La Chambre reprend l'étude, interrompue le 19 juin, de la motion, ainsi que de l'amendement.
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Monsieur le Président, hier, j'ai parlé de la question de la prorogation, car nous avons présentement une occasion historique de nous assurer que la prorogation ne sera plus jamais utilisée de façon illégitime, et j'ai dit que la motion proposée n'était pas efficace pour éliminer cette possibilité.
[Traduction]
J'allais conclure mon propos concernant la prorogation en attirant l'attention de la Chambre sur un avis semblable à celui que j'ai remis à la leader du gouvernement, dans un document que j'ai préparé au sujet des modifications à apporter au Règlement. Il s'agit de l'avis du professeur Hugo Cyr, de l'Université du Québec à Montréal. À l'instar de Peter Russell, professeur émérite de l'Université de Toronto, le professeur Cyr a proposé au Comité spécial sur la réforme électorale des changements additionnels aux règles démocratiques que nous devrions envisager.
La proposition du professeur Cyr est la suivante:
[...] modifier le Règlement de la Chambre des communes pour prévoir que l'acte de demander la prorogation ou la dissolution du Parlement par le premier ministre, sans avoir au préalable obtenu l'approbation de la Chambre des communes, aura pour effet automatique de faire perdre la confiance dont jouit le premier ministre. Par conséquent, le gouverneur général ne serait pas lié par l'avis d'un premier ministre qui demanderait la dissolution ou la prorogation de manière hâtive sans avoir obtenu l'approbation de la Chambre.
C'est une proposition tout à fait sensée. Celle du gouvernement représente une certaine amélioration, mais elle n'empêchera tout de même pas le genre d'abus de pouvoir que nous avons vu de la part de Stephen Harper, lorsqu'il a fermé le Parlement pour éviter un vote qu'il allait manifestement perdre. Malheureusement, les partis de l'opposition venaient de se prononcer sur le discours du Trône et ils croyaient que ce vote n'était qu'une simple formalité, alors que c'était un vote de confiance. Voilà pourquoi, à l'époque, la gouverneure générale n'a pas rejeté la demande de prorogation de M. Harper, même si c'était un affront historique à la démocratie parlementaire. Nous devons faire en sorte qu'une pareille chose ne se reproduise plus, et la proposition du gouvernement ne nous le garantit pas.
Au départ, j'étais également heureuse de voir que la motion prévoyait la possibilité de scinder les projets de loi omnibus. Toutefois, j'ai vite été déçue en constatant que les projets de loi ne pourraient pas être scindés au moment de leur étude, mais uniquement lors du vote. L'un des projets de loi omnibus du gouvernement Harper, le projet de loi , est un bel exemple du genre. Il a été présenté au printemps 2014. Je suis allée prendre part à une réunion du comité pour y proposer des amendements à divers articles du projet de loi, comme j'étais obligée de le faire puisque les motions qui venaient d'être adoptées m'enlevaient le droit de présenter des amendements à l'étape du rapport.
Le projet de loi omnibus en question était si volumineux que, alors que je m'apprêtais à proposer un amendement à un article du projet de loi au comité, les membres du comité se sont rendu compte qu'ils n'avaient toujours pas entendu de témoins au sujet de cet article qui, en passant, portait sur la vente de produits chimiques. Je voulais proposer un amendement concernant l'amiante. Le comité n'avait pas de témoins, il n'avait pas étudié ces mesures et il n'était certainement pas à même de recevoir des amendements, mais le projet de loi a pu être adopté parce qu'il faisait l'objet d'une attribution de temps. Lorsque toutes sortes de mesures sont entassées dans le même projet de loi, permettre au Président de les diviser aux fins du vote est une amélioration mineure, mais il faut absolument qu'elles soient divisées aux fins de l'étude.
Encore une fois, la recommandation de la leader du gouvernement à la Chambre est une amélioration mineure, mais elle est loin d'être suffisante.
Pendant que nous en avons la chance, nous pourrions revoir bien des dispositions du Règlement. Encore une fois, je pense aux recommandations des professeurs Peter Russell et Hugo Cyr au Comité parlementaire spécial sur la réforme électorale, qui ont souligné que le Canada est l'une des seules démocraties modernes à ne définir aucune durée maximale entre le jour des élections et le jour où le gouvernement nouvellement élu convoque le Parlement. Jusqu'à présent, personne n'a profité de cette lacune ou ne l'a exploitée de façon abusive, mais je ne vois pas pourquoi on ne la comblerait pas immédiatement.
Fondamentalement, ce qui est terriblement triste dans ce processus, c'est que nous avons raté l'occasion d'arriver à un consensus sur la manière de changer le Règlement. Cela n'en reste pas moins un précédent historique, mais pas un précédent positif: le parti qui a la majorité des sièges à la Chambre peut faire passer une motion, car il a ainsi suffisamment de votes, même s'il n'a pas remporté la majorité des suffrages au pays.
J'invite la leader du gouvernement à la Chambre et tous les libéraux à envisager sérieusement l'adoption de l'amendement des néo-démocrates. Il ne viole aucunement les principes qui sous-tendent la motion. Il permettrait au moins de scinder les projets de loi omnibus pour les étudier. J'invite mes collègues à le faire. J'espère également que, à l'avenir, nous pourrons revenir sur certaines des propositions que j'ai présentées, surtout pour ce qui est de tenir compte de l'empreinte carbone créée par le calendrier parlementaire. Je maintiens toujours que nous devons envisager très sérieusement de revoir les jours et les semaines de séance afin de concentrer le temps passé à Ottawa et, ainsi, de réduire les millions de dollars de dépenses et les tonnes de gaz à effet de serre qu'engendrent nos déplacements entre Ottawa et notre circonscription respective.
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Monsieur le Président, tout d'abord, je remercie ma collègue de de partager son temps de parole avec moi.
Dix minutes, c'est un temps précieux qui me permettra de parler de la prétendue intention de modernisation de la procédure à la Chambre. Ma bannière politique n'aura eu que 10 minutes pour s'exprimer à la Chambre. Tous les députés de la Chambre considèrent, avec complaisance, que c'est tout à fait correct.
Depuis le 19 octobre 2015, je vis la démocratie parlementaire à la canadienne. Pour être franc, je trouve que c'est inquiétant, et ce, tant du point de vue des incohérences entre la théorie et la pratique que des incohérences entre les intentions et les actions de ce gouvernement. Je trouve que c'est inquiétant, surtout devant la discrimination et la complaisance face à la discrimination qui sévissent à la Chambre. Que l'on aime cela ou non, il y a deux classes de députés à la Chambre. Par le fait même, il y a deux classes d'électeurs. Il y a donc les bannières reconnues et les bannières non reconnues, ce qui constitue deux classes de députés. En matière de liberté de parole, nous n'avons pas les mêmes droits que tous les parlementaires à la Chambre.
Par rapport à sa pratique, le Parlement en est un du 19e siècle. Pourtant, la maison mère de Westminster s'est adaptée. Selon moi, elle aurait aujourd'hui de la difficulté à reconnaître sa progéniture canadienne, puisqu'elle consacre à des bannières minoritaires des avantages et des privilèges que ce Parlement n'accorde pas. On voulait faire une réforme de la procédure. À l'enseigne de la modernisation de la procédure, nous sommes exclus de tous les comités parlementaires depuis le 19 octobre 2015.
Au moment où le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre veut se réunir et obtenir l'aval de tous les parlementaires de la Chambre pour modifier le Règlement, on continue d'exclure les députés qui font partie d'une bannière non reconnue. Si ce n'est pas de la discrimination, je ne sais pas comment appeler cela. Est-ce de la ségrégation idéologique? C'est fait dans la foulée d'une prétendue intention de ce gouvernement de changer le mode de scrutin pour permettre une plus grande pluralité idéologique des opinions à la Chambre. Évidemment, les libéraux ont mis cela à la poubelle, comme ils l'ont fait avec leur intention de moderniser la procédure et du Règlement.
Pourtant, tous mes collègues et moi avons été élus, comme tous les autres députés, pour honorer le mandat que la population nous a confié. Comment se fait-il que tout le monde accepte que des députés à la Chambre n'aient pas les mêmes moyens pour faire valoir la voix de leurs électeurs? Je parle surtout de la contribution des députés aux comités, qu'on appelle au Québec les commissions parlementaires, et qui représente une grande partie du travail d'un législateur.
Si on exclut les députés des comités que leur reste-t-il pour faire entendre la voix de leurs électeurs? En comité, à l'étape où le débat doit porter sur le principe du projet de loi, on nous donne le droit de vote et 10 minutes de temps de parole pour dire ce que l'on pense du projet de loi. Après, ce sera le silence radio. On n'a pas le droit de voter ni d'intervenir. Selon l'humeur du gouvernement, et si on est gentils et agréables en comité, on pourra peut-être lever la main et on nous laissera peut-être un petit deux minutes de temps de parole. Toutefois, on n'a pas le droit de voter. À l'étape du rapport, on pourra voter à la Chambre, mais il n'est pas question de déposer des amendements qui n'auront pas déjà été déposés en comité.
On n'a pas le droit de vote ni le droit de parole en comité. Est-ce cela, la démocratie parlementaire à la canadienne? Est-ce cela dont on est fier? Moi, je ne le suis pas, parce qu'on ne me donne pas les moyens de porter la voix de mes concitoyens à la Chambre.
Pourtant, il y a un principe démocratique selon lequel les électeurs paient des taxes à l'État canadien et ont le droit d'être représentés par les députés du Bloc québécois ou ceux du Parti vert. Ces bannières devraient avoir des moyens équitables de représenter leurs concitoyens. La liberté de parole est un privilège reconnu, mais ce devoir de parole que doit exercer un député n'est pas respecté de manière équitable au Parlement.
Comment peut-on penser que cette réforme parlementaire de la procédure nous amène ailleurs que dans un cul-de-sac? Il y a une tradition parlementaire qui veut que, quand on change les règles du jeu, on essaie d'avoir le plus large consensus. En décembre 2015, ce gouvernement a donné au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, dont nous sommes exclus, le mandat de moderniser les travaux de la Chambre, et ce, dans une perspective de conciliation travail-famille. C'est excellent, car effectivement, ayant siégé à un autre Parlement, je peux dire que la conciliation travail-famille est pitoyable au Parlement d'Ottawa.
Toutefois, aujourd'hui, on exclut tout ce volet, ainsi que la volonté de reconnaître l'ensemble des législateurs de la Chambre. La procédure parlementaire est contrôlée par le pouvoir exécutif, qui, de toute façon, cherche toujours à passer outre au pouvoir législatif, puisque c'est trop long d'entendre parler des députés. Il n'y a pas de ministres aux comités, mais on voudrait donner à des secrétaires parlementaires plus de droits que j'en ai. Ils recevront d'office le droit d'intervenir, même s'ils n'ont pas le droit de vote. L'exécutif pourra donc encore une fois transmettre ses messages aux législateurs majoritaires du parti gouvernemental pour qu'ils ne s'écartent pas de la ligne exécutive du gouvernement. Il n'y a pas de séparation des pouvoirs.
Ce gouvernement était pourtant censé faire la politique autrement. On met à la poubelle le changement du mode de scrutin, qui permettait que chaque vote compte, entre autres choses. On met à la poubelle la réforme du financement des partis politiques, qui aurait pu au moins permettre que chaque vote compte, dans un système britannique, en versant aux partis une allocation proportionnelle au nombre de votes qu'ils ont reçus. On met à la poubelle la conciliation travail-famille, la reconnaissance des bannières minoritaires à la Chambre, le droit fondamental des parlementaires de tous les partis d'exercer leur travail à la Chambre, la liberté de parole, ainsi que la valeur de justice, parce que c'est une question de justice.
Le principe d'équité doit être respecté absolument. Or, lorsque cela est réduit au droit d'un seul député, on peut penser que tous les députés de la Chambre ne pourront pas parler, et nous sommes 338. Il s'agit des bannières. Je n'ai pas entendu beaucoup de députés, à part la députée du Parti vert, nous donner raison et dire que ce que vivent les députés du Parti vert et du Bloc québécois est épouvantable et qu'ils nous appuient parce qu'ils ne voudraient jamais se retrouver dans cette position.
Je demande donc à nos collègues législateurs s'ils nous appuient dans cette interprétation d'une mauvaise réforme de la procédure.
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Monsieur le Président, je suis heureux d’intervenir pour parler de la motion n
o 18, qui est importante en raison de ses répercussions sur nos activités. Je suis également heureux de partager mon temps de parole avec mon ami et collègue, le député de . Je sais qu’il a beaucoup de choses à dire à ce sujet.
Je pense qu'il est juste de dire que les députés de ce côté-ci de la Chambre croient fermement que le gouvernement essaie d’empêcher l’opposition de protéger la population qui l’a élue. Ce qui nous distingue de la tyrannie et de la révolution, c’est ce droit qui est le nôtre et qui nous a été donné par le peuple d’intervenir en cette enceinte, de contester certaines idées et d’exiger des explications du gouvernement.
Les voies ne sont pas ensoleillées. La démocratie vit des jours sombres. Le n’est pas intéressé à collaborer avec les députés de ce côté-ci de la Chambre des communes. Le gouvernement veut simplement appliquer son programme, quelles qu’en soient les conséquences pour les Canadiens. Comme nous le savons tous, le rôle de l’opposition consiste à demander des comptes au gouvernement, à débattre des idées et à représenter les gens des circonscriptions. Il est désormais clair que depuis deux ans, l’opposition n’est plus qu’un inconvénient dans le programme du premier ministre, qui veut un auditoire et non des opposants.
En mars, le gouvernement a tenté notamment de réduire les occasions pour les députés de demander des comptes au gouvernement. Le gouvernement entendait faire cela en éliminant les séances du vendredi, en invoquant automatiquement l'attribution de temps pour les projets de loi, en empêchant l'opposition de déclencher des débats sur les rapports, ce qui aurait détruit l'efficacité des comités, et en instaurant des changements à la limitation des débats en comité.
Le fait que la motion no 18 a été présentée tard un vendredi après-midi, alors que les députés étaient déjà rentrés dans leur circonscription ou sur le chemin du retour, est fort suspect. Le gouvernement a décidé que c'était un bon moment pour annoncer ces changements aux députés. Ce n'est pas la leader du gouvernement à la Chambre, mais plutôt l'un de ses collègues qui a avisé le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, dont je suis membre, que ces enjeux seraient étudiés et réglés en quelques mois.
Hier, la leader parlementaire de l'opposition officielle, la députée de , a parlé de quatre occasions au cours des dernières années où les parlementaires canadiens ont travaillé ensemble pour arriver à un consensus quant à la modification de la procédure de la Chambre, à savoir lors de la création du comité Lefebvre par Pierre Trudeau; de la mise sur pied du comité McGrath par Brian Mulroney; de la constitution du Comité spécial sur la modernisation et l'amélioration de la procédure à la Chambre des communes par Jean Chrétien; et, finalement, lors des années au pouvoir du gouvernement conservateur précédent, dirigé par Stephen Harper, qui a collaboré avec tous les partis afin d'apporter des modifications permanentes à la procédure.
Franchement, j'ai du mal à comprendre pourquoi le gouvernement n'a pas tenu compte des traditions parlementaires antérieures afin de travailler en collaboration en vue d'apporter des changements à la procédure. J'avais cru comprendre que le gouvernement avait fait campagne en promettant de collaborer.
Je suis très fier du fait que le leader parlementaire du NPD et la leader parlementaire de l'opposition ont travaillé de concert afin de proposer une solution, soit la création d'un comité spécial composé de représentants de tous les partis chargé de trouver un moyen consensuel de revoir nos procédures et de proposer des solutions de rechange. Cela aurait été une occasion de mettre de côté la partisanerie et de travailler en collaboration afin de renforcer — et non d'affaiblir — la capacité des députés de protéger les intérêts des Canadiens. Si le premier ministre avait réellement à coeur l'esprit de collaboration, il aurait perçu les avantages d'une telle proposition.
Il y a une raison pour laquelle l'allée séparant les deux côtés de la Chambre correspond à deux longueurs d'épée. Contrairement à aujourd'hui, l'esprit de collégialité ne régnait pas à une certaine époque au sein de la démocratie parlementaire. Il suffit d'ouvrir un livre d'histoire pour voir ce qui se produit lorsque le peuple n'a plus aucun pouvoir ou que son pouvoir lui est enlevé. Du sang a coulé dans la lutte pour inscrire dans la loi et protéger les droits des députés de représenter pleinement les habitants de leur circonscription. Le gouvernement cherche à nous priver de ces droits. Cela ne se produira pas d'un seul coup, mais, si l'initiative du gouvernement réussit dans ce cas-ci, il ne fait aucun doute que l'effritement des droits des députés à la Chambre des communes sera bel et bien amorcé. Avant longtemps, cet endroit pourrait devenir inutile.
J'aimerais maintenant donner un bref aperçu des modifications au Règlement que le gouvernement propose dans la motion.
Dans les 20 premiers jours d'une nouvelle session suivant une prorogation, le gouvernement serait tenu de soumettre un rapport expliquant les raisons de la prorogation. Cette règle n'est rien de plus qu'un tour de passe-passe. L'opposition a déjà les moyens d'exiger que le gouvernement explique les raisons de la prorogation.
Nous avons une occasion d'exiger des comptes du gouvernement. Cela s'appelle la période des questions. À moins que le but du gouvernement soit de limiter la disponibilité du à la période des questions, voire de limiter les pouvoirs des parlementaires de débattre des idées en cet endroit, il suffit pour assurer la reddition de comptes d'une période des questions ouverte à laquelle le participe autant de jours que possible. Peut-être que le gouvernement est plus prévoyant que nous ne voulons l'admettre.
Sérieusement, l'inclusion de ce point dans la motion à l'étude n'est rien de plus qu'une case cochée dans le dépliant des libéraux pour la campagne électorale de 2019. Si les libéraux ont des problèmes avec les prorogations, ils n'ont qu'à promettre de ne pas y avoir recours et à honorer cette promesse.
Cela m'amène aux projets de loi omnibus. Il est proposé de conférer au Président de la Chambre des communes le pouvoir de diviser ces projets de loi aux fins du vote « dans les cas où le projet de loi n’a aucun fil directeur ou porte sur des sujets qui n’ont rien en commun les uns avec les autres ». Comme l'indique la motion, les projets de loi d'exécution du budget feraient exception.
Si je me rappelle bien, il n'y a pas si longtemps, le gouvernement actuel formait l'opposition et dénonçait à grands cris les projets de loi omnibus d'exécution du budget. Or, voilà qu'il veut interdire les projets de loi omnibus, sauf s'il s'agit de projets de loi budgétaires. Je suppose qu'il a changé d'avis après avoir été élu.
Le dernier projet de loi omnibus d'exécution du budget du gouvernement incluait les dispositions liées à la nouvelle Banque de l'infrastructure des libéraux, qui offrira des prêts financés par les contribuables ainsi que des garanties de prêts pour éponger les pertes des riches investisseurs étrangers qui viennent construire des mégaprojets au Canada. Voilà le genre de projets de loi que le gouvernement n'a aucun problème à inclure dans un projet de loi omnibus pour lequel il ne veut qu'un examen limité. Nous ne savons même pas si les membres du conseil de cette Banque de 35 milliards de dollars financée à même les deniers publics seront Canadiens. Il est possible que l'on se retrouve dans une situation où des administrateurs étrangers financent des investisseurs étrangers qui se serviront de l'argent des contribuables pour couvrir toute perte. Je ne comprends pas cette logique. Peut-être qu'il s'agit simplement d'un moyen de faire contrepoids à la brochure électorale selon laquelle les libéraux travaillent pour 2019.
Les deux premiers points ne sont que de la poudre aux yeux. Ce qui suit est beaucoup plus pernicieux, et un article d'opinion publié dans le Globe and Mail le 26 mars dernier avertissait les Canadiens de surveiller ce qui se passe au Parlement à ce sujet.
Le gouvernement a déclaré qu'il établira un nouveau calendrier pour le budget et le budget principal des dépenses afin de donner au Secrétariat du Conseil du Trésor le temps de faire correspondre les postes du budget principal des dépenses à ceux du budget. Or, ce n'est pas le cas en réalité.
Je félicite le gouvernement de vouloir mieux aligner le budget et le budget principal des dépenses, mais réduire le temps dont disposent l'opposition et les intervenants pour examiner le budget principal des dépenses n'est pas la solution. Ce n'est qu'une question de gestion du temps.
Pour ceux qui nous regardent à la maison, le budget principal des dépenses est l'outil dont se sert le gouvernement en vue de faire approuver, par le Parlement, la façon dont les deniers publics seront dépensés. C'est probablement là le coeur du problème. Le gouvernement n'a jamais vraiment pris au sérieux la responsabilité financière. Je ne crois pas qu'il soit conscient de la provenance de cet argent. Je peux lui rappeler: c'est l'argent des Canadiens, ceux qui, jour après jour, travaillent vaillamment pour gagner leur paie. Ce sont eux qui ont gagné cet argent, et je crois que tous les Canadiens veulent que le Parlement surveille ce processus. Le gouvernement ne peut retirer au public le droit d'examiner les dépenses gouvernementales en réduisant simplement le temps que les parlementaires et d'autres intervenants ont pour scruter le budget principal des dépenses. Ce n'est pas le Parlement qui retarde les dépenses gouvernementales; ce sont les pratiques internes du gouvernement. Si le gouvernement veut un meilleur alignement, il devrait nous communiquer le budget principal des dépenses plus tôt.
Le dernier élément dont je veux parler aujourd'hui concerne les travaux des comités. Dans une tentative pour museler les députés de l'opposition, le gouvernement veut ajouter un amendement qui empêcherait les ministres de siéger aux comités. Ce seraient plutôt les secrétaires parlementaires qui y siégeraient d'office. Le temps dont disposent les comités est limité. L'ajout d'un membre du gouvernement aura certainement des conséquences sur le temps accordé aux députés de l'opposition. Certes, les secrétaires parlementaires n'auront pas droit de vote, mais ils jouiront de tous les autres droits accordés aux membres des comités. Concrètement, ils pourront orienter les travaux du comité en fonction des volontés du ministre auquel ils sont attitrés, une pratique que les libéraux dénonçaient en campagne électorale.
Je ne dis pas que le Parlement ne peut pas revoir et renouveler la procédure parlementaire de temps à autre. Je siège au comité de la procédure et des affaires de la Chambre et je comprends que cela peut être nécessaire, mais il faut que cela se fasse au moyen d'un consensus entre les partis sur la façon dont cet endroit devrait fonctionner.
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Monsieur le Président, je suis toujours heureux d’ajouter mon grain de sel aux débats, cette fois-ci au sujet de la motion n
o 18, qui vise à modifier le Règlement de la Chambre des communes.
Nous voici, à notre deuxième journée de débat sur cette motion et à la quatrième avant-dernière journée de séance prévue pour la session, en période de prolongation des heures de séance, pour débattre des modifications à apporter au Règlement. Comment cela a-t-il pu se produire et comment en sommes-nous arrivés là? Pour expliquer ma position sur cette motion et comment j’entends utiliser mon vote au nom de mes électeurs de Calgary Rocky Ridge, je vais présenter un peu le contexte qui se profile derrière cette motion au profit des électeurs qui regardent nos échanges à la télévision.
Au moment de la dissolution de la dernière législature, les libéraux formaient le troisième parti à la Chambre, avec une trentaine de sièges, et leur nouveau chef n’avait pas encore le nombril sec. Comme ils n’avaient à peu près rien à perdre, ils ont mis au point une plateforme idéaliste qui comportait de nombreuses promesses conçues pour frapper l'imagination des Canadiens, contrairement à un gouvernement qui était très proche des Canadiens après avoir remporté trois élections consécutives et avoir gouverné pendant près de 10 ans. En conséquence, on pourrait aller jusqu'à dire que les libéraux avaient peut-être davantage conçu leur plateforme de 2015 pour améliorer leur statut de tiers parti plutôt que pour gouverner.
Cette plateforme renfermait de nombreuses promesses, y compris un modeste déficit de 10 milliards de dollars à titre de stimulant, et non de type structurel, lequel allait entraîner une croissance immédiate du PIB et un retour rapide à l'équilibre budgétaire. Évidemment, rien de cela ne s'est produit. La plateforme promettait également de changer le mode de scrutin dans les 18 premiers mois. Cela ne s'est pas encore produit.
Les libéraux avaient également promis de moderniser la Chambre des communes, mais cette promesse était plutôt vague. Ils avaient saupoudré leurs promesses d’expressions idéalistes à la mode et réfléchi à la question de savoir si la Chambre des communes ne pourrait pas être un lieu davantage propice à la conciliation travail-famille, un objectif louable pour bon nombre d'entre nous. Puisque j’ai une épouse et trois enfants, je n’ai absolument rien contre la conciliation travail-famille.
Les libéraux n'avaient en vérité que quatre promesses expressément liées au Règlement. Ils ont promis de modifier le Règlement de manière à faire obstacle aux projets de loi omnibus, de ne pas recourir à la prorogation, d’instaurer une période de questions au de type britannique, en obligeant le premier ministre à répondre à toutes les questions une journée par semaine, et de modifier le processus budgétaire afin que le Budget principal des dépenses reflète le budget en cours.
Nous savons que les Canadiens ont fait confiance au gouvernement actuel et qu'ils l’ont élu sur la foi de ces promesses idéalistes, et de nombreuses autres. Les libéraux ont toutefois rapidement constaté que la réalité peut être cruelle et impitoyable et qu’une fois élus, ils ne peuvent y échapper. Les promesses libérales ont été rompues, mises de côté ou carrément abandonnées l’une après l’autre. Dans leur première tentative visant à moderniser, selon leurs dires, la Chambre des communes, ils ont tenté de museler l'opposition et de priver ainsi de représentation les millions de Canadiens qui avaient élu les 154 membres des partis d'opposition de ce côté-ci de la Chambre. Cela s'est produit l'année dernière lorsqu’ils ont tenté au moyen de la motion no 6 d'imposer des limites au débat et d’accorder aux ministériels des pouvoirs supplémentaires à la Chambre. Cette motion a heureusement été abandonnée lors de la soirée des escarmouches sans fin en mai dernier.
Après cela, le gouvernement a dépensé d’énormes sommes de capital politique, de temps de comité et de deniers publics, et il a perdu une grande part de son capital de sympathie auprès de la base militante qu’il avait volée au NPD lors des dernières élections après avoir échoué à réformer le mode de scrutin. Par la suite, le gouvernement y est allé d’un deuxième essai visant à réaliser sa promesse électorale de réforme du Règlement, avec son mal nommé « document de travail », remis après les heures de séance un vendredi de mars, suivi d'une motion assortie d’un délai à l’intention du comité de la procédure et des affaires de la Chambre la semaine suivante. Cette motion et le soi-disant document de travail plaidaient en faveur de toutes sortes de mesures draconiennes et entièrement contraires à la démocratie, y compris celle de limiter les débats en accordant au gouvernement le pouvoir d’attribuer des périodes de temps de parole à l’avance à la Chambre des communes, de limiter le débat aux comités, et de réduire le nombre de jours de séance chaque semaine, réduisant ainsi le nombre de jours où le gouvernement serait tenu de rendre des comptes aux Canadiens en faisant face à l'opposition à la Chambre, surtout dans le cadre de la période des questions.
La réaction des partis d'opposition a été rapide et prévisible. Conscients de l’enjeu, les conservateurs et les néo-démocrates ont utilisé tous les moyens à leur portée en vertu du Règlement actuel pour empêcher le gouvernement d’aller de l’avant. Au plus fort de la débâcle entourant le Règlement au comité de la procédure, on a souligné dans un éditorial paru dans The Globe and Mail que dans un Parlement majoritaire où un gouvernement peut adopter toutes les lois ou les motions qu'il veut, l'opposition ne dispose en réalité que de deux instruments pour se défendre: la pression morale et le pouvoir de retarder les travaux.
Ces deux instruments ont été exploités au maximum et, en fin de compte, le gouvernement s'est rendu compte que l'opposition ferait tout ce qu’elle pourrait pour l’empêcher de modifier le Règlement sans le consentement de tous les partis, une mesure qu'aucun autre gouvernement n'avait eu l'arrogance ou le mépris pour l'opposition de tenter auparavant. C'est peut-être là où le bât blesse. Les libéraux semblent très sincèrement croire que ce qui facilite et simplifie les choses pour le gouvernement et qui limite la capacité qu’a l'opposition de l’obliger à rendre des comptes est en quelque sorte conforme aux principes démocratiques.
Les ministériels semblent véritablement croire que l'opposition devrait se contenter d’un rôle de spectateur. Comme bon nombre de mes collègues, j’ai déjà dit que nous n’étions pas un public, mais bien l'opposition. Nous avons été élus ici au même titre que les députés d’en face. Nous avons été élus par des personnes qui n’appuient pas les objectifs du gouvernement et qui s’attendent à ce que nous parlions en leur nom. Ils s'attendent à ce que nous exigions que le gouvernement rende des comptes. Ils s'attendent à ce que nous examinions les dépenses proposées, et non pas à ce que nous nous contentions d’un rôle de spectateur. Ils veulent des débats vigoureux et des périodes de questions quotidiennes dynamiques auxquelles participe le . Ils ne s'attendent certainement pas à ce que nous cédions les outils déjà très limités dont nous disposons pour faire le travail pour lequel nous avons été élus.
Ce qui m'amène au présent et aux détails de la motion qui nous est soumise aujourd’hui.
À première vue, cette motion paraît assez raisonnable. C’est une sorte de compromis qui fait suite à la scandaleuse motion M-6, aux manigances ourdies au comité de la procédure et aux déclarations absurdes que la leader du gouvernement à la Chambre prononce depuis plusieurs mois. En fait, nous serions quasiment tentés de remercier le gouvernement d’avoir laissé tomber presque tous les changements draconiens qu’il avait annoncés dans son soi-disant document de travail du mois de mars et dans sa motion M-6 déposée l’année dernière. Avant de le remercier, examinons un peu ce qui ressortirait de cette motion et dans quelle mesure elle va dans le sens du soi-disant sacro-saint engagement des libéraux de concrétiser leurs promesses électorales concernant le Règlement et la présumée modernisation de la Chambre des communes.
Dans cette motion, le gouvernement renonce à sa promesse de modifier le Règlement pour instaurer la période des questions du premier ministre. Il a peut-être enfin compris qu’il aurait pu établir une telle mesure dès son arrivée au pouvoir sans nécessairement modifier le Règlement, ou alors il reconnaît que le actuel répond tellement mal aux questions qu’il ne veut pas l’exposer à une séance qui lui serait spécialement consacrée.
La présumée modernisation du budget des dépenses proposée dans cette motion réduirait la période dont disposent les comités pour examiner le budget, ce qui affaiblirait la reddition de comptes.
Le fait d’autoriser le Président à diviser un projet de loi non relié au budget et seulement dans le cadre de la présente législature fait presque rire quand on songe à la promesse des libéraux et à leur opposition acharnée aux projets de loi omnibus. Le nombre de projets de loi omnibus qu’ils ont eux-mêmes déposés rend cette partie de la motion vraiment risible.
La suggestion d’exiger le dépôt d’un document à la suite d’une prorogation est, elle aussi, plutôt comique quand on pense aux promesses des libéraux et à tout ce qu’ils ont déclaré à ce sujet.
Autrement dit, bien que cette motion ressemble à un acte symbolique de réforme du Règlement, je ne pourrai pas l’appuyer parce que je risquerais de récompenser le gouvernement pour son cynisme et pour son incompétence spectaculaire. Nous ne laisserons certainement pas les libéraux prétendre que leur gestion incompétente de ce dossier a attiré le soutien unanime des partis. En fait, ils n’ont jamais vraiment essayé d’obtenir l’appui de tous les partis.
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Monsieur le Président, d’aucuns ont laissé entendre que mon allocution de la semaine passée serait ma dernière. Je tiens à les détromper, parce que me voilà encore ici aujourd’hui. Dans cette allocution, j’avais dit que je n’étais pas certain, à l’avenir, d’avoir encore l’occasion de prononcer bien d’autres discours de 20 minutes. Je sais qu’aujourd’hui je vais semer la confusion, parce que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de . Je ne vais donc parler que pendant 10 minutes.
Tant que j’ai la parole, je tiens à remercier mon collègue pour m’avoir remplacé quand ma santé s’est à nouveau détériorée. Je savais que j’éprouverais de la difficulté à m’acquitter de certaines de mes tâches à la Chambre. Mon collègue m’a admirablement bien remplacé quand je n’étais pas en mesure d’accomplir mes fonctions. Je tiens à le remercier de m’avoir rendu ce service. Il a fait preuve d’une grande amitié en me remplaçant pendant que j’étais incapable de venir à la Chambre.
Hier, j’ai eu l’occasion d’entendre les allocutions de la , de la et du , ainsi que celle du député de . La majorité de mes observations seront axées en priorité sur la réponse à la très longue allocution de la . Je ne pourrai probablement pas aborder tous les points dont j’aimerais parler, mais j’aimerais souligner qu’à mon avis, la leader à la Chambre de l’opposition officielle a critiqué assez longuement le processus qui nous a conduits où nous sommes maintenant.
Je crois que l’un des aspects qui faisaient défaut dans son discours est le recul et l’examen rétrospectif de ce qui nous a amenés ici, non pas uniquement ce qui s’est produit au cours des derniers mois, mais aussi sous le gouvernement précédent. C’est sur cet historique que je veux me pencher un peu, parce que je crois qu'il est important de souligner que de nombreux enjeux dont il est actuellement question dans la motion no 18 ont abouti dans notre programme électoral à cause de la façon dont le gouvernement précédent a traité cette institution qu’est le Parlement. J’aborderai quelques-uns de ces enjeux.
Le premier dont j’aimerais parler concerne le premier test majeur de la confiance des Canadiens à l’endroit de cette institution, à la fin de 2008, peu après les élections qui ont reporté au pouvoir le gouvernement de Stephen Harper, un gouvernement minoritaire détenant plus de sièges, mais pas suffisamment pour être majoritaire. À ce moment-là, trois des partis, soit le Parti libéral, le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois, ont formé une coalition en vue de potentiellement défaire le gouvernement sur une motion de confiance, ce qui a amené l’ancien premier ministre Harper à demander à la gouverneure générale une prorogation, peu après la présentation par son gouvernement du discours du Trône et le début de la session.
J’aimerais souligner que la prorogation est en définitive une prérogative de la Couronne et que la capacité de la Chambre de circonscrire des prérogatives de la Couronne est assez restreinte. La a critiqué la modification proposée dans la motion no 18 en indiquant qu’elle n’y voyait aucune valeur ni but particulier.
L’objectif de cette modification particulière concernant la prorogation est simplement de faire la lumière sur la raison fournie par le chef du gouvernement, le premier ministre alors au pouvoir, au gouverneur général pour justifier le recours à la prorogation. Ultimement, celle-ci est entièrement à la discrétion du gouverneur général. Toutefois, le processus proposé permet de faire la lumière sur cette demande. Il se limite à cela. Il a essentiellement une conséquence politique, mais rien de plus. C’est en gros l’objectif de l’inclusion de cette modification particulière dans le Règlement.
Le deuxième enjeu qui a vu le jour sous le gouvernement Harper est, évidemment, l’utilisation excessive des projets de loi omnibus, particulièrement sur des thèmes ou des questions non reliés. Nous tentons de modifier cela grâce aux changements proposés dans l’ébauche de l’article 69.1 du Règlement.
Je reconnais que nous aurions pu être plus clairs dans notre programme électoral concernant les projets de loi d'exécution du budget parce que, de par leur nature même, ce sont tous des projets de loi omnibus. Le point que nous essayons de faire valoir au moyen du paragraphe 69.1(2) proposé, c'est que, si le projet de loi budgétaire apporte des modifications à d’autres lois, ces modifications doivent être directement reliées à la mise en oeuvre du budget. Il serait assez inefficace de fractionner un projet de loi budgétaire en plusieurs composantes, parce que cela rendrait essentiellement l’ensemble du processus budgétaire impraticable. L’élément clé à cet égard est le transfert de pouvoir du gouvernement au Président, qui aura dorénavant le dernier mot pour ce qui est de déterminer si un projet de loi est considéré comme un projet de loi omnibus ou non. Le Président aura l’entière discrétion à ce chapitre.
Le troisième enjeu visé par la motion no 18 a trait aux budgets des dépenses. Cette modification vise à corriger le processus rétroactif utilisé actuellement qui ne permet pas de bien comprendre l’information concernant le budget. Les modifications proposées permettraient aux parlementaires d’obtenir des renseignements plus précis avant le processus budgétaire, plutôt qu’après.
Le quatrième enjeu qui est compris dans la motion no 18 porte de façon particulière sur les secrétaires parlementaires. Dans les législatures précédentes, sous le gouvernement conservateur, et plus particulièrement pendant la 41e législature, dans de nombreux comités, mais pas nécessairement tous, nous avons vu le secrétaire parlementaire responsable prendre les commandes de l’ordre du jour et miner la capacité des députés, et plus particulièrement ceux du gouvernement, d’examiner sérieusement les mesures législatives à l'étude. La modification que nous proposons d'apporter au Règlement vise à préciser le rôle des secrétaires parlementaires. Ces derniers continueraient de jouer un rôle important de liaison avec le ministre et les ministères qu’ils représentent, mais ils n’auraient plus le droit de faire partie du quorum ni de voter. Toutefois, ils continueraient, grâce à leur participation, d’assurer une fonction très importante de liaison afin de permettre une résolution plus rapide des problèmes susceptibles de se poser en comité. C’est là le quatrième objectif de la motion no 18 et des changements qui sont proposés.
En ce qui a trait au dernier élément, qui n’est pas inclus dans la motion no 18, à savoir la période des questions du premier ministre, le gouvernement a choisi de promouvoir cette mesure particulière en en faisant une pratique établie. Je souhaite que nous envisagions sérieusement de suivre le modèle du Royaume-Uni, la grande différence étant que, contrairement au modèle que nous avons maintenant, les questions y sont soumises deux jours à l’avance par l’opposition, ce qui permet au premier ministre en poste de donner une réponse plus complète, soit le contraire du jeu du chat et de la souris auquel nous assistons maintenant pendant la période des questions.
Je terminerai en disant simplement qu’on a laissé entendre qu’il y a eu une tentative sournoise par le gouvernement d'imposer des changements au Règlement. Je suis membre du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Si la leader du gouvernement à la Chambre avait eu l’intention de forcer des choses, plutôt que de présenter le document de travail qui a été soumis au Comité, elle aurait eu simplement à présenter une motion directement à la Chambre pour modifier le Règlement et imposer tout ce que le gouvernement voulait, ce qui est probablement ce que le gouvernement précédent aurait fait. Le gouvernement actuel ne l’a pas fait. Je veux que les Canadiens comprennent que le document de travail n’a jamais caché une intention ni un but. L’intention était de solliciter une rétroaction honnête. Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre faisait déjà un bon travail sur plusieurs plans, et ceci visait à développer davantage certaines autres idées qui, à notre avis, méritaient d’être débattues.
Je répondrai avec plaisir aux questions de mes collègues.
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Monsieur le Président, je tiens à remercier le député de d’avoir partagé son temps de parole avec moi. C’est représentatif des fonctions que nous avons partagées au cours de l’année écoulée tandis que je l'assistais dans ses fonctions de leader parlementaire adjoint.
Malgré le fait que mon rêve de voir remplacer les horloges ici par des montres numériques ne se soit pas concrétisé, il y a un certain nombre de questions plus graves se rapportant au Règlement qui doivent être réglées. Bien que l’opposition accuse souvent les députés libéraux de vouloir changer le Règlement pour avantager le gouvernement, j’affirme que c’est tout à fait le contraire.
Beaucoup d’entre nous, de ce côté-ci de la Chambre, étaient ici quand le Parti libéral faisait partie de l’opposition. Quelques-uns ont survécu à l'époque où le Parti libéral a été relégué au rôle de tiers parti. Pour ma part, j'ai commencé mon parcours comme employé au bureau de circonscription de Frank Valeriote, l’ancien député de Guelph, au début de la 40e législature. J’ai fini par travailler ici pour le député d’; c'est à cette époque qu'il a fallu tenir des élections parce que le gouvernement avait été reconnu coupable d’outrage au Parlement, au début de 2011. Par la suite, pendant une courte période, j’ai travaillé à la fois pour ces deux députés et pour les députés actuels d', que je suis très fier d’appeler monsieur le Président aujourd’hui, et de , tous en même temps.
En travaillant avec quatre excellents députés, aux personnalités et centres d’intérêt différents, j’ai acquis une vaste expérience et élargi mes horizons, ce qui est essentiel quand on apprend les rouages de ce travail. Cela m’a aussi permis de voir de près les abus de pouvoir, au quotidien, du gouvernement précédent. C’est de cette perspective, celle du troisième parti, que cette motion a été rédigée. Pour que ce soit bien clair, j’aimerais parcourir la motion no 18 point par point.
La plupart d’entre nous se rappellent que, en 2008, les libéraux, le NPD et le Bloc se sont réunis afin de faire tomber le gouvernement Harper fraîchement réélu. Quoi qu’on pense des détails de cette entente, une majorité de députés comptaient ne pas accorder leur confiance à un gouvernement minoritaire au pouvoir. Pour éviter cela, M. Harper s’est rendu chez la gouverneure générale de l’époque, Michaëlle Jean, pour lui demander de proroger le Parlement, ce qu’elle lui a accordé après quelques heures de réflexion.
Il y a souvent prorogation du Parlement entre des dissolutions. Sur les sept dernières législatures, seule une n’a pas connu au moins une prorogation, et il s’agit de la 38e législature. Paul Martin dirigeait un gouvernement minoritaire. Proroger est en soi tout à fait légitime. Dans le cas de 2008, cependant, on y a recouru pour éviter un vote de défiance. Nous savons tous ce qui est arrivé ensuite; le premier ministre a remporté une victoire tactique.
Le premier point de la motion no 18 n’empêcherait pas un premier ministre de proroger, mais l’exécutif devrait expliquer pourquoi il juge la mesure nécessaire et le comité de la procédure et des affaires de la Chambre devrait revoir la question. Cela n’éviterait pas des abus, mais la barre serait placée plus haut pour qui veut recourir à la prorogation.
Je trouve un peu étonnant, personnellement, que personne n’ait essayé de déposer un projet de loi massif d’initiative parlementaire qui repense le rôle du gouvernement de bout en bout. Nous aurions deux heures de débat très intéressant et si cela n’arrive pas à l’heure actuelle, c’est seulement par convention, pas parce que le Règlement l’empêche.
Pendant la dernière législature, le gouvernement a présenté des projets de loi omnibus très éparpillés. La norme, en l’espèce, n’est pas le nombre de lois qu’un projet de loi modifie, mais si ces changements divers et variés servent tous l’objectif général du projet de loi. Ainsi, le projet de loi , adopté hier à l'étape de la deuxième lecture à la Chambre, a été qualifié par beaucoup dans l’opposition de projet de loi omnibus parce qu’il vise à modifier 13 lois en vigueur. Or, c’est fallacieux, car tous les changements relèvent légitimement et clairement du concept du nom de la loi, la Loi sur la modernisation des transports, et certains des changements apportés à ces 13 lois existantes sont à la fois pertinents et minuscules.
Par exemple, l’article 91 du projet de loi C-49 modifie la Loi d’exécution du budget de 2009. Cette modification est ainsi libellée, dans son intégralité: « Les parties 14 et 15 de la Loi d’exécution du budget de 2009 sont abrogées. » Une vérification rapide révélera que la partie 14 modifie la Loi sur les transports au Canada et la partie 15, la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada, deux lois que le est tout à fait habilité, de par son mandat, à moderniser. Les deux séries de modifications qui découlent de la Loi d’exécution du budget de 2009, qui s’appelait projet de loi à la deuxième session de la 40e législature, s’accompagnaient d’une disposition d’entrée en vigueur ainsi libellée, en partie: « entrent en vigueur à la date fixée par décret pris sur la recommandation du ministre. » Le plus remarquable à propos de cette loi vieille de huit ans, c’est qu’aucun décret n’a jamais été pris pour que ces modifications entrent en vigueur.
Se débarrasser d’aspects des lois relatives au transport qui sont dépassés et qui n’ont jamais servi fait assurément partie de la modernisation des transports.
En 2012, le gouvernement conservateur a présenté un vaste projet de loi d’exécution du budget qui mettait en œuvre la majeure partie de ce qu’il appelait le Plan d’action économique du Canada, mais il s’attaquait aussi à des dispositions environnementales qui n’avaient rien à voir avec le budget. Entre autres choses, il annulait la protection juridique de millions de lacs et de cours d’eau de ce pays. L'adoption de ces mesures a été ralentie, mais pas arrêtée, par plus d'un millier d'amendements au projet de loi déposés au comité des finances, ce qui a entraîné une manœuvre d’obstruction par un vote article par article, 24 heures sur 24. J’ai assisté en tant que collaborateur à la dernière partie de ce vote marathon.
Le deuxième point de la motion no 18 vise à régler ces problèmes. Tout projet de loi présenté à la Chambre qui ne porte pas sur un thème unique ou un objet général pourrait être scindé par le Président de la Chambre. Les budgets feraient exception, mais le libellé de cet article, qui serait le paragraphe 69.1(2) du Règlement, viserait uniquement à préciser que les objectifs exposés dans le budget définiraient à eux seuls l’objet. Si on cherchait à modifier le droit de l’environnement dans une loi d’exécution du budget, sans qu’il en soit question dans le budget lui-même, par exemple, il serait possible d’invoquer le Règlement, et le Président de la Chambre pourrait accepter de retirer cet article de la loi d’exécution du budget. Ce changement est important, et nous nous étions engagés à l’apporter.
Le troisième changement est un peu plus obscur.
J’ai fait partie brièvement des collaborateurs du comité des comptes publics, pendant la 41e législature, et j'ai siégé au comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires au début de la 42e législature pendant peu de temps aussi. Je ne prétends pas comprendre les menus détails du processus budgétaire et je m’en remets à ceux qui les connaissent. C’est très important en l’occurrence. Je me réjouis de tout ce qui peut aider à clarifier le processus budgétaire.
Le quatrième changement au Règlement proposé dans cette motion est particulièrement intéressant. Il s’agit des points 4 à 6 de la motion no 18.
Je pense que la plupart de ceux qui étaient là à la dernière législature ont vécu la même chose. Les comités étaient dirigés par les secrétaires parlementaires. Ils prenaient place près du président, proposaient des motions, votaient et contrôlaient par ailleurs les comités. Cela va totalement à l’encontre du but recherché en ce qui concerne les comités parlementaires. Le secrétaire parlementaire est, par définition, le représentant du ministre. À ce titre, les secrétaires parlementaires jouent un rôle essentiel en assurant la liaison entre le comité et le ministère qu’il surveille.
Pouvoir répondre rapidement aux questions du comité sur les intentions et les plans ou soumettre à l’étude des préoccupations ou des questions sur lesquelles les ministres souhaitent avoir des commentaires dans l’exercice de leurs fonctions est tout à fait approprié. Cependant, lorsque des secrétaires parlementaires dirigent les comités, ces organes de surveillance cessent de surveiller pratiquement quoi que ce soit et deviennent tout simplement des prolongements de l’exécutif. Si c’est ce que nous devons avoir, les comités ne servent pas à grand-chose. Le bon équilibre consiste à inclure les secrétaires parlementaires dans les comités en qualité d’agents de liaison avec leur ministère, au lieu de planificateurs et d’exécuteurs du travail des comités.
C’est très important. Au cours du débat au sujet de la Loi sur la réforme, lors de la dernière législature, le député de , pour qui j’ai beaucoup de respect depuis bien des années, m’a dit qu’en qualité de député d’arrière-ban, il ne faisait pas partie du gouvernement. « Comme vous, m’a-t-il dit, mon rôle est de demander des comptes au gouvernement, la différence étant que j’ai confiance dans le gouvernement. »
Cet important exemple de philosophie politique m’est resté en tête depuis ce jour. Notre rôle, en qualité de députés d’arrière-ban, est en effet de demander des comptes au gouvernement, que nous soyons du côté des banquettes ministérielles ou du côté de l’opposition. Les comités sont un des outils les plus importants, et quand le gouvernement propose de rétablir l’indépendance des comités, il ne s’agit pas de paroles en l’air ou d'un vague slogan; c’est légitime. J’ai vu le changement dans la façon dont fonctionnent les comités, entre la dernière législature et celle-ci, et c’est très impressionnant. Maintenir les secrétaires parlementaires dans un rôle de participation, mais non de contrôle, au sein des comités est un élément essentiel de cette évolution.
La dernière modification, à l’article 7 de la motion, est particulièrement intéressante. Le seul moment où l’opposition a un immense pouvoir, même dans le cas d’un gouvernement majoritaire, c’est quand elle fait de l’obstruction systématique dans un comité. Un député de l’opposition déterminé à empêcher un vote ou la rédaction d’un rapport au comité peut le faire de façon absolue, pourvu qu’il soit prêt à prolonger le débat et à demeurer raisonnablement pertinent. Notre collègue d' est un expert en la matière, plaisantant souvent sur le fait qu’après avoir eu la parole pendant une demi-heure, il n’a pas encore terminé de s’éclaircir la voix.
Quand notre débat concernant la réforme du Règlement de la Chambre des communes a dérapé au comité de la procédure il y a quelques semaines, on nous a accusés d’avoir tenté d’éliminer l’obstruction systématique. Rien n’est plus faux.
Au cours de ce débat, nous avons tenté d’avoir une discussion sur la façon dont nous pourrions modifier le Règlement. La a écrit une lettre dans laquelle elle nous a fait part de ses idées au sujet des modifications dont elle espérait nous voir discuter, en plus des nombreuses idées qui nous avaient déjà été présentées à la suite du débat de l’automne dernier au sujet de l’article 51 du Règlement. Cependant, si l’on se réfère aux éléments précédents de ce discours, la conclusion ne dépendait que de nous, en comité. Une des idées envisagées était que les membres d’un comité bénéficieraient d’un nombre illimité de périodes d'intervention de 10 minutes, plutôt que d’un seul temps de parole sans limite.
Si je comprends bien, en pratique, n’importe quel député peut parler aussi longtemps qu’il le désire au comité, mais, dès qu'un autre député signale qu’il souhaite prendre la parole, il a 10 minutes pour la lui céder; le second député doit ensuite la lui rendre si le premier le désire. Ainsi, tous les membres d'un comité auraient l’occasion d'intervenir dans un débat, mais cela n’empêcherait personne de paralyser le comité ni de faire de l’obstruction systématique, en l'espèce ou en principe. Ainsi, il deviendrait assurément plus facile de négocier la fin de telles manoeuvres tout en donnant aux autres la possibilité de placer un mot.
Cependant, le changement proposé ici ne concerne pas cela. Il vise à mettre fin à une des façons les plus absurdes d’exploiter la procédure des comité que l'on ait pu voir lors des législatures précédentes: un membre du comité appartenant à la majorité prend la parole, parfois même en invoquant le Règlement, et dit au président quelque chose comme: « Je propose que nous mettions la question aux voix. » Le président répond, à juste titre, que la motion n’est pas recevable et il la rejette. Le député conteste alors la décision du président, la majorité vote contre la décision du président, la question est mise aux voix, puis la motion demandant le débat, l’étude, la rédaction du rapport, peu importe ce qui était en cause, se conclut de façon brusque, cavalière et on ne peut plus acrimonieuse. C'est le seul moyen efficace, quoique peut-être pas tout à fait légitime, de mettre fin aux manoeuvres d'obstruction systématique.
Dans la motion no 18, nous défendons le droit d'employer des manoeuvres d’obstruction systématique.
Comme je l’ai dit, la motion no 18 vise à défendre les droits de l’opposition, à la lumière de notre expérience à l'époque ou nous formions le tiers parti. Pas une ligne de cette motion n’est à l’avantage d’un gouvernement majoritaire. Tout le monde, cependant, bénéficie d’un fonctionnement amélioré ici. J’appuie l'adoption de la motion.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole aujourd'hui avec mon collègue de .
D'abord, je suis très heureux d'apprendre que notre collègue de prendra la parole à nouveau et que son discours d'aujourd'hui n'était pas le dernier.
Je prends la parole aujourd'hui au sujet de la motion no 18, la motion du gouvernement qui concerne surtout le processus budgétaire et la manoeuvre honteuse du gouvernement qui vise à réduire la surveillance parlementaire en modifiant la date de dépôt du Budget principal des dépenses. La tentative malavisée et cynique du gouvernement en vue de modifier le processus budgétaire ne vise qu'à prouver qu'il essaie de prendre des mesures, n'importe quelles mesures en fait.
Comment en sommes-nous arrivés là?
Il y a plus d'un an, le s'est présenté devant le comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires pour discuter des difficultés liées à la compréhension du processus budgétaire. Nous avons discuté de l'alignement du Budget des dépenses sur l'exposé budgétaire, de la différence entre la comptabilité d’exercice et la comptabilité de caisse et du manque de clarté dans les rapports des ministères. Il a proposé une solution étrange. La solution qu'il a proposée à tous ces problèmes, c'était tout simplement de réduire de deux mois la période d'examen en faisant passer la date de dépôt du Budget des dépenses du 1er mars au 1er mai, ce qui ne laisse aucun temps à l'opposition pour étudier le Budget des dépenses avant de choisir les deux comités pléniers, et d'éliminer quelques jours désignés. Cette solution était censée régler le problème de compréhension du Budget des dépenses. Si les députés ne comprennent pas le processus, le gouvernement devrait assurément leur donner moins de temps pour le comprendre. Voilà la solution.
En dépit du fait que le gouvernement s'est montré tout à fait incapable de corriger ses propres processus administratifs internes, le n'a pas trouvé mieux comme solution que de réduire de deux mois la période consacrée à l'examen du Budget des dépenses. On nous a dit que si le Règlement était modifié de manière à permettre au gouvernement de repousser la date de dépôt du Budget des dépenses du 1er mars au 1er mai — ne laissant ainsi qu'un mois aux parlementaires avant que le budget des dépenses soit réputé avoir été examiné —, le gouvernement pourrait s'assurer que plus d'éléments du budget figurent dans le Budget des dépenses.
Nous avons soulevé ces préoccupations auprès du au comité. Il nous a dit de ne pas nous en faire, qu'on pourrait modifier de nouveau le Règlement dans quelques années. Il nous a dit de ne pas nous inquiéter du fait que nous n'aurions que cinq semaines de séance en mai et en juin pour examiner le Budget des dépenses, que les libéraux veilleraient sans faute à ce que les ministres assistent à toutes les réunions des comités portant sur le Budget principal des dépenses. Voici ce que le a dit dans son témoignage devant le comité: « Vous avez mon engagement personnel, mais également l'engagement de notre gouvernement visant à s'assurer que c'est le cas », que les ministres vont comparaître.
L’actuelle est en congé et le chaos règne au ministère. Il y a le fiasco libéral du système Phénix. Il y a l’histoire d’amour-haine entre les libéraux et Boeing, qui est vraiment désolante à voir. À Paris, l’histoire d’amour est terminée. N’est-il pas étrange que la ville de l’amour soit impuissante à raviver cette romance avec Boeing. Il y a eu le scandale des dirigeants du Parti libéral qui ont supprimé des courriels à Services partagés Canada, ce qui rappelle l’affaire Hillary Clinton. Enfin, il y a les incessants retards dans le secteur de la construction navale qui coûtent des milliards de dollars aux contribuables.
Avec tous ces problèmes, les députés ne pensent-ils pas que le ministre qui la remplace, si quelqu’un sait qui est cette personne, ou encore son secrétaire parlementaire, devrait être présent pour l'étude du budget? Mes collègues peuvent certainement deviner la réponse, c’est non. C’était la première occasion que le gouvernement avait de joindre le geste à la parole, mais nous nous retrouvons avec la sous-ministre de Services publics et Approvisionnement à la place de la ministre. Ce n’est pas que la sous-ministre n’a pas fait du bon travail. Nous avons obtenu toutes les mêmes réponses absurdes que nous aurions obtenues de la ministre elle-même, mais c’était pour le principe, tout simplement.
Kin Hubbard, le satiriste américain, est souvent cité pour avoir dit à peu près ceci: « Quand une personne dit que ce n’est pas une question d’argent, mais de principe, cela veut dire que c’est une question d’argent. » Dans la situation qui nous intéresse, nous avons les deux, le principe et l’argent. L’argent des contribuables.
Une autre citation similaire bien connue est celle de H. L. Mencken: « Quand quelqu’un dit que ce n’est pas une question d’argent, cela veut dire que c’est une question d’argent. » Mencken était un journaliste très influent et prolifique aux États-Unis durant la période de la Grande Dépression. Il a beaucoup écrit sur les magouilleurs, les tricheurs et les arnaqueurs de la planète. Il aurait eu beaucoup de plaisir à écrire sur ce sujet, parce que les tricheurs et les arnaqueurs étaient sa spécialité.
Le gouvernement dit que pour améliorer la transparence, nous devons la réduire. Que pour donner un pouvoir de surveillance accru aux parlementaires, nous devons d’abord leur retirer ce pouvoir.
Nous avons dit au que s’il voulait régler le problème d’alignement, pourquoi ne pas déposer le budget plus tôt, à date fixe. C’est d’ailleurs ce que recommandait le comité multipartite sur les opérations gouvernementales et les prévisions budgétaires dans son rapport de 2012 sur le Budget des dépenses. Le président du Conseil du Trésor nous a répondu que ce n’était pas possible en raison de problèmes liés aux échéanciers. Nous voilà donc avec deux décisions pour régler ces problèmes: modifier unilatéralement les dispositions du Règlement sur le processus budgétaire, la bonne, modifier la date de dépôt du budget, la mauvaise.
Avant qu'on pense que mon intervention n'est qu'une charge partisane, je signale que je ne suis pas le seul à penser que le gouvernement fait fausse route dans ce dossier. Le directeur parlementaire du budget a dit ceci:
Avant de consentir aux changements proposés par le gouvernement, les parlementaires pourraient réfléchir au fait suivant: le problème fondamental du régime de contrôle financier réside dans les processus administratifs internes du gouvernement.
Lors de sa comparution devant le comité ce matin, le directeur parlementaire du budget a souligné que, à défaut d'une réforme des processus internes d'approbation du budget et des dépenses, le fait de repousser la date n'aurait pas d'incidence, ou si peu, sur l'alignement avec l'énoncé budgétaire. Il a ajouté que d'accorder moins de temps aux députés pour examiner attentivement les dépenses gouvernementales, ce que propose le gouvernement dans la motion dont nous sommes saisis, ne faciliterait absolument pas l'examen que doit faire le Parlement. Pour illustrer ses affirmations, le directeur parlementaire du budget a noté, dans une analyse, le nombre de nouvelles mesures budgétaires figurant dans chaque budget supplémentaire des dépenses.
Ainsi, le Budget supplémentaire des dépenses (A) de 2016 comprenait 70 % des nouvelles dépenses annoncées dans le budget. Un an plus tard, en dépit de tous les efforts du gouvernement pour favoriser l'alignement, ce pourcentage n'est que de 44 % dans le Budget supplémentaire des dépenses (A). Croyez-le ou non, le a qualifié ce résultat de progrès.
Nous avons demandé au ministre comment il prévoyait améliorer le processus interne et l'alignement. Il a refusé de répondre et il nous a plutôt renvoyés au document de travail axé sur quatre piliers, qui, selon ses dires, constitue un plan concret. Or, pas plus tard que ce matin, le directeur parlementaire du budget a malheureusement noté que ce document n'est pas un plan puisqu'il ne prévoit rien de concret pour régler les problèmes liés aux processus.
Lorsqu'on a demandé au s'il respecterait la tradition parlementaire et n'apporterait aucun changement au Règlement sans le consentement unanime des partis de l'opposition, il a dit... euh, à vrai dire, il n'a pas répondu.
Mon éminent collègue de , qui préside notre comité, a demandé à maintes reprises si, comme le veut une coutume de longue date, le président du Conseil du Trésor s'engagerait à apporter des modifications au Règlement seulement s'il avait le soutien de tous les partis. Comme lorsqu'on a demandé au combien de fois il avait rencontré la commissaire à l'éthique, nous n'avons eu droit qu'à des semblants de réponses.
Nous savons maintenant pourquoi il ne répond pas à une question aussi simple: le gouvernement a toujours eu l'intention d'imposer les modifications à l'opposition. Que se passera-t-il lorsque cette petite expérience échouera? Réduira-t-on encore la surveillance?
Devant le comité, le président du Conseil du Trésor a récité une phrase tirée d'une entrevue donnée par Kevin Page, ancien directeur parlementaire du budget, pour justifier ses projets. Il a cité Kevin Page, qui aurait dit: « [...] j’appuie votre recommandation selon laquelle cet ajustement puisse prendre deux ans à mettre en oeuvre. » Il ne dit pas que c'est une bonne idée, mais qu'il faudra deux ans pour la mettre en pratique. Ce que le Président du Conseil du Trésor ignorait, cependant, c'est que Kevin Page a livré quelques autres réflexions lors d'une autre entrevue accordée au Globe and Mail. L'ancien directeur parlementaire du budget a alors déclaré:
Les recommandations de changement formulées dans le document de travail semblent refléter le point de vue d'un fonctionnaire.
Non pas un point de vue de parlementaire ou le point de vue de la surveillance à exercer pour protéger les contribuables, mais le point de vue d'un fonctionnaire.
Puis, l'article dit:
Le rapport ne commence pas avec les responsabilités de contrôle financier du Parlement.
En tout respect pour le [président du Secrétariat du Conseil du Trésor] [...] les propositions dans le rapport font peu pour renforcer le contrôle financier exercé par le Parlement.
Le directeur parlementaire du budget actuel a dit ceci à propos des modifications proposées aux budgets des dépenses:
Pour ce qui est du report de l’échéance du budget principal des dépenses, le gouvernement reconnaît que ce sont ses processus administratifs internes sclérosés, et non les échéances parlementaires, qui font principalement obstacle à l’alignement du budget et du budget des dépenses.
Le directeur parlementaire du budget a ajouté que:
[...] le Secrétariat, au lieu de se rapprocher de sa cible en 2017-2018, s’en éloigne. La question se pose donc: le report du Budget principal des dépenses proposé par le gouvernement permettrait-il vraiment d’améliorer l’alignement avec le budget?
En réponse aux observations de ces spécialistes, le ministre a déclaré qu'il n'était pas d'accord avec toutes les remarques du directeur parlementaire du budget. Il s'agit du terme exact qu'il a utilisé: remarques.
De ce côté-ci de la Chambre, nous croyons que nous devrions prêter attention à de telles remarques. Une réduction de la surveillance des dépenses qui ne rapporte rien n'est pas dans l'intérêt des contribuables canadiens, ni dans celui des parlementaires. J'exhorte le gouvernement à retirer ses modifications préjudiciables au calendrier du budget des dépenses.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d’intervenir une nouvelle fois pour débattre d’une question importante à la Chambre.
On n’en voudra peut-être pas aux Canadiens qui nous écoutent aujourd’hui s’ils se demandent ce que signifie la motion no 18. La plupart d'entre eux se fichent probablement du Règlement et de ses répercussions sur leur vie, mais, au fond, cette motion porte sur la responsabilisation et la transparence du gouvernement et de la Chambre des communes. C’est ce que nous débattons aujourd’hui.
Après plusieurs mois, le gouvernement a enfin fait des propositions pour modifier le Règlement, et il importe de comprendre comment nous en sommes arrivés là, comment nous en sommes arrivés aux propositions d’aujourd’hui.
Il y a plus d’un an que nous nous sommes engagés dans la voie qui nous a menés où nous sommes aujourd’hui, lorsque le gouvernement a proposé la motion no 6. Le gouvernement était frustré parce que l’opposition s’opposait à son projet de loi et à ses tentatives de changer les lois du pays. Nous faisions notre travail, mais le gouvernement s’en est trouvé frustré. Il a donc présenté la motion no 6, une motion universellement reconnue comme draconienne, qui visait à enlever ses droits à l’opposition et qui privait de représentation nos concitoyens, les millions de Canadiens qui ont voté pour un autre parti que le parti au pouvoir. Nous sommes venus ici pour faire un travail important; certains membres du gouvernement le comprennent, tandis que d’autres ont nettement besoin d’un rappel.
Nous avons vu ce qui est arrivé lorsque le , ne contenant pas sa colère, s’est amené de ce côté-ci de la Chambre, où il a bousculé une députée, puis en a écarté un autre. Nous avons passé des jours à débattre de cette violation des privilèges parlementaires des députés. C’est uniquement en raison de la colère antiparlementaire du premier ministre que le gouvernement a retiré la motion no 6 à l’époque et que nous sommes revenus au Règlement établi pour rendre leurs droits aux députés de l’opposition.
Puis, en mars dernier, on nous a servi le fameux document de travail. J’ai écouté avec amusement le député libéral qui m’a précédé et celui qui lui a posé la dernière question. Ils ont dit qu’il s’agissait uniquement d’un document de travail, que le gouvernement n’avait pas d’intention cachée. De fait, nous avons entendu l’intervenant précédent soutenir que la liberté règne maintenant aux comités et que les libéraux se comportent comme un groupe d’agents libres. Ils n’ont pas de directives, ni du Cabinet du premier ministre ni des cabinets des ministres. Ils agissent comme bon leur semble, chacun selon son idée.
Bien sûr, le document de travail a été présenté un vendredi après-midi avant une semaine de relâche. Puis, deux heures plus tard, est arrivée une motion demandant la discussion du document qui venait tout juste d’être dévoilé, tout juste d’être traduit, tout juste d’être présenté aux Canadiens.
J’imagine que le député de a eu tout à coup l’idée de soumettre ce document au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre avec un délai ferme qui l’obligeait à présenter à la Chambre un rapport sur ces changements avant le 2 juin. Cela revenait à mettre le couteau sous la gorge aux députés de l’opposition. Nous pouvions en parler autant que nous voulions, sauf qu’il y avait une date butoir, des conditions et que les choses devaient se dérouler de cette façon.
Nous avons exercé nos droits de députés de l’opposition de demander des comptes au gouvernement et d’utiliser les outils à notre disposition pour attirer l’attention des Canadiens sur ces changements.
Qu’est-ce que les libéraux proposaient de faire? Ils proposaient d’annuler les séances du vendredi, ce qui réduirait de 20 % la reddition de comptes. La Chambre siégerait moins de jours.
Ils proposaient que le ne soit à la Chambre que 45 minutes par semaine, pour la période des questions du mercredi. Ils proposaient également de réduire les temps de parole de moitié et d’avoir des interventions de cinq minutes au lieu de dix parce que nous savons tous combien il est facile de discuter de questions complexes en cinq minutes. Peut-être que les députés ministériels aimeraient que cette mesure ait déjà été adoptée, car j’en suis exactement à cinq minutes dans mon intervention.
Les libéraux proposaient aussi le vote électronique, ce qui voudrait dire que nous n’aurions plus à nous lever pour que les voix soient comptées. Je peux dire à la Chambre que, d’où je suis, j’ai vu plusieurs fois des députés libéraux d’arrière-ban se décider quand l’appel nominal arrivait à eux. Comme ils devaient se lever pour être comptés, ils comprenaient ce qu’ils devaient faire en écoutant leur propre conscience ou sous la pression de leurs pairs. Il est important que nous nous levions et que notre vote soit compté et enregistré ici, à la Chambre des communes.
Le gouvernement propose d’éliminer la capacité des députés de soulever et de poursuivre des débats aux comités. Nous avons vu la députée de utiliser de façon admirable le Comité de l’immigration pour parler des raisons fallacieuses avancées par le gouvernement pour fermer le centre de traitement de Vegreville. Grâce à ses efforts au comité, nous avons montré que la justification de cette décision était fausse, que les économies étaient inventées de toutes pièces, qu’en fait, cette fermeture même allait coûter beaucoup plus cher aux contribuables. Nous n’aurions jamais eu ce débat si le gouvernement était parvenu à priver les députés de cette possibilité.
Le gouvernement voulait également priver les députés de la possibilité de déposer des motions d’adoption, pour pouvoir débattre des rapports des comités à la Chambre. Nous avons souvent eu des débats importants au cours de cette session. Pas plus tard qu’hier, nous avons parlé de la Loi sur les langues officielles et nous avons pu discuter du fiasco qu’a été le processus libéral de nomination du commissaire aux langues officielles. C’étaient des propositions des libéraux. Nous voilà, après des semaines de débat et des semaines pendant lesquelles l’opposition a utilisé les tactiques stratégiques et procédurières à sa disposition pour attirer l’attention sur ces questions et ralentir le mouvement. Le gouvernement a, pour finir, proposé ces biens maigres changements au Règlement.
Ce ne sont pas uniquement les députés de l'opposition qui sont mécontents de voir comment le gouvernement procède. Il y a aussi le respecté député de , qui siège depuis longtemps aux Communes, a déjà été membre du Cabinet, a déjà été dans l'opposition officielle et a déjà siégé dans le troisième parti. Aujourd'hui, il siège sur les banquettes du parti au pouvoir, mais en tant que député ministériel d'arrière-ban, et il a déjà tenu les propos limpides suivants:
Nous sommes à la Chambre des communes, et non à la chambre du Cabinet ou à la chambre du Cabinet du premier ministre. La Chambre des communes est l'assemblée du peuple, et la majorité des représentants du peuple qui siègent dans cette enceinte ne sont pas membres du Cabinet.
Voilà des paroles de sage, et j'aimerais que les députés ministériels, du caucus libéral, en tiennent compte.
Le député a également déclaré ceci:
Je sais que des gens de mon parti ne sont pas contents du déroulement des choses à l'heure actuelle, dans un environnement qui semble plutôt toxique. Mais l'opposition se sert des seuls leviers dont elle dispose à l'heure actuelle, et c'est compréhensible. Je me souviens d'être passé par là.
Le député de comprend qu'on ne doit pas changer unilatéralement les règles du jeu au profit de la majorité et que les règles existent pour protéger la minorité.
Le gouvernement montre sans cesse qu'il cherche plus à avoir un public qu'une opposition. Le député de a fait partie du gouvernement de Jean Chrétien. Il est dommage que le gouvernement actuel ne suive pas cet exemple. Jean Chrétien était un dur à cuire. Les députés de l'opposition et lui étaient à couteaux tirés. Il savait que la Chambre et les députés de l'opposition avaient leur raison d'être. Lorsqu'il voulait apporter des changements au Règlement, il créait un comité omnipartite où les députés ministériels n'étaient pas majoritaires. Ce comité était chargé d'étudier les propositions afin d'en arriver à un commun accord.
C'est aussi comme cela que les choses se passaient à la dernière législature. Tout le monde dit que Harper forçait l'adoption de toutes sortes de mesures. En fait, lorsqu'il était question du Règlement, il respectait les règles et il respectait l'opposition. Si les partis ne s'entendaient pas, aucun changement n'était fait; la mesure n'était pas adoptée. Voilà ce que faisait Stephen Harper. On sait déjà que le gouvernement actuel ne suivra pas l'exemple de Stephen Harper, mais il devrait suivre celui de Jean Chrétien.
Je veux seulement parler d'une chose: la période des questions au premier ministre. Les députés libéraux affirment vouloir ainsi respecter leurs promesses électorales. Or, cette période des questions ne figure nulle part dans la motion no 18. Je ne sais pas pourquoi. C'est peut-être parce que le peut déjà répondre à autant de questions qu'il le veut sans changer quoi que ce soit au Règlement. Peut-être qu'il vient enfin de s'en rendre compte. Peut-être aussi que les choses se passent un peu moins bien lorsqu'il se fait demander à répétition combien de fois il est allé voir la commissaire à l'éthique. Chaque fois qu'on le lui demande, il refuse de répondre.
Voilà où nous en sommes. Or, ce qu'on nous propose est plutôt mince. En fait, il n'y a pas presque rien. Comme je l'ai déjà dit, le peu qu'il y a sera adopté sans le consentement et la coopération des députés de l'opposition.
Nous pensons qu’il est possible d’apporter des changements, mais que le gouvernement aurait dû venir à la table en se montrant plus disposé à travailler avec l’opposition et n’apporter que les changements sur lesquels tous les grands partis à la Chambre auraient pu s'entendre.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de . Cela me laisse seulement 10 minutes pour couvrir cette question et ce n'est simplement pas suffisant. Cependant, je vais faire mon possible.
La motion no 18 est une motion qui est en fait très encourageante et positive. J'encourage tous les députés à en reconnaître la valeur. Si nous examinons les cinq aspects que je souhaite souligner, il suffit de penser à la dernière élection fédérale. Le a dit très clairement qu'il voulait mettre en oeuvre des changements concernant le Règlement à la Chambre des communes afin d'assurer, ultimement, une meilleure reddition de comptes et une transparence accrue.
La motion no 18 contient les changements au Règlement de la Chambre qui amélioreront en fait les conditions de travail de la Chambre. Une des questions dont le a longuement traité concerne la prorogation. Plusieurs députés y ont fait allusion. Il y a une raison pour laquelle la prorogation est devenue un enjeu majeur. D’autres ont commenté la chose. Je me contenterai de dire que l’aspect le plus bénéfique de notre démarche à cet égard intéresse l’impossibilité pour un premier ministre de se présenter dorénavant à la résidence du gouverneur général pour demander la prorogation d’une session sans jamais devoir expliquer son geste.
Ce changement obligera le comité de la procédure et des affaires de la Chambre à s’occuper du problème si, à un moment donné dans l’avenir, le premier ministre s’adresse au gouverneur général pour obtenir une prorogation. C’est là un engagement pris lors de la dernière campagne électorale. C’est là une mesure que l’on demande à l’actuel et à la Chambre de mettre en place, et j’invite fortement les députés à le faire.
Nous avons parlé du caractère abusif du dépôt de projets de loi omnibus. La question a été l’objet d’une certaine controverse. Des députés de l’opposition ont repris une partie des propos que j’ai prononcés lorsque j’étais moi même en face, ce qui est légitime de leur part. Lorsque je faisais partie de l’opposition, des projets de loi budgétaires et d’autres mesures législatives nous sont apparus comme une interprétation abusive de ce à quoi un projet de loi omnibus devrait servir normalement.
Il arrive que les projets de loi omnibus soient sujets à caution, et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous permettons au Président d’user d’une plus grande autorité pour donner la chance aux députés de voter sur différentes parties de ces projets de loi, s’il le juge nécessaire.
J’ai entendu des députés parler de notre projet de loi budgétaire. L’exemple qu’ils donnent est celui de la Banque de l’infrastructure qui est créée. Ils prennent cet exemple pour montrer au premier chef que le gouvernement dépose bel et bien un projet de loi omnibus. J’avance l’idée que l’examen de la question les amènera en fait à constater qu’il y a un lien direct avec le budget. Après tout, même l’exposé budgétaire parle de l’importance des milliards de dollars investis dans les infrastructures. Nous mentionnons la Banque de l’infrastructure. Il est donc logique de l’inclure dans le projet de loi d’exécution du budget.
De ce fait, nous reconnaissons que le Président doit être doté de plus larges pouvoirs face à des questions de ce genre. Le Règlement serait modifié en conséquence. Je pense que tous les députés de l’opposition y seront favorables.
Ensuite, ce que nous faisons, c’est de renforcer les comités. Le a souligné et promis qu’on ne donnerait plus le droit de vote à un secrétaire parlementaire membre d’un comité permanent. Je suis secrétaire parlementaire et je considère que cette mesure est positive. Nous voulons officialiser la chose. Nous ajoutons au Règlement que les secrétaires parlementaires ne peuvent pas voter dans les assemblées des comités permanents. Ils ont un rôle à jouer, mais ils ne jouiront pas du droit de vote.
Je suis porté à penser que les députés de l’opposition verront ce changement d’un bon œil et l’appuieront.
Nous parlons d’améliorer la surveillance financière. J’ai siégé de nombreuses années à l’Assemblée législative du Manitoba. Nous présentions d’abord le Budget principal des dépenses, puis nous passions à l’étude des budgets supplémentaires des dépenses. Nous envisageons ici d’adopter un processus semblable, c’est à dire de remettre l’étude et l’adoption des budgets supplémentaires des dépenses après l’adoption du Budget principal des dépenses. Sachant que les débats et les discussions auront lieu après le dépôt du Budget principal des dépenses, cette façon de procéder nous responsabiliserait davantage. Je dirais aux députés que beaucoup de Canadiens pensent que c’est déjà le cas. C’est une chose que nous aurions dû faire depuis longtemps et dont nous avons amplement discuté. À écouter les commentaires des députés d’en face sur le sujet, je m’attends à ce qu’ils votent tous oui à ce changement.
Le s’est également engagé auprès des Canadiens à accroître la reddition de comptes lors de la période des questions. Nous sommes extrêmement reconnaissants aux Canadiens d’avoir appuyé nos engagements électoraux à l’égard du changement. J’aurais cru que cet engagement en était un que les députés de l’opposition se seraient empressés d’adopter. Le a affirmé qu’il allait répondre aux questions du début à la fin de la période des questions qui lui serait réservée. Cependant, les conservateurs n’approuvent pas le fait que le ne fasse qu’une seule apparition hebdomadaire à la Chambre. Aucun député libéral n’a affirmé que le ne se présenterait qu’une fois par semaine; les conservateurs sont les seuls à soutenir cela, et j’en suis étonné. Nous croyons que le va plutôt renforcer son obligation de rendre des comptes. Le gouvernement respecte les propos exprimés par les partis de l’opposition. Il prend cet engagement parce qu’il voit du bon et du positif dans le fait que le ne se borne pas à répondre à la première question, mais aussi, dans la mesure du possible, à la dernière. Lorsque j’étais dans l’opposition, on ne m’a jamais vraiment donné l’occasion de voir ma question figurer parmi les neuf premières, celles auxquelles Stephen Harper répondait habituellement. Grâce à ces changements, même le député qui est le 20e à poser une question pourra la poser au . Voilà une bonne chose selon moi.
Même si nous n’incluons pas officiellement ces changements dans le Règlement de la Chambre, j’aimerais entendre des paroles plus encourageantes de la part de l’opposition sur les avantages que présentent ces changements. Je crois que les Canadiens qui comprennent vraiment ce qui se passe à la Chambre ne s’arrêteront pas à ce seul changement, mais qu’ils considéreront pour ce qu’elles valent toutes les autres modifications que nous apportons aux règles de fonctionnement. Le gouvernement avait fait cette promesse lors des dernières élections, et de toute évidence, il a tenu sa promesse.
Cela m'amène à parler du document de travail. Le gouvernement s'est montré ouvert à modifier d'autres règles. Les députés ont le droit à leur opinion, mais selon moi le gouvernement actuel a été très ouvert, a eu des échanges avec les députés et les a invités à amorcer un dialogue concernant les modifications au Règlement, que ce soit avec la leader du gouvernement à la Chambre ou avec les membres du comité de la procédure. Ce que je trouve intéressant après avoir écouté bon nombre des allocutions des députés hier et aujourd'hui, c'est que j'ai senti qu'ils regrettaient un peu qu'il n'y ait pas eu d'autres modifications. Une députée qui était avec son bébé a posé une question au sujet des règles concernant le vote et a demandé pourquoi nous devions siéger jusqu'à 21 heures. Pourquoi n'avons-nous pas permis à cette discussion d'avoir lieu? Mes collègues et moi de ce côté-ci de la Chambre étions prêts à entamer ce dialogue. Nous voulions trouver des façons pour améliorer les règles du Règlement. Ce sont les députés de l'opposition qui ne voulaient rien entendre. Cependant, nous, députés gouvernementaux, voulions veiller à ce que les engagements pris auprès des Canadiens soient tenus. C'est la raison pour laquelle nous débattons de la motion no 18 aujourd'hui.
J'encourage tous les députés à respecter la volonté des Canadiens et de voter en faveur de la motion no 18.
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Monsieur le Président, je remercie le député de de partager son temps de parole avec moi. J'aurai ainsi le plaisir de dire ce que je pense de la motion à l'étude aujourd'hui.
Nous avons entendu toutes sortes d'affirmations dans la bouche des libéraux. Ils n'ont notamment pas arrêté de dire qu'il s'agissait seulement d'un document de travail: « Quelle mouche a bien pu piquer l'opposition? Ce n'est rien d'autre qu'un document de travail. Nous voulions simplement lancer la discussion et nous avons regroupé nos idées dans ce document. » Ils omettent bien évidemment de parler du cheval de Troie qui accompagnait le document en question, c'est-à-dire la motion dont a été saisi le comité de la procédure et des affaires de la Chambre à peine quelques jours après la publication du document, motion qui obligeait le comité à terminer son étude avant une date donnée. À cause de cette motion, nous avions carrément les mains liées et je ne crois pas avoir besoin de préciser que, les libéraux étant majoritaires au sein du comité, ils auraient pu imposer tous les changements qu'ils voulaient. Le rapport qui aurait suivi — et qui aurait bien entendu reflété les volontés des libéraux — aurait été mis aux voix ici, à la Chambre, et il aurait été adopté. Nous avons compris que nous avions affaire à un cheval de Troie et c'est pourquoi nous nous sommes défendus avec tous les moyens dont nous disposions.
De nombreux faits sont relatés incorrectement dans cette enceinte, mais je rappelle aux députés que ce sont les conservateurs, en plus du NPD, qui ont proposé un amendement motivé demandant que:
le Comité n’inclura dans son rapport les recommandations visant la modification du Règlement, l’adoption d’un article provisoire du Règlement, d’un nouvel article du Règlement, d’un ordre sessionnel ou d’un ordre spécial ou la création ou la révision d’usages de la Chambre que si elles sont adoptées à l’unanimité par le Comité.
C'est l'élément que les libéraux ont refusé d'accepter. Ils n'ont jamais accepté d'honorer la tradition voulant que, lorsqu'on propose de modifier les règles régissant le fonctionnement de la Chambre, on cherche habituellement à obtenir l'approbation de tous les partis, parce que le Règlement ne s'applique pas qu'aux ministériels, il s'applique à tous les députés et nous devons tous le respecter. Nous méritons tous que le Règlement nous protège et c'est pourquoi le consentement unanime est préférable.
Les libéraux étant demeurés inflexibles sur ce point, qu'est-ce que l'opposition peut faire? Nous utilisons les outils qui sont à notre disposition. Nous déclenchons, pour ainsi dire, la sonnerie d'alarme incendie, et, encore aujourd'hui, les libéraux ne comprennent pas vraiment pourquoi nous avons recours à toutes ces motions dilatoires. Pourquoi demandons-nous qu'un député soit maintenant entendu? Pourquoi faisons-nous revenir les ministres pour un vote à des moments inopportuns? Parce que ce sont les seuls outils à notre disposition et qu'ils donnent des résultats, puisque nous avons forcé le gouvernement à céder, à demander une trêve. L'opposition a fait son travail. Tous les journaux nationaux ont fait paraître des articles sur cette affaire, sur cette tentative honteuse du gouvernement de modifier unilatéralement le Règlement.
De ce côté-ci de la Chambre, nous ne nous excuserons pas d'avoir utilisé le Règlement dont nous avons besoin pour nous protéger. Dès que le gouvernement a retiré sa motion, les motions dilatoires ont cessé. Quelle surprise.
Dans le document de travail qui a circulé, ce qui a causé tant de consternation de notre côté, c'est que les libéraux cherchaient à inscrire dans le Règlement la capacité de programmer l'étude des projets de loi pour ne pas qu'ils soient obligés d'avoir recours à l'attribution de temps. Ils voulaient restreindre la capacité de l'opposition de présenter des motions durant la période réservée aux affaires courantes. Ils voulaient mettre un frein à l'obstruction systématique dans les comités.
Quand le gouvernement est majoritaire, les députés du parti gouvernemental ont un immense pouvoir. Si seulement les nouveau députés libéraux pouvaient voir les choses comme nous les voyons de ce côté-ci de la Chambre, ils ne manqueraient pas de constater quel énorme pouvoir ils exercent dans cette enceinte et combien sont insuffisants les outils dont nous disposons. Aux yeux de ceux qui siègent de ce côté-ci de la Chambre, ces règles sont sacrées; ce sont elles qui nous permettent de faire entendre la voix de nos électeurs. Quand les libéraux prétendent détenir une espèce de légitimité les autorisant à procéder de la sorte, je me permets de rappeler aux députés de l'autre côté de la Chambre que l'opposition, tous partis confondus, représente collectivement 61 % des Canadiens. La majorité de la population n'a pas voté en faveur du Parti libéral. Nous avons donc le droit de nous faire entendre dans la Chambre et nous lutterons, le temps qu'il faut et avec l'acharnement qu'il faut, pour nous assurer de conserver ce droit.
Nous nous sommes lancés dans ce que j'aime appeler l'imbroglio de l'obstruction. Il s'est propagé jusque dans la Chambre des communes. En fin de compte, nous avons fait reculer le gouvernement, et je suis extrêmement fier du travail que nous avons accompli ensemble. J'ai toujours dit que la politique crée parfois de curieuses alliances. Chaque fois que nous réussissons à faire travailler ensemble les conservateurs et le NPD, c'est que l'enjeu est d'importance et appelle une lutte commune.
J’aimerais parler de la motion dont nous sommes saisis. Nous tentons d’arriver à des changements à la Chambre par consensus. La motion no 18 que nous avons aujourd’hui devant nous est une version extrêmement diluée. On n’y voit aucun changement important parce que, malheureusement, le gouvernement a détruit sa tentative d’arriver à des changements significatifs à cause de la façon maladroite dont il a abordé toute cette réforme. Par conséquent, voilà où nous en sommes, avec une version très diluée de changements dans la motion no 18.
Je crois que la a prétendu que sa lettre de mandat lui a conféré une sorte de mandat lui permettant d’effectuer des changements à la Chambre et à son fonctionnement. Les libéraux ont encouragé ce changement avec grande vigueur initialement, à partir de mars. Si seulement ils avaient eu la même vigueur pour leur promesse de réforme électorale. Je me souviens, et je crois que mes collègues s’en souviennent aussi, du nombre de fois que cette promesse a été formulée, tant à la Chambre qu’en public, que les élections de 2015 seraient les dernières à être tenues selon le système majoritaire uninominal à un tour. Cette promesse ne valait même pas le papier sur laquelle elle était écrite.
Jetons un coup d'oeil aux changements énumérés dans la motion no 18. Le gouvernement veut pouvoir, quand des projets de loi omnibus sont déposés à la Chambre, accorder au Président le pouvoir d' apporter des changements de sorte que nous pourrions avoir de multiples votes sur des domaines qui ne sont pas du tout reliés. Mon collègue de a proposé un amendement qui accorderait aussi au Président le pouvoir de diviser le projet de loi en plusieurs projets de loi, parce que si nous voulons réellement mettre fin à ces projets de loi omnibus, c’est ainsi qu’il faudrait procéder. La motion est ainsi rédigée qu'aucune attention n’est accordée à un projet de loi omnibus de 300, 400 ou 500 pages. C’est très beau de diviser le document en portions, de sorte que nous votions de façon individuelle, mais cela n’empêche pas le fait que, collectivement, il nous faut débattre d’un projet de loi géant dans les 10 minutes qui nous sont accordées.
Notre principale source de frustration à cet égard réside dans le fait que cela légitimerait effectivement le recours aux projets de loi omnibus. Le gouvernement pourrait simplement dire que, comme le Règlement a été changé, il peut simplement tout rassembler parce que nous pouvons voter séparément, oubliant comme par hasard le fait que notre débat sera quand même restreint à la même durée que si c’était un seul projet de loi.
La motion propose également d'inclure les secrétaires parlementaires dans les comités, ce qui va à l'encontre de ce que le gouvernement avait promis. J'ai la chance d'être vice-président du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Les deux secrétaires parlementaires de la ministre de la Justice sont des gens fort honorables, et j'aime travailler avec eux, mais il n'y a rien qui les empêche de participer aux travaux des comités. Or, que cela leur plaise ou non, les secrétaires parlementaires représentent l'exécutif. Les comités sont des parties constitutives importantes du pouvoir législatif, et je suis contre toute tentative de la part de l'exécutif d'exercer son influence sur un comité législatif. L'exécutif a déjà des pouvoirs assez vastes à la Chambre sans que l'on permette en plus aux secrétaires parlementaires d'être membres d'un comité. Ils ne pourraient pas voter, mais ils pourraient interroger les témoins, alors que c'est aux membres du pouvoir législatif de le faire. L'exécutif prend déjà beaucoup de notre temps à la Chambre. Les ministres peuvent comparaître devant un comité s'ils désirent fournir des explications. Ils peuvent faire un nombre illimité d'interventions lorsqu'ils présentent des projets de loi. L'exécutif exerce déjà un pouvoir énorme.
Enfin, la partie qui porte sur la prorogation. Regardons les choses en face: c'est un peu ridicule. Le fait de pouvoir, dans les 20 premiers jours d'une nouvelle session, déposer un énoncé précisant pourquoi un gouvernement a prorogé, qu'est-ce que cela donnera? Peu importe le parti au pouvoir, il pourra simplement inventer des explications et dire qu'il a prorogé pour telle ou telle raison. Il n'y aurait pas de débat sur le sujet. L'énoncé serait simplement déposé. Cela ne changerait pas le fait que la prorogation, qui est, je le sais, un droit protégé par la Constitution, s'est quand même produite. Ce ne serait pas un changement important si nous continuons dans la même voie, avec un simple document de travail déposé au Parlement.
Je vois que mon temps de parole tire à sa fin, mais je vais souligner que le grand Stanley Knowles a prononcé un discours à l'Empire Club en 1957. Il a déclaré que le Règlement est la seule chose qui protège l'opposition; la majorité a tant de pouvoir à sa disposition que l'opposition dépend du Règlement. J'espère que, maintenant, les députés libéraux comprennent pourquoi nous avons présenté une opposition si énergique. C'est tout ce que nous avons à la Chambre. Nous irons jusqu'au bout pour défendre le Règlement, et je suis fier du travail que nous avons accompli ensemble.
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Monsieur le Président, c'est à mon tour de prendre la parole au sujet de la motion n
o 18 du gouvernement. Personne ne sera surpris d'apprendre que nous allons voter contre cette motion, et ce, pour plusieurs raisons que j'aurai l'occasion de soulever au cours des prochaines minutes.
Pour entamer cette petite allocution de 10 minutes, je serai très clair. Je suis choyé d'être l'un des députés conservateurs qui auront l'occasion de s'exprimer sur une motion aussi importante que celle-ci, qui vise à changer les règlements de la Chambre des communes. Si je me considère chanceux, c'est parce que la motion no 18 a été déposée hier et que le débat se terminera dans quelques minutes, alors qu'il y a eu seulement deux heures de délibérations hier et que nous avons repris le débat à 11 h 30 ce matin.
Je n'ai pas une grande expérience de la Chambre des communes, puisque j'y suis seulement depuis depuis octobre 2015. Toutefois, j'ai eu l'occasion de discuter avec plusieurs de mes collègues qui sont ici depuis très longtemps, même si aucun d'entre eux n'est ici depuis la création de cette belle Chambre dont je suis fier de faire partie. De mémoire, jamais les règlements de la Chambre n'ont été changés par une motion qui a été déposée à la hâte à la fin d'une session parlementaire et qui divise les députés de la Chambre. D'après tous les commentaires que j'ai reçus, c'est une première. D'ailleurs, c'en est toute une, mais ce n'est pas du tout à l'honneur des libéraux d'en face. C'est une honte d'agir ainsi.
Depuis l'élection d'octobre 2015, ce gouvernement semble très peu coopératif en ce qui concerne les travaux de la Chambre. Il ne semble pas comprendre son rôle de gouvernement, et surtout, il ne semble pas du tout comprendre le rôle de l'opposition officielle, qui est de lui demander de justifier chacune de ses décisions.
Quand j'étais maire de Thetford Mines, je devais justifier chacune de mes décisions aux citoyens. Si une décision prise un lundi soir, lors de la séance du conseil municipal, ne faisait pas l'affaire des citoyens, dès le lendemain matin, au Tim Hortons, j'entendais déjà les réactions, parce que les gens étaient très rapidement au courant de ces informations. Alors, si par malheur, un lundi soir, au conseil, je n'étais pas préparé et que nous prenions ensemble une mauvaise décision, le lendemain matin, c'était nous, les conseillers et le maire, qui en assumions la responsabilité.
Si nous devenions meilleurs et que nous prenions de bonnes décisions le lundi soir, c'était parce que ce n'était pas tous les conseillers qui appuyaient les décisions du maire. Ceux-ci comprenaient tous que leur rôle consistait à soulever les lacunes des décisions qui n'étaient pas tout à fait bien ficelées. Alors, même si nous ne pouvions pas parler d'opposition au sens où nous l'entendons ici, à la Chambre, le fait que les conseillers municipaux contestaient nos décisions nous rendaient tous meilleurs. Le lendemain, au lieu d'être critiqués, nous étions plutôt encensés par les citoyens, parce que nous avions pris de bonnes décisions.
J'appréciais le fait que les conseillers n'étaient pas toujours d'accord avec moi. J'appréciais qu'ils approuvent certaines de nos décisions et qu'ils en remettent d'autres en doute. Cela nous dérangeait parfois, puisque nous n'étions pas toujours d'accord avec eux, mais en fin de compte, ces conseillers qui faisaient office d'opposition nous rendaient tous meilleurs.
C'est ce que le gouvernement libéral ne semble pas comprendre. Le rôle de l'opposition officielle est d'améliorer le fonctionnement de notre pays et les décisions prises par tous les gouvernements, quelle que soit leur couleur, en les soumettant à l'examen de l'opposition officielle et des autres partis de l'opposition. C'est ainsi que la Chambre doit fonctionner.
Qu'est-ce qui protège les députés de la Chambre afin qu'ils puissent jouer convenablement ce rôle? Il est certain qu'ils dérangent parfois le gouvernement lorsqu'ils lui posent des questions et le critiquent.
Parfois, on met le doigt sur des bobos et sur des petites choses qu'il n'a pas vus. Parfois, on n'est pas d'accord. Parfois, on empêche les libéraux de tenir leurs promesses parce qu'elles sont parfois irresponsables. Parfois, on aimerait qu'ils les tiennent, mais ils ne le font pas pour toutes sortes de raisons. Toutefois, c'est sûr qu'on les irrite parfois au plus haut point, parce qu'on ne pense pas comme eux. Or c'est notre rôle de faire cela.
Qu'est-ce qui nous tient, qu'est-ce qui fait en sorte qu'on peut jouer convenablement ce rôle au profit de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes? Ce n'est pas compliqué, ce sont les règlements de la Chambre. Sans ces règlements qui nous permettent de questionner, de mettre au défi les différentes décisions et les différentes prises de position du gouvernement, il va tranquillement, lentement, mais sûrement se transformer en une dictature, sans en porter le titre officiel. Pourquoi? Parce que le gouvernement pourra tout simplement faire tout ce qu'il veut, ne pas passer le test de l'opposition, prendre toutes les décisions, les bonnes comme les mauvaises, et les mauvaises décisions n'auront jamais l'occasion d'être mises en doute.
C'est pour cela que je passe ce message à mes collègues d'en face qui ne sont pas au gouvernement, mais qui sont présents ici et dans les comités. Ils étaient présents quand on a utilisé tous les recours et tous les outils à notre disposition pour faire passer notre message à l'effet que les règlements de la Chambre n'appartiennent au gouvernement. Ils appartiennent aux Canadiens et aux Canadiennes, parce que c'est leur sécurité, c'est leur protection par rapport à un gouvernement qui, un jour, serait trop arrogant, et qui serait tenté d'utiliser la totalité de ses pouvoirs pour faire passer ce qu'il veut sans tenir compte de l'opinion des Canadiens et des Canadiennes qui ne pensent pas comme lui. C'est cela notre rôle à la Chambre.
La motion no 18 témoigne un peu de cette arrogance. Je dois le dire, parce que c'est la première fois depuis octobre 2015 que je suis confronté à une motion aussi longue. Les caractères sont vraiment petits. Lorsque j'étais maire, je me souviens d'avoir eu des plaintes de mes citoyens à l'effet qu'on ne devrait jamais écrire si petit, car on voulait voir l'ensemble des choses. Les citoyens et les personnes âgées demandaient tout le temps s'il était possible de grossir les chiffres. Or quand on ne voulait pas que quelque chose soit lu, on faisait en sorte que les gens ne soient pas capables de le lire. C'est cela la motion no 18. On ne veut pas qu'on la lise parce qu'il y a trop de chiffres, trop de choses. Cela passe dans une motion, mais la motion est trop longue. C'est ainsi qu'on fait des choses du côté des libéraux. On essaie toujours de passer par la porte arrière ou la porte du côté pour tenter de faire des choses en espérant que l'opposition restera bien tranquille, assise de son côté et qu'elle ne dira pas un mot. Or j'annonce, et je suis persuadé que mes collègues de l'opposition partagent mon opinion, qu'on ne se laissera pas faire de cette manière. On n'est pas dupe des méthodes du gouvernement libéral.
Avant de voter sur cette motion, je veux rappeler que je suis très fier d'être député. C'est un privilège que nous avons d'être élus à la Chambre. J'aimerais sincèrement que le gouvernement, qui s'est fait élire sous de fausses promesses de voies ensoleillées, d'ouverture, de transparence, de faire les choses différemment, ne voulait pas dire, par sa volonté de faire les choses différemment, qu'il ferait les choses unilatéralement.
Malheureusement, depuis l'an dernier, depuis la motion no 6, depuis les fameux documents de discussion soumis à la Chambre par la , depuis les nombreux bâillons qui nous ont été imposés, depuis les processus de nominations partisanes auxquels nous avons été confrontés au cours des dernières semaines et des derniers mois, nous ressentons un manque de respect flagrant de la part de ce gouvernement envers le travail des députés de l'opposition.
La motion no 18 reflète bien sûr un pâle reste de toutes les dernières tentatives faites par le gouvernement pour tenter de modifier unilatéralement les règles de la Chambre. Il n'en demeure pas moins que même si le gouvernement a mis beaucoup d'eau dans son vin, le résultat restera le même. Le gouvernement se servira de sa majorité pour imposer des changements aux règlements de la Chambre, sans avoir obtenu un consensus qui a toujours été et qui aurait toujours dû être atteint quand il est question des règlements de la Chambre.
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Monsieur le Président, vous êtes le gardien de la discipline à la Chambre mais également de l'horloge. Je compte sur vous pour me faire signe au moment jugé opportun.
Si nous sommes réunis ici pour parler de cette motion, c'est justement pour nous assurer que les règles de procédure peuvent être changées, si besoin est, de façon consensuelle.
En effet, lorsqu'il est question de changements à nos institutions et particulièrement à notre façon de procéder à la Chambre, il est important que ce ne soit pas fait selon la couleur du mois politique, mais plutôt selon la couleur du Canada tout entier.
Nous, les 338 députés, que nous soyons libéraux, conservateurs, néo-démocrates, bloquistes ou verts, représentons l'ensemble des Canadiens, et s'il y a quel que changement que ce soit à faire, il faut que ce soit fait au profit de l'ensemble des Canadiens et au nom de l'ensemble des Canadiens.
En 2012 et 2013, à titre de député à l'Assemblée nationale, j'ai eu à travailler étroitement avec mes adversaires politiques qui étaient féroces, articulés et pugnaces. Or nous avons travaillé ensemble pour faire des modifications, jugées nécessaires à l'époque, au mode électoral. Dieu sait qu'aujourd'hui, ils s'en servent à bon escient.
Actuellement, nous sommes soumis à exactement la même chose, car lorsqu'on change le mode électoral ou les règles de procédure, on touche directement aux institutions démocratiques. De mon expérience passée à l'Assemblée nationale, j'en tire la conclusion suivante: on ne peut faire de changements sans consensus. Nous l'avons fait pour la question du financement des partis politiques au fédéral, pour la question des dépenses électorales au provincial et également quand est venu le temps de définir une date fixe pour les élections. Par conséquent, oui, nous sommes capables de le faire.
Comme je le disais tout à l'heure, j'avais face à moi des opposants vigoureux, que ce soit le député de Beauce-Sud de l'époque, M. Robert Dutil, ou le ministre péquiste de l'époque, M. Bernard Drainville, aujourd'hui commentateur à la radio. De mon côté, je travaillais pour la Coalition avenir Québec. Nous étions tous trois animés par la volonté de faire des changements, mais d'abord et avant tout animés par la volonté de le faire de façon consensuelle.
Je me souviendrai toujours des conversations que nous avions après les discussions, le manteau sur le bras, pour essayer de trouver ensemble un chemin pour faire ces changements de façon consensuelle. Nous avons trouvé ce chemin. Quand on est animés de bonne foi et qu'on veut faire des changements, on le fait de façon rigoureuse, respectueuse, et surtout avec la volonté de le faire de façon consensuelle.
Je trouve très loufoques, pour ne pas dire risibles ou grotesques, les propos des politiciens qui disaient tout à l'heure s'être fait élire grâce à cette promesse. Est-ce que je peux leur rappeler qu'ils se sont fait élire en promettant de petits déficits et en disant qu'on retournerait à l'équilibre budgétaire en 2019? Est-ce que je peux leur rappeler que la réalité aujourd'hui, c'est que ces déficits sont pharaoniques et que le , sans gêne aucune, a dit il y a trois jours qu'il ne savait même pas quand on reviendrait à l'équilibre budgétaire? Les libéraux nous font la leçon sur leurs engagements électoraux. Voyons donc, c'est d'un burlesque consommé!
Puisque nous sommes dans la discussion sur le mode électoral, ou en fait, sur les attitudes que nous devons avoir en tant que parlementaires, il ne faut pas oublier le fameux engagement répété mille fois plutôt qu'une, selon lequel 2015 serait la dernière année électorale avec ce système. Combien de fois avons-nous entendu nos amis du NPD répéter cela à satiété? Quelle a été la décision du premier ministre quand il s'est rendu compte que les sondages lui étaient favorables et que le système faisait son affaire? Il a dit que finalement, les Canadiens n'avaient pas trop envie d'un changement.
Les libéraux nous font la leçon aujourd'hui et disent qu'ils se sont fait élire en faisant cette promesse. Dans leur plateforme électorale, un article très précis dit que le premier ministre doit consacrer une journée pleine et entière à répondre à la période des questions. Ils l'ont essayé, se sont rendu compte que cela ne faisait pas leur affaire et ont décidé de faire cela plus tard ou quand cela va leur adonner. Je ne dirai pas que c'est hypocrite, car c'est un terme un peu brutal, mais quelle façon surprenante de juger la réalité des faits.
La réalité est forte simple: le a essayé de répondre aux 40 questions qui lui sont posées tous les jours à la période des questions. On a vu le résultat: ce n'est pas parce qu'on parle qu'on répond. À 18 reprises, tout le monde s'en souvient, nous avons posé une question fort simple au premier ministre et il n'a jamais été capable de répondre. Pas plus tard que la semaine dernière, à neuf reprises, nous avons posé des questions très précises au premier ministre concernant le fameux scandale Norsat, et il a été incapable de répondre directement aux questions.
Les libéraux veulent nous donner des leçons sur le parlementarisme. Qu'ils prennent leur gaz égal, comme on dit. Si jamais ils veulent mettre en avant des changements, qu'ils le fassent de façon consensuelle. Ce n'est pas en imposant une longue motion, en nous donnant quelques heures à peine pour en débattre ensemble que nous pouvons arriver à quelque chose. Il faut travailler ensemble avant, élaborer des choses et mettre de l'eau dans son vin. C'est ainsi qu'on aboutit à un succès appréciable. Ce n'est pas ce qui se passe actuellement.