La Chambre reprend l'étude, interrompue le 6 juin, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, ainsi que de l'amendement.
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Monsieur le Président, hier soir, les libéraux ont dit que le projet de loi avait pour objectif d'empêcher que la marijuana ne tombe entre les mains des enfants et que les profits de la vente de cannabis ne reviennent au crime organisé. Ces propos sont carrément orwelliens, puisque le projet de loi aura manifestement l'effet inverse.
Hier soir, j'ai parlé des effets du projet de loi sur les enfants. En résumé, le projet de loi ne permettrait plus d'imposer de sanctions pénales aux jeunes de 12 à 17 ans qui sont en possession de cinq grammes ou moins de marijuana. Cette quantité correspond à environ 15 joints. Il permettrait aussi au gens de cultiver du cannabis à la maison, où leurs enfants y auraient vraisemblablement accès. Oui, on pourrait en cultiver dans une pièce ensoleillée qui serait fermée à clé, mais le cannabis est une plante. On ne peut donc pas l'entreposer de la même façon qu'un médicament ou de l'alcool.
Si on légalisait la marijuana, on la rendrait nécessairement plus facile d'accès aux enfants. Le cannabis serait ainsi plus répandu. On y aurait plus facilement accès, et la suppression des peines associées à la possession banaliserait nécessairement les risques qui y sont associés. C'est ce qu'on a pu constater ailleurs dans le monde. La légalisation de la marijuana a toujours entraîné une augmentation de la consommation. C'est particulièrement vrai aux Pays-Bas. Lorsque la marijuana a été légalisée, la consommation chez les jeunes de 18 à 20 ans a pratiquement triplé. Par la suite, de nombreuses municipalités des Pays-Bas ont complètement interdit les commerces où on pouvait s'en procurer, les fameux coffee shops.
C'est évidemment le résultat de la légalisation, et il est on ne peut plus farfelu de la part d'un gouvernement de croire que, si on légalise une substance et si on en facilite l'accès, la consommation et la production à domicile, alors la consommation diminuera. La consommation de marijuana est effectivement trop élevée, et nous pourrions nous pencher sur les raisons dès maintenant, mais il est on ne peut plus farfelu de prétendre que le fait de faciliter l'accès à une substance et sa production réduira les risques que les gens se la procurent.
J'aimerais maintenant parler du crime organisé. Le gouvernement semble croire que, si on légalise une substance tout en la soumettant à un cadre de réglementation, on pourra forcément appauvrir le crime organisé. Certains prétendent que, si nous l'évinçons d'un secteur d'activités, le crime organisé va tout simplement fermer boutique. On peut être porté à le croire, mais c'est manifestement faux.
En plus de vendre toutes sortes de drogues, le crime organisé a participé ou continue de participer à la contrebande de produits légaux, comme le tabac, et nous savons que la contrebande de tabac est un problème majeur. Le crime organisé s'adonne à des activités illégales dans nombre d'industries parfaitement légales. Il a infiltré toutes sortes de secteurs comme la construction, la collecte des déchets, les jeux de hasard et le milieu politique.
En fait, si on faisait l'historique du crime organisé, on verrait que ses racines sont souvent d'origine culturelle ou sociologique, et non purement économique. Prenons l'exemple de la mafia, qui a vu le jour en Sicile en réaction à l'occupation étrangère. Au fil des siècles, les Siciliens ont créé une espèce de gouvernement autonome qui réussissait à fonctionner à la barbe de l'occupant et même des dirigeants légitimes. En servant de médiateur, la mafia permettait aux gens de régler leurs différends économiques, sociaux et pénaux sans en référer aux autorités occupantes. C'est ce que l'histoire nous dit.
S'il y a un profit à faire, c'est sûr que le crime organisé va s'impliquer dans le monde interlope. Or, son existence n'est aucunement tributaire de ce dernier. Il est tout aussi capable de faire énormément d'argent en appliquant ses méthodes — collusion, corruption, intimidation — dans le contexte d'activités légales.
L'histoire de la mafia en Amérique du Nord est intéressante elle aussi. La mafia a par exemple su tirer profit de la prohibition. Ses origines remontent toutefois à plusieurs centaines d'années avant le début du XXe siècle. Elle est apparue en réponse à divers phénomènes culturels. Quant à son déclin, il n'est aucunement attribuable à la légalisation de quoi que ce soit. Au contraire, la mafia a commencé à péricliter parce que les autorités ont modifié les lois pénales et permis aux forces de l'ordre de s'en prendre directement au crime organisé.
Selon ce qui est prévu dans le projet de loi, il sera de toute évidence très facile pour des organisations criminelles de poursuivre leurs activités liées à la marijuana, de vendre de la marijuana à des mineurs, de faciliter des transactions qui sont illégales à l'heure actuelle, mais qui seront bientôt légales. Il deviendra donc beaucoup plus facile pour les gens de transporter de grandes quantités de marijuana, soit jusqu'à 30 grammes pour les adultes et jusqu'à 5 grammes pour les mineurs.
Il est tout simplement irréaliste d'affirmer que cette mesure mettra fin aux activités du crime organisé dans ce domaine ou même qu'elle donnera a un coup dur au crime organisé. Selon les données obtenues, nous constaterons probablement une utilisation accrue et de nouvelles façons pour les organisations criminelles de contourner les nombreuses règles, plutôt timides disons-le, instaurées par le gouvernement.
Le point à retenir, c'est que le gouvernement, pour justifier son projet de loi, invoque des arguments qui ne correspondent pas à la réalité. Il parle des enfants et du crime organisé. En fait, nous allons constater une utilisation accrue chez les enfants. Le projet de loi crée également de nouvelles possibilités pour les organisations criminelles de contourner les dispositions législatives qui ont trait à la vente à des enfants, puisqu'il sera beaucoup plus facile pour les adultes et les enfants de transporter de la marijuana sans être repérés.
Nous disposons d'une solution de rechange évidente. Nous n'avons pas à accepter le statu quo comme une réalité acceptable. Notre parti appuie l'idée d'imposer des amendes, qui favorise une intervention raisonnable et efficace du système de justice pénale et non l'application de peines disproportionnées. Cette option met l'accent sur les traitements et la santé publique, mais prévoit également une intervention juridique pour remédier aux risques. Je crois que l'approche que nous proposons constitue une solution raisonnable. Elle permet des interventions qui sont nécessaires. C'est cette approche qui a été approuvée par l'Association canadienne des chefs de police. Ce n'est pas la décriminalisation, mais plutôt la possibilité d'imposer des amendes.
Il y aurait beaucoup à faire avec cette option. Nous pourrions peut-être obliger les personnes qui encourent une condamnation à choisir une solution de rechange, par exemple, la sensibilisation aux conséquences de la consommation de marijuana. Nous pourrions nous servir du système de justice pénale pour orienter les gens vers des traitements sans être trop punitifs. Nos amis du NPD ont souligné qu'il y avait la possibilité qu'une personne soit condamnée à perpétuité. Nous pouvons régler les problèmes en cause en procédant à la réforme du système de réhabilitation.
Toutefois, le problème concret que nous avons en ce moment, c'est que la marijuana tombe dans une zone grise. Elle est illégale, mais on ne peut pas imposer d'amendes. De toute évidence, elle ne constitue pas une priorité en matière d'application de la loi. C'est pourquoi tant de gens en consomment. D'une part, il n'y a pas la possibilité d'imposer des amendes et il n'y a pas d'autre choix que de porter des accusations, de l'autre, personne ne devrait être mis en prison pour la simple possession de cannabis. Je pense que nous pouvons tous convenir de cela. Je pense que nous pouvons proposer des solutions de rechange et des changements sensés qui font comprendre les dangers et les risques réels liés à la consommation de marijuana.
Le gouvernement tente de justifier une promesse électorale en s'appuyant sur le fait que le a affirmé avoir fumé de la marijuana alors qu'il était député, puis en défendant une approche axée sur la santé publique. Quel terrible exemple à donner pendant que des parents, des enseignants et d'autres intervenants tentent de faire comprendre aux jeunes que la consommation de marijuana présente des risques importants, graves et bien réels.
Une approche axée sur la santé publique qui serait plus sensée mettrait l'accent sur une modulation des mesures. Ainsi, nous pourrions envisager des réformes au régime de réhabilitation et d'autres outils comme des initiatives de traitement et de sensibilisation, sans pour autant renoncer à la possibilité d'imposer des amendes et de déposer des accusations criminelles afin que la police puisse intervenir. Cependant, selon le projet de loi du gouvernement, les enfants de 12 à 17 ans peuvent posséder jusqu'à cinq grammes de marijuana et ils sont autorisés à la distribuer entre eux. Ils ne peuvent pas la vendre, mais ils peuvent la distribuer. Le projet de loi pénalise sévèrement une personne de 18 ans qui donne de la marijuana à une autre de 17 ans, et, pourtant, un jeune de 17 ans qui remettrait la même drogue à un enfant de 12 ans n'encourrait absolument aucune sanction. L'incohérence de l'approche du gouvernement est donc bien évidente.
De plus, les députés ministériels ne communiquent pas un message cohérent sur les risques réels associés à la consommation de marijuana. Il y a de nombreux députés qui parlent publiquement et ouvertement du fait qu'ils ont consommé ou qu'ils consomment de la marijuana. Ils en parlent comme si ce n'est pas un problème, alors que nous savons que la consommation de marijuana, surtout chez les jeunes, est liée à une plus forte prévalence de troubles mentaux plus tard dans la vie, et ce, même lorsqu'il s'agit de quantités relativement modestes. Il est donc difficile à comprendre comment le gouvernement peut prétendre vouloir adopter une approche axée sur la santé publique alors qu'il refuse de faire face de façon réaliste aux problèmes de santé publique associés à la marijuana.
J'ai cité des études. Les données indiquent clairement qu'il y aura une augmentation de la consommation de la marijuana si elle est légalisée. Si le gouvernement va de l'avant avec le projet de loi, j'espère, à tout le moins, qu'il sera prêt à le réévaluer parce qu'il ne semble pas comprendre cette réalité. J'espère aussi que, un an ou deux après l'adoption du projet de loi, le gouvernement sera prêt à réévaluer les problèmes causés par cette mesure.
En résumé, il y a un énorme manque de cohérence entre ce que le gouvernement prétend et les réalités qui découleront du projet de loi. Les libéraux parlent souvent de tenir la marijuana hors de la portée des enfants, mais ils leur en faciliteront l'accès. De plus, ils vont abolir toute forme de sanction pénale pour les très jeunes enfants qui ont de la marijuana en leur possession. Il n'y aura donc aucun moyen de recourir à ce genre d'intervention juridique. Les libéraux vont permettre aux adultes de posséder de très grandes quantités de marijuana et d'en faire la distribution entre eux, et aux enfants de se partager la marijuana entre eux également. Ils permettront aux parents qui ont des enfants à la maison de faire pousser des plants de cannabis à des endroits et dans des contextes où les enfants pourront fort probablement y avoir accès. Le gouvernement se dit prêt à permettre toutes ces choses, mais il avance l'affirmation saugrenue que cette nouvelle mesure législative réduira en quelque sorte l'accès des jeunes à la marijuana. Tout cela ne fait aucun sens.
Puis, les libéraux parlent de la question du crime organisé, mais la réalité, c'est que le crime organisé est un système qui existera peu importe si la marijuana est légale ou non. Le crime organisé tire parti des occasions qui se présentent d'enfreindre la loi, mais il n'a pas besoin qu'une substance soit illégale pour poursuivre ses activités. Le gouvernement aurait intérêt à comprendre cette réalité.
Bien franchement, les députés ministériels qui se sont déjà penchés sur la question du crime organisé dans le contexte du travail policier devraient savoir ceci, et je suis sûr qu'ils le savent, malgré ce qui est écrit sur leurs notes d'allocution. Le plus souvent, le crime organisé découle d'une méfiance envers l'autorité, de l'exclusion sociale et de systèmes d'autorité déjà en place depuis longtemps. Ils ne résultent pas simplement de l'illégalité d'une chose. C'est l'histoire qui nous a appris cela.
En ce qui concerne la question de la santé publique, les faits sont très clairs: la marijuana est une substance dangereuse. Ce ne sont pas toutes les personnes qui fument un joint qui subiront des effets négatifs, mais la marijuana a été clairement associée à un risque accru de troubles mentaux. Un autre député a longuement parlé des effets cancérogènes de la fumée de marijuana et des nouvelles recherches portant sur les risques de la consommation de marijuana.
En tant qu'assemblée législative, nous devons envoyer un message sans équivoque. Je dirai simplement aux députés que nous devons donner un exemple clair en ce qui concerne les risques, car les libéraux affirment d'une part qu'ils adopteront une approche fondée sur la santé et tenteront de sensibiliser les Canadiens aux risques du cannabis, mais d'autre part ils soutiennent que ces risques ne sont pas vraiment bien compris et qu'il n'existe aucun consensus sur ceux-ci.
Tout cela crée une grande confusion, car les libéraux ne semblent pas reconnaître les risques existants et les députés tiennent des discours divergents à ce sujet. J'espère qu'au moins dans le cadre de ce débat, les députés de tous les partis seront prêts à reconnaître clairement que, peu importe leur point de vue sur la question fondamentale du crime, la marijuana est dangereuse et les meilleures recherches médicales confirment sans l'ombre d'un doute les risques qu'elle pose. J'espère donc que les députés se joindront à moi pour s'opposer à ce projet de loi.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui à l'appui du projet de loi , non seulement à titre de députée de Scarborough-Centre, mais aussi à titre de mère voulant garder ses enfants hors du danger que présentent les drogues et l'alcool et à titre de citoyenne voulant réduire le pouvoir et l'influence du crime organisé.
Si nous souhaitons garder le cannabis hors de la portée de nos enfants, nous devons appuyer le projet de loi. Ceux qui s'opposent à cette mesure législative pleine de gros bon sens et fondée sur des données probantes soutiennent une prétendue guerre contre les drogues qui est pourtant l'un des échecs les plus spectaculaires et les plus onéreux de l'histoire de la politique publique et qui ne fait qu'enrichir les membres du crime organisé.
De nos jours, il est plus facile pour un mineur d'obtenir du cannabis que de l'alcool ou du tabac. Si les députés en doutent, ils n'ont qu'à parler aux jeunes de notre nation et à se rendre dans les écoles, comme je l'ai fait. Mes propres enfants me disent que le cannabis est plus accessible aux enfants que la bière ou les cigarettes. On en trouve dans nos écoles et cela entraîne des conflits, des activités illégales et des expulsions. Le cannabis a une incidence négative sur l'éducation et la vie de la jeune génération.
Les données le démontrent. Le Canada affiche l’un des plus hauts taux de consommation juvénile du cannabis du monde entier. En 2015, le taux de consommation chez les jeunes de 15 à 19 ans était de 21 %, et il atteignait 30 % chez les 20 à 24 ans. C’est la réalité actuelle.
La vente et la distribution de l’alcool et du tabac sont réglementées par les administrations fédérale et provinciales; la vente aux mineurs est strictement interdite. Les détaillants qui violent ces règlements font l’objet d’amendes importantes et de sanctions graves, par exemple le retrait de leur droit de vendre des produits du tabac. Pour l’intérêt de leurs commerces, ils ont donc tout avantage à respecter les règlements interdisant la vente aux mineurs.
Bien entendu, il est toujours possible de contourner un système. Un ami plus âgé peut acheter de la bière pour un plus jeune. C’est illégal, mais cela arrive. Les jeunes peuvent subtiliser de l’alcool dans le bar de leurs parents. Les jeunes suffisamment motivés trouveront toujours une façon de contourner les règles. Toutefois, le fait demeure que la réglementation de la vente de l’alcool et des produits du tabac est manifestement plus efficace pour restreindre la consommation de ces produits par les mineurs que la prohibition. Nous devons adopter le même régime de réglementation pour le cannabis parce qu’il a fait la démonstration de son efficacité à restreindre la consommation par les mineurs.
En plus de son efficacité, il existe une autre excellente raison pour soutenir ce projet de loi et la réglementation stricte du cannabis. Nous ferons d’une pierre deux coups, en portant un coup décisif contre le crime organisé au Canada. Le cannabis est une mine d’or pour les gangs criminels, une source de revenus qui leur sert à se procurer d’autres drogues pour la revente ou des armes, ce qui alimente la violence et la criminalité dans nos collectivités. La légalisation et la réglementation du cannabis écarteraient les bandes criminelles du commerce du cannabis.
Comme je l’ai déjà mentionné, un commerçant doit respecter des règles contraignantes s’appliquant aux produits qu’il vend. Les gangs et les vendeurs de drogues fonctionnent en dehors de ces règles. Ils ne se soucient nullement de leurs clients, dans la mesure où ils ont de l’argent. Les vendeurs criminels ne vendent pas seulement du cannabis. Ils peuvent fournir à leurs jeunes clients des substances illégales beaucoup plus dangereuses.
Pour la première fois, le projet de loi créerait une infraction criminelle visant spécifiquement la vente de cannabis à des mineurs et imposerait de lourdes sanctions à quiconque ferait participer des mineurs à toute activité liée au cannabis. Le projet de loi interdirait également l’emballage, l’étiquetage et la promotion conçus spécifiquement pour attirer les jeunes. C’est la raison pour laquelle, si nous souhaitons restreindre l’accès du cannabis aux jeunes et porter un dur coup à la criminalité, nous devons appuyer le projet de loi . Les personnes qui se disent contre la criminalité et qui s’opposent à ce projet de loi se leurrent.
Les propositions énoncées dans le projet de loi sont des politiques sensées, basées sur l’expérience et issues de vastes consultations menées depuis plus d’un an auprès des experts en matière d’exécution de la loi, de santé et de sécurité, dirigées par notre collègue le député de et par le Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis, dirigé par l’honorable Anne McLellan. C’est une loi qui arrive à point nommé.
Je dois avouer que la lecture des informations fallacieuses que certaines personnes opposées à ce projet de loi ont tenté de propager, en particulier auprès de différents groupes ethniques, m’a attristée. Plutôt que de tenter de réfuter les avantages d’une stricte réglementation, ils ont eu recours à la désinformation et à la peur pour alimenter délibérément les tensions. À titre de membre d’une de ces communautés ethniques, je suis outrée du peu de cas qu’ils font de nous et du peu d’intelligence qu’ils nous prêtent, nous jugeant incapables de déceler leurs mensonges. Les membres de ma collectivité veulent rendre plus difficile l’accès de leurs enfants au cannabis, ce qui serait une conséquence du projet de loi . C’est le genre d’aide dont les parents ont besoin.
Selon une autre attaque trompeuse contre ce projet de loi, ce dernier légaliserait la possession de cannabis par les mineurs. C’est une affirmation délibérément fallacieuse. Il est vrai que le projet de loi décriminaliserait la possession d’une petite quantité de cannabis. La possession d’une petite quantité d’alcool ou de tabac n’est pas criminelle non plus. Cela ne signifie pas qu’elle soit tolérée. Notre gouvernement collaborerait avec les provinces pour veiller à ce que des amendes significatives soient imposées pour les cas de possession de petites quantités.
Pourquoi imposer des amendes plutôt que de porter des accusations criminelles? De ce côté-ci de la Chambre, nous estimons qu’il n’est pas juste de ruiner la vie de mineurs en leur imposant des dossiers criminels qui les suivront leur vie durant à cause d’une erreur de jeunesse. Si des sanctions criminelles sévères sont justifiées pour les trafiquants et les distributeurs, de simples amendes constituent des moyens dissuasifs suffisants pour la possession simple par des jeunes.
Certaines questions sur le régime de la réglementation qui serait issu du projet de loi demeurent sans réponse, à savoir, par exemple, où et comment serait vendu le cannabis. Des électeurs de ma circonscription s’inquiètent également du risque de perdre la jouissance de leur propre appartement du fait de la consommation de cannabis par leurs voisins dans des immeubles à logement. La réponse à ces questions reviendra aux administrations municipales et provinciales parce qu’elles relèvent de leurs compétences. Le Canada est une fédération et le gouvernement fédéral serait malvenu d’imposer ses solutions à ces problèmes. Une règle valable dans une ville pourrait ne pas convenir à une autre. Je suis certaine que la et la du Canada collaboreront avec leurs homologues des provinces pour trouver les réponses appropriées.
Nous convenons que la consommation du cannabis et de ses dérivés comporte des risques, autant que la consommation d’alcool et de tabac. Nous convenons que les risques sont beaucoup plus élevés chez les jeunes. C’est la raison pour laquelle il est urgent de mettre un terme à la situation actuelle, qui a totalement échoué à restreindre l’accès à ces produits par nos jeunes.
Cette loi nous permettrait de remplacer une approche inadéquate qui facilite l’accès au cannabis pour les jeunes et procure une source de revenus faciles aux organisations criminelles par une approche de réglementation et d’exécution strictes, fondée sur des données probantes, qui restreindrait efficacement l’accès pour les jeunes. Cette approche prévoirait des sanctions graves pour ceux qui voudraient corrompre nos jeunes et couperait l’accès à une source importante de revenus aux organisations criminelles.
J'exhorte tous ceux qui souhaitent tenir le cannabis hors de la portée de nos enfants à appuyer le projet de loi . À titre de mère, j’affirme que ce projet de loi apporte une aide particulièrement bienvenue.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui porte sur la légalisation du cannabis, plus communément appelé marijuana.
Le projet de loi a été proposé avec précipitation. Les gouvernements provinciaux doivent définir de nombreux aspects pratiques du projet de loi . À la mise en oeuvre de la mesure législative, les libéraux demanderont aux Canadiens de leur faire confiance et d'espérer que tout se passera bien. C'est une politique qui ne fonctionnera pas, à l'image de toutes les autres promesses électorales brisées.
Avant même de commencer mon discours sur les aspects problématiques de la proposition du gouvernement, je tiens à dire que je ne crois pas que le projet de loi créerait une politique judicieuse pour les Canadiens. Plutôt, on nous demande de signer un chèque en blanc pour un grand nombre des détails réglementaires qui seront décidés plus tard. La légalisation d'une drogue illicite a des conséquences importantes pour tous les Canadiens. Il nous incombe d'assurer leur sécurité.
Je commencerai par un peu d'histoire sur le cannabis au pays. Le Canada a interdit le cannabis pour la première fois en 1923 par le projet de loi visant à modifier la Loi sur les stupéfiants. À l'époque, la liste des drogues interdites incluait également l'opium, la morphine et la cocaïne. Je suis contente que ces trois drogues demeurent sur la liste noire actuelle. J'ignore toutefois pour combien de temps.
La consommation de cannabis a continué d'augmenter progressivement tout au long des années 1970, 1980 et 1990, ce qui nous amène à aujourd'hui. La consommation de cannabis est à un niveau sans précédent. Selon un rapport de l'Université de Waterloo sur l'usage du tabac et du cannabis au Canada, près d'un élève de la septième à la douzième année sur cinq a déjà consommé du cannabis. La majorité d'entre eux en ont consommé au cours de la dernière année. Aucun député ne peut affirmer que c'est une bonne chose. Ces taux doivent diminuer. L'adoption du projet de loi entraînerait toutefois assurément une hausse de la consommation de cannabis chez les élèves.
Le cannabis est illégal depuis 1923 pour de nombreuses raisons, et l'une des principales raisons est que le cannabis est une drogue qui a des effets nuisibles bien réels sur la santé des personnes qui en consomment, particulièrement lorsqu'il s'agit de personnes dans la tranche d'âge où le cerveau n'a pas fini de se développer. Ma collègue, une médecin, vient de citer certains faits incontestables en ce qui concerne la recherche médicale et les genres d'effets néfastes auxquels les enfants et les jeunes du Canada s'exposeront lorsqu'ils commenceront à consommer de la marijuana.
L'assouplissement des positions à l'égard du cannabis n'a pas réduit la consommation de cette substance et, pire encore, elle n'a pas entraîné une baisse de son usage chez les jeunes. De nombreux autres Canadiens qui ne fument pas actuellement de la marijuana, ou du cannabis, sont susceptibles de commencer à le faire une fois que cette substance sera légalisée. La légalisation de la marijuana ne diminuera pas l'intérêt à cet égard. Au contraire, elle le renforcera, comme on l'a observé dans les États américains qui ont légalisé cette drogue, notamment le Colorado.
J'ai beaucoup de réserves au sujet du projet de loi, mais je parlerai d'abord de la légalisation de l'accès au cannabis qui est prévue dans le projet de loi . Le gouvernement répète constamment que le projet de loi vise à protéger les enfants et les jeunes des dangers du cannabis. Toutefois, cette déclaration est paradoxale. En effet, en légalisant le cannabis et en encadrant juridiquement la production, la possession, la distribution et la consommation de cannabis, le projet de loi encouragerait en fait une consommation accrue de cette substance.
Aux termes du projet de loi , les adultes pourront avoir en leur possession jusqu'à 30 grammes de cannabis séché, dans un lieu public. Pour mettre les choses en perspective, 30 grammes équivaudraient à un petit sac de croustilles. Il ne s'agit donc pas d'une petite quantité.
Cependant, dans des contextes privés, aucune limite n'est établie. Les Canadiens pourront stocker des kilogrammes de marijuana tant qu'ils n'ont pas l'intention d'en faire la vente.
Le projet de loi ne s'arrête pas là. En effet, il permettra aux adultes de cultiver jusqu'à quatre plants de cannabis à la maison. Le problème, c'est que ces plants se retrouvent déjà dans les foyers. Le gouvernement prétend vouloir protéger les enfants, mais il va permettre que cette drogue soit cultivée à l'endroit même qui est censé être sécuritaire pour les enfants.
Je comprends que le projet de loi établit quelques mesures pour veiller à ce qu'il ne soit pas possible pour n'importe quel adulte de cultiver de la marijuana. Je tiens également à souligner que je ne parle pas de l'utilisation et du besoin de cannabis à des fins médicales. Ça, c'est une tout autre paire de manches.
Cela dit, je ne suis pas convaincue qu'il y ait suffisamment de mesures de protection pour s'assurer que la limite de quatre plants n'est pas exagérément enfreinte ou ignorée. Le fait de permettre aux Canadiens de cultiver eux-mêmes du cannabis rendra la prise de règlements et la surveillance beaucoup plus difficiles pour le gouvernement et les forces de l'ordre.
Cela m'amène directement à parler d'autres craintes que j’éprouve au sujet de la réglementation. Dans le projet de loi actuel, il n'est pas précisé clairement comment le gouvernement entend réglementer la production et la consommation de cannabis. Par exemple, aux termes des dispositions actuelles, les mandats de perquisition pourraient être émis par téléphone ou bien ils autoriseraient des inspecteurs à ouvrir des colis ou à entrer dans des immeubles sur la présomption que des activités contraires à la loi s'y déroulent. Ces dispositions manquent de substance et ne proposent pas de mesures pratiques pour aider les agents d’application de la loi à déterminer quand un mandat de perquisition est opportun et de quelle façon prévoir avec exactitude les violations.
Enfin, dans la circonscription de , que je représente, j’ai fait ouvertement campagne contre la légalisation de la marijuana et j’ai été réélue parce que mon point de vue est partagé par de nombreux électeurs qui m’ont fait part de leurs inquiétudes. Ils détestent l’odeur persistante du cannabis et les propriétaires craignent de ne pas pouvoir obtenir d’assurance si un locataire décide de cultiver du cannabis à leur insu. Les parents s’inquiètent de la sécurité de leurs enfants. Trop de questions restent sans réponse pour ce qui est des conséquences concrètes de la légalisation.
Le projet de loi constitue un changement de politique radical pour l’ensemble de la société. J’enrage de voir que ce gouvernement estime approprié de se précipiter pour faire adopter ce projet de loi alors qu'il mène des consultations à propos du moindre changement.
Un journaliste a même écrit ceci: « Les libéraux de Trudeau sont en train de légaliser la marijuana comme si on les y forçait ».
La sécurité des Canadiens, et plus particulièrement des jeunes...
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Madame la Présidente, je suis ravie d'intervenir à la Chambre aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi sur le cannabis. Cette mesure législative permettra non seulement de remplir une importante promesse électorale faite aux Canadiens, mais aussi de mieux protéger les jeunes et d'accroître la sécurité au Canada.
En 2012, 20 % des jeunes de 15 à 17 ans ont signalé avoir consommé du cannabis au cours de l'année précédente. C'est un pourcentage inacceptable, et la situation cause du tort aux jeunes du pays. La circonscription que je représente, Don Valley-Est, compte un grand nombre de jeunes. Le gouvernement a le devoir de faire en sorte que ces jeunes n'aient pas accès au cannabis.
Le projet de loi érigerait en infraction criminelle la vente ou la distribution de cannabis à des jeunes. Ainsi, pour la première fois dans l'histoire du pays, on créerait une infraction criminelle précise concernant la vente de cannabis à un jeune. Le projet de loi créerait aussi deux nouvelles infractions criminelles, assorties de peines d'emprisonnement d'une durée maximale de 14 ans, pour la distribution ou la vente de cannabis à un jeune ou pour l'utilisation d'un jeune en vue de commettre une infraction liée au cannabis.
Le projet de loi contient aussi des dispositions rigoureuses destinées à empêcher les jeunes de consommer du cannabis. Il prévoit de lourdes peines dans les cas d'étiquetage, d'emballage, de promotion, de publicité, de commandite ou d'attestation susceptibles d'inciter des jeunes à consommer du cannabis ou de le rendre attrayant pour eux, notamment une amende pouvant atteindre 5 millions de dollars ou une peine d'emprisonnement d'un maximum de trois ans.
Les façons de faire actuelles ne protègent pas les jeunes, ce qui est un énorme problème. Comme certains l'ont souligné, la vie de nombreux jeunes a été irrémédiablement gâchée en raison d'infractions mineures concernant la possession de cannabis. La possession de cannabis se classe au quatrième rang parmi les crimes commis par de jeunes Canadiens.
Le projet de loi aurait pour but d'éviter que des jeunes aient à subir, pendant toute leur vie, les conséquences associées à un casier judiciaire. Les personnes de moins de 18 ans ne seraient pas passibles de poursuites pénales pour avoir eu en leur possession ou partagé de très petites quantités de cannabis; de plus, toute infraction à cette loi par des jeunes serait traitée dans le cadre du système de justice pénale pour les adolescents. Par ailleurs, le gouvernement a prévu 9,6 millions de dollars sur cinq ans pour une vaste campagne de sensibilisation du public qui ferait connaître aux Canadiens, y compris aux jeunes, les risques associés à la consommation de cannabis.
En 2012, 33 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans ont dit avoir consommé du cannabis au cours de l'année précédente. Il est actuellement très dangereux de se procurer du cannabis. Il faut faire affaire avec un trafiquant ou aller dans un point de vente illégal et faire ses achats en secret, tout cela en s'inquiétant du contenu exact de la drogue achetée. L'un des graves problèmes, à l'heure actuelle, c'est que le cannabis en circulation a été combiné à d'autres drogues puissantes ou a une teneur en THC anormalement élevée. Malgré la faible probabilité d'une surdose de cannabis, un produit impur peut causer des réactions extrêmement désagréables.
Le projet de loi permettrait aux personnes qui consomment régulièrement du cannabis et à celles qui veulent en faire l'essai d'avoir accès à une drogue sûre et réglementée. Il permettrait aussi au gouvernement de réglementer la production et la vente de cette drogue, et d'éviter que les criminels en tirent profit. En 2013, parmi les infractions liées à la drogue déclarées par les policiers, 67 % concernaient le cannabis; dans 80 % de ces cas, il s'agissait de simple possession.
Actuellement, le système de justice pénale est débordé par des cas de personnes accusées de crimes non violents liés à la possession de cannabis. Le projet de loi vise à éliminer ce fardeau, ce qui permettra au système de justice de protéger plus efficacement les Canadiens.
Le cadre de réglementation proposé dans le projet de loi permet de posséder légalement une quantité de 30 grammes ou moins de cannabis dans un lieu public, d'acheter du cannabis à des fournisseurs réglementés et de cultiver jusqu'à quatre plantes de cannabis par domicile. Cela rendrait le marché du cannabis plus sécuritaire. De plus, la nouvelle réglementation concernant les infractions mineures de possession de cannabis permettrait aux services de police de se concentrer sur l'objectif important de garder le cannabis hors de la portée des jeunes, et les produits de sa vente, hors de la portée des criminels.
Le projet de loi est un parfait exemple de collaboration politique. Les trois ordres de gouvernement, soit les municipalités, les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral, ont travaillé ensemble ainsi qu'avec la population canadienne afin d'élaborer le meilleur projet de loi possible pour protéger les Canadiens.
Je félicite le Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis de son travail acharné. Grâce à ses efforts soutenus ainsi qu'aux consultations qu'il a menées partout au pays auprès de tous les ordres de gouvernement, de spécialistes, de patients, de militants, de gouvernements et d'organisations autochtones, d'employeurs et de l'industrie, il a pu fournir des recommandations constructives sur l'élaboration de ce nouveau cadre législatif et réglementaire.
Le projet de loi sur le cannabis mettrait en place un cadre rigoureux pour le contrôle, la production, la distribution, la vente, l'importation, l'exportation et la possession de cannabis au Canada.
Je suis fière de dire aux résidants de ma circonscription, dont beaucoup sont des jeunes, que le gouvernement qu'ils ont élu travaille vraiment pour eux. Je suis fière de leur parler du travail colossal que le gouvernement a réalisé, et des efforts acharnés qu'il continue de faire afin de remplir les engagements électoraux qui sont chers à de nombreux Canadiens. Je suis persuadée que le projet de loi sur le cannabis contribuera à faire du Canada un pays meilleur et plus sécuritaire.
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Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de participer aujourd'hui au débat sur le projet de loi .
La marijuana est interdite au Canada depuis 1923. Or, beaucoup de choses ont changé depuis un siècle, y compris la façon de voir la marijuana. Dans leur plateforme électorale, les libéraux ont promis en 2015 de légaliser le cannabis, de le réglementer et d'en limiter l'accès. Toutefois, depuis que le gouvernement libéral a été porté au pouvoir, il y a 20 mois, plus de 15 000 Canadiens ont fait l'objet de poursuites pour possession simple de marijuana. Quel gaspillage de ressources!
Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que le gouvernement ne se dotera d'aucun plan avant l'été prochain. Il devrait être gêné que les choses prennent autant de temps.
En plus de rompre la promesse qu'ils ont faite aux Canadiens, les libéraux engorgent le système judiciaire de poursuites reposant sur des infractions arbitraires. Pendant que la légalisation se fait attendre, le gouvernement libéral ferme les yeux sur les dizaines de milliers de poursuites et de casiers judiciaires associés à la possession simple de marijuana. Il faut souligner aussi que ces conséquences touchent plus particulièrement les jeunes et les personnes appartenant à une minorité raciale. Les gens ne devraient pas avoir de la difficulté, pour le reste de leur vie, à trouver un bon emploi, à se loger ou à voyager à l'étranger parce qu'ils ont déjà eu une petite quantité de cannabis en leur possession.
La décision de la Cour suprême dans l'affaire R. c. Jordan, rendue l'année dernière, a imposé des délais en ce a trait aux procès. Cette décision a mis au jour un manque chronique de ressources dans le système judiciaire canadien, causé par une myriade de facteurs tels que les postes de juge vacants, le sous-financement des services d'aide juridique et les peines minimales obligatoires. Dans nombre de cas, les accusations pour des crimes graves ont été suspendues ou retirées.
Dans ma circonscription seulement, diverses municipalités ont adopté des approches différentes à l'égard de ce problème. Certaines administrations locales demandent à la GRC d'adopter une position ferme sur la question de la marijuana. Plusieurs personnes qui font du bénévolat dans des dispensaires de marijuana à des fins médicales ont été arrêtées pour possession simple. Pendant ce temps, dans les municipalités environnantes, les administrations ont demandé à la GRC de faire exactement le contraire. Nous sommes dans une zone grise sur le plan juridictionnel et juridique, et ce manque de précision fait que tout le monde est incertain de la marche à suivre.
La crise qui a cours dans le système judiciaire fait qu'il serait irresponsable de continuer à utiliser les ressources policières et judiciaires pour porter des accusations criminelles contre des jeunes pour simple possession de cannabis. Nous ne pouvons pas nous permettre de consacrer des ressources policières et judiciaires dans le cadre d'accusations et de condamnations pour simple possession.
Le NPD préconise la décriminalisation de la marijuana depuis 45 ans. Nous demandons aux libéraux de décriminaliser immédiatement la simple possession de marijuana à titre de mesure provisoire et d'invoquer le pouvoir discrétionnaire du poursuivant ou de la police pour cesser d'appliquer une loi carrément injuste comme celle-ci.
Nous appuyons l'objectif général de la légalisation et nous soumettrons des propositions constructives au gouvernement, notamment en ce qui concerne la réhabilitation des personnes déclarées coupables de possession de cannabis. Il semble juste qu'une forme d'amnistie leur soit offerte, étant donné la légalisation imminente. Toutefois, les libéraux ne semblent pas vouloir faciliter l'obtention d'un pardon ni diminuer les frais de 631 $ qui sont exigés pour présenter une demande en ce sens. L'impossibilité d'obtenir un pardon demeure un obstacle de taille pour beaucoup de gens qui tentent de laisser derrière eux leur passé criminel.
Certes, même s'il se fait attendre depuis trop longtemps, le projet de loi constitue un pas dans la bonne direction. Il renferme néanmoins plusieurs points saugrenus.
Premièrement, il prévoit une peine d'emprisonnement pouvant atteindre 14 ans pour toute personne ayant vendu de la marijuana à un jeune. C'est absurde. C'est comparable aux peines imposées pour avoir produit de pornographie juvénile ou tenté de quitter le Canada afin de commettre des actes terroristes. Je suis conscient que les juges ont un pouvoir discrétionnaire, mais il s'agit d'une peine excessive et peut-être même contraire à la Charte des droits et libertés.
Deuxièmement, le projet de loi laisse aux provinces de nombreux enjeux clés. Le gouvernement fédéral a clairement compétence en matière de droit criminel. Par contre, en ce qui a trait à la vente et à la distribution, la Constitution confère clairement compétence aux provinces. Cela signifie que les provinces vont avoir besoin de temps pour mettre sur pied leur propre système de réglementation. C'est une autre raison pour laquelle nous aurions aimé que le processus soit entamé plus tôt.
On ne sait pas ce que prévoit le gouvernement au chapitre de la structure de revenus et d'imposition liée à la marijuana et de son partage entre les gouvernements fédéral et provinciaux. Malheureusement, les provinces vont devoir attendre que le se prononce sur la question. Il faudra remédier à ces lacunes flagrantes avant de pouvoir adopter une mesure législative sensée pour tous les Canadiens.
Nous, néo-démocrates, voulons que les recettes obtenues constituent une source de financement fiable et à long terme pour la recherche et la prévention, plus particulièrement en matière de traitement et de prévention de la toxicomanie. Le gouvernement doit définir clairement les responsabilités provinciales et les responsabilités fédérales dans l'optique de concilier la protection de la santé et des jeunes avec la réduction du marché clandestin.
Les néo-démocrates, il est important de le souligner, sont conscients de certains des effets négatifs de la criminalisation. Il est largement reconnu qu'il y a un manque d'études scientifiques sur les effets du cannabis sur la santé, surtout dans les cas de consommation chronique. Nous devons nous inquiéter plus particulièrement des effets de la consommation chronique et intensive de cannabis sur la santé des jeunes. Nous allons donc réclamer du gouvernement qu'il commence à établir et à financer des plans de recherche sur ces questions.
Le temps est venu d'adopter une nouvelle stratégie face à la marijuana. La loi actuelle est archaïque et les Canadiens veulent que les choses changent. Depuis plusieurs décennies, les études montrent que, dans les endroits où le cannabis a été décriminalisé, comme en Australie, en Europe et aux États-Unis, la demande et la facilité d'accès n'ont pas augmenté.
Les gens qui vont fumer ou ingérer de la marijuana doivent s'assurer qu'ils ont accès à de l'information et à des services de soutien. Environ 30 % des jeunes Canadiens ont fumé de la marijuana au moins une fois avant l'âge de 15 ans. Ce pourcentage est le plus élevé parmi 43 pays et régions en Europe et en Amérique du Nord.
Manifestement, notre stratégie actuelle ne fonctionne pas. Nous devons travailler de concert avec la société et non contre elle.
La décriminalisation permettra de réduire les problèmes sociaux connexes, notamment le problème des casiers judiciaires qui suivent les gens toute leur vie et qui ont une incidence sur leur capacité à obtenir un emploi, à louer un logement ou à voyager. La décriminalisation permettra également de réduire les coûts pour notre système judiciaire.
Nous appuyons la légalisation de la marijuana. Toutefois, nous tenons à ce que les choses soient faites de manière efficace, à ce que la drogue ne soit pas mise en marché pour les enfants, à ce qu'une source de revenus fiable et à long terme soit créée pour la santé publique, la prévention et la recherche, et à ce qu'une stratégie complète en matière de sécurité soit mise en oeuvre.
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Madame la Présidente, j’ai le plaisir d’intervenir à la Chambre pour parler du projet de loi , un projet de loi pour lequel j’assume une certaine responsabilité et auquel j’ai participé depuis le début. Je n’utiliserai pas le temps limité dont je dispose aujourd’hui pour passer en revue tous les aspects de ce projet de loi, dont, je crois, nous avons discuté considérablement à la Chambre. J’ai eu la possibilité d'assister à toutes les heures du débat jusqu’ici et je me suis efforcé d’écouter attentivement les questions et les préoccupations soulevées par les députés. J’espère utiliser mon temps de parole aujourd’hui pour répondre de mon mieux à certaines de ces préoccupations et peut-être donner aux députés une idée de la manière la plus appropriée de traiter ces questions.
Il y a quelques minutes à peine, un député a laissé entendre qu’il y avait peut-être eu des irrégularités ou quelque chose d’inapproprié en ce qui concerne l'octroi des licences pour la production autorisée de cannabis. Dans des débats antérieurs à la Chambre, un certain nombre d’entreprises, plus précisément Canopy, Aurora, Tweed et Hydropothecary, ont été mentionnées comme étant des endroits où des personnes ayant une certaine affiliation politique avaient bénéficié de certains avantages. Je tiens à préciser à la Chambre que les quatre entreprises que je viens de mentionner ont toutes reçu leur licence sous le gouvernement précédent. Donc, franchement, l’accusation est sans fondement.
Je tiens à expliquer comment je me retrouve dans cette position qui m'amène à parler au nom du gouvernement pour la légalisation et la stricte réglementation du cannabis et sa restriction, en particulier, en ce qui concerne l’accès par les jeunes. Je veux que ce soit bien clair. Dans mes fonctions antérieures comme agent de police et chef de police, j'ai exprimé de sincères préoccupations à l’égard des limites de la décriminalisation. Ma position n’a pas changé. Je dirai qu’en tant que personne responsable de la protection des enfants de Toronto et de la sécurité des collectivités, j’ai toujours essayé de voir les préjudices causés aux enfants et aux collectivités et de faire tout mon possible pour réduire ces préjudices et protéger ces jeunes et ces collectivités.
En octobre 2014, le Centre de toxicomanie et de santé mentale a préparé un rapport que j’ai cité plus tôt. Ce rapport recommandait la mise en œuvre d’un nouveau système, une approche et un cadre axés sur la santé publique, pour la réglementation stricte du cannabis. On y abordait un certain nombre de préjudices qui pourraient être réglés de cette manière.
Je reconnaîtrai d’emblée que tous les députés de la Chambre ont sincèrement à cœur le bien-être de tous les enfants, de tous les jeunes du Canada, et qu’ils sont tous sincèrement préoccupés par le fait que le Canada enregistre les taux de consommation de cannabis chez les jeunes les plus élevés du monde. Je crois que les députés des deux côtés de la Chambre comprennent que la forte consommation de cannabis chez nos jeunes représente un risque considérable pour eux. Il y a de très réels préjudices sociaux. Il y a les dommages causés au cerveau des adolescents, qui est encore en développement. Il y a d’autres risques pour la santé des jeunes associés à une consommation précoce du cannabis, à la fréquence de sa consommation et à la force du produit. Je crois que tous conviendront que nous devons faire un meilleur travail. Le système actuel est déplorable et inacceptable et exige notre intervention. Maintenant, nous pouvons débattre et discuter d’un plan d’action approprié.
Je crois que tous les députés de la Chambre jugent inacceptable que le crime organisé tire des milliards de dollars de cette entreprise criminelle. Les gangs de rue, les bandes de motards criminels et d’autres entreprises criminelles sont actuellement entièrement responsables de la production de cette drogue, ainsi que de sa distribution et de son trafic dans nos collectivités et auprès de nos jeunes. Je crois que tous les députés de la Chambre sont d’avis que nous devons prendre les mesures nécessaires pour que nos collectivités soient sûres, pour retirer ces profits au crime organisé et pour protéger nos jeunes, nos collectivités et la santé de nos citoyens.
Je vais essayer de répondre à certaines des préoccupations soulevées. Un certain nombre de députés ont demandé pourquoi le projet de loi du gouvernement recommande que les personnes de moins de 18 ans n’aient pas accès au cannabis, mais que les personnes de plus de 18 ans, âge auquel une personne est normalement jugée adulte, selon le lieu où cette personne réside, aient eux accès au cannabis produit en vertu d’une réglementation stricte et vendu seulement dans le cadre d’un régime de réglementation strict, établi par la province et l'autorité locale.
Je suis bien conscient que la science nous dit qu’il y a un risque réel pour la santé jusqu’à l’âge de 25 ans. C’est une question dont notre groupe de travail a longuement débattu. Ce fut le sujet d’un débat approfondi au sein du groupe de travail, du gouvernement et de cette Chambre.
Le gouvernement croit que les Canadiens adultes, qui ont entre 18 et 25 ans, ont le droit de prendre des décisions concernant leur propre santé et la maturité pour le faire. Nous permettons aux jeunes gens qui ont atteint l’âge de la majorité, qui est établi par la province, de se marier, d’avoir des enfants, de faire l’acquisition d’une maison, de contracter une hypothèque, de consommer de l’alcool et du tabac et de prendre des décisions touchant leur propre vie et leur propre santé. Pour autant que nous leur permettions de faire des choix plus sûrs, plus sains et responsables socialement, pour autant que nous leur donnions l’information dont ils ont besoin pour faire un choix éclairé, je crois que nous nous acquittons de notre responsabilité et respectons leur capacité comme Canadiens adultes de faire ce choix.
On s'est aussi questionné quant à la façon dont la loi traiterait la possession de cannabis par un jeune de moins de 18 ans, ou selon ce que les provinces pourront déterminer. L’un des torts signalés dans les discussions que nous avons tenues avec des experts un peu partout au pays était la criminalisation de nos jeunes, comme cela a été mentionné précédemment. Le gouvernement a tout à fait l’intention de protéger nos enfants des dommages de voir leurs gestes inscrits dans un casier judiciaire. Nous voulons nous assurer de pouvoir interdire la possession, l’achat et la consommation du cannabis sans toutefois qu'ils risquent de se retrouver avec un casier judiciaire. Légiférer à l’échelle provinciale est la bonne façon d’y arriver.
Chaque province et territoire a une loi sur les permis d’alcool. La possession, l’achat et la consommation d’alcool par un jeune constituent une infraction en vertu de la réglementation provinciale. Si un jeune se fait prendre, les forces de l’ordre peuvent saisir l’alcool en sa possession et lui remettre une amende. Les conséquences d’enfreindre cette réglementation sont réelles, mais le jeune en question n’a pas à subir les conséquences d’un casier judiciaire. À mon humble avis, il s’agit d’une réduction considérable du risque pour nos jeunes.
J’ai parcouru le pays et j’ai discuté avec des parents et des familles de ce qui les préoccupe à propos du cannabis et de leurs jeunes. Nul ne doute qu’ils s’inquiètent de leur santé. Nous avons la responsabilité de mieux protéger ces jeunes. Les parents s'inquiètent des préjudices sociaux à l’endroit de ses jeunes. Ils s’inquiètent qu’ils ne terminent pas leurs études. Ils s’inquiètent de leurs fréquentations. Ils craignent que s’ils consomment du cannabis, ils l'obtiendront d’un criminel, qui pourrait leur vendre d’autres drogues ou les exposer à d’autres risques.
Finalement, les parents m’ont confié qu’ils ont aussi peur que leur jeune se retrouve un soir en possession de cannabis dans une automobile arrêtée par la police pour une raison ou une autre, et que cela lui vaille un casier judiciaire pour le reste de sa vie, avec tout ce que cela signifie. Je crois que chaque député est motivé par un désir sincère de faire mieux pour protéger nos jeunes de ces préjudices.
J’ai également entendu des préoccupations à propos des ressources. J’ai rencontré des maires, des conseillers municipaux, des chefs de police, des chefs des pompiers, des agents chargés de l’application des règlements municipaux et des responsables de la santé publique, qui ont tous exprimé des inquiétudes. Ils veulent assumer leur responsabilité de protéger leurs collectivités, mais ils s’inquiètent des ressources. Je suis fier que le gouvernement se soit engagé à ce que les recettes tirées de la taxe fédérale sur cette substance puissent être réinvesties dans la recherche, l’éducation publique, le traitement et la réhabilitation.
Nous menons actuellement d'importantes discussions avec les provinces, les territoires et les municipalités afin que les forces de l’ordre, les responsables municipaux et les responsables de la santé publique aient les outils, l’infrastructure, ainsi que les capacités en matière d'administration, de surveillance, de vérification et d’application pour garder nos collectivités sûres.
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Madame la Présidente, je suis honoré de prendre la parole au sujet du projet de loi , la loi proposée par le gouvernement concernant le cannabis. Ce projet de loi compte plus de 100 pages. Comme le laisse entendre le titre, il s'agit d'un projet de loi complexe qui modifie la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le Code criminel et d'autres lois.
En plus d'avoir une incidence sur ces lois, ce projet de loi complexe aurait une incidence sur les particuliers et les familles. Il aura une incidence sur les provinces et les territoires ainsi que sur les municipalités. Le projet de loi aurait sur notre pays des effets que nous ne pouvons prévoir avec certitude pour le moment.
Avant de parler du projet de loi et de ses aspects complexes, j'aimerais d'abord reconnaître que la communauté médicale étudie les effets du cannabis en tant que médicament pour traiter de nombreuses maladies, depuis la douleur chronique jusqu'à l'anxiété en passant par les crises épileptiques et les maladies telles que les troubles intestinaux et le cancer. La marijuana, si elle fait l'objet d'ordonnances et d'une administration adéquates, pourrait potentiellement être un remède pour une multitude de maladies.
Bien que des études scientifiques soient en voie de découvrir le plein potentiel du cannabis, elles sont seulement à mi-chemin du but. Beaucoup plus de tests sont nécessaires pour déterminer tous les effets et les avantages de la consommation du cannabis. La médecine n'a pas encore tiré toutes ses conclusions et elle ne comprend pas toujours pleinement les effets néfastes possibles du cannabis sur le corps humain.
Cela dit, la médecine a établi que le cannabis a des effets négatifs sur le développement du cerveau des jeunes et que l'inhalation de fumée pose des risques pour la santé, peu importe que la fumée provienne du tabac, du bois ou de la marijuana. Le risque que représente la fumée pour la santé humaine est bien documenté.
À l'heure actuelle, les lois canadiennes considèrent le cannabis comme une drogue qui n'a toujours pas été testée à fond et qui comporte de nombreux effets connus et inconnus. En tant que législateurs, il nous incombe d'envisager l'ensemble des avantages, des inconvénients et des dangers possibles de tout projet de loi dont nous sommes saisis, ainsi que les conséquences de nos décisions et de nos votes à l'égard de ce projet de loi. À ce titre, je prends cette responsabilité très au sérieux et, bien que j'aie eu un peu de temps pour examiner le projet de loi, il y a tellement de perspectives, de composantes, de répercussions possibles et de facteurs inconnus que j'estime que nous avons besoin de beaucoup plus de temps avant de nous lancer dans la légalisation.
Un examen rigoureux et approfondi du projet de loi doit être effectué afin que la Chambre s'acquitte de son obligation de diligence raisonnable envers les Canadiens et n'adopte pas des mesures législatives boiteuses qu'elle regretterait plus tard. Même si je conviens que le système actuel ne fonctionne pas, il existe aussi d'autres options. Il est notamment possible de décriminaliser le cannabis sans le légaliser complètement, et cette possibilité mérite d'être étudiée.
Comme je l'ai mentionné, nous devons tenir compte de beaucoup d'éléments. Nous devons non seulement prendre en considération ce qui figure dans le projet de loi dont la Chambre est saisie, mais aussi ce que l'on retrouvera dans les projets de loi des assemblées législatives provinciales ainsi que dans les territoires et les collectivités. Comment l'affaiblissement des facultés sera-t-il mesuré? Comment sera-t-il prouvé et sanctionné? Bon nombre de ces questions peuvent relever de la législation provinciale et en relèveront probablement, mais les provinces nous ont signalé qu'elles ont besoin de beaucoup plus de temps et de ressources pour finaliser la législation nécessaire et la mettre en oeuvre.
Certaines municipalités m'ont fait part de leurs préoccupations quant à l'élaboration de nouveaux règlements administratifs pour réglementer la production de marijuana dans les secteurs résidentiels et les logements résidentiels locatifs, ce qui, soit dit en passant, sera permis en vertu de ce projet de loi. On m'a informé que les provinces et les municipalités comptent sur les recettes qui seront obtenues, selon le plan que le gouvernement libéral élabore actuellement, grâce à la taxe et à la vente de permis. Ce financement est nécessaire pour permettre aux municipalités et aux provinces d'absorber les coûts liés aux responsabilités qui leur sont transférées en raison d'une promesse que les libéraux ont faite lors des élections fédérales, une idée boiteuse sans aucun plan clair de mise en oeuvre.
Les conséquences du projet de loi m’inquiètent également à titre d’ancien propriétaire d’une petite entreprise. Comment réagit-on à la consommation de cannabis sur les lieux de travail?
Les grandes entreprises et les agences gouvernementales sont peut-être en mesure de mettre en place des outils de détection à grande échelle, mais que fera le patron du dépanneur? Que se passera-t-il dans l’atelier de réparation automobile où les familles apportent leur voiture? Que feront les petites entreprises qui n’ont pas la capacité de faire du dépistage ou de réprimander les employés qui ont consommé avant d’arriver au travail ou, ce qui est encore pire, consomment pendant leur pause-café? Comment les propriétaires de petites entreprises vont-ils se débrouiller pour ne pas que la situation dégénère au point de ne plus pouvoir servir la clientèle ou de devoir affronter des plaintes, fondées ou non, liées au droit du travail?
Ce genre de scénario est tout à fait possible et les conséquences pourraient en être catastrophiques pour les petites entreprises, leur gérant et les autres employés. La loi, qui est déjà complexe, ne souffle mot sur ce genre de situations et de problèmes.
Comme je l’ai dit, le projet de loi pourrait toucher les Canadiens de façons que les libéraux ne peuvent même pas imaginer. S’ils ont envisagé ces possibilités, les libéraux ont choisi soit de ne pas en tenir compte, soit de refiler le problème à d’autres paliers de gouvernement.
J'aimerais aussi parler de certains effets qu'aurait le cannabis chez les consommateurs. La communauté médicale nous a dit que la consommation de cannabis a un effet sur le fonctionnement du cerveau; il n'y a pas d'ambiguïté. Elle nous a également dit que le cannabis a des effets négatifs et irréversibles sur le développement du cerveau des jeunes. D'ailleurs, les données montrent que les jeunes ne devraient pas consommer de cannabis parce qu'il a été démontré qu'il causait des modifications fonctionnelles et structurelles dans le cerveau des jeunes qui en consomment régulièrement. La Société canadienne de pédiatrie a fait une mise en garde, indiquant que la consommation de marijuana s'associe fortement:
à la dépendance au cannabis et à d’autres troubles de l’usage d’une substance, à l’adoption et au maintien du tabagisme, à l’augmentation des troubles de santé mentale, y compris la dépression, l’anxiété et la psychose, à une perturbation du développement neurologique et à un déclin cognitif ainsi qu’à une diminution de la performance scolaire et des réalisations au cours de la vie.
Je suis certain que les libéraux vont me poser des questions quand j'aurai fini de parler. Donc, avant qu'ils me posent ces questions, j'aimerais, en terminant, leur en poser une.
Entre autres arguments avancés par les libéraux pour défendre cette mesure législative, il y a l'idée qu'ils veulent protéger la santé de nos enfants et les mettre à l'abri du danger. Dans un contexte où les autorités sanitaires disent qu'inhaler de la fumée est mauvais pour la santé; où nous entendons des déclarations comme celle de la Société canadienne de pédiatrie, que j'ai citée, indiquant les risques de la consommation de cannabis chez les jeunes; où le gouvernement fait la promotion d'une mesure législative mal ficelée qui ne contribuerait en rien à éliminer la culture illégale et le trafic de marijuana; où les libéraux cherchent à générer des recettes fiscales qui rendraient le prix du produit supposément réglementé plus cher que sur le marché noir ou que le produit maison; où les libéraux n'ont aucune intention de partager les gains avec les provinces et les municipalités, qui devront se débrouiller avec le cauchemar juridique que créera cette mesure législative; et où les libéraux n'ont aucun plan pour empêcher les enfants de mettre la main sur du cannabis à la maison, sans compter au terrain de jeu, comment les députés d'en face peuvent-ils croire que c'est une bonne mesure législative?
Il est fort probable que les libéraux vont procéder à l'adoption de ce projet de loi grâce à leur majorité et à un vote de parti. À mon avis, leur motion de clôture hâtive montre bien qu'ils craignent que les nombreuses lacunes de cette mesure législative soient exposées si nous poursuivons le débat.
Pour conclure, j'espère qu'au moins quelques députés ministériels — ou peut-être même le Sénat — regarderont ce projet de loi d'un point de vue non teinté et exigeront qu'on le reprenne à zéro.
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Madame la Présidente, je suis heureux de parler de la Loi sur le cannabis, également connue comme étant une autre mesure mal ficelée, mal rédigée et précipitée du gouvernement. Ce dernier doit avoir recours à l'attribution de temps pour la faire adopter, seulement pour qu'elle soit renvoyée au Sénat — où elle sera massacrée — et qu'elle nous soit renvoyée pour être modifiée de nouveau —, ce qui laissera un goût amer au gouvernement, qui a insisté sur l'indépendance des sénateurs. Je crois comprendre que c'est juste le titre de travail.
Si quelqu'un écoute le débat sur CPAC en ce moment et attend avec impatience que je dise si j'appuie le projet de loi avant d'aller se faire un café, je lui dis tout de suite: je n'appuie pas le projet de loi tel qu'il est présenté actuellement. Je sais, c'est stupéfiant.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je veux parler de quelques points plus ou moins saillants du projet de loi. Les experts et les associations médicales ont répété maintes fois que l'âge minimum, établi à 18 ans, est beaucoup trop bas. À l'heure actuelle, l'âge légal en Ontario, d'où je suis originaire, est de 18 ans. La semaine dernière, j'ai été ravi de faire un discours lors de la cérémonie de remise des diplômes de deux écoles secondaires, où la vaste majorité des élèves avaient 18 ans. Le gouvernement veut permettre à des jeunes de 18 ans de fumer de la marijuana et de pouvoir s'en procurer dans des magasins à tout moment, et ce, en toute légalité. C'est honteux. Les jeunes de 12 à 17 ans pourraient avoir jusqu'à sept joints en leur possession.
Le projet de loi ferait en sorte que le Canada contreviendrait à des lois internationales et à des obligations issues de traités, notamment la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, la Convention de 1971 sur les substances psychotropes et la Convention des Nations unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes. Le gouvernement n'a actuellement aucune stratégie en place pour régler ces enjeux.
Il y a des problèmes en ce qui concerne la conduite avec les capacités affaiblies par la drogue. Il n'existe aucune limite universellement acceptée qui permet de déterminer ce qui constitue la conduite avec les capacités affaiblies. Il n'existe pas de ligne de pensée uniforme dans le monde, où le cannabis a été légalisé, qui définit l'affaiblissement des capacités. Actuellement, le dépistage de drogue s'effectue à l'aide d'un échantillon de liquide buccal, mais il peut seulement valider la présence de la drogue, et non la concentration. Des traces chimiques de marijuana restent longtemps dans l'organisme d'une personne après que l'affaiblissement des capacités n'est plus un problème. Les tests de salive sont très chers: de 20 à 40 $ l'unité. À l'heure actuelle, le dépistage d'alcool au cours des contrôles routiers ne coûte presque rien. Maintenant, nous allons forcer les municipalités à payer ces énormes coûts.
L'un des arguments qui sont avancés, c'est que la légalisation va écarter le crime organisé. Qui, ma foi, pourrait croire que les Hells Angels, ou quiconque dans le crime organisé qui fait actuellement des milliards de dollars, arrêteront ce qu'ils font et diront: « Tout est fini. Ramassons nos bébelles et partons. La marijuana est légale maintenant. Nous pouvons peut-être utiliser nos motos pour devenir chauffeur d'Uber parce que, manifestement, nous devons fermer boutique. » Il faut être naïf pour croire que les Hells Angels et toutes les organisations criminelles qui font ce commerce depuis de longues années — et qui ont une incroyable présence sur le marché — vont tout simplement plier bagage et s'en aller. Je ne défends pas le crime organisé ni les Hells Angels, mais c'est la réalité.
On nous fait aussi miroiter les recettes fiscales: « Légalisons-le, taxons-le au maximum et regarnissons au passage les coffres de l'État. » Hélas, le directeur parlementaire du budget, celui-là même que le gouvernement essaie de museler avec son projet de loi budgétaire omnibus, est d'un tout autre avis. Selon lui, les recettes engendrées par la légalisation du cannabis se chiffreront en millions, et non en milliards de dollars. Je le cite: « Sur le marché illégal, les marges de profit sont tellement élevées que le crime organisé a la latitude voulue pour concurrencer la marijuana légale. Ce sera encore plus difficile pour le gouvernement d'en établir le prix et le taux de taxation. »
Le directeur parlementaire du budget nous dit donc qu'à moins de vendre la marijuana à très bas prix, le gouvernement ne réussira pas à tarir le marché noir. Le hic, c'est que, si le gouvernement maintient le prix de la marijuana artificiellement bas pour tenir le crime organisé à distance, les Canadiens pourront s'en procurer plus facilement.
Le directeur parlementaire du budget a calculé que le marché du pot vaut de 4 à 6 milliards de dollars. Du lot, le fédéral va conserver un peu plus de 100 millions de dollars, et les provinces un peu plus que le fédéral — pourvu, évidemment, que la marijuana soit bon marché et peu taxée. À quand remonte la dernière fois que le gouvernement a accepté de maintenir le prix d'un bien ou les taxes connexes à un niveau peu élevé? Les Britanno-Colombiens et les Ontariens, qui doivent acheter leur alcool auprès des Liquor Stores ou de la LCBO, deux organismes publics, croient-ils vraiment que le gouvernement va vendre la marijuana à rabais pour mettre le crime organisé hors jeu? Cela m'étonnerait beaucoup.
Le président Reagan était reconnu pour ses aphorismes, et l'un de mes préférés décrit l'attitude de l'État par rapport aux entreprises: « Dès qu'une chose bouge, il faut la taxer ou l'imposer; si elle continue de bouger, il faut la réglementer; et lorsqu'elle arrête enfin de bouger, c'est le temps de la subventionner. » Je me figure très bien le gouvernement, parce qu'il aura déréglé le marché avec ses règlements, ses taxes et ses impôts, donc qu'il aura empêché la marijuana légale de soutenir la concurrence du crime organisé, être obligé de baisser les taxes ou de chambouler le système, ou même de subventionner le commerce de la marijuana pour l'aider à mieux rivaliser avec le monde interlope.
Un député ministériel a soutenu que les arrestations liées à la marijuana engorgent les tribunaux. Alors, pourquoi ne pas simplement la décriminaliser? L'Association canadienne des chefs de police est en faveur de cette idée. C'est aussi l'opinion des députés néo-démocrates. Comment se fait-il que, d'un coup de baguette magique, la marijuana, illégale le 30 juin, deviendra soudainement légale le lendemain, le 1er juillet? Je ne suis pas souvent d'accord avec mes amis et collègues du NPD, mais, dans ce cas-ci, ils ont raison.
Je m'étonne que le député libéral invoque l'argument de l'engorgement des tribunaux alors que, depuis plus d'un an, le gouvernement peine à pourvoir les postes de juge au pays. Mon collègue, le député de , exhorte le gouvernement à pourvoir les postes de juge, ce qu'il néglige de faire.
Des assassins sont libérés parce qu'il n'y a pas assez de juges. Au total, 51 des 101 demandes de libération présentées par des accusés au motif de retards judiciaires ont été acceptées, dont celle d'Adam Picard, d'Edmonton, qui est accusé d'avoir assassiné Fouad Nayel, et celle de Lance Regan, qui est aussi accusé de meurtre.
Le gouvernement ne pourvoit pas des postes de juge, mais une députée ministérielle affirme qu'on ne doit pas engorger les tribunaux avec les infractions liées à la marijuana. Elle ne semble pas se soucier du fait que des postes de juge ne sont pas pourvus et que nous remettons en liberté des personnes accusées de meurtre, mais elle est autrement préoccupée par l'engorgement des tribunaux.
Pourquoi est-ce si urgent de légaliser la marijuana d'ici le 1er juillet 2018? Pourquoi cette date limite arbitraire? C'est peut-être parce que le gouvernement fait l'objet de pressions en raison du grand nombre de promesses qu'il a brisées, notamment en ce qui concerne le retour à l'équilibre budgétaire d'ici la fin de son mandat en 2019, alors qu'on parle maintenant de 2055; le déficit de 30 milliards de dollars, qui s'élèvera maintenant à des centaines de milliards de dollars; ou l'appel d'offres ouvert et équitable en vue de remplacer les avions de chasse, ce qu'il n'a pas fait parce qu'il a décidé de remplacer les CF-18 — et peut-être que nous finirons par les sacrifier pour apaiser Bombardier.
Évidemment, il se peut que la promesse de réforme électorale soit la plus importante que le gouvernement ait brisée. Nous savons que le gouvernement a rallié les jeunes à sa cause en leur promettant une réforme électorale. Il s'agit d'une promesse qu'il a maintenant annulée. Le gouvernement s'empresse-t-il de faire adopter le projet de loi, qui mettra les familles et les enfants en danger, simplement pour inciter ce groupe à appuyer les libéraux de nouveau?
Je me demande encore pourquoi on a choisi la date du 1erjuillet. Est-ce pour que le puisse allumer symboliquement le premier joint le jour de la fête du Canada, ou encore pour qu'il puisse se faire prendre en photo avec une foule de personnes qui fument du cannabis et demander à ses relationnistes de créer le mot-clic « photo bong » au lieu de « photo bomb »?
Nous avons consulté la GRC à Edmonton. J'ai discuté avec le service de police de ma circonscription. Ils disent qu'ils ne seront pas prêts d'ici le 1er juillet de l'année en question. On ne pourra pas offrir la formation nécessaire avant cette date. Les méthodes de dépistage de la conduite avec facultés affaiblies ne seront pas prêtes. Les municipalités nous ont dit qu'elles ne sont pas prêtes et qu'elles ne veulent pas qu'on leur refile la facture pour l'application de ce projet de loi mal conçu.
Les provinces ont peine à se préparer. Il y a une semaine seulement, le gouvernement de l'Alberta a amorcé des consultations sur la façon de réglementer et de distribuer la marijuana dans la province. Le processus vient juste de commencer dans cette province de 4 millions d'habitants. Les écoles de la province ne sont pas prêtes. Le gouvernement dit quand même qu'il ne faut pas s'en faire parce qu'il a prévu 9 millions de dollars sur cinq ans pour la sensibilisation et la prévention, soit un montant annuel de 5 ¢ par Canadien sur cinq ans.
Mettons les choses en perspective. Sur la même période, le gouvernement prévoit 120 millions de dollars afin d'installer des bornes de recharge gratuites pour les propriétaires de Tesla. Le gouvernement est là pour aider les propriétaires d'une Tesla de 85 000 $, mais il offre 5 ¢ par année aux familles qui veulent garder la marijuana hors de la portée des enfants. C'est ridicule.
Pour conclure, j'espère que le gouvernement prendra du recul et qu'il se rendra compte qu'il est trop tôt. Je comprends qu'il est majoritaire et qu'il a un mandat à remplir. Cependant, je l'exhorte à ralentir et à nous laisser consulter comme il se doit les provinces, les municipalités et les familles au lieu de foncer à toute allure.