La Chambre reprend l'étude, interrompue le 9 février, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
:
Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui au sujet du projet de loi d'initiative parlementaire , Loi concernant un cadre fédéral relatif à l’état de stress post-traumatique.
[Français]
La santé mentale consiste en un état de bien-être dans le cadre duquel chacun peut réaliser son plein potentiel, composer avec le stress de la vie de tous les jours, travailler de manière productive et enrichissante et être en mesure de contribuer à l'essor de sa communauté.
[Traduction]
Comme l'amélioration de la santé mentale de l'ensemble des personnes qui vivent au Canada constitue une priorité pour le gouvernement fédéral, les députés du Parti libéral appuieront l'adoption du projet de loi avec des amendements qui seront examinés lors de l'étude en comité.
La continue de presser les gouvernements provinciaux et territoriaux de faire d'importants investissements dans le secteur de la santé et de traiter la santé mentale comme une priorité.
[Français]
Le 19 décembre 2016, le gouvernement du Canada a offert de fournir aux provinces et territoires quelque 11 milliards de dollars sur une période de 10 ans pour la prestation de services de soins en santé mentale et de soins à domicile, en plus d'une enveloppe de 544 millions de dollars sur une période de cinq ans destinée à des organismes fédéraux et pancanadiens, afin d'appuyer la réalisation de travaux en matière d'innovation dans le domaine de la santé et des médicaments d'ordonnance. Plusieurs provinces se sont engagées à travailler en collaboration avec le gouvernement du Canada en consacrant les fonds ainsi ciblés afin de bonifier les services en santé mentale offerts aux Canadiens.
De plus, le gouvernement du Canada assure la promotion de la santé mentale et du mieux-être des individus en appuyant des programmes visant à renforcer la résilience des individus et des collectivités afin de les aider à surmonter l'adversité. Cela est fait en collaboration avec tous les paliers gouvernementaux, des organisations autochtones nationales, des organismes non gouvernementaux et le secteur privé.
[Traduction]
L'Agence de la santé publique du Canada est la principale organisation fédérale chargée de promouvoir la santé mentale et la prévention des troubles mentaux. L'Agence veille à la coordination fédérale dans ces secteurs, tant au ministère de la Santé que dans d'autres ministères, pour assurer une approche cohérente en matière de promotion, de protection et d'amélioration de la santé mentale et du bien-être des Canadiens.
Le ministère de la Santé, en collaboration avec d'autres ministères fédéraux, soutient le développement de politiques et de programmes communautaires pour toutes les étapes de la vie. Au Canada, parmi les initiatives clés liées à l'état de stress post-traumatique, mentionnons la prévention de la violence familiale et du suicide, la promotion de la santé mentale ciblant les populations autochtones et le soutien aux victimes après des situations d'urgence.
[Français]
Être victime de violence est un important facteur de risque contribuant à l'avènement d'un état de stress post-traumatique, plus généralement désigné au Canada par l'acronyme ESPT. La violence familiale, qui inclut la violence entre partenaires intimes et la maltraitance envers les enfants, constitue une importante problématique en matière de santé publique et aussi un important facteur de risque contribuant à la manifestation de l'ESPT. Quelque 32 % de la population adulte canadienne indique avoir été victime de violence sous une forme ou une autre avant d'avoir atteint l'âge de 16 ans.
[Traduction]
Les recherches montrent que les femmes victimes de violence de la part de leur partenaire intime risquent davantage d'avoir un diagnostic de stress post-traumatique, blessures, douleurs chroniques, troubles du sommeil, toxicomanie et autres problèmes de santé mentale comme la dépression et l'anxiété.
De plus, les enfants qui ont été victimes d'abus ou exposés à la violence familiale sont plus à risque de développer des problèmes de santé mentale, dont l'état de stress post-traumatique. Les personnes maltraitées pendant leur enfance sont deux fois plus susceptibles d'éprouver des problèmes de santé mentale et le risque qu'elles aient des pensées suicidaires est plus que triplé. Les garçons qui ont été victimes de violence ou qui ont été élevés dans un foyer violent courent un risque accru de devenir les auteurs de comportements violents lorsqu'ils arrivent à l’âge adulte, et les filles exposées à la violence à la maison courent un risque accru d'en être victimes à l’âge adulte. Le cycle de la violence se perpétue ainsi.
[Français]
Notre gouvernement appuie les projets communautaires visant à améliorer la santé physique et mentale des personnes ayant été victimes de maltraitance durant l'enfance ou de la part d'un partenaire intime, et les aide ainsi à reconstruire leur vie. Il investit également dans des projets destinés à mieux outiller les professionnels de la santé pour ce qui est de travailler de manière sécuritaire et efficace avec les survivants de la violence grâce à des stratégies de soins adaptés aux traumatismes vécus par chacun.
[Traduction]
L'Agence de la santé publique du Canada coordonne l'Initiative de lutte contre la violence familiale, à laquelle participent 15 ministères fédéraux, dans le but de prévenir la violence familiale sur divers plans et d'intervenir à cet égard. Les ministères partenaires se réunissent régulièrement pour mettre en commun les résultats de leurs nouvelles recherches et conclusions, formuler leur avis sur les concepts et les projets envisagés, contribuer aux initiatives stratégiques, établir des liens avec des réseaux d'intervenants et veiller à ce que les nouvelles connaissances soient appliquées dans tous les secteurs.
Dans le cadre de l'initiative, des renseignements sont également communiqués sur les pages Web Arrêtons la violence familiale au nom de tous les partenaires de l'Initiative de lutte contre la violence familiale. Il s'agit d'une source unique de renseignements et de ressources pour les professionnels et le public.
[Français]
Au coeur du sujet qui nous intéresse aujourd'hui, est le fait que les personnes qui sont atteintes de l'ESPT sont plus susceptibles de s'automutiler ou de se suicider. Chaque année, c'est tristement plus de 4 000 Canadiens qui se suicident.
Conformément à la Loi concernant l'établissement d'un cadre fédéral de prévention du suicide, l'Agence de la santé publique du Canada a coordonné l'élaboration d'un cadre fédéral de prévention du suicide. L'objet est essentiellement de sensibiliser davantage le public au sujet du suicide et de contrer la stigmatisation associée à ce geste, diffuser de l'information sur la prévention du suicide et promouvoir le recours à la recherche et aux pratiques fondées sur les preuves pour la prévention du suicide.
[Traduction]
Sont aussi en cours d'élaboration — à partir des données scientifiques en matière de communication de messages sans risque aux Canadiens — des outils et des ressources de lutte contre les préjugés et de sensibilisation au suicide. Pour éviter les préjugés et les termes déplacés dans les produits de communication, on est aussi en train de créer un guide des pratiques et des termes normalisés à l'intention des ministères fédéraux.
On a également lancé une ressource en ligne de prévention du suicide, qui explique où trouver de l'aide, qui fournit des ressources aux professionnels et qui permet d'accéder facilement à d'autres ressources et à d'autres renseignements. De plus, des fonds ont été consacrés à la création, par le Réseau des lignes de détresse au Canada, d'un service national de prévention du suicide. Lorsqu'il sera complètement mis en oeuvre, ce service permettra aux personnes en crise, peu importe où elles habitent au Canada, d’obtenir gratuitement du soutien confidentiel, 24 heures par jour et 7 jours par semaine, que ce soit par clavardage, textos ou téléphone, selon ce qui leur convient le mieux.
[Français]
L'Agence de la santé publique du Canada copréside également le Groupe de collaboration pancanadien sur la prévention du suicide, de concert avec l'Association canadienne pour la prévention du suicide et la Commission de la santé mentale du Canada. Ses membres sont issus de divers organismes sociaux de services de santé et communautaires oeuvrant à la promotion de la santé mentale et à la prévention des maladies mentales et du suicide dans l'ensemble du pays, dont l'Assemblée des Premières Nations et l'organisme inuit Tapiriit Kanatami.
Au niveau fédéral, les Instituts de recherche en santé du Canada, Santé Canada et le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies, financés par le gouvernement fédéral, sont également partenaires au sein de ce regroupement. La mission de ce collectif pancanadien est de renforcer la capacité de prévention du suicide de manière efficace en mettant en relation des personnes, des concepts et des ressources à l'échelle pancanadienne.
[Traduction]
Les Autochtones courent peut-être plus de risques de souffrir de stress post-traumatique en raison de leurs traumatismes historiques et intergénérationnels. Les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis figurent parmi les Canadiens qui font l'objet des inégalités les plus marquées en matière de santé. En effet, 55 % des Autochtones auront une maladie mentale au cours de leur vie, tandis que ce taux est de 33 % chez les non-Autochtones. Il est prouvé que la déculturation, le racisme et les préjugés dont une personne fait l'objet, la perte de sa langue et des liens qui l'unissent à la terre et à la nature, et l'impression d'être spirituellement, émotivement et mentalement coupée de son identité nuisent à la santé.
[Français]
Le gouvernement fédéral appuie également les populations autochtones grâce à des programmes adaptés sur le plan culturel et axés sur les communautés desservies. À titre d'exemple, le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones, offeret dans les collectivités urbaines et nordiques, a pour but de favoriser le développement sain des enfants autochtones de la naissance à l'âge de 5 ans et de les aider à atteindre leur plein potentiel à l'âge adulte.
[Traduction]
Le Programme d'action communautaire pour les enfants et le Programme canadien de nutrition prénatale contribuent également à la bonne croissance des enfants vulnérables, de leur naissance à l'âge de 6 ans, ainsi qu'à la santé de leur famille. L'inclusion des femmes enceintes, des enfants et des familles autochtones y occupe une place particulière. Le programme d'éducation en matière de santé Y'a personne de parfait mise sur les points forts des participants. Il s'adresse aux parents d'enfants âgés de 5 ans et moins qui vivent dans des conditions socioéconomiques difficiles et il est offert dans les communautés autochtones du Canada.
[Français]
Ces programmes ciblés aident les Canadiens à se doter de facteurs de protection qui les aideront à développer leur résistance psychologique et à diminuer les risques d'ESPT, car ils se fondent sur la reconnaissance qu'une proportion substantielle des problèmes mentaux trouve son origine dans l'enfance.
[Traduction]
Les personnes qui ont vécu des catastrophes naturelles et des événements extrêmes risquent de souffrir d'une maladie mentale, y compris l'ESPT. On s'attend à ce que les phénomènes météorologiques extrêmes découlant des changements climatiques se multiplient et à ce qu'ils soient de plus en plus graves. De nombreux climatologues s'entendent pour dire que, au Canada, le nombre de feux de forêt enregistré au cours des dernières années est nettement supérieur à la moyenne et qu'il est lié au réchauffement climatique.
Je vois qu'il ne me reste plus qu'une minute. Je croyais disposer de 20 minutes, mais je vais maintenant terminer mon intervention.
[Français]
Les efforts consacrés par le gouvernement fédéral en matière d'ESPT sont déjà de nature à mettre en oeuvre certaines de ces recommandations et à tirer parti d'activités existantes menées par diverses instances fédérales ciblant la satisfaction des besoins de populations spécifiques. Plusieurs de ces programmes et de ces activités pourraient d'ailleurs être mis à profit afin de soutenir également d'autres populations au Canada.
[Traduction]
Grâce à ces efforts concertés et à une volonté soutenue d'adopter des approches solides fondées sur des données probantes, le gouvernement continue de travailler en vue d'améliorer la vie des Canadiens, dont ceux qui présentent un état de stress post-traumatique.