propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis heureuse de lancer le débat d'aujourd'hui sur le projet de loi C-37, visant à régler un problème de santé publique grave et urgent, à améliorer la sécurité publique et à protéger la santé des Canadiens.
[Français]
J'ai hâte de travailler avec tous les députés afin de faire progresser cet important projet de loi, en particulier avec mon nouveau secrétaire parlementaire, le député de .
[Traduction]
Cette mesure législative est présentée au moment où le Canada est aux prises avec une crise nationale de santé publique liée aux opioïdes. Cette crise se caractérise par une augmentation croissante des méfaits, des surdoses et des décès.
La crise des opioïdes suscite de nombreuses préoccupations dont la plus courante est peut-être l'augmentation rapide du nombre de décès attribuables à une surdose accidentelle. L'an dernier, en Colombie-Britannique seulement, plus de 900 personnes sont mortes d'une surdose. Il s'agit d'une augmentation de 80 % par rapport à 2015. La majorité de ces décès étaient liés à la propagation rapide de drogues puissantes comme le fentanyl. Malheureusement, la situation se détériore. Selon des données publiées la semaine dernière, il y aurait eu 20 000 surdoses en Colombie-Britannique uniquement. À l'échelle nationale, le nombre de décès attribuables à une surdose dépasse maintenant celui des décès causés par les accidents de la route.
[Français]
Avant de poursuivre, je me dois de présenter mes condoléances aux familles et aux amis qui ont subi la perte d'un être cher. Nous partageons leur chagrin. Nous sommes conscients de la grande nécessité de renverser le cours de cette crise le plus rapidement possible.
[Traduction]
D'entrée de jeu, je signale que le projet de loi est principalement axé sur des mesures immédiates pour s'attaquer à la crise des opioïdes, mais qu'il faut garder en tête que les solutions durables nécessitent une compréhension des racines du problème, qui sont complexes, mais non mystérieuses. Il faut notamment reconnaître que la douleur en constitue un élément central. Il arrive parfois que l'utilisation abusive de certaines drogues commence à cause de douleurs physiques. Toutefois, il faut admettre que la douleur émotionnelle constitue également un facteur lié à la consommation de drogues. Pour résoudre totalement la crise des opioïdes, nous devons nous attaquer aux divers facteurs sociaux qui y sont liés, notamment la pauvreté, l'isolement social, les traumatismes de l'enfance, les abus sexuels et la maladie mentale.
L'ensemble de la société doit s'attaquer aux racines de la crise. Les préjugés et la discrimination doivent être considérés comme des obstacles à l'obtention de soins. Nous devons nous employer à bâtir une société où les enfants reçoivent suffisamment d'attention et d'affection et où les adultes ne sont pas isolés et solitaires. La résolution de la crise exige également une recherche de réponses efficaces au niveau international et la volonté d'envisager des politiques de rechange audacieuses et d'en examiner les résultats. Il faut s'attaquer à cette crise de façon exhaustive et collaborative tout en faisant preuve de compassion. Nous devons établir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, pour finalement mettre en application ce qui donne des résultats positifs.
La crise se déplace vers l'Est du Canada et on compte de plus en plus de saisies de fentanyl et de carfentanil.
[Français]
Les Canadiens et Canadiennes comprennent de plus en plus que l'usage problématique de substances n'épargne personne — des gens de tous âges et faisant partie de tous les groupes socioéconomiques —, et qu'il a des conséquences dévastatrices sur les personnes, les familles et les collectivités.
[Traduction]
L'année dernière, j'ai rencontré des parents endeuillés, des consommateurs de drogues, des premiers répondants, des spécialistes de la toxicomanie, des experts en santé mentale, des chefs autochtones, des éducateurs en santé et d'autres personnes pour connaître leur point de vue sur les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Un défi complexe et multidimensionnel de cette nature exige des mesures rapides, coordonnées et efficaces.
Avant de passer aux détails de la mesure législative qui est proposée, j'aimerais remercier les nombreux députés qui ont parlé avec véhémence de la nécessité d'une intervention d'urgence concertée de notre part. Je remercie le député de de défendre et de soutenir cette cause et surtout de demander que nous adoptions cette mesure législative à l'unanimité.
[Français]
Je tiens aussi à remercier le Comité permanent de la santé. Ses membres jouent un rôle actif dans ce dossier et ils ont formulé une série de recommandations que nous avons examinées avec soin. Nous y avons déjà donné suite. Je suis impatiente de répondre officiellement au rapport du comité, ce que je ferai en temps et lieu.
[Traduction]
La législation proposée contient de nombreux éléments importants qui aideraient les collectivités et amélioreraient la santé et la sécurité publiques en ce qui a trait à la consommation de drogues et d'autres substances toxiques. Le projet de loi sauverait des vies. Il doit être adopté sans délai.
À ce stade-ci, je vais rappeler certaines des mesures fédérales prises jusqu'à maintenant dans ce domaine.
Au début de l'année dernière, nous avons autorisé la vente sans ordonnance de naloxone, l'antidote aux surdoses. Nous avons fait faire une étude rapide du vaporisateur nasal et avons veillé à ce qu'un approvisionnement puisse être constitué d'urgence pour les Canadiens.
Nous avons accordé une exemption au Centre du Dr Peter, à Vancouver, pour qu'il puisse ouvrir un second centre de consommation supervisée au Canada, sans parler du renouvellement sans précédent de quatre ans de l'exemption pour le centre Insite à Vancouver.
L'été dernier, nous avons annoncé le Plan d’action sur les opioïdes de Santé Canada pour mieux sensibiliser la population et les prescripteurs, élargir l'accès aux traitements et constituer une base de données.
En septembre, nous avons annulé l'interdiction de recourir à de l'héroïne d'ordonnance pour traiter les cas de dépendance les plus graves.
Le gouvernement a appuyé le projet de loi sur les bons samaritains secourant les victimes de surdose, pour que les témoins d'une surdose qui composent le 911 ne craignent pas d'être accusés de possession.
Nous avons pris des règlements pour inclure les précurseurs du fentanyl dans les substances désignées, rendant ainsi plus difficile la fabrication de substances illicites au Canada.
[Français]
En novembre, en compagnie du ministre de la Santé de l'Ontario, Eric Hoskins, j'ai présenté une conférence et un sommet nationaux sur les opioïdes qui ont donné lieu à une déclaration commune sur les mesures visant à remédier à la crise des opioïdes. Cette déclaration contient 128 engagements distincts pris par Santé Canada, neuf ministères provinciaux et territoriaux de la Santé et plus de trente autres organisations. En février, nous ferons le point auprès des Canadiens et Canadiennes sur les progrès réalisés quant à ces engagements.
[Traduction]
Grâce au travail accompli sous la direction du , la GRC a maintenant une entente avec la Chine pour endiguer le flux de fentanyl illégal.
Puisqu'il s'agit d'une crise nationale, nous sommes allés chercher du soutien additionnel. En effet, nous avons établi un comité consultatif spécial sur les opioïdes illicites en collaboration avec les provinces et les territoires dont le mandat est de fournir aux divers gouvernements des renseignements sur la crise des opioïdes. Il est composé notamment du Conseil des médecins hygiénistes en chef.
De plus, nous avons formé un groupe de travail à l'intérieur du portefeuille fédéral de la santé, qui a comme mission de travailler avec d'autres ministères fédéraux afin de lutter par tous les moyens contre cette crise. Nous avons également accordé des fonds à l'Université McMaster afin qu'elle élabore de nouvelles lignes directrices fondées sur des données probantes en matière de prescription d'opioïdes pour les douleurs chroniques. Nous pouvons maintenant les consulter.
Par ailleurs, nous avons financé l'Initiative canadienne sur l'abus de substances afin d'élaborer de nouvelles lignes directrices sur le traitement assisté par des médicaments et, avec le soutien du , nous avons réalisé un investissement de 5 milliards de dollars sur 10 ans afin de nous attaquer aux problèmes de santé mentale et de toxicomanie. Nous savons que les maladies mentales non traitées sont une des causes les plus courantes de la toxicomanie, et l'intervention précoce est l'une des clés de la solution.
Nous avons présenté la nouvelle Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances afin d'inscrire la réduction des méfaits dans les politiques sur les drogues du Canada et de rendre la responsabilité des politiques sur les drogues au .
En décembre, j'ai présenté le projet de loi , qui propose de modifier la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et d'autres lois. Ce cadre législatif fait partie intégrante de notre approche globale en matière de politique relative aux drogues. Il vise trois objectifs importants: offrir un soutien à la réduction des méfaits, en particulier à l'établissement de centres de consommation supervisée; réduire l'offre de substances illicites; réduire le risque de détournement d'autres substances désignées légitimes.
Il est prouvé que, lorsqu'ils sont établis et entretenus adéquatement, les centres de consommation supervisée situés dans les collectivités qui les veulent et qui en ont besoin sauvent des vies et améliorent la santé sans accroître la consommation de drogue ni le taux de criminalité.
L'an dernier, j'ai visité Insite, à Vancouver, et observé le travail important qu'il effectue pour venir en aide aux personnes et aux communautés vulnérables. J'ai été émue par ce que j'ai vu. Les installations telles qu'Insite favorisent les comportements sains en initiant les consommateurs de drogues au système de santé de manière libre de tout jugement et de tout stigmate social. Insite est doté d'installations hygiéniques et de matériel stérile et est supervisé par des professionnels de la santé qualifiés qui prodiguent des conseils en matière de réduction des méfaits et d'options de traitement de même qu'en matière de prévention des surdoses.
En vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le a le pouvoir de créer des exemptions permettant l'exploitation de centres de consommation supervisée. Toutefois, la Loi sur le respect des collectivités, adoptée par le gouvernement précédent, a instauré des exigences lourdes et superflues devant être satisfaites par les collectivités avant que le puisse même répondre à une demande d'exemption.
Les villes les plus touchées par la crise des opioïdes lancent des appels à l'aide désespérés. Elles soulignent que les exigences actuelles constituent un fardeau et nuisent à leur capacité d'offrir les services nécessaires pour réduire les méfaits et sauver des vies. Actuellement, Santé Canada examine des demandes provenant de partout au pays, notamment de villes comme Vancouver, Toronto et Montréal.
Le projet de loi proposé simplifierait et rationaliserait le processus de demande pour les villes qui désirent et qui doivent mettre sur pied des centres de consommation supervisée. Il remplacerait les 26 critères actuellement en vigueur pour obtenir une exemption par les cinq facteurs établis dans la décision rendue en 2011 par la Cour suprême du Canada au sujet d'InSite. En fait, les critères contenus dans le projet de loi sont exactement les mêmes que ceux énoncés au paragraphe 153 de la décision de la Cour suprême.
Le projet de loi conserve un critère primordial, soit la nécessité de consulter la collectivité. Il améliorerait la transparence en ajoutant une exigence pour que les décisions concernant les demandes soient rendues publiques, y compris les motifs de refus.
Pour appuyer les changements proposés, Santé Canada publierait de nouveaux renseignements en ligne au sujet de ce qui est requis dans les demandes, du fonctionnement du processus et de l'état des demandes.
[Français]
Pour éviter que des opioïdes et d'autres substances illicites circulent dans les rues du Canada, nous devons veiller à ce qu'il ne soit pas facile d'en produire. Pour ce faire, ce projet de loi propose d'interdire l'importation non autorisée de presses à comprimés et d'instruments d'encapsulation. Cette mesure est proposée en partie parce que certaines administrations comme celle de la Colombie-Britannique en ont fait la demande. Il est vrai que ces instruments ont des usages légitimes mais ils peuvent aussi être utilisés pour fabriquer des médicaments contrefaits qui contiennent des substances dangereuses, dont le fentanyl.
[Traduction]
Le projet de loi donnerait aussi aux agents des services frontaliers davantage de souplesse pour inspecter les envois suspects, peu importe leur taille, qui pourraient contenir des marchandises qui sont interdites, contrôlées ou réglementées. Protéger la vie privée des Canadiens est de la plus haute importance. La mesure ne toucherait donc que les envois provenant de pays étrangers où les drogues illicites sont très présentes. En fait, une seule enveloppe postale de format standard peut contenir 30 grammes de fentanyl, soit suffisamment pour causer 15 000 surdoses.
[Français]
Enfin, le projet de loi met à jour plusieurs dispositions portant sur le respect et l'application de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances afin de moderniser celle-ci. Ces mesures législatives autorisent plus de 600 distributeurs à fabriquer, acheter, vendre, distribuer, importer, exporter et transporter des substances réglementées à des fins légitimes.
Les modifications proposées permettraient aux inspecteurs de Santé Canada d'effectuer des inspections dans toutes sortes de situations, notamment dans tout endroit où il est soupçonné que des activités mettant en cause des substances réglementées ont lieu. Ces modifications aideraient à prévenir le détournement de substances licites vers le marché illicite.
[Traduction]
Le projet de loi s'inscrit dans la Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances que le gouvernement vient d'adopter et que le et moi avons annoncée le 12 décembre. Dans le passé, les stratégies fédérales sur les drogues visaient l'équilibre entre les objectifs de santé publique et de sécurité publique. Elles reposaient sur les piliers que sont la prévention, le traitement et l'application de la loi. Pendant un certain temps, elles ont reposé également sur un autre pilier: la réduction des méfaits. Toutefois, en 2006, le gouvernement précédent a adopté une nouvelle stratégie antidrogue dans laquelle il a enlevé le pilier de la réduction des méfaits. Le gouvernement actuel veut définir la politique sur les drogues en s'appuyant sur des données objectives. Par conséquent, la stratégie qu'il vient d'adopter rétablit officiellement le pilier de la réduction des méfaits, qui s'ajoute de nouveau à la prévention, au traitement et à l'application de la loi.
Soulignons que le retour de la réduction des méfaits ne diminue aucunement l'importance des autres piliers. Nous ne devons pas relâcher nos efforts de prévention et de traitement. Je continuerai de favoriser un meilleur accès à une vaste gamme d'options de traitement, qui sont essentielles pour réduire le nombre de décès par surdose. En redéfinissant la toxicomanie comme un problème de santé publique, nous faisons en sorte que le ministre de la Santé redevienne le principal responsable de ce dossier, qui avait été confié au .
Pour terminer, je tiens à dire que la crise des opioïdes a frappé durement beaucoup de collectivités au Canada. Il faut agir sans tarder et adopter une approche plus équilibrée pour lutter contre le problème de la toxicomanie. Notre approche renouvelée, qui s'appuie sur des données objectives, devrait permettre au gouvernement de mieux protéger les Canadiens, de sauver des vies et de s'attaquer aux causes profondes de cette crise. Le Canada a besoin de cette nouvelle approche dès maintenant.
Bien que nos efforts se concentrent sur la crise actuelle, nous ne devons pas nous limiter à cela. Nous devons adopter une approche globale qui, à long terme, nous permettra de lutter contre les causes sous-jacentes de la toxicomanie.
[Français]
Nous continuerons de collaborer avec nos partenaires, y compris avec les provinces, les territoires, les municipalités et les communautés autochtones.
[Traduction]
Bien que nous ne puissions pas mettre fin à cette crise immédiatement, nous pouvons en réduire considérablement les répercussions et mettre le cap sur l'objectif de la santé pour tous. Les mesures proposées dans le projet de loi constituent une réaction rapide à la crise des opioïdes. Je demande à tous les députés d'appuyer le projet de loi C-37 pour qu'il soit adopté sans tarder.
:
Madame la Présidente, je suis heureux d’avoir enfin l’occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi .
Tous les députés seront sans doute d’accord avec moi pour dire que la crise des opioïdes que nous connaissons actuellement est absolument tragique. Je sais que la première ministre de la Colombie-Britannique et quelques-uns de nos homologues de cette province ont demandé à la ministre fédérale de déclarer une situation d’urgence sanitaire étant donné que le nombre de surdoses ne cesse d’augmenter là-bas.
C’est un dossier extrêmement complexe qu’une seule solution ne suffira pas à régler.
J’ai eu l’honneur de participer récemment à l'étude sur les opioïdes du comité de la santé. Cela m’a permis, comme à tous mes collègues qui siègent à ce comité, de beaucoup mieux comprendre les problèmes auxquels se heurtent les toxicomanes, les collectivités, les professionnels de la santé des Premières Nations et les familles confrontées à la mort d’un proche attribuable à la consommation d'opioïdes.
Cela nous a donné l’occasion d’entendre un grand nombre de témoignages directs, ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant. Nous avons entendu des parents qui ont perdu un enfant. Nous avons entendu d’anciens toxicomanes, des fonctionnaires et des premiers intervenants qui vont au secours de ces gens-là, 24 heures sur 24. Nous avons tendance à nous intéresser principalement aux toxicomanes, en oubliant les premiers intervenants qui, pourtant, travaillent d’arrache-pied pour assurer la sécurité de nos rues et de nos concitoyens.
Je tiens à remercier personnellement tous les gens qui ont comparu devant le comité. Je suis sincèrement convaincu que leurs témoignages ont grandement contribué à encourager tous les ordres de gouvernement et les Canadiens à se mobiliser et, bien entendu, à prendre les mesures qui s’imposent.
Cela dit, j’aimerais maintenant parler du projet de loi en tant que tel.
Le projet de loi propose cinq grands objectifs: premièrement, élargir les pouvoirs de l’Agence des services frontaliers du Canada; deuxièmement, réglementer l’importation d’instruments non enregistrés, comme des presses à comprimés; troisièmement, renforcer les interdictions visant certaines opérations liées à des substances réglementées; quatrièmement, donner au ministre le pouvoir de réglementer temporairement des substances dangereuses; cinquièmement, simplifier le processus de demande d'ouverture d'un centre d'injection supervisée.
Nous savons que de nombreux facteurs sont à l’origine de la crise des opioïdes. Certes, les substances illicites et le crime organisé en sont la cause principale, mais un grand nombre de toxicomanes luttent contre un problème provoqué par la prescription excessive d’analgésiques.
Ce projet de loi vise à agir sur un aspect de la crise: les activités illicites et le crime organisé. J’attends de voir quelles mesures seront proposées pour remédier au problème de la prescription excessive, qui, il faut bien le dire, contribue grandement à cette situation.
Nous savons que la Chine est le principal fournisseur de fentanyl, de carfentanil et d’autres opioïdes dangereux. L’an dernier, l’Agence des services frontaliers du Canada elle-même a révélé combien il est facile d’importer des substances illicites au Canada, avec la réglementation actuelle.
Mes collègues conservateurs ont exhorté le gouvernement à reconnaître enfin les lacunes des services frontaliers et à accorder aux agents le pouvoir de fouiller et de saisir les colis suspects pesant moins de 30 grammes. Bien que les agents interceptent déjà des dizaines de colis de cette nature, des exportateurs ont trouvé le moyen de dissimuler des substances illégales dans des jouets, des sachets de gel de silice et des produits qui ne pourraient pas faire l'objet d'une fouille sans autorisation. L'élimination de l'exemption prévue dans la Loi sur les douanes qui vise les envois d'au plus 30 grammes est une mesure essentielle à la lutte contre la crise des opioïdes qui touche le pays.
Une autre lacune qui a été signalée par nombre de mes collègues, le sénateur Vern White s'étant montré le plus véhément, a trait à la nécessité de cibler des instruments, en particulier les presses à comprimés. Ces instruments permettent de produire, toutes les heures, des milliers de comprimés mortels. Or, aux termes de la loi actuelle, n'importe qui peut les importer légalement. C'est inacceptable.
Je cite le chef adjoint du service de police d'Abbotsford, Mike Serr:
À l'heure actuelle, ils ne sont pas réglementés. Du point de vue des activités de renseignement, la police ne peut pas faire grand-chose pour en empêcher l'importation [...] L'enregistrement de ces appareils nous aiderait déjà [...] Ainsi, nous pourrions avoir une meilleure idée de la situation afin de déterminer si ces appareils sont employés à des fins légitimes.
Il est indispensable de donner à l’Agence des services frontaliers du Canada le pouvoir de confisquer les presses à comprimés non enregistrées. Il est important par ailleurs que toutes les informations recueillies à la frontière soient mises à la disposition de nos organismes d’application de la loi, afin qu’ils soient en mesure de prendre les mesures qui s’imposent pour assurer la sécurité de tous les citoyens. C’est là l’objectif ultime que nous poursuivons: la protection de tous les Canadiens et l’interdiction de toute drogue illicite et dangereuse.
C’est pour cela que je trouve tout à fait contradictoire que le gouvernement s’empresse d’encourager l’autorisation de nouveaux centres de consommation supervisée. On sait bien que ces centres favorisent l’accès à des drogues illicites et dangereuses, mais le gouvernement semble vouloir en créer davantage. Voilà à mon avis des contradictions importantes de la politique du gouvernement.
La lettre de mandat de la ministre dit ceci: « [...] il faut que les Canadiens et les Canadiennes aient confiance que leur gouvernement est honnête et disposé à les écouter. Je m’attends à ce que les mesures de rendement, la présentation de preuves et la rétroaction des Canadiens soient la pierre angulaire de notre travail. » Or, le projet de loi affaiblit considérablement la Loi sur le respect des collectivités, qui a été adoptée afin de garantir que les Canadiens sont consultés avant l’autorisation d’un centre de consommation supervisée.
Le gouvernement conservateur précédent a su prendre des mesures pour s’assurer que des consultations sérieuses seraient entreprises auprès des résidants, des organismes locaux d’application de la loi, et des élus de la collectivité censée accueillir un centre de consommation supervisée. Le projet de loi propose de modifier radicalement ces conditions. Même s’il faut encore présenter des manifestations d’appui ou d’opposition de la collectivité, les conditions plus précises ont été levées pour que les libéraux puissent les modifier comme bon leur semble. C’est une façon de court-circuiter toute surveillance parlementaire. La ministre ne pourra jamais faire l’économie de l’approbation de la collectivité.
De nombreux témoins qui ont comparu devant le comité de la santé nous ont dit qu’un centre d’injection doit absolument bénéficier de l’appui de la collectivité tout entière. Je vais vous donner l’exemple de la ville d’Ottawa.
Le maire, le chef de police et l’ancien chef de police ont tous dit publiquement qu’ils étaient opposés à l’ouverture d’un centre de consommation dans leur collectivité. Or, avec ce projet de loi, rien ne garantit que leur opinion sera prise en considération. La ministre s’est elle-même donné le pouvoir d’autoriser un centre, quoi qu’il arrive. Ce qu’elle ne semble pas comprendre, c’est que les collectivités ne veulent pas toutes d’un centre de consommation. Généralement, seuls quelques groupes d’intérêts appuient l’ouverture d’un tel centre, mais pas d’autres parties prenantes légitimes.
Même le a déclaré que « c’est ce qu’ils font à Vancouver depuis plusieurs années, et il y a eu des problèmes. Je ne pense pas qu’il y a un quartier de Toronto où cela n’aurait pas un impact négatif important sur la collectivité. »
Les libéraux préfèrent utiliser des stratégies de réduction des méfaits, c’est-à-dire des solutions temporaires, des cataplasmes, plutôt que de proposer des solutions à long terme comme le traitement et la prévention. Cela a de quoi inquiéter.
Dans sa lettre de mandat à la ministre, le écrit: « Les Canadiens en bonne santé physique et mentale travaillent mieux, sont plus productifs et contribuent davantage à notre économie, tout en menant une vie plus saine et plus heureuse. » Je suis d’accord avec lui, et c’est la raison pour laquelle les centres d’injection ne devraient pas devenir la norme. Ces centres n’encouragent pas les gens à devenir productifs. Ils ne les encouragent pas à être en bonne santé physique et mentale. En fait, ils font exactement le contraire. Ils servent principalement à offrir aux toxicomanes un lieu sûr où ils peuvent consommer de la drogue, et s’ils font une surdose, quelqu’un viendra à leur secours. Ce n’est pas une vie. Les centres d'injection ne servent pas à sauver des vies. Ils permettent de porter secours à des gens qui, d’après ce que nous ont dit l’an dernier un grand nombre d’anciens toxicomanes, ne veulent pas rester en vie si cela signifie drogue, crime et surdoses.
Le a également parlé de « message ambigu qui vient d'une société qui affirme qu'on ne peut consommer ces drogues illégales — mais que si on [le] fait, on nous fournira un endroit à cette fin. » Voilà exactement le type de message contradictoire que les Canadiens ne veulent pas que leurs enfants entendent. Les drogues sont dangereuses. Elles sont illégales parce qu’elles détruisent des vies.
Le et le Parti libéral sont tout simplement en train de créer une relation de dépendance avec les toxicomanes. Je m’explique. Une relation de dépendance est une relation dysfonctionnelle dans laquelle une partie facilite et entretient la dépendance d’une autre, en l’occurrence la drogue. C’est le rôle que les libéraux veulent donner à la société: faciliter plutôt que prévenir.
Selon le président de l’Association canadienne des policiers, Tom Stamatakis, « nous devons considérer l’addiction comme une maladie, et si la réduction des méfaits fait partie d’une approche holistique pour remédier à ce problème, un volet important du programme de traitement doit consister à empêcher les gens de se livrer à des activités nuisibles. »
Les centres de consommation supervisée ne sont qu’un lieu où les toxicomanes peuvent se défoncer, ils ne leur offrent aucun traitement. Prenons l’exemple d’Insite.
En 2015, 6 531 personnes se sont rendues à ce centre d'injection supervisée Insite mais seulement 464 ont été aiguillées vers ce qui est censé être le centre de désintoxication. Autrement dit, seulement 7 % des toxicomanes ont été aiguillés vers un programme de désintoxication. Qui plus est, lorsque j’y suis allé, un employé m’a carrément dit que ce n’était pas son travail de soigner les gens et que le centre était là pour leur offrir des seringues et s’assurer qu’ils se réveilleraient. Bref, ces centres n’ont pas pour vocation de sauver des vies, ils aident plutôt les gens à s’enfoncer encore davantage.
Il est particulièrement révoltant que le gouvernement essaie de faire approuver ces centres sans l’appui de la collectivité, notamment des services de police.
Nous ne pouvons pas appuyer les efforts du gouvernement pour améliorer ces dangereux centres qui encouragent la toxicomanie sans être assurés que les citoyens, les forces de l'ordre et les représentants élus appuient pleinement le projet.
Une fois que la ministre aura approuvé un centre, ce sera à la police locale d'assurer la sécurité des résidents. Contrairement à ce que le gouvernement ne cesse de répéter, le taux de criminalité ne diminue pas. Les toxicomanes continuent de commettre des vols, de faire des cambriolages, de se prostituer et d'effectuer d'autres activités du genre pour obtenir de la drogue. Comme l'a déclaré Mike McCormack, président de l'Association de police de Toronto, « (le service de police de Vancouver) assiste davantage à ce qu'on appelle le désordre dans les rues — plus de personnes consomment de la drogue dans la rue, se rassemblent et commettent des vols mineurs. »
Je m'inquiète pour la collectivité d'Oshawa. Oshawa est un secteur qui se développe rapidement, où l'on trouve de nombreuses nouvelles entreprises et de nouveaux secteurs résidentiels pour accueillir les familles. Oshawa et la région de Durham continuent de travailler pour faire baisser le taux de criminalité, et le nombre de voies de fait, de vols et de crimes liés à la drogue a beaucoup diminué depuis 2009. Si cela a été possible, c'est grâce à tous les citoyens qui ont travaillé ensemble pour faire de la collectivité un endroit meilleur et plus sûr pour élever leur famille. Je crains que la création d'un centre d'injection dans ma circonscription encourage certaines personnes à déménager ailleurs, ce qui aura des répercussions négatives sur les entreprises qui y prospèrent actuellement. Ce serait alarmant si la population locale, le maire et les services de police locaux n'étaient pas consultés avant d'autoriser un tel centre. Ma collectivité serait contre un tel projet, et c'est pourquoi je ne peux pas appuyer cette partie du projet de loi.
Un autre problème dont nous avons beaucoup entendu parler tout au long de l'étude sur les opioïdes, c'est que de nouvelles substances dangereuses et mortelles sont constamment synthétisées. C'est très préoccupant. Selon les règles actuelles, les nouvelles substances psychoactives conçues pour imiter les effets des drogues illicites présentent une structure chimique suffisamment différente pour ne pas être considérées comme étant illégales.
J'ai été heureux de constater que le projet de loi propose d'autoriser le à ajouter temporairement et rapidement une nouvelle substance dangereuse à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances en vue de la réglementer. Cette modification permettra au ministre de prendre des mesures immédiates pour le bien public tout en mettant en oeuvre un examen détaillé de la nouvelle substance. En d'autres mots, des mesures sont prises en attendant qu'une décision soit rendue quant à l'ajout permanent de la substance en question.
Je pense que tous les députés peuvent convenir que la crise des opioïdes doit être réglée. Je crois aussi que tous les députés sont d'accord quant à la gravité du problème.
Les mesures appropriées sont prises afin de répondre aux préoccupations à la frontière. Pour les libéraux, le premier pas dans la bonne direction afin de lutter contre ce problème a été de reconnaître qu'une source étrangère contribue massivement à la crise des opioïdes.
Le fait que l'Agence des services frontaliers du Canada puisse désormais ouvrir tout colis suspect pesant moins de 30 grammes permettra un changement radical: l'arrêt de l'entrée des substances illégales.
Les instruments non réglementés, tels que les presses à comprimés, contribuent aussi massivement à la crise des opioïdes, ce que le projet de loi reconnaît. Ces instruments permettent au crime organisé de produire des quantités impressionnantes de drogues mortelles. En autorisant l'ASFC à communiquer des renseignements aux autorités policières ces dernières pourront faire leur travail et mettre un terme à ces activités illégales.
Le projet de loi reconnaît également la fabrication constante de nouvelles substances dangereuses. Dans le but de restreindre l'approbation rapide de nouvelles substances psychotropes, aux termes des nouveaux règlements, la ministre serait en mesure d'ajouter temporairement et rapidement à l'annexe toute substance dangereuse en vue de la réglementer.
Il s'agit de mesures de sécurité publique qui veillent aux intérêts de tous les Canadiens. Elles visent à contrer le crime organisé, de sorte qu'il soit plus difficile pour les organisations criminelles de produire et de vendre des drogues dangereuses.
Toutefois, la fragilisation du processus de consultation auprès des Canadiens, avant l'approbation d'un centre d'injection, va tout à fait à l'encontre de ces autres mesures. L'approbation de tels centres dans l'ensemble du pays aura pour effet de normaliser la toxicomanie. Les toxicomanes continueront de commettre un très grand nombre de crimes pour se procurer ces drogues. Ils participeront quand même au crime organisé, et ils pourront tous utiliser gratuitement ces substances dans une installation sanctionnée par le gouvernement.
Je reconnais que chaque province a ses propres besoins. Les réalités de la Colombie-Britannique et de l'Île-du-Prince-Édouard ne sont pas les mêmes. Cependant, je ne puis admettre que les centres d'injection permettent de sauver des vies. J'ai déjà entendu un professionnel de la santé spécialisé en toxicomanie faire l'analogie suivante: « Si j'étais un sauveteur et que je voyais quelqu'un se noyer, je sauterais à l'eau pour le sauver. Une fois que l'individu aurait repris sa respiration, je n'irais pas le relancer dans l'eau. » C'est justement ce que font les centres d'injection.
Il est irresponsable de simplifier le processus de demande pour l'approbation des centres d'injection. Les collectivités seraient ainsi mises en danger, de même que les personnes ayant de graves problèmes de dépendance aux drogues. La toxicomanie devrait être considérée comme une maladie curable. Tant que je n'aurai pas vu le gouvernement prendre les mesures qui s'imposent pour aider ces gens à arrêter de consommer ces drogues dangereuses et mortelles, je ne pourrai pas appuyer cette solution de réduction des méfaits, qui n'est rien d'autre qu'une solution temporaire.
:
Madame la Présidente, le Canada est aux prises actuellement avec une crise sans précédent liée aux surdoses d'opioïdes. Voici ce qu'a déclaré David Juurlink, un des principaux experts canadiens en matière d'innocuité des médicaments:
Il s'agit de la plus importante crise concernant l'innocuité des médicaments des temps modernes, et il n'est pas exagéré d'affirmer que chacun d'entre vous connaît quelqu'un qui est aux prises avec des problèmes liés à un opioïde. C'est effectivement le cas, que vous en soyez conscients ou non, et il est tout à fait possible que vous connaissiez quelqu'un qui a perdu un être cher à cause de ces médicaments.
Puis, il a ajouté ce qui suit:
On ne connaît pas précisément l'ampleur du problème au Canada. Nous savons qu'aux États-Unis les CDC estiment qu'au cours des 20 dernières années, environ un quart de million de personnes sont décédées à cause des opioïdes, dont plus de la moitié étaient des opioïdes sur ordonnance [...] Nous ne disposons pas de telles données au Canada. Je présume qu'environ 20 000 Canadiens sont décédés au cours des 20 dernières années à cause de ces médicaments. Le fait qu'aucun élu fédéral ne peut nous donner ce chiffre constitue une honte nationale.
Dans ma province, la Colombie-Britannique, les surdoses de substances illicites ont coûté la vie à au moins 914 personnes l'an dernier, soit le bilan le plus lourd jamais observé en la matière. La situation en Colombie-Britannique est semblable à celle observée en Alabama, État qui présente le taux de décès par surdose le plus élevé aux États-Unis.
L'an dernier, deux Ontariens décédaient chaque jour des suites d'une surdose. Qui plus est, un décès sur huit parmi les jeunes adultes était attribuable aux opioïdes, et 338 Albertains en sont morts l'an dernier. Les décès par surdose au Québec ont augmenté de 140 % au cours des 10 dernières années.
Même si le Canada ne compile pas de statistiques concernant les décès par surdose sur la scène nationale, ce qui est encore une fois une lacune inexcusable de la politique nationale de santé, on estime qu'en 2015 uniquement, les surdoses ont causé la mort de 2 000 Canadiens. Ce chiffre est certainement beaucoup plus élevé pour 2016 en raison de la rapide prolifération d'opioïdes illicites extrêmement puissants au Canada.
Il est évident que les surdoses et les décès sont en hausse dans toutes les régions du pays, et cette croissance se poursuivra si aucune mesure extraordinaire et efficace n'est prise. La hausse considérable de surdoses en 2016 a poussé le directeur de la santé publique de la Colombie-Britannique, le Dr Perry Kendall, à déclarer en avril dernier l'état d'urgence sanitaire pour la première fois dans l'histoire de la Colombie-Britannique. En dépit de cette mesure extraordinaire, la crise s'est accentuée.
Nous avons enregistré une autre hausse record de décès en décembre en Colombie-Britannique. Seulement à Vancouver, les autorités recensent actuellement 15 décès par surdose par semaine. Il s'agit vraiment d'une crise aux proportions épidémiques.
On a dit du fentanyl, un opioïde 100 fois plus puissant que l'héroïne, qu'il avait changé la donne en ce qui concerne les décès par surdose au Canada. Nous sommes maintenant témoins de surdoses causées par le carfentanil, un opioïde si puissant et si dangereux qu'on risque une surdose ou la mort simplement en y étant exposé, que ce soit par inhalation ou contact cutané. Une dose de la taille d'un grain de sel suffit.
Nous reconnaissons tous que la crise est complexe et comporte de nombreuses facettes. Le fentanyl est puissant, peu coûteux, facile à transporter et on peut tirer des milliers de doses d'une petite quantité. En effet, un kilo de fentanyl, qui coûte 10 000 $ ou 20 000 $ et tient dans une boîte à chaussures, peut générer des profits de 20 millions de dollars.
Beaucoup de cas de surdoses surviennent chez des jeunes inexpérimentés qui consomment des drogues non opioïdes à usage récréatif sans savoir qu'elles contiennent du fentanyl. L'automne dernier à Vancouver, neuf cas de surdoses ont été enregistrés en l'espace de 20 minutes. Sans le savoir, les victimes avaient consommé de la cocaïne qui avait été coupée au fentanyl.
Les médecins utilisent et prescrivent beaucoup trop d'opioïdes pour la gestion de la douleur, ce qui entraîne une dépendance chez bien des patients. Le Canada est l'un des pays où l'on prescrit le plus d'opioïdes par habitant. En 2015, le nombre de prescriptions a atteint 19,1 millions, une hausse par rapport au total de 18,7 millions enregistré l'année précédente. Cela représente une prescription d'opioïdes pour un Canadien sur deux.
Même s'il n'existe aucune étude crédible évaluée par les pairs prouvant que les opioïdes procurent plus d'avantages qu'ils ne causent de dommages pour traiter la douleur chronique, on fait valoir leur consommation non seulement auprès des patients palliatifs et cancéreux, mais auprès des personnes souffrant de maux de dos et d'autres maux courants. On enseigne à tort à ceux qui rédigent les ordonnances que la dépendance est une rare conséquence de la consommation à long terme d'opioïdes vendus sur ordonnance, que moins de 1 % des patients développent une dépendance.
Or, en réalité, on estime que le taux de dépendance est de 10 %, et que 30 % des consommateurs souffrent de trouble lié à l'usage d'opioïdes. Cet abus d'opioïdes révèle l'absence de traitements élargis efficaces pour la douleur chronique au Canada. Fait grave, il y a une insuffisance alarmante de centres publics de désintoxication et de traitement au Canada en raison de décennies de sous-investissement par les gouvernements provinciaux et fédéral, et les ressources consacrées à l'éducation et à la prévention sont encore plus rares.
Bien franchement, notre système de soins de santé manque cruellement d'options de traitement couvertes pour les Canadiens souffrant de toxicomanie, et on peut blâmer pour cela les gouvernements libéraux et conservateurs des dernières décennies.
Dans les collectivités autochtones, le soutien fédéral inconstant pour les traitements gérés par la communauté et fondés sur la culture rend particulièrement difficile la lutte contre la crise des opioïdes. Le personnel infirmier employé par Santé Canada ne possède pas le champ d'activité voulu pour appuyer les Autochtones aux prises avec une dépendance aux opioïdes dans leur propre collectivité après 30 jours, comme le veut le décret fédéral.
Comme l'a récemment dit au comité de la santé la Dre Claudette Chase, médecin de famille au sein de l'autorité sanitaire des Premières Nations de Sioux Lookout:
Cela m'attriste chaque fois que j’y pense, car nos travailleurs se mettent en danger lorsqu'ils écoutent l’histoire de personnes qui ont subi des traumatismes incroyables. Nous avons peu de financement pour les former. Il s’agit de membres de la communauté qui, devant le refus de Santé Canada de redoubler d’efforts, ont décidé eux-mêmes de redoubler d’efforts. Ils font cela et sont traumatisés au quotidien, je n'ai pratiquement aucun moyen de les soutenir au-delà de mes fonctions en tant que médecin de famille. C’est inacceptable.
La toxicomanie est une maladie psychosociale complexe sur laquelle influent des facteurs génétiques, environnementaux et sociaux de toutes sortes. Bien que la crise actuelle ait capté l'attention des médias au cours des derniers mois, il est clair qu'on l'a laissée s'aggraver pendant des années, récemment sous un gouvernement conservateur aveuglé par une idéologie superficielle et, maintenant, sous les libéraux, que l'opportunisme rend timorés.
Ce que les gouvernements conservateur et libéral ont en commun, toutefois, c'est un refus d'agir rapidement devant les faits et une omission, pendant des décennies, d'injecter les fonds nécessaires pour pouvoir offrir aux Canadiens les principaux choix de traitement des troubles de consommation de drogue.
Au cours des 10 dernières années, le gouvernement conservateur précédent a amputé le budget de Santé Canada consacré au traitement des toxicomanies, a éliminé la réduction des méfaits des quatre piliers de la politique canadienne en matière de drogue et a passé près d'une décennie à tenter de discréditer la pléthore de preuves indiscutables montrant que les centres de consommation supervisée sauvent des vies.
En effet, cette crise a indéniablement été aggravée par les obstacles érigés par un gouvernement conservateur qui a empêché l'ouverture de centres d'injection supervisée partout au Canada. Bien que nombre d'études aient établi de façon concluante que le centre d'injection supervisée de Vancouver, InSite, a réduit considérablement le nombre des décès par surdose, le gouvernement conservateur a refusé obstinément d'accepter ce fait.
En 2011, il a fallu que la Cour suprême du Canada décide qu’InSite et les autres centres d'injection supervisée doivent se voir accorder une exemption aux termes de l'article 56 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances parce qu'ils diminueront le risque de décès et de maladie et qu’il n’existe guère, sinon aucune preuve qu’ils auront une incidence négative sur la sécurité publique.
En réponse, en 2015, le gouvernement conservateur a présenté le projet de loi , qui établit une liste longue et ardue de critères auxquels les demandeurs de permis de centre d'injection supervisée doivent satisfaire avant que le ministre ne leur accorde une exemption. En pratique, ces critères étaient conçus pour rendre essentiellement impossible l'ouverture par les organisations de nouveaux centres d'injection supervisée au Canada.
Par exemple, Montréal a des demandes en attente d'approbation par Santé Canada depuis mai 2015, soit près de deux ans, pour trois services fixes situés dans trois quartiers et un service mobile. En fait, aucun centre d'injection supervisée n'a été ouvert au Canada depuis l'adoption du projet de loi . Bien sûr, c'était précisément là l'intention des conservateurs.
Une heure à peine après que le projet de loi a été présenté initialement, Jenni Byrne, la directrice de campagne des conservateurs, a pris une mesure si vile qu'elle impressionnerait même Donald Trump en émettant une lettre de collecte de fonds dans laquelle elle déclarait que les libéraux et les néo-démocrates voulaient que les toxicomanes s’injectent de la drogue dans les arrière-cours des collectivités de partout au pays. Cette mesure allait au-delà d'un refus juvénile d'accepter des preuves qui allaient à l'encontre de leur idéologie moralisatrice: c’était manifestement une tentative totalement honteuse de faire campagne sur le dos des Canadiens les plus vulnérables, les Canadiens malades.
Aux députés conservateurs qui affirment maintenant avoir vu la lumière concernant cette question et qui se sont récemment fait l'écho de l'appel de longue date du NPD en faveur de la déclaration d’une urgence nationale de santé publique, je dois rappeler que ce sont les conservateurs qui ont bloqué ma tentative de faire adopter rapidement ce projet de loi à la Chambre, en décembre, dans le but de sauver des vies plus rapidement.
Bien que les libéraux prétendent être en faveur de l'expansion des centres d'injection supervisée, le gouvernement n'a approuvé l’ouverture d’aucun nouvel établissement depuis son arrivée au pouvoir. D'ailleurs, la a d’abord soutenu avec obstination qu’il n'était même pas nécessaire d’apporter des modifications législatives au projet de loi , puisqu'elle avait ordonné aux responsables de Santé Canada de faciliter le processus de demande aux termes de la loi en vigueur. Elle a refusé de reconnaître que le problème était la loi elle-même avec ses 26 exigences distinctes qui bloquent efficacement l’ouverture de nouveaux centres, comme l'ont toujours souligné les intervenants, le NPD et même certains de ses collègues. Cette réponse timorée constituait un contraste saisissant avec l'opinion exprimée par la députée libérale de lorsqu'elle était porte-parole en matière de santé dans l’opposition libérale.
Lorsque le projet de loi a été présenté, la députée de a déclaré publiquement qu'il avait été délibérément rédigé de façon à empêcher l'approbation de tout centre de consommation supervisée au Canada. De plus, elle a remis en question la constitutionnalité du projet de loi. On a fréquemment remarqué que les libéraux font campagne à gauche et gouvernent à droite et qu'ils parlent comme des progressistes lorsqu'ils forment l'opposition, mais agissent comme des conservateurs lorsqu'ils sont au pouvoir. Je crains que leur conduite à l'égard de la crise des opioïdes représente un autre exemple de ce malheureux truisme.
Il est inacceptable qu'il ait fallu un nombre croissant de décès et une pression universelle de la part d'experts médicaux, de responsables de la santé publique, de gouvernements provinciaux, de dirigeants municipaux et du NPD fédéral pour que la accepte finalement, le 12 décembre dernier, de décrire les modifications législatives qu'elle était prête à apporter au projet de loi . Ce changement de position a eu lieu après que le gouvernement de la Colombie-Britannique eut annoncé qu'il n'était plus disposé à attendre l'approbation du gouvernement fédéral et qu'il prendrait la mesure extraordinaire de signer un décret ministériel pour légaliser dans la province l'exploitation de centres temporaires de prévention des surdoses. Cette annonce elle-même était en réponse à l'apparition de centres de consommation supervisée improvisés et non sanctionnés établis partout en Colombie-Britannique par des activistes comme Ann Livingston et Sarah Blyth, qui ont fondé l'organisme Overdose Prevention Society en septembre grâce au financement participatif, en raison de la gravité de la crise.
Alors que le gouvernement actuel attendait et que des gens mouraient, des Britanno-Colombiens, notamment des travailleurs de rue, passaient à l'action. Bref, ce projet de loi constitue une reconnaissance un peu tardive de la crise, mais il propose néanmoins certaines mesures importantes pour s'y attaquer.
Je reconnais au gouvernement le mérite d'avoir pris des mesures positives.
Le gouvernement libéral a tenu un sommet sur les opioïdes à l'occasion duquel il s'est engagé à mieux informer les Canadiens des risques liés à la consommation d'opioïdes, à appuyer de meilleures pratiques en matière d'ordonnance et à améliorer la base de données probantes. Il a autorisé la vente de naloxone sans ordonnance. Il a annulé l'interdiction fédérale frappant l'utilisation d'héroïne pharmaceutique pour certains traitements et il a décidé d'inscrire dans la réglementation plusieurs précurseurs de fentanyl. Le gouvernement a également rétabli la réduction des méfaits comme l'un des quatre piliers de la politique antidrogue. Enfin, il propose certaines modifications à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et à d'autres lois, pour simplifier les demandes d'ouverture de centres de consommation supervisée.
Ces changements sont tous bienvenus, même s'ils arrivent un peu tard, et les néo-démocrates y souscrivent entièrement. Cependant, nous estimons qu'ils ne vont pas assez loin et que leur mise en oeuvre ne sera pas assez rapide. Nous pouvons et nous devons faire beaucoup plus. Voilà pourquoi je m'insurge contre les propos tenus par la lors d'une récente entrevue. Voici ce qu'elle a dit:
Comment peut-on douter que des progrès ont été réalisés? Je sais que le nombre de décès augmente, mais le gouvernement intervient très activement dans ce dossier [...]
J'ignore comment la ministre mesure le progrès, mais je sais une chose. Lorsque des Canadiens meurent à un rythme sans précédent, lorsque, mois après mois, nous voyons augmenter le nombre de décès causés par une surdose d'opioïdes, nous ne pouvons, en toute légitimité, parler de progrès. Au Nouveau Parti démocratique, nous mesurerons le progrès en tenant compte d'un seul facteur: la baisse, et non la hausse, du nombre de morts chez les Canadiens. Or, selon cette norme, la crise est loin de s'atténuer: elle va au contraire de mal en pis. D'année en année, depuis 2012, le nombre de surdoses mortelles en Colombie-Britannique a considérablement augmenté: 273 décès en 2012, 330 en 2013, 366 en 2014, 510 en 2015 et, enfin, 914 en 2016.
Le mois dernier seulement, la Colombie-Britannique a enregistré le plus grand nombre de décès par surdose de toute son histoire, soit 142 morts. C'est plus que le double de la moyenne mensuelle depuis 2015 et une hausse marquée par rapport à l'automne. En effet, la province a recensé 57 décès par surdose en septembre, 67 en octobre et 128 en novembre. Il n'y a là aucun progrès.
Pour comprendre l'ampleur de cette épidémie, rappelons-nous qu'en 2003, la crise du SRAS avait fait 44 victimes dans l'ensemble du Canada. Les surdoses d'opioïdes tuent autant de personnes en une semaine.
J'invite les députés à réfléchir à ce qui suit: si de 40 à 50 Canadiens devaient mourir, chaque semaine, du SRAS, du virus Ebola ou de toute autre maladie infectieuse, la Chambre reviendrait à la charge tant que le gouvernement fédéral n'aurait pas donné une réponse proportionnelle à la gravité de la crise. Chaque personne qui meurt d'une surdose laisse derrière elle des proches dévastés par cette tragédie déchirante. Les vies écourtées par une surdose ne sont pas moins importantes que les autres, et cette épidémie mérite la même attention et la même urgence que toute autre maladie.
Par ailleurs, n'oublions pas que l'inaction est lourde de conséquences pour ceux qui se trouvent aux premières lignes de cette crise. Chris Coleman, un pompier du quartier Downtown Eastside de Vancouver, a dit ceci devant le comité de la santé:
[...] il est néfaste pour la santé mentale d’une personne de voir de si près quotidiennement tant d’impuissance et de souffrance; de travailler extrêmement fort, mais de sentir que ses efforts n’ont pour ainsi dire aucun effet sur un problème qui submerge les rues de sa propre ville. Le fait de voir une population se faire du mal à répétition pour, au bout du compte, voir la mort et des gens qui ont succombé à cette tragédie humaine porte un coup au bien-être psychologique. [...]
Il faut que vous sachiez que nos collègues qui travaillent dans l’est du centre-ville éprouvent des difficultés. [...] Lorsque je parle avec ces collègues, ils me disent souvent « Cela me rend dingue. » ou « Je n’en peux plus. » Ils me disent parfois compter 20 ou 30 toxicomanes dans une allée. Ils ne sont ni préparés ni formés à ces situations. Ce qui les désespère est d’avoir à faire face plusieurs fois, pendant le même quart de travail, à la même personne qui fait une surdose et qui a une seringue de plantée dans le cou et qui se tortille dans son urine et ses selles. Ils ont le sentiment d’être abandonnés et perdent l’espoir.
Il ne faut pas laisser ces braves intervenants de première ligne connaître le même sort que Sisyphe, condamné à pousser éternellement un rocher jusqu'au haut d'une colline. Le gouvernement du Canada doit venir à leur rescousse.
En fait, le manque de leadership dont le gouvernement fédéral a fait preuve dans la crise des opioïdes a suscité de nouveaux appels à l'aide de partout au Canada, notamment des maires de Calgary, de Toronto, d'Ottawa et de Vancouver et du ministre de la Santé de la Colombie-Britannique, ainsi que de professionnels de la santé de toutes les disciplines.
Je sais que la a déclaré maintes et maintes fois en public que le gouvernement fédéral faisait tout son possible. Bien sûr, c'est totalement faux. Il y a littéralement des dizaines de mesures et de recommandations faites par des experts en santé et des intervenants de partout au Canada que le gouvernement n’a toujours pas adoptées.
Dernièrement, la Ville de Vancouver a envoyé au gouvernement fédéral une liste de neuf recommandations visant à résoudre cette crise. Elle réclamait notamment une structure de commandement central, des réunions quotidiennes avec Santé Canada et une amélioration des services de traitement. En Colombie-Britannique, un jury du coroner a publié récemment une liste de 21 mesures recommandées, et, en décembre, le Comité permanent de la santé a publié un rapport contenant, rien que pour le gouvernement, 38 recommandations, dont la plupart n’ont toujours pas été mises en oeuvre.
Pour faire preuve de du leadership nécessaire et pour illustrer la compréhension que possède le gouvernement fédéral de la portée de cette crise, les néo-démocrates demandent depuis des mois à la de déclarer une urgence nationale en santé publique. Des politiciens municipaux, provinciaux et fédéraux de tous les partis, y compris, récemment, les conservateurs, se joignent maintenant à nous.
La déclaration d'une urgence nationale en santé publique en vertu de la Loi sur les mesures d'urgence donnerait au médecin en chef du Canada le pouvoir de prendre des mesures extraordinaire pour coordonner une réponse nationale à la crise. Ces mesures pourraient comprendre l'allocation de fonds d'urgence nécessaires pour lutter contre la hausse du nombre de morts et l’approbation de l'ouverture de centres d’injection supervisée temporaires en cas d'urgence.
Inexplicablement, la ministre continue de prétendre que la déclaration d’une urgence nationale en santé publique est inutile et inopportune. Sauf le respect que nous lui devons, on peut montrer qu’elle a entièrement tort. Par exemple, une telle déclaration permettrait à des centres de prévention des surdoses d'ouvrir et de fonctionner légalement partout au pays, ce qu'ils ne peuvent pas faire pour le moment. Non seulement on a désespérément besoin de ces centres dans toutes les grandes villes du Canada, mais ceux-ci commenceraient à sauver des vies dès aujourd'hui.
Les néo-démocrates ont travaillé de bonne foi avec les gouvernements fédéraux successifs pour faire face à la crise avec la diligence qui s’impose. Nous avons mené la lutte contre le projet de loi C-2 des conservateurs dès qu’il a été présenté puis avons exhorté le gouvernement libéral à l'abroger ou à le modifier. L'automne dernier, nous avons présenté au comité permanent une motion concernant la réalisation d’une étude d'urgence sur la crise. Nous avons essayé d'accélérer l’adoption de ce projet de loi par la Chambre en décembre, et nous avons été les premiers à réclamer la déclaration d'une urgence nationale en santé publique pour faire face à la crise.
Le Nouveau Parti démocratique appuiera ce projet de loi et travaillera en comité à l'améliorer. Nous continuerons à exhorter le gouvernement à prendre toutes les mesures possibles pour s’attaquer à cette crise nationale en santé publique.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député d’.
Je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui pour appuyer le projet de loi . Mon projet de loi émanant d’un député, le projet de loi C-224, Loi sur les bons samaritains secourant les victimes de surdose, se trouve actuellement à l’autre endroit. Tout comme le projet de loi C-37, ce n’est qu’un des outils de la trousse de la réduction des méfaits qui aiderait à sauver des vies.
La protection de la santé et de la sécurité des Canadiens est une grande priorité de l’actuel gouvernement. Voilà pourquoi, le 12 décembre 2016, la , accompagnée du , a présenté le projet de loi à la Chambre des communes.
[Français]
Ce projet de loi propose plusieurs modifications à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et à la Loi sur les douanes à l'appui des efforts du gouvernement pour répondre à la crise actuelle des opioïdes ainsi qu'à la consommation problématique de substances de façon générale.
[Traduction]
Ce projet de loi global vise à équilibrer deux objectifs importants, soit protéger la santé publique et préserver la sécurité publique. Il est conçu pour fournir au milieu de la santé et aux responsables de l’application de la loi les outils dont ils ont besoin pour s'attaquer au problème.
Depuis 10 ans, les méfaits associés à l’abus de substances problématiques au Canada ont gagné en complexité et ils évoluent rapidement. La démarcation entre les substances licites et illicites s’est embrouillée avec la crise des opioïdes, l’abus de médicaments sur ordonnance et l'arrivée des drogues de confection.
Le gouvernement s’est engagé à aider les Canadiens touchés par des substances problématiques et leur consommation. Des mécanismes de contrôle législatif et réglementaire sont, certes, un volet important de cette démarche. Cependant, comme nous le savons, la consommation de drogue et la dépendance posent des risques significatifs pour les personnes, les familles et la société. La démarche destinée à lutter contre l’abus de substances problématiques doit aussi prévoir des outils pour prévenir la toxicomanie et la traiter, faciliter le rétablissement et atténuer les conséquences sanitaires et sociales négatives de la consommation de drogue pour les personnes et les collectivités dans lesquelles elles évoluent, grâce à des mesures de réduction des méfaits fondés sur des données probantes. Ces outils doivent aussi faire partie de l'approche retenue pour lutter contre l’abus de substances problématiques.
Selon les spécialistes, la réduction des méfaits est un volet rentable d’une approche bien équilibrée à l’égard de la santé et de la sécurité publiques. La réduction des méfaits établit un lien entre les personnes et les autres services des réseaux de la santé et des services sociaux en ce qui concerne le traitement et le rétablissement. Les personnes et des collectivités entières tirent profit de la réduction des méfaits, car les gens qui sont aux prises avec des problèmes d’abus de substances ou de toxicomanie peuvent obtenir l’aide et les services dont ils ont besoin au lieu d’être marginalisés ou ostracisés. Les données probantes concernant la réduction des méfaits ne laissent aucun doute. Les mesures de réduction des méfaits sont un élément essentiel d’une approche globale à l’égard de la réglementation des drogues.
[Français]
C'est pourquoi le gouvernement est résolu à réaliser une approche équilibrée et fondée sur les données probantes, approche qui, plutôt que de créer des obstacles à la réduction des méfaits, soutient celle-ci.
[Traduction]
Ainsi, le 12 décembre 2016, en plus de présenter le projet de loi à la Chambre, la a annoncé que la Stratégie nationale antidrogue serait remplacée par une nouvelle approche mieux équilibrée et axée sur la santé appelée la Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances. La nouvelle stratégie renforcera le cadre stratégique du Canada à l'égard des drogues en prévoyant une approche globale, collaborative, humaniste et fondée sur des données probantes pour la protection de la santé et de la sécurité publiques et la réduction des méfaits découlant de l’abus de substances licites et illicites. Dans l'optique de cette nouvelle approche axée sur la santé, la stratégie sera dirigée et coordonnée par la ministre de la Santé, en étroite collaboration avec ses collègues.
Depuis 1987, le Canada a mis en place diverses stratégies relatives aux drogues dans le but de concilier la santé et la sécurité publiques. En 1992, le gouvernement a annoncé la Stratégie canadienne antidrogue, qui avait pour objet de réduire les méfaits découlant de la consommation d’alcool et d’autres drogues pour les personnes, les familles et la société. En 1998, la réduction des méfaits s'est ajoutée aux piliers, aux côtés de la prévention, du traitement et de l’application de la loi.
L’équilibre entre la santé publique et la sécurité publique que cherche à réaliser le Canada dans le cadre de sa politique en matière de drogues a été modifié en 2007, au moment du lancement de la Stratégie nationale antidrogue. Cette stratégie reflétait les priorités de l’ancien gouvernement en matière de sécurité publique, de répression de la criminalité et de création de collectivités sûres.
La Stratégie nationale antidrogue visait surtout les jeunes et la consommation de substances illicites, en laissant tomber le pilier de la réduction des méfaits. Ce changement a fait reculer le Canada par rapport à d’autres pays aux vues similaires qui, pour la plupart, misent sur la réduction des méfaits pour régler le problème de la consommation abusive de substances.
La nouvelle stratégie retiendra et mettra en valeur les volets de la Stratégie nationale antidrogue qui ont donné de bons résultats, en particulier les volets déjà bien établis de la prévention, du traitement et de l’application de la loi. Ces piliers visent, respectivement, à prévenir la consommation problématique de drogue et d’autres substances, à encourager l’adoption d’approches novatrices en matière de traitement et de réadaptation, et à régler le problème de la production de drogues illicite ainsi que de l’approvisionnement et de la distribution connexes.
Le principal atout de la nouvelle stratégie est probablement le fait qu’elle améliorera la Stratégie nationale antidrogue précédente en rétablissant officiellement le pilier de la réduction des méfaits. Cette approche davantage axée sur la santé a été bien accueillie par les parties prenantes, dont le Centre de toxicomanie et de santé mentale du Canada et nos partenaires provinciaux.
Le gouvernement s’est engagé à faire en sorte que les politiques qui seront mises en place dans le cadre de la nouvelle stratégie s’appuient sur une solide base de faits probants, notamment sur des données concernant les politiques, les programmes et les interventions visant la réduction des méfaits. Cette approche permettra au gouvernement de mieux définir les tendances, de cibler les interventions, de surveiller les impacts et de prendre des décisions fondées sur des faits probants. Elle lui permettra également d’avoir un portrait global de la consommation de drogue au Canada et des méfaits qu'elle cause ainsi que de respecter pleinement ses engagements internationaux en matière de reddition de comptes.
Avant même d’annoncer la nouvelle stratégie, le gouvernement avait déjà mis en place des mesures de réduction des méfaits dans le cadre d'initiatives visant à réduire les impacts négatifs de la consommation problématique de drogues sur la santé et la société, notamment la transmission de maladies infectieuses, les décès par surdose et la stigmatisation.
[Français]
Par exemple, nous avons amélioré l'accès à la naloxone, un médicament qui inverse les effets d'une surdose, en la rendant disponible sans ordonnance, en vertu de la loi fédérale, spécifiquement pour utilisation en cas d'urgence pour une surdose d'opioïdes à l'extérieur des milieux hospitaliers.
Cette étape importante élargit l'accès pour les intervenants d'urgence et contribuera à répondre au nombre croissant de surdoses causées par les opioïdes.
[Traduction]
Nous avons également manifesté notre soutien pour l’ouverture de centres d'injection supervisée, une mesure phare en matière de réduction des méfaits.
En janvier 2016, au terme d’un examen exhaustif et rigoureux, Santé Canada a accordé au Dr Peter Centre une exemption de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, aux fins de l’exploitation d’un centre d'injection supervisée.
Peu après, le 16 mars 2016, Santé Canada a accordé à InSite une exemption exceptionnelle d’une durée de quatre ans.
S’il est adopté, le projet de loi ira encore plus loin pour favoriser la mise en place de mesures de réduction des méfaits en fonction de données probantes. Il allégerait notamment le fardeau incombant aux collectivités qui souhaitent demander une exemption afin d’exploiter un centre d'injection supervisée.
Les modifications proposées harmoniseraient et simplifieraient les critères de demande, tout en assurant que la tenue de consultations publiques demeure une étape incontournable du processus. Si nous simplifions le processus de demande et de renouvellement et que nous ajoutons une nouvelle disposition garantissant la transparence, les demandeurs auront alors l’assurance que les formalités ne constituent pas un fardeau déraisonnable et qu'elles ne retarderont pas indûment leur démarche.
En conclusion, l’approche stratégique proposée par le gouvernement à l'égard de la drogue cherche à établir un juste équilibre entre les objectifs essentiels que sont la protection de la santé de la population et la préservation de la sécurité publique.
La Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances rétablira le pilier de la réduction des méfaits, aux côtés de la protection, du traitement et de l’application de la loi. De plus, elle officialisera notre engagement à adopter une approche globale et axée sur la collaboration, la compassion et des données probantes dans le cadre de la politique antidrogue du Canada.
Cela signifie que des politiques axées sur la réduction des méfaits, comme le soutien à des centres de consommation supervisée bien mis en place et bien gérés ainsi qu'un accès accru à de la naloxone, feraient dorénavant officiellement partie de la Stratégie canadienne antidrogue.
La mise en oeuvre des mesures proposées dans le projet de loi constituerait une étape clé dans l'atteinte des objectifs de la Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances.
:
Madame la Présidente, c’est avec grand plaisir que je prends la parole aujourd’hui pour appuyer le projet de loi , une loi qui permettrait de mieux outiller à la fois les les autorités sanitaires et policières afin de diminuer l’offre d’opioïdes illicites et d’autres drogues, en plus de réduire le risque de détournement des substances contrôlées.
[Français]
Le projet de loi confirme, une fois de plus, l'engagement continu du gouvernement actuel de veiller à ce que nos cadres législatifs liés à la santé et à la sécurité publique soient modernes et efficaces.
[Traduction]
Protéger la santé publique en s’efforçant de prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la santé constitue une grande priorité pour le gouvernement. La Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances, que nous avons récemment annoncée, ainsi que les modifications législatives proposées visant à simplifier le processus de demande pour les centres de consommation supervisée ne sont que deux manières pour le gouvernement du Canada de montrer son engagement à l'égard de la santé publique.
Cette nouvelle stratégie est exhaustive, concertée et humanitaire. Elle comporte quatre piliers importants: la prévention, le traitement, la réduction des méfaits et l’application de la loi, qui reposent sur une solide base de preuves.
La nouvelle stratégie met davantage l'accent sur la santé publique, mais le gouvernement reconnaît qu’une politique antidrogue efficace doit établir un équilibre entre la santé publique et la sécurité publique.
[Français]
Ainsi, non seulement le projet de loi traite de mesures de réduction des méfaits, comme les sites de consommation supervisée, mais il propose aussi de nouvelles façons de lutter contre les substances contrôlées obtenues au moyen de sources illicites.
[Traduction]
Le projet de loi modifierait la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, la loi canadienne en matière de contrôle des stupéfiants. La Loi réglementant certaines drogues et autres substances fournit un cadre de contrôle des substances pouvant altérer les processus mentaux et qui pourraient nuire à la santé et à la société lorsque détournées ou utilisées à mauvais escient.
Nous savons que l’utilisation de substances illicites peut accroître le risque de dommages à la santé. La Loi réglementant certaines drogues et autres substances assure la sécurité publique en restreignant des activités telles que l’importation, l’exportation et le trafic de substances contrôlées et de précurseurs.
[Français]
La Loi réglementant certaines drogues et autres substances est en vigueur depuis maintenant deux décennies. Certains de ses règlements sont en place depuis plus longtemps encore, ayant été promulgués pour la première fois en vertu d'anciennes lois. Bien que la Loi réglementant certaines drogues et autres substances réponde bien à nos besoins dans de nombreux secteurs, on a constaté une importante évolution de l'industrie légitime des substances désignées et des précurseurs, ainsi que du marché des drogues illicites.
[Traduction]
Nous savons que la toxicomanie est un grave problème de santé publique. Le gouvernement est très inquiet au sujet de l'augmentation des décès par surdose liés à la consommation d'opioïdes partout au Canada. Il est également préoccupé par l'effet dévastateur de cette crise sur les consommateurs de telles drogues, leur famille et l'ensemble des collectivités, notamment dans ma circonscription, . Les surdoses d'opioïdes en Colombie-Britannique et en Alberta ont atteint un niveau critique et il faut intervenir de toute urgence afin de protéger la santé et la sécurité publiques et d’enrayer la production illégale et le trafic de stupéfiants. Il devient de plus en plus crucial de moderniser la Loi réglementant certaines drogues et autres substances afin de mieux protéger les Canadiens, leur famille et les collectivités dans lesquelles ils vivent.
[Français]
Le gouvernement du Canada prend des mesures concrètes qui contribueront à faire face à la crise actuelle et à empêcher que les drogues mortelles, comme le fentanyl et le carfentanil, se retrouvent dans les collectivités canadiennes. Si les modifications proposées dans le projet de loi étaient adoptées, elles permettraient de renforcer et de moderniser davantage les outils mis à la disposition du gouvernement pour lutter contre la production et la distribution illégale des drogues et réduire le risque que les substances désignées soient détournées vers le marché illicite.
[Traduction]
Une telle mesure empêcherait l'importation de presses à comprimés et d'instruments d'encapsulation non enregistrés.
Les presses à comprimés et les instruments d'encapsulation peuvent être utilisés pour fabriquer, de façon légitime, des médicaments, de la nourriture et des produits de consommation. Toutefois, ils peuvent aussi être utilisés pour fabriquer des médicaments contrefaits qui ont l'apparence de médicaments légitimes. Ces comprimés contrefaits peuvent contenir des substances dangereuses comme le fentanyl et le W-18. Les presses à comprimés peuvent produire des milliers de comprimés illégaux sur une courte période, ce qui représente un risque important pour la santé et la sécurité publiques des Canadiens. À l'heure actuelle, ces appareils peuvent être importés au Canada de façon légale, sans être soumis à des exigences réglementaires particulières.
Le projet de loi exigerait que chaque presse à comprimés et chaque instrument d'encapsulation importé au Canada soit enregistré auprès de Santé Canada. Cette mesure donnerait aux forces de l'ordre de meilleurs outils pour réduire la présence d'opioïdes et d'autres drogues illicites au Canada. La preuve d'enregistrement devrait être soumise au moment de l'importation et les appareils non enregistrés seraient retenus à la frontière par les agents des services frontaliers. Les appareils couverts par cette disposition sont les mêmes que ceux dont la vente et l'importation doivent être signalées aux États-Unis. Une annexe serait ajoutée à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances pour permettre le contrôle d'appareils supplémentaires dans les années à venir en vue de faire face aux changements liés à la production de drogues.
[Français]
Dans le cadre d'une enquête, le projet de loi favoriserait un meilleur échange de renseignements sur l'importation de presses à comprimés et d'instruments d'encapsulation entre les agents frontaliers et les forces de police.
[Traduction]
Le projet de loi comporterait aussi des modifications en vue d’élargir les infractions et les peines relatives aux activités précédant la production de toute substance désignée. Ces activités comprennent l’achat et l’assemblage d’ingrédients chimiques et d’équipement industriel qui sont destinés à être utilisés pour fabriquer des drogues illicites, mais qui ne figurent pas de façon particulière dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Ces activités ne sont actuellement pas contrôlées en vertu de la Loi, à moins qu’elles visent à produire de la méthamphétamine.
Les députés se rappelleront peut être les préoccupations concernant la popularité croissante de la méthamphétamine, qui ont été à l’origine d’un projet de loi d’initiative parlementaire, le projet de loi ), en 2011. Par suite de l’adoption du projet de loi, il est devenu illégal d’avoir en sa possession, de produire, de vendre ou d’importer des produits chimiques sachant qu’ils seraient utilisés pour la production ou le trafic de méthamphétamine.
[Français]
Compte tenu de la crise des opioïdes qui ne cesse de s'aggraver et des preuves de production illégale d'autres drogues au Canada, notamment le fentanyl, nous devons en faire plus. Les modifications proposées dans le projet de loi permettraient l'extension des dispositions qui ont été ajoutées en 2011 de sorte que les pénalités s'appliqueraient à la production, la distribution, l'importation, l'exportation et le transport illégaux de toutes choses utilisées pour la production ou le trafic de toute substance désignée.
Le gouvernement reconnaît les défis complexes auxquels sont confrontées les personnes aux prises avec un problème de consommation de drogues. Nous sommes toujours résolus à collaborer avec nos partenaires provinciaux et territoriaux pour traiter les questions entourant la consommation de drogues illicites.
[Traduction]
Le projet de loi fait partie de la réaction du gouvernement à la crise des opioïdes au Canada, qui ne cesse de s’aggraver. Les modifications législatives proposées dans le projet de loi feront en sorte que la loi sera plus robuste et accroîtra la capacité des forces de l’ordre d’agir rapidement à l’égard de toute activité présumée de production de drogue, et permettra de mieux les équiper pour répondre à l'évolution du marché des drogues illicites.
[Français]
J'encourage tous les députés de la Chambre à appuyer ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je prends la parole au sujet du projet de loi, loi modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et apportant des modifications connexes à d’autres lois.
Comme nous le savons tous, les problèmes de toxicomanie ont présenté un défi tout au long de l’histoire du genre humain. Comme l’a noté le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies, ces dernières touchent tout le monde. En 2013, un Canadien sur cinq, soit six millions de personnes, répondait aux critères définissant la consommation problématique de substances, avec tout le chagrin et la douleur que cela comporte pour les familles et les collectivités partout au pays. Aujourd’hui, toutefois, nous faisons face à une crise sans précédent: la consommation occasionnelle de drogues ou la dépendance aux drogues comporte maintenant un risque beaucoup plus élevé de décès.
J’aimerais souligner que certaines questions ont été soulevées dans l’échange précédent, lorsque le gouvernement a parlé des efforts qu’il déployait avec les provinces pour faire progresser le dossier, mais ce que les libéraux n’ont pas mentionné, c’est leur collaboration avec l’opposition.
De nombreux aspects du projet de loi méritent d’être appuyés et devraient progresser rapidement, mais les libéraux savent très bien qu’une des composantes pose certains problèmes pour nous. J’en exposerai d’ailleurs les raisons un peu plus tard. Si les libéraux affirment être préoccupés par cette crise, ils auraient dû proposer quelque chose nous permettant d’aller immédiatement de l’avant pour tous les aspects sur lesquels nous nous entendons, et de prendre un peu plus de temps pour discuter de l’élément qui est un peu plus problématique pour nous. Il s’agit là d’une préoccupation importante.
L’autre grave préoccupation qu’il faut expliquer aux gens qui nous écoutent et qui nous regardent est le fait que la Colombie-Britannique a déclaré une urgence de santé publique face à l’augmentation du taux de décès par surdose le 14 avril 2016. Plusieurs mois plus tard, alors que l’on a découvert des presses à comprimés et des instruments d'encapsulation et des problèmes aux frontières, quel est le premier sujet de débat que le gouvernement a proposé hier? Un projet de loi sur Statistique Canada. C’est une honte. Le gouvernement avait l’occasion de faire avancer des enjeux importants, mais à notre première journée de retour à la Chambre, Statistique Canada était plus important que tout le reste. Les libéraux ont présenté un projet de loi qui cause quelques difficultés — et ils le savaient — au lieu de présenter une solution que nous pourrions tous promptement appuyer et adopter sans tarder. À mon avis, les libéraux devraient examiner leur manière d’aborder ce problème.
La situation d’urgence déclarée en avril a par la suite été confirmée. Elle n’a peut-être pas frappé certaines provinces, mais il est intéressant qu'une collègue libérale, la députée de , ait suggéré que si l’Ontario ou le Québec s’était trouvé dans cette situation, le gouvernement aurait agi beaucoup plus rapidement. Nous avons entendu cela de la bouche d’une députée libérale, qui est médecin de famille et qui a blâmé son propre parti de ne pas avoir abordé cette crise de manière convenable. C’est absolument honteux.
Cette épidémie se caractérise par un taux croissant de décès par surdose de fentanyl, qui est un opioïde illicite. En 2012, le fentanyl ne constituait que 5 % des drogues illicites; en 2016, il occupait 60 % de ce marché. Sa consommation a augmenté de façon spectaculaire. En 2016, la Colombie-Britannique a compté 914 décès, dont 142 en décembre seulement.
Plusieurs d’entre vous ont peut-être lu dans Facebook le témoignage de cette grand-maman qui a perdu sa petite-fille quelques jours avant Noël. Elle écrit que si elle avait eu de l’aide, elle aurait peut-être pu sauver sa petite-fille.
À Kamloops, la ville que je représente, il y a eu 40 décès pendant l’année. En général, nous comptons une dizaine de décès chaque année, mais en 2016, il y a eu 40 décès à Kamloops dûs à des surdoses. Le SRAS a causé 40 décès dans tout le Canada, et la grippe H1N1 en a causé 400 dans tout le Canada. Je siégeais au comité de la santé quand le H1N1 a frappé. Je me souviens que l’administrateur en chef de la santé publique du Canada nous donnait quotidiennement une séance d’information. C’était le Dr Butler-Jones à cette époque. Il mettait chaque jour les parlementaires au courant des dernières nouvelles. Nous avons eu 400 décès dans tout le Canada. Cette fois ci, nous faisons face à plus de 900 décès rien qu’en Colombie-Britannique.
Le projet de loi propose une réponse partielle à cette crise. Comme je l'ai souligné tout à l'heure, le projet de loi contient des mesures qui méritent pleinement d'être appuyées, comme le fait d'interdire l'importation d'instruments désignés et d'encapsuleurs, ainsi que l'ajout à l'annexe de toute substance dont le ministre a des motifs raisonnables de croire qu'elle comporte des risques pour la santé. Le projet de loi propose aussi d'accorder plus de pouvoirs à l'Agence des services frontaliers du Canada. Il y a un an, nous savions que, pour éviter la crise actuelle, il fallait adopter certaines mesures, dont celles que je viens de mentionner. Les dispositions prévoyant l'élargissement de la portée des mesures d'interdiction et des sanctions afin qu'elles s'appliquent désormais à la possession, à la vente, à l'importation ou au transport de toute chose dont on sait qu'elle sera utilisée constituent une mesure importante.
Cependant, si le gouvernement s'était vraiment inquiété de la situation, il aurait pu prendre des mesures il y a déjà plusieurs mois au lieu de débattre d'un projet de loi sur Statistique Canada. Cette crise touche des personnes qui sont en train de mourir en Colombie-Britannique et elle s'étendra bientôt au reste du pays.
J'aimerais maintenant parler des enjeux à l'égard desquels j'éprouve des préoccupations que je qualifierais de raisonnables. C'est de cela que nous devons débattre en tant que parlementaires. Les opinions divergent passablement au sujet du processus qui devrait être mis en place relativement aux centres de consommation supervisée, qui sont mieux connus par la population comme étant des centres d'injection. Il s'agit d'une discussion raisonnable.
Le gouvernement conservateur a fait adopter la Loi sur le respect des collectivités. Certaines personnes ont estimé qu'elle compliquait les choses, mais nous sommes au bon endroit pour discuter de ce que devrait contenir le projet de loi. Lorsque les gens présentaient une demande pour l'ouverture d'un centre d'injection supervisée, ils devaient à l'origine satisfaire à 26 critères. Le projet de loi change ces 26 critères en cinq facteurs. C'est un peu vague.
Lorsque j'ai discuté avec la ministre, au comité, j'ai tenté de passer en revue les 26 critères. Je lui ai demandé pourquoi elle s'y opposait, mais je n'ai pas vraiment reçu de réponse. Aucun des membres n'a dit être préoccupé par l'un ou l'autre des critères ou croire que la GRC ou les conseils municipaux ne devraient pas avoir leur mot à dire. Voilà les critères qui sont en place. On ne propose actuellement que quelques facteurs.
Le gouvernement a fait autre chose. Six principes devraient faire partie de la réflexion de la ministre entourant l'approbation ou le rejet d'une demande pour l'ouverture d'un centre. Ces principes ont été totalement retirés et il n'en existe plus un seul. Ces principes reconnaissent le problème des produits de la criminalité et de l'activité criminelle qui sont soutenus par les substances illicites. Nous passons de 26 critères à cinq facteurs, et il n'y a pas d'autres mécanismes de contrôle.
À Kamloops, par exemple, le maire et les conseillers municipaux ont voté unanimement en faveur de la création d'un centre d'injection supervisée. Ils ont discuté avec la GRC. Ils procèdent actuellement aux consultations prévues dans l'ancien projet de loi , qui s'appelle maintenant la Loi sur le respect des collectivités. Grâce à ces consultations, le maire et les conseillers ont leur mot à dire. Dans ce cas-ci, ils se sont prononcés en faveur du centre d'injection supervisée. J'ignore comment ils se sentiraient s'ils se faisaient dire qu'on ne les consultera même pas, que le projet se fera, un point c'est tout. Au contraire, ils ont pu écrire une lettre ouverte pour exprimer leur accord, ou leur désaccord si tel avait été le cas. En l'occurrence, ils ont approuvé à l'unanimité ce centre. L'Interior Health Authority étudiera le projet. C'est important. Comme nous le savons, Ottawa n'y a pas donné son aval. Le gouvernement cherche à remplacer ces consultations publiques par de vagues allusions à des discussions avec les gens, mais ces discussions ne suffisent pas, puisque les gens sont généralement peu favorables à ce genre de choses. En fait, le conseil municipal de Kamloops s'est prononcé unanimement en faveur de ce projet. Pourquoi le gouvernement se méfie-t-il du processus communautaire, qui est pourtant précis et méthodique?
Le projet de loi contient de bonnes dispositions. Nous devrions adopter immédiatement ces dispositions importantes. Nous aurions d'ailleurs dû le faire il y a un an. Nous devrions débattre sérieusement des changements à apporter aux centres d'injection supervisée. Pour ce qui est des mesures de lutte contre la crise que le gouvernement entend prendre, il manque des pièces au puzzle.
Ma collègue de et moi-même avons toutes deux dit qu'il fallait écouter la Colombie-Britannique. Décrétons l'état d'urgence afin d'accroître la sensibilisation et d'informer les gens de ce qui se passe. Il s'agit désormais d'une réalité en Colombie-Britannique et la situation s'étendra à l'ensemble du pays. Les conseils jeunesse pensent qu'il devrait y avoir une campagne de sensibilisation nationale. Les parents doivent tenir cette conversation avec leurs enfants, mais ils doivent d'abord être informés de ce qui se passe.
En conclusion, nous devrions étudier les éléments du projet de loi, adopter les plus critiques et envisager la possibilité de mettre en oeuvre ces recommandations supplémentaires.