La Chambre reprend l'étude, interrompue le 9 avril, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi d'exécution du budget de 2008, pour exposer quelques-unes des raisons pour lesquelles les néo-démocrates voteront contre cette mesure législative.
Le projet de loi ne fait rien pour les familles de travailleurs et de la classe moyenne dans de nombreux domaines, mais je voudrais parler principalement des Premières nations, des Métis et des Inuits. Dans leur cas, il ne prévoit rien en matière de logement, de réseaux d'alimentation en eau potable, d'éducation et, malheureusement, d'une foule d'autres domaines.
Je vais mettre les choses en contexte. Dans son Alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral, le Centre canadien de politiques alternatives présente une très bonne analyse des défis auxquels doivent faire face les Premières nations, les Métis et les Inuits. Ce document fait état du fait que les données gouvernementales confirment que les Premières nations ont reçu approximativement 6 milliards de dollars du gouvernement fédéral en 2006-2007, et ce, pour l'ensemble des services, alors que les autres Canadiens bénéficient de services fournis par les trois ordres de gouvernement, dont le fédéral et les municipalités.
On y lit en outre que l'augmentation annuelle de 2 p. 100 des budgets des Premières nations correspond à moins du tiers de l'augmentation moyenne de 6,6 p. 100 dont bénéficieront la plupart des Canadiens au cours de chacune des cinq prochaines années, grâce au Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux. Après correction pour tenir compte de l'inflation et de la croissance démographique, le budget total d'Affaires indiennes et du Nord Canada a diminué de 3,5 p. 100 entre 1999 et 2004. On estime à 774 millions de dollars le manque à gagner accumulé jusqu'en 2007-2008 qui est attribuable à ce plafond de 2 p. 100. Cela se répercute sur tous les aspects de la vie des membres des Premières nations, des Métis et des Inuits, que ce soit leur capacité d'entrer dans la vie active, d'habiter un logement salubre ou d'avoir accès à de l'eau potable.
Dans le Nord, il y a des Inuits qui vivent dans des réserves ou hors réserve. À propos des conditions hors réserve, j'aimerais dire quelques mots au sujet de la situation difficile des centres d'amitié autochtones. Ceux-ci souffrent depuis nombre d'années d'un manque chronique de financement; pourtant, ils offrent des services d'une importance vitale dans les collectivités urbaines où vivent un grand nombre de membres des Premières nations, de Métis et d'Inuits.
Ma circonscription, , compte deux très bons centres d'amitié, nommément le Hiiye'yu Lelum et le Tillicum Haus. Ces deux établissements ont été forcés de mener le genre de campagne de financement auquel on ne s'attendrait d'aucune autre organisation de prestation de services. Je conviens qu'il est important de chercher des partenaires, mais ces organisations ont un financement de base tellement limité qu'elles sont sans cesse confrontées à une crise de financement, en dépit des très bons services qu'elles offrent dans leurs collectivités.
Je me penche brièvement sur la question du financement et sur le fait que la Loi d'exécution du budget prévoit un financement pour les services de protection de l'enfance. Toutefois, dans l'Alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral, il est indiqué que, compte tenu de la formule actuelle de financement, les services d'appui aux familles, qui permettent à celles-ci de s'occuper de leurs enfants en toute sécurité dans leur foyer et leur collectivité, sont terriblement sous-financés. Par conséquent, pour les Premières nations, le retrait des enfants de leur foyer et de leur collectivité est souvent la seule option envisagée, non la dernière.
J'ai déjà parlé à la Chambre de mesures moins perturbatrices et expliqué que, si l'argent que nous versons pour des foyers d'accueil hors réserve était investi dans la réserve pour la mise en place de mesures moins perturbatrices, il serait possible de combler l'écart en matière d'éducation, de logement et de pauvreté, problèmes qui font partie du quotidien dans bon nombre de collectivités autochtones.
Dans l'Alternative budgétaire pour le gouvernement fédéral, on estime qu'au lieu des 43 millions de dollars sur deux ans que prévoit cette mesure législative, il faudrait affecter 388 millions de dollars sur trois ans. La triste réalité c'est que l'Assemblée des Premières Nations et d'autres partenaires ont dû saisir la Commission canadienne des droits de la personne de cette doléance au sujet du sous-financement chronique des services de protection de l'enfance au Canada.
En décembre, la Chambre a appuyé à l'unanimité la motion d'initiative parlementaire que j'ai présentée sur le principe de Jordan. Je ne veux pas répéter encore toute l'histoire, mais Jordan était un enfant de la nation crie de Norway House qui est décédé à l'hôpital. Sur les quatre années que Jordan a passées à l'hôpital, deux sont attribuables à un différend en matière de compétence entre les gouvernements fédéral et provincial.
Dans le récent rapport intitulé Vers de nouveaux sommets: Rapport de la conseillère en santé des enfants et des jeunes, il est recommandé que, advenant un conflit de compétence entre les gouvernements fédéral et provincial, le gouvernement fédéral devrait faire preuve de leadership et payer le premier. Une fois le conflit réglé, il sera toujours possible de recourir à certains mécanismes pour récupérer les sommes versées.
Nous devrions tout simplement adopter une approche axée sur l'enfant et déclarer que les enfants passent avant tout au Canada et que nous allons affecter les ressources en fonction des besoins.
La Nation des Cris de Norway House, où habitait Jordan, placé en famille d'accueil par ses parents pour qu'il puisse recevoir des soins, compte actuellement 37 enfants qui ont des besoins médicaux complexes. Les parents de ces enfants pourraient devoir laisser leurs enfants entre les mains du système provincial de placement en foyer d'accueil pour répondre à leurs besoins. Tout cela à cause du manque de financement de la part du gouvernement fédéral.
Je vais aborder brièvement la question de la violence faite aux femmes. En Colombie-Britannique, entre Prince George et Prince Rupert, il y a une autoroute qu'on surnomme la route des pleurs. Entre 1989 et 2006, neuf jeunes femmes ont été enlevées ou assassinées sur cette route. Une seule des victimes n'était pas membre des Premières nations.
En collaboration avec des partenaires communautaires, le gouvernement provincial a organisé des tribunes publiques qui ont permis de dégager un certain nombre de recommandations clés.
Or, le gouvernement a encore une fois raté une occasion de faire preuve de leadership relativement à la violence faite aux femmes autochtones. On a lancé de nombreux appels au gouvernement fédéral pour qu'il participe au financement de postes de coordonnateurs à Prince Rupert et à Prince George. On réclame une étude de faisabilité sur le transport routier portant précisément sur la sécurité des collectivités. On demande aussi du financement pour certaines recommandations importantes issues des tribunes publiques.
La question de la violence faite aux Autochtones est bien documentée et le gouvernement fédéral devrait appuyer certaines des initiatives proposées par les collectivités.
Je voudrais maintenant parler de l'enseignement. Permettez-moi de citer l'article 15 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones:
Les peuples autochtones ont droit à ce que l’enseignement et les moyens d’information reflètent fidèlement la dignité et la diversité de leurs cultures, de leurs traditions, de leur histoire et de leurs aspirations.
Malheureusement, le gouvernement n'a pas appuyé un certain nombre d'articles de la déclaration de l'ONU. En fait, il a milité activement contre la déclaration. Et on en voit les résultats en ce qui concerne l'enseignement chez les Premières nations du Canada.
Nombreux sont les députés qui savent que la bande d'Attawapiskat a recours à des outils comme YouTube pour diffuser son message à la grandeur du pays. L'école d'Attawapiskat n'est pas la seule à avoir de tels problèmes. La Bibliothèque du Parlement a fait des recherches pour nous et elle a découvert que 39 écoles figuraient sur une liste de projets de construction ou de rénovation à effectuer. Ce nombre ne comprend que les écoles que nous avons réussi à identifier. La Bibliothèque du Parlement a estimé qu'il coûterait 350 833 000 $ pour construire ou rénover ces 39 écoles.
Malgré tous les excédents successifs, il y a encore des écoles où personne ici n'inscrirait ses propres enfants. Des rapports y ont en effet relevé un grand nombre de risques pour la sécurité, notamment des portes qui ne ferment pas correctement, de la moisissure, de même que des toits risquant de s'écraser sous le poids de la neige. Pourtant, le gouvernement fédéral ne réagit pas encore comme il le devrait. Une école du Nord de la Saskatchewan a brûlé en 2004 et n'a pas encore été reconstruite.
Cela n'est pas seulement un problème à Attawapiskat. Malheureusement, en raison de l'absence de transparence au sein du gouvernement, nous n'avons pas été en mesure d'obtenir une liste complète des écoles concernées, afin de faire connaître à tous les Canadiens le nombre d'enfants des Premières nations et des Inuits qui n'ont pas accès au genre d'éducation que nous estimons être un droit fondamental de la personne dans ce pays.
Nous nous présentons souvent comme des champions des droits de la personne. Pourtant, il y a des Canadiens qui n'ont pas accès à des services qui sont des droits fondamentaux de la personne.
J'encourage les députés à s'opposer à ce projet de loi s'il n'est pas amendé pour inclure certaines de ces mesures importantes qui assureraient aux membres des Premières nations, aux Inuits et aux Métis une qualité de vie équivalente à celle dont jouissent les autres Canadiens.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour aborder une question qui a suscité beaucoup de préoccupations et de craintes chez mes électeurs.
Honnêtement, depuis que je suis le député de , c'est la première fois que des électeurs me font part de telles réactions. Je parle des modifications que le gouvernement propose d'apporter à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Ces dernières semaines, on a dit aux Canadiens que ces modifications rendraient le système plus efficace et amélioreraient l'accueil des immigrants au Canada.
Les faits ne corroborent pas ces arguments et le gouvernement trompe les Canadiens. Depuis que le gouvernement a pris le pouvoir, l'arriéré a augmenté de plus de 100 000 demandes.
C'est simple, le système d'immigration du Canada manque cruellement de ressources humaines. Nous avons besoin d'un plus grand nombre d'agents d'immigration et de consuls, de même que d'un nombre accru de bureaux d'immigration aux quatre coins de la planète. Ce sont ces changements tout simples qu'on doit apporter si nous voulons vraiment régler le problème de l'arriéré. J'ajouterai qu'il y a une autre chose dont nous avons besoin: d'un plus grand nombre d'immigrants.
Entre 2001 et 2006, les deux tiers de la croissance démographique au Canada étaient attribuables aux immigrants. Selon le recensement de 2006, le Canada est en voie de dépendre à 100 p. 100 de l'immigration pour sa croissance. D'ici 2012, la totalité de la croissance nette de la main-d'oeuvre au Canada proviendra de l'immigration. Le Conference Board du Canada estime qu'il nous manquera trois millions de travailleurs compétents d'ici 2020.
Ces statistiques reflètent l'avenir de notre pays. Sans une arrivée constante d'immigrants, la croissance du Canada, tant sur le plan démographique qu'économique, va souffrir.
Les nouveaux pouvoirs que l'on propose d'octroyer au ministre de l'Immigration sont susceptibles de déboucher sur de grands abus. Le ministre serait habilité à sélectionner les immigrants jugés acceptables. Le ministre pourrait également limiter le nombre de demandeurs par catégorie. Il pourrait sabrer les demandes de réunification familiale et de résidence permanente.
La proposition la plus effrayante vise à permettre au ministre de rejeter des demandeurs déjà approuvés par des agents d'immigration. La ministre actuelle est en train de politiser le système d'immigration. Personne ne devrait avoir le pouvoir de décider qui entre au Canada et qui n'entre pas.
Comment les Canadiens peuvent-ils avoir l'assurance que le gouvernement ne préconisera pas une catégorie d'immigrants par rapport à une autre? Compte tenu des nouveaux pouvoirs du ministre, il n'y a aucune garantie que les gens et les entreprises pourront profiter d'un traitement objectif.
Je parle tous les jours à des résidants de ma circonscription qui craignent que, à la suite de l'adoption du projet de loi, on ignore les membres de leur famille et que leurs entreprises en souffrent.
Dans ma circonscription, des milliers de personnes ont été des immigrants eux-mêmes et ils se sont bâti ici une vie qui contribue à l'amélioration de la société canadienne. Ces citoyens canadiens souhaitent désespérément être réunis avec les membres de leur famille et ils ont effectué toutes les démarches appropriées pour cela. Toutefois, avec les nouveaux changements, ces règles n'auraient plus d'importance.
Je me demande parfois si le gouvernement comprend vraiment ce qu'est l'immigration, c'est-à-dire s'il va au-delà d'une simple analyse coûts-avantages. Le gouvernement est-il conscient du patrimoine religieux et culturel que les immigrants amènent au Canada?
Dimanche, c'est le Vaisakhi, célébration de la naissance de Khalsa. C'est l'un des jours les plus importants pour la nation sikhe. Je félicite les Sikhs en cette occasion. Des centaines de milliers de Sikhs et leurs compatriotes canadiens célébreront dans la paix et de manière inclusive, pour le bien-être de tous et chacun dans le monde.
Je suis fier de dire que la plus grande célébration du Vaisakhi, la naissance de Khalsa, en Amérique du Nord a lieu dans ma circonscription, celle de Newton—Delta-Nord. J’invite mes collègues à participer à ces cérémonies dans leur collectivité et à célébrer le patrimoine sikh.
Je suis un immigrant. Les membres de ma famille sont venus me retrouver au Canada, où je suis arrivé il y a plus de 20 ans. Il y a une chose qui m’a toujours inspiré confiance: je n’ai jamais douté de l’équité de notre pays et de son système d’immigration.
Pour ma famille, le Canada a été une nouvelle chance, la possibilité d’une vie meilleure et, par-dessus tout, il lui a assuré l’égalité, c’est-à-dire que tous sont évalués de la même façon. Si ces modifications sont adoptées, cet espoir de chances égales pour tous disparaîtra, tout comme la réputation du Canada comme pays accueillant pour les immigrants.
Je voudrais conclure en posant une question simple. Si le gouvernement estime que ces modifications amélioreront le système, pourquoi les cache-t-il dans un projet de loi qui porte sur un budget? Nous devrions pouvoir nous prononcer sur le budget seulement. Les modifications proposées à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés sont trop importantes pour qu’on les cache. Si elles sont censées avoir un effet constructif, la Chambre devrait pouvoir les étudier à part.
J’exhorte le gouvernement à retirer ces propositions du projet de loi sur le budget et à permettre à tous les députés d’exprimer leurs opinions sans avoir à craindre la menace d’élections. Voilà ce qui m’incite à dire qu’on donne la priorité à la politique plutôt qu’à une saine politique d’intérêt public. Il s’agit de mesures qu’il ne faut pas faire approuver à la hâte, isolément. Si le gouvernement est convaincu de la nécessité de la transparence et de la responsabilisation, il permettra la tenue d’un débat ouvert et honnête. Nous connaissons tous le bilan du gouvernement en matière de transparence et de responsabilisation. Les conservateurs tiennent de beaux discours, mais ils ne joignent pas le geste à la parole.
Je le répète, mes électeurs souhaitent que la Chambre étudie la Loi sur l’immigration à part. Gouverner, c’est faire des choix. À une époque où les excédents se chiffrent par milliards, il n’y a pas de raison de refuser des immigrants. Nous avons les ressources voulues pour accélérer le processus d’immigration. Nous pouvons accroître le nombre d’immigrants acceptés au Canada. Nous avons l’obligation de faire en sorte que l’équité demeure le principe qui guide nos décisions.
C’est maintenant que, comme représentants de la population, nous devons protéger les intérêts supérieurs du Canada. Je vais voter contre le projet de loi . Je suis reconnaissant du temps qui m’a été imparti, et je suis prêt à répondre aux questions que mes collègues pourraient avoir à me poser.
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Monsieur le Président, j'ai eu le plaisir et l'honneur de prendre la parole la semaine dernière concernant le projet de loi . J'ai alors pu parler de plusieurs des volets de ce projet de loi. Tout d'abord, je veux remettre le tout en situation. Ce budget peut sembler bien beau à certains, quelques-uns y trouvent leur compte, mais il ne contient rien pour le Québec. Les députés conservateurs du Québec n'ont pas été capables de remplir une seule des conditions que le Bloc québécois avait posées, le 23 janvier dernier, au nom de la majorité des comtés québécois. En effet, à ce moment, le Bloc québécois avait énoncé certains besoins immédiats et urgents pour le Québec. Je vais vous les énumérer, mais avant cela, je veux rappeler qu'il s'agissait de besoins que nous, les députés du Bloc, avions identifiés lors de nos propres consultations prébudgétaires non seulement dans les comtés bloquistes, mais aussi dans les autres comtés. Vous verrez qu'une chose aussi importante, aussi urgente qu'une aide directe et immédiate aux secteurs manufacturier et forestier n'a pas été incluse dans ce budget.
Il n'a pas non plus apporté d'aide aux travailleurs et aux travailleuses des secteurs manufacturier et forestier. Pourtant, le Québec et le Canada ont perdu des centaines de milliers d'emplois à cause de cette crise du secteur manufacturier. Comme vous le savez, cela a été particulièrement vrai au Québec et en Ontario. Or, nous, les députés du Bloc québécois, sommes ici pour défendre les intérêts des Québécois et des Québécoises, et nous déplorons que, dans ce budget, il n'y ait absolument rien pour résoudre la crise qui sévit actuellement au Québec dans les secteurs manufacturier et forestier.
Je dois dire que la dizaine de députés conservateurs du Québec qui a été élu il y a maintenant deux ans n'a pas respecté les promesses. Ces députés se sont fait élire grâce à de grandes promesses: ils nous demandaient de leur accorder le pouvoir en retour de millions. Et là je ne parle pas du qui a même eu le courage de dire quelque chose. Courage n'est pas le bon mot, mais je n'ose pas utiliser le mot qui me vient à l'esprit actuellement. Ce n'est certainement pas du courage, peut-être davantage de l'effronterie, pour employer un mot plus doux que celui auquel je pense. Donc, il a eu l'effronterie d'abord de promettre un plan Marshall avec des milliards de dollars et finalement de l'appeler le « plan Backburn I ». Je m'excuse d'utiliser son nom, c'est lui-même qui l'a dit avant-hier à la Chambre des communes. Après cela, il a parlé d'un autre plan intitulé: « son nom II ».
Dans un premier temps, lorsque j'ai entendu cela, étant donné que son premier plan n'avait rien donné, j'ai eu peu d'espoir que le deuxième plan donne davantage que le premier. Il nous a parlé de son plan « son nom de famille II » et cela m'a fait un peu penser aux épisodes de Star Wars: on a commencé par voir le quatrième volet sans jamais voir les trois premiers. Dans un deuxième temps, on s'est dit que ce n'était pas le plan [son nom] II, mais le « plan Black out II ». Enfin, c'était juste pour vous démontrer qu'il n'y avait absolument rien ni dans son premier plan ni dans son deuxième.
Par ce projet de loi de mise en œuvre du budget, ce gouvernement conservateur ne donne absolument rien au Québec. Les députés conservateurs du Québec ont été incapables — totalement incapables — d'aller chercher quoi que ce soit. J'imagine que lorsqu'ils arrivent à leur caucus, ils n'ont aucun pouvoir. C'est toujours la même chose au Québec, et c'est d'ailleurs pour cela que le Bloc existe. On élit des députés fédéralistes qu'on envoie à Ottawa. On le fait de moins en moins depuis 1993. Il y a toujours une minorité de députés conservateurs ou libéraux qu'on envoie à Ottawa, parce que la population québécoise comprend effectivement le manège. Donc, on envoie des députés conservateurs à Ottawa qui ont promis de défendre les intérêts du Québec, qui seront du côté du pouvoir, parmi lesquels il y aura des ministres, qui s'assoiront avec les autres ministres canadiens au Conseil des ministres ou à leur caucus et là, c'est le grand néant, il n'y a absolument rien. Ils ne réussissent jamais à obtenir quoi que ce soit pour le Québec, sinon peut-être une fois de temps en temps. Or, ce sont des miettes que le Conseil des ministres jette sous la table et que les ministres conservateurs s'empressent d'aller ramasser à quatre pattes.
C'est la même chose pour le caucus: ce sont des miettes que le caucus jette aux députés conservateurs affamés qui se taisent et qui ne réclament rien sur le plan public. En effet, ils ne réclament rien publiquement parce qu'ils se font dire de se taire au nom de la discipline de parti, au nom de l'Alberta qui n'a pas besoin d'argent, mais à qui on en donne de toute façon, parce que là se situe la base militante du Parti conservateur. Ces députés conservateurs ne sont capables de rien apporter au Québec. Ce budget que nous avons entre les mains le prouve amplement, encore une fois.
Je promettais d'énumérer la liste des demandes que le Bloc québécois avait fait connaître publiquement le 23 janvier. D'abord, nous demandions une aide directe et immédiate aux secteurs manufacturier et forestier en crise, comme je l'ai expliqué plus tôt. Aucune aide aux travailleurs et aux communautés frappés par la crise, c'est ce qu'on constate dans ce budget. Il y a longtemps, très longtemps qu'on réclame un programme d'aide aux travailleurs âgés. Hélas, il n'y a absolument rien dans ce budget. Pourtant, s'il était un programme qui pouvait aider les travailleuses et les travailleurs âgés à traverser la crise manufacturière et la crise du secteur forestier, c'était bien ce programme.
Je veux prendre quelques instants pour expliquer le PATA. Il s'agit d'un programme qui consiste à donner un montant équivalant un peu à celui de l'assurance-emploi — c'est d'ailleurs un programme qui relève de l'assurance-emploi — à des travailleurs qui ont habituellement plus de 55 ans. Ce montant qu'ils reçoivent leur permet de faire le pont entre le moment où ils deviennent au chômage, par exemple à 57 ou 58 ans, et le moment où ils pourront recevoir leur pension des gouvernements, c'est-à-dire à 60 ans. Cela dure un an, parfois deux ans, parfois quelques mois. La plupart du temps, cela leur permet d'éviter de recourir au bien-être social. Ce PATA accorde des prestations de façon très parcimonieuse à des personnes qui se trouvent dans une situation que je qualifierais de désespérée et qui ne sont pas facilement recyclables.
Bien sûr, certains d'entre nous ont eu à la naissance ce don immense du plaisir et de la capacité d'apprendre rapidement, et ce, tout au long de la vie. Pour d'autres personnes, cette capacité est moins grande. Elles arrivent près de la retraite et pour elles, apprendre l'informatique est une montagne immensément difficile à surmonter. Pour ces personnes qui se trouvent dans une situation difficile et qui ne sont pas recyclables, il faut un programme comme le PATA. C'était une des demandes du Bloc québécois.
Nous avions aussi formulé la demande qu'on rembourse les aînés floués par le programme du Supplément de revenu garanti. Le Supplément de revenu garanti a été un scandale sous le gouvernement libéral qui se poursuit maintenant sous le gouvernement conservateur. J'aimerais rappeler que c'est le Bloc québécois qui a mis au jour le problème du Supplément de revenu garanti. Des centaines de milliers d'aînés avaient droit au Supplément de revenu garanti, c'est-à-dire des montants annuels allant jusqu'à 6 000 $ qui s'ajoutaient aux maigres revenus de rente qu'ils obtenaient des gouvernements. Cela leur permettait d'avoir un revenu à peu près décent et leur évitait d'être sous le seuil de pauvreté.
Pendant des années, le gouvernement libéral de l'époque a tout fait pour cacher aux personnes âgées admissibles qu'elles avaient droit à ce supplément de revenu, comme le dit le nom du programme. Les libéraux ont tout fait. Les centres d'appels étaient de véritables labyrinthes sans fin où l'interlocuteur n'arrivait jamais à parler à quelqu'un. On sait combien c'est difficile pour tout le monde de se buter à un répondeur, à une machine qui répond, alors on peut s'imaginer ce que c'est pour les personnes âgées. Qui plus est, celles qui ont droit au Supplément de revenu garanti sont habituellement les gens les plus démunis et les moins instruits. Souvent, ces gens ont de la difficulté à parler l'une des deux langues officielles, sinon les deux, en plus d'être malades et isolés.
Le Supplément de revenu garanti était donc une des demandes du Bloc québécois. Quelques améliorations y ont été apportées, grâce au Bloc québécois. Quand nous disons, au Bloc québécois, que nous sommes utiles, nous n'avons pas besoin d'en faire la preuve. De fait, l'aide aux personnes âgées par le Supplément de revenu garanti est une autre des réalisations concrètes du Bloc québécois.
Je comprends que mon temps s'achève, hélas, j'avais encore plein de choses à raconter. Du reste, le Bloc québécois votera contre ce projet de loi de mise en oeuvre du budget, comme on le sait, parce qu'on n'y retrouve pas ses demandes minimales. Je n'ai pas eu le temps de parler d'environnement, ni de culture, ni d'une commission unique des valeurs mobilières, mais ces éléments faisaient également partie des demandes de base du Bloc québécois, demandes auxquelles le gouvernement conservateur n'a pas répondu.
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Monsieur le Président, lorsqu'on prend la parole sur le projet de loi , il faut tenir compte du contexte dans lequel cette mesure budgétaire a été présentée, ainsi que des politiques économiques qui la sous-tendent. À cet égard, il importe d'examiner les politiques que le gouvernement conservateur a mises en oeuvre depuis son arrivée au pouvoir, et surtout son obsession totale de l'idéologie fondée sur l'importance d'accorder des réductions d'impôt afin de favoriser le développement économique au pays.
Le recours à de telles réductions a monté d'un cran à l'automne 2007, lorsque le Parti conservateur au pouvoir et le Parti libéral se faisaient concurrence, en proposant des réductions et des allégements de l'impôt des sociétés plus importants les uns que les autres pour le secteur des grandes entreprises au Canada. C'est ainsi que des réductions totalisant des milliards de dollars ont été adoptées, avec l'appui sans réserve du Parti libéral.
Ces réductions devaient s'appliquer principalement au secteur pétrolier et gazier, et à celui des finances. En ce qui a trait au secteur des finances, les banques réalisaient à elles seules des profits annuels de l'ordre de 20 milliards de dollars. Les réductions de l'impôt des sociétés ont procuré un montant supplémentaire de 2 milliards de dollars à ce secteur. Pour ce qui est du secteur pétrolier et gazier, celui-ci a bénéficié du même genre d'avantages de la part du gouvernement.
Nous voyons maintenant les conséquences de ces largesses dans le budget, qui est très près du point d'équilibre. Par conséquent, il n'est pas inconcevable, dépendant des revenus de cette année, que nous nous retrouvions avec un déficit. Il est très clair qu'un certain nombre de programmes qui ont grandement besoin de l'aide du gouvernement n'obtiendront pas de fonds, à cause de ces décisions.
Le fait que le gouvernement n'ait plus la capacité de soutenir des programmes de politique sociale utiles, à cause de telles réductions d'impôt, signifie que, dans l'avenir, les gouvernements ne seront pas capables de protéger leurs citoyens et de favoriser pleinement le développement de leur potentiel dans notre société. C'est cela qui se produit. C'est là le contexte dans lequel il faut voir le projet de loi , c'est-à-dire le projet de loi budgétaire.
Je veux parler des conséquences pour le secteur de l'automobile. Je viens d'une collectivité où ce secteur est l'industrie dominante. Il est plutôt intéressant de voir les conflits qui existent entre le et le , mais le ministre des Finances et le disent qu'ils ne leur appartient pas de choisir des gagnants ou des perdants.
C'est faux. Il arrive que le gouvernement intervienne dans le marché. J'aimerais citer ce qu'a dit dans les journaux de ce matin la Fédération canadienne des contribuables, qui ne tient certes pas le NPD en très haute estime.
Pendant leur première année au pouvoir, les conservateurs ont accordé 25 milliards de dollars en subventions et en contributions. Voilà qui prouve que le a tort quand il dit qu'ils ne choisissent pas les gagnants et les perdants. Trois cent cinquante millions de dollars ont été accordés à Pratt et Whitney, dont le siège social est au Québec, et 47,5 millions de dollars au centre de ski du Mont Tremblant, lui aussi au Québec. Au printemps 2007, le gouvernement a annoncé un fonds de 900 millions de dollars pour le secteur de l'aéronautique.
Qu'en est-il du secteur de l'automobile? Ce secteur-là représente à l'heure actuelle 140 000 emplois au Canada. Le secteur de l'aéronautique, lui, 75 000. Le nombre d'emplois dans le secteur de l'automobile est en chute libre. Le nombre d'emplois dans le secteur de l'aéronautique est plutôt stable.
Comme il est intéressant que le ministre de l'Industrie de l'époque, l'actuel , ait dit qu'il fallait mettre sur pied un fonds de 900 millions de dollars pour les secteurs de la défense et de l'aéronautique. Le secteur de l'automobile se porte beaucoup moins bien et a beaucoup plus besoin d'aide que les secteurs de la défense et de l'aéronautique.
Mon parti parle sans cesse de la nécessité d'aider le secteur de l'automobile, les libéraux ont eux aussi dit la même chose cette semaine, et qu'est-ce que ça donne? Les mêmes platitudes du et, dans une moindre mesure, du , à propos du fait qu'ils ne choisissent pas les gagnants et les perdants. C'est tout simplement faux.
Le gouvernement a très clairement tranché dans sa politique économique, reflétée une fois de plus dans le budget, le projet de loi . Il a très clairement décidé de ne pas appuyer certains secteurs de l'économie et d'accorder la priorité et un traitement de faveur à d'autres secteurs. Les secteurs pétrolier et gazier, financier et aéronautique reçoivent tous un traitement de faveur. On a accordé une aide directe ou encore des réductions d'impôt à ces secteurs, mais rien au secteur de l'automobile.
Depuis trois ans ou trois ans et demi, 17 000 emplois directs et indirects ont été perdus, seulement dans le secteur automobile, dans ma circonscription. Cela touche une population totale de moins de 400 000 habitants. Nous avons le deuxième taux de chômage le plus élevé au Canada et le budget ne fait rien à cet égard; je le répète, il n’y a absolument rien pour aider le secteur automobile.
Je voudrais faire valoir un argument et peut-être que cela intéressera particulièrement le puisqu’il vient d’une circonscription immédiatement adjacente à Oshawa, une grande collectivité qui dépend du secteur automobile. C’est vraiment Windsor qui est au cœur des préoccupations soulevées par ces pertes d’emplois et la dévastation dans le secteur automobile, mais sa collectivité n’est pas loin derrière, tout comme Oakville, St. Catharines ou London. Toutes ces collectivités devront faire face au même genre de problèmes qui se posent à Windsor.
Le hic, c’est que soit parce qu’il est obsédé par les baisses d’impôt fondées sur cette idéologie très tordue qui a prouvé partout dans le monde qu’elle ne marchait pas, soit parce qu’il voudrait tant venir en aide à des secteurs précis comme ceux du pétrole et du gaz, de l’aérospatiale et des finances, le gouvernement refuse d’aider le secteur automobile. C’est ce que prouve l’absence totale d’assistance pour ce secteur dans le budget.
D’innombrables programmes et politiques pourraient être mis en place dans le secteur automobile, et ensuite subventionnés à divers degrés par le gouvernement. Par exemple, voilà bien plus de cinq ans maintenant que le NPD élabore une politique verte concernant l’automobile et formule des propositions très détaillées sur les formules possibles pour son application. Il faut bien comprendre que le budget n’en tient aucun compte. Ce n’est pas seulement le NPD qui parle. Ce sont le secteur de l'automobile, c’est-à-dire les grandes sociétés qui construisent et vendent des autos au Canada, et, bien sûr, les syndicats qui oeuvrent dans leurs usines.
C’est une politique solide. Elle soulève très peu de désaccord dans ce secteur sur les mesures à prendre, les rôles que doivent jouer tous ceux qui participent au secteur et la nécessité d'un partenariat avec le gouvernement fédéral pour qu'elle puisse être mise en place et que ses résultats se fassent sentir au sein de l’économie en général, permettant de créer beaucoup plus d’emplois tout en en préservant un grand nombre.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d’avoir l’occasion de parler aujourd’hui du projet de loi , Loi d’exécution du budget de 2008, qui renferme beaucoup des mesures que le gouvernement a prévues dans son budget.
Après s’être lancé pendant deux ans dans les grandes dépenses, le gouvernement a sagement décidé de se montrer un peu plus prudent dans ce budget. Nous avons entendu dire à plusieurs reprises, dans ce débat, que c’est en fait le premier gouvernement conservateur qui ait déposé un budget équilibré depuis que Robert Borden l’a fait en 1912.
La seule raison pour laquelle le gouvernement n’a pas sombré dans le déficit, c’est qu’il a hérité de l’excellente situation financière que lui a laissée le gouvernement libéral précédent. Au départ des libéraux, il y avait des milliards de dollars d’excédent. De plus, les libéraux avaient déposé huit budgets équilibrés consécutifs. Le Canada se classait premier à cet égard parmi les pays du G7.
Cette année, le discours du budget avait pour titre Un leadership responsable. Je trouve cela assez curieux. Beaucoup ont déjà dit que nous sommes en fait au bord du déficit.
Le gouvernement s’est lancé dans de grandes dépenses quand la situation économique était bonne. Il a décrété des réductions d’impôt irresponsables. Il a notamment amputé le cadre financier de 12 milliards de dollars en réduisant à deux reprises la TPS. Maintenant que l’économie commence à ralentir, notre situation financière est plus précaire. Pour moi, le leadership responsable et la bonne gestion économique sont plutôt contestables.
Lorsque nous avons pris connaissance du discours du budget, nous avons trouvé qu’il s’agissait d’un document simple et direct. Nous constatons aujourd’hui que le gouvernement essaie de tromper les Canadiens en nous saisissant d’un projet de loi qui comporte ce que j’appellerai une disposition piège. En effet, le gouvernement veut imposer, dans le cadre du projet de loi d’exécution du budget, des mesures conférant à la ministre responsable de l'immigration un pouvoir sans précédent, celui de choisir les immigrants, de déterminer qui sera admis et qui ne le sera pas et de faire du favoritisme.
Le gouvernement nous dit encore une fois: « Faites-nous confiance, nous savons ce que nous faisons. Nous établirons les règles et vous vous en porterez mieux. » Il avait agi de la même façon dans le cas de la Commission canadienne du blé, avant de commencer à manipuler les processus et les nombres. Nous avons vu le même comportement dans les dispositions de censure du projet de loi , dans l’absence de consultation sur l’abrogation de l’article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne, et j’en passe.
Dans ce cas, le gouvernement veut qu’on lui fasse confiance quand il décidera, à huis clos, si la mère, le père ou les enfants de quelqu’un peuvent venir au Canada, sans consultation et sans l’apport des personnes et des groupes les plus touchés par ces changements imminents, qu’il s’agisse de familles, de groupes d’établissement, d’employeurs ou de gouvernements provinciaux.
Ce matin, au comité, la vérificatrice générale a comparu pour parler de l’importance de la consultation au stade de l’élaboration de toute politique. Le gouvernement veut nous faire croire qu’il atteindra son objectif déclaré de réduction de l’arriéré en augmentant le budget de 1 p. 100. Il nous demande de lui faire confiance.
Les dispositions relatives à l’immigration devraient être retirées du projet de loi pour faire l’objet d’un examen sérieux au comité. Il y a quelques années, je faisais partie du comité qui s’est occupé de la réforme de la Loi sur l’immigration. Des consultations étendues avaient eu lieu. Les points de vue exprimés ne concordaient pas, loin de là, mais chacun a eu la possibilité de faire connaître sa position et de parler des conséquences si certaines décisions sont prises ou ne le sont pas. Je dirais que nous devons procéder de la même façon dans ce cas.
Le gouvernement veut jouer au plus fin dans cette affaire. Il dit qu’il veut traiter sévèrement les criminels, tout en retardant indûment ses propres projets de loi traitant de la justice à la Chambre et en recourant à des manœuvres partisanes mesquines une fois que ces projets de loi arrivent au Sénat.
Quand je regarde ce budget, j’ai à peu près la même réaction que j’avais eue en voyant le budget de l’année dernière. Un peu d’argent par-ci, un peu par-là, quelques miettes pour telle chose et quelques dollars pour telle autre. Une fois de plus, le gouvernement cherche à plaire à tout le monde, mais disperse un peu trop ses fonds. Parlant de la façon dont les conservateurs gouvernent le pays et établissent des budgets, un de mes électeurs les a qualifiés de « gouvernement fast-food ».
Nous savons que nos villes et nos collectivités ont un besoin vital d'investissements. Nous avons tous entendu parler du déficit de plusieurs milliards de dollars auquel les municipalités doivent faire face sur le plan de l'infrastructure. Nous avons également entendu le ministre des Finances nous dire que les nids de poule ne relèvent pas de sa compétence.
Ma propre ville, Winnipeg, comme les villes situées dans les autres circonscriptions, fait face à d'énormes difficultés financières que le gouvernement se refuse pourtant à reconnaître. Les conservateurs ont fini par incorporer une mesure que les libéraux avaient promise. En effet, ils ont rendu la taxe sur l'essence permanente. Je les en félicite.
Le budget de 2008 prévoit des investissements de 500 millions de dollars dans les transports en commun, pris à même l'excédent de l'exercice financer 2007-2008. Cependant, quelques jours après la présentation de ce budget, nous avons appris que 108 millions de dollars serviraient en fait à remettre à neuf une liaison ferroviaire traversant la circonscription du ministre. Personne n'en avait fait la demande et aucune recommandation n'avait été formulée en ce sens.
Le gouvernement a refusé de répondre aux questions sur le programme d'infrastructure du Manitoba. Nous savons que, pour le Manitoba, le canal de dérivation n'est pas négociable et que ce projet est d'une importance capitale.
Il y a plus d'un an, le financement du canal de dérivation a été annoncé dans le cadre du Fonds canadien sur l'infrastructure stratégique. Un mois plus tard, il était décidé d'allouer le financement prévu, mais dans le cadre du programme Fonds Chantiers Canada, qui, si je puis me permettre de le rappeler, contient surtout des fonds engagés par le gouvernement libéral précédent. Ce changement entraînerait cependant un manque à gagner de 170 millions de dollars pour la province du Manitoba au titre de fonds d'infrastructure qui pourraient aussi bien être alloués à diverses autres fins.
Je tiens également à parler du lac Winnipeg. Nous avons entendu des annonces de subventions relatives à ce que nous, Manitobains, appelons « notre précieux lac Winnipeg ». Nous avons appris qu'un montant supplémentaire de 11 millions de dollars serait consacré au nettoyage du lac Winnipeg, pour un total de 18 millions de dollars incluant les subventions engagées auparavant.
Après avoir fait des recherches sur plusieurs sites web et discuté avec de nombreux chercheurs et spécialistes de la santé du lac, on en conclut que très peu d'investissements ont effectivement été faits jusqu'à maintenant. Encore une fois, on nous a servi des paroles en l'air et des engagements sans conséquence.
Le gouvernement conservateur continue de traiter les femmes et les enfants du Manitoba et de l'ensemble du pays comme des détails sans grande importance. Un grand nombre d'enjeux importants pour les femmes ont été largement laissés de côté. Les programmes que la plupart des femmes considèrent essentiels et transformateurs, notamment le logement, la garde des enfants, l'éducation, les soins de santé, l'assurance-emploi et l'aide juridique, n'ont qu'un intérêt limité pour le gouvernement.
On entend les députés d'en face prôner les valeurs familiales et soutenir que les enfants représentent l'avenir. On les entend également parler de pénurie de main-d'oeuvre et du besoin de travailleurs qualifiés. Toutefois, les programmes sociaux vont de pair avec les programmes économiques.
J'ai parlé à plusieurs reprises à la Chambre de la nécessité de garderies de qualité. Que se passe-t-il à cet égard? Rien n'est prévu, mis à part un chèque envoyé par courrier. Qu'en est-il des places en garderies qui ont été promises? Dans ma circonscription, les listes d'attente sont très longues. Certains parents sont forcés de quitter leur emploi. D'autres, particulièrement les mères seules, ne reçoivent pas le soutien nécessaire.
Au cours des derniers mois, la liste d'attente dans une garderie de ma circonscription est passé de 300 à 400 noms. Cet établissement reçoit entre cinq et dix demandes par jour pour des places. Le gouvernement n'a pas fait le lien entre la disponibilité des places en garderies et la croissance économique.
Je n'ai pas le temps aujourd'hui de lire aux députés un courriel sur ce sujet, mais je le ferai à une autre occasion. J'ai reçu un courriel qui indique le nom et l'emploi de tous les parents des enfants qui fréquentent cette garderie, ainsi que la contribution qu'ils font à la croissance économique de la ville de Winnipeg. À cela s'ajoute le besoin criant de places dans cette garderie.
Je voulais souligner les manquements du gouvernement à l'égard des Autochtones, que ce soit au chapitre de l'éducation ou du fait qu'il a fait abstraction d'eux dans le processus de consultation concernant l'abrogation de l'article 67. Voilà ce que nous ont dit, ce matin au comité, les représentantes d'un groupe de femmes autochtones. Elles ont exprimé de très sérieuses préoccupations au sujet du projet de loi sur les biens immobiliers matrimoniaux, que j'ai moi-même hâte d'examiner.
Toutefois, nous savons que le gouvernement ne s'est occupé des besoins des Autochtones que de façon fragmentaire et sélective, en saupoudrant un peu d'argent ici et là. Nous verrons bien ce qu'il est possible de faire.
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Monsieur le Président, j'ai eu l'occasion de prendre la parole cette semaine sur le projet de loi . Effectivement, en raison du temps qui nous est alloué, on n'a pas toujours le temps de passer au travers de l'ensemble de la dynamique. Néanmoins, c'est sûr que le projet de loi C-50 porte sur l'exécution du budget.
J'ai mentionné cette semaine l'aspect lié au type de société dans laquelle on voulait vivre, et j'avais mis en relief l'ensemble de la philosophie très conservatrice qui habite ce budget. J'ai entre autres parlé des pétrolières et des banques à qui on semble donner beaucoup de crédits d'impôt, alors que du côté des secteurs manufacturier et forestier, les compagnies ne peuvent pas bénéficier de ces baisses d'impôt car elles ne font aucun profit et sont même systématiquement en train de fermer.
Aujourd'hui, j'aimerais m'attarder un peu plus longuement sur un aspect du budget qui relève davantage de ma responsabilité. Je me suis attardé longuement sur les contrats militaires qui sous-tendent ce budget sur la question militaire. On peut constater que, depuis l'arrivée du gouvernement conservateur, il y a vraiment une nette tendance à la militarisation et à la philosophie militariste un peu à l'américaine. Certaines compagnies américaines et canadiennes se retrouvent véritablement dans une mine d'or actuellement, justement à cause de ce changement de cap important du gouvernement conservateur.
Je veux vous faire part de contrats militaires qui seront de l'ordre d'à peu près 20 milliards de dollars au cours des prochaines années. Ce qui est plus déplorable encore, c'est qu'il n'y a presque pas eu de discussions à ce sujet. En ce qui concerne la façon dont les contrats sont amenés, cela prend presque des experts, en ce moment, pour aller fouiller et voir quels sont les tenants et aboutissants de l'ensemble de ces contrats. Normalement, le gouvernement doit suivre une certaine procédure lorsqu'on achète pour une valeur d'équipement qui dépasse 20 milliards de dollars.
D'abord, il est très important d'avoir une politique en matière d'affaires étrangères qui situe le Canada dans la communauté internationale et qui établit clairement les responsabilités qu'il entend prendre. Dès lors, il découle de cela une politique en matière de défense et il peut découler une politique en matière d'aide internationale, qui relève de l'ACDI, tout comme un ensemble de choses. Chose certaine, cela n'a pas été fait depuis 2005, au moment où les libéraux ont mis au jour une politique ou un énoncé politique.
On se retrouve donc maintenant aux prises avec des annonces ou des signatures de contrats de plus de 20 milliards de dollars. Pourtant, on n'a pas eu de politiques en matière d'affaires étrangères ou de défense. Normalement, dans un tel cas, il s'ensuit un questionnement pour savoir de quels instruments militaires nous nous doterons pour satisfaire aux politiques en matière de défense et d'affaires étrangères.
Depuis à peu près un an ou deux, on nous promet un plan de capacité militaire et une politique en matière de défense. Or non seulement on n'a ni l'un ni l'autre, mais on est en train d'acheter à la pièce pour plus de 20 milliards de dollars de contrats. Forcément, lorsque tous ces contrats seront signés et qu'on aura acheté les biens, le Canada risque de se tailler des politiques en matière de défense et d'affaires étrangères sur les biens qu'on a déjà acquis. On n'est tout de même pas pour faire une politique pour dire qu'on n'a pas besoin de C-17, d'avions stratégiques ou d'avions tactiques, puisqu'on vient d'en acheter pour 20 milliards de dollars. Cela constitue donc un certain danger. À mon avis, le gouvernement a procédé à l'envers, puisqu'il aurait dû se doter d'un plan d'où auraient découlé une politique et un plan de capacité militaire. Dès lors, on aurait pu déterminer les instruments dont on aurait eu besoin.
Nous sommes confrontés à une incohérence et ce sont les contribuables canadiens et québécois qui paieront pour cela.
J'ai les montants devant moi. Les fameux avions stratégiques C-17 valent 3,4 milliards de dollars. Le pire est qu'il y a deux volets à un contrat militaire: les frais d'acquisition et les frais de maintien pendant 20 ans. C'est la nouvelle approche du ministère.
Beaucoup de compagnies canadiennes se disent qu'au moins, les frais d'acquisition sont assumés par le ministère de l'Industrie et qu'elles bénéficieront des retombées économiques de tout cela. Cependant, ce n'est pas ce qui se passe pour beaucoup de ces contrats. C'est le cas pour l'avion stratégique C-17. On donnera 3,4 milliards de dollars à Boeing et il n'y aura presque pas de retombées économiques pour le Canada. Tout le soutien en termes de maintenance pour 20 ans sera fait aux États-Unis. On a beau dire à Boeing d'investir de l'argent au Canada et au Québec, mais on lui laisse libre-cours de le faire. On est loin d'être sûrs qu'il y aura pour 3,4 milliards de dollars de retombées.
C'est la même chose avec les avions tactiques. On vient d'apprendre que le gouvernement a signé un contrat de 1,4 milliard de dollars sur un contrat total de 4,9 milliards de dollars pour l'acquisition d'avions tactiques de Lockheed Martin. Dans ce cas-ci, le Canada ne reçoit également qu'une partie des retombées de Lockheed Martin sur les frais d'acquisition de 1,4 milliard de dollars. Lockheed Martin a décidé de redonner 843 millions de dollars sous forme de retombées économiques au Canada et au Québec.
Il y a cependant une très grande injustice pour le Québec. Celui-ci contribue pour 54 p. 100 de l'industrie aérospatiale. Dans le contrat de Lockheed Martin, le Québec devra se contenter jusqu'à maintenant d'uniquement environ 28 p. 100 des retombées. Il y a une injustice par rapport au fait que les provinces de l'Atlantique, qui n'ont que 4,6 p. 100 de l'industrie aérospatiale, bénéficieront maintenant de 28,7 p. 100 des retombées économiques. L'Atlantique, avec 4,6 p. 100 de l'industrie, aura plus de 28 p. 100 des retombées, et le Québec, qui a 54 p. 100 de l'industrie, aura 28,5 p. 100 des retombées. Les provinces de l'Atlantique aura donc plus que le Québec en termes de retombées.
Il s'agit d'une injustice flagrante. Je peux poursuivre longtemps comme cela. Les hélicoptères Chinook de Boeing représentent un investissement de 4,7 milliards de dollars. C'est un investissement qui vient d'être annoncé. Le contrat canadien passera avant ceux qui attendaient en ligne pour avoir des Chinook. Il s'agit probablement d'une entente faite à Bucarest avec le président américain. Encore une fois, on est loin d'être sûrs que le service de maintenance sera fait au Canada. Les retombées de ce contrat sont loin d'être sûres également. De plus, le gouvernement renonce à sa capacité, comme client signataire de ces contrats, de leur dire où ils investiront pour assurer les retombées économiques au Canada. C'est la politique du laisser-faire et le Québec en sort grand perdant.
Les bateaux ravitailleurs sont un autre exemple. On parle de 2,9 milliards de dollars. Les camions de transport représentent 1,2 milliard de dollars. Les avions de recherche et de sauvetage représentent 3 milliards de dollars. J'ouvrirais une petite parenthèse en disant que, cependant, les avions de recherche et de sauvetage sont vraiment utiles aux Québécois et aux Canadiens. Quand il y a un problème dans des régions éloignées ou montagneuses, c'est le type d'équipement qui aide les Québécois et les Canadiens. Pourtant, il est en bas de la liste au moment où l'on se parle. Ce n'est pas ce que l'on priorise. Ce sera à la fin. D'ailleurs, j'ai rencontré le général des forces aériennes cette semaine et il dit que cela allait bon train. On est toutefois loin d'où les contrats sont arrivés maintenant parce qu'ils sont presque tous signés.
Il s'agit donc d'une grande injustice. Il est dommage, alors que les gens des secteurs manufacturier et forestier ont besoin d'aide avec l'assurance-emploi et que les aînés ont besoin d'aide avec le Supplément de revenu garanti, que l'on investisse au-delà de 20 milliards de dollars dans le secteur militaire. Pour le Bloc québécois, c'est totalement inacceptable et c'est l'une des raisons pour laquelle on votera contre le projet de loi devant nous aujourd'hui.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre part au débat sur le projet de loi , Loi d'exécution du budget de 2008. Il y a deux aspects du projet de loi que j'aimerais aborder. Le premier concerne les importants changements au système d'immigration contenus dans ce projet de loi. Le deuxième est l'ensemble des priorités de ce projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Je représente Vancouver-Est, une circonscription qui reflète parfaitement le multiculturalisme canadien. Ma collectivité est fondée sur l'immigration. Vancouver-Est n'aurait pas la vitalité économique et la démographie qu'on lui connaît sans les nombreuses vagues d'immigrants qui ont déferlé, d'abord sur Strathcona, puis sur tout Vancouver-Est, et enfin sur l'ensemble du territoire de Vancouver. L'immigration joue un rôle très important dans notre collectivité, où les immigrants et les nouveaux Canadiens sont les bienvenus.
Je suis très inquiète de voir que le projet de loi budgétaire dont nous discutons ces jours-ci à la Chambre propose des changements aussi radicaux et fondamentaux à notre système d'immigration. Je m'inquiète du fait que ces changements sont contenus dans un projet de loi budgétaire. On s'attendrait à ce que des changements au système d'immigration soient contenus dans un projet de loi lié à l'immigration qui serait renvoyé au Comité de l'immigration.
Le gouvernement conservateur a apporté des changements très importants au régime par des voies détournées. Les conservateurs essaient de les faire passer en douce dans le projet de loi budgétaire en espérant que personne ne le remarquera. Mais heureusement, les gens discutent de plus en plus dans ma localité et partout dans le pays des retombées que risqueraient d'avoir des changements du régime d'immigration si le projet de loi budgétaire est approuvé.
Ces changements donneraient à la ministre d'importants nouveaux pouvoirs pour faire le tri elle-même dans les demandes. L'immigration serait contingentée. On disposerait des demandes d'immigration actuelles et on autoriserait même le resquillage. On limiterait la catégorie des demandes humanitaires fréquemment utilisées pour la réunification des familles. La ministre pourrait même refuser un visa à des personnes répondant à tous les critères requis. Ces mesures détournées donneraient donc à une seule personne, un ministre puissant, des pouvoirs énormes et, disons-le, très dangereux.
Le changement le plus important, qui n'est que la poursuite d'une évolution du régime d'immigration déjà entamée, c'est la mise en place d'un système qui traite de plus en plus les immigrants comme des entités économiques. Ces changements permettraient par exemple d'écarter certaines demandes tout en favorisant une augmentation considérable de ce que l'on appelle le Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires ou programme de travailleurs invités, qui traite ces étrangers comme de la main-d'oeuvre à bon marché. On le voit en Alberta et en Colombie-Britannique où de nombreux travailleurs étrangers se font souvent exploiter et maltraiter par les employeurs. Il est très difficile de savoir exactement ce qui se passe et si ces personnes peuvent faire valoir leurs droits de travailleurs.
C'est un aspect de ce projet de loi budgétaire qui est extrêmement inquiétant. Ce changement radical du régime séparerait des familles. Il ne contribuerait pas à leur réunification et mettrait de plus en plus l'accent sur les travailleurs étrangers admis à titre temporaire. Ces gens-là n'ont pas de droits suffisants. On ne les traite pas comme des résidents permanents. Ils ne peuvent pas devenir citoyens.
On l'a déjà vu en Europe. On sait qu'en établissant de cette façon deux catégories d'individus, on suscite l'instabilité politique et culturelle. On se retrouve avec des citoyens et des travailleurs sans statut véritable, qui ne sont jamais protégés dans la société à laquelle ils apportent pourtant une contribution importante. C'est quelque chose que nous ne devrions absolument pas accepter au Canada, mais je crois malheureusement que c'est ce qui se passerait avec ces modifications.
Il y a d'autres aspects très préoccupants dans ce projet de loi.
Il y a quelques jours, on a rendu public le recensement des sans-abri du Grand Vancouver auquel on procède à tous les deux ou trois ans. Dans le cadre de cet exercice, 700 bénévoles ont sillonné les pâtés de maisons et les ruelles en plus de visiter les refuges dans le but d'établir le plus précisément possible le nombre de sans-abri dans les refuges et dans la rue.
Ce recensement a été effectué le 11 mars. Les résultats qui ont été publiés le 8 avril nous apprennent que le nombre de sans-abri du Grand Vancouver a augmenté de 19 p. 100 depuis le recensement de 2005. Par rapport au recensement précédent, réalisé en 2002, nous constatons une augmentation de 131 p. 100. Il y a là matière à s'inquiéter grandement.
Dans ma circonscription, Vancouver-Est, principalement à des endroits comme le secteur est du centre-ville, la visibilité des sans-abri, c'est-à-dire le nombre de personnes dans la rue, de gens dans la misère et de ceux qui vivent bien en-deçà du seuil de la pauvreté et qui sont sans ressources et sans espoir, est extrêmement inquiétant. Cette situation cause des problèmes de santé physique et mentale non seulement aux personnes aux prises avec ces difficultés, mais aussi à l'ensemble de la collectivité.
Le dernier recensement devrait sonner l'alarme. On pourrait croire qu'au fil des ans il y aurait eu un effort concerté pour stopper cette grave tragédie humaine. Dans un pays aussi riche que le Canada, personne ne devrait dormir dans la rue. Personne ne devrait être sans abri. Tous ont droit de toucher un salaire suffisant et d'avoir un logement décent, sûr, convenable et abordable.
Cependant, le budget ne prévoit pas d'argent neuf pour le logement. Des groupes d'intervention dans le secteur est du centre-ville, y compris Pivot, United Native Nations, DERA, le Carnegie Community Action Project et Streams of Justice, ont récemment publié un rapport selon lequel 10 nouveaux projets d'habitation à prix modique avaient fermé leurs portes ou les fermeraient, ce qui représente 448 unités en moins.
Ma collectivité est confrontée à très grave problème. Beaucoup de gens sont déjà sans abri ou sont sur le point de le devenir, mais ce budget ne prévoit rien à cet égard.
J'ai cité les propos du ministre prétendument responsable du logement, qui rejette l'idée que le pays a besoin d'un programme national du logement. J'ai entendu le ministre dire que le gouvernement consacre plus d'argent au logement que tout autre gouvernement de l'histoire du Canada. Il parle des hypothèques. Il parle d'immeubles construits, dans certains cas, il y a 20 ans. On ne construit plus de coopératives de logement ou de logements sociaux. Même les programmes existants qui visent les sans-abri sont en danger. On n'est pas certain qu'ils vont être maintenus.
Cette situation suscite de l'anxiété parmi les organismes cherchant à aider les sans-abri et certainement parmi les gens qui vivent dans la rue ou dans les refuges et qui se demandent s'ils auront un jour un toit sur la tête ou un chez-soi bien à eux.
À mes yeux, le budget est le reflet de priorités que je trouve honteuses. Il n'y a qu'à voir les 50 milliards de dollars de réductions d'impôt accordées aux entreprises contenues dans le présent budget et dans la mise à jour économique et financière présentée en octobre dernier. Il n'y a qu'à voir comment ces réductions d'impôt s'étalent à partir de 2007 jusqu'en 2013. L'État perd ainsi 50 milliards de dollars en recettes.
Pensons à tout ce qui aurait pu être réalisé avec une telle somme d'argent. On aurait pu créer 1,14 million de places dans des garderies. On aurait pu mettre en circulation 74 000 autobus hybrides. On aurait pu construire 12 millions de logements abordables sans but lucratif. On aurait pu aider 11 millions d'étudiants de premier cycle universitaire à payer leurs frais de scolarité ou encore deux millions de personnes ayant terminé leurs études à rembourser leurs prêts étudiants. On aurait pu consacrer beaucoup plus d'argent à la lutte contre les changements climatiques. Le budget ne tient compte d'aucune de ces priorités.
Comble de malheur, la population de ma circonscription a appris que le COVAN, le comité organisateur des Jeux olympiques de Vancouver, allait recevoir 45 millions de dollars de plus, tandis qu'aucune somme supplémentaire n'était prévue pour le logement. Les gens ont alors compris qu'ils figuraient vraiment au bas de la liste.
C'est un très mauvais budget, et c'est la raison...
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Monsieur le Président, j'interviens dans le débat sur le projet de loi , projet de loi d'exécution du budget, qui renferme également les modifications proposées à la Loi sur l'immigration. Je vais axer mes observations sur la Loi sur l'immigration.
Je représente la circonscription de , ville insulaire qui est située tout juste à côté de la ville de Vancouver et qui comprend sur son territoire l'aéroport international de Vancouver. C'est une circonscription composée majoritairement d'immigrants et son économie est en plein essor. Nous avons le privilège d'avoir des agriculteurs. Nous avons une digue à proximité de la ville. Parallèlement, nous jouissons des installations métropolitaines.
À Richmond, le taux de criminalité est très bas et l'économie est en pleine croissance. L'espérance de vie des citoyens compte parmi les plus longues au Canada. De l'expérience de Richmond, nous pouvons déduire que les immigrants contribuent grandement à la vie des Canadiens.
Les conservateurs prétendent que la nouvelle politique d'immigration vise à réduire l'arriéré actuel. Ils disent vouloir accélérer l'approbation des demandes dans certaines catégories et concentrer leurs ressources sur les immigrants désirables. Cependant, leurs méthodes ne fonctionneront pas. Ils font fausse route.
Les modifications présentées détruiraient un système d'immigration démocratique, qui a inspiré d'autres pays. On veut le remplacer par un système dictatorial, qui permet au ministre de sélectionner qui est autorisé à entrer au pays.
Le nouveau paragraphe 87.3(4) stipulerait ceci:
[Si l'agent] ne procède pas au traitement de la demande, il peut, conformément aux instructions du ministre, la retenir, la retourner ou en disposer.
Vouloir réduire l'arriéré de demandes en accordant au ministre le pouvoir discrétionnaire de disposer des demandes est illogique. Le gouvernement insinue que, étant donné notre énorme arriéré, nous devrions donner au ministre le pouvoir de choisir quelques personnes et de rejeter catégoriquement les autres. À mon sens, c'est non seulement injuste, mais illogique.
Les modifications permettent au ministre de disposer unilatéralement et de manière arbitraire des demandes, et ce, sans aucun recours possible. Les demandeurs ne pourraient pas interjeter appel. C'est très injuste. La modification proposée concernant l'alinéa 81.3c) veut que le ministre puisse préciser le nombre de demandes à traiter par an, notamment par catégorie.
Outre le fait que le ministre pourra disposer des demandes non traitées, les modifications lui permettraient de limiter le nombre de demandes.
Imposer un plafond au nombre de demandeurs ne ferait que réduire en surface l'arriéré en empêchant temporairement les immigrants éventuels de présenter une demande. En quoi le fait de forcer les demandeurs à assumer les frais d'une nouvelle demande année après année va-t-il réduire l'arriéré? Des hauts fonctionnaires du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration conviennent que ce genre de situation se produirait.
Réduire l'arriéré ne signifie pas accorder la priorité à certains et en ignorer d'autres. Les conservateurs tiennent des discours qui me semblent illogiques. Ils ont dit qu'ils peuvent établir des priorités, mais est-ce à dire qu'il y aura un ordre de priorités? De toute façon, comment cela permet-il de réduire l'arriéré? Ce n'est pas parce qu'on fait d'abord le ménage de la cuisine que le reste de la maison est propre plus rapidement.
La modification la pire et la plus inquiétante que les conservateurs sont pressés d'apporter, c'est le remplacement du mot « est » par le mot « peut ». Aux termes du paragraphe 11(1) de la loi actuelle, un visa « est » délivré à l'étranger jugé admissible. Selon la modification proposée, le visa « peut » être délivré à un étranger qui répond aux exigences établies.
Pourquoi le gouvernement conservateur tente-t-il de corrompre le processus d'immigration? Si on estime qu'on ne devrait pas délivrer un visa pour un motif donné, qu'on inclue ce motif dans l'évaluation. Pourquoi des candidats à l'immigration qui ne peuvent pas avoir la certitude qu'ils seront admis, alors qu'ils satisfont à toutes les exigences, devraient-ils présenter des demandes et comment cette façon de faire contribuerait-elle à réduire l'arriéré?
Il faudrait consacrer du temps et des efforts au traitement de leurs demandes. Selon moi, cela donne à la ministre une autre occasion de faire des choix sélectifs, même après que les demandeurs ont déjà franchi le premier obstacle.
Aucune des modifications proposées ne vise à éliminer l'arriéré ou à réduire les délais pour les demandeurs. Ces modifications permettent au ministre de choisir les immigrants selon son bon désir. C'est une méthode injuste.
Les choix sélectifs que feront les conservateurs derrière les portes closes, cette démarche dictatoriale anéantira notre système d'immigration transparent et démocratique axé sur des règles éprouvées. Cela nous entraînera sur une voie dangereuse.
Mercredi, le London Free Press citait un haut fonctionnaire de l'immigration, qui aurait dit, « la loi ne stipule pas et n'a jamais stipulé que l'immigration au Canada est un droit ».
Ce n'est pas une bonne attitude. C'est ce genre d'attitude qui a incité nos ancêtres à adopter une loi raciste sur l'immigration, mieux connue sous le titre de loi sur l'exclusion des Chinois. Une fois la construction du chemin de fer Canadien Pacifique achevée, les travailleurs chinois sont devenus des indésirables. Une taxe d'entrée a été imposée uniquement aux immigrants d'origine chinoise. Lorsqu'on a constaté que cette mesure ne les empêchait pas de venir au Canada, ceux-ci ont été complètement exclus.
Oui, le fait d'être autorisé à immigrer au Canada constitue un privilège. Toutefois, les critères liés à ce privilège doivent être appliqués de façon juste, en respectant les valeurs fondamentales que sont la démocratie, la primauté du droit et l'égalité. Or, le projet de loi élimine le droit à des chances égales, pour chaque requérant, d'obtenir un examen et une évaluation justes de sa demande, indépendamment de ses antécédents, de son pays d'origine, ou de ses compétences.
Même après que Paul Martin père eut fait modifier la Loi sur la citoyenneté canadienne en 1947 afin de permettre aux personnes d'origine chinoise de devenir des citoyens canadiens, d'une façon générale, nous, Chinois, n'avions toujours pas le privilège de venir au Canada. Ce n'est qu'en 1967, lorsque le très honorable Lester B. Pearson a modifié le système d'immigration canadien, de façon à en faire un système transparent ne faisant pas de discrimination raciale et se fondant sur des points d'appréciation, que la majorité des Chinois ont pu venir au Canada.
Le gouvernement conservateur doit mettre un terme à cette tendance persistante et troublante. Le système de points d'appréciation des services d'immigration du Canada, qui est transparent et qui ne fait pas de discrimination raciale, est vanté comme étant un modèle à suivre par les autres pays. Par conséquent, ce système ne devrait pas être mis au rancart d'une façon aussi cavalière.
En 2005, le gouvernement libéral s'était engagé à affecter 700 millions de dollars pour éliminer l'arriéré, mais les conservateurs ont annulé cet engagement lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, en 2006. Après avoir ignoré le problème durant plus de deux ans, ils disent maintenant avoir affecté 100 millions de dollars afin de régler le problème. C'est loin d'être suffisant.
Nous ne devons pas laisser les conservateurs nous éloigner — en invoquant comme excuse le fait qu'ils veulent régler le problème de l'arriéré dans notre système d'immigration — des valeurs canadiennes fondamentales que sont la démocratie, la primauté du droit et l'égalité. Je vais voter contre cette mesure.
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi . Ce n'est pas un plaisir de voir le projet de loi C-50, mais c'est un plaisir de pouvoir en discuter. Dans ce projet de loi C-50, le gouvernement implante la société d'État pour l'assurance-emploi.
Pendant des années, le NPD a demandé une caisse de l'assurance-emploi autonome, séparée des fonds généraux du gouvernement. En 1986, la vérificatrice générale avait suggéré d'injecter les fonds de l'assurance-emploi dans les fonds généraux. Après un certain nombre d'années, quand le gouvernement a vu que les surplus d'argent des fonds généraux augmentaient à cause de l'assurance-emploi, on s'est aperçu que c'est devenu la vache à lait du gouvernement.
Le gouvernement disait alors que les travailleurs et les travailleuses dépendaient de la caisse de l'assurance-emploi. On s'est cependant aperçu que ce n'étaient plus les travailleurs qui dépendaient de cette caisse de l'assurance-emploi, mais bien le gouvernement. En effet, il accusait des déficits zéro et il équilibrait ses budgets avec l'argent qu'il avait volé à la caisse de l'assurance-emploi dans les fonds généraux. Il s'agit du plus gros vol qu'il y ait jamais eu au pays. C'est comme dans le temps, lorsqu'on était jeunes, on écoutait des films dans lesquels cet autre personnage volait un train plein d'argent.
Le gouvernement précédent a volé 57 milliards de dollars de surplus à la caisse de l'assurance-emploi. En effet, la caisse a généré des fonds de 57 milliards de dollars. Cet après-midi, en raison du projet de loi , on verra la légalisation du vol. C'est comme si l'on arrête à la banque pour voler de l'argent et, plutôt que d'aller en prison, que l'on adopte un projet de loi pour légaliser ce vol de banque. C'est ce qui se passera cet après-midi: le vol de l'argent des travailleurs et des travailleuses qui ont travaillé si fort.
Le plus surprenant est que l'on crée une société d'État qui est différente d'une caisse autonome. Il faut être clairs et expliquer cela. On a demandé une caisse autonome. Les gens se demanderont peut-être pourquoi on pleure aujourd'hui puisqu'on aura une caisse autonome. Il y a une différence entre une caisse autonome et une société d'État. Une caisse autonome serait une caisse à part des fonds généraux du gouvernement, qui servirait seulement pour les fonds de l'assurance-emploi déposés dans la caisse de l'assurance-emploi. Une société d'État, quant à elle, est une corporation à part, indépendante, comme Postes Canada, Radio-Canada ou CBC.
Lorsqu'on se lèvera à la Chambre des communes pour remettre en question la caisse d'assurance-emploi, le gouvernement dira qu'il s'agit d'une société d'État et d'aller voir celle-ci. On n'aura donc plus de questions à poser à la Chambre des communes à cet égard. Ce sera la même chose lorsqu'on se lèvera à la Chambre des communes pour poser des questions sur la Société Radio-Canada ou CBC. Le gouvernement dit que c'est arm's length, c'est une société d'État et qu'il faut aller voir le président. Il se libérera de toutes ses responsabilités.
De plus, la vérificatrice générale a toujours dit qu'un fonds de base de 15 milliards de dollars était nécessaire. Dans ce fonds de la société d'État, il s'agira de 2 milliards de dollars. Le vol qui se prépare pour cet après-midi, à 15 heures, lors du vote de la Chambre des communes, est un vol de 55 milliards de dollars appuyé par les libéraux. D'une manière ou d'une autre, ils voteront pour le projet de loi et légaliseront le vol ou ils ne voteront pas et laisseront le vol se passer. C'est exactement ce qui se passera cet après-midi.
Que pourrait-on faire plutôt pour aider les travailleurs et les travailleuses? On a entendu souvent parler du programme PATA, par exemple. Des compagnies ont fermé leurs portes au Canada dans les secteurs manufacturier et forestier. Je me rappelle très bien du PATA et du PATU au Nouveau-Brunswick. Lorsque les usines de poisson ont fermé, on avait le PATU, un programme de retraite pour les employés d'usines, les femmes, lorsqu'on a perdu la pêche du poisson de fond. Ces programmes ont aidé les travailleurs et les travailleuses à cette époque. L'assurance-emploi était là pour aider les gens.
Aujourd'hui, l'assurance-emploi est là pour aider le gouvernement plutôt que pour aider les travailleurs et les travailleuses. Or, l'assurance-emploi est une assurance payée directement par les travailleurs et les compagnies. Je suis préoccupé, parce que la seule chose qui préoccupe le gouvernement conservateur, c'est de faire baisser les primes d'assurance-emploi et de faire en sorte que les employeurs ne payent pas de primes. Nous ne parlons pas souvent des travailleurs qui payent des primes. Selon le gouvernement, si l'employeur ne payait pas ses primes, il pourrait créer de l'emploi.
Encore une fois, je n'ai jamais vu une compagnie qui, à cause qu'elle fait des profits, engage plus de personnes. On n'engage pas quelqu'un dans une compagnie parce qu'on fait des profits, mais on engage quelqu'un parce qu'on en a besoin au plan de la production. Je ne crois donc pas que des compagnies au Canada ont fait faillite parce qu'elles payaient des primes d'assurance-emploi. Au contraire, un bon employeur n'a pas peur de payer ses primes d'assurance-emploi, parce qu'il est attristé de devoir dire à un employé de ne pas rentrer le lundi matin parce qu'il n'a plus de travail pour lui.
Ainsi, il y avait une assurance pour s'assurer que ces familles reçoivent ces bénéfices pour les aider. En 1996, les libéraux ont choisi de faire une grosse réforme de l'assurance-emploi qui a suivi la réforme de Brian Mulroney. Cela a donc commencé à l'époque où Brian Mulroney était premier ministre. Les premières manifestations ont eu lieu à Inkerman au Nouveau-Brunswick, dans ma circonscription. Après cela, la réforme s'est poursuivie jusqu'en 1996. Ils ont fait des surplus de 57 milliards de dollars et ils commencent maintenant à vouloir prendre l'efface et l'effacer. C'est à 15 heures cet après-midi que cela s'effacera, avec l'appui des libéraux qui ont fait la réforme de 1996 et avec les conservateurs qui mène cette réforme à la Chambre des communes en déposant un projet de loi visant à créer une société d'État séparée du gouvernement pour ne plus se faire poser la question, parce qu'ils sont gênés quand on la leur pose. En comité, ils nous disent même d'arrêter nos questions, puisque l'argent n'est plus là, Ils nous demandent d'arrêter de les tanner avec cela. Entre-temps, des gens et des familles sont dans le besoin et ce gouvernement les ignore complètement.
Que pourrait-on plutôt faire avec cet argent? Premièrement, on pourrait enlever les deux semaines d'attente. Ce n'est pas la faute des gens s'ils perdent leur emploi. Je l'ai répété et répété à la Chambre des communes et je vais continuer de le répéter.
Pourquoi ces gens sont-il punis de deux semaines d'attente sans revenu lorsque l'employeur leur annonce qu'il n'y aura pas de travail pour eux la semaine prochaine? Qui veut avoir deux semaines sans salaire? Qui est puni par ces deux semaines sans salaire? Pourquoi la personne perd-elle deux semaines de revenu? Cela punit la famille qui a besoin de payer la facture d'électricité à la fin du mois et qui a besoin de faire l'épicerie pour ses enfants. Cela punit la famille qui a besoin de payer son hypothèque. C'est ce que cela fait. Or, le gouvernement se prépare cet après-midi à faire le plus gros vol de l'histoire canadienne, soit de légaliser les 57 milliards de dollars de surplus à la caisse de l'assurance-emploi. C'est ce qui va se passer ici en cette Chambre cet après-midi.
On pourrait garder les 12 meilleures semaines pour donner la chance aux gens d'avoir un bon bénéfice. Il ne faut pas oublier que les gens qui bénéficient de l'assurance-emploi ne reçoivent que 55 p. 100 de leur salaire. Or, 55 p. 100 du salaire minimum, cela ne donne pas grand-chose. C'est moins que les prestations de bien-être social. On pourrait donc faire des changements pour aider ces gens et faire en sorte que les 12 meilleures semaines s'appliquent. D'autre part, les gens pourraient se qualifier après 360 heures plutôt que 910 heures pour les premiers venus. La semaine prochaine, nous présenterons à la Chambre un projet de loi visant ce changement à 360 heures, et nous en débattrons. Encore là, les libéraux y ont été défavorables en comité et ont appuyé les conservateurs pour prendre l'argent des travailleurs qui perdent leur emploi.
Le gouvernement frappe sur les plus démunis. C'est terrible de perdre son emploi et je peux le constater par les appels que je reçois à mon bureau. Des personnes m'appellent pour me dire qu'elles viennent de perdre leur emploi et qu'elles ont besoin de sept à huit semaines pour se qualifier. Il n'y a pas d'argent dans le système pour payer les fonctionnaires pour le faire.
Ce n'est pas que les fonctionnaires ne peuvent pas faire leur travail, c'est qu'il manque de fonctionnaires. L'argent n'est pas mis à la bonne place.
Avoir des programmes comme le PATA pour faire en sorte que les gens de 55 ans et plus soient capables d'avoir une vie respectable pour se rendre jusqu'à l'âge de la retraite à 65 ans fait partie de toutes ces bonnes choses qu'on pourrait faire.
On va donc voter contre le projet de loi même si le gouvernement tombe, parce que c'est un vote qui devrait être...
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour participer au débat sur le projet de loi
À titre de nouvelle députée de Vancouver Quadra, je remercie encore une fois les électeurs de cette circonscription de m'avoir fait confiance. Les habitants de Vancouver Quadra sont des citoyens instruits, engagés et informés que je suis honorée de représenter. J'ai l'intention de travailler sans relâche pour défendre leurs intérêts à Ottawa.
Le gouvernement conservateur a inclus de nombreux programmes libéraux dans ce projet de loi budgétaire, quoiqu'il s'agisse plutôt de versions diluées de ces programmes. L'éducation postsecondaire en est un exemple. Beaucoup de gens qui travaillent ou étudient à l'Université de la Colombie-Britannique habitent dans ma circonscription, et la qualité ainsi que l'accessibilité de l'éducation postsecondaire est une grande priorité pour eux, comme pour moi.
Les gouvernements libéraux antérieurs étaient réputés pour leurs nombreux investissements favorables aux universités, aux étudiants et à la recherche. Le gouvernement conservateur a fait disparaître des milliards de dollars que les libéraux avaient alloués à ces fins dans la mise à jour budgétaire de l'automne 2005. Je remarque que, grâce au travail des députés libéraux et de leur chef, le gouvernement a saupoudré dans ce budget certains investissements dans l'éducation postsecondaire.
L'ancien gouvernement libéral a laissé les finances du pays en très bon état, mais le projet de loi montre bien que la mauvaise gestion des conservateurs a drainé les ressources financières du pays. Cela cadre parfaitement bien avec le bilan catastrophique d'anciens gouvernements conservateurs, notamment le gouvernement Mulroney et le gouvernement provincial conservateur de l'Ontario dont le , qui occupe maintenant le même poste à Ottawa, a contribué à laisser au nouveau gouvernement libéral de cette province un énorme déficit de 5,6 milliards de dollars.
L'aspect le plus inacceptable de ce projet de loi est la partie 6, et c'est sur ce point que porteront mes remarques.
La partie 6 contient des modifications à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Il s'agit d'importantes modifications qui constituent une mauvaise politique gouvernementale et qui inquiètent profondément les néo-Canadiens dans ma circonscription et d'un bout à l'autre du pays, ainsi que les membres de leur famille à l'étranger. Ces modifications n'auraient jamais dû être enterrées dans ce projet de loi d'exécution du budget.
On ne peut pas faire confiance au gouvernement conservateur, particulièrement à la lumière des remarques que le a faites dans le passé au sujet de l'immigration. Par exemple, en 2001, il a dit ce qui suit:
[...] les circonscriptions représentées par des libéraux à l'ouest de Winnipeg sont dominées par des nouveaux immigrants venus d'Asie ou de nouveaux migrants venus de l'Est du Canada: des gens qui vivent dans des ghettos et qui ne sont pas intégrés à la société de l'Ouest du Canada.
Que voulait-il dire exactement? Faisait-il allusion à ma circonscription, Vancouver Quadra? Est-ce une personne en qui nous pouvons avoir confiance lorsqu'il s'agit de modifier nos lois en matière d'immigration?
Les libéraux, par contre, se soucient depuis très longtemps des immigrants, qui apportent une contribution incomparable au paysage multiculturel du Canada. Je suis fière de perpétuer cette tradition en tant que députée représentant Vancouver Quadra. J'accorde une grande importance à cette question, étant moi-même immigrante.
On ne peut pas faire confiance à la qui a déjà déclaré à tort à la Chambre que le Canada avait accueilli quelque 430 000 nouveaux arrivants sous le régime conservateur, soit plus que sous le régime libéral. Or, cela est inexact, et la ministre a dû se rétracter et admettre, ni plus ni moins, qu'on avait gonflé le chiffre en incluant dans le calcul les étudiants et les travailleurs temporaires.
En réalité, on a accueilli 36 000 résidents permanents de moins depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur, il y a 27 mois. Va-t-on continuer de fermer arbitrairement nos portes aux immigrants en application des modifications que propose le gouvernement?
Le genre de changements que le gouvernement se propose d'apporter au fondement même de la politique canadienne d'immigration sont de ceux qu'on doit débattre ouvertement, pas les faire passer en catimini dans un projet de loi budgétaire. Le gouvernement veut apporter des changements qui auraient pour effet de fermer la porte aux immigrants. Mais il y a pire: la modification en question donnerait au gouvernement le pouvoir de causer du tort dans leur application.
Le gouvernement conservateur a déjà fait voir à maintes reprises sa mesquinerie, notamment en annulant le Programme de contestation judiciaire qui apportait un soutien aux plus vulnérables des Canadiens, en affaiblissant l'encadrement des activités permettant aux femmes de faire progresser notre égalité au sein de la société canadienne et en votant contre une motion portant que le drapeau soit mis en berne sur la Tour de la Paix le jour où un soldat canadien est tué outre-mer. Quelle mesquinerie!
Dans la partie 6, au paragraphe 11(1), par exemple, en remplaçant « sont délivrés » par « peut les délivrer » dans le règlement, on crée la possibilité de fermer la porte à des immigrants qui répondent à toutes les exigences. Quelle mesquinerie!
La pourrait aussi prendre des décisions arbitraires sans avoir de comptes à rendre et choisir certains immigrants en en renvoyant d'autres à la case départ ou en leur fermant même la porte au nez. On ne sait pas si des demandes pourront être rejetées à cause du pays d'origine de l'immigrant ou d'un autre facteur.
Naeem Noorani, l'éditeur de la revue The Canadian Immigrant, cité dans le Toronto Star mardi, déclare que « c'est un précédent dangereux qui menace un régime démocratique sain».
C'est précisément à cause de la dureté dont les conservateurs ont fait preuve à l'égard des immigrants au Canada qu'on ne doit pas donner ce pouvoir au gouvernement. Les mesures qu'il essaie de faire adopter vont à l'encontre de l'attitude équitable, transparente et accueillante des précédents gouvernements libéraux à l'égard des néo-Canadiens, une attitude accueillante qui a permis à Vancouver de déborder de vitalité grâce à l'apport de ces néo-Canadiens.
Ma circonscription, Vancouver Quadra, a accueilli plus de 40 000 immigrants. Beaucoup sont résidents depuis longtemps, d'autres sont arrivés plus récemment. Parmi les membres de la collectivité de Vancouver Quadra qui se sont auto-identifiés comme appartenant à une minorité visible lors du recensement, il y a des Chinois, des gens de l'Asie du Sud, des Coréens, des Japonais, des habitants de l'Asie occidentale, des Philippins, des Noirs, des gens de l'Asie du Sud-Est et des Arabes entre autres. Cette diversité contribue à maints égards à enrichir notre communauté.
Soulignons que plus de 23 000 résidents de Vancouver Quadra sont d'origine chinoise, qu'ils viennent de Hong Kong, de la Chine continentale ou de Taïwan. Ces néo-Canadiens contribuent beaucoup à la vie sociale, culturelle et économique de Vancouver Quadra et du Canada.
À peine 10 jours après mon élection, ma toute première consultation publique en tant que députée a été une table ronde avec 20 dirigeants de la communauté chinoise. Les modifications qu'envisage le gouvernement empêcheraient les membres de leurs familles de venir les rejoindre. Ces changements pourraient empêcher des personnes qui travaillent dans un domaine particulier de venir s'intégrer à la société canadienne. D'un simple trait de stylo, la ministre pourrait reléguer certains pays au bas de la liste. En fait, nous ne savons absolument pas qui sera jugé acceptable par ce gouvernement conservateur, un gouvernement sur lequel on ne peut pas compter pour être équitable.
Le gouvernement voudrait modifier les lois sur l'immigration du Canada de telle sorte que sur un simple coup de tête de la ministre, quelqu'un qui souhaiterait venir dans notre grand pays pour avoir une vie meilleure en apportant sa contribution au Canada pourrait être écarté sans autre forme de procès. Ce sont des changements majeurs dont il faudrait discuter au grand jour et en profondeur.
Je suis contre la partie 6, la partie du projet de loi budgétaire qui concerne la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Il faudrait l'étudier séparément, et non dans le cadre du projet de loi , et il faut donc la rejeter.
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Monsieur le Président, je veux souhaiter la bienvenue à ma collègue de Vancouver-Quadra et la féliciter de ses observations pertinentes dans ce qui est, si je ne m'abuse, sa première allocution à la Chambre des communes.
Je suis certain que ses électeurs ont bénéficié de la consultation qu'elle a menée sur certains des aspects négatifs de ce projet de loi et sur le subterfuge qu'on tente d'imposer aux Canadiens en glissant certains changements en matière d'immigration dans le projet de loi budgétaire.
Nous, les néo-démocrates, avons bien réfléchi à ce que nous déplorions au sujet de la partie du projet de loi portant sur l'immigration et nous en sommes venus à la conclusion logique que nous allons voter contre le projet de loi parce que nous n'en acceptons pas le contenu. Il s'ensuit logiquement que, lorsque nous désapprouvons quelque chose, sommes fidèles à nos principes et votons contre.
Comme ma collègue est nouvelle à la Chambre des communes et comme ce sera peut-être le premier scrutin difficile auquel elle devra participer, je pourrais peut-être lui donner quelques conseils et lui poser une question.
De la façon dont les choses fonctionnent ici, si des députés croient en une chose, ils vote pour et, s'ils s'y opposent, ils votent contre. Ce sont là les principes de base inhérents à toute charge publique. Les électeurs de la députée s'attendent à ce qu'elle vienne ici et vote selon sa conscience pour ce en quoi elle croit, et contre ce à quoi elle s'oppose.
Par conséquent, va-t-elle, oui ou non, se lever en même temps que ceux d'entre nous qui s'opposent au projet de loi et voter contre ce projet de loi, à 15 heures aujourd'hui, c'est-à-dire dans deux heures?
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de prendre la parole concernant ce dossier. Je souhaite la bienvenue à ma collègue de . Maintenant que je la connais mieux, j'espère que c'est dans son comté que se dérouleront les Jeux olympiques de 2010 et qu'elle sera athlète en patinage artistique, car je pense qu'elle a maintenant les qualités requises, pour avoir patiné comme elle l'a fait lors des questions qui lui ont été posées.
Lorsqu'on est contre quelque chose, on ne vote pas pour cela. Peut-être ne formerons-nous jamais le gouvernement, c'est possible. Et sûrement qu'on ne le formera pas. Notre objectif n'est pas de former le gouvernement; c'est de le réformer. Ce n'est pas vrai que nous allons piler sur nos principes. Nous, le Bloc québécois, voterons contre le projet de loi . Nous aurions pu dire à ma collègue de qu'il y a énormément d'arguments potentiels pour voter contre ledit projet de loi. Je vais en donner seulement quelques-uns, car il semble que j'aie seulement 10 minutes à ma disposition.
Prenons l'agriculture. Pour ce qui est de l'agriculture, ce budget ne prévoit que 72 millions de dollars, mais sur deux ans. Plusieurs secteurs de notre pays, le Canada, traversent actuellement une crise agricole. Dans le pays du Québec, la crise agricole sévit tous les jours. Soixante-douze millions de dollars sur deux ans, pour tout le Canada, ce n'est assurément pas assez. Ce gouvernement est demeuré complètement sourd aux demandes des travailleurs agricoles.
Il y a aussi l'assurance-emploi. Je ne veux pas reprendre les arguments de mon collègue d', qui a donné beaucoup d'arguments concernant la caisse de l'assurance-emploi. La seule chose que je vais lui dire, c'est de se rendre rapidement dans son comté au cours des prochaines heures, parce que son équipe junior d' va avoir énormément de difficulté à se rendre dans les séries éliminatoires ou, à tout le moins, de gagner. Actuellement, cela ne va pas bien. C'est comme l'assurance-emploi.
Ce gouvernement a décidé de créer l'Office de financement de l'assurance-emploi. Ce gouvernement a beau créer l'office qu'il voudra bien créer, on lui demande s'il va remettre les 57 milliards de dollars qu'il a volés à la caisse de l'assurance-emploi, qu'il a volés aux travailleurs? Cela a commencé sous les libéraux. Je comprends pourquoi les libéraux vont voter en faveur du projet de loi , on commence à comprendre. Eux aussi seront aux prises avec le problème si, par malheur, ils formaient à nouveau le gouvernement d'ici à quelques décennies. Il se pourrait bien alors que les libéraux soient aux prises avec le problème qu'on va leur soumettre, à savoir de remettre l'argent qu'ils ont volé aux travailleurs et aux travailleuses.
Je ne veux pas reprendre ce qu'a dit le député d', mais on aurait pu faire tellement de choses avec la somme de 54 milliards de dollars pour contrer la pire crise économique que vivent des régions du Canada, le Québec en particulier, l'Ontario, avec la crise manufacturière, la crise forestière. Bien évidemment, cela touche moins Calgary.
Le nous répond que s'il y a moins d'emplois au Québec, on n'a qu'à aller travailler à Calgary, car il y en a. Allez dire cela à des personnes âgées de 55, 56, 57, 58 ans, à qui il reste 12 ans à payer leur hypothèque maison, qui travaillent dans le coin de Béarn au Témiscamingue ou dans le coin de Clairval en Abitibi. Ils vous répondront qu'ils ont fait leur vie dans un moulin à scie, qu'ils ont commencé à l'âge de 18 ans et qu'ils pensaient bien avoir le droit à une retraite décente.
Avec la caisse d'assurance-emploi, on aurait pu mettre en œuvre un programme d'aide aux travailleurs âgés, un PATA, que le Bloc réclame depuis au moins quatre ans. Cela fait quatre ans que je suis ici et cela fait quatre ans que j'en entends parler. Que ce soit les libéraux ou les conservateurs, ni l'un ni l'autre n'est capable, ne veut, n'a la volonté politique de créer un PATA. Cela ne coûterait pas cher. Les conservateurs auraient pu inclure cela dans le budget. Ils n'ont rien mis dans le budget concernant l'assurance-emploi — ni de l'aide aux travailleurs âgés.
Les travailleurs âgés s'en souviendront. C'est la même chose en ce qui concerne les personnes âgées, même que c'est pire.
On a volé la caisse d'assurance-emploi. J'aime bien l'argument du député d' qui dit qu'à 15 heures aujourd'hui, grâce aux conservateurs et à l'appui des libéraux, on légitimera un vol de 54 milliards de dollars. C'est pire que le train postal. C'est exactement ce que l'on fera en créant le nouvel Office de financement de l'assurance-emploi. C'en sera terminé de la caisse d'assurance-emploi, on s'en débarrassera, mais va-t-on rembourser les cotisants? Non, non. Cet argent a servi à acheter des hélicoptères qui volent plus ou moins bien, des sous-marins qui coulent parce qu'ils ne travaillent pas toujours fort, et des carabines et des fusils. De cet argent, on a investi 1 milliard de dollars par année pour aller en Afghanistan alors qu'on n'a pas de raison d'y être. J'espère qu'on s'en souviendra.
Somme toute, le pire vol demeure la promesse électorale des conservateurs faite aux personnes âgées. Je m'en souviens, je l'ai entendue. Ils ont promis que s'ils étaient élus, ils allaient remettre le Supplément de revenu garanti rétroactivement aux personnes âgées. Aussitôt qu'ils ont été élus, cette promesse électorale a été défaite.
Les conservateurs auraient pu inclure cette mesure dans le budget. Ils avaient l'argent pour le faire, leurs surplus sont de 11 milliards de dollars. Il n'en aurait même pas coûté 1 milliard de dollars pour aider les personnes âgées à passer au travers. Ici, je m'adresse à toutes les personnes âgées de 70 ans et plus, notamment à ma mère qui a perdu 12 000 $ à cause des conservateurs et de leur promesse ridicule. Ils auraient mieux fait de ne pas faire de promesse stupide comme celle de remettre aux personnes âgées la rétroactivité du Supplément de revenu garanti. Des personnes âgées ont perdu 4 000 $, 7 000 $ ou 12 000 $. Ils avaient droit à une rétroactivité de sept ans, mais on ne la leur accorde que pour un an.
En revanche, quand on doit de l'argent au gouvernement, je vous garantis qu'il peut remonter jusqu'à cinq ans et faire des saisies de façon rétroactive. Pour sa part, le Parti conservateur au pouvoir a décidé qu'on ne verserait une rétroactivité que pour un maximum de 12 mois. Pourtant, les conservateurs doivent cet argent qu'ils ont volé aux personnes âgées. Remettront-ils cet argent? Non. Voilà un autre motif qui nous incite à voter contre ce projet de loi.
Je suis porte-parole du Bloc québécois en matière d'affaires autochtones. À ce sujet, j'en ai entendu des bonnes. Je ne veux pas revenir sur l'Accord de Kelowna comme les libéraux qui en ont fait leur cheval de bataille. Je veux simplement dire que le gouvernement pouvait aider et avait l'argent pour aider les peuples autochtones à surmonter une des pires crises qu'ils vivent actuellement. À côté d'ici, tout juste à 165 kilomètres au nord d'Ottawa, dans la communauté de Kitcisakik, on vit comme au XVIIIe siècle. Il n'y a ni eau courante, ni aqueduc, ni égouts, et on vit dans des camps de chasse.
Ce gouvernement avait promis de régler le problème, mais n'a rien fait pour les Autochtones. Il argumentera qu'il versera 660 millions de dollars sur deux ans, ce qui fait 330 millions de dollars par année, alors que dans les communautés autochtones du Québec seulement, il faudrait 10 000 logements. Toute la côte du Grand Nord et tout le Nunavik est à refaire en raison du dégel.
Malheureusement, il ne me reste qu'une minute. J'aurais pu en dire beaucoup plus, mais je tiens à dire une chose. Ce gouvernement n'avait même pas besoin de mettre plus d'argent dans son budget pour aider le logement social. Ces fonds auraient pu être puisés à même la SCHL, la Société canadienne d'hypothèques et de logement, qui fait des surplus faramineux. On aurait pu investir 1 milliard de dollars de ses surplus — et cela n'aurait même pas paru — pour aider le logement social. Toutefois, on met ce dossier de côté et on n'en parle pas.
Il y a tellement de choses que ce gouvernement avait promises mais n'a pas respectées.
À 15 heures, cet après-midi, les députés du Bloc québécois n'auront pas peur et se lèveront et voteront contre ce budget.
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Monsieur le Président, je prends la parole sur le projet de loi , après l'avoir prise sur la proposition globale et maintenant sur la question de l'amendement qui est débattu et dont le débat se terminera cet après-midi. Effectivement, ce projet de loi portant sur le budget n'a globalement pas satisfait le Bloc québécois ni les Québécois en général, parce qu'il ne renferme aucune forme de soutien à la crise vécue par les secteurs manufacturier et forestier.
Au cours des derniers jours, on a vu que cette crise n'a rien à voir avec la compétence des gestionnaires. Au Québec, la Beauce, qui est reconnue comme une région qui fournit des entrepreneurs de façon importante, vit une période très difficile. Des milliers d'emplois sont disparus, mais nous savons tous que la Beauce n'est pas responsable de ce ralentissement. On a construit en Beauce un secteur manufacturier très fort. Je me souviens que le Comité permanent de l'industrie, des ressources naturelles, des sciences et de la technologie a formulé, il y a plus de deux ans, 22 recommandations unanimes pour que le gouvernement vienne en aide aux secteurs manufacturier et forestier. Toutefois, le gouvernement a décidé de ne pas donner suite à ces recommandations.
Aujourd'hui, on voit dans cette région du Québec, qui est un fleuron de l'entrepreneuriat québécois, des emplois disparaître par milliers. Des jeunes travailleurs et des jeunes couples dont l'avenir était assuré voient tout cela s'effondrer. Ce n'est pas tout simplement le résultat de la nature, c'est le résultat de changements importants dans le marché, dont l'augmentation de la valeur du dollar, par exemple. Ces éléments étaient prévisibles depuis un bout de temps, et on se serait attendus à ce que le gouvernement fédéral aille de l'avant avec un plan d'action et une stratégie industrielle. Ce n'est pas parce qu'on ne l'en a pas informé. Le Comité permanent de l'industrie, des ressources naturelles, des sciences et de la technologie a formulé 22 recommandations unanimes, mais le gouvernement n'a suivi qu'une ou une et demie de ces 22 recommandations. Ensuite, le Comité permanent des finances a allumé la même lumière rouge et en a informé le gouvernement, qui a alors fait adopter en cette Chambre une motion en ce sens. Il n'y a toujours pas d'action dans le budget. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Bloc québécois ne peut pas être en faveur de ce budget.
Fait terrible qu'on retrouve dans le budget, alors que les régions ont besoin d'un soutien additionnel, on retrouve une compression budgétaire de 107 millions de dollars au budget de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. Le ministre responsable disait après l'élection qu'il y aurait l'équivalent d'un plan Marshall et qu'il y aurait maintenant l'équivalent d'un plan Blackburn. Aujourd'hui, on se rend compte que le résultat de cela, ce sont des milliers d'emplois qui disparaissent partout à travers le Québec et également partout à travers le Canada, parce que l'Ontario est également touché par cette crise manufacturière. En plus d'avoir une approche de laisser-faire qui fait qu'on n'a pas de stratégie industrielle, on va même sabrer dans les programmes et dans les sommes existantes depuis quelques années dans ces régions qui auraient eu besoin d'un plus grand effort. Je crois qu'en soi, cela serait une raison suffisante pour voter contre le présent budget.
Mon collègue parlait également plus tôt de toute la question du Programme d'aide aux travailleurs âgés. C'est une mesure sociale importante de permettre à des gens, qui ont travaillé pendant 25, 30, 35 ans dans une entreprise, d'avoir un pont pour se rendre à leur pension lorsqu'ils perdent leur emploi à 57, 58 ou 60 ans. C'est aussi une mesure qui devrait faire partie d'une stratégie industrielle. Voici les conséquences dans un secteur comme le secteur forestier. On coupe des emplois, les plus jeunes s'en vont et les plus âgés réussissent parfois à garder leur emploi. Mais, en fin de compte, comme la crise perdure, ils perdent eux aussi leur emploi et n'ont pas de revenu pour se rendre à leur pension. En même temps, on a perdu des jeunes travailleurs qui sont partis ailleurs et qui ne seront plus disponibles lorsqu'il y aura une relance de l'industrie forestière.
À mon avis, le gouvernement fédéral devrait sortir de sa coquille. Il pense que c'est le marché qui régulera tout, qui réglera tout et que le gouvernement n'a pas de responsabilité d'intervention. À mon avis, les Québécois et les Canadiens s'attendent à avoir un gouvernement qui crée les conditions pour développer la prospérité, pour permettre à tout le monde de créer d'abord la richesse et d'ensuite la répartir adéquatement. En ce moment, on voit les nuages s'accumuler. Il y a un ralentissement économique important. C'est à peu près le pire type de gouvernement qu'on pouvait avoir pour faire face à ce type de réalité.
Malheureusement, cela me rappelle dangereusement ce qui s'est passé juste avant la Grande Crise à la fin des années 1920 et au début des années 1930, aux États-Unis. Les républicains au pouvoir disaient qu'il fallait que le gouvernement intervienne le moins possible. Heureusement, on a changé à ce moment-là et on est allé du côté de Franklin D. Roosevelt et des démocrates qui ont alors appliqué les bonnes théories pour avoir une relance de l'économie.
Nous aurions attendu une attitude semblable de la part du gouvernement, mais on ne retrouve pas cela. Le programme d'aide aux travailleurs âgés n'est pas une mesure qui aurait coûté des milliards de dollars. La mise en place de ce programme aurait coûté moins de 100 millions de dollars et cela aurait permis à des centaines et à des milliers de personnes qui ont travaillé toute leur vie, qui ont soutenu leur famille, d'avoir un revenu minimal suffisant pour se rendre jusqu'à leur pension.
Malheureusement, dès ma première élection dans le comté actuel, en 2004, j'ai vécu les conséquences d'une fermeture importante avec la fermeture de l'usine Whirpool, à Montmagny. Encore aujourd'hui, on en voit les conséquences. Cela ne veut pas dire que la région n'est pas une région dynamique, productive et qui ne crée pas d'emplois. Cela veut dire que lorsqu'on met à pied 500 employés, et qu'au-delà de 150 ou 200 d'entre eux sont des travailleurs âgés, en définitive, il restera toujours un nombre très important de ces derniers qui ne pourront, pour différentes raisons, se retrouver un emploi malgré tous leurs efforts. Ces gens-là auraient mérité un effort du présent gouvernement, un effort qu'on ne retrouve pas dans la position qu'il a adoptée.
Ensuite, pour le Québec, il y a dans ce budget une provocation très claire, très nette et inacceptable, soit la volonté de l'actuel , son obstination, son obsession à vouloir mettre en place une commission des valeurs mobilières unique au Canada. On dirait que c'est son passé en tant que ministre des Finances de l'Ontario qui ressurgit ou bien ce sont ses ambitions pour sa possible future carrière s'il veut devenir premier ministre de l'Ontario. Or, on a démontré au Québec qu'on avait une agence des valeurs mobilières efficace, qui pouvait travailler correctement et qui offrait des services intéressants. L'obsession du ministre conservateur à ce sujet est inacceptable.
Dans le fond, quand on compare ce qu'on retrouve dans le budget et ce que les Québécois et les Québécoises nous ont dit lors de l'ensemble de la consultation menée préalablement au budget, il n'y a rien qui ressemble à ce que souhaite le Québec. En ce sens, au-delà des mots, au-delà du fait que le gouvernement ait fait adopter une motion sur la nation québécoise, quand il s'agit maintenant de mettre de la chair autour de l'os, quand il s'agit de faire connaître ce que cela veut dire pour les Québécois, le Parti conservateur ne livre rien. Il n'y a rien à cet égard dans le contenu de ce budget fédéral.
On aurait souhaité obtenir de la part du gouvernement fédéral des réponses à ces préoccupations. Par exemple, dans le secteur de la culture, on ne retrouve pas les réinvestissements que notre société aurait mérités. Pourtant, cela est une forme d'expression des nations. Pour que la nation québécoise puisse continuer à rayonner dans l'ensemble de l'Amérique du Nord, à connaître les succès qu'elle a eus et à le faire encore plus largement, elle aurait besoin du soutien fédéral en cette matière. On aurait besoin de gestes concrets permettant la mise en valeur cette nation. On ne retrouve pas cela dans le présent budget.
Il y a également une différence de culture, du moins entre les conservateurs et le Québec, au niveau de la répartition de la richesse. Par le passé, le Québec a mis sur pied des programmes comme le programme de congé parental ou le programme de garderies, par exemple. À cause des choix de valeurs de société du Québec, on a cru important de mettre ces programme de l'avant et de mettre l'argent nécessaire pour les réaliser. Là, avec le gouvernement conservateur, on ne retrouve pas cette approche. L'un des secteurs le plus touché est celui du logement social. Pourtant, on aurait pu faire d'une pierre deux coups. L'argent investi dans le logement social permet de la construction, ce qui crée de l'emploi. En même temps, cela permettrait à des gens de sortir de la pauvreté. En effet, très souvent, si les gens subissent grandement des problèmes de pauvreté, c'est parce qu'ils sont obligés de consacrer 50, 60 et jusqu'à 70 p. 100 de leurs revenus au logement. Cela ne leur laisse pas suffisamment de moyens pour tous les autres aspects.
On voit donc — et je conclurai là-dessus — qu'il y a une partie de la population qui est particulièrement outrée de l'action des conservateurs, particulièrement avec le budget. Cette partie de la population, ce sont les femmes. Les femmes du Québec et les femmes du Canada se sont vu retirer un outil important pour gagner des causes. Les conservateurs ont décidé d'appliquer une approche qui serait celle d'une compagnie privée plutôt que celle d'un gouvernement.
En ce sens, pour l'ensemble des raisons que je viens de mentionner, je considère que ce budget est un mauvais budget pour le Québec, un mauvais budget pour le Canada. On souhaite que le gouvernement conservateur enregistrera un certain nombre de messages. On verra. À l'heure actuelle, les conservateurs profitent un peu des problèmes internes du Parti libéral du Canada, mais dans la pratique, c'est un mauvais budget. C'est une mauvaise situation et cela ne correspond aucunement à ce que les Québécois et les Canadiens attendaient d'un gouvernement minoritaire. Le gouvernement semble se comporter comme s'il était majoritaire. Il fait des choix qui ne sont pas ceux du Québec.