, la Colombie-Britannique. De nombreux dispensaires ouvrent un peu partout dans la province. C'est la réalité sur le terrain. Si le gouvernement ne tient pas compte des faits dans le projet de loi, peu de choses pourront être faites pour s'y opposer.
Ce flou juridique touche assurément l'île de Vancouver et, en fait, presque toute la Colombie-Britannique. J'espère qu'on laissera un peu de place à d'autres joueurs que les gros producteurs de cannabis qui, par des activités de lobbying, exercent une influence indue sur le gouvernement.
Autre point défendu par mon collègue: la légalisation de la vente de produits comestibles. Les libéraux aiment bien citer les propos de l'honorable Anne McLellan à titre de présidente du groupe de travail. Durant son témoignage devant le Comité permanent de la santé, elle a déclaré:
Évidemment, si votre préoccupation est la santé du public [...]
Si vous voulez passer d'un marché illicite à un marché légal et réglementé, alors vous devez offrir la même qualité et la même variété que ce qui est offert dans le marché illicite. On peut certainement affirmer que nous avons entendu ce commentaire à maintes reprises du large éventail de personnes auxquelles nous avons parlé. Vous pourriez certainement autoriser ou permettre les produits comestibles sous diverses formes pour des raisons de santé publique et de sécurité publique.
Ces propos ont été tenus par nulle autre que la présidente du groupe de travail.
Le gouvernement prétend que le projet de loi permettra de légaliser le cannabis, mais, à mon avis, il ne fera que le rendre moins illégal. En fait, lorsque le projet de loi entrera en vigueur, il y aura un plus grand nombre d'interdictions qu'il n'en existe à l'heure actuelle aux termes du Code criminel et de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Il est trompeur d'affirmer que l'on va légaliser le cannabis, puisque celui-ci sera rigoureusement réglementé. Si une personne contrevient aux dispositions législatives proposées, elle fera l'objet de sanctions très sévères. Par exemple, une personne trouvée en possession de 31 grammes de cannabis, une personne trouvée en possession de 5 plants de cannabis et un jeune de 18 ans qui partage un joint avec son meilleur ami âgé de 17 ans seront tous considérés comme des criminels.
Les sanctions associées à certaines de ces infractions dans le cadre du « régime de légalisation » seront extrêmement sévères. Il suffit de jeter un coup d'oeil à la peine d'emprisonnement de 14 ans prévue à l'article 9 du projet de loi. J'aimerais maintenant citer un extrait du témoignage livré devant le Comité permanent de la santé par John Conroy, qui a été l'avocat principal dans l'affaire Allard c. Canada. M. Conroy a déclaré ce qui suit:
[...] ce thème d'emprisonnement maximal de 14 ans, la mise en accusation, etc., sont totalement irréalistes par rapport à ce que l'on voit sur le terrain. Même la Cour d'appel de la Saskatchewan, qui n'est pas reconnue comme la cour la plus libérale au pays, impose des peines de 12 à 18 mois dans les cas de trafic, par exemple. La plupart des peines d'emprisonnement s'élèvent à deux ans ou moins. Dans le cas du tabac et de l'alcool, les peines d'emprisonnement maximales sont de deux et trois ans.
Donc, la peine de 14 ans est complètement irréaliste et elle va à l'encontre de l'objectif que dit vouloir atteindre le gouvernement, soit de réduire le fardeau du système de justice pénale, en particulier lorsqu'on connaît les contraintes imposées par l'arrêt Jordan de la Cour suprême du Canada.
Le Code criminel contiendra des dispositions pour réglementer le jardinage. L'avocat de la défense Michael Spratt nous a offert un témoignage coloré à ce sujet. Lorsque le projet de loi entrera en vigueur, il pèsera passablement lourd sur le système de justice pénale du pays.
Le gouvernement aime nous dire qu'il oeuvre dans un esprit d'ouverture, de reddition de comptes et de transparence, mais nous devons pour notre part oeuvrer en dépit d'une motion d'attribution de temps. Je crois que beaucoup de députés n'ont pas eu la chance d'exprimer leurs objections, alors que nous nous dirigeons inexorablement vers l'échéance arbitraire de juillet 2018. Nous ne rendons pas service aux Canadiens, c'est-à-dire aux gens de nos circonscriptions qui nous ont élus pour les représenter dans cette enceinte et au nom desquels nous devons nous assurer que le projet de loi que nous adopterons soit aussi bon que possible.
Nous savons que la légalisation s'en vient, mais nous avons le devoir de veiller à ce que cela se fasse de la meilleure façon possible et de tenir compte des objectifs énoncés par le gouvernement dans le texte même du projet de loi. On dit à l'article 7 que la loi a pour objet « de prévenir les activités illicites liées au cannabis à l’aide de sanctions et de mesures d’application appropriées » et « de réduire le fardeau sur le système de justice pénale relativement au cannabis ». Voilà deux des objectifs énoncés à l'article 7. Il y a lieu de se poser des questions à savoir si ce projet de loi permettrait bel et bien de les respecter. Je ne pense pas qu'il soit possible d'examiner la chose avec soin si on expédie l'étude au comité et le débat à la Chambre. Cette mesure représente un changement profond de la législation canadienne sur les drogues; il serait donc judicieux de bien faire les choses.
Je termine en offrant un soutien avec certaines réserves à ce projet de loi, car on aurait pu faire beaucoup mieux. Quand les néo-démocrates formeront le gouvernement en 2019, nous allons veiller à y apporter les améliorations voulues.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet de ce projet de loi.
J'aimerais d'abord remercier le comité de son travail. Les membres du comité, qui ont entendu plus de 100 témoins, ont procédé à une étude article par article très détaillée. J'estime que les délibérations soutenues qui se sont déroulées tout au long de ce processus ont été fort instructives. Je tiens également à remercier le comité de ses propositions d'amendement, notamment en ce qui a trait aux produits comestibles, qui se fondent sur certaines leçons tirées du processus de légalisation dans l'État de Washington et en Oregon. Évidemment, ce travail reposait lui-même sur les travaux du groupe d'experts, qui a rencontré 1 500 personnes et reçu des mémoires provenant des quatre coins du pays afin d'assurer la tenue d'un processus de consultation exhaustif avant même la présentation du projet de loi.
Il est à noter que, même si ce projet de loi propose des changements importants, il prévoit aussi des mesures de transition. Lors de l'examen exhaustif qui sera mené au bout de trois ans, nous aurons l'occasion de nous pencher sur les conséquences et l'efficacité de la loi. Le travail déjà accompli par le groupe d'experts et par le comité s'est avéré très utile pour orienter non seulement le processus en cours, mais aussi l'examen qui aura lieu d'ici trois ans.
Certains se demandent pourquoi nous ne reportons pas simplement l'entrée en vigueur du projet de loi afin de tenir d'autres consultations. La dure réalité, c'est que le Canada est le pays où le taux de consommation de cannabis est le plus élevé. Chez les jeunes — le groupe qui nous préoccupe le plus et dont nous parlons le plus souvent dans cette enceinte —, ce taux est d'un peu plus de 20 %. En fait, il est deux fois plus élevé que celui du tabagisme, qui est, bien entendu, légal. Il est beaucoup plus facile pour un jeune de mettre la main sur du cannabis que sur des cigarettes ou de l'alcool. Bien sûr, c'est parce que les trafiquants de drogue, qui mènent leurs activités dans l'ombre de la criminalité, ne se soucient pas des personnes à qui ils vendent leurs produits. Ils ne s'inquiètent pas d'être mis à l'amende parce qu'ils ont vendu leurs produits à une personne trop jeune. Le fait est que c'est beaucoup trop facile. J'ai moi-même trois adolescents, et ils me racontent à quel point cette drogue est répandue et serait facile à obtenir s'ils décidaient de s'en procurer. Je suis chanceux qu'ils ne l'aient jamais fait, mais cette drogue circule autour d'eux.
D'une part, nous entendons les conservateurs qui parlent de ne rien faire et de maintenir le bilan désastreux au chapitre du cannabis. Ils disent de ne rien faire, de simplement faire l'autruche et de faire semblant qu'il n'y a pas de problème. D'autre part, nous entendons les députés néo-démocrates qui disent que ce projet de loi ne légaliserait pas vraiment le cannabis et que nous devrions faciliter encore plus les choses. Voilà qui fait ressortir le ton responsable que nous prenons dans ce débat, préconisant de tirer des leçons d'autres substances désignées, comme le tabac et l'alcool. Apprenons de l'expérience des autres endroits où l'on a légalisé le cannabis et assurons-nous de proposer le régime le plus efficace qui soit, compte tenu de l'information disponible.
Je pense précisément au tabac, parce que c'est un exemple très instructif pour le cas qui nous préoccupe en ce moment. Les taux de prévalence du tabagisme chez les jeunes dépassaient 50 % et ce, il y a seulement quelques décennies. Nous étions aux prises avec une crise de santé publique majeure. Ce taux élevé de prévalence chez les jeunes allait mener à une explosion des maladies chroniques et de maladies de toutes sortes. Par conséquent, en collaboration avec le secteur sans but lucratif — avec la Fondation des maladies du coeur, les sociétés du cancer et d'autres organismes —, on a entamé un processus de dénormalisation pour s'assurer que les jeunes connaissent les effets du tabac sur la santé. Bien entendu, plus que la dénormalisation du tabac, il y a eu aussi celle des compagnies qui en tiraient des profits.
C'est grâce à ces campagnes de dénormalisation et à diverses mesures fédérales et provinciales visant à restreindre et à contrôler l'accès au tabac que les jeunes Canadiens affichent maintenant l'un des taux de tabagisme les plus faibles de la planète. Ce taux, qui dépassait les 50 %, est maintenant inférieur à 10 %. Il faut continuer de le faire baisser, certes, mais il y a des leçons à tirer de cet exemple. Je crois que nous devons nous en inspirer quand nous parlons du cannabis et particulièrement des politiques actuelles, qui ont gravement failli à la tâche.
Nous pouvons regarder, par exemple, ce qui s'est produit en Oregon et dans l'État de Washington. Alors que le nombre d'arrestations a beaucoup diminué, un rapport publié par la Drug Policy Alliance à la fin de 2016 montre que la consommation de cannabis chez les jeunes est restée relativement stable; par ailleurs, le nombre d'accidents de la route mortels a baissé, bien que le taux soit le même que dans les autres États.
Nous devons redoubler d'efforts, selon moi. Il est important de garder à l'esprit des éléments particuliers de ce dossier.
Le gouvernement a annoncé qu'il versera jusqu'à 274 millions de dollars pour aider les forces de l'ordre et les agents des services frontaliers à appliquer les lois et règlements sur le cannabis et à décourager la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Pour ce dernier point, on investira jusqu'à 161 millions de dollars pour former les agents de première ligne, renforcer les moyens des organismes d'application de la loi et sensibiliser la population. C'est essentiel. Les députés d'en face ont tout à fait raison d'affirmer que la conduite avec facultés affaiblies par la drogue est dangereuse. Ils se trompent toutefois quand ils ne reconnaissent pas que ce problème existe déjà aujourd'hui, mais que les policiers n'ont tout simplement pas les outils, les ressources financières et le matériel dont ils ont besoin pour s'y attaquer.
Je rappelle aux députés que, parmi les jeunes Canadiens, un sur cinq consomme du cannabis, malheureusement. Dans ce contexte, si on fournit aux agents de première ligne le matériel, les ressources financières et la formation dont ils ont besoin pour s'attaquer au problème, on pourra réduire le nombre de conducteurs qui prennent le volant quand leurs facultés sont affaiblies par la drogue.
Nous avons prévu 113,5 millions de dollars de plus sur cinq ans pour empêcher que le crime organisé n'infiltre le régime légalisé et que le cannabis ne franchisse nos frontières. Il s'agit de garder les produits de la vente du cannabis hors de la portée des criminels. Le cannabis a grandement contribué à la criminalité en finançant les organisations criminelles, leur donnant les moyens de se livrer à des activités répréhensibles au Canada. Nous avons consacré je ne sais combien de milliards de dollars à des activités policières afin de gérer les problèmes liés à la consommation du cannabis.
De plus, dans le budget de 2017, nous avons accordé 9,6 millions de dollars de plus à l'information et à la sensibilisation du public, surtout les jeunes, quant aux risques liés à la consommation du cannabis. Nous avons de l'expérience qui nous guide en ce sens. En effet, les initiatives de lutte contre le tabagisme ont été extrêmement efficaces pour dénormaliser le tabac et en réduire la consommation chez les jeunes. Je pense que nous pourrons arriver à un point où nous observons un taux de consommation du cannabis aussi bas que le taux de tabagisme; il s'agirait d'un succès énorme. Nous verrions un revirement, après des dizaines d'années d'augmentation de la consommation du cannabis.
Comme directeur administratif de la Fondation des maladies du coeur, j'ai eu l'occasion de voir de près le fonctionnement du système et de collaborer étroitement avec des professionnels dont le travail porte sur la toxicomanie. Il s'agit d'une approche réaliste pour s'attaquer à un problème très complexe.
L'autre argument que je souhaite faire valoir porte sur les jeunes. Nous savons que le cannabis est dangereux surtout pour les jeunes. Voilà pourquoi je rejette l'idée du NPD d'en libéraliser totalement la consommation sans exercer de contrôles stricts, car nous savons que le cannabis peut avoir un effet particulièrement dévastateur sur les jeunes cerveaux. Nous devons faire baisser les taux de consommation, ce qui signifie qu'en matière d'application de la loi, nous devons concentrer nos efforts sur les individus qui vendent du cannabis aux jeunes. Au lieu de continuer à en interdire la consommation à toute la population, ce qui a été un échec lamentable, nous devons regrouper nos ressources autour d'une politique de tolérance zéro concernant les personnes de 18 ans et moins, car nous savons que, sur le plan médical, ce sont elles qui sont les plus vulnérables au cannabis.
Voilà pourquoi nous voulons mettre l'accent sur l'éducation du public et sur l'adoption de peines sévères pour ceux qui auraient l'intention de vendre du cannabis aux jeunes. Voilà pourquoi nous commençons là où nous aurions dû commencer avec le tabac, en contrôlant la promotion du produit, en imposant un emballage neutre au départ et en interdisant les campagnes d'information qui rejoignent les enfants. Il est triste de voir que, dans le tiers monde, les compagnies de tabac se livrent encore à des pratiques ayant pour but d'inciter les jeunes à devenir dépendants de leur substance, alors qu'elles en connaissent les effets mortels. La consommation du tabac mène nécessairement à la mort. Nous ne voulons pas répéter les erreurs commises avec le tabac, alors nous comptons appliquer les contrôles nécessaires dès le départ.
De nombreux partenaires sont d'accord, que ce soient les travailleurs en toxicomanie, les infirmières, les pharmaciens, l'organisme Les mères contre l'alcool au volant, les universitaires ou les experts de divers domaines. L'approche passée n'a pas fonctionné. Il nous faut une nouvelle approche. Ce projet de loi, qui est solidement étayé par les données scientifiques et les observations objectives, représente la meilleure voie à suivre. Par conséquent, je suis fier de l'appuyer.
:
Monsieur le Président, de toutes les promesses bâclées, douteuses et insensées que les libéraux ont faites pendant la campagne électorale de 2015 et qu'ils ont rompues par dizaines depuis ce temps, celle qui a donné lieu au projet de loi est celle qui mériterait le plus de passer à la trappe ou du moins d'être repoussée à beaucoup plus tard.
La Chambre de rappellera peut-être que, quand le projet de loi sur la marijuana a été présenté, les libéraux ont jugé bon de réunir cinq ministres autour d'une table dans l'Amphithéâtre national de la presse — juste en face, sur Wellington — seulement pour le défendre. Il s'agissait de la , du , de la , de la et de monsieur marijuana à des fins récréatives lui-même, le .
Disons que nous étions loin d'un dévoilement festif. Nous aurions plutôt cru assister à une période de retenue à l'école secondaire: pas un seul visage souriant. Les cinq champions de la marijuana ont gardé leur air lugubre tout au long de la conférence de presse, qui a duré près d'une heure, et pas un seul n'a prononcé le mot « marijuana » une seule fois. Ils ont multiplié les contorsions et les circonvolutions, insistant sur les jeunes vulnérables, sur les risques et les dangers de la substance qu'ils s'apprêtaient à autoriser à des fins récréatives et sur une éventuelle guerre de prix avec le crime organisé et répétant à qui mieux-mieux qu'ils n'étaient surtout pas en train de dire aux gens qu'ils devaient consommer de la marijuana. Tout cela sans jamais prononcer le mot « marijuana », comme je viens de le dire, et s'en tenant strictement au latin « cannabis ».
Les choses n'ont pas cessé de se détériorer depuis, et voilà aujourd'hui que les libéraux coupent court à un débat important auquel les Canadiens doivent absolument assister en abusant de leur majorité et en prenant les grands moyens: la guillotine législative.
Le secrétaire parlementaire a répété je ne sais plus combien de fois que les libéraux se soucient des enfants, de leur santé, de leur sécurité et de leur avenir. Il nous a aussi rappelé qu'il avait passé la majeure partie de sa vie adulte à combattre le crime et que c'est avec des mesures réfléchies qu'on peut mettre un frein à la criminalité et à la violence.
L'opposition officielle reconnaît tout à fait le service du député et convient certainement que nous nous soucions tous des enfants canadiens et qu'il est possible de réduire la criminalité et la violence dans la société canadienne grâce à des gestes réfléchis. Cela dit, nous rejetons vigoureusement l'idée que l'approche des libéraux dans ce dossier puisse être caractérisée ne serait-ce que le moindrement de réfléchie.
Les libéraux se sont dépêchés de produire le projet de loi , mais ce faisant, ils relèguent pratiquement toutes les véritables responsabilités et les coûts aux provinces et aux municipalités. À tous les échelons, nous entendons des préoccupations graves valables de la part de la communauté médicale, des organismes d'application de la loi, des conseils municipaux de petites et grandes villes et des assemblées législatives provinciales. Tous estiment que l'empressement des libéraux de légaliser la consommation de cannabis à des fins récréatives d'ici juillet 2018 va tout simplement trop loin. Cela laisse trop peu de temps pour éduquer efficacement les consommateurs, les jeunes comme les vieux. Cela laisse trop peu de temps pour former rigoureusement et rationnellement les policiers et les organismes d'application de la loi. Cela laisse trop peu de temps pour bien réfléchir à la question de la culture résidentielle de marijuana, aux volumes qui seront produits, à l'accès des jeunes et à l'éventail de problèmes que cela pourrait causer entre propriétaires et locataires.
La loi fédérale proposée autorise quatre plants par domicile. Au comité de la santé, des témoins ont dit avoir calculé que quatre plants de 100 centimètres de haut pourraient produire jusqu'à 600 grammes de marijuana. Or, cette limite de hauteur a maintenant été supprimée du projet de loi. Aucun ministériel n'a pu expliquer comment concilier ces 600 grammes et la limite de possession d'au plus 30 grammes.
Le comité de la santé a également entendu des témoins provenant des États-Unis. Le Colorado autorise la culture de marijuana à domicile, mais pas l'État de Washington, sauf dans le cas des consommateurs à la santé fragile qui le cultivent à des fins médicales. Les résultats sont très différents. Dans l'État de Washington, où la culture de la marijuana à domicile est interdite, la part de marché du crime organisé est passée à moins de 20 % en moins de trois ans. Au Colorado, où la culture résidentielle de marijuana est autorisée, le crime organisé s'est mis de la partie et continue de prospérer.
La semaine dernière, nous avons appris que si certaines provinces tiendront compte de l'expérience de ces deux États, d'autres ne le feront pas. Le projet de loi du Québec interdit la culture de marijuana à domicile, mais en autorise l'achat et la consommation dès l'âge de 18 ans. Par ailleurs, on peut voir d'autres différences en matière de distribution. L'Ontario affirme qu'elle n'autorisera la distribution que par l'entremise de sa Régie des alcools, à l'instar du Québec, alors que l'Alberta confiera la tâche à des entreprises privée du secteur du détail qui seront assujetties à la réglementation provinciale, sans limite quant au nombre de points de vente.
Pour en revenir aux témoignages concernant la situation chez nos voisins du Sud, nous avons également appris que le Colorado a enregistré une augmentation de 32 % des cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue, ce qui nous ramène aux préoccupations exprimées à maintes reprises — à titre personnel et collectif — par les chefs de police canadiens. Ces représentants de l'ordre affirment qu'il leur est carrément impossible d'être prêts, d'ici juillet ou dans les mois qui suivront, à faire appliquer la nouvelle loi sur la légalisation de la marijuana à des fins récréatives. Ils demandent qu'on leur accorde plus de temps pour former les agents de police en ce qui concerne la nouvelle loi, les données scientifiques et les détails de ce qui sera permis et de ce qui sera interdit. Les chefs de police du Canada réclament un délai pour qu'un nombre suffisant d'agents soient accrédités pour effectuer des contrôles routiers visant à vérifier si les facultés d'un conducteur sont affaiblies par la drogue.
À l'instar de divers autres groupes, les chefs de police ont également demandé davantage de temps pour sensibiliser la population à la question. Voici la mise en garde qu'ils servent au gouvernement: à défaut d'obtenir le délai demandé, il y aura un écart entre la légalisation proprement dite et la journée du cannabis au Canada que les libéraux souhaitaient à l'origine proclamer haut et fort. Les libéraux ont maintenant fait marche arrière et disent que la légalisation aura lieu en juillet, sans préciser de date. Il y aura forcément un écart entre la légalisation proprement dite et la capacité de la police de faire appliquer l'ensemble des nouvelles lois et de la nouvelle réglementation. Or, les chefs de police, notamment le sous-commissaire de la Police provinciale de l'Ontario, Rick Barnum, soulignent que cet écart permettra au crime organisé de tirer profit des nouvelles lois et de continuer à s'enrichir.
Les libéraux affirment qu'ils chasseront le crime organisé du marché de la marijuana en établissant des prix d'éviction pour couper l'herbe sous le pied des revendeurs dans la rue. Le gouvernement libéral de l'Ontario considère adopter un prix de 10 $ le gramme, auquel s'ajoute bien sûr la taxe de vente. Le gouvernement libéral fédéral parle d'une autre taxe, soit un droit de 1 $ le gramme.
Les revendeurs dans la rue, les distributeurs du crime organisé, rient aux éclats en entendant que des prix de 8 à 12 $ le gramme les forceront à fermer boutique. Selon les tribunes téléphoniques à Toronto au cours des dernières semaines, il est évident que les vendeurs et les acheteurs actuels croient que le marché illicite perdurera et qu'il pourrait même connaître une croissance. Il y a un an, à Seattle, dans l'État de Washington, on vendait la marijuana pour moins de 5 dollars canadiens le gramme.
Revenons un moment sur le droit de 1 $ le gramme. Le gouvernement libéral propose qu'il soit divisé en parts égales avec les provinces, ce qui est hors de question. Nous savons que c'est inacceptable pour les provinces et certainement pour les municipalités, qui doivent assumer la part du lion en ce qui concerne les coûts et les responsabilités associés à la réalisation précipitée d'une promesse électorale insensée des libéraux.
Comme je l'ai dit au début de mon intervention, parmi toutes les promesses irréfléchies faites par les libéraux pendant la campagne électorale de 2015, dont des dizaines ont dû être brisées à contrecoeur face à la réalité, le projet de loi est celui qui mérite le plus d'être abandonné, ou du moins d'être remis à beaucoup plus tard.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui pour exprimer mon appui au projet de loi , la Loi sur le cannabis.
La protection de la santé et de la sécurité de la population constitue une priorité clé pour tous les ordres de gouvernement au Canada. C'est pourquoi nous avons présenté le projet de loi C-45. Il vise à créer un cadre national strict pour contrôler la production, la distribution, la vente et la possession de cannabis au Canada.
[Français]
Le projet de loi légaliserait l'accès au cannabis tout en restreignant cet accès aux seuls adultes, en permettant qu'une quantité limitée soit cultivée à la maison ou en appliquant un cadre approprié pour les détaillants, afin que le cannabis provienne d'une industrie bien réglementée.
[Traduction]
Le projet de loi mettrait en place des mesures de contrôle pour protéger les jeunes, notamment des interdictions relatives à la vente et à la distribution de cannabis à toute personne de 18 ans et moins, et encadrerait les activités promotionnelles destinées aux jeunes.
Les cultivateurs et les fabricants commerciaux de cannabis devront obtenir un permis fédéral et se conformer à un régime strict de surveillance pour contrôler la sûreté et la qualité du produit.
Le projet de loi nous permettrait d'utiliser le droit pénal fédéral pour créer un cadre rigoureux visant à contrôler et à réglementer la production, la distribution, la vente et la possession de cannabis, mais il est impossible de bien surveiller et contrôler le cannabis sans la collaboration de nos partenaires des provinces, des territoires et des municipalités.
[Français]
Dès le début, notre gouvernement a clairement indiqué que le contrôle et la réglementation du cannabis doivent découler d'une approche pancanadienne où tous les ordres de gouvernement participent à tous les stades de l'élaboration et de la mise en oeuvre.
[Traduction]
Cette façon de voir s'est d'ailleurs reflétée dans la place qui a été accordée aux partenaires des provinces et des territoires pendant les travaux du Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis. Établi en juin 2016, ce groupe de travail avait pour mandat de conseiller le gouvernement fédéral sur la marche à suivre pour légaliser le cannabis, le réglementer étroitement et en restreindre l'accès.
L'apport des provinces et des territoires a été essentiel à son succès. Les provinces et les territoires y ont dépêché des spécialistes et suggéré le nom de gens à consulter. Ces personnes ont rencontré les membres du Groupe de travail pour leur donner leur point de vue sur la légalisation et la réglementation du cannabis et sur les moyens à prendre pour atteindre notre objectif à tous, c'est-à-dire mieux voir à la sécurité et à la santé du public.
[Français]
Il ne faut donc pas s'étonner du fait que l'avis des provinces et des territoires a contribué à façonner, dans une grande mesure, plusieurs des dispositions importantes du projet de loi C-45. Tout comme le rapport du groupe de travail, le projet de loi C-45 propose un cadre commun pour le contrôle et la réglementation du cannabis qui reposera sur une constante collaboration entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.
[Traduction]
Le projet de loi établit des normes et des mécanismes de contrôle clairs du cannabis et il donne à tous les gouvernements la marge de manoeuvre nécessaire pour agir dans leur propre champ de compétence et d'expérience. Chaque aspect du cadre stratégique sera ainsi mis en oeuvre par l'ordre de gouvernement le mieux placé pour le faire.
Je voudrais expliquer maintenant la façon dont les différents rôles et les différentes responsabilités seront répartis entre les gouvernements, à commencer par le gouvernement fédéral.
[Français]
En vertu de la loi sur le cannabis telle que proposée, le gouvernement fédéral serait responsable de la mise en place et de l'actualisation d'un cadre national de réglementation de la production du cannabis, de la détermination de normes afférentes à la santé et à la sécurité, ainsi que de l'établissement d'interdictions pénales.
[Traduction]
Il devra ainsi limiter l'accès des adultes au cannabis en fixant des restrictions; prévoir de lourdes sanctions pénales pour quiconque agit dans l'illégalité; réglementer la promotion, l'emballage, l'étiquetage et la vente du cannabis et de ses accessoires de façon à ce que ces nouvelles règles s'harmonisent bien avec celles qui régissent déjà les produits du tabac; instaurer un régime fédéral d'octroi de permis de production du cannabis fondé sur les constats tirés du régime actuel d'accès au cannabis à des fins médicales; fixer les normes et les règles régissant l'ensemble de l'industrie en ce qui concerne, par exemple, les portions, la puissance des produits et la traçabilité de la graine à la vente afin d'éviter le détournement des produits vers le marché noir; créer les conditions fédérales minimales menant à l'élaboration d'un cadre national visant à préserver la santé et la sécurité publiques; faire respecter à la frontière les interdictions en matière d'importation et d'exportation, tout en acceptant ce qui est autorisé par la loi.
Le projet de loi reconnaît également que les provinces, les territoires et les municipalités ont un rôle important à jouer dans le nouveau système. Comme dans le cas de l'encadrement de la distribution et de la vente d'alcool, le projet de loi reconnaîtrait les régimes législatifs des provinces et des territoires qui encadrent et réglementent la distribution et la vente de cannabis sur leur territoire.
[Français]
Les mesures législatives tiendraient également compte du fait que les provinces et les territoires, de concert avec les municipalités, ont le pouvoir d'adapter certaines règles à leur propre territoire et d'assurer leur application au moyen d'une variété d'instruments, dont celui de dresser des constats de contravention.
Conformément aux recommandations du groupe de travail, les provinces et les territoires, de concert avec les municipalités, pourront convenir de règles qui régiront les endroits où peuvent s'établir les entreprises de production, de distribution et de vente de cannabis sur le territoire d'une communauté, ainsi que les endroits où l'on peut consommer du cannabis en public.
[Traduction]
Les provinces et territoires pourraient également mettre en place d'autres exigences réglementaires pour répondre aux préoccupations locales. Par exemple, les assemblées législatives seraient autorisées à hausser l'âge minimal pour la possession de cannabis ou à restreindre davantage la possession pour la culture à des fins personnelles, notamment en réduisant le nombre de plants ou en limitant les endroits où le cannabis peut être cultivé. Le projet de loi est donc conçu de façon à permettre aux provinces et aux territoires d'établir des règles plus strictes de leur propre chef.
De leur côté, nos homologues municipaux joueraient un rôle prépondérant dans l'établissement et l'application de règlements en matière de zonage, l'inspection des bâtiments et le respect de la loi concernant l'âge légal pour l'achat de cannabis, la culture à domicile, la limite de possession à des fins personnelles, la consommation et les restrictions quant aux endroits où il est permis de consommer, ainsi que les plaintes de nuisance publique.
[Français]
À mesure que le cadre sera mis en oeuvre, je suis convaincu que notre gouvernement saura travailler en étroite collaboration avec ses homologues des provinces, des territoires et des municipalités.
[Traduction]
Je suis heureux de constater que les provinces et les territoires ont déjà commencé à se préparer en vue de la légalisation du cannabis. Par exemple, nos homologues du Manitoba ont déjà présenté un projet de loi visant à modifier les dispositions législatives provinciales en matière de sécurité routière pour aider la police à sévir contre les automobilistes qui prennent le volant alors qu'ils ont les facultés affaiblies par la drogue et à limiter les façons dont le cannabis peut être transporté à bord d'un véhicule.
La participation active de nos homologues provinciaux, territoriaux et municipaux sera cruciale pour qu'on puisse veiller à ce que les jeunes n'aient pas accès au cannabis et à ce que les personnes qui vendent du cannabis à l'extérieur du cadre juridique fassent l'objet de sanctions sévères.
[Français]
Notre gouvernement a répété à plusieurs reprises qu'il travaillera avec les provinces et les territoires à la sensibilisation et à l'information de la population canadienne au sujet des risques associés à la consommation du cannabis ainsi qu'à la surveillance des incidences d'un contrôle strict de l'accès au cannabis.
Dans le budget de 2017, notre gouvernement s'est engagé à investir 9,6 millions de dollars sur cinq ans dans une campagne d'éducation et de sensibilisation de la population et dans des activités de surveillance.
[Traduction]
Comme la santé est une responsabilité qui incombe à la fois aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, les provinces et les territoires peuvent ajouter des éléments qui viennent compléter les programmes fédéraux en matière de santé publique, notamment au moyen de la gestion des enjeux liés à la santé et à la sécurité publiques, ainsi que de la prestation de services de sensibilisation et de counselling en milieu scolaire.
[Français]
En partenariat avec les provinces, les territoires, les municipalités et les communautés locales, notre gouvernement a annoncé son intention d'investir dans l'équipement et la formation des forces de maintien de l'ordre afin d'assurer la sécurité routière. Il a indiqué qu'il poursuivra également les discussions avec les provinces et les territoires sur l'imposition du cannabis.
Une collaboration permanente entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, tant dans le domaine de la sécurité de la chaîne logistique que dans celui de l'éducation du public, sera essentielle à la réalisation des objectifs d'une réglementation stricte du cannabis, y compris l'objectif d'enlever les profits des mains des criminels.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada continuera de collaborer inlassablement avec tous les ordres de gouvernement afin de réaliser l'objectif qu'ils ont en commun, c'est-à-dire assurer la santé et la sécurité des Canadiens.
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole au sujet du projet de loi , sur la légalisation du
pot ou, comme je l'appelle, Phénix 2.0. Pourquoi est-ce que je l'appelle ainsi? Parce que c'est l'exemple d'un gouvernement qui expédie l'adoption d'un projet de loi pour respecter un échéancier arbitraire insensé en dépit des mises en garde de tous les intervenants, qui disent que nous ne sommes pas prêts. Dans ce cas-ci, plutôt que de faire du tort uniquement au secteur public, nous allons faire du tort aux Canadiens de tous les segments démographiques, mais plus particulièrement aux jeunes.
Dans le cas de Phénix, l'opposition, les syndicats du secteur public et les responsables des finances dans les ministères disaient de ne pas précipiter les choses. Dans le cas de la légalisation du pot, des chefs de police de tout le pays, l'Association des chefs de police de l'Alberta, la GRC et des membres d'organismes policiers américains disent qu'il ne faut pas se précipiter. Malheureusement, comme pour Phénix, le gouvernement semble tenir à foncer, sans tenir compte des mises en garde.
Les libéraux veulent à tout prix montrer qu'ils peuvent respecter au moins une de leurs promesses. Pour que tous les yeux soient tournés vers lui, le 1er juillet, le premier ministre lèvera le bas de ses pantalons afin de faire voir ses chaussettes imprimées à motifs de feuilles de marijuana. Il allumera officiellement le premier joint sur la Colline du Parlement et il se prendra en photo avec tous ceux qui feront comme lui. L'habile machine promotionnelle du Parti libéral dira sans doute que le premier ministre est bien parti, et qu'il se promène, probablement torse nu, au milieu de la foule fumant des joints. Je suis persuadé qu'elle publiera sur Twitter des messages astucieux parlant de photos, de joints et de pipes à eau.
L'adoption précipitée d'une mesure législative alors que les forces de l'ordre ne sont pas encore prêtes aurait de lourdes conséquences. Voyons chacun des éléments de la politique libérale sur la marijuana qui est publiée sur le site Web du parti. Dans le premier paragraphe, on peut lire que, dans le cadre juridique actuel, « les jeunes arrivent tout de même à en consommer ». La solution des libéraux, qui consiste à légaliser la substance consommée, dépasse l'entendement. Ils prétendent qu'on réussira à empêcher les jeunes de consommer de la marijuana en en banalisant la consommation et en permettant aux gens de s'en procurer un peu partout.
Prenons quelques exemples concrets. Dans l'ensemble, le Colorado est passé du treizième au premier rang pour ce qui est de la consommation de mari chez les jeunes après que la substance a été légalisée. Le taux de consommation de mari chez les étudiants de l'État de Washington après sa légalisation est 42 % plus élevé que celui du reste du pays. Des études américaines montrent que les jeunes ont l'impression, maintenant que la mari est légale, que la substance est inoffensive et qu'elle ne cause pas de troubles psychologiques.
Si on accorde à tous les citoyens le droit de cultiver de la mari, et jusqu'à quatre plants de surcroît, cela signifie par définition qu'il y aura plus de mari. Jusqu'à présent, le gouvernement a négligé d'expliquer de façon satisfaisante comment il prévoit empêcher la mari supplémentaire de se retrouver dans nos rues et nos écoles.
On peut ensuite lire ceci dans la politique libérale: « Les arrestations et les poursuites liées à ces infractions coûtent cher à notre système de justice pénale, qui s’engorge d’un trop grand nombre de délits mineurs non violents. » Soyons francs. Les choses ont changé depuis que beaucoup d'entre nous à la Chambre étaient plus jeunes. Les policiers ne concentrent plus leurs efforts sur l'arrestation des jeunes qui possèdent un ou deux joints parce qu'ils sont beaucoup trop occupés à travailler sur d'autres dossiers importants.
Le chef de police d'Edmonton l'a clairement déclaré. Il a indiqué que la police peut se servir de la présence de mari pour justifier la fouille d'une voiture ou d'une personne, ce qui lui permettrait possiblement de trouver des armes, des opioïdes ou des biens volés. Cependant, la préconisation de la légalisation parce que trop de Canadiens se trouvent pris dans le système pénal ne cadre simplement pas avec les propos des experts.
Les libéraux disent que « le commerce illégal de la drogue profite au crime organisé et favorise des activités qui posent de graves menaces à la sécurité publique, comme la traite de personnes et le trafic de drogues dures ». Alors, j'ai des petites nouvelles pour le gouvernement. Les Hells Angels sont déjà en train de s'impliquer dans le commerce légal de la marijuana. Je cite le rapport présenté par la GRC à l'Association canadienne des chefs de police: « Les groupes du crime organisé, y compris les Hells Angels, se sont bousculés au portillon pour demander l'autorisation de produire de la marijuana à usage médical conformément au Règlement sur la marijuana à des fins médicales de Santé Canada. » La légalisation n'a pas pour effet d'exclure le crime organisé, qui est déjà en train de tirer parti du régime de vente légale.
Le plan des libéraux dit encore ceci: « Pour empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants, et les profits de tomber entre les mains des criminels, nous allons légaliser et réglementer la marijuana, mais aussi en restreindre l’accès. »
En somme, ils comptent empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants en légalisant la substance dont nous souhaitons nous débarrasser, en légalisant la possession pour les enfants dès le jeune âge de 12 ans et en légalisant aussi la production, ce qui causera une augmentation en flèche de l'offre. Du même souffle, ils affirment qu'ils empêcheront les profits de tomber entre les mains des criminels, même s'ils ne disent pas comment ils s'y prendront, et ils ignorent les activités des criminels qui ont déjà investi le système légal. Le gouvernement semble croire que les Hells Angels décideront d'eux-mêmes d'abandonner ce commerce et de se recycler comme livreurs UberEATS sur leur Harley. Le gouvernement pourrait peut-être offrir aux Hells Angels les mêmes services de réinsertion sociale qu'ils offrent aux combattants de l'EIIS qui rentrent au pays.
Franchement, si une personne achète du pot d'un vendeur depuis cinq ans, à un prix imbattable, qu'elle se le fait livrer à la porte, pourquoi se donnerait-elle la peine de se rendre au magasin géré par l'État et ouvert uniquement de 9 heures à 17 heures, du lundi au vendredi, évidemment, pour acheter de l'herbe à un prix plus élevé, sous le regard indiscret des caméras? C'est hautement improbable. Sauf que Kathleen Wynne veut leur offrir des points Air Miles, alors tout compte fait, ce n'est pas totalement sans intérêt.
Dans leur plan, les libéraux indiquent également qu'ils « élaboreron[t] de nouvelles lois plus strictes. Celles-ci puniront sévèrement quiconque [...] conduit un véhicule après en avoir consommé ou en fait la vente à l’extérieur du [...] cadre [...] »
Autre fait remarquable, nous ne disposons d'aucune norme pour mesurer l'affaiblissement des facultés par la drogue. L'Association canadienne des chefs de police s'est réunie dernièrement et a retenu deux modèles d'appareils pour les contrôles routiers. Nous n'avons pas encore déterminé lequel est le meilleur, et nous ne l'avons donc pas encore remis aux policiers. Pire encore, les résultats fournis par l'appareil de détection sont incorrects dans 13 % des cas, environ. Pensons-y un instant. Chaque fois qu'un conducteur sera accusé, les avocats se bousculeront à sa porte pour le représenter. Après tout, quel juge dira: « Un taux d'échec de 13 %, ce n'est pas si mal. Vous êtes coupable »? Aucun juge ne le fera.
Les tribunaux sont déjà débordés. Qu'arrivera-t-il quand toutes les personnes accusées de l'une des nouvelles infractions devront aussi aller en cour? En raison du principe de Jordan, le gouvernement doit relâcher des personnes accusées de viol et de meurtre parce qu'il est absolument incapable de nommer des juges, et voilà que nous nous apprêtons à ajouter des milliers de nouveaux dossiers au travail des tribunaux.
Nous pourrions faire des analyses de sang, mais cela obligerait les agents de police à se rendre dans une salle d'urgence avec le conducteur. Les temps d'attente dans les salles d'urgence étant ce qu'ils sont, le personnel infirmier et les médecins vont-ils faire attendre une personne qui a le bras cassé ou un enfant qui a une forte fièvre parce qu'un policier leur amène une conducteur qui a fumé de l'herbe pour une prise de sang?
Chaque utilisation de ces appareils de dépistage lors de contrôles routiers coûte entre 45 $ et 90 $. La formation des personnes qui les utilisent coûte environ 20 000 $. Combien existe-t-il de centres de formation? Il y en a deux dans toute l'Amérique du Nord et ils se trouvent aux États-Unis. À l'heure actuelle, à Edmonton, seulement 24 des agents d'une force policière de 1 800 personnes ont reçu une formation. Il y en a encore moins à Calgary, soit environ 10 agents. Les libéraux espèrent peut-être que, contrairement à ce qu'on voit pour la conduite en état d'ébriété depuis des décennies, les gens vont s'abstenir de conduire quand ils sont défoncés.
Jetons de nouveau un coup d'oeil aux statistiques américaines. Après la légalisation, dans l'État de Washington, le taux de cas de conduite avec facultés affaiblies par la marijuana est passé de 18 % à 39 %. À Spokane, le nombre de ces cas chez les jeunes a augmenté de 1 700 %.
Dans le plan des libéraux, viennent ensuite les personnes qui vendent de la marijuana à l'extérieur du nouveau cadre législatif. Nos corps policiers ont déjà plus qu'assez à faire. Déjà, il faut mettre l'accent sur les grands criminels plutôt que sur les gens qui possèdent de petites quantités pour consommation occasionnelle. Pourtant, d'un seul coup de baguette magique, nous allons avoir les policiers nécessaires pour poursuivre les personnes qui vendent de la drogue illégalement.
Nous avons dit aux Canadiens qu'ils pourront cultiver de la marijuana légalement dans chaque maison et chaque appartement. En Alberta, les gens sont autorisés à acheter 30 grammes de marijuana par visite du commerce, pas par jour. Cela représente 75 joints d'un commerce seulement. Comment allons-nous vérifier si chaque personne autorisée à acheter légalement 75 joints à la fois a l'âge requis, ne prend pas le volant d'un véhicule et ne fait pas partie d'une organisation criminelle?
Enfin, les libéraux ont déclaré qu'ils vont créer un groupe de travail, qui tiendra compte des observations d'experts. Selon les experts du domaine de la santé publique, fumer de la marijuana avant l'âge de 25 ans nuit au développement du cerveau. Les responsables de l'application de la loi envoient un message semblable, et les chefs de police sont presque unanimes. Ils disent tous qu'ils ne sont pas prêts, qu'il faut décriminaliser et non légaliser et qu'il faut ralentir le processus.
Le gouvernement a simplement refilé les ventes et la distribution aux provinces et aux municipalités, qui sont à court d'argent, de sorte que nous nous retrouverons avec un ensemble de mesures disparates à l'échelle du pays. Les libéraux n'ont pas tenu compte des observations du groupe de travail.
Je reconnais que nous sommes sur la voie de la légalisation. J'exhorte toutefois le gouvernement à ralentir le processus, afin de donner aux forces policières et aux collectivités le temps de se préparer. Le gouvernement ne devrait pas mettre en péril la sécurité publique simplement parce qu'il souhaite respecter une date limite qui a été fixée de façon arbitraire et pour des raisons politiques.
J'ai rencontré vendredi dernier le chef de police d'Edmonton, et celui-ci avait un avertissement pour nous. Il a dit que, dans 20 ans, nous nous rappellerons de ce projet de loi comme étant le pire jamais présenté au Canada.
Ralentissons le processus et faisons la bonne chose pour les jeunes et pour notre pays, pas ce qui sert au mieux l'intérêt politique des libéraux.
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi .
Comme mes collègues l'ont souligné à plusieurs reprises, l'approche actuelle entourant le cannabis ne fonctionne pas. Elle a permis aux criminels et au crime organisé de toucher des profits sans réussir à tenir le cannabis hors de la portée des jeunes Canadiens et Canadiennes.
[Traduction]
Le fait que le cannabis est une substance contrôlée ne dissuade pas les Canadiens d'en consommer. En 2015, environ 12 % des Canadiens ont déclaré avoir consommé du cannabis au cours de l'année précédente. Chez les jeunes adultes âgés de 20 à 24 ans, le taux est plus de deux fois supérieur, soit 30 %. Dans la vaste majorité des cas, les Canadiens se procurent des produits du cannabis sur le marché illégal. Or, ce cannabis est produit sans égard à la santé et à la sécurité de la population, souvent dans des milieux clandestins où la production n'est soumise à aucun contrôle, aucun dépistage des contaminants dangereux ou nuisibles pour la santé, ni la moindre exigence concernant les mesures de protection appropriées, l'étiquetage fournissant des données exactes sur le produit ou l'emballage à l'épreuve des enfants.
C'est pour ces raisons que le gouvernement propose de telles mesures législatives. Ces mesures contribueraient à mieux assurer la santé et la sécurité des Canadiens en leur permettant de se procurer de façon légale du cannabis soumis à un contrôle de la qualité ainsi qu'à des mesures de contrôle rigoureuses visant à le rendre moins accessible pour les jeunes.
Sur le marché illégal, les produits du cannabis sont souvent cultivés, fabriqués, entreposés et vendus sans égard à la santé et la sécurité de la population, ni à la reddition de comptes au consommateur. Les produits peuvent être contaminés par des pesticides, des métaux lourds, des moisissures et des bactéries. Dans bien des cas, la provenance du cannabis est mal connue, voire inconnue.
La mesure législative garantira que la production de cannabis au Canada est assujettie à une norme nationale élevée et uniforme en ce qui a trait à la qualité des produits, comme c'est le cas sous le régime actuel pour la production de cannabis à des fins médicales. Cela signifie que, conformément au projet de loi et aux règlements d'appui, tous les producteurs seront assujettis à un processus de délivrance de licence qui permet de vérifie qu'ils sont en mesure de respecter les normes de qualité des produits. Les producteurs devront aussi se conformer à des normes de sécurité de leurs installations, de vérification du personnel, de conservation de la documentation et de contrôle des stocks. Parmi ces normes, il y aura des exigences strictes en matière de contrôle de qualité des produits, des procédures d'exploitation normalisées devant être respectées dans toute l'installation, un programme sanitaire et des mesures de rappel de produits afin de régler tout problème lié aux produits.
Le cadre proposé exigera que la qualité des produits soit contrôlée au moyen de tests obligatoires et qu'un régime robuste de conformité et d'application de la loi soit en place. En fait, le Canada a déjà un système de calibre mondial en place afin de réglementer la production du cannabis à des fins médicales, ce qui offre un fondement solide duquel s'inspirer.
Voici quelques-unes des exigences du régime. Sous le régime actuel, qui est en place depuis 2014, Santé Canada est responsable de surveiller les producteurs de cannabis et de leur délivrer des licences. Ces producteurs sont tenus d'exercer leurs activités en respectant les règlements en vue de fournir aux patients inscrits du cannabis ayant fait l'objet d'un contrôle de la qualité. Actuellement, 67 producteurs sont titulaires d'une licence pour produire du cannabis à des fins médicales. Au Canada, ces producteurs représentent la seule source commerciale, à des fins médicales, de cannabis légal ayant fait l'objet d'un contrôle de la qualité.
Le cadre réglementaire définit une série d'exigences strictes qui doivent être satisfaites pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens et l'intégrité du régime d'accès légal. Ainsi, les producteurs autorisés sont obligés d'employer des pratiques de production rigoureuses; par exemple, ils doivent respecter des pratiques sanitaires, et il leur faut une personne qui soit responsable de l'assurance de la qualité.
Chaque producteur autorisé doit obligatoirement tester chaque lot du produit avant de le vendre au public. Cela inclut des tests pour détecter des métaux, des moisissures, des bactéries et d'autres contaminants potentiels qui pourraient nuire à la santé du public. Si les résultats se situent à l'extérieur des normes prescrites, le produit ne doit pas être vendu.
Les producteurs autorisés sont également tenus de tester chaque lot pour en vérifier le niveau de puissance du THC et du CBD, et les résultats doivent figurer sur les étiquettes.
Santé Canada a aussi annoncé récemment qu'il exigerait des producteurs autorisés qu'ils effectuent des tests pour déceler la présence de pesticides interdits dans tous les produits de cannabis destinés à la vente.
[Français]
Ces standards et contrôles sont appuyés par un régime rigoureux de conformité et d'application de la loi, afin de veiller à ce que les producteurs autorisés respectent pleinement la réglementation à toutes les étapes du processus de production.
Ce système comprend de multiples inspections sans préavis pour chaque producteur autorisé chaque année, afin de vérifier que les bonnes pratiques de production et les règles précises quant à l'utilisation des pesticides autorisés sont respectées. Également, ces inspections vérifient que les règles concernant la sécurité des lieux et du personnel ainsi que la tenue de documents sont respectées. L'année dernière, par exemple, les inspecteurs de Santé Canada ont mené plus de 270 inspections sur place, et chaque producteur autorisé au Canada a été inspecté en moyenne sept à huit fois.
[Traduction]
Les mesures décrites visent à assurer que tout produit de cannabis mis en vente réponde à des normes élevées de qualité. Cependant, comme dans toute autre industrie, il peut y avoir des circonstances où un produit qui ne répond pas aux normes réglementaires établies peut être mis en vente. Donc, pour régler rapidement et efficacement ce genre de situation, le cadre réglementaire exige que les producteurs autorisés aient en place un système de rappel pour agir rapidement afin de joindre les clients et de retirer les produits qui ne sont pas conformes aux normes élevées.
Bref, le projet de loi se fonde sur un régime efficace et qui fonctionne bien pour assurer que le cannabis vendu légalement au Canada soit strictement réglementé et que la qualité en soit assurée. En plus de mettre en place des mesures de contrôle semblables à celles qui existent dans le cadre du régime d'accès au cannabis à des fins médicales, le projet de loi C-45 mettra en place d'autres mesures, outils et ressources pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens.
[Français]
La publicité des produits de consommation peut être utilisée par l'industrie pour augmenter la demande et les recettes. Nous avons la responsabilité d'établir des contrôles raisonnables sur ces activités pour veiller à ce que les objectifs importants de la politique publique, comme la protection de la santé et du bien-être des jeunes, soient atteints.
Les faits ne pourraient être plus probants. Tel que démontré dans le cas du tabac, l'exposition aux publicités, même lorsqu'elles sont destinées principalement aux adultes, a une incidence sur les jeunes. En vertu du projet de loi, des restrictions de publicité s'appliqueraient au cannabis, en s'appuyant sur les leçons tirées du tabac.
[Traduction]
Le projet de loi et le règlement d'application prévoient un emballage à l'épreuve des enfants afin de réduire le risque de consommation accidentelle. Ils établissent des limites quant à la quantité d'ingrédients actifs et la taille des portions et exigent que les informations soient clairement présentées sur le produit. Le fait que la production soit surveillée et réglementée par le fédéral assurera aux Canadiens que les produits du cannabis répondent tous à des normes et exigences élevées en matière de qualité et d'innocuité, peu importe où ils sont produits ou vendus au pays.
Pour conclure, je dirai que le projet de loi à l'étude offre au Canada une belle occasion de régler les problèmes en matière de santé et de sécurité qui sont associés au commerce illicite du cannabis. Le cadre proposé permettrait à des adultes de se procurer légalement des produits dont la qualité est contrôlée, grâce à l'application d'un régime de conformité solide et bien réglementé. Ainsi, le Canada sera mieux en mesure de protéger la santé publique et d'assurer la protection de ses jeunes et de l'ensemble des Canadiens.
:
Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur d'intervenir aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi concernant le cannabis et modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le Code criminel et d'autres lois. Dans mon intervention, je mettrai l'accent sur la nécessité d'adopter une nouvelle approche à l'égard du cannabis au Canada et sur l'importance d'agir dès maintenant.
Les faits sont là: l'approche actuelle ne fonctionne tout simplement pas. En fait, elle n'a réussi qu'à judiciariser bien des Canadiens pour simple possession de petites quantités de cannabis et à inciter les consommateurs à traiter avec des criminels pour obtenir des produits d'origine, de puissance et de qualité inconnues, sans parler de la sécurité. Cette approche a également permis à des éléments criminels et au crime organisé de prospérer.
[Français]
Ce que le modèle actuel ne fait pas, c'est protéger les Canadiens et les Canadiennes, en particulier les jeunes, contre les risques et les dangers associés à la consommation de cannabis.
Malgré la prohibition en place depuis des décennies, les jeunes Canadiens et Canadiennes en consomment à un taux parmi les plus élevés dans le monde.
[Traduction]
On ne peut pas continuer ainsi. Il faut changer d'approche le plus rapidement possible si on veut protéger les jeunes, permettre aux adultes d'avoir accès à des produits dont la qualité est contrôlée et l'origine, connue, et leur éviter le risque de se retrouver avec un casier judiciaire s'ils possèdent ou partagent de petites quantités de cannabis.
Le directeur général de l'Association canadienne de santé publique, M. Ian Culbert, a dit ceci au Comité permanent de la santé:
Malheureusement, le temps est un luxe que nous ne pouvons nous offrir, car les Canadiens consomment déjà des quantités records de marijuana. Les dommages pour les personnes et la société causés par la consommation de cannabis se font déjà ressentir chaque jour. La loi proposée et la réglementation qui suivra sont le meilleur moyen de réduire ces dommages et d'assurer le bien-être de tous les Canadiens.
En repoussant encore une fois la légalisation du cannabis, nous ferions seulement perpétuer un système qui a déjà prouvé qu'il ne peut ni protéger la santé des Canadiens ni assurer leur sécurité. C'est justement pour cette raison que le gouvernement s'est engagé à ce que la nouvelle loi entre en vigueur au plus tard en juillet 2018. Aussitôt le projet de loi en vigueur, les Canadiens âgés de 18 ans et plus pourront posséder, cultiver et acheter de petites quantités de cannabis pour leur usage personnel. Ainsi, être en possession de petites quantités de cannabis ne serait plus considéré comme une infraction criminelle, et les profits du commerce du cannabis ne se retrouveront plus dans les poches des organisations criminelles et des gangs de rue.
Le projet de loi fera en sorte que, pour la première fois, la vente de cannabis à un mineur constitue une infraction criminelle, et il imposera des peines sévères aux personnes qui impliquent des jeunes dans des infractions liées au cannabis.
[Français]
Le Canada est plus que prêt pour une nouvelle approche qui protégera mieux la santé et la sécurité des Canadiens et des Canadiennes. Comme mes collègues le savent bien, le Canada a déjà développé une expérience précieuse qui lui permettra de s'assurer que le cadre proposé pour la légalisation et la réglementation du cannabis est judicieux. Nous avons déjà un système en place qui offre l'accès au cannabis à des fins médicales, et il est reconnu comme l'un des meilleurs au monde.
[Traduction]
Voyons quelques-unes des caractéristiques du système sur lequel nous pourrons faire fond. Selon les règles actuelles, en place depuis 2014, il incombe à Santé Canada de délivrer des licences aux producteurs de cannabis et de surveiller leurs activités. Les producteurs doivent se conformer à des règles strictes mises en place pour contrôler la qualité du cannabis fourni aux patients inscrits. Ce processus rigoureux de délivrance de licence assure, entre autres, que les nouveaux venus sur le marché ont fait l'objet d'une vérification de sécurité approfondie et que les producteurs possèdent les infrastructures nécessaires pour assurer la sécurité matérielle de leurs installations.
De plus, le Canada a mis en place un régime de conformité et d'application de la loi de calibre mondial pour veiller à ce que les producteurs respectent pleinement les règles établies.