a) reconnaisse les conséquences catastrophiques qu’aurait toute utilisation d’armes nucléaires, et reconnaisse que ces conséquences dépasseraient les frontières nationales et auraient de graves implications pour la survie humaine, l’environnement, le développement socioéconomique, l’économie mondiale, la sécurité alimentaire et la santé des générations futures;
b) réaffirme que tous les efforts doivent impérativement être mis en oeuvre pour veiller à ce que l’arme nucléaire ne soit jamais plus employée, peu importe les circonstances;
c) se rappelle que, en 2010, à l’issue d’un vote unanime, les deux Chambres avaient demandé que le Canada participe aux négociations pour une convention sur les armes nucléaires;
d) réitère son appui à la proposition en cinq points sur le désarmement nucléaire présentée en 2008 par le Secrétaire général des Nations Unies de l’époque;
e) déplore le vote du Canada contre l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant pour l’interdiction des armes nucléaires, ainsi que l’absence du Canada aux premières phases de négociation sur la question;
f) demande que le gouvernement appuie le projet de convention pour l’interdiction des armes nucléaires, publié le 22 mai 2017, et qu’il s’engage à participer, de bonne foi, aux prochaines réunions de la conférence des Nations Unies pour négocier l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant sur l’interdiction des armes nucléaires, en vue de leur élimination complète.
— Monsieur le Président, je veux mentionner que je partagerai mon temps avec ma collègue la députée d', qui a fait un travail extraordinaire dans ce dossier, je veux le souligner. C'est un honneur pour moi de partager avec elle le temps dont je dispose.
Je suis vraiment honorée de me lever à la Chambre, aujourd'hui, pour présenter cette motion et parler d'un enjeu qui est tout à fait d'actualité, le désarmement nucléaire.
Comme nous le rappelait le secrétaire général des Nations unies, les armes nucléaires représentent encore et toujours une menace grave pour l'humanité et pour notre planète. Il y a, en ce moment, à peu près 170 000 armes nucléaires dans le monde, et une seule de ces armes pourrait créer des dommages incroyables. Le problème ne s'en va pas: les États sont en train de moderniser leurs armements; le nouveau président américain veut accroître sa puissance nucléaire; et il y a des pays comme la Corée du Nord. C'est très préoccupant.
C'est probablement en raison de cette très vive préoccupation que, en 2010, la Chambre adoptait à l'unanimité une motion que je voudrais lire ici.
Que la Chambre des communes:
a) reconnaisse le risque que pose la prolifération des matières et de la technologie nucléaires pour la paix et la sécurité;
b) approuve la déclaration, signée par 500 membres, officiers et compagnons de l'Ordre du Canada, soulignant l'importance de s'attaquer au problème de la prolifération nucléaire dont l'intensité s'accroît, de suivre l'évolution du dossier du désarmement nucléaire et de tenir compte des possibilités dans ce domaine;
Je vais abréger un peu puisque j'ai peu de temps.
c) approuve les cinq initiatives sur le désarmement nucléaire proposées en 2008 par M. Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies [...]
d) appuie les initiatives récentes du président des États-Unis, M. Obama, sur le désarmement nucléaire;
e) [...] incite [le gouvernement du Canada] à mettre en oeuvre une importante initiative diplomatique canadienne à l'échelle mondiale en appui à la prévention de la prolifération nucléaire et à l'accroissement du taux de désarmement nucléaire.
Le Canada n'a pas mis sur pied cette importante initiative diplomatique. Cela dit, une importante initiative diplomatique aux Nations unies est maintenant en cours et le Canada s'oppose à cette motion, que de nombreux députés de l'autre côté ont appuyée et qui a été adoptée par consentement unanime. Non seulement le Canada n'a pas pris cette initiative et ne l'appuie pas, mais il se bat contre cette initiative, ce qui me semble tout à fait inacceptable.
J'aimerais bien savoir ce qui a changé, exactement, pour mes collègues de l'autre côté de la Chambre qui étaient là en 2010 et qui avaient appuyé cette motion. Serait-ce parce que le gouvernement américain, en ce moment, fait pression sur eux pour qu'ils ne participent pas à cet effort? Ce serait déplorable.
Je veux lire un autre document, qui dit ce qui suit:
ATTENDU QU'il y a au moins 17 000 armes nucléaires [je ne sais plus le chiffre que j'ai donné plus tôt] dans le monde, dont l'existence même menace la pérennité de la vie sur terre telle qu'on l'a connaît;
ATTENDU QUE les armes nucléaires sont les seules armes de destruction massive qui ne font pas l'objet d'une entente internationale d'interdiction;
ATTENDU QU'en tant que signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires [...] le Canada a une obligation au titre des traités internationaux « de poursuivre les négociations » pour l'élimination totale des armes nucléaires [...];
ATTENDU QUE la Cour internationale de Justice a décidé le 8 juillet 1996 i) que cet engagement [du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires] est une obligation légale en vertu des lois internationales et ii) qu'il est illégal d'utiliser des armes nucléaires ou même de menacer de les utiliser;
IL EST RÉSOLU QUE [je le donne en mille à la Chambre] le Parti libéral du Canada exhorte le gouvernement du Canada à:
se conformer davantage à ses obligations découlant des traités internationaux en vertu du Traité sur la non-prolifération, et à la décision rendue par la Cour internationale de Justice le 8 juillet 1996 et de jouer un rôle dynamique afin de parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires;
reproduire une conférence internationale, à la façon du processus d'Ottawa (qui a mené à l'interdiction des mines terrestres), afin d'entamer des négociations en vue d'une convention sur les armes nucléaires qui interdirait toutes les armes nucléaires, semblable à la Convention sur les armes biologiques [...] et la Convention sur les armes chimiques [...]
La motion que je viens de lire a été adoptée par le Parti libéral du Canada l'année dernière. Ainsi, des gens de l'autre côté de la salle non seulement tournent le dos à ce qu'ils avaient appuyé en 2010, mais ils tournent le dos à leur propre parti et à leurs propres militants. C'est plutôt inacceptable. Cela fait plusieurs fois que je soulève cette question à la Chambre et chaque fois, on me répond que le Canada travaille à une convention sur le matériel fissile.
Je n'ai rien contre le fait de travailler à une telle convention, mais je ne suis pas certaine que cela a quelque chose à voir avec ce dont je parle. C'est un peu comme si je disais que ce mois-ci, je vais respirer et qu'alors, je n'ai pas vraiment le temps de manger. On peut faire les deux. Qu'est-ce qui empêche de faire les deux?
Avant-hier, dans son discours sur la politique étrangère, la ministre nous parlait de l'importance des systèmes multilatéraux et des grands instruments internationaux. Nous avons là un processus multilatéral auquel participent plus de 130 pays, et on a un article dans un instrument international qui demande au Canada et aux autres pays de participer à ce genre de négociations. Le Canada a ratifié cet instrument, et il a donc le devoir de faire cela. Que fait le Canada? Il répond aux abonnés absents.
Tout au long de son discours, la ministre a mentionné toutes les grandes réalisations du Canada. Or c'est intéressant de voir qu'il y a un truc qu'elle n'a pas mentionné, soit la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, signée à Ottawa. Mme Setsuko Thurlow, une survivante d'Hiroshima, était ici hier et nous montrait des livres sur cette convention écrits en japonais. Cela a fait la notoriété du Canada.
Je ne sais pas pourquoi la ministre a refusé de mentionner la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, mais j'ai parfois l'impression qu'elle avait peur qu'on fasse des parallèles avec les négociations sur le désarmement nucléaire. En effet, la situation est assez semblable. Ce n'est pas facile, certains pays ne veulent pas participer, mais le leadership, c'est de prendre les devants. Même si certains pays n'ont pas voulu participer à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, cette dernière a créé un catalyseur, une pression morale et un mouvement. C'est une grande réussite pour le Canada.
Avec les négociations en cours, nous vivons vraiment un moment historique. Il n'y a pas de moment idéal pour une telle convention, mais si nous ne commençons pas, nous n'arriverons pas à la fin. Il y a un élan en ce moment et il faut saisir cette occasion. Dans le peu de temps qui me reste, je vais citer en anglais la lettre signée par 100 membres de l'Ordre du Canada, incluant des anciens ambassadeurs, un ancien ministre des Affaires étrangères et des anciens ambassadeurs au désarmement, qui demande au gouvernement du Canada:
[Traduction]
On peut y lire ceci:
Réclamer de toute urgence que l'on mette fin aux discours provocateurs et aux menaces de représailles concernant la Corée du Nord en faveur de la reprise des négociations sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne et du renouvellement d'un engagement soutenu à cet égard.
Exhorter les États-Unis et la Russie à réitérer publiquement et à concrétiser, comme convenu à la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010, « l'engagement sans équivoque qu’ils ont pris, en application du principe d’irréversibilité, de parvenir à l’élimination complète de leurs arsenaux nucléaires ».
[Français]
Je n'aurai malheureusement pas le temps...
:
Madame la Présidente, c'est moi qui suis honorée de partager mon temps de parole avec ma collègue et ancienne diplomate, la députée de .
Hier, comme le signalait ma collègue, nous avons eu l'honneur d'accueillir deux invités de prestige sur la Colline, deux personnes qui se battent sans relâche pour que le monde fasse quelque chose pour régler l'une ou l'autre des deux crises sur lesquelles le secrétaire général de l'ONU a attiré l'attention. Setsuka Thurlow, qui a survécu au bombardement de Hiroshima, est l'une d'elles. Mme Thurlow consacre sa vie à militer pour que plus jamais l'humanité ne revive pareille catastrophe.
Le Canada a déjà commencé à s'attaquer à la première des deux crises, les changements climatiques. On ne peut pas en dire autant de la seconde — la menace nucléaire —, même si les deux constituent une menace équivalente pour l'humanité, l'environnement et la vie.
Les pays tremblent juste à penser aux terribles conséquences humanitaires d'une attaque nucléaire. Cette menace, au même titre que les changements climatiques, transcende les frontières nationales. Outre les dangers immédiats pour l'environnement, l'économie mondiale, la sécurité alimentaire et la santé des générations à venir, elle pourrait carrément compromettre la survie de l'humanité.
Depuis que j'ai été élue pour la première fois, en 2008, je me suis jointe à un regroupement mondial d'élus et de personnalités de la société civile qui milite pour le désarmement nucléaire, les Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire. Il y a quelques mois, j'ai assisté aux négociations de l'ONU pour une convention sur le désarmement nucléaire. Cette convention, qui repose sur les principes et les règles du droit humanitaire, est considérée comme étant dans le droit fil des dispositions contraignantes du traité sur la non-prolifération.
Après s'être prononcé en faveur de la motion réclamant l'engagement du Canada dans les négociations, le pays continue non seulement à boycotter l'initiative mondiale, mais il fait partie des quelques nations qui ont voté, l'an dernier, contre le fait même d'entamer les négociations. Pourquoi est-ce troublant? Le Canada est signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Ce traité multilatéral oblige le pays, ainsi que les autres signataires, à négocier et à conclure une convention sur l'interdiction des essais nucléaires.
Comme l'a mentionné ma collègue, les armes nucléaires sont les seules armes de destruction massive qui ne font pas l'objet d'une interdiction. Le Canada a joué un rôle primordial dans les mesures mondiales visant à interdire les armes chimiques et biologiques et les mines antipersonnel, et pourtant, le gouvernement boycotte les mesures visant à interdire les armes nucléaires. Les libéraux ne partagent-ils pas l'inquiétude mondiale entourant le fait que les neuf États qui possèdent 15 000 armes nucléaires sont déterminés à moderniser leur arsenal ou à faciliter le déploiement de ces armes, et non à les démanteler? Ce qui est étonnant, c'est que le et le gouvernement déclarent au monde qu'ils sont de retour aux Nations unies et qu'ils sont déterminés à adopter une approche multilatérale pour résoudre les crises mondiales. Ils semblent trouver que l'approche est utile en ce qui a trait aux changements climatiques, alors, pourquoi ne l'est-elle pas pour la menace d'une guerre nucléaire?
En mars dernier, un grand nombre de nations se sont réunies au siège social des Nations unies, à New York, pour rédiger une convention sur l'interdiction des armes nucléaires. Je suis allée à New York pour assister en personne à ces négociations. D'après les interventions que j'ai entendues, notamment celles des délégués des Pays-Bas et de l'Irlande, j'ai constaté que la menace des armes nucléaires suscite de sérieuses préoccupations, mais que les pays sont déterminés à unir leurs efforts pour en réclamer l'interdiction. On prévoit que la version finale de la convention sera prête en juillet.
Au lendemain de la décision du gouvernement de boycotter cette rencontre, je me suis déplacée pour assister directement à ces discussions. J'ai été inspirée par le sens de l'engagement de ces nations à poursuivre un but commun, soit l'interdiction des armes nucléaires. La raison d'être des Nations unies, comme l'a souligné le secrétaire général Guterres, consiste à prévenir la guerre et la souffrance humaine. Un ouvrage signé par l'ancien ambassadeur au désarmement, Douglas Roche, nous rappelle que la Charte des Nations unies commence en précisant que le mandat de cette organisation consiste notamment à « prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix ».
L'ancien secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a publié une proposition en cinq volets pour le désarmement nucléaire qui demande entre autres la ratification et la mise en oeuvre du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Comme ma collègue l'a mentionné, en 2010, la Chambre a adopté à l'unanimité une motion présentée par le NPD demandant au gouvernement du Canada de s'engager dans ces négociations sur une convention mondiale et de mettre en branle une initiative diplomatique canadienne visant à prévenir la prolifération nucléaire. Comme ma collègue l'a également souligné, cette convention a reçu de nombreux appuis, notamment de l'Union interparlementaire, des centaines de titulaires de l'Ordre du Canada et de nombreux anciens diplomates canadiens.
Il importe de noter que le Parti libéral, lors de son récent congrès, a adopté une résolution pressant le gouvernement de convoquer une conférence pour entamer des négociations sur cette question. Je signale que les négociations sont déjà commencées, mais que le gouvernement brille par son absence. Quelle excuse le gouvernement a-t-il donnée pour refuser de participer à ces négociations? Les libéraux affirment être engagés dans des discussions sur une interdiction des matières fissiles et sur l'arrêt de la production de nouvelles matières fissiles susceptibles de servir à la fabrication d'armes nucléaires.
Or, contrairement au processus de négociation d'une convention de l'Assemblée générale, qui lui est transparent, ces pourparlers se déroulent à huis clos et exigent un consensus. Il est peu probable que les pays qui s'y opposent, comme le Pakistan, la Chine, la Russie, l'Iran, Israël et l'Égypte, accepteront. Ils ne l'ont d'ailleurs pas fait jusqu'ici. Qu'on arrive ou non à une entente interdisant toute nouvelle production, d'après ce qu'on me dit, ces pays détiennent déjà d'énormes quantités de matières fissiles.
Il n'est pas trop tard. Le Canada peut encore se joindre aux pays qui poursuivent cet objectif humanitaire. Les négociations vont reprendre ce mois-ci à New York. Nous demandons au gouvernement de penser aux enfants et à la planète et de joindre ses efforts à ceux des pays menacés par les armes nucléaires plutôt qu'à ceux des pays déterminés à conserver de telles armes et, éventuellement, à les utiliser.
:
Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de discuter de la position du gouvernement et des mesures qu'il a prises en matière de désarmement nucléaire. Il s'agit d'un enjeu d'importance vitale qui touche à la fois le Canada et le monde entier. Il survient à un moment critique pour les pays de la communauté internationale qui ont des points de vue divergents sur la voie à suivre.
Avant d'aller plus loin, je tiens à dire que j'ai eu le grand privilège de rencontrer Mme Setsuko Thurlow, une survivante d'Hiroshima et une merveilleuse citoyenne canadienne, qui a consacré sa vie entière à l'amélioration du monde et à l'élimination de l'armement nucléaire.
Je peux affirmer aux Canadiens que l'avancement tangible du désarmement nucléaire demeure une priorité pour le gouvernement. Le Canada appuie fortement les efforts concrets en ce sens. Voilà pourquoi nous prenons des mesures tangibles pour y parvenir et que nous faisons le travail nécessaire pour obtenir des résultats concrets et tangibles. Les députés remarqueront que j'ai utilisé trois fois le terme concret en deux phrases.
Nous reconnaissons pleinement qu'une explosion nucléaire, même accidentelle, peut avoir des conséquences catastrophiques sur la vie humaine, sur l'environnement, sur l'économie mondiale et même sur la santé des générations futures, des conséquences qui transcendent les frontières. Le désarmement nucléaire devrait être un objectif pour tous les pays et tous les gouvernements du monde. C'est certainement un objectif pour le Canada. C'est pourquoi le gouvernement est pleinement engagé à mettre en place des initiatives concrètes pour que le monde soit exempt d'armes nucléaires. Nous le devons à nos enfants et aux générations futures.
Rappelons-nous que le Canada a renoncé à sa capacité nucléaire, ce qui, essentiellement, fait de lui un modèle à suivre pour le reste du monde.
En 2016, pour la première fois, le Canada a rallié 159 états pour appuyer et adopter une résolution pour le traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles. Avec l'accord de nombreux pays possédant ou non des armes nucléaires, le Canada préside ce groupe de haut niveau, qui a pour but de contribuer au désarmement nucléaire, une contribution tangible.
Vu le travail considérable accompli dans voie du désarmement nucléaire, il est plus important que jamais de préciser le plus possible les approches pragmatiques à adopter à l'égard de cet enjeu international très complexe.Pendant les années 1980 et 1990, le monde a été témoin d'une réduction spectaculaire de près de près de 80 % du nombre d'armes nucléaires, celles appartenant principalement aux États-Unis et à l'ancienne Union soviétique. Un certain nombre de pays ont abandonné leur programme de développement nucléaire et se sont joints au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, dont le but est d'en arriver à un monde sans armes nucléaires. Ce traité est maintenant presque universel, seulement quatre pays n'y adhèrent pas.
Dans les années 1990, il y a aussi eu la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, le TICEN, qui interdit les essais d'armes nucléaires. Bien qu'il ne soit pas encore en vigueur, il est appliqué en partie. Il y a manifestement quelques exceptions. Partout dans le monde, des pays, y compris ceux qui n'ont pas ratifié le traité, ont déjà érigé 116 stations de surveillance permettant de détecter rapidement une détonation d'engin nucléaire n'importe où dans le monde. Même si le traité n'est pas encore en vigueur, dans les faits, il se traduit par une interdiction tacite. Un seul pays, depuis le début du siècle, la Corée du Nord, a osé défier cette interdiction et s'est mis à dos la communauté internationale.
Sur le plan de la sécurité internationale, le monde n'est malheureusement pas plus sûr. Les crises en Ukraine, en Syrie, en Irak, au Yémen — et je pourrais continuer longtemps — continuent de miner la stabilité régionale et mondiale. Des actes irresponsables et insensés commis par la Corée du Nord, au mépris des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et de ses propres obligations internationales, forcent la communauté mondiale à prendre des moyens pour contenir ses agissements et pour assurer la sécurité de ses populations. C'est la raison pour laquelle le Canada prend des mesures sérieuses qui donneront des résultats tangibles pour tous.
[Français]
Pour plusieurs, y compris le Canada, cet environnement incertain n'est pas propice à l'accélération du désarmement. Historiquement, les efforts de non-prolifération et de désarmement, ou la réduction d'armes, ont seulement eu lieu lorsque les acteurs principaux ont participé au dialogue. Ce fut vrai dans le cas de la négociation concernant les mines antipersonnel et les munitions à fragmentation, pour ne nommer que ces deux exemples.
Un progrès significatif requiert un bon dialogue et de la confiance entre les États impliqués dans ces négociations. Malheureusement, puisque ce n'est toujours pas le cas à ce jour, nos efforts doivent mettre l'accent sur les mesures qui visent à rebâtir cette confiance et permettent des voies qui mènent à un dialogue.
Pour d'autres, le contexte actuel justifie une approche plus radicale du désarmement global d'armes nucléaires, mais une telle approche a peu de chances de succès dans un futur rapproché. Je pense notamment à l'initiative visant à négocier une convention sur la prohibition d'armes nucléaires. Quoique nous appréciions évidemment les bonnes intentions de cette initiative, elle est malheureusement erronée. Quant à nous, nous trouvons les négociations actuelles prématurées et inefficaces, et elles risquent de créer des divisions et de compliquer la voie menant au désarmement nucléaire.
[Traduction]
Je m'explique.
Premièrement, nous croyons qu'il est trop tôt pour lancer les négociations, car, dans les circonstances actuelles, les pays qui possèdent des armes nucléaires estiment qu'elles sont essentielles à leur sécurité. C'est leur point de vue, et ce sont eux qui possèdent de telles armes. Il n'est pas réaliste de s'attendre à ce que des pays procèdent à un désarmement alors qu'ils doivent faire face à de véritables menaces, notamment de la part de pays comme la Corée du Nord qui menacent de faire proliférer les armes nucléaires. Ce n'est que lorsque ces pays auront la certitude de pouvoir être en sécurité sans recourir à la dissuasion nucléaire qu'ils seront prêts à réduire puis à éliminer leurs réserves d'armes nucléaires. C'est une approche à la fois pragmatique et réaliste.
Deuxièmement, nous croyons que le projet de convention serait inefficace. Sans la participation des États qui possèdent des armes nucléaires, il est certain que le processus ne permettra pas d'éliminer une seule arme nucléaire. Par conséquent, ces négociations ne mèneront à rien d'autre qu'une interdiction déclaratoire, puisque les États parties à cette convention sont déjà liés par une interdiction de posséder des armes nucléaires en raison de leurs obligations aux termes du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Autrement dit, toute interdiction supplémentaire ne s'appliquant qu'aux États parties à cette convention ne permettra pas de débarrasser le monde des armes nucléaires.
De plus, nous sommes préoccupés par le fait que le traité ne contient aucune disposition crédible en matière de surveillance et de vérification. Les pays auxquels on demande de ne plus compter sur les armes nucléaires voudront qu'on leur garantisse que d'autres pays ne soient pas en mesure de tricher. Nous avons déjà vu, dans un passé très récent, un pays tricher à maintes reprises. Malheureusement, il n'est pas question de mécanismes de vérification dans le cadre des discussions actuelles. Il reste en outre beaucoup de travail à accomplir sur le plan technique pour que le mécanisme de vérification du désarmement soit crédible et efficace. Le Canada participe activement, à l'heure actuelle à l'avancement d'une partie de ce travail.
Enfin, le traité proposé créera vraisemblablement des divisions. Sans mesures efficaces de désarmement ou de vérification, le traité stigmatisera les armes nucléaires, et on cherchera à en faire une norme du droit international coutumier, afin d'interdire leur utilisation. Pour éviter que cela ne se produise, les pays possédant des armes nucléaires deviendront des objecteurs persistants.
Nous exécrons tous les armes nucléaires et le recours à de telles armes. Cependant, si le traité crée des divisions, alors il faudra y réfléchir très sérieusement. À vrai dire, il crée déjà une dynamique d'affrontement. Plutôt que de permettre de trouver un terrain d'entente au sujet d'objectifs convenus mutuellement, comme cela s'est produit il y a 20 ans entre l'ancienne Union soviétique et les États-Unis, le processus ne fera qu'accentuer les différences entre les États dotés d'armes nucléaires et les États non dotés d'armes nucléaires, ce qui rendra encore plus difficiles les progrès vers le désarmement nucléaire, puisqu'il n'y aura pas de dialogue soutenu.
Il ne s'agit pas de nouvelles préoccupations. Le Canada a participé activement et de façon constructive au processus qui a mené à l'interdiction totale des essais que l'on connaît aujourd'hui. En effet, le Canada a participé à trois conférences sur les conséquences humaines des armes nucléaires et au Groupe de travail à composition non limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire des Nations unies. Tout le long du processus, le Canada a contribué au façonnement du dialogue et à l'élaboration de recommandations tenant compte des préoccupations de tous les pays sur la sécurité et correspondant à leurs objectifs de désarmement. Nous avons même organisé une courte séance à Genève, un forum-cadre et table ronde, pour faciliter les travaux du groupe de travail. Cela a donné d'excellents résultats. Malheureusement, malgré tous les efforts du Canada et d'autres pays, le groupe de travail n'a pas été capable de parvenir à un consensus sur son rapport final et a donc plutôt posé les bases pour la résolution des Nations unies présentée l'automne dernier autorisant les négociations actuelles.
C'est une histoire est longue et compliquée. Ce qu'il faut en retenir, c'est que les préoccupations soulevées par le Canada et beaucoup d'autres partenaires aux vues similaires n'ont pas été prises en compte dans les recommandations du rapport final du groupe de travail. C'est pourquoi nous ne pouvions pas appuyer la résolution de l'ONU autorisant les négociations. De plus, nous ne pouvons pas participer aux négociations de bonne foi, car nous sommes convaincus qu'elles ne feront que donner lieu à la publication d'un document déclaratoire axé sur les éléments importants des obligations collectives en matière de sécurité envers l'OTAN.
Malgré l'environnement sécuritaire problématique à l'échelle internationale, le Canada considère qu'à long terme les perspectives sont excellentes en ce qui a trait aux efforts de désarmement nucléaire effectif. Les négociations actuelles sur l'interdiction opposent les puissances nucléaires aux États ne possédant pas d'armes nucléaires, ce qui oblige les deux camps à se retrancher dans leurs positions respectives. Or, pour mener à bien le désarmement nucléaire, c'est l'inverse qu'il faut faire. Les acteurs du dossier doivent cheminer ensemble pour réaliser des progrès concrets dans la mesure du possible, plutôt que de laisser les groupes dériver de plus en plus loin l'un de l'autre. C'est l'approche du Canada et celles de nos alliés, parmi lesquels 41 États n'ont pas participé à la négociation du traité d'interdiction.
Quelle forme devraient prendre les mesures susceptibles d'engendrer des progrès réels et concrets? Contrairement aux partisans du traité d'interdiction, dont les députés d'en face font partie, le Canada et ses alliés sont d'avis que le seul moyen réaliste de procéder au désarmement nucléaire est d'adopter une approche tenant compte des points de vue et des intérêts en matière de sécurité de tous les États. Nous pensons que la démarche la plus efficace consiste à y aller étape par étape. Il faudrait universaliser le traité de non-prolifération nucléaire, faire pleinement respecter un traité global d'interdiction des essais nucléaires, négocier un traité d'interdiction de la production de matières fissiles et, en tout dernier lieu seulement, ratifier une convention d'interdiction des armes nucléaires qui soit crédible et qui puisse être appliquée. Nous devons agir de manière systématique, logique et progressive si nous voulons venir à bout de ce problème complexe et horriblement dangereux.
[Français]
En cohérence avec le vote unanime des deux Chambres du Parlement en 2010, ici au Canada, qui a encouragé le gouvernement du Canada à déployer une initiative diplomatique canadienne internationale pour appuyer le désarmement nucléaire, je suis fier de dire que c'est précisément ce que fait le Canada.
Comme l'a dit la il y quelques jours seulement, en décembre 2016, le Canada a rassemblé 159 pays, y compris ceux qui ont des armes nucléaires, et a passé une résolution à l'ONU demandant un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles. Interdire la production de matériaux fissiles qui fournissent les armes nucléaires de pouvoir explosif est presque universellement reconnu comme le prochain volet logique d'une approche à étapes.
Cette résolution établit pour la première fois un groupe préparatoire expert de haut niveau qui élaborera les éléments d'un traité éventuel. Ce groupe aura l'apport de vastes réunions consultatives informelles avec tous les États membres de l'ONU. Le Canada préside ce processus. C'est donc sous notre leadership que le succès du processus sera une étape significative vers le désarmement nucléaire. La grande majorité des pays possédant des armes nucléaires participent au groupe préparatoire, un élément critique à son succès.
[Traduction]
En plus de ce qu'il accomplit lui-même dans le dossier du désarmement nucléaire, le Canada appuie le travail qui est fait concernant les problèmes techniques à résoudre pour établir un régime crédible de désarmement nucléaire. Le Canada est membre notamment du partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire, qui vise à élaborer des mesures permettant de vérifier que le désarmement nucléaire s'effectue bel et bien, comme je l'ai indiqué précédemment.
Les systèmes et les méthodes de vérification jouent un rôle crucial pour gérer les risques et atténuer les dangers liés aux armes de destruction massive. Ils sont essentiels en particulier dans le cas des armes nucléaires, si l'on veut pouvoir obtenir l'assurance que toutes les parties se conforment à leurs obligations dans le cadre du régime. Les doutes et la méfiance peuvent bloquer les pourparlers sur la non-prolifération, le contrôle des armes et le désarmement, comme cela s'est déjà produit dans le passé. La transparence et la confiance qui découlent des vérifications indépendantes peuvent être un véritable facteur de motivation, comme c'est le cas avec les 116 stations de surveillance dont j'ai parlé tout à l'heure.
Étant donné que les compétences et les connaissances en matière de vérification du désarmement nucléaire sont limitées dans le monde, on comprendra les graves lacunes observées à ce chapitre. Soulignons cependant qu'un partenariat interrégional réunissant plus de deux douzaines de pays, dont les États-Unis, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni, la France et la République populaire de Chine, a été établi afin de développer conjointement des mesures précises pour relever les défis techniques liés à la surveillance du désarmement nucléaire et pour assurer que les engagements pris à cet égard sont mis en oeuvre tel que promis. C'est un progrès.
En plus de contribuer sur le plan de l'expertise technique et de la stratégie en matière de désarmement nucléaire, le Canada, par l'intermédiaire de son Programme de réduction des risques des armes de destruction massive, est à mettre la dernière touche à un projet visant à appuyer financièrement l'organisme Nuclear Threat Initiative, qui organise et anime diverses réunions. Nous aiderons ainsi le partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire à poursuivre son travail indispensable.
Nous soutenons également la Norvège dans son initiative de créer un groupe d'experts gouvernementaux spécialisés dans la vérification du désarmement nucléaire, qui constitue l'un des principaux obstacles au désarmement nucléaire. De telles interventions concertées et globales sont nécessaires pour accomplir de réels progrès.
En conclusion, je réaffirme l'engagement ferme et indéniable du Canada de dénucléariser la planète entière. Cependant, plutôt que de poser des gestes symboliques susceptibles de semer la discorde, le Canada choisit de s'en tenir aux actions concrètes qui jouissent d'un vaste appui et qui contribuent véritablement au désarmement nucléaire à l'échelle mondiale.
Le Canada et ses alliés sont en faveur d'initiatives concrètes qui exigeront évidemment du temps et des efforts, mais dont les résultats sont bien plus susceptibles d'être tangibles, durables et efficaces. Le leadership déterminé dont fait preuve le Canada à l'égard d'initiatives de désarmement nucléaire, notamment au sein de divers groupes spéciaux, et de questions techniques, comme la vérification, lui permettra d'obtenir des résultats qui serviront au mieux les intérêts de tous les pays.
Je le répète clairement encore une fois. Nous appuyons fortement les efforts concrets axés sur le désarmement nucléaire. Nous nous en réjouissons. Cependant, nous prenons d'importantes mesures pour atteindre cet objectif, ce qui implique un travail technique ardu afin de produire des résultats concrets et durables. Le travail que nous faisons actuellement favorisera le désarmement nucléaire partout dans le monde, et nous pouvons en être fiers.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
J'aimerais tout d'abord revenir dans le passé pour resituer les députés et les Canadiens de partout au pays qui nous écoutent depuis la sécurité de leur foyer dans le contexte d'un tournant de l'histoire, soit le le 6 août 1945 à 8 h 16 du matin. C'est à cet instant qu'une bombe atomique mesurant trois mètres de long, pesant à peine 4 000 kilos et contenant moins de 64 kilos d'uranium-235, qui avait été larguée suspendue à un parachute pour freiner sa descente, a explosé au-dessus d'Hiroshima, au Japon. Quelque 80 000 personnes sont mortes dans la déflagration, sous un champignon nucléaire de fumée et de flammes. Le copilote du bombardier B-29 américain, regardant en arrière, a dit aux autres membres de l'équipage: « Mon Dieu, qu'avons-nous fait? » Ce que les Américains ont fait lors de ce sombre jour, et trois jours plus tard, lorsqu'ils ont largué une bombe au plutonium encore plus puissante au-dessus de ville japonaise de Nagasaki, a mis un terme à la Seconde Guerre mondiale et a ainsi évité la mort d'encore plus de personnes, grâce à la reddition du Japon la semaine suivante.
Nous savons que, depuis 1945, même s'il s'en est fallu de peu à quelques reprises, les armes nucléaires n'ont plus jamais été utilisées lors de conflits. Dans les premières années de la guerre froide, nous avons vu émerger le concept de la destruction mutuelle assurée, une stratégie élaborée comme politique de défense pendant l'administration Kennedy. Essentiellement, la stratégie de destruction mutuelle assurée implique pour les États-Unis d'accumuler un énorme arsenal nucléaire qui, en cas d'attaque soviétique, leur aurait fourni une puissance de feu nucléaire suffisante pour survivre à une première vague de frappes nucléaires et riposter contre la Russie et ses partenaires du Pacte de Varsovie. La théorie de dissuasion nucléaire qui en a résulté, et qui est toujours en vigueur aujourd'hui, fait en sorte qu'il serait inconcevable pour l'une ou l'autre des parties de lancer une première frappe, car celle-ci entraînerait inévitablement aussi sa propre destruction.
Vers la fin de la Guerre froide, en 1987 pour être exact, Margaret Thatcher a déclaré:
Un monde sans armement nucléaire serait un rêve, mais on ne peut pas fonder une défense sûre sur des rêves. Sans beaucoup plus de confiance entre l'Est et l'Ouest qu'il n'y en a actuellement, un monde sans armement nucléaire serait moins stable et plus dangereux pour tous.
La première ministre Thatcher a ensuite repris les paroles de Winston Churchill qui, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, avait dit que le plus important était de demeurer prudents et qu'il ne fallait pas se départir des armes atomiques avant d'être absolument certains d'avoir en main un autre moyen de maintenir la paix.
Aujourd'hui, presque trois décennies après la fin de la guerre froide, en dépit du démantèlement volontaire de milliers d'armes nucléaires, il y a encore plus de 10 000 armes nucléaires diverses — bombes et ogives — sur la planète. Huit pays ont fait exploser des engins nucléaires: les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, l'Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël. Nous savons que l'Iran serait sur le point d'obtenir l'arme nucléaire. Cinq pays de l'OTAN participent au partage nucléaire: l'Allemagne, la Belgique, l'Italie, les Pays-Bas et la Turquie. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, ratifié par le Canada il y a plusieurs décennies, vise à laisser les pays profiter des avantages des applications pacifiques de la technologie nucléaire et à faciliter la liquidation de tous les stocks existants d'armes nucléaires et l'élimination des arsenaux nucléaires. Par contre, la Corée du Nord s'est retirée du traité, et Israël, l'Inde et le Pakistan ne l'ont jamais signé. Pour sa part, l'Iran était partie au traité il y a quelques décennies, mais, surprise, il a été reconnu qu'il ne le respectait pas et, aujourd'hui, il affiche ouvertement ses ambitions nucléaires sinistres.
Au cours de la dernière décennie, le gouvernement conservateur précédent a travaillé de façon multilatérale à améliorer la sécurité nucléaire internationale et à répondre à la menace du terrorisme nucléaire. Nous avons travaillé avec nos partenaires internationaux à empêcher que des personnes, des organisations ou des pays qui pourraient représenter une menace pour la sécurité nationale du Canada puissent faire l'acquisition de matières fissibles. Voilà qui nous amène à la motion du NPD à l'étude aujourd'hui. Les conservateurs ne sont pas contre le paragraphe a) de la motion; nous reconnaissons les conséquences catastrophiques qu’aurait l'utilisation d’armes nucléaires.
Parallèlement, nous, de l’opposition officielle, sommes d’accord avec les alliés démocratiques du Canada qui jouissent de la puissance de dissuasion vitale de l’arme nucléaire, soit les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et Israël, et avec ses partenaires de l’OTAN qui, à l'instar du Canada, la partagent sans posséder eux-mêmes d'ogives nucléaires, c'est-à-dire l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et les Pays-Bas. Ces pays sont tous opposés aux pourparlers sur l’éradication complète des armes nucléaires, qui n’ont absolument aucune chance d’aboutir.
La Russie et la Chine, qui ont toutes les deux l’arme nucléaire et qui sont toutes les deux membres permanents du Conseil de sécurité, avec le droit de veto qui va avec, ne font pas partie des démocraties qui s’opposent aux pourparlers, mais elles ne voient aucune raison d'y participer. Le ministre russe des Affaires étrangères a dit que les 120 pays qui participent aux pourparlers tentent d'obliger les puissances nucléaires à renoncer à leur arsenal et que ce n'est manifestement pas le moment de le faire. Alors qu’il était président, Obama a lui aussi refusé de participer aux pourparlers sur l’interdiction des armes nucléaires. C’est parce que le monde actuel est indéniablement beaucoup plus dangereux que pendant la guerre froide, à l’époque de la théorie de la destruction mutuelle assurée. Ce n’est pas parce que des centaines d’armes russes et américaines sont, comme on dit, en état d’alerte avancé, c’est-à-dire prêtes à être déployées dans les minutes qui suivraient un incident perçu comme une agression, mais bien à cause des armes nucléaires qui sont entre les mains d’un pays aussi belliqueux que la Corée du Nord, à cause des armes nucléaires qui sont sont encore en développement en Iran, qui ne cesse de menacer Israël d’une attaque nucléaire, et à cause des armes nucléaires qui sont toujours prêtes à être déployées entre le Pakistan et l’Inde, sans parler des matières fissibles récupérées à même des armements de l'époque soviétique auxquelles des organisations terroristes internationales auraient accès.
Même si nous, les conservateurs, partageons avec le NPD et les autres pacifistes du monde entier le rêve d’un monde débarrassé de l'arme nucléaire, même si nous reconnaissons que plusieurs éléments de la proposition en cinq points qu’a faite en 2008 le secrétaire général de l’ONU sont des objectifs qui méritent d’être poursuivis encore aujourd’hui — comme la signature d’un traité pour la création d’une zone dénucléarisée en Asie centrale et en Afrique, l'idée d'exiger une reddition de comptes et une transparence accrues de la part des États qui possèdent l’arme nucléaire en ce qui concerne l'ampleur de leur arsenal et de leurs stocks d’armements, et la poursuite de la lutte contre les autres armes de destruction massive — nous, l’opposition officielle, ne croyons pas qu’il soit le moindrement utile de participer à des discussions interminables et pleines de vœux pieux. Il y a des façons plus efficaces de renforcer la paix et la stabilité, d’assurer le respect des droits fondamentaux de la personne et d'ouvrir des perspectives aux pays en développement et aux États non démocratiques.
Nous saluons l’idéalisme dont témoigne la motion du NPD, mais nous ne pensons pas que l’incertitude qui règne actuellement dans le monde justifie la participation du Canada aux pourparlers de l’ONU en vue d'interdire les armes nucléaires.
:
Madame la Présidente, je prends la parole aujourd’hui pour appuyer mes collègues conservateurs, notamment notre porte-parole en matière d'affaires étrangères, le député de , qui a expliqué avec éloquence pourquoi cette motion est tout à fait irréaliste.
Je sais que les néo-démocrates ont une vue utopique du monde. Ils aimeraient bien qu’on vive tous en paix et qu’on s’entende tous bien. Malheureusement, il est fort peu probable qu’on en arrive là. Nous savons qu’il y a beaucoup de gens méchants de par le monde. Nous avons essayé de négocier pendant longtemps la réduction des armements nucléaires, mais leur interdiction complète, comme le réclame la conférence dont il est question dans la motion du NPD, est tout à fait irréalisable.
Le gouvernement conservateur a déployé beaucoup d’efforts au cours de ses 10 années au pouvoir pour réduire le nombre d’armes nucléaires que possèdent les gouvernements étrangers et d’autres acteurs internationaux. Il a contribué à lutter contre la prolifération non seulement des armes nucléaires, mais aussi des armes chimiques et biologiques, en raison de l’effet traumatique qu’elles ont sur la vie de personnes innocentes.
L’arsenal nucléaire est absent du Canada depuis 1984, et cela est attribuable aux actions menées par le premier ministre Brian Mulroney et le gouvernement conservateur de l’époque, afin d’empêcher que des armes nucléaires soient stockées en sol canadien. Depuis, les gouvernements les uns après les autres, conservateurs et libéraux, ont conclu des traités et des ententes internationales aux Nations unies et avec un certain nombre d’organisations, y compris l’OTAN, le G8, l’Agence internationale de l’énergie atomique, ainsi que la Conférence du désarmement, en vue de réduire le nombre d’armes nucléaires disponibles dans le monde.
Nous devons définitivement tenter de stopper la prolifération, mais nous n’y arrivons pas. Nous devons contribuer à la réduction. Cela a fonctionné pendant un certain temps entre la Russie et les États-Unis, mais nous assistons maintenant à un accroissement de l’arsenal nucléaire.
Évidemment, nous souhaitons tous l’élimination définitive de ces armes, mais ce n’est pas Shangri-La. Nous devons continuer de jouer un rôle de premier plan pour tenter de réduire la prolifération des armes nucléaires et pour empêcher que des États voyous et des organisations terroristes s’emparent de matières fissiles pour produire des ogives nucléaires. Toutefois, la réalité est que nous ne pouvons pas y arriver au moyen d’une interdiction complète. C’est pourquoi l’entente que le NPD demande au gouvernement d’appuyer n’est pas réaliste. Nos alliés de l’OTAN, les démocraties occidentales et les principaux pays des Nations unies qui possèdent un arsenal nucléaire ne participent pas à ces pourparlers. À quoi est-ce que cela rime, alors?
Je fais partie des Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire, une organisation qui représente plus de 800 parlementaires provenant de 80 pays, et j’en suis fier. Toutefois, les actions de l’organisation visant la non-prolifération ne semblent pas porter fruit.
Comme je l’ai mentionné, la menace est toujours présente. Non seulement la Corée du Nord continue de procéder à des essais de ses missiles balistiques avec ogives nucléaires, mais l’Iran souhaite toujours produire ses propres ogives nucléaires et, évidemment, les pointer sur l’État d’Israël, les États-Unis et d’autres alliés occidentaux. Nous savons que le régime iranien a la capacité d’accélérer sa production nucléaire, ses essais et sa mise au point de missiles balistiques à très court terme. La signature de l’accord iranien par le groupe P5+1, qui s’est accompagnée du dégel des avoirs du régime que détenait la communauté internationale, n’a pas privé l’Iran de sa capacité à produire des ogives nucléaires. Elle l’a simplement ralenti dans sa course, l’Iran ayant mis en veilleuse de 85 à 95 % de sa capacité de production, mais pouvant toutefois accélérer rapidement ses activités d’essai et de développement en vue d'avoir, au bout du compte, une arme nucléaire utilisable.
Je m’en voudrais en outre de passer sous silence ce qui se produit dans les organisations terroristes. Nous ne devrions pas nous limiter à la prolifération des ogives nucléaires, mais penser aussi à celle des missiles de croisière. Dans le conflit actuel au Yémen, les rebelles houthis combattent le gouvernement du Yémen, qui est soutenu par l’Arabie saoudite, et ils ont pris possession de missiles de croisière. On parle de missiles de croisière balistiques capables de transporter des ogives nucléaires. Ils ont lancé un missile de croisière contre un destroyer américain, non pas à une, mais à deux reprises, et la marine américaine a pu s’emparer du camion qui avait servi au lancement.
Les gens doivent se rendre compte que nous devons pouvoir assurer notre propre défense. Lorsque nos principaux partenaires, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et Israël, possèdent ce genre d’ogives nucléaires et ont la capacité de s’en servir, nous nous devons d’emboîter le pas. Comme l’a souligné le député de , d’autres membres de l’OTAN ont adopté la même position.
Nous devons aussi tenir compte de la menace que présente le président de la Russie, Vladimir Poutine. L’État russe poursuit ses démonstrations de sa force nucléaire. Poutine s’est vanté de posséder le plus grand nombre d’ogives nucléaires dans le monde. Il a aussi mentionné qu'il souhaite installer des ogives nucléaires dans des régions où il veut assurer la protection de la population russe. En 2016, il affirmait devoir raffermir son arsenal nucléaire stratégique en Crimée, ainsi que dans les États baltes, notamment dans l’oblast russe de Kaliningrad, une enclave au coeur de l’Estonie, de la Lituanie et de la Lettonie. Nous déployons nos troupes en Lettonie dans le cadre de notre mission de l’OTAN. Poutine a confirmé son intention de mener ces actions, après avoir consulté ses collègues et leur avoir dit que ce territoire était historiquement le leur, que des Russes y vivent, qu’ils sont en danger et qu’il ne peut pas les laisser dans cette situation. C’est à cette fin qu’il a l’intention d’installer des ogives nucléaires dans cette région.
Il s’agit là de l’une des preuves les plus évidentes de la nécessité pour nous d’adopter des mesures dissuasives, en ne nous limitant pas à déployer des troupes en Lettonie, à faire des patrouilles aériennes, et à faire en sorte qu’un plus grand nombre de membres de l’OTAN consacrent plus d’argent à la défense nationale et à notre sécurité collective. Cela signifie que certains membres de l’alliance de l’OTAN ont besoin de leurs propres armes nucléaires pour égaliser les forces.
Si les démocraties occidentales et les alliés de l’OTAN retiraient toutes leurs armes nucléaires, cela s’apparenterait à une reddition, ou comme l’a dit le député de , à se battre avec un couteau contre des gens armés de fusils. Nous devons en tout premier lieu avoir une puissance similaire, ainsi qu’une capacité de défense et de dissuasion. C’est à cela qu’ont servi les armes nucléaires pendant la guerre froide et au cours du passé récent.
L’administration Reagan avait réussi à réduire le nombre d’armes nucléaires. L’Ukraine, évidemment, a renoncé à toutes ses ogives nucléaires. Malheureusement, la Russie d’aujourd’hui, sous Vladimir Poutine et ses oligarques et kleptocrates, poursuit ses investissements dans le développement d’un plus grand arsenal nucléaire.
Comme il a déjà été dit, les puissances nucléaires telles que les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Corée du Sud, la Turquie, la Russie, la Chine et près de 40 autres pays boycottent les négociations en vue d'un tel traité car c'est une idée naïve et inaccessible, en particulier alors que la Corée du Nord continue de lancer à titre d'essai des missiles balistiques capables de transporter du matériel nucléaire.
La défense antimissile balistique a pris de la maturité. La technologie est excellente. Elle est efficace pour contrer un missile balistique lancé par la Corée du Nord, l'Iran ou un acteur non étatique. Toutefois, elle ne peut contrer un bombardement d'armes nucléaires par la Chine ou la Russie. À ceux qui croient qu'un bouclier protège l'Amérique du Nord de tout éventuel lancement d'arme nucléaire par la Russie ou la Chine, je suis désolé de dire que c'est impossible. L'arsenal des États-Unis et de nos alliés ne compte pas suffisamment d'intercepteurs pour abattre autant d'ogives. Cela devient une situation où il nous faut des mesures dissuasives et les pays alliés doivent présenter leur propre potentiel de menace en possédant ces ogives nucléaires.
Je termine en citant l'ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Nikki Haley, qui a dit ceci à propos des pourparlers:
L'interdiction des armes nucléaires nous réjouirait, mais, à l'heure actuelle, nous ne pouvons protéger nos populations si de mauvais acteurs en possèdent et que les bons, qui tentent de maintenir la paix et la sécurité, n'en ont pas.
C'est une question d'équilibre. Il faut continuer à maintenir cet équilibre pour réduire les risques.
:
Madame la Présidente, je suis très heureuse d'appuyer aujourd’hui la motion de l’opposition néo-démocrate et de souligner que le Canada perd des occasions cruciales en n’assumant pas le rôle qu’il devrait jouer. Je songe ici au rôle auquel le a fait allusion quand il affirmait « le Canada est de retour ».
Si le Canada s’attache aux principes des droits de la personne et de la sécurité des personnes - que cse soit en matière de développement, d’armement et de désarmement nucléaire, de protection de l’environnement ou de défense des droits de la personne -, il n’a jamais cherché à imposer une solution. Voilà le cœur même de notre argument. Nous n’apporterons pas de solutions en adoptant la ligne dure. Nous devons faire preuve de créativité et de transparence pour établir des compromis entre les positions conflictuelles afin de trouver des solutions collectives. Cette façon d’agir est cruciale dans la communauté internationale. Les élus occupant les plus hauts postes du pays sont responsables d’assumer ce rôle. Ils sont assez bien payés pour le faire, n’est ce pas?
Le brassage d'idées renforce la possibilité de créer ensemble ce que l’on appelle une puissance intermédiaire. Il serait important d’examiner de plus près l'intérêt que présente le pouvoir de convaincre par opposition au pouvoir de contraindre. On l’oublie avec le temps parce qu’en général, les gens préfèrent user de la force.
Je vais consacrer le reste de mon temps de parole aux moyens de réagir humainement et non mécaniquement aux instruments d'assassinat collectif. En effet, c’est ainsi que se définissent les armes nucléaires.
Les questions des armes nucléaires et des droits de la personne ont déclenché un débat sur les valeurs. J’ai entendu des intervenants en parler aujourd’hui. Malheureusement, ils en ont fait un débat très simpliste opposant la force aux droits. Un député a même suggéré qu'on ne peut pas s'armer d’un couteau pour se battre contre des fusils. Voilà qui indique que je dois parler plus longuement du fond même de cette question et de l’importance de respecter les obligations des traités et de participer activement au lieu de se contenter d’observer. C’est ainsi que nous jouerons un rôle crucial dans l’avenir. Il est inquiétant d’entendre dire que nous ne voulons pas prêter une oreille attentive et converser avec diplomatie au sein de ce club exclusif que nous voyons émerger. Je suis préoccupé quand j'entends dire qu'une telle approche est trop exigeante et qu'il faut l'écarter. Ces propos seraient comiques s’ils ne nous menaient pas à la catastrophe la plus terrible. Il faut que nous pensions aux conséquences réelles des armes nucléaires.
La société civile a déjà entrepris ce débat sur les valeurs que nous tenons actuellement, et elle le poursuit avec détermination. Il est possible d’insister de manière énergique pour que les droits de la personne soient une priorité. Comment pouvons-nous concilier nos valeurs morales et spirituelles à l'égard des droits de la personne tout en sachant que notre décision de respecter les obligations du traité repose sur les conséquences horribles que causent ces armes? Nous devons pour cela participer activement aux discussions.
Il faut se rappeler de temps à autre les conséquences des armes nucléaires. Tout à l’heure, un collègue a traité les membres du NPD d’idéalistes en ajoutant qu’on ne s’arme pas d’un couteau pour se battre contre des fusils. Ces propos sont affolants.
Il est clair qu’on ne comprend rien à la question. Prétendre que nous ne devrions pas nous donner le mal de participer à des négociations concernant des traités internationaux parce qu'il s'agit d'une chimère, comme un député l’a dit, c’est être naïf. C’est même impensable.
J’enchaîne avec un autre aspect de mon discours, et à ce moment ci, il convient que je souligne de nouveau que je partagerai mon temps avec le député de .
Dire que cet enjeu, c’est comme s’amener avec un couteau à un combat à l’arme à feu, c’est dire qu’on a besoin, ici, de comprendre objectivement la destruction nucléaire, la famine nucléaire, l’hiver nucléaire et l’hécatombe nucléaire. À moins que les armes nucléaires ne soient abolies, telles sont les réalités dont nous parlons.
Plutôt que d’user de finesse, plutôt que de développer nos relations et de construire des ponts, plutôt que de recourir à la diplomatie et de rechercher le consensus, plutôt que de comprendre et d’utiliser notre pouvoir discret — et ce n’est pas le talent qui manque en fait de pouvoir ici à la Chambre, si bien que nous nous savons capables de l’utiliser —, dire, à la place de tout cela, que nous ne participerons pas aux discussions parce que quelqu’un d’autre a l’arme nucléaire, c’est d’une logique tellement fausse qu’elle est totalement déplorable pour l’humanité.
C’est Carl Sagan qui a créé le terme « hiver nucléaire » il y a des décennies. C’était à l’époque où l’on commençait à donner des descriptions crues de la dévastation et de la destruction provoquées par l’arme nucléaire. Nous devons remercier des défenseurs remarquables et exemplaires comme Setsuko Thurlow, une survivante d’Hiroshima, qui était ici hier. On parle de vagues incroyables de chaleur, de personnes qui tombent comme des mouches, et d’autres qui se tordent comme des vers encore vivants. Ce sont des descriptions réelles. Je paraphrase le discours de personnes qui ont témoigné de la destruction nucléaire.
Mais nombreux sont ceux qui ne comprennent pas que le terme « famine nucléaire » décrit les conséquences d’une explosion nucléaire, parce que ce n’est pas à ce moment précis qu'elle se produit. La famine nucléaire, c’est la faim qui s’ensuivrait d’une explosion nucléaire. Même une guerre nucléaire localisée, par exemple, ferait des millions de morts et provoquerait des tempêtes de feu, avec un rejet de suie dans la troposphère, une chute des températures et une baisse considérable de la production alimentaire.
Là, nous aurions une famine. Nous aurions des migrations de masse, des conflits civils et la guerre, à cause non seulement de la destruction des ressources, mais encore du pillage des ressources qui resteraient.
Une guerre nucléaire provoquerait aussi un trou dans la couche d'ozone. La suie s'échappant des villes en flammes causerait des dommages graves à la couche d'ozone qui protège la Terre. À la suite d'une grande perte d'ozone stratosphérique, le rayonnement ultraviolet s'accroîtrait, ce qui aurait des conséquences graves, comme des cancers de la peau, des dommages causés aux récoltes et la destruction du phytoplancton marin. Les effets se feraient sentir pendant des années.
Ce que je tiens à dire, c'est qu'on n'a parlé qu'en termes très détachés des retombées d'une destruction nucléaire. Il est temps de replacer les choses dans un contexte humain, à défaut de quoi nous n'aurons jamais de débat constructif dans cette enceinte sur la forme que devrait prendre notre rôle dans le cadre d'un traité, au lieu de nous en laver les mains en disant que, comme nous n'avons pas l'arme nucléaire, cet enjeu ne nous regarde pas. Pour moi, la situation se résume à cela.
Soyons conscients de cette réalité afin que, dorénavant, nous puissions discuter du but que devrait chercher à atteindre la puissance douce du Canada, de la façon de mettre à contribution nos talents de diplomates, de la façon dont nous pourrions...
:
Madame la Présidente, je suis très heureux de me lever à la Chambre pour parler d'un sujet crucial, soit le désarmement nucléaire et la question nucléaire en général. C'est un sujet très important pour tous les députés, peu importe comment ils se sont exprimés sur la question. Il semble y avoir un consensus pour un monde sans armes nucléaires. Par contre, la façon d'y arriver semble différente d'un député à l'autre, que ce soit les conservateurs ou les libéraux.
Il s'agit ici d'un bel exemple d'un travail constructif qu'on peut faire à la Chambre en tant que députés. J'ai d'ailleurs été élu pour faire du travail constructif.
Je suis heureux de participer à ce débat et d'appuyer la motion de ma collègue de. La députée d' et ma collègue ont fait un travail de longue haleine pour en arriver au dépôt de cette motion aujourd'hui. Je veux les remercier, parce qu'il s'agit ici d'un exemple concret d'un travail constructif de l'opposition qui propose plutôt que de toujours s'opposer. Nous avons donc un exemple du bon travail du NPD qui avance des idées et qui propose des choses concrètes, et dans ce cas-ci sur la question nucléaire.
À mon avis, c'est un des enjeux les plus importants pour l'humanité. Il est question de la survie de notre espèce et de celle de toutes les espèces sur Terre tout simplement. C'est pour moi un sujet sensible au regard des nombreuses victimes de l'arme nucléaire qu'il y a déjà eues dans le monde dans les années antérieures et pas si lointaines que cela d'ailleurs. Une victime aurait été trop, mais des dizaines de milliers de personnes ont été touchées et continuent de l'être. Les conséquences négatives sont ressenties, pas seulement au moment où une telle arme est utilisée, mais pour des années et des générations par la suite.
Pour moi, c'est insensé de savoir que des États et des gouvernements continuent de financer l'arme nucléaire et de vouloir la développer, en plus de défendre l'idée qu'on doit en avoir de plus en plus, parce que c'est une question de défense et qu'on doit répondre à l'arme nucléaire par l'arme nucléaire. Avoir plus d'armes nucléaires n'est pas vraiment la direction dans laquelle on souhaiterait se diriger.
À l'heure actuelle, nous constatons que le discours encourage la prolifération des armes nucléaires ou presque. Les gens disent vouloir se protéger en produisant l'arme nucléaire, de peur que quelqu'un l'utilise contre eux. Je vois là un non-sens. Continuer d'aller dans cette direction est beaucoup trop dangereux. Je ne suis pas expert dans le domaine, mais je présume que les États qui possèdent ces armes les protègent de la bonne façon.
Il y a quand même un danger que ces armes soient entre de mauvaises mains. Ces personnes pourraient décider de s'en servir très bientôt. Savoir que ces armes pourraient se retrouver dans les mains de personnes hautement malintentionnées est une inquiétude majeure pour notre pays, pour le monde entier et pour moi.
De toute évidence, il n'y a pas d'autre choix que d'être malintentionnés pour utiliser l'arme nucléaire. Il n'y a pas de bonnes intentions qui pourraient nécessiter l'utilisation d'une telle arme, mais certaines personnes pourraient le faire. C'est certainement un danger pour l'humanité que ces armes se retrouvent entre de mauvaises mains. Le danger est bien réel, parce qu'on voit que d'autres genres d'armes se sont retrouvées dans les mains de groupes terroristes. C'est donc très inquiétant de savoir que des armes nucléaires pourraient elles aussi se retrouver dans de mauvaises mains.
Par ailleurs, je suis très surpris, aujourd'hui, de voir les libéraux utiliser le même argument que celui que les conservateurs utilisaient par rapport aux accords internationaux de lutte contre les changements climatiques. Selon eux, si des grandes puissances comme la Chine et les États-Unis ne se joignent pas à ces traités, ceux-ci sont inutiles et ne valent à peu près rien. C'était l'argument des conservateurs concernant les changements climatiques. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous nous sommes retirés du Protocole de Kyoto. On disait que cet accord n'aurait aucun effet sans la présence des gros joueurs.
Aujourd'hui, les libéraux ont le même argument. Ils disent que ce sont des gens qui aiment bien s'asseoir à la table pour parler de sujets importants et rêver, mais que finalement, cela ne change rien. Si on avait eu la même attitude par rapport aux changements climatiques, on n'aurait jamais eu un accord comme le Protocole de Kyoto, et encore moins l'Accord de Paris.
Ce n'est pas en disant tout le temps qu'on va attendre que les autres commencent le travail avant d'y prendre part qu'on va faire avancer les choses. C'est une attitude complètement décevante de la part des libéraux. Ils attendent que les autres fassent le travail et que les plus grands joueurs se joignent à la table, et entre-temps, ils laissent le vrai pouvoir dans les mains des autres puissances.
En tant que pays, nous pouvons faire un travail constructif sur le plan des négociations. C'est pourquoi nous proposons de ramener le Canada à la table pour faire un travail constructif qui aboutira finalement à quelque chose. C'est ce que nous avons fait par rapport aux changements climatiques, et nous sommes tous heureux que cela ait fonctionné et que cela ait mené à l'Accord de Paris.
Nous devons avoir la même vision et travailler ensemble comme nous l'avons fait par rapport aux changements climatiques. Nous avions réussi à réunir presque toutes les puissances autour de la table, et cela avait tout de même donné des résultats.
Par ailleurs, je voudrais souligner qu'il y a d'autres types de traités, comme celui sur les armes chimiques. Les conservateurs et les libéraux semblent dire qu'un accord sur le désarmement nucléaire ne fonctionnerait jamais, alors que le traité sur les armes chimiques démontre qu'on a réussi à faire un travail assez efficace. On peut donc s'inspirer du travail qui a été fait dans ce forum de négociation pour bannir l'utilisation des armes chimiques et punir ceux qui les utilisent.
Je propose humblement à la Chambre de se pencher sur cette question et de s'inspirer de ce qui a été fait dans ce dossier. Nous avons réussi à réunir les grandes puissances autour de la table et celles-ci ont accepté de bannir les armes chimiques. C'est certainement quelque chose dont les députés pourraient s'inspirer.
La a dit que le Canada voulait s'engager de nouveau dans les forums multilatéraux et internationaux, qu'elle a presque tous nommés, et aller à contre-courant des conservateurs, qui entretenaient surtout des relations bilatérales. Eh bien, aujourd'hui, elle a justement l'occasion de s'engager dans des négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire.
On nous dit maintenant que ce n'est pas nécessaire et que cela ne fonctionnera pas, alors qu'il y a deux jours, la ministre nous annonçait qu'elle voulait s'engager de nouveau dans les forums multilatéraux. Il y a donc une contradiction. J'espère que les libéraux prendront acte de ce réengagement de la ministre et qu'ils appuieront cette motion, qui vise à s'engager dans des négociations.
Je serai heureux de répondre aux questions de mes collègues.
:
Monsieur le Président, en 1962, le monde a été pendant 13 jours au bord du précipice. J’étais très jeune à l’époque. Je ne savais pas ce qui se passait. Comme beaucoup d’enfants, je n’ai donc pas vécu l’angoisse qui a sans aucun doute étreint des personnes plus au fait de la situation, les parents et autres adultes. Heureusement, une terrible apocalypse a été évitée, mais les tensions autour des armes nucléaires ont persisté tout au long de la guerre froide. Dans les années 1980, par exemple, les enfants, et je crois ma propre épouse, qui était alors élève au secondaire, ont protesté contre les armes nucléaires. Des films comme
Le Jour d’après ont marqué tous les esprits.
Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une situation très différente, mais il y a des tensions nucléaires avec des États voyous comme l’Iran et la Corée du Nord. Par conséquent, l’objectif permanent, si nous voulons garder la paix mondiale à l’esprit, est l’élimination des armes nucléaires. Cependant, il s’agit d’une tâche titanesque qui semble irréalisable à beaucoup. C’est une tâche titanesque parce qu’il se trouve que les puissances nucléaires sont également les membres permanents du Conseil de sécurité, par exemple. Quand nous pensons aux États-Unis, à la Russie, à la Grande-Bretagne, à la France et à la Chine, ces États sont tous des puissances nucléaires et ce sont les membres permanents de l’instance décisionnelle internationale.
Le défi, aussi titanesque soit-il à court terme, ne décourage pas les militants et les promoteurs du désarmement, comme Judith Quinn, citoyenne de ma circonscription, Judith Berlyn, autre Montréalaise, ou la regrettée Joan Hadrill, autre citoyenne de ma circonscription. Il y a bien des années, elle a créé une toute petite organisation appelée WIND, pour West Islanders for Nuclear Disarmament. Joan Hadrill avait pour maxime favorite ce que disait l’anthropologue Margaret Mead: « Ne doutez jamais qu’un petit groupe de [...] citoyens motivés puissent changer le monde; en fait, c'est le seul moyen de le changer. » Joan Hadrill avait fait imprimer cette phrase sur sa carte de visite.
Il y a quelques jours, la a prononcé devant nous un discours de politique étrangère visionnaire. Elle a souligné l’importance du droit international dans le maintien d’un ordre international stable et pacifique. Elle a également déclaré qu’en tant que puissance moyenne, le Canada n’exerce pas tant son influence sur le plan économique ou militaire qu’en s’attachant à faire adopter et appliquer des instruments juridiques qui confèrent aux petites puissances un même degré de protection qu’aux grandes puissances, voire qu’aux superpuissances.
Or, il n’est pas de domaine où il soit plus crucial de faire adopter des instruments juridiques internationaux que dans le domaine du contrôle des armes nucléaires. En tant que puissance moyenne, attachée à l’aide humanitaire et connue pour ses actions positives, le Canada est bien placé pour être une voix morale et un avocat utile pour un monde sans armes nucléaires et pour œuvrer à la réalisation de cet objectif par des ententes juridiques internationales. N’oublions pas le rôle que nous avons joué dans l’adoption du traité sur les mines antipersonnel. Il est également vrai qu’en tant que puissance moyenne ambitieuse mais respectueuse des principes, nous pouvons contribuer à la réalisation d’objectifs internationaux importants, y compris en ce qui concerne la paix et la sécurité. Nous le pouvons si nous agissons judicieusement et stratégiquement, entre autres pour rester crédibles auprès des acteurs que nous souhaitons influencer à une noble fin. En fait, c’est ainsi que nous agissons sur le front des armes nucléaires.
Nous agissons concrètement pour faire progresser le désarmement. En 2016, le Canada a convaincu 159 États d’appuyer et d’adopter une résolution demandant la création d’un groupe préparatoire d’experts sur le traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles, ce qui est une étape essentielle vers un traité d’interdiction.
Nous avons également obtenu l’appui de 166 États à l’adoption d’une résolution créant un groupe d’experts gouvernementaux chargé d’une analyse approfondie des aspects du traité. Il s’agit d’un travail préparatoire important. Nous avons aussi appuyé l’initiative de la Norvège de créer un groupe d’experts gouvernementaux chargé de la question de la vérification du désarmement nucléaire. La vérification, comme nous le savons tous, est un des obstacles les plus difficiles au désarmement. Toutes ces choses que nous avons faites dans la sphère internationale pour essayer d’éliminer les armes nucléaires à long terme sont des étapes cruciales. Ce sont les bases. Nous pourrions dire que le Canada aide à concevoir et à construire le fondement d’un traité d’interdiction des armes nucléaires.
Il y a un certain nombre d’avantages à un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles. J’en lirai rapidement quatre. Premièrement, limiter la quantité de matières fissiles disponibles utilisables dans des programmes d’armes nucléaires nouveaux ou existants aiderait beaucoup à lutter contre la prolifération horizontale, c’est à dire la prolifération de la technologie des armes nucléaires entre les pays, et contre la prolifération verticale, c’est à dire le développement d’une technologie des armes nucléaires existante dans un pays déjà doté de l’arme nucléaire.
Le deuxième avantage d’un tel traité sera de limiter la quantité de matières fissiles disponibles, afin de réduire le risque que des groupes terroristes ou d’autres acteurs non étatiques puissent acquérir de ces matières et, par là même, renforcer la sécurité nucléaire mondiale et empêcher le terrorisme nucléaire. Troisièmement, le traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles faciliterait aussi le désarmement nucléaire en permettant plus de transparence en ce qui concerne les stocks de matières fissiles des États dotés d’armes nucléaires. Pour conclure un accord de désarmement nucléaire multilatéral dans l'avenir il faudra avoir, en ce qui concerne les matières fissiles, un point de référence par rapport auquel mesurer les efforts de désarmement nucléaire. En établissant ce point de référence nécessaire, le traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles servirait de fondement essentiel à de futurs accords de désarmement nucléaire multilatéraux.
Enfin, le traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles encouragerait la non-discrimination dans la non-prolifération et le désarmement. En particulier, et c’est très important, une interdiction de la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires pourrait s’appliquer tout autant aux cinq puissances nucléaires signataires du Traité de non-prolifération ou TNP, aux 185 États non dotés d'armes nucléaires également signataires du TNP et aux quatre États qui restent en dehors du cadre de ce traité. Voilà les avantages concrets et tangibles d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles.
Si nous souhaitons rester influents sur la scène internationale, nous devons collaborer avec nos alliés et avec des membres du Conseil de sécurité tels que le Royaume-Uni et la France qui, pour le moment, ne participent pas aux négociations actuelles en vue d’une interdiction des armes nucléaires. Le Canada pourrait peut-être amener peu à peu ces États dans cette direction. Pourrions nous en faire davantage? Le a déclaré à plusieurs reprises qu’il est toujours possible de faire mieux. J’encourage les Canadiens comme Judith Quinn et Judith Berlyn, inspirées à n’en pas douter par l’exemple de la regrettée Joan Hadrill, à continuer d’inciter le gouvernement à s'employer à conclure une convention sur l'interdiction des armes nucléaires.
En fin de compte, dans une démocratie, comme le dit la maxime de Margaret Mead, seules une attention et des pressions persistantes du public à l'égard d'une question, quelle qu’elle soit, peuvent faire avancer les choses. Il est important que les Canadiens préoccupés et engagés continuent d’attirer l’attention du public sur la nécessité de faire avancer le désarmement nucléaire et de rappeler au gouvernement qu'il doit s'employer à atteindre cet objectif vital. Nous devons faire en sorte qu’on continue de parler de cette question dans les journaux et dans toutes les collectivités du pays. Je ne crois pas qu’il soit exagéré de dire que le débat sur le désarmement nucléaire n’est malheureusement pas ce qui préoccupe le plus les médias actuellement. Néanmoins, cela ne devrait pas empêcher les Canadiens, surtout ceux qui sont engagés, de participer aux efforts assidus déployés pour que la question reste au cœur de l’actualité.
Parallèlement, le gouvernement doit adopter au sein des institutions internationales une stratégie réaliste, concrète, ciblée et progressive afin de créer les éléments de base et le fondement nécessaires, si nous voulons parvenir, à la longue, à un traité d’interdiction des armes nucléaires.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
J’aimerais dédier mes remarques d'aujourd’hui au regretté John Bury et à son épouse, Betsy Bury, tous deux de ma circonscription, qui ont oeuvré pour la paix au cours des 60 dernières années. Leurs efforts, un engagement de toute une vie à l’égard de la paix et particulièrement du désarmement nucléaire, ont été reconnus et honorés dans notre ville quand le couple a reçu le Prix de la paix Joanna Miller de 2014.
Le Prix de la paix Joanna Miller a été établi à Saskatoon en 2013 en l’honneur de la regrettée Joanna Miller en reconnaissance des années qu’elle a consacrées à militer pour la paix, tant dans la collectivité de Saskatoon que dans le monde. Elle a été présidente d’UNICEF Canada, membre active de Project Ploughshares et, surtout, étant donné la conversation que nous tenons aujourd’hui, conseillère spéciale sur le désarmement auprès de la délégation canadienne aux Nations unies.
Tant John que Betsy étaient des vétérans de la Deuxième Guerre mondiale. Unis dans cette expérience commune, ils ont décidé qu’ils devaient oeuvrer vers des résolutions pacifiques aux conflits dans le monde. Ils ont longtemps été des membres actifs de la section de Saskatoon des Vétérans contre les armes nucléaires.
Betsy n’a plus John à ses côtés. John est décédé à l’âge de 92 ans en décembre dernier. La communauté de Saskatoon pleure la disparition de John et des lettres bien tournées qu’il adressait au courrier des lecteurs du Saskatoon StarPhoenix. Je sais que Betsy, comme beaucoup d’autres personnes de ma communauté, continueront d’oeuvrer pour la paix et le désarmement en souvenir de John. Par conséquent, c’est un privilège pour moi d’avoir l’occasion de prendre la parole aujourd’hui au sujet d’une motion de l’opposition que, bien sûr, j’appuie sans réserve.
Mes collègues auront remarqué, j’en suis sûre, ce tourbillon de préparatifs effrénés en vue de la grande fête du Canada qui se déroulera sur la Colline du Parlement dans quelques semaines. Alors que les Canadiens célébreront l’anniversaire de la création de leur pays, il nous incombe de réfléchir en même temps à notre rôle sur la scène internationale, hier, aujourd’hui et demain. Le rôle que nous avons joué, quel que soit le parti au pouvoir, en faveur de la paix, de la fin de l’apartheid et du désarmement est une source de satisfaction immense pour les Canadiens.
Certes, le blason du Canada s’est quelque peu terni au cours des 10 dernières années. Avec l’élection des libéraux en 2015, on a cru, comme certains le prétendaient, au grand retour du Canada sur la scène internationale. Malheureusement, ce n’était encore une fois que des paroles vides. Le Canada ne peut pas être de retour sur la scène internationale s’il boycotte les pourparlers sur la négociation d’un traité d’interdiction des armes nucléaires.
À l’occasion du « dévoilement » tant attendu de la nouvelle politique étrangère du Canada, la a annoncé fièrement à la Chambre que le Canada allait décider de ses propres politiques, qu’il n’emboîterait plus systématiquement le pas aux États-Unis, et qu’il serait prêt à s’opposer à la volonté du président Trump si cela nuisait aux intérêts du Canada.
La ministre a énuméré les 10 forums multilatéraux que les libéraux étaient prêts à appuyer, mais les Nations unies figuraient en dernier dans cette liste. Pas une fois dans son discours elle n’a mentionné la menace des armes nucléaires. Est-ce de cette façon que le gouvernement a l’intention d’obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU?
Si le Canada veut vraiment obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, il va devoir mener une campagne audacieuse, mondiale et pertinente. Jouer un rôle prépondérant dans la non-prolifération et le désarmement nucléaires devrait être un élément clé de cette campagne. Au lieu de cela, le gouvernement se distingue par son silence et son refus de participer aux négociations sur l’interdiction des armes nucléaires.
Il est pourtant indispensable de prendre des mesures en faveur du désarmement nucléaire. Les armes nucléaires menacent notre existence à tous, surtout lorsqu’elles sont entre les mains d’acteurs non étatiques comme Daech, qu’on appelle aussi le groupe armé État islamique, et de pays belliqueux comme la Corée du Nord. Les coût associés à la fabrication, l’entretien et le rééquipement des armes nucléaires sont insoutenables. La prolifération des armes nucléaires augmente également le risque de fausses alarmes qui peuvent entraîner leur utilisation involontaire.
À la fin des années 1980 et 1990, la communauté internationale a fait d’énormes progrès vers la réduction des armes nucléaires, ce qui a conduit à une période de paix et de prospérité, mais cet élan a été brisé au début des années 2000, à la suite des attentats du 11 septembre.
En 2007, il y a eu un regain d’optimisme avec la publication d’un article étonnamment idéaliste de George Shultz, William Perry, Henry A. Kissinger et Sam Nunn. Intitulé « A World Free of Nuclear Weapons », ce texte bipartite invitait la communauté internationale à négocier sérieusement le désarmement nucléaire. La publication de cet article a été suivie, en avril 2009, du discours historique que le président Obama a prononcé à Prague et qui faisait écho à la vision du président Reagan et à la proposition en cinq points du secrétaire général des Nations unies de l’époque, Ban Ki-moon, en août de la même année. Malheureusement, depuis cette époque, il n’y a guère eu de progrès.
Le monde a besoin que l'on montre la voie et que l'on passe à l'action dans le dossier du désarmement nucléaire, et le Canada plus que tout autre pays est bien placé pour faire avancer les choses. Il importe de se rappeler le capital politique et historique dont nous disposons pour défendre avec vigueur le désarmement nucléaire. Comme pays n'ayant jamais développé d'armes nucléaires, nous avons une certaine crédibilité. En notre qualité de membre du G7 et de l'OTAN, du Commonwealth et de la Francophonie, nous exerçons une influence mondiale. Nous comptons certains des plus brillants experts de la diplomatie, des sciences et de la vérification des armes nucléaires. Aucun autre pays ne peut en dire autant.
Face au défi actuel, sommes-nous prêts à soumettre des idées sérieuses qui permettront au Canada de prendre sa place au Conseil de sécurité de l'ONU et de contribuer à la stabilité mondiale? J'espère et j’estime que nous le sommes.
J'ai eu l’honneur hier d’écouter le récit d'une survivante d'Hiroshima, Setsuko Thurlow, qui plaidait en faveur d’un monde sans armes nucléaires. Nous connaissons tous la puissance et le pouvoir destructeur de ces armes. Tous les élèves du secondaire apprennent comment a pris fin la Seconde Guerre mondiale. De plus, chaque année, au mois d'août, nous commémorons le souvenir des victimes et des événements qui ont mené à l'utilisation de ces armes dévastatrices.
Nous vivons dans un monde où les arsenaux nucléaires se multiplient. Les États-Unis et la Russie possèdent 95 % des armes nucléaires. En outre, d'autres pays tentent d'en obtenir afin d’étaler leur puissance. Neuf pays, y compris certains de nos alliés, détiennent, comme on l'a déjà mentionné — mais il est bon de le rappeler —, 15 000 ogives nucléaires. Une seule de ces ogives peut tuer des millions de personnes et détruire l'environnement pour plusieurs décennies.
Nous avons vécu la peur qui a caractérisé les années de guerre froide et nous vivons maintenant dans la crainte que des acteurs non étatiques acquièrent ces armes. Le développement nucléaire non réglementé, non contrôlé et non surveillé laisse les Canadiens et le reste du monde vulnérables.
En 2010, le Parlement a adopté à l'unanimité une motion visant à trouver un moyen de négocier la fin de la course à l’armement nucléaire. La majorité des pays en ont plus qu'assez de la lenteur des négociations à ce chapitre et ils sont en train d’orchestrer un scénario final à l’intention des neuf États qui possèdent l’arme nucléaire. Les négociations qui se déroulent à l'ONU constituent une percée depuis longtemps recherchée par les défenseurs du désarmement et par les pays qui s’estiment pris en otage par des armes qu'ils ne possèdent pas.
L'ancien parlementaire Douglas Roche, comme bon nombre de partisans du désarmement au Canada, a déclaré que la seule chose qui le dérange dans ces négociations, c’est que le Canada en soit absent. Il voit l’exercice comme un très grand pas dans la bonne direction, mais il déplore que le Canada n’y participe pas.
Les deux plus grandes menaces à la sécurité dans le monde d'aujourd'hui sont la cyberguerre et le terrorisme. La prolifération des armes nucléaires rend d'autant plus probable que, quelque part, un jour, un pays ne disposera pas des mesures de cyberdéfense nécessaires pour se protéger contre des attaques. Il est aussi probable qu'une arme nucléaire soit un jour perdue ou volée et qu'elle se retrouve entre les mains d'individus qui choisiront de l'utiliser.
Je m’attends à ce que le Canada reprenne sa place de chef de file mondial pour la paix et le désarmement nucléaire. Le moment et l’endroit ne sauraient être mieux choisis pour qu'il joue un rôle structurant: c'est maintenant, à l'ONU, à la table des négociations entourant l'interdiction des armes nucléaires.
Je demande à tous les Canadiens, qui sont majoritairement favorables à une interdiction, de communiquer avec leur député et de s’adresser au gouvernement pour que nous puissions de nouveau avoir notre place à cette importante table.
:
Monsieur le Président, je suis honorée de prendre la parole sur le rôle du Canada pour la paix et la sécurité et pour redorer notre réputation dans le monde. Je remercie mes collègues néo-démocrates qui ont lancé ce débat ainsi que tous ceux qui y participent aujourd’hui.
Nous devons partir du principe que les droits de la personne ne sont pas facultatifs. Si le gouvernement veut montrer que le Canada est un chef de file en matière de droits de la personne, il doit alors s’assurer que nous joignons le geste à la parole.
Le Canada a déjà été un chef de file dans le dossier du désarmement nucléaire. Je rends hommage à ceux qui nous ont précédés. La jeune fille que j’étais à Toronto était particulièrement inspirée par les travaux de la Dre Rosalie Bertell et d’Ursula Franklin, des femmes très intelligentes qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour amener le Canada à agir sur la scène mondiale comme il le devait. Cependant, la communauté internationale négocie actuellement une convention pour interdire les armes nucléaires et le Canada boycotte le processus. C’est honteux. Par ce geste, le Canada se retire vraiment de la diplomatie en matière de désarmement nucléaire.
Nous ne comprenons pas comment le Canada peut, comme le clame le , « être de retour » sur la scène internationale quand nous tournons le dos aux plus importantes négociations internationales depuis des années. Incontestablement, avec l’élection de Donald Trump à la présidence américaine, lui qui s’est engagé à renforcer l’arsenal nucléaire aux États-Unis, et au vu des actions troublantes de la Corée du Nord, la menace d’une guerre nucléaire est omniprésente sur la scène internationale et il est encore plus important que la communauté internationale collabore en ce moment.
Tous les yeux sont tournés vers le Canada. La motion dont nous débattons aujourd’hui offre au gouvernement l’occasion de réitérer le soutien du Parlement au désarmement nucléaire. Nous espérons bien sûr que le Cabinet est d’accord avec la motion et qu’il appuiera de nouveau le Parlement dans cette initiative.
Dans la ville côtière de Nanaimo, l'une des municipalités que je représente, tous les ans, une cérémonie a lieu le 6 août pour souligner la date anniversaire du bombardement d’Hiroshima. Les membres de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, une très ancienne organisation militante au pays qui est particulièrement ancrée dans ma circonscription, Nanaimo—Ladysmith, discutaient du vote prévu aux Nations unies sur le désarmement nucléaire. Ces femmes croyaient fermement, comme moi, qu’étant donné les engagements pris pendant la campagne par le Parti libéral à l’égard de la paix, de la sécurité et du rétablissement de la réputation internationale du Canada sur la scène mondiale, le allait faire en sorte que le Canada vote en faveur des négociations destinées à mettre fin au commerce des armes nucléaires. Nous avons toutes été stupéfaites quand le Canada s’est prononcé contre les négociations en vue d’un traité mondial pour interdire les armes nucléaires. Nous étions toutes véritablement sidérées.
Ces négociations ont été réclamées par l’ancien secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Soixante-huit pays ont voté pour la motion; le Canada était donc complètement à l’écart du consensus international. L’un des pays membres des Nations unies a dit que le vote est la contribution la plus importante au désarmement nucléaire des deux dernières décennies, et le Canada n’était pas de la partie.
Le vote du gouvernement libéral canadien constituait également un pied de nez à une résolution de 2010 adoptée par la Chambre qui encourageait le gouvernement à participer aux négociations. J'en reparlerai dans quelques minutes. Je tiens à dire à quel point il est dommage que le gouvernement n'ait pas donné suite à la résolution. Maintenant qu'ils sont au pouvoir, pourquoi les libéraux ne respecteraient-ils pas cet engagement, qui ferait notre fierté sur la scène internationale?
Nous voulons aller de l'avant de façon plus positive, et, théoriquement, le Canada pourrait se joindre à d'autres consensus aux Nations unies.
La responsabilité du Canada dans ce domaine est particulièrement lourde. Hier, au cours d'une séance que deux de mes collègues néo-démocrates ont organisée sur la Colline, on m'a rappelé la responsabilité particulière du Canada en matière d'armes nucléaires. Les bombes qui ont été larguées sur Hiroshima et Nagasaki étaient composées d'uranium extrait au Grand lac de l'Ours dans les Territoires du Nord-Ouest. Il a été raffiné à Port Hope. De plus, le Canada a vendu des réacteurs CANDU dans le monde entier, dont la capacité nominale unique fait en sorte qu'ils risquent tout particulièrement d'être utilisés pour la fabrication d'armes nucléaires. Bien sûr, ils ne sont pas conçus pour cette fonction. Il s'agit d'un défaut de conception et d'une conséquence imprévue. C'est ainsi que le Pakistan et l'Inde ont obtenu la bombe: en utilisant une technologie canadienne productrice d'électricité.
Nous avons d'énormes responsabilités. Le Regroupement pour la surveillance du nucléaire nous le rappelle, d'ailleurs, dans le résumé d'un ouvrage qui a été écrit dans les années 1980. Voici ce qu'on peut y lire:
Le Canada a beaucoup contribué à la prolifération des armes nucléaire dans le contexte de ses échanges avec les autres pays. Le bref historique qui suit montre que le Canada, en fournissant des réacteurs nucléaires et de l'uranium, a favorisé tant la « prolifération verticale » du nucléaire — c'est-à-dire l'accélération de la rivalité entre les pays quant à savoir qui aura la bombe nucléaire la plus puissante, la plus rapide et la plus sophistiquée — et la « prolifération horizontale », beaucoup plus insidieuse, qui fait que des dizaines d'organes nationaux et infranationaux finissent par détenir des armes nucléaires.
Le Regroupement pour la surveillance du nucléaire sonne l'alarme depuis des décennies, et le danger n'a jamais été aussi grand qu'aujourd'hui.
Rien n'est plus efficace que de rappeler le nombre de victimes que peut faire une bombe nucléaire. Hier, nous avons entendu le témoignage de Setsuko Thurlow, qui est aujourd'hui citoyenne canadienne, mais qui habitait encore au Japon lorsque la bombe a été lâchée sur Hiroshima. Elle avait alors 13 ans. Selon elle, la ville était alors principalement peuplée d'enfants, de femmes et de personnes âgées, et que ce sont eux, surtout, qui ont été pulvérisés, calcinés ou contaminés par la bombe d'Hiroshima. Or, le Canada a été complice de cet acte.
Elle a expliqué que le corps de son neveu de quatre ans s’est transformé en une masse de chair carbonisée. Elle a dit que sa mort avait soulagé la famille. C’est une image effroyable qu’elle a traînée toute sa vie. Elle a dit qu’au moment de la mort de son neveu, tous les proches se sont fait la promesse qu’il ne serait pas mort en vain. Que tous les disparus de sa collectivité ne seraient pas morts vain.
Aujourd’hui, cette citoyenne canadienne se dit profondément troublée par l’absence du gouvernement canadien à la table de négociations. Elle dit s’être bien sûr sentie trahie par le Japon, mais aussi par son pays d’adoption, le Canada.
Nous nous devons de marquer la complicité du Canada dans cette tragédie et de nous réjouir de la possibilité de réintégrer le processus de négociation pour retrouver notre fierté d'acteur international.
Depuis septembre dernier, les néo-démocrates ont demandé à maintes reprises au nouveau gouvernement du Canada de participer pleinement à l’interdiction des armes nucléaires. Le gouvernement s’est toujours défilé en affirmant qu’il travaille sur le traité sur l’interdiction de la production de matière fissile. Certes, il s’agit d’un traité connexe important, mais ce n’est pas une interdiction des armes nucléaires. C’est ce que nous attendons et c’est ce que nous avons la possibilité d’accomplir sur la scène internationale en ce moment.
En 2010, les députés de la Chambre ont voté unanimement pour forcer le Parlement à agir. Lors de son dernier congrès, il n’y a pas très longtemps, le parti libéral a tenu un vote très important. Les libéraux ont aussi fait campagne sur ce dossier.
Le gouvernement libéral a fait plusieurs promesses qu’il n’a pas tenues. Au moment où le Canada proclame son attachement à la paix et à la sécurité et son engagement envers les Nations unies, de ce côté-ci de la Chambre, nous estimons que le Canada ne respecte pas ses engagements envers les Nations unies. Il n’est pas trop tard, par contre. Je presse les libéraux de voter en faveur de cette motion pour prouver leur bonne foi, pour que le pays puisse avancer et pour que nous agissions comme il se doit, tous ensemble.
S’il vous plaît, aidez-nous à redonner au Canada sa fierté d’acteur international.
:
Monsieur le Président, j’ai l’intention de partager mon temps de parole avec le député de .
C’est un honneur pour moi de prendre la parole dans cette vénérable institution pour parler d’un sujet qui revêt une grande importance, non seulement pour les habitants de ma circonscription, Davenport, mais aussi pour le Canada et le monde entier. Avant de commencer le discours que j’ai préparé, je tiens à dire qu’à première vue, en n’appuyant pas la motion du NPD, le gouvernement semble dire qu’il est contre le désarmement nucléaire, que ce n’est pas un dossier qu’il juge important. Mais c’est tout le contraire.
Le gouvernement fédéral, dont je suis fière de faire partie, est déterminé à appuyer toute mesure concrète en faveur du désarmement nucléaire. Nous assumons un rôle de leadership et prenons des mesures concrètes pour que le monde soit débarrassé des armes nucléaires. Si nous n’appuyons pas la motion qui a été présentée, c’est parce que nous pensons que les discussions actuelles sur cette convention sont prématurées. Je me propose, au cours des neuf prochaines minutes, d’expliquer plus en détail pourquoi nous avons choisi de ne pas participer, pour le moment, aux discussions sur ce projet de convention.
En 2008, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a présenté une proposition en cinq points au sujet de la sécurité dans un monde débarrassé des armes nucléaires. Je vais passer en revue ces cinq points, car c’est pour l’essentiel ce que nous sommes en train de faire, puisque nous estimons que c’est l’approche qu’il faut adopter, étape par étape, pour débarrasser le monde des armes nucléaires.
Premièrement, le secrétaire général affirmait que toutes les parties au traité de non-prolifération nucléaire, surtout les États qui possèdent l’arme nucléaire, étaient tenues de participer à des négociations sur les mesures à prendre en vue du désarmement nucléaire. Il proposait la négociation d’une convention générale sur les armes nucléaires. Quelques mois auparavant, il avait fait distribuer aux membres de l’ONU un document intitulé « Convention-type sur les armes nucléaires ». Ce modèle de convention comptait 80 pages, 20 articles et 5 index séparés. C’était un pavé qui définissait l’utilisation, la possession, la mise au point, les essais, le déploiement et le transfert des armes nucléaires. Surtout, il ordonnait le démantèlement des arsenaux nucléaires, démantèlement qui devait pouvoir être vérifié par la communauté internationale.
Le projet de convention sur l’interdiction des armes nucléaires dont nous discutons en ce moment et qui est en négociation aux Nations unies, ne compte, lui, que huit pages. Contrairement à la convention générale dont je viens de parler, le projet de convention porte essentiellement sur des interdictions juridiques. Il ne contient aucune disposition sur l’élimination d’une seule arme nucléaire, et ne fait pas mention de mesures de vérification. De plus, comme on l’a déjà dit, aucun État possédant l’arme nucléaire ne participe à ces négociations, car ces États ne tiennent pas compte de l’impact sur la sécurité internationale de l’expansionnisme militaire russe, ni celui des essais de missiles balistiques nucléaires par les États-Unis, qui menacent toute la région Asie-Pacifique, y compris l’Amérique du Nord. Cette convention est malheureusement prématurée et ne se traduira pas par des progrès notoires en matière de désarmement nucléaire.
Soyons clairs: le Canada appuie fermement la négociation d’une convention sur les armes nucléaires et sur l’interdiction des armes nucléaires, mais cela doit être la dernière d’une série d’étapes vers le désarmement nucléaire. Nous estimons que cette dernière étape doit être précédée de trois autres: l’universalisation d’un traité sur la non-prolifération nucléaire, l’entrée en vigueur d’un traité général sur l’interdiction des essais nucléaires, et la négociation d’un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles. Nous estimons que ce sont là des étapes qui sont complémentaires. Une telle approche permettrait d’endiguer la prolifération des armes nucléaires et des essais nucléaires, de réduire les arsenaux d’armes nucléaires et de matières fissiles, et de rétablir la confiance en assurant l’élimination irréversible et vérifiable des armes nucléaires.
C'est pourquoi le Canada, l'année dernière, a présenté une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies qui a eu beaucoup de succès et avait pour but de créer un groupe participatif spécialisé de haut niveau afin d'ouvrir la voie à la négociation éventuelle d'un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles pour interdire la production des matières explosives utilisées dans les armes nucléaires. En poursuivant l’important travail technique lié à un tel traité au sein du groupe préparatoire des Nations unies que nous présidons et qui est composé de 25 membres, le Canada espère pouvoir présenter à la conférence sur le désarmement une ébauche des dispositions du traité qui permettront à cet organe d'entamer des négociations sur cet important accord.
Le secrétaire général a également souligné le besoin pour les gouvernements d'investir davantage dans la recherche et le développement sur la vérification du désarmement. Il me fait plaisir de faire savoir aux Canadiens que le gouvernement du Canada a répondu activement à cet appel en apportant la contribution d'experts au partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire .
Les fonctionnaires et les experts d’Affaires mondiales Canada, de la Commission canadienne de sûreté nucléaire et des Laboratoires nucléaires canadiens apportent des contributions importantes à la résolution des difficultés techniques liées à la vérification du désarmement nucléaire. Ce travail important vise à renforcer les capacités mondiales de vérification du désarmement nucléaire. Il est essentiel pour la réussite de la mise en œuvre d'une convention globale sur les armes nucléaires et est un élément clé de notre approche pragmatique étape par étape du désarmement.
J’ai également le plaisir d'annoncer que le Canada, par l'entremise du Programme de réduction des menaces liées aux armes de destruction massive d’Affaires mondiales, vient de contribuer financièrement à soutenir le travail du partenariat international pour l'année à venir. Non seulement nous nous engageons, non seulement nous participons activement, mais nous finançons cet engagement.
Le deuxième point de la proposition en cinq points du secrétaire général était sa demande faite aux États dotés de l'arme nucléaire d'assurer aux États qui ne sont pas dotés de l'arme nucléaire qu'ils ne seront pas ciblés par l'utilisation ou des menaces d'utilisation d'armes nucléaires.
Ces assurances sont également appelées assurances de sécurité négatives. Le Canada a été un promoteur de ces garanties. Nous sommes le chef de file de l'initiative pour la non-prolifération et le désarmement, qui compte 12 membres. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec nos partenaires pour élaborer des idées sous forme de documents et pour promouvoir ces assurances dans l’arène internationale, dernièrement au sein du comité préparatoire de 2017 pour la réunion de la conférence d'examen du traité de non-prolifération nucléaire de 2020 qui aura lieu à Vienne en mai.
Le troisième point du plan du secrétaire général est très important. Il réclame que les arrangements et accords nucléaires existants, comme le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, qui prévoit, par exemple, des zones exemptes d'armes nucléaires et des garanties renforcées, soient acceptés par les États et appliqués.
À l'appui de cette approche, l'ancien ministre des Affaires étrangères s’est joint à la réunion ministérielle des amis du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires à l'Assemblée générale des Nations unies en demandant instamment aux huit États restants de ratifier l'accord immédiatement pour qu’il entre en vigueur.
Pour notre part, nous avons adopté une loi visant à mettre en oeuvre le Traité lorsqu'il entrera en vigueur, et nous avons terminé l'installation de 16 stations de surveillance dans le cadre de cet accord.
Le quatrième point que le secrétaire général a souligné porte sur son appel lancé aux puissances nucléaires pour qu’elles augmentent la quantité d'informations qu'elles publient sur la taille de leurs arsenaux, les stocks de matières fissiles et leurs réalisations particulières en matière de désarmement. Les députés seront ravis d’apprendre que le Canada a assumé un rôle de premier plan dans la promotion d'une transparence accrue des rapports des États dotés d'armes nucléaires sur leurs stocks d'armes nucléaires. Dans le cadre de l'initiative de non-prolifération et de désarmement, le Canada a élaboré un formulaire de déclaration standard et nous demandons aux États dotés d'armes nucléaires de l'utiliser pour leurs rapports réguliers sur la mise en œuvre de leurs obligations en matière de désarmement nucléaire en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
Nous sommes convaincus que les rapports sont un instrument efficace pour accroître la transparence dans les activités de désarmement nucléaire ainsi que la responsabilisation. Il reste du travail à faire, bien entendu, et le Canada et nos partenaires de l'Initiative de coopération pour la non-prolifération et le désarmement s'engagent à travailler avec les puissances nucléaires pour améliorer leurs rapports grâce à des efforts de suivi concertés.
Le dernier point du secrétaire général est qu'en sus des efforts de non-prolifération et de désarmement nucléaires, des mesures complémentaires doivent être prises. De telles mesures comprennent l'élimination des autres types d'armes de destruction massive, par exemple, les armes chimiques et biologiques. De nouveaux efforts doivent être entrepris pour prévenir le terrorisme faisant appel aux armes de destruction massive, limiter les armes conventionnelles et interdire les nouveaux types d'arme, y compris les missiles et les armes spatiales.
Le Canada est un chef de file de la réalisation de ces efforts. Le gouvernement respecte son engagement à adhérer au Traité sur le commerce des armes et à investir 13 millions de dollars pour permettre au Canada de mettre en œuvre le Traité et de renforcer son régime de contrôle des exportations.
Le Canada est fermement déterminé à réaliser un monde exempt d'armes nucléaires. Conformément au plan en cinq points du secrétaire général de l'ONU, nous poursuivons une approche pragmatique étape par étape visant à faire naître l’assurance et la confiance nécessaires pour que les armes nucléaires ne soient plus considérées comme nécessaires à la sécurité.
Je suis fier de pouvoir dire aujourd'hui que le Canada maintient sa longue tradition de leadership en matière de désarmement, notamment en soutenant fortement ce plan en cinq points.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de parler aujourd'hui de la non-prolifération des armes nucléaires et du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.
Depuis l'avènement des armes nucléaires, la communauté internationale s'est dotée de différents instruments multilatéraux pratiques, dans le but de freiner la prolifération de telles armes et de favoriser leur éventuelle élimination. Les fondements des régimes mondiaux de non-prolifération et de désarmement ont été établis de manière à jeter les bases d'une gestion minutieuse des armes nucléaires à la faveur de la sécurité internationale.
La pierre angulaire de ces régimes est le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, ou TNP. Ce traité a joué un rôle fondamental dans l'orientation de la mobilisation internationale à l'égard des armes les plus dangereuses du monde. Le TNP met en lumière un triple engagement: les États qui possèdent des armes nucléaires s'engagent à prendre des mesures de désarmement, tandis que les États qui ne possèdent pas d'armes nucléaires s'engagent à ne pas s'en procurer et à ne pas tenter de le faire. De plus, tous les États parties peuvent jouir des avantages découlant des utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire.
Le Canada maintient que ces trois engagements clés se renforcent mutuellement. Les progrès réalisés en matière de désarmement, de non-prolifération et d'utilisation pacifique viennent appuyer le TNP dans son ensemble et contribuent à créer une dynamique vers l'atteinte des objectifs louables du Traité.
Le Canada appuie toujours les efforts concrets et pratiques à la faveur du désarmement nucléaire. Ainsi qu'il est énoncé à l'article 6 du TNP, les États dotés d'armes nucléaires devraient continuer à prendre des mesures concrètes pour réduire le nombre d'armes stratégiques et non stratégiques, ainsi que le rôle de ces armes dans leurs doctrines de sécurité.
Nous avons constaté que des progrès ont été réalisés à cet égard au cours de l'histoire récente. À la fin de la guerre froide, d'importantes mesures de réduction de l'arsenal nucléaire ont été prises, particulièrement entre les États-Unis et la Russie. Le Royaume-Uni et la France ont pris d'autres mesures unilatérales de réduction. Le nombre global d'armes est passé de plus de 80 000, au plus fort de la guerre froide, à environ 16 000 aujourd'hui. Ce n'est pas anodin. Nous continuerons de réduire encore davantage le nombre d'armes nucléaires au moyen de mesures, qu'elles soient bilatérales, plurilatérales ou multilatérales. Le Canada est toujours actif au sein de différentes tribunes internationales afin d'appuyer la réalisation du progrès supplémentaire à cet égard, notamment dans le cadre du cycle d'examen du TNP.
Alors que nous restons fermement déterminés à favoriser un monde dépourvu de toute arme nucléaire, nous reconnaissons que le désarmement ne se fait pas en vase clos et qu'il doit tenir compte du contexte stratégique ainsi que des enjeux pratiques associés à cet engagement.
Fait important, nous devons nous assurer que les États dotés d'armes nucléaires prennent part aux processus internationaux, que ce soit en visant la réduction du nombre de telles armes ou leur élimination, nous devons également veiller au maintien de la confiance mutuelle entre les parties concernées à mesure que se poursuivront les efforts de réduction et d'élimination éventuelle des stocks d'armes, notamment en procédant à la vérification connexe du désarmement nucléaire. Le désarmement nucléaire est un objectif vers lequel le Canada tendra invariablement.
Le deuxième pilier de la non-prolifération dans le cadre du TNP apporte une contribution fondamentale au cadre international de sécurité en limitant le nombre de pays qui possèdent des armes nucléaires et en renforçant notre capacité à détecter les possibles écarts de conduite de la part d'États qui n'en possèdent pas. Grâce à son impressionnant système de garantie, l'Agence internationale de l'énergie atomique, que l'on appelle également le « chien de garde » du TNP, offre l'assurance que les États se conforment à leurs obligations en matière de non-prolifération par l'entremise de diverses activités, comme des inspections sur place. Le Canada salue et soutient activement les efforts que déploie l'Agence pour que la mise en oeuvre des garanties continue d'évoluer de manière à accroître leur efficacité et à améliorer leur efficience.
Voici un exemple pratique des efforts internationaux de non-prolifération des armes nucléaires: le Canada apporte également son soutien dans le cadre du Plan global d'action conjoint, ou PGAC, que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-Unies — la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis — ainsi que l'Allemagne ont conclu avec l'Iran en juillet 2015.
Le PGAC représente une importante réalisation diplomatique qui a contribué à rétablir l'intégrité du régime mondial de non-prolifération. Dans le cadre du PGAC, l'Iran a accepté de mettre un frein de manière considérable à son programme nucléaire et de se soumettre à des contrôles internationaux exhaustifs. Le Canada continue d'entretenir de sérieux doutes à l'égard de l'ambition nucléaire à long terme de l'Iran, en raison de son historique en matière de prolifération nucléaire et de programmes de missiles balistiques.
Nous nous joignons à nos alliés en soutenant les efforts visant à contenir le programme nucléaire de l'Iran. Le Canada appuie fermement le mandat de vérification qui a été confié à l'Agence internationale de l’énergie atomique. Par ailleurs, depuis 2015, le Canada a versé des contributions volontaires s'élevant à 10 millions de dollars par l'entremise du Programme de réduction des menaces liées aux armes de destruction massive d'Affaires mondiales Canada.
Un élément complémentaire à la non-prolifération est le droit de tous les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires d'utiliser l'énergie nucléaire de manière pacifique. Les États qui se conforment entièrement à leurs obligations en matière de non-prolifération peuvent de plein droit avoir accès aux applications spécifiques de l'énergie nucléaire de manière à favoriser le développement socioéconomique durable. Cela comprend notamment des activités portant sur la santé humaine, l'agriculture et la sécurité alimentaire, l'eau et l'environnement, l'énergie, la technologie des rayonnements, ainsi que la sécurité et la sûreté. Le Canada est un chef de file mondial en matière d'énergie nucléaire, et nous continuerons à élargir notre réseau de partenaires nucléaires pour une coopération mutuelle et bénéfique.
Nous avons par ailleurs versé d'importantes contributions volontaires dans le cadre de l'Initiative sur les utilisations pacifiques de l'Agence internationale de l’énergie atomique, laquelle vient appuyer les activités de l'Agence en vue de l'atteinte des objectifs en matière de développement durable ainsi que de l'atténuation des effets des changements climatiques.
Le TNP demeure la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement, ainsi que l'élément central sur lequel repose l'engagement global du Canada à l'égard de ces importants enjeux. Par notre engagement au sein des tribunes multilatérales pertinentes, nous continuerons à renforcer chacun de ces trois piliers.
Alors que les efforts déployés à échelle mondiale en vue de mettre un frein à la prolifération des armes nucléaires resteront essentiels, nous devrons veiller à ce que cessent indéfiniment les essais nucléaires, et ce, grâce à la signature d'un traité obligatoire en droit. Depuis son ouverture aux fins de signature en 1996, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, ou le TICE, a contribué à renforcer la norme internationale de facto visant les essais nucléaires. En outre, ce traité a permis de mettre en place un solide système de vérification qui permet de repérer, partout dans le monde, des preuves qu'un essai nucléaire a été effectué.
En effet, le système de contrôle international a permis de détecter chacun des essais nucléaires menés jusqu'à présent par la Corée du Nord. Le TICE doit encore être ratifié par huit États afin que son entrée en vigueur puisse être possible. Le Canada continue de jouer un rôle actif dans les efforts pour amener d'autres États à signer et à ratifier le traité, afin qu'il entre en vigueur et qu'il soit appliqué de manière universelle. Lors d'une visite à New York, en septembre 2016, l'ancien ministre des Affaires étrangères a prié les huit États en question de ratifier le traité afin de rendre possible son entrée en vigueur.
Pour ce qui est de l'aide directe, le Canada continue à promouvoir des programmes concrets à l'appui des activités de l'organisation du TICE, notamment en fournissant de l'équipement de détection du rayonnement présent dans l'air, ainsi qu'en versant d'autres contributions.
En février 2017, un test sur le terrain par temps froid a été effectué à Ottawa, au Canada. Ce test impliquait également l'utilisation de l'équipement de détection susmentionné. Le Canada s'emploie en outre à construire, à mettre à l'essai et à certifier une station de surveillance des radionucléides à titre d'installation nationale coopérante, afin de renforcer la capacité du système de surveillance international à vérifier la conformité au traité.
Consciente du risque manifeste et réel que posent les armes nucléaires, la communauté internationale a conçu un ensemble de mesures pratiques qui contribuent à entraver la prolifération, à freiner les essais nucléaires et à favoriser l'élimination éventuelle des armes nucléaires. Le Canada offre activement son soutien aux institutions multilatérales mises sur pied à l'appui de l'atteinte de ces objectifs.
Nous continuerons à collaborer avec nos partenaires étrangers de manière à atteindre ces objectifs louables.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux et fier de prendre la parole aujourd’hui pour appuyer cette motion qui demande que le Canada soutienne le projet de convention sur l’interdiction des armes nucléaires. Certaines choses que je dirai au début de mes observations sont connues.
Il y a plus de 15 000 armes nucléaires dans le monde et environ 95 % d’entre elles appartiennent aux États-Unis et à la Russie, mais il y a tout lieu de penser que le Royaume-Uni, la Chine, la France, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël possèdent aussi de telles armes.
Il faut souligner que la deuxième chose que la plupart des gens qui s’intéressent à ce sujet savent, c’est que les armes nucléaires sont les seules armes de destruction massive qui ne sont pas explicitement interdites par un traité international. C’est pourquoi je suis tout à fait consterné, même si cela peut paraître banal, par l’attitude du gouvernement sur cette question.
Plus de 120 pays participent aux négociations. Hier, j’ai entendu le déclarer pendant la période des questions que les négociations étaient « inutiles » parce que les États qui possèdent des armes nucléaires n’y participent pas.
Comment pouvons-nous progresser sur cette question si le reste du monde n’exerce pas de pressions sur les pays dotés d’armes nucléaires? Comment parviendrons-nous à leur faire comprendre qu’il faut renoncer non seulement à l’utilisation possible d’armes nucléaires, mais aussi à leur possession?
L’existence de l’humanité sur cette planète n’est en fait confrontée qu’à deux menaces actuellement. Le réchauffement climatique en est une; nous avons participé aux négociations et le gouvernement prétend jouer un rôle d’avant-garde. Le Canada est partie à toutes les conventions internationales pour lutter contre cette principale menace qui pèse sur l’humanité.
Nous n’avons pas déclaré que nous ne participerions plus à l’Accord de Paris parce qu’un chef d’État voisin ne croit pas que nous devrions y participer. Ce serait la même logique que celle utilisée par le pour ne pas participer aux pourparlers sur le projet de convention sur l’interdiction des armes nucléaires. Cela n’a pour moi aucun sens. Il est, de plus, cavalier de traiter cette question comme si elle était sans importance. À mon avis, elle est très importante parce qu’il s’agit de la deuxième menace qui pèse sur l’existence de l’humanité sur cette planète.
Si l’on songe à Hiroshima et à Nagasaki et à l’utilisation d’armes nucléaires à l’époque, il s’agissait de toutes petites bombes en comparaison de celles qui existent aujourd’hui. Nous avons découvert par la suite qu’il n’en existait alors pas d’autres. Il n’y avait pas de grand arsenal et, si elles n’avaient pas fonctionné, on ne pouvait pas essayer d’en utiliser d’autres.
Aujourd’hui, il y a 15 000 armes nucléaires et il n’y a aucune garantie, compte tenu de la prolifération qui a déjà eu lieu et du nombre de pays qui ont déjà accès à cette technologie, que nous allons pouvoir contrôler cela. Il n’y a aucune garantie que nous pourrons empêcher ces armes de tomber dans les mains de groupes à un niveau infra-étatique, des groupes que nous pourrions qualifier de terroristes. Qui sait qui pourrait avoir accès à ces armes compte tenu de la vaste distribution de cette technologie à ce stade?
Nous avons la responsabilité de prendre toutes les mesures possibles pour que les armes nucléaires soient détruites et que personne sur cette planète n’y ait accès. C’est comme la lutte contre les incendies. Nous formons les pompiers. Nous les faisons travailler aussi ardument que possible à prévenir les incendies tout autant qu’à les éteindre. Les pompiers ne rendent tout simplement pas sur les lieux d'une incendie pour arrosier le brasier. Ils travaillent tous les jours pour éduquer le public et repérer les menaces. Dans le cas qui nous intéresse ici, il serait bien trop tard d’attendre que des armes nucléaires soient utilisées pour dire que c’est une tragédie et que nous aurions dû faire quelque chose.
C’est comme la prévention des incendies ou des maladies. Je ne comprends pas non seulement le , mais les députés d'en face que j’ai entendu dire tout récemment que c’est une perte de temps. Une des choses qui nous manquent, c’est bien le temps. Nous manquons de temps pour ce qui est du changement climatique. Nous manquons de temps dans l’interdiction des armes nucléaires. Nous devons déployer tous les efforts possibles pour faire en sorte que ces armes soient détruites.
Les néo-démocrates défendent cette position depuis longtemps. Ce n’est pas chose nouvelle pour nous. Le Canada a précédemment défendu cette position, et le Canada a précédemment été un leader dans la lutte contre la prolifération des armes nucléaires. Le Canada est partie à divers traités internationaux visant à prévenir la prolifération des armes nucléaires.
À mon avis, il est tout à fait insensé que le gouvernement ne participe pas à ces pourparlers, et il ne devrait pas seulement participer aux pourparlers, mais les diriger. Nous devrions exercer des pressions sur nos alliés qui ont des armes nucléaires, et nous devrions leur offrir tout le soutien dont ils ont besoin pour prendre la décision de renoncer à l'arme nucléaire. Y a-t-il un moyen quelconque pour nous, par le truchement de cette convention, d’offrir une plus grande sécurité à ceux qui se sentent si menacés qu’ils ont besoin d’armes nucléaires? Que le Canada prenne position diplomatiquement et tente de régler ces problèmes, assume un leadership à l'égard de ces problèmes de sorte que les pays ne se sentent plus si menacés qu’ils aient besoin de posséder ces armes de destruction massive. Une fois de plus, il ne s’agit pas seulement de participer, il s’agit d’être un leader. Il s’agit de présenter des idées par le truchement de ce traité et de décisions connexes qui permettront d’en arriver à un point où nous ne faisons plus face à cette menace.
Hier, j’ai eu le privilège d’être aux côtés d’une survivante d’Hiroshima, Setsuko Thurlow, une citoyenne canadienne qui, enfant au Japon, a été gravement blessée et a perdu de nombreux membres de sa famille et amis par suite de cette explosion nucléaire. Je suis très fier d’elle et de la campagne qu’elle mène. Elle a reçu une ovation aux Nations unies. Je défie le de dire à Setsuko Thurlow que sa campagne est inutile. Je le mets au défi de le faire.
Toutefois, le gouvernement a même refusé de la rencontrer. Quand elle était ici, les libéraux ne sont même pas venus entendre ce qu’elle avait à dire. Elle était accompagnée de Cesar Jaramillo, le directeur général du Projet Ploughshares, qui a déployé des efforts inlassables contre toutes sortes d’armes. Je mets le premier ministre au défi de dire à M. Jaramillo que le travail qu’il accomplit dans le cadre de Projet Ploughshares est inutile. Je n’arrive pas à croire que notre ait affiché une attitude aussi nonchalante face à cet enjeu, à la période des questions hier. Je n’arrive pas à croire qu’après le discours qu’a prononcé la à la Chambre, dans lequel elle disait qu’étant donné l’instabilité qui règne dans le monde, il incombe au Canada d’assumer un rôle de chef de file et étant donné que les États-Unis ont abandonné leurs responsabilités, le monde deviendra plus dangereux. Le lendemain, le a déclaré à la Chambre que le Canada n'assumera pas un rôle de chef de file dans ce dossier. Autrement dit, nous n’allons pas diriger la lutte pour faire interdire les armes nucléaires.
Un jour plus tard, la nouvelle stratégie de défense a été dévoilée. Je suis un député un peu naïf parfois. Après avoir entendu la dire que nous allons redoubler d’efforts et assumer un rôle de chef de file, je m’attendais à ce que cela figure dans notre stratégie de défense. Au lieu de cela, celle-ci ne prévoit pas un seul nouveau dollar pour les forces militaires canadiennes au cours du présent exercice, mais elle promet un financement accru dans 10 et 20 ans.
C'est maintenant que nous sommes confrontés à des crises liées à la sécurité sur la scène internationale, pas dans 10 ou 20 ans. Qu'on me comprenne bien, je ne me plains pas d’un gouvernement qui prend des dispositions pour combler nos besoins futurs en matériel et autres, et qui planifie les coûts en conséquence. Le problème est plutôt le fait qu'il y a un fossé entre ces promesses et la réalité à laquelle les militaires canadiens sont confrontés chaque jour. Nous sommes sur le point de prendre part à une mission de l’OTAN en Lettonie, mission que mon parti appuie sans réserve. Il est important de signifier à MM. Poutine et Trump que les Balkans sont membres de l’OTAN et que d’attaquer un État balte revient à les attaquer tous. Cette mission est très importante pour nous.
Nous avons également promis de participer à une mission de maintien de la paix en Afrique, une autre mission dont j’ai hâte d’avoir des nouvelles, même si nous avons environ six mois de retard. Comment les forces militaires canadiennes peuvent-elles assumer un rôle de de chef de file dans ces deux missions alors que l’augmentation budgétaire de cette année est inférieure au taux d’inflation? Nous demandons aux forces armées d’assumer de nouvelles fonctions, ce dont je suis très fier, mais avec moins de ressources qu’elles n’en avaient l’an dernier.
L’attitude réelle du gouvernement face aux affaires internationales me laisse un peu perplexe. Que s’attend-il à ce que le Canada puisse accomplir si nous ne saisissons pas les occasions évidentes de leadership? J’invite tous les députés à réfléchir très sérieusement aux conséquences possibles si le Canada continue de bouder ces négociations qui mèneraient à un traité rendant illégale la possession d’armes nucléaires et créant ainsi un monde beaucoup plus sûr. Oui, la tâche est difficile, mais le Canada n’a pas reculé dans le dossier du traité d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel. Nous n’avons pas reculé quand nous avons préconisé la création d’une Cour pénale internationale. Pourquoi cherchons-nous à nous dérober à cette responsabilité à ce stade-ci? Je n’ai pas de réponse à cette question, mais j’aimerais que le gouvernement m’explique pourquoi nous n’assumons pas ce rôle de chef de file.
:
Monsieur le Président, c’est toujours un plaisir de prendre la parole après mon collègue d’. Son discours éloquent est pour moi une grande source d’inspiration.
J’aimerais citer d’autres paroles inspirantes, prononcées par la haute-représentante des États-Unis pour le désarmement. Celle-ci affirmait, le 2 juin dernier: « Le désarmement engendre la sécurité. Ce n’est pas un vague espoir ou une simple aspiration, mais bien une contribution concrète à un monde plus sécuritaire. » Elle a conclu en affirmant que ce traité d’interdiction était un « élément essentiel » des mécanismes relevant des Nations unies visant à assurer « notre sécurité collective ».
Elle a tellement raison, et c’est pourquoi je suis profondément déçu en tant que Canadien d'être ici aujourd’hui et de voir les libéraux abandonner le rôle de chef de file que notre pays a joué par le passé.
Voici une petite anecdote. Lorsque j’étais beaucoup plus jeune, à l’école secondaire, un homme est venu à mon école. À ce moment de ma vie, je n’avais probablement jamais ressenti une telle fierté. Cet homme s’appelait Lester B. Pearson. J’étais président du conseil des élèves, et il est venu parler du maintien de la paix. Il avait reçu le prix Nobel de la paix. J’étais tellement fier, ce jour-là, d’un premier ministre libéral qui donnait l’exemple au reste du monde pour créer un endroit plus sécuritaire pour les enfants présents dans la salle ce jour-là, et pour nos enfants aujourd’hui.
Je pense aussi à M. Axworthy et au traité d’Ottawa. Voilà un autre libéral qui a pris les devants et fait preuve de leadership alors que l’on affirmait que ce traité ne changerait rien, que c’était simplement un autre exercice bureaucratique ridicule des Nations unies. Maintenant, les libéraux s’en vantent, à juste titre d’ailleurs.
Nous voilà aujourd’hui à parler des raisons pour lesquelles le Canada devrait tourner le dos à plus de 100 autres pays des Nations unies qui tentent de créer un monde plus sûr pour la prochaine génération. Nous avons ici une liste des cinq principales raisons — je n’ai pas pu en trouver 10 — pour lesquelles les libéraux pensent que c’est une plaisanterie et qu’il ne faut pas participer à ces négociations.
Je vais en parler, mais je voudrais d’abord raconter aux députés ce qui s’est passé hier, lors d’une rencontre très émouvante au cours de laquelle Mme Setsuko Thurlow, une survivante d’Hiroshima, est venue parler aux parlementaires. Je dois dire que j’ai été très ému par ce qu’elle avait à dire. Elle était une toute jeune fille quand la bombe a été larguée sur Hiroshima et elle a vu son neveu fondre littéralement sous ses yeux dans une chaleur de 4 000 degrés. Le Canada est son pays d’adoption. Elle est maintenant travailleuse sociale à Toronto.
Ce qui m’a le plus inquiété, en tant que Canadien, c’est de l’entendre dire qu’elle a été « trahie » par son pays d’adoption, le Canada, qui n’a pas participé à cette réunion historique des Nations unies au sujet de l’interdiction légale des armes nucléaires. Mme Thurlow m’a rappelé — et j’avoue que je ne le savais pas, mais je l’ai vérifié, et elle a tout à fait raison — que la bombe qui a été jetée sur sa famille et ses voisins à Hiroshima avait été fabriquée avec de l’uranium du Grand lac de l'Ours, dans les Territoires du Nord-Ouest, qui était raffiné à Port Hope, en Ontario; par conséquent, le Canada, hélas, faisait partie de cette histoire depuis le départ.
Rien dans les lettres de mandat de l’ancien ministre des Affaires étrangères ou de la ministre actuelle ne parle même du désarmement nucléaire, malgré le fait que nous savons être en tête des efforts d’élimination des armes de destruction massive. Qu’il s’agisse de traités sur les armes biologiques ou chimiques, ou encore sur les mines antipersonnel, le Canada est là. Cependant, quand il s’agit des armes nucléaires, où est le Canada? Qu’est-il arrivé du leadership dont j’ai parlé précédemment?
Combien de fois ma collègue de , porte-parole du NPD en matière d’affaires étrangères, s'est-elle levée pour poser des questions au sujet de la participation du gouvernement aux pourparlers des Nations unies qui seront entrepris bientôt? Elle s’est levée sept fois, et sept fois elle n’a reçu aucune réponse.
Par conséquent, il pourrait être utile que je parle maintenant, comme mon temps est limité, des cinq principales raisons pour lesquelles les libéraux ne font rien.
La première, c’est le traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles, une chose importante. Que vient justement de dire quelqu’un? Si nous n’avons pas les allumettes, nous empêcherons l’incendie, et donc c’est une bonne chose. Oui, c’est un peu comme dire qu’il faudrait abandonner les efforts de contrôle des armes à feu parce qu’ils minent les progrès sur le contrôle des balles. Je suppose que c’est la logique qu’utilisent les libéraux.
Je suis tout à fait favorable au traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles. Qui ne le serait pas? C’est bien que le Canada intensifie ses efforts dans ce contexte et qu’il cherche à interdire toute autre production d’uranium et de plutonium de qualité militaire. C’est certainement un pas dans la bonne direction. Toutefois, cela ne veut pas dire que nous ne pouvons rien faire d’autre avec les quelque 120 pays de la planète qui souhaitent faire avancer cet objectif. Cependant, dire que les travaux portant sur le traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles sont suffisants et s'en servir comme prétexte pour ne rien faire d'autre, c'est un peu facile. Voilà un premier argument.
Le deuxième argument est que la position que nous défendons doit être conforme à celle de nos alliés de l’OTAN. Les députés ont entendu cet argument ici aujourd’hui. Le multilatéralisme semble être l’approche préconisée par M. Trump et nos alliés de l’OTAN. Je croyais que le Canada voulait agir en qualité de chef de file mondial au Conseil de sécurité des Nations unies. Quelque chose m’a peut-être échappé, mais il me semble choquant…
:
Merci, monsieur le Président.
Le second argument que les libéraux font valoir, je pense, est que la position que nous défendons doit être conforme à celle de nos alliés de l’OTAN.
Mais que penser des Pays-Bas, alors? Ce pays est l’un de nos alliés à l’OTAN, et il va assister à la conférence. Il ne se laisse pas intimider par M. Trump. Personne ne l’appelle pour l’enjoindre de ne pas suivre l’exemple de certains alliés de l’OTAN. Il n’a pas peur d’assumer son leadership ainsi que l’ont fait M. Pearson et M. Axworthy. Il se tient debout. C’est bien que les Pays-Bas fassent preuve d’un tel courage, car il en faut généralement du courage pour se prononcer en faveur de la paix.
Le troisième argument est qu’il ne sert à rien de continuer si toutes les puissances nucléaires ne sont pas à la table. C’est l’argument que je préfère.
La ministre a laissé entendre qu’il est inutile de négocier si toutes les puissances nucléaires ne sont pas à la table. C’est ridicule. Des ententes internationales conclues dans le passé, comme l’interdiction des mines antipersonnel, la limitation du trafic des diamants de guerre et la création de la Cour pénale internationale, ont été jugées complexes et inutiles. Là encore, certains pays ont a fait preuve de leadership, et d’autres ont emboîté le pas. Au Canada, nous sommes fiers du travail que nos représentants ont accompli dans ces circonstances sur la scène internationale dans le passé, mais pas cette fois-ci, et c’est gênant.
Le quatrième des cinq principaux arguments est que compte tenu de l'environnement de sécurité mondial, cela ne sert à rien. Par conséquent, ce n'est que lorsque nous chantons Kumbaya tous ensemble que nous nous dévouons pour la paix. Cet argument est vraiment ridicule. Nous savons que le monde a des problèmes. Il y a la Crimée, la Corée du Nord, la Syrie. C'est comme si c'était en quelque sorte une excuse, compte tenu de l'environnement de sécurité actuel, pour ne pas adopter une approche plus audacieuse à l'endroit du désarmement nucléaire. Ce ne sera jamais le cas. Nous ne progresserons jamais si nous pouvons dire une telle chose.
Le cinquième et dernier argument est que l'interdiction serait inefficace de toute façon.
Comment le savons-nous? Le traité d’interdiction des mines terrestres ne l'était pas. Ce traité d’interdiction a été efficace. Nous avons réussi à progresser sur un certain nombre de fronts environnementaux, de la convention de Montréal sur l'appauvrissement de la couche d’ozone à d'autres domaines. Personne ne croyait que cela allait fonctionner, mais cela a fonctionné. Ce manque de courage, ce manque d'audace de la part du gouvernement, encore une fois, quand on pense aux grands leaders que le pays a eus dans le passé et dont j'ai parlé tout à l'heure, tous deux libéraux, est choquant.
Nous pourrions faire des progrès. S'il est vrai que les conventions sur les armes nucléaires seraient inefficaces, comme les gens le disent, alors pourquoi les États dotés d’armes nucléaires s'y opposent-ils? Il y a une contradiction ici. Si c'est inefficace, alors, pourquoi y sont-ils opposés? Pourquoi ne disent-ils pas que ce n'est qu’un autre exercice sur le papier de l'ONU? Y a-t-il un manque de logique? Je le pense certainement.
En conclusion, John F. Kennedy, l'un de mes héros, a déclaré ce qui suit à propos de défis semblables à une époque très différente: « Ne négocions jamais par peur, mais n'ayons jamais peur de négocier. »
C'est ce que notre motion d’aujourd'hui demande au Canada de faire: retourner à la table, participer de bonne foi, car, d’ailleurs, l'article VI du Traité de non-prolifération nucléaire, que nous avons signé, nous oblige à le faire. Faisons ce que nous avons dit que nous ferions. Dressons-nous sur la scène mondiale de nouveau. Ne nous laissons pas intimider par ce qu’un président dit ou ce qui semble être correct en ce moment. Faisons preuve du leadership qui a fait la réputation du Canada.