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INST Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON INDUSTRY, SCIENCE AND TECHNOLOGY

COMITÉ PERMANENT DE L'INDUSTRIE, DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 1er mars 2001

• 0910

[Traduction]

La présidente (Mme Susan Whelan (Essex, Lib.)): La séance est ouverte. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous allons examiner les prêts aux petites et moyennes entreprises.

Nous sommes très heureux d'accueillir ce matin des représentants du secteur des banques au Canada. Nous recevons Carol Gray, vice-présidente exécutive, Services bancaires aux petites entreprises, CIBC; Jim Hamilton, vice-président, Services financiers aux particuliers et aux entreprises, Banque Royale du Canada; Jim Howden, premier vice-président, gestion du risque et service du crédit, Société HSBC; Caroline Hubberstey, conseillère auprès des petites entreprises, Association des banquiers canadiens; Susan Kennedy-Loewen, vice-présidente, Services bancaires aux petites entreprises, Banque Scotia; Derrall Moriyama, premier vice-président, Services bancaires aux petites entreprises, Banque de Montréal; Nick Stitt, vice-président, Services bancaires aux petites entreprises, Groupe financier de la Banque Toronto- Dominion; Benjamin Tal, économiste principal, CIBC; et Peter Thompson, vice-président, Services aux entreprises, Banque nationale du Canada.

Caroline Hubberstey et Benjamin Tal vont faire une déclaration, et ensuite tous les témoins pourront répondre aux questions. Je laisse donc la parole à Caroline Hubberstey.

Mme Caroline Hubberstey (conseillère aux petites entreprises, Association des banquiers canadiens): Merci. Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour.

Nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui afin de poursuivre notre fructueux dialogue avec vous sur la question de la relation que le secteur bancaire entretient avec le secteur des petites et moyennes entreprises du Canada. Il s'agit d'une relation à laquelle nous accordons énormément d'importance. J'ai le plaisir d'être accompagnée aujourd'hui de hauts dirigeants de chacune des principales banques, lesquels prendront part à la présente discussion et répondront à vos questions. Je ne crois pas qu'il soit possible de nos jours de lire un journal ou de regarder la télévision sans qu'il y soit question d'économie. C'est pourquoi nous sommes très heureux que M. Benjamin Tal nous accompagne aujourd'hui pour présenter le contexte économique dans lequel les petites entreprises exercent leurs activités. M. Tal possède une vaste expérience de l'étude du marché de la petite entreprise.

Au nom des banques et de l'ABC, je tiens d'abord à souligner que nous sommes ravis d'avoir travaillé avec votre comité ces dernières années. Nous avons favorisé une relation productive et proactive, laquelle nous a permis de travailler ensemble à l'atteinte de notre objectif mutuel qui consiste à aider les petites entreprises du Canada à croître et à prospérer.

Pendant cette période, nous avons aussi pris conscience du fait que l'atteinte de cet objectif exige les efforts de nombreux acteurs du secteur privé, d'associations, du monde universitaire et du gouvernement. Poursuivant sur notre lancée, nous souhaitons vivement continuer notre travail avec vous et nous espérons que de nombreux autres intervenants se joindront à cette table pour trouver des solutions aux nombreux enjeux et défis auxquels font face les petites entreprises dans le monde d'aujourd'hui en constant changement.

Les forces de changement incitent toutes les entreprises à envisager différemment leurs activités d'exploitation. Grandes ou petites, les entreprises font face à une concurrence accrue, aux changements du marché et au défi que suscite l'application de nouvelles technologies en vu d'accroître l'efficacité, d'acquérir de nouvelles affaires et de mieux servir les clients. Ces changements nous incitent tous à faire preuve d'un plus grand sens de l'entrepreneuriat pour réussir. Les banques n'y échappent pas. En fait, le sens de l'entrepreneuriat est probablement ce qui décrit le mieux les efforts des banques pour répondre aux besoins des petites entreprises.

Les banques du Canada entretiennent une relation unique avec plus de 1,6 million de petites entreprises. Pour ce faire, elles ne disposent d'aucune solution uniformisée. Croire le contraire serait sous-estimer la nature tout à fait dynamique des petites entreprises et de leurs propriétaires. Qu'il suffise de penser à tous les différents secteurs d'activité: agriculture, communications, secteur manufacturier et services aux entreprises, pour n'en nommer que quelques-uns—et à tous les types d'entreprise de ces secteurs. Chacune de ces entreprises en est à un stade différent de son développement, a des besoins différents et doit relever des défis différents.

Voilà pourquoi les banques du Canada font preuve d'entrepreneuriat et adoptent une vision élargie lorsqu'elles conçoivent et lancent de nouveaux produits et services. Les banques investissent énormément de ressources, de temps et d'énergie pour desservir la collectivité des petites entreprises du Canada, et elles continuent de lancer de nouvelles initiatives qui attireront de nouvelles affaires et permettront de mieux servir les petites entreprises qui font déjà partie de leur clientèle.

Les petites entreprises forment un marché chaudement disputé. Les banques se livrent non seulement une vive concurrence pour acquérir une part de ce marché, mais elles sont aussi confrontées à un éventail croissant d'autres concurrents. Les stratégies de chaque banque sont de plus en plus divergentes et innovatrices. Elles consistent notamment à élargir la gamme des produits et des services en développant des partenariats et des alliances stratégiques uniques avec d'autres entreprises. Il ne s'agit pas de fournir uniquement des capitaux, mais aussi des services, de l'information et du savoir-faire. Vous entendrez sans doute parler des différentes approches des banques, mais vous constaterez aussi qu'elles partagent certains thèmes, en particulier le désir de chaque banque de desservir les petites entreprises et de le faire bien.

• 0915

En ce qui a trait au financement des petites entreprises, ne vous y trompez pas: les banques se font bel et bien concurrence. Elles desservent les clients existants et recherchent de nouveaux clients en offrant des produits plus souples et en simplifiant le processus de demande de crédit, surtout lorsqu'il s'agit de montants peu élevés. Les statistiques les plus récentes montrent que le financement par emprunt autorisé par les sept principales banques s'élève actuellement à 71,5 milliards de dollars et vise plus de 788 000 PME au Canada. Voilà qui représente une augmentation de près de 5 milliards de dollars en capital et un accroissement de la clientèle de l'ordre de 12 p. 100 depuis 1996.

Dans le domaine du financement, la concurrence est vive et se porte bien au Canada. En fait, les banques procurent environ 50 p. 100 du financement par emprunt aux PME. Des technologies améliorées permettent à d'autres fournisseurs de financement d'exercer plus facilement leur concurrence. Ils n'ont pas besoin d'être Canadiens, ni même d'être une banque. Une petite entreprise pourrait obtenir le financement de tout son matériel informatique auprès de Dell, sans que sa banque ne se doute qu'elle est à la recherche de financement.

En travaillant avec votre comité, nous avons beaucoup appris sur la nature dynamique du financement des PME et sur l'importance de comprendre le fonctionnement du marché du financement. Voilà pourquoi, depuis le quatrième trimestre de 1995, les principales banques fournissent de l'information quantitative détaillée sur le crédit qu'elles consentent aux PME du Canada. Outre ces rapports, le secteur bancaire a procuré trois sondages menés à l'échelle nationale auprès des propriétaires d'une petite entreprise.

Les banques font figure de chefs de file en ce qui a trait à la fourniture de données portant sur leurs activités de financement par emprunt aux PME. À présent, nous avons besoin de plus d'information de la part des autres fournisseurs de crédit et de plus de renseignements sur d'autres types de financement, dont le financement par capitaux propres, pour bien comprendre les besoins des PME en matière de financement et y répondre adéquatement.

Le gouvernement fédéral partage notre avis. Il a entrepris un projet qui s'inspirera du modèle du secteur bancaire. Statistique Canada travaillera en collaboration avec Industrie Canada afin de recueillir et de publier des données sur le financement par emprunt et le financement par capitaux propres provenant de tous les fournisseurs.

Dans le cadre de la nouvelle politique du gouvernement fédéral, l'ABC travaille également avec Industrie Canada, Statistique Canada et d'autres organismes, y compris la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, afin de mettre au point un sondage destiné aux petites entreprises canadiennes. Les résultats du sondage nous aideront à mieux comprendre comment ces entreprises se financent.

Nous travaillons en étroite collaboration avec des représentants du gouvernement depuis le mois de février 2000 afin d'assurer la réussite de ces projets. Nous espérons vivement voir le jour où tous les fournisseurs de financement aux PME se joindront à nous à cette table pour discuter de leur contribution à la santé financière des PME du Canada.

L'information obtenue auprès d'un éventail toujours plus vaste de fournisseurs de financement aux PME permettra de mieux comprendre non seulement le marché des PME, mais aussi les questions de financement des PME et leurs sources de financement.

Le financement est une question primordiale pour les petites entreprises. Voilà pourquoi il est si important de fournir aux propriétaires d'une petite entreprise de l'information sur tous les types de financement disponibles et sur tous les divers fournisseurs, de manière à ce qu'ils puissent prendre des décisions éclairées quant à leurs besoins en matière de financement.

Il est extrêmement important que les petites entreprises sachent quels sont les types de financement à leur disposition, quel est le meilleur financement à leur stade de développement, où obtenir ce financement et quels sont les éléments dont elles doivent tenir compte au moment de gérer le financement qu'elles reçoivent.

Bien que le financement soit important, nous savons que gérer une entreprise prospère exige bien davantage que des capitaux. Il faut du savoir-faire. Pour aider les petites entreprises, nous devons renforcer le message selon lequel l'accès à l'information et le développement des compétences constituent les composantes les plus fondamentales de l'entreprise. Il est crucial qu'elles se dotent d'une assise solide. Voilà pourquoi les banques contribuent à maints égards au développement des compétences des petites entreprises.

Les propriétaires d'une petite entreprise et les entrepreneurs éventuels peuvent accéder à une mine d'information provenant des banques du Canada. Ces dernières appuient également de nombreux programmes d'études en entrepreneuriat, offerts par des établissements postsecondaires de par le Canada, afin d'aider les propriétaires d'une entreprise à développer les compétences et les connaissances dont ils ont besoin pour relever les défis d'un monde qui change rapidement.

• 0920

Les banques travaillent aussi collectivement à un certain nombre d'initiatives axées sur les compétences des petites entreprises. Nous travaillons en partenariat avec Industrie Canada à Kingston et à Sault Ste. Marie pour mener à bien un projet pilote d'infrastructure de PME, lequel a connu un énorme succès dans la région de Niagara—St. Catharines. Ce projet fait sans cesse ressortir l'importance de l'accès à l'information et du développement des compétences de même que l'importance des efforts déployés par de multiples intervenants de la collectivité pour favoriser la réussite des petites entreprises.

En outre, par l'intermédiaire de l'ABC—et à la suite des efforts entrepris avec votre comité—le secteur bancaire a réussi à sensibiliser les jeunes à l'importance d'acquérir de bonnes compétences en gestion financière grâce au programme «Questions d'argent». Ces compétences constituent une composante clé de la conduite d'une entreprise prospère. C'est un fait bien connu de nos enseignants que plus de 60 p. 100 des sessions de «Questions d'argent» se tiennent dans le cadre de cours axés sur l'entrepreneuriat.

Depuis le lancement du programme vers le milieu de 1999, près de 700 sessions ont eu lieu dans les écoles secondaires, soit auprès de plus de 18 000 étudiants. De plus, nous planifions de nouvelles sessions tous les jours. La réponse des étudiants, des enseignants, des parents et des parlementaires est fort enthousiaste. Fait le plus important, plus de 98 p. 100 des étudiants ont accordé à leur session la cote bon à excellent.

Au printemps dernier, nous avons lancé un séminaire afin d'aider les petites entreprises à mieux comprendre le commerce électronique. Depuis le lancement, nous avons tenu 42 sessions du séminaire «Votre entreprise et le commerce électronique», auxquelles ont participé près de 6 000 propriétaires d'une petite entreprise. Nous planifions actuellement 28 autres sessions qui se tiendront au cours des mois à venir. Les petites entreprises apprécient grandement ce séminaire, et 97 p. 100 lui accordent la cote bon à excellent. Leurs observations sont fort précieuses pour d'autres intervenants qui s'intéressent aux enjeux reliés à l'adoption du commerce électronique.

Je vous remercie de votre soutien à ces programmes et de votre participation.

Dans une récente allocution, Catherine Swift, présidente et chef de la direction de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, a déclaré:

    Notre pays est devenu si sclérosé sur le plan psychologique que l'on consacre souvent plus d'efforts à défendre son territoire qu'à favoriser la communication. Tant bien que mal, nous nous maintenons vaille que vaille, certes en évitant de s'enliser dans l'ornière, mais en n'avançant pas aussi rapidement que nous le devrions vers cet avenir plus reluisant qui se trouve au tournant de la route.

Selon Mme Swift, on peut accomplir énormément de choses lorsqu'on ouvre les lignes de communication. Le travail du secteur bancaire dans le cadre de votre comité en est un excellent exemple. Il a toujours favorisé une discussion ouverte, le progrès, l'apprentissage et une approche proactive. Il favorise un travail d'équipe vers l'atteinte d'un objectif mutuel: aider les petites entreprises du Canada à croître et à prospérer.

Je vous remercie de votre attention. J'aimerais à présent céder la parole à M. Tal. Nous répondrons ensuite volontiers à vos questions.

La présidente: Merci. Monsieur Tal, c'est à votre tour.

M. Benjamin Tal (économiste principal, CIBC, Association des banquiers canadiens): Merci beaucoup et bonjour.

Pour être bien honnête avec vous, j'ai de bonnes et de mauvaises nouvelles à vous communiquer. Je pense que je vais commencer par les mauvaises. Mais d'abord, j'aimerais faire un commentaire sur un sujet qui, pour moi, est très important quand on commence à discuter d'économie.

Vous savez qu'il y a eu récemment beaucoup de discussions et d'hypothèses au sujet de l'imminence d'une récession au Canada. Pour un économiste comme moi, le mot récession n'est rien de plus qu'un terme technique. Il y a récession quand le PIB et l'activité économique sont à la baisse pendant deux trimestres consécutifs. Mais, pour bien des gens qui ne sont pas économistes, la récession évoque les jours sombres de 1991. Il y a un fossé qui sépare ces deux interprétations du même mot.

Donc, quand on parle d'économie, il est important d'utiliser la même langue, d'éviter le langage utilisé dans les journaux pour attirer l'attention. Cela dit, je vais commencer par expliquer la situation de l'économie. Nous devrions très vite en arriver aux bonnes nouvelles.

Sur le premier graphique, vous pouvez constater que l'économie américaine ralentit rapidement. Effectivement, le secteur manufacturier de ce pays traverserait en principe une période de récession étant donné qu'il connaît un ralentissement ou une baisse depuis environ deux trimestres consécutifs. Nous observons un essoufflement important dans l'industrie de l'automobile aux États-Unis, et il est clair qu'il y en a un dans l'industrie textile. En outre, depuis quelques semaines, il y a de plus en plus d'indices qui montrent que l'industrie américaine de la haute technologie ralentit.

• 0925

La ligne pleine indique que l'ensemble de l'économie suit la situation du secteur manufacturier. Elle est en hausse d'environ 1 à 2 p. 100 par année, soit environ 5 p. 100 de moins qu'il y a à peine quelques trimestres. Il s'agit donc d'un fléchissement prononcé et rapide. Pour être honnête avec vous, Dieu lui-même, M. Greenspan, a été surpris de la rapidité de la baisse.

Qu'en est-il de l'économie canadienne? Eh bien, c'est plus ou moins la même chose, franchement. Comme vous le savez, l'activité du secteur manufacturier au Canada diminue. C'est assurément le cas de l'industrie de l'automobile en Ontario. La ligne pointillée montre clairement qu'il y a un ralentissement important de l'activité dans le secteur manufacturier. Vous pouvez aussi remarquer qu'il y a une corrélation entre l'ensemble de l'économie—la ligne pleine—et le secteur manufacturier.

Vous voyez maintenant pourquoi il est si facile d'être économiste. Il suffit de suivre les lignes, et vous pouvez prévoir que le ralentissement de l'activité dans le secteur manufacturier annonce que l'économie canadienne suivra sous peu. Les chiffres produits récemment par Statistique Canada sur le PIB commencent à indiquer cette tendance, et il n'y a donc pas de doute à ce sujet. La croissance va passer d'environ 5 p. 100 à 2 ou 3 p. 100, ce qui est un recul important et rapide. Nous allons suivre l'exemple des États-Unis dans une certaine mesure.

Passons au prochain graphique.

Ce graphique montre que le Canada commence à sentir la pression. C'est en l'an 2000, l'an dernier, que le Canada a enregistré le meilleur taux de rentabilité de son histoire. Comme vous le savez, le marché boursier a réagi en conséquence, évidemment. Mais, déjà, on constate que la santé des entreprises commence à décliner. Leurs profits vont baisser au cours des six à huit prochains mois. Si on se revoit dans quelques mois, on pourra constater que toutes les courbes des graphiques auront baissé. Il est clair qu'il faut s'attendre à ce que les profits des entreprises diminuent d'ici six à huit mois.

Cela veut dire évidemment, comme le montre le graphique suivant, que les faillites seront à la hausse. Il serait bien naïf de croire, à mon avis, que les faillites d'entreprise vont rester à leur niveau actuel. Les six prochains mois seront marqués par une hausse importante des faillites d'entreprise. Il faut s'y attendre. C'est le cycle normal, et tout ce qu'on pourrait faire pour l'économie aujourd'hui ne favorisera malheureusement pas la croissance au cours des trois à six prochains mois, parce que le phénomène est déjà enclenché. Je m'attends donc à ce qu'il y ait une augmentation des faillites d'entreprise au cours des six prochains mois.

Et, bien sûr, le marché boursier—comme le montre le prochain graphique—réagit. Comme vous le savez, il y a une légère baisse du marché boursier depuis quelques mois, surtout au profit du marché des obligations. En effet, à la volatilité du marché boursier, les gens préfèrent la sécurité du marché obligataire. Je pense vraiment que cette tendance va se poursuivre au cours des prochains mois. À mon avis, les malheurs n'ont pas encore tous frappé le marché ou le subconscient des investisseurs et, selon moi, il y aura encore d'autres mauvaises nouvelles au cours des prochains mois. Le marché boursier continuera de ralentir au profit du marché obligataire. C'est ainsi que les choses se passent dans ce milieu.

J'en arrive aux mauvaises nouvelles—c'est le graphique suivant—l'économie va subir un ralentissement au cours des six à huit prochains mois, passant de 5 p. 100 à environ 2 à 3 p. 100 de croissance. Le taux de chômage va augmenter, passant des 7 p. 100 actuels à peut-être 8 p. 100. Les faillites d'entreprises et de particuliers seront à la hausse et la rentabilité des sociétés sera à la baisse. Tous ces facteurs sont pratiquement une évidence et il faut s'y attendre.

Après les mauvaises nouvelles, je suis sûr que vous êtes prêts à entendre les bonnes. En fait, je vais me servir exactement du même graphique pour les bonnes nouvelles, mais je vais le présenter sous un angle différent. Je vais essentiellement revenir à ma première remarque au sujet d'une récession et la comparer à 1991.

Si vous regardez le graphique, vous voyez la situation en 1991 et celle d'aujourd'hui. Vous pouvez voir qu'il n'est vraiment pas possible des les comparer. Même les plus sombres prédictions du marché n'envisagent pas un ralentissement de l'économie semblable à celui dont nous avons été témoins en 1990-1991. Il ne faut pas oublier que la récession de 1991 a été un choc important pour l'économie canadienne. Tout d'abord, la récession a duré officiellement quatre trimestres. Le PIB a baissé pendant toute une année. C'est pratiquement une double récession, si vous voulez.

• 0930

Il ne s'agissait pas uniquement de l'ampleur de la récession officielle. La reprise, comme vous vous le rappelez, a été très lente et je suis sûr que vous vous souvenez tous de l'expression «reprise économique dite sans emplois». En fait, le redressement après la récession de 1991 a duré jusqu'en 1994-1995. Cela a été un terrible choc pour l'économie. Aujourd'hui, la situation est différente et nous ne nous attendons pas à ce que le ralentissement actuel soit aussi sévère. La question est de savoir pourquoi? Pourquoi les choses sont-elles différentes aujourd'hui? Tournons la page.

Tout d'abord, il y a l'inflation. Le taux actuel de l'inflation est beaucoup plus bas qu'il ne l'était en 1991. Il se situe aux alentours de 3 p. 100 aujourd'hui, si l'on tient compte de la récente augmentation des prix de l'énergie. Si l'on n'en tient pas compte, le taux d'inflation actuel est beaucoup plus bas et en fait, se comporte très bien. Le taux d'inflation actuel correspond essentiellement à la moitié de ce qu'il était en 1991.

Pourquoi le facteur inflation est-il si important? Parce qu'une inflation plus faible se traduit par des taux d'intérêt beaucoup plus bas. Si vous passez à la page suivante, vous pouvez voir que les taux d'intérêt actuels sont d'environ 5 p. 100, alors qu'en 1991, ils atteignaient environ 11 à 12 p. 100. C'est une grande différence. Non seulement les taux d'intérêt sont-ils plus bas aujourd'hui, mais ils sont déjà en train de diminuer.

Comme vous le savez, la Réserve fédérale américaine a diminué les taux d'intérêt de 100 points de base en janvier, soit 1 p. 100. C'est la première fois depuis longtemps qu'elle agit de façon aussi agressive. La Banque du Canada va suivre son exemple très bientôt, abaissant probablement les taux de 50 points de base, si bien que les taux d'intérêt sont déjà en train de diminuer, alors qu'ils sont très bas, pour commencer. Nous parlons ici de la capacité des banques centrales à baisser les taux d'intérêt; cela s'explique par le taux peu élevé d'inflation. C'est très important.

Le dollar, comme vous le savez, est la principale victime des faibles taux d'intérêt. Le dollar s'est très bien maintenu ces quelques dernières années. Il correspond à près de 65 ou 66c aujourd'hui. Tout le monde dit que le dollar est sous-évalué et que les principes de base de l'économie canadienne devraient soutenir un dollar fort. Très franchement, je ne crois pas que ce soit le cas. À mon avis, le dollar canadien ne sera pas en mesure de se rétablir de façon significative cette année ou d'ici deux ans. Pourquoi? Parce qu'il faut véritablement réagir à ce qui se passe aux États-Unis. Effectivement, les principes de base de l'économie canadienne sont peut-être meilleurs que ceux de l'économie américaine, mais pour le marché dans son ensemble, ce sont les États-Unis qui comptent. Si nous prévoyons que les États-Unis se redressent l'année prochaine, c'est de nouveau le dollar américain qui comptera. Étant donné la force du dollar américain, il sera très difficile pour le dollar canadien de se redresser de façon significative.

Je ne suis pas extrêmement optimiste à propos des perspectives du dollar canadien d'ici cette année ou d'ici les deux prochaines années. Dans une perspective à court terme toutefois, un dollar canadien plus bas est une bonne nouvelle pour les exportateurs et donc, pour l'économie. Si nous comparons la situation actuelle—65c.—par rapport à celle de 1991—88c.—vous pouvez voir de quelle manière un dollar plus bas peut actuellement contribuer au processus de la reprise.

La page suivante explique pourquoi l'économie va s'en sortir beaucoup mieux aujourd'hui qu'en 1991. Le fait est que les sociétés du Canada sont beaucoup plus productrices aujourd'hui qu'elles ne l'étaient en 1991. Nous parlons d'augmentations importantes de l'investissement dans le matériel et l'outillage et dans la haute technologie. Une telle augmentation d'investissement se traduit nécessairement par des retombées positives pour la productivité. Il est clair que la productivité des sociétés du Canada s'améliore considérablement.

Il ne s'agit toutefois pas uniquement de productivité, mais aussi de flexibilité. Nous avons des sociétés qui maintenant impartissent beaucoup de leurs activités, si bien qu'elles sont plus flexibles. Leurs niveaux de stocks sont beaucoup plus bas, si bien que l'expression stocks juste à temps n'est pas vide de sens, mais représente un changement de philosophie. À mon avis, tous ces changements font en sorte que les sociétés du Canada sont beaucoup plus immunisées contre un ralentissement économique qu'elles ne l'étaient en 1991.

Il ne faut pas oublier un autre facteur, à savoir qu'en 1991, les sociétés du Canada devaient tenir compte du processus de restructuration relié à l'ALÉNA. Aujourd'hui, l'ALÉNA est bien implanté, si bien que vous n'avez plus cet impact négatif sur les sociétés du Canada.

Tous ces facteurs signifient que les sociétés sont aujourd'hui beaucoup moins vulnérables au cycle.

Bien sûr, le troisième facteur—page suivante—c'est le gouvernement. En 1991, nous avions un déficit de 30 milliards de dollars, comme vous le savez. Aujourd'hui, nous avons un excédent. Nous parlons de baisse des impôts et d'augmentation des dépenses. Bien sûr, on peut se demander jusqu'à quel point il est bon de baisser les impôts et d'augmenter les dépenses. Le fait est que le gouvernement joue un rôle plus positif en matière de stimulation de l'économie. Le gouvernement est plus à même d'aider l'économie, ce qui est une grande différence par rapport à 1991.

• 0935

En règle générale, nous parlons d'une économie complètement différente. Ironiquement, le choc de la récession de 1991 explique en majeure partie cette amélioration, car on ne peut pas subir un tel choc, une reprise dite sans emplois, sans profondément changer l'économie. Je crois que l'économie canadienne a subi un important changement structurel dans la façon dont les choses se font. Par conséquent, je pense que l'économie va pouvoir se redresser.

Effectivement, l'économie va ralentir, passant de 5 p. 100 à 2 ou 3 p. 100. Votre estimation n'est pas meilleure que la mienne. Ce ralentissement ne va pas être aussi grave que la récession que nous avons connue en 1991 et la reprise va se faire beaucoup plus rapidement. L'économie va se redresser beaucoup plus rapidement qu'en 1991. Nous n'aurons pas la reprise dite sans emplois qui a duré jusqu'en 1994 ou 1995. Ce sont les bonnes nouvelles.

Qu'est-ce que cela signifie pour la petite entreprise? La petite entreprise est un segment très cyclique de l'économie, probablement le plus cyclique. Lorsque l'économie va bien, les petites entreprises tendent à surclasser l'économie globale, car elles sont plus petites, plus dynamiques et en mesure de changer les choses. Par contre, lorsque l'économie va mal, elles tendent à mal se comporter. C'est très important. Par exemple, lorsqu'il y a impartition et que les grosses entreprises commencent à voir un certain ralentissement, vous savez bien que les petites entreprises, qui font ce travail d'impartition, sont les premières à être visées.

De toute évidence, nous parlons d'un segment de l'économie très instable et très sensible. Nous savons que l'économie va subir un ralentissement au cours des six à huit prochains mois. Qu'est-ce que cela veut dire pour l'activité de la petite entreprise? Cette activité va ralentir et elle va ralentir encore plus rapidement que l'économie canadienne en général. Il faut s'y attendre et il serait naïf de ne pas le faire, je le répète. Comme je l'ai dit plus tôt, cela va se traduire par une hausse des faillites au cours des six à huit prochains mois.

Cela étant dit, il faut également examiner le secteur de la petite entreprise d'un point de vue plus structurel. Il ne faut pas oublier que l'on assiste à une augmentation importante du travail indépendant dans l'économie mondiale et ce, depuis 10 ans. En fait, à 50 p. 100, les emplois créés entre 1989 et 1999 sont des emplois indépendants. Nous croyons qu'au cours des 5 à 10 prochaines années, le travail indépendant va devenir beaucoup plus important dans l'économie. Pourquoi? Il y a plusieurs raisons à cela.

Tout d'abord, la démographie. Pour la première fois, nous allons nous trouver dans une situation où le segment de la population dont la croissance est la plus rapide—les baby boomers âgés de 45 à 65 ans—sera également le segment où la probabilité de travail indépendant sera la plus élevée. Par conséquent, le segment de l'économie qui connaît la croissance la plus rapide fera probablement du travail indépendant, ce qui augmentera bien sûr ce genre de travail dans l'économie.

Nous assistons également à une augmentation importante de la tendance au travail indépendant parmi les jeunes. La philosophie de l'autonomie est bien là. Beaucoup de jeunes choisissent un travail indépendant, car c'est ainsi qu'ils veulent mener leur vie. Ils veulent exceller dans les conditions qu'ils choisissent pour eux- mêmes.

Bien sûr, il y a aussi la technologie. L'existence de l'Internet et de la technologie des microplaquettes amène à la décision du travail indépendant. Par conséquent, la technologie elle-même va augmenter cette tendance au travail indépendant.

Il y a ensuite l'immigration. Nous savons que les immigrants sont beaucoup plus portés que les gens nés au Canada à faire du travail indépendant—ce qui explique une fois de plus que le travail indépendant va augmenter.

Beaucoup de raisons portent à croire, d'un point de vue structurel, que le travail indépendant et la petite entreprise vont continuer à dominer l'économie. En fait, actuellement, le travail indépendant représente 16 p. 100 de l'emploi total. D'ici 5 à 8 années, nous croyons qu'il représentera plus de 20 p. 100 et qu'un employé sur cinq au Canada sera travailleur indépendant.

Nous parlons d'un changement structurel important, mais en même temps, les six à huit prochains mois vont être très difficiles pour l'économie et pour la petite entreprise.

C'est ainsi que se termine mon message. Si vous avez des questions, je me ferais un plaisir d'y répondre.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Tal.

• 0940

Pour les membres du comité qui sont nouveaux, nous allons céder la parole tour à tour aux personnes de chaque côté de la table. Nous allons commencer par M. Penson. Nous avons habituellement des rondes de cinq minutes, mais comme nos témoins sont nombreux, je vais être un peu plus flexible à cet égard.

Monsieur Penson.

M. Charlie Penson (Peace River, AC): Merci, madame la présidente, et merci aux témoins d'être venus aujourd'hui nous donner un aperçu de ce à quoi nous pouvons nous attendre à court terme. Je crois, monsieur Tal, que vous conviendrez que les prévisions représentent une science assez inexacte si bien que les perspectives à long terme risquent de ne pas être aussi fiables. Même le gourou des États-Unis, M. Greenspan, a de la difficulté à prévoir les tendances de l'économie et sa lutte contre l'inflation aux États-Unis grâce à l'adoption de la politique monétaire, de la politique fiscale, est à l'origine de certains de ces problèmes, à mon avis; je veux parler des taux d'intérêts élevés visant à ralentir l'économie américaine et du facteur de l'inflation.

Je suis d'accord avec vous, le Canada est mieux placé cette fois-ci qu'en 1991. Beaucoup d'ajustements structurels ont été réalisés. Nous pourrions en faire plus, j'en suis sûr, mais nous sommes mieux placés. Nous ne sommes toutefois pas isolés. L'économie la plus importante au monde connaît un ralentissement. La deuxième, le Japon, a connu un ralentissement cette année, au lieu d'une sorte de reprise économique. Étant donné que nous dépendons tellement des exportations pour notre économie—près de 40 p. 100 de notre PIB provient des exportations—notre sort ne dépend-il pas vraiment de ces deux économies et du fait qu'elles continuent à subir un ralentissement ou qu'elles entrent dans une récession?

M. Benjamin Tal: Notre dépendance à l'égard des États-Unis a augmenté ces 10 dernières années, puisque nos échanges avec ce pays ont augmenté de 200 p. 100 au cours de cette période. Nous sommes donc plus vulnérables à ce qui se passe aux États-Unis et il ne faut pas s'en cacher. Je crois que la bonne nouvelle, c'est que tous les changements structurels que j'ai décrits se sont également produits aux États-Unis. Il est donc fort probable que l'économie américaine se remettra très vite, à court terme. Je conviens donc que la dépendance à l'égard des États-Unis n'est pas une très bonne nouvelle en ce qui concerne notre capacité à adopter une politique monétaire de manière indépendante de la Réserve fédérale américaine, mais c'est un fait. Il faut l'accepter, nous dépendons de ce qui se passe aux États-Unis.

Par exemple, il faut comprendre que toutes les mises à pied qui se produisent actuellement dans l'industrie de l'automobile s'expliquent uniquement par le ralentissement des ventes d'automobiles aux États-Unis. C'est la raison principale. Bien sûr, je ne crois pas que la politique monétaire au Canada puisse être complètement indépendante de ce qui se passe aux États-Unis, car alors, le dollar en souffrirait considérablement. Si je suis optimiste quant aux perspectives à long terme et à moyen terme pour le Canada, c'est parce que je crois que les États-Unis vont également bien s'en sortir.

Pour ce qui est du Japon, vous avez parfaitement raison. En fait, le Japon se heurte à de grosses difficultés et je ne suis pas très optimiste au sujet de ce pays, qu'il s'agisse du court terme ou du long terme. Je crois que le Japon connaît d'importants problèmes démographiques qui vont véritablement avoir un impact négatif sur les perspectives à long terme. Je pense que le Japon aimerait se considérer comme une superpuissance économique, ce qu'il n'est pas. En fait, son importance dans l'économie mondiale ne va cesser de diminuer.

M. Charlie Penson: Monsieur Tal, pour suivre d'aussi près les États-Unis, car nous dépendons énormément de la demande dans ce pays—le secteur de l'automobile est un exemple que vous avez cité—il faut suivre de très près ce qui se passe au niveau de la réduction constante des taux d'intérêts et de la façon dont cela pourrait permettre aux États-Unis de s'en sortir. Il y a également l'ensemble de mesures fiscales que le président vient juste de présenter au Congrès cette semaine—je sais qu'il s'agit de quelque chose à plus long terme. Les taux d'intérêts permettent-ils vraiment d'assurer un atterrissage en douceur? Cela ne s'est pas vraiment produit. Permettent-ils également de restaurer la confiance du consommateur? Il semble que vous faites preuve d'optimisme lorsque vous dites que les États-Unis vont se remettre assez rapidement. Pouvez-vous nous donner une idée du moment où, d'après vous, cela va se produire et quelles en seraient les raisons?

M. Benjamin Tal: Tout d'abord, vous avez parfaitement raison. Greenspan et la Banque du Canada se sont déjà servi des taux d'intérêts pour stimuler l'économie et, il y a un an, pour ralentir l'économie. Il ne faut pas oublier que la seule chose qui fait la différence entre un ralentissement et un ralentissement sévère, c'est la confiance, la confiance des entreprises et la confiance des consommateurs.

À mon avis, le dernier discours de Greenspan—et aussi celui de M. Dodge—portait davantage sur la psychologie que sur l'économie. Ils comprennent que la confiance des consommateurs et des entreprises est cruciale pour la reprise et je crois que c'est ce que M. Greenspan essaie de faire maintenant. Il a baissé les taux d'intérêts de façon très agressive, les diminuant de 100 points de base, soit 1 p. 100, en l'espace d'un mois. Cela ne s'était pas fait depuis longtemps. Si cela s'est fait, c'est parce qu'il croit que le cycle a changé. Il a dit essentiellement que les sociétés sont beaucoup plus en mesure de contrôler leur processus de production. Elles ont accès à davantage d'information, et par conséquent, peuvent réagir beaucoup plus rapidement à un ralentissement de l'économie. On appelle cela économie juste à temps. M. Greenspan est d'accord, mais pour lui, une économie juste à temps veut dire une politique monétaire juste à temps. Il faut être agressif pour tenir compte de ces changements économiques.

• 0945

Je crois que ce que vous dites est juste. Très franchement, je crois qu'ils vont trop loin, qu'ils paniquent, car ils risquent de diminuer les taux d'intérêts trop rapidement. Comme vous l'avez dit, l'année prochaine, ce taux d'intérêt va commencer à avoir un impact sur l'économie—comme vous le savez, les taux d'intérêts agissent à retardement. L'année prochaine toutefois, nous risquons également de voir l'impact de la baisse des impôts aux États-Unis. Tout d'un coup, le système subira deux chocs. En fait, nous stimulerons la demande et nous résisterons probablement à l'inflation.

Par conséquent, il est possible que nous soyons en présence d'une surréaction, comme cela a été le cas il y a un an au sujet de la hausse des taux d'intérêt. Malheureusement, la politique monétaire et la politique économique ne sont pas des sciences exactes. Il faut donc faire des hypothèses et il convient de se rappeler que le gros de l'information dont nous disposons remonte à quatre ou cinq mois. Nous n'avons pas véritablement d'informations ponctuelles, de sorte que nous sommes constamment dans un cycle d'action et de réaction. À mon avis, c'est un défi.

Évidemment, tout le monde pense que M. Greenspan est Dieu, mais il s'est trompé à maintes reprises au sujet de l'économie. Il essaie tout de même de raffiner le système et pour être franc, je pense que c'est très bon pour susciter la confiance des consommateurs. C'est la clé.

M. Charlie Penson: L'industrie bancaire joue un rôle considérable dans votre... [Note de la rédaction: Inaudible]... à l'extérieur du Canada ces temps-ci. Cela a été un atout, mais dans la conjoncture actuelle, cela pourrait aussi être un désavantage. Dans quelle mesure la conjoncture internationale influe-t-elle sur vos profits et sur votre capacité de gérer ces ralentissements, notamment dans le contexte des petites entreprises de chez nous? Vous prévoyez un nombre de faillites en hausse et je suppose qu'une partie de vos activités internationales seront en baisse. Dans quelle situation se retrouvent les banques du Canada?

M. Benjamin Tal: En fait, c'est intéressant parce que dans une certaine mesure, cela nous aide. L'Europe s'en tire beaucoup mieux que l'Amérique du Nord à l'heure actuelle et si l'on fait des d'affaires en Europe, il est possible d'augmenter son profit et ses investissements. Par conséquent, cela nous a vraiment aidé à compenser certaines faiblesses.

M. Charlie Penson: Autrement dit, vous avez étalé vos risques?

M. Benjamin Tal: Oui, c'est la diversification. Comme pour n'importe quel autre portefeuille de placements, il faut diversifier ses sources de revenus. Nous constatons une recrudescence de l'activité en Europe, avec une hausse d'environ 3 p. 100 par rapport au PIB—comparativement à 1,5 p. 100 aux États-Unis. De toute évidence, c'est une bonne chose que d'être présent en Europe. Certains pays d'Asie s'en tirent encore assez bien. Comme je l'ai mentionné, le Japon représente sans aucun doute un problème et pour ce qui est des États-Unis, comme nous traversons le même cycle, nous sommes touchés dans la même mesure.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Tal, monsieur Penson.

Madame Jennings, je vous prie.

[Français]

Mme Marlene Jennings (Notre-Dame-de-Grâce—Lachine, Lib.): Merci, madame la présidente, et merci aux témoins pour leurs présentations.

Mes questions porteront sur deux sujets. Le premier est la Loi sur le financement des petites entreprises du Canada et la loi qui l'a précédée. Je vois, dans les données que vous avez fournies, qu'au troisième trimestre de l'an 2000, les autorisations de crédit aux PME s'élevaient à 71,5 milliards de dollars. Quel pourcentage de ces prêts a été garanti en vertu de la Loi sur le financement des petites entreprises du Canada?

• 0950

De plus, est-ce que vous pouvez nous dire quelle est la qualité de ces prêts comparativement aux autres prêts octroyés par les grandes banques?

Monsieur Tal, vous avez dit que le nombre de faillites des entreprises était en croissance. Est-ce que vous avez une idée du pourcentage que cela pourrait atteindre lors de ce ralentissement de l'économie? Ça, c'est un volet.

Le deuxième volet concerne les programmes ou les actions que l'Association des banquiers canadiens a faits pour aider les petites entreprises à composer avec cette nouvelle économie, cette nouvelle structure. Je sais que vous avez fait des séminaires pour les étudiants sur l'argent: There's Something about Money. Je viens de lire cela et vous avez mentionné que vous avez un programme de séminaires pour les petites entreprises. Alors, j'aimerais que vous exposiez un peu plus le contenu de ce programme et ses effets. Voilà, vous avez maintenant du temps pour répondre.

[Traduction]

Mme Caroline Hubberstey: Je vous remercie beaucoup de vos questions. Je répondrai à la première partie, je laisserai M. Tal se charger de la partie du milieu et je reviendrai pour la fin.

Vous vous intéressez au pourcentage de prêts générés par la Loi sur le financement des petites entreprises du Cananda par rapport aux prêts réguliers des banques. Permettez-moi de faire une ventilation encore plus pointue car aux termes de la Loi, la limite s'élève à 250 000 $. Le chiffre cité dans l'allocution concerne les prêts de moins d'un million de dollars.

Par conséquent, si l'on regarde les prêts de moins de 250 000 $, ils représentent environ 15 p. 100 de l'ensemble du portefeuille des prêts consentis par les banques aux petites entreprises. Cela signifie que les banques se servent de plus en plus de leurs propres produits pour la grande majorité des prêts aux petites entreprises—car comme vous le savez, cela se fait dans le cadre d'un programme à risque partagé. Le gouvernement assume une partie du risque et les banques l'autre partie. Cela permet à tous les prêteurs—et il y en a 1 500 dans le programme—de s'aventurer un peu plus haut sur la courbe du risque et de financer des prêts à risque élevé.

Industrie Canada doit rendre public son rapport sur le programme à la fin du mois, si je ne m'abuse. Vous constaterez que les inscriptions au titre du programme sont en baisse, pour une multitude de raisons. Premièrement, nous voyons des entreprises dans une meilleure position financière et, deuxièmement, les banques se dotent de leurs propres produits pour mieux servir cette petite portion du marché et les entreprises sont évaluées d'une façon différente, plus favorable.

Pour ce qui est de la qualité des prêts consentis au titre du programme... je pense que vous avez soulevé la question du taux des prêts non remboursés. Le taux de non-remboursement aux termes du programme s'élève à 7 p. 100 environ. Par conséquent, 93 p. 100 des prêts sont remboursés.

C'est un excellent programme, si on le compare à ses homologues internationaux. Considérez le Programme 7a aux États-Unis ou le Programme de garantie des prêts en Angleterre. En Angleterre, le Programme de garantie des prêts affiche un taux de non-remboursement de 25 p. 100. Nous avons donc un programme de partage des coûts et des risques extrêmement efficace.

[Français]

Mme Marlene Jennings: Quelle est la qualité comparativement à celle des prêts qui ne sont pas garantis?

[Traduction]

Mme Carol Gray (vice-présidente exécutive, Services bancaires aux petites entreprises, Banque CIBC; Association des banquiers canadiens): J'aborderai cette question dans notre perspective. Je suis sûre que mes collègues voudront contribuer également.

Nous n'avons constaté aucun déclin de notre portefeuille de prêts aux petites entreprises. En fait, il continue de croître à un rythme très sain.

Je voudrais ajouter une chose à ce qu'a dit Caroline. Quelque 20 à 30 p. 100 des prêts un peu considérables consentis aux petites entreprises sont souvent financés par des instruments de prêts personnels. À cette extrémité de la chaîne, il est souvent très difficile de faire la distinction entre les prêts personnels et les prêts commerciaux, de sorte que cette clientèle fait appel à un instrument de prêt personnel pour financer ses besoins.

• 0955

Par conséquent, dans ce contexte, si l'on examine la qualité d'un prêt personnel, la situation continue d'être saine et dilue l'ensemble des prêts garantis en tant que pourcentage de la totalité. Je pense que cela reflète le fait que nous voyons une plus grande part du financement assumé par les banques sans recours aux garanties de l'État.

Mme Marlene Jennings: Vous avez dit que 14 à 15 p. 100 de l'ensemble du portefeuille était représenté par des prêts garantis aux termes de la Loi sur les prêts aux petites entreprises du Canada. S'agit-il de 15 p. 100 de crédit autorisé ou du reste?

Mme Caroline Hubberstey: Du reste.

Mme Marlene Jennings: D'accord.

M. Benjamin Tal: Vous avez posé une question au sujet des faillites.

Mme Marlene Jennings: Oui.

M. Benjamin Tal: Premièrement, je vous rappelle que les faillites sont en baisse depuis deux ans et demi, de sorte que nous commençons avec une base relativement faible. Dans la foulée de la récession de 1991, les faillites ont augmenté d'environ 35 p. 100. À l'heure actuelle, nous prévoyons que leur nombre grimpera de 10 à 20 p. 100. Par conséquent, cela ne sera pas aussi grave qu'au moment de la récession de 1991.

Mme Marlene Jennings: Merci.

[Français]

Quelle est la réponse à la dernière partie?

[Traduction]

Mme Caroline Hubberstey: Faites-vous allusion aux programmes, aux initiatives de l'ABC que j'ai signalées?

[Français]

Mme Marlene Jennings: Oui.

[Traduction]

Mme Caroline Hubberstey: Le programme appelé Question d'argent, comme on l'a dit, existe depuis le milieu de 1999 et connaît un succès phénoménal. Au Québec seulement, quelque 800 étudiants en prendront connaissance au cours du mois de mars.

Nous avons demandé aux jeunes dans quelle mesure ils sont préparés pour leur avenir financier avant d'amorcer la session. Nous avons constaté que 45 ou 46 p. 100 d'entre eux se disent peu préparés, mais que les autres estiment ne pas être préparés du tout à assumer leur avenir financier. Lorsqu'on leur a posé la question suivante: «Après avoir pris connaissance du programme, vous sentez- vous mieux préparés?», 94 p. 100 ont répondu par l'affirmative.

Nous avons également constaté que des enseignants se servent de ce matériel dans le cadre de leurs cours pour favoriser la poursuite du processus d'apprentissage. Et plus nous pouvons inculquer aux jeunes l'importance de conserver des antécédents favorables en matière de crédit, de gérer le crédit, de budgéter, d'investir tôt, de préparer en somme leur avenir financier, mieux c'est. Nous avons déjà parlé de ce programme et du fait qu'il cible des jeunes de niveau préuniversitaire en Ontario et dans d'autres provinces ainsi que du cégep et des 11e et 12e années. Ces jeunes sont sur le point de prendre des décisions quant à leur avenir, à savoir s'ils vont poursuivre des études postsecondaires, aller sur le marché du travail ou devenir des entrepreneurs, et il faut que nous leur communiquions cette information. Par conséquent, c'est un programme important. Nous espérons qu'ainsi, les jeunes seront mieux préparés.

Notre colloque sur le commerce électronique est aussi une initiative très importante et nous l'avons conçu... Le commerce électronique occupe une grande place sur les marchés aujourd'hui. Le plus intéressant, c'est que les propriétaires de petites entreprises nous disent ce qu'ils apprennent et ce qu'ils souhaitent comme information subséquente pour être davantage prêts à se lancer dans le commerce électronique. Nous obtenons quantité d'informations et nous les partageons avec les autres intervenants. De cette façon, nous sommes en mesure d'élaborer davantage de programmes et de produits capables de répondre à leurs besoins spécifiques.

Mme Marlene Jennings: Merci.

Compte tenu de l'information que nous a fournie M. Tal sur l'augmentation du nombre de travailleurs indépendants et le fait qu'il s'agit d'un phénomène en forte croissance, je félicite les banques de leurs réalisations grâce au programme Question d'argent et au séminaire sur le commerce électronique. De toute évidence, vous fournissez des instruments et des renseignements précieux aux enseignants, aux établissements d'enseignement et aux jeunes qui seront les futurs travailleurs indépendants.

Autre chose: Si 14 ou 15 p. 100 de l'ensemble du portefeuille est garanti aux termes de la Loi sur les prêts aux petites entreprises du Canada, cela représente quelque 10,6 milliards de dollars, soit environ 20 p. 100 du total des prêts aux petites entreprises consenties par les banques. Est-ce exact? Les chiffres sont-ils corrects?

Mme Caroline Hubberstey: Un instant, j'ai les chiffres.

Mme Marlene Jennings: Quinze pour cent de 47,5 donnerait 4,7 plus deux points...

• 1000

Mme Caroline Hubberstey: C'est ce qui reste pour les prêts de moins de 250 000 $, pas les prêts de moins de 1 million de dollars.

Mme Marlene Jennings: D'accord.

Mme Caroline Hubberstey: Je peux faire le calcul pour vous.

Mme Marlene Jennings: Je vous en prie.

Mme Caroline Hubberstey: Je vous communiquerai cela par l'entremise du greffier.

Mme Marlene Jennings: D'accord, merci.

La présidente: Merci, madame Hubberstey.

[Français]

Monsieur Brien, s'il vous plaît.

M. Pierre Brien (Témiscamingue, BQ): Merci. Ma première question sera pour M. Tal.

Dans votre portrait économique, vous dites que les conditions fondamentales sont relativement bonnes pour le Canada et que cela vous rend confiant quant à une récupération rapide de l'économie, quelque temps au troisième trimestre de cette année peut-être. Ce qui semble inquiétant à l'heure actuelle dans le marché américain, c'est qu'il y a encore des signes inflationnistes. Même si cela demeure à des seuils qu'on peut juger tolérables ici, aux États-Unis, on réagit beaucoup plus aux légères poussées inflationnistes et il risque d'y avoir un peu d'inflation en même temps qu'un ralentissement économique.

Pour vous, est-ce que c'est une perspective dangereuse ou écartez-vous le scénario où il pourrait y avoir encore de l'inflation au État-Unis, en même temps qu'un ralentissement économique?

[Traduction]

M. Benjamin Tal: Vous faites allusion à l'inflation, essentiellement à une inflation croissante, à un taux de chômage à la hausse et à une économie languissante. Il y a un risque, mais si l'on se penche sur les possibilités liées à ces règles, elles ne sont pas aussi élevées que pour d'autres options. Je pense que le scénario le plus plausible, c'est que l'économie connaîtra un ralentissement, comme je l'ai dit, au cours des six à huit prochains mois. Je ne pense pas qu'un redressement surviendra au troisième trimestre; peut-être au quatrième. Ce sera plus tard, certainement l'année prochaine. Compte tenu du ralentissement de l'économie américaine, et de son ampleur, je pense que la demande américaine diminuera suffisamment pour avoir une incidence sur les prix. Par conséquent, l'augmentation, la pression actuelle à la hausse sur les prix devrait s'atténuer.

Il faut se rappeler que le principal facteur ayant une incidence sur les prix à l'heure actuelle est le cours des produits énergétiques et celui-ci a commencé à ralentir et à se résorber. En fait, nous prévoyons que le prix du baril de pétrole s'élèvera en moyenne à 25 $, en baisse de 35 $ il y a quelques mois à peine. Le volet énergétique qui alimentait l'inflation commence à s'essouffler et ce sont en fait de bonnes nouvelles pour l'économie. Oui, il y a un risque, mais je ne pense pas que ce soit un risque important.

[Français]

M. Pierre Brien: Ma deuxième question porte sur l'importance de la confiance des consommateurs et des entreprises dans la récupération économique. Vous en avez parlé et vous avez aussi dit qu'il restait beaucoup de mauvaises nouvelles à venir. Effectivement, quand on va voir les profits trimestriels dans les prochains mois, au printemps et l'été prochain, on aura les constatations évidentes de ce qui s'est passé au cours des derniers mois. Ne pensez-vous pas que cela va jouer sur la confiance des consommateurs à ce moment-là et nuire à la capacité de récupération rapide à compter de la deuxième moitié de l'année?

[Traduction]

M. Benjamin Tal: Il va de soi que le consommateur se sentira insécure. Je pense qu'on peut d'ores et déjà le constater. Si l'on considère l'indice de confiance du consommateur, il baisse rapidement aux États-Unis et il commence à baisser au Canada également. Le phénomène est déjà en cours. Je pense qu'on constatera que les consommateurs commenceront à épargner davantage et à dépenser moins. Cela est pratiquement acquis.

En toute franchise, je pense que ce n'est pas un mal. À mon avis, c'est même bien parce que le taux d'épargne au Canada est très faible. En fait, nous devons faire une pause, accroître notre épargne et cesser de dépenser pendant un certain temps. Dans la mesure où cet exercice dure de six à huit mois, je pense que cela représente un ralentissement fondamentalement sain.

Il est évident que le consommateur s'en ressentira. Je pense que la confiance des consommateurs plongera étant donné que les taux d'intérêt seront à la baisse et on ne prévoit pas d'augmentation sensible du taux de chômage. Par exemple, en 1991, le taux de chômage, qui était à 8 p. 100 a monté jusqu'à 11 p. 100. Maintenant, nous prévoyons qu'il commencera à 7 p. 100 et atteindra 8 p. 100. Il s'agit d'éléments fondamentaux complètement différents pour ce qui est du marché du travail de sorte que l'incidence sur la confiance des consommateurs ne sera pas aussi lourde. Chose certaine, cela ralentira le processus, mais ce dernier continuera tout de même.

[Français]

M. Pierre Brien: Ma question est la suivante: comment vous ajustez-vous, au niveau des différentes banques, face à cette perspective? Souvent, ce qu'on entend de la part des entrepreneurs, c'est que face à un marché économique qui devient plus difficile, vous resserrez le crédit davantage, et cela vient amplifier le problème, parce que vous ne répondez pas uniquement à des préoccupations de développement économique très larges, mais à la pression de vos actionnaires sur les résultats, trimestre après trimestre.

Pour ma part, cela me fait craindre un peu de voir dans mon bureau, dans les prochains mois, des gens d'affaires me dire que les banques resserrent leur crédit encore plus et limitent leur marge de manoeuvre pour faire face à une économie difficile. Donc, comment vous comportez-vous face au portrait économique qui est devant nous?

• 1005

[Traduction]

Mme Caroline Hubberstey: Nous sommes très heureux d'être ici aujourd'hui pour répondre à vos préoccupations particulières. Je demanderai maintenant à chacun des participants qui le souhaite de répondre à la question de M. Brien.

M. Jim Hamilton (vice-président, Marchés stratégiques, Services financiers aux particuliers et aux entreprises, la Banque Royale du Canada; Association des banquiers canadiens): Merci beaucoup.

A la Banque Royale, c'est aussi une préoccupation très sérieuse. Il y a deux aspects qui nous interpellent. Le premier consiste à améliorer constamment notre connaissance des divers secteurs de la petite entreprise. Nous tentons de nous spécialiser et de retenir les services des spécialistes qui comprennent l'ensemble des secteurs, y compris le secteur automobile, le secteur agricole, le secteur du savoir, etc. En fait, l'une des recommandations principales que notre groupe consultatif composé d'experts de la petite entreprise d'un peu partout au pays, a été de rehausser nos connaissances spécialisées de tous les secteurs.

Nous essayons également d'être très proactifs, et c'est la considération la plus importante. Nous essayons de sonder nos clients à l'avance et d'engager un dialogue avec eux autour des problèmes qui les concernent. En guise d'exemple, je peux vous relater mon expérience antérieure en Ontario, à titre de gestionnaire d'une région pour la banque. Il y avait dans cette région un volet agricole et c'était à l'époque où le prix du porc était très bas. Nous avons connu de nombreux cycles au cours des 10 dernières années dans différents secteurs, c'est indéniable. Cela ne touche pas uniquement l'économie dans son ensemble: il y a des cycles qui varient selon les secteurs. Je ne suis pas un expert en agriculture, mais j'avais à mes côtés une équipe de spécialistes. En tant que vice-président régional, mon travail consistait à m'assurer qu'ils avaient tous communiqué avec leurs clients potentiellement touchés, qu'ils avaient amorcé un dialogue avec eux et mis au point un plan d'action. J'ai été ravi de constater que c'est ce qu'ils avaient fait. C'est donc ainsi qu'ils agissent; ils engagent ce dialogue.

Ce sont là des façons d'être proactifs face à d'éventuelles turbulences économiques.

M. Derrall Moriyama (premier vice-président, Services bancaires aux petites entreprises, la Banque de Montréal; Association des banquiers canadiens): Au nom de la Banque de Montréal, je veux simplement dire que nous privilégions une approche axée sur la continuité face à noter clientèle. Il s'agit pour nous de rapport à long terme et nous ne voulons pas uniquement être des amis des beaux jours. Nous ne pouvons pas avoir des rapports interrompus et ensuite repris pour bien accompagner nos clients sur le marché. Nous savons qu'il y aura des cycles économiques. Nous savons que nos clients connaîtront des périodes prospères et des périodes moins prospères. Il nous faut donc bien comprendre l'évolution de ces cycles. Nous devons comprendre les tenants et les aboutissants des divers secteurs, comme mon collègue vient de le mentionner. Encore une fois, nous sommes là à long terme. Nous devons collaborer avec nos clients et faire en sorte qu'ils comprennent mieux les facteurs qui influent sur leur secteur et l'économie dans son ensemble. C'est le genre d'information que nous pouvons leur fournir lorsque nous nous entretenons avec eux. Notre approche demeure la même aux beaux jours comme aux mauvais jours.

M. Carol Gray: La perspective de la Banque CIBC ne se démarque pas de celle évoquée par mes collègues. Les banquiers, pas plus que nos clients, n'aiment les surprises, de sorte que nous avons opté pour une approche proactive avec nos clients. À partir d'un plan d'affaires nous prenons en compte l'information que peuvent nous fournir nos économistes. Nous tentons d'être sensibles aux diverses possibilités qui pourraient survenir à l'avenir pour que nos clients et nous-mêmes ayons l'assurance que peu importe les risques, ils sont mitigés dans la plus grande mesure possible et constamment gérables. Cela donne au client la conviction qu'il a un plan directeur et que si certaines éventualités se concrétisent, comme Benny Tal l'a expliqué, ils peuvent y réagir et supprimer l'élément de surprise.

Un grand nombre de chefs de petites entreprises voient leurs entreprises se métamorphoser plusieurs fois au cours d'un cycle économique. Nous savons qu'il est important de maintenir des rapports étroits avec eux car l'entreprise peut changer son nom, son produit, sa mission ou son modèle de gestion à maintes reprises au cours d'un cycle économique dans un effort pour maintenir sa compétitivité. Par conséquent, il est dans notre intérêt de conserver ces rapports avec les chefs d'entreprise car c'est une constante dans l'équation.

• 1010

Mme Susan Kennedy-Loewen (vice-présidente, Services bancaires aux petites entreprises, la Banque Scotia; Association des banquiers canadiens): Merci.

Au nom de la Banque Scotia, je voudrais ajouter quelques observations. La continuité est absolument essentielle. Nous devons maintenir cette continuité tout au long du processus. Nous avons fait de nombreuses analyses pour nous assurer qu'à mesure que nous progressions au cours de l'année dernière, plus précisément au cours des quatre ou cinq derniers mois, nous étions toujours au fait des demandes provenant de la clientèle du secteur des petites entreprises. Nous savons que le nombre total des demandes émanant de ce secteur est en légère baisse à l'heure actuelle par rapport à l'année dernière. Cela dit, je suis heureuse de vous faire savoir que le pourcentage des approbations, c'est-à-dire les décisions favorables prises à l'égard de ce groupe de clients, n'a pas bougé par rapport à l'année dernière.

On pourrait peut-être se demander pourquoi le nombre de demandes est légèrement inférieur. Par contre, on constate en parallèle une accumulation d'avoirs dans le compte des petites entreprises. Elles ont donc une plus grande capacité. Elles sont peut-être mieux préparées qu'elles ne l'étaient en 1991, ce qui leur permettra de mieux traverser la crise.

L'approche basiste de la Banque Scotia aura une grande importance à mesure que nous irons de l'avant. Nous avons donné à nos directeurs de banque locale les moyens de bien comprendre les besoins du milieu des affaires local. Nous demeurons en très étroite liaison avec ces banquiers pour savoir comment conserver au mouvement son élan de manière positive et proactive. J'en prends pour preuve la tournée pancanadienne organisée récemment pour faire entendre au personnel de nos succursales le point de vue du propriétaire d'une petite entreprise, de sorte que nous comprenions très exactement de quoi nous avons besoin, la manière de fournir les services et comment faire en sorte que le tout est géré avec efficacité.

M. Nick Stitt (vice-président, Services bancaires aux petites entreprises, Groupe financier de la Banque Toronto-Dominion; Association des banquiers canadiens): Le contexte a beaucoup changé à la TD. Nous avons beaucoup appris au début des années 90 de notre expérience avec les petites entreprises. Nous insistons certes beaucoup plus sur la petite entreprise maintenant. Nous avons mis sur pied une unité commerciale distincte qui se concentre sur cette portion du marché, et les employés qui y travaillent ont une expertise particulière du crédit à la petite entreprise et de la gestion des comptes de la petite entreprise, ce qui selon moi est aussi utile au client qu'à la banque.

Nous avons changé la dynamique des relations entre les employés de succursale et les clients. Les employés de succursale sont des préposés aux ventes qui établissent des relations à long terme avec les clients. Ce sont en réalité les défenseurs des intérêts du client, alors que par le passé, ils faisaient davantage du crédit, de la sélection et du recouvrement. Je crois qu'ils trouvaient cela très difficile. Il n'est pas facile de traiter avec un client qui éprouve des difficultés financières. Maintenant, ils cherchent davantage à répondre de leur mieux aux besoins de leurs clients et à défendre les intérêts de ceux-ci.

Les rôles se sont spécialisés en termes de gestion de comptes et de garanties. En effet, nous faisons un bien meilleur usage de la technologie et de l'information afin de repérer plus tôt les clients qui pourraient éprouver des difficultés. Je crois que si nous nous attaquons aux problèmes plus tôt, nous pouvons les aider à surmonter les difficultés.

À nouveau, nous sommes très préoccupés par ce qui se passe au sein de l'économie. Nous espérons que le phénomène sera de courte durée. Plus il sera court, plus il sera facile pour nous d'aider les clients à traverser la crise.

Cela étant dit, nous ne constatons pas de détérioration marquée de notre portefeuille de prêts aux petites entreprises, et nos taux d'approbation n'ont pas baissé. Ils correspondent à ce qu'ils ont toujours été. Nous ne resserrons pas le crédit, nous sommes simplement très vigilants. Encore une fois, nous insistons beaucoup sur ce segment particulier du marché.

M. Jim Howden (premier vice-président, Gestion du risque et service du crédit, HSBC; Association des banquiers canadiens): Je suis de la Banque HSBC Canada. Notre banque est quelque peu moins grande que celle de certains concurrents présents aujourd'hui. Nos directeurs de succursale demeurent en charge de leur service. Il leur appartient de faire en sorte de repérer les clients en difficulté. S'ils vivent une mauvaise passe, nous avons des gestionnaires de comptes spéciaux qui s'en occupent afin d'essayer de les remettre sur pied et de les encourager à apporter les changements voulus à leur exploitation pour pouvoir survivre à une période de repli.

En ce qui concerne nos lignes directrices relatives aux prêts, nous n'anticipons pas de changement cette année. Nous prévoyons pouvoir accroître notre chiffre d'affaires, en dépit d'un contexte commercial plus difficile.

Jusqu'ici, nous n'avons pas constaté de problème dans notre portefeuille de prêts, mais à nouveau, je signale que les effets d'un ralentissement économique mettent toujours du temps à se faire sentir dans le portefeuille de prêts.

• 1015

[Français]

M. Peter Thompson (vice-président, Services aux entreprises, Banque Nationale du Canada, Association des banquiers canadiens): Pour ce qui est de la Banque Nationale, elle s'identifie comme la banque des PME et c'est une chose dont nous sommes très fiers. Nous avons toujours oeuvré en partenariat avec les petites entreprises et ce partenariat, nous avons entièrement l'intention de le maintenir.

Quand les temps deviennent un peu plus difficiles, comme mes collègues l'ont mentionné, il est d'autant plus important de bien comprendre le secteur dans lequel opèrent nos clients, de bien comprendre les entreprises. Effectivement, nous ne voulons pas avoir de surprises. Ça fonctionne beaucoup mieux quand il y a eu entente entre le client et la banque en termes de plan d'action quand des difficultés commencent à se poser. À partir de là, on peut réagir en collaboration avec l'entreprise. Il est clair que nous sommes alors prêts à soutenir le client.

De plus en plus, la banque se spécialise selon les domaines d'affaires, que ce soit la haute technologie, l'agriculture et ainsi de suite, et aussi selon les produits. Elle essaie de proposer des produits qui peuvent aider les petites entreprises qui ont des problèmes de cash-flow, par exemple l'affacturage pour les plus petites entreprises. Nous essayons d'être innovateurs de ce côté-là.

À l'heure actuelle, on ne voit pas de détérioration importante du portefeuille. On a des objectifs assez importants en termes de croissance, tant au Québec qu'à l'extérieur, et des objectifs encore plus dynamiques à l'extérieur du Québec. Nous allons poursuivre en ce sens. C'est là l'approche de la banque dans le moment.

[Traduction]

La présidente: Monsieur Brien, je vous remercie beaucoup.

Monsieur Ianno, je vous prie.

M. Tony Ianno (Trinity—Spadina, Lib.): Merci beaucoup, madame la présidente. Il est intéressant d'entendre chacun dire à quel point, tout à coup, la petite entreprise est intéressante. Tous ont été très gentils au cours de la dernière année parce que l'économie allait bien et, je suppose, que le secteur de la petite entreprise n'a pas eu grand besoin de prêts. C'est fort bien.

Voici ma question. Pourquoi, en décembre 1995, les banques ont-elles prêté en tout aux petites entreprises 27 p. 100 de leurs prêts non remboursés, alors qu'aujourd'hui, en utilisant le 30 septembre 2000 comme date, le pourcentage est de 22 p. 100? Pourtant, vous êtes tous très fiers de dire que vous faites de l'excellent travail. Je supposerais au départ que, si l'économie ralentit, comme l'affirme M. Tal, le secteur de la petite entreprise va connaître un meilleur sort et qu'il y aura donc plus de prêts mis à sa disposition.

J'aimerais que chacun d'entre vous nous parle de l'écart des prêts aux petites entreprises—j'ai les chiffres, si vous ne les avez pas—et qu'il nous dise pourquoi vous avez réduit, dans les faits, le pourcentage des prêts consentis à la petite entreprise. Vous pourriez aussi inclure le coefficient des pertes sur les prêts consentis à la petite entreprise par rapport aux prêts consentis aux grandes sociétés.

Mme Caroline Hubberstey: Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'aimerais être la première à répondre. Il s'agit là d'une question, je le sais, que le député a déjà posée en comité au sujet des prêts consentis aux grandes sociétés par rapport à ceux qui sont consentis à la petite entreprise.

Si une banque—c'est une déclaration que nous avons déjà faite devant votre comité, et je vais donc la répéter—consent un prêt à une grande société, cela ne signifie pas qu'il y a moins d'argent disponible pour la petite entreprise. Il n'est pas question d'un gâteau où, si l'on découpe un plus gros morceau pour l'un, il y en a moins pour l'autre.

M. Tony Ianno: Vos prédécesseurs vous ont bien formée, car ils ont tous essayé cette approche. Toutefois, nul ne vous demande de réduire une portion pour accroître une autre. Ce n'est pas du tout ce dont il est question. Ce dont il est question, c'est que, d'après M. Tal notamment, il y a maintenant plus de propriétaires de petite entreprise actuellement qu'il n'y en avait il y a six ans et, pourtant, il y a six ans, vous avez consenti des prêts de 45,5 milliards de dollars alors qu'aujourd'hui ils ne sont que de 47,5 milliards de dollars.

• 1020

On se demande donc—dans les circonstances, mais toujours au sujet de la grande entreprise, naturellement, puisque la demande n'est pas très grande lorsque l'économie va bien, qu'il s'agisse d'une petite ou d'une grande entreprise—pourquoi la grande entreprise a eu droit à 123 milliards de dollars contre 168 milliards de dollars maintenant.

Chacun d'entre vous peut-il me dire—et je n'ai pas beaucoup de temps—quel le montant a été prêté à la petite entreprise au cours des six dernières années, ce que vous projetez de faire si l'économie ralentit, quel écart du coefficient de pertes sur prêts il existe entre la petite et la grande entreprise?

Je vous remercie.

Mme Carol Gray: Je vais commencer. Votre question comporte plusieurs parties. Je vais donc essayer d'y répondre dans l'ordre.

Tout d'abord, la taille moyenne du prêt a baissé parce que la croissance au sein du marché de la petite entreprise n'est pas très grande. Ces petites entreprises ont donc besoin de plus petits prêts. Comme vous l'avez fait remarquer, le nombre total de clients a en réalité augmenté. À la CIBC, notre portefeuille de services bancaires à la petite entreprise a en réalité augmenté de presque 15 p. 100 d'une année sur l'autre.

M. Tony Ianno: De quelles données vous servez-vous, car je lis, pour la CIBC, au 31 décembre 1995, 8,53 milliards de dollars, contre 8,31 milliards de dollars le 30 septembre 2000?

Mme Carol Gray: Notre portefeuille de services bancaires inclut par exemple des hypothèques commerciales, qui ne figureraient pas dans ces nombres. Il comprend des portions du portefeuille de l'agriculture qui ne figureraient pas non plus dans ces chiffres.

M. Tony Ianno: Ces chiffres sont les mêmes que nous avons utilisés le 31 décembre 1995 pour faire une comparaison avec le 30 septembre 1995. Il n'est donc pas nécessaire de mélanger des pommes et des oranges—restons-en aux pommes.

Mme Carol Gray: Comme je l'ai dit, notre portefeuille continue de croître en termes de nombre de clients. Toutefois, l'important à retenir, c'est que la taille du prêt moyen a diminué.

L'autre point à ne pas oublier, c'est qu'il existe des concurrents, à l'extérieur du secteur bancaire, qui fournissent du financement, ce qui contribue à aviver la concurrence au sein du marché et profite tôt ou tard aux clients. Benny a déjà fait remarquer que le secteur de la petite entreprise est actuellement en très bonne santé, de sorte qu'il n'a pas besoin d'emprunter autant que durant les années précédentes. Tous ces facteurs contribuent certes à la diminution des prêts.

Comme je l'ai mentionné déjà, ce dont ne font pas état ces chiffres, c'est que, à nouveau au bas de l'échelle du marché de la petite entreprise, de nombreux clients choisissent de recourir à des prêts personnels pour répondre à leurs besoins de financement.

M. Tony Ianno: Est-ce par choix ou parce qu'ils n'ont pas le choix?

Mme Carol Gray: Par choix—chaque produit a différentes caractéristiques et offre divers avantages.

M. Tony Ianno: Par exemple, le fait qu'un prêt personnel est consenti en fonction de la réputation de la personne, de sorte qu'on n'exige pas de biens donnés en garantie, alors que, du côté commercial, il faut en affecter.

Mme Carol Gray: En réalité, la plupart de nos prêts ne sont pas garantis par des biens, du côté commercial.

M. Tony Ianno: Est-ce vrai? La plupart de vos prêts aux petites entreprises? Pouvez-vous me citer un pourcentage à cet égard?

Mme Carol Gray: Au bas de la fourchette, c'est-à-dire pour les prêts de moins de 100 000 $, effectivement, il n'y a pas de biens affectés en garantie.

M. Tony Ianno: Pouvez-vous écrire au comité pour préciser quel est ce pourcentage?

Mme Carol Gray: Oui, je le peux. Je l'enverrai au greffier.

M. Tony Ianno: Parfait. Je vous remercie.

Pouvez-vous répondre à la question au sujet du coefficient de pertes sur prêts de votre banque à des petites entreprises par rapport aux grandes?

Mme Carol Gray: Je suis navrée, mais je n'ai pas de données précises concernant une pareille comparaison. Je peux dire que par le passé, nos pertes sur prêts ont certes été inférieures à 1 p. 100 dans le marché de la petite entreprise. Je n'ai pas les données au sujet des grandes sociétés, de sorte que je ne puis faire de comparaison.

M. Tony Ianno: Pouvez-vous nous obtenir cette information?

Mme Carol Gray: Oui.

M. Tony Ianno: Je vous remercie.

M. Benjamin Tal: J'aimerais faire valoir un point à ce sujet, car j'estime qu'il est très important. Votre question suppose au départ que c'est une question d'offre, mais il y a aussi une question de demande. Permettez-moi de vous citer des chiffres. De 1989 à 1999, l'économie a créé entre 1,4 et 1,5 million de nouveaux emplois environ. Parmi ces nouveaux emplois, 700 000 étaient...

M. Tony Ianno: Je lis ici plus de deux millions.

M. Benjamin Tal: Pardon?

M. Tony Ianno: Depuis 1993, on a créé plus de deux millions de nouveaux emplois au Canada.

M. Benjamin Tal: C'est juste. Maintenant, si vous examinez la situation entre 1994 et 1995 et 1999 ou 2000, 40 p. 100 ou 50 p. 100 environ de ces emplois étaient du travail indépendant. Vous voyez?

Maintenant, 95 p. 100 de ces emplois de travail indépendant étaient des entreprises unipersonnelles. C'est très différent de la situation des années 80. Une entreprise unipersonnelle—nous l'appelons un petit bureau ou un bureau à la maison. Par définition, il est question de plus petites entreprises qui ont moins besoin de crédit.

M. Tony Ianno: Vous êtes donc en train de dire que les personnes qui font un travail indépendant ont moins besoin d'un prêt. Est-ce bien cela?

M. Benjamin Tal: Si vous employez cinq personnes, vous avez besoin de beaucoup plus de crédit, parce que l'entreprise est plus grande. En ce qui concerne la croissance des dix dernières années, 95 p. 100 sont attribuables à des entreprises unipersonnelles.

M. Tony Ianno: Vous avez donc les données concernant les entreprises unipersonnelles?

M. Benjamin Tal: Oui. Nous avons beaucoup étudié la petite entreprise.

M. Tony Ianno: Pouvez-vous nous fournir ces données?

M. Benjamin Tal: Certainement.

• 1025

Il ne faut pas oublier non plus un autre facteur, soit qu'en raison de la bonne santé de notre économie, seulement 6 p. 100 des petites entreprises du secteur manufacturier ont affirmé avoir des programmes de fonds de roulement. Cela représente une baisse par rapport aux 20 p. 100 environ au début de la décennie. Nous parlons donc d'une réduction importante du besoin de ce genre de fonds. Ce n'est donc pas simplement une question d'offre, mais aussi une question de demande.

La présidente: M. Ianno a une question à poser qui est particulière à chaque banque. Si vous pouvez y répondre brièvement, je vous prie de le faire. Quant aux renseignements que vous n'avez pas, vous pouvez les fournir plus tard. Contentez-vous de préciser que vous le ferez.

Monsieur Hamilton, je vous prie.

M. Jim Hamilton: Madame la présidente, je vous remercie.

Monsieur Ianno, j'aurais quelques commentaires à faire en réponse à votre question. Tout d'abord, pour ce qui est de notre engagement à l'égard de la petite entreprise, au nom de la Banque royale, je précise à nouveau que cet engagement existe depuis aussi longtemps que je travaille à cette banque, c'est-à-dire depuis 20 ans. Vers le début des années 80, à mesure que je grimpais les échelons, j'ai personnellement opté pour le secteur des prêts à la petite entreprise, puis ai été affecté à un centre de la petite entreprise en 1984-1985. Je tiens simplement à expliquer que...

M. Tony Ianno: Donnez-nous seulement les chiffres, parce que le reste—vous êtes peut-être là depuis 20 ans...

M. Jim Hamilton: D'accord. Je tenais simplement à vous expliquer que ce fut au cours des cinq dernières années de...

M. Tony Ianno: [Note de la rédaction: Inaudible]... vos prédécesseurs que ce n'est pas forcément le cas parce que...

La présidente: Monsieur Ianno, je vous prie.

M. Tony Ianno: Je suis désolé.

La présidente: Si nous pouvions nous en tenir aux questions et aux réponses, nous pourrions peut-être aller un peu plus vite.

M. Tony Ianno: Donnez-moi simplement les chiffres.

M. Jim Hamilton: D'accord. Je vous fournirai les données que vous avez demandées plus tard moi aussi parce que je ne les ai pas avec moi. Cela devrait être une bonne nouvelle pour vous, en réalité, parce que nous ne comparons pas ces coefficients avec ceux de nos comptes de grandes entreprises. Nous n'avons pas en place de processus pour comparer nos pertes sur prêts entre la petite entreprise et la grande entreprise, les sociétés multinationales ou l'équivalent. Je vais donc vous fournir ces chiffres également.

La présidente: Monsieur Moriyama, je vous prie.

M. Derrall Moriyama: Je vous remercie, madame la présidente.

J'aimerais simplement dire que, durant la dernière récession, la Banque de Montréal a en réalité accru son portefeuille de prêts aux petites entreprises, ce qui nous a certes aidés à nous diversifier et à établir la valeur de cette clientèle. Elle n'a donc rien de nouveau pour nous. Nous sommes actifs dans ce secteur depuis quelque temps déjà et c'est une des pierres sur lesquelles nous assoyons notre croissance soutenue.

Au début ou à la fin des années 80, notre croissance était d'environ 9 p. 100. Elle atteint maintenant 18,5 p. 100—notre part du marché, devrais-je plutôt dire—, et nous sommes la banque numéro deux au Canada. En Amérique du Nord, nous sommes au cinquième rang.

Ce secteur d'activité continue d'être une des pierres angulaires de notre progression. Nous visons un objectif de plus de 10 p. 100 de croissance soutenue. Ayant moi-même été sur le terrain jusqu'à tout récemment, je puis vous affirmer que le marché est très compétitif.

La présidente: Monsieur Penson, je vous prie.

M. Charlie Penson: Madame la présidente, il y a beaucoup de témoins ici aujourd'hui. Des questions très précises ont été posées, et il ne semble pas que les témoins aient les renseignements. Il serait utile au comité, selon moi, qu'ils nous envoient les renseignements par écrit. Il y a d'autres questions...

La présidente: Je comprends, monsieur Penson.

M. Charlie Penson: ...dont nous voulons traiter et cela prend une éternité. S'ils n'ont pas l'information au bout des doigts, qu'ils nous l'envoient.

La présidente: Je vous remercie. D'accord, monsieur Penson.

Un autre témoin a-t-il les renseignements précis que demande M. Ianno?

Madame Kennedy-Loewen.

Mme Susan Kennedy-Loewen: Nous en avons certains. Je les partagerai volontiers avec le reste d'entre vous. Je sais que nos pertes sur prêts dans le secteur de la petite entreprise sont inférieures à 1 p. 100. Nous non plus ne les comparons pas avec les prêts à la moyenne entreprise ou les comptes commerciaux, mais nous vous fournirons avec plaisir les renseignements à ce sujet.

La présidente: Si tout le monde pouvait simplement envoyer les données au greffier, ce serait parfait.

Monsieur Ianno, je vous remercie.

Madame Desjarlais.

Mme Bev Desjarlais (Churchill, NPD): Je vais être très brève.

Je tiens à remercier M. Ianno d'avoir posé ces questions. Il les a très bien formulées. De plus, il a posé les questions que j'allais poser.

La première question est de savoir si les banques imposent une limite à ce que les directeurs de succursale peuvent approuver comme prêts et quelle serait cette limite?

M. Jim Hamilton: Cela varie, selon le genre de... Certains genres de prêts engagent une certaine part de technologie...

Mme Bev Desjarlais: D'accord. Donnez-moi des chiffres approximatifs. Est-ce 50 000 $? Cent milles dollars? Les directeurs de succursale peuvent-ils approuver les prêts d'un certain montant? On nous donne l'impression qu'on a cette approche très pratique, que les banquiers disent qu'ils veulent travailler main dans la main avec la petite entreprise et qu'ils vont lui donner ce qu'elle veut. Donc, les directeurs de succursale sont-ils autorisés à approuver un certain niveau de prêts? Je suis convaincue qu'il est facile d'y répondre par écrit. Nous en avons probablement tous entendu parler durant la campagne électorale. Et s'il était possible d'en parler à ce moment-là, il devrait être possible d'en parler maintenant.

M. Jim Howden: Notre banque fixe effectivement une limite.

Mme Bev Desjarlais: Et quelle serait cette limite?

• 1030

M. Jim Howden: La limite varie selon l'expérience du directeur, mais nos directeurs de succursale pourraient approuver la vaste majorité des prêts aux petites entreprises.

Mme Bev Desjarlais: Jusqu'à concurrence de quel montant?

M. Jim Howden: Jusqu'à...

Mme Bev Desjarlais: Jusqu'à 250 000 $, peut-être 100 000 $?

M. Jim Howden: Oui.

Mme Bev Desjarlais: D'accord. Voilà le genre de réponse que j'attends.

M. Nick Stitt: Puis-je répondre au nom de la TD? Nos directeurs de succursale sont autorisés à accorder du crédit aux petites entreprises jusqu'à concurrence de 15 000 $ si les biens de valeur équivalente y sont affectés. Toutefois, parce que nous avons introduit la technologie, ils peuvent obtenir une réponse pour les prêts allant jusqu'à 30 000 $ presque instantanément et les autres, en moins de 24 heures.

Mme Bev Desjarlais: D'accord.

Mme Susan Kennedy-Loewen: Nous avons une approche centralisée actuellement pour les prêts allant jusqu'à 250 000 $, bien que les succursales aient le droit d'en appeler. Nous prévoyons conférer au cours de la prochaine année à la succursale le pouvoir d'approuver des prêts jusqu'à concurrence de 250 000 $.

Mme Bev Desjarlais: D'accord.

Mme Carol Gray: À la CIBC, les employés locaux connaissent les lignes directrices relatives aux prêts et ils savent donc...

Mme Bev Desjarlais: Je veux seulement avoir un chiffre.

Mme Carol Gray: Le montant qu'ils peuvent approuver peut s'élever à 10 000 $, mais, s'il faut que la décision soit prise au centre, nous garantissons une réponse dans les 48 heures.

M. Derrall Moriyama: En règle générale, le directeur typique de la Banque de Montréal peut approuver des prêts de son propre chef jusqu'à concurrence de 50 000 $ et obtenir l'approbation pour les prêts s'élevant à 3 millions de dollars en quelques heures.

M. Jim Hamilton: Nos méthodes, à la Banque royale, ressemblent à celles de certains autres qui ont répondu avant moi. Nous avons essayé de mettre en place la technologie, l'approbation instantanée...

Mme Bev Desjarlais: Des chiffres, je veux des chiffres.

M. Jim Hamilton: Nous n'avons pas de chiffres. Nous essayons de faire du pointage...

Mme Bev Desjarlais: Ce pourrait donc être de 100 $?

M. Jim Hamilton: Oui.

Mme Bev Desjarlais: D'accord.

M. Jim Hamilton: L'objectif est le même, cependant.

Mme Bev Desjarlais: D'accord. Combien de demandes de prêts de petites entreprises sont rejetées par chacune des banques? Je m'excuse si j'ai déjà la réponse ici quelque part et que je ne l'ai pas vue, mais j'aimerais savoir combien de demandes de prêts de petites et moyennes entreprises chacune des banques rejette?

Mme Caroline Hubberstey: Pour vous répondre rapidement, nous avons fait une étude—de concert avec le comité en 1988—et nous avons vraiment fait l'objet de l'étude. Il y a deux projets différents ici. Nous avons interrogé les propriétaires de petites entreprises et nous leur avons demandé...

Mme Bev Desjarlais: Je demande combien...

Mme Caroline Hubberstey: ...d'après les chiffres...

Mme Bev Desjarlais: Non. Nous n'avons pas beaucoup de temps et je demande simplement...

La présidente: Elle veut une réponse directe de la part de chacune des banques présentes. Monsieur Hamilton, s'il vous plaît

Mme Bev Desjarlais: C'est exact. Vous devez avoir une idée du nombre de...

Mme Caroline Hubberstey: Nous avons une idée que j'aimerais que vous partagiez.

Mme Bev Desjarlais: C'est tout ce que je veux, parce que nous n'avons pas vraiment beaucoup de temps, et je ne veux pas perdre le temps des autres.

Mme Caroline Hubberstey: Le taux d'approbation, cumulatif pour les banques, était de 8 p. 100, et je pourrais vous donner le... Les propriétaires de petites entreprises obtenaient un taux d'approbation de près de...

Mme Bev Desjarlais: Je vous ai demandé le taux de refus.

Mme Caroline Hubberstey: C'était environ un emprunt sur dix.

Mme Bev Desjarlais: C'est parfait. Merci.

La présidente: Bien. Merci beaucoup.

Monsieur McTeague, s'il vous plaît.

M. Dan McTeague (Pickering—Ajax—Uxbridge, Lib.): Merci.

Je m'intéresse aux commentaires qui ont été faits à plusieurs reprises, et effectivement M. Brien a déjà anticipé certains de mes commentaires en soulevant une inquiétude au sujet d'un éventuel ralentissement de l'économie, dont vous avez parlé avec tant de clarté, monsieur Tal. Je me proposais au début d'examiner la question de savoir comment nous en arrivons aux méthodes concernant les conditions pour des prêts à des particuliers. Mais je veux me concentrer sur quelques thèmes qui sont également soulevés.

Nous connaissons ou nous prévoyons un ralentissement de l'économie. Il y a une possibilité de fusions dans votre industrie à l'horizon. En outre, de grandes sociétés vont apparemment mettre à pied de plus en plus de personnes, dont certaines chercheront des débouchés en tant que petites entreprises; il est question d'une augmentation de 4 ou 5 p. 100, je pense—à partir de la différence dans les pourcentages que vous avez donnés, de 16 p. 100 à 20 p. 100, monsieur Tal. Compte tenu de ces facteurs, quelles conditions pouvons-nous, en tant que membres de ce comité, prévoir comme réponse de la part des banques à l'avenir? Je ne parle pas de la clientèle actuelle parce qu'un grand nombre d'entre vous y avez déjà vu, et nous avons hâte de recevoir la documentation que vous ferez parvenir. Comment prévoyez-vous pouvoir tenir compte de cette nouvelle possibilité de croissance des petites entreprises, qui se rendent compte soudainement qu'elles sont vraiment le seul moteur de croissance de notre économie?

M. Benjamin Tal: Une fois de plus, compte tenu de la recherche que nous avons effectuée, je pense que nous avons reconnu que les petites entreprises vont être un secteur de croissance de l'économie. Nous savons aussi que nous parlons d'un niveau plus évolué. Si vous prenez l'aspect de l'éducation dans le cas de la croissance et de l'emploi qui y est relié, ce secteur a réellement enregistré une croissance beaucoup plus rapide que n'importe quel autre segment de l'économie. Ces personnes sont de plus en plus scolarisés et plus spécialisés, de sorte qu'elles méritent une bien plus grande attention. Je pense que c'est l'approche que les banques essaient d'adopter. Ce n'est pas seulement une question de consentir un prêt, mais c'est aussi d'essayer de comprendre l'entreprise.

• 1035

Un autre secteur ou segment, c'est qu'il sera très difficile de définir une petite entreprise type. Qu'est-ce qu'une petite entreprise? Nous parlons en ce moment d'une personne qui travaille depuis son domicile, et cette personne sera reliée à d'autres partout dans le monde par Internet, de sorte que vous n'avez plus une entreprise type. Vous devez vraiment connaître cette personne pour faire affaire avec elle. Donc, ce n'est pas seulement une entreprise, c'est aussi la personne. Je crois comprendre—et Carol peut en parler—que nous essayons d'intégrer ce type de processus qui est de tenir compte de la personne, et non de l'entreprise, parce que cette entreprise peut changer du jour au lendemain, mais non la personne.

Mme Carol Gray: Si je comprends bien, une partie de votre question est de savoir de quelle façon les banques augmentent leur capacité de composer avec le nombre croissant de petites entreprises clientes qui vont faire partie de l'économie. Est-ce exact?

M. Dan McTeague: C'est exact.

Mme Carol Gray: Du point de vue de la CIBC, au cours de la dernière année, nous avons ajouté 400 personnes directement dans notre marché ou dans notre secteur qui dessert les petites entreprises. Aujourd'hui, dans les marchés urbains et ruraux, nous avons plus de 2 000 personnes qui se consacrent exclusivement aux petites entreprises.

Nous avons également lancé BizSmart, qui est une nouvelle entreprise, un consortium d'entreprises par l'entremise duquel nous offrons des services bancaires, et d'autres compagnies, comme Business Depot, offrent d'autres services aux clients. C'est une autre façon qui nous a permis d'ajouter une capacité pour desservir le nombre croissant de nos petites entreprises clientes. L'initiative BizSmart vise principalement le marché SOHO, pour lequel nous prévoyons une croissance considérable, ce dont Benny a parlé plus tôt.

M. Dan McTeague: Madame la présidente, si vous me le permettez, j'aimerais passer à la question des alliances stratégiques—et je n'entends pas nécessairement par cela uniquement les fusions entre vos institutions.

Donnez-moi une idée des genres de services qui, selon vous, seront plus conviviaux pour l'utilisateur ou le client. Je sais que nous avons beaucoup progressé en l'espace de dix ans avec le développement de l'électronique, mais si vous pouviez, peut-être donner un aperçu à notre comité de ce que nous réserve l'avenir selon vous. Par exemple, est-ce qu'il y aura fusion de la Banque de Montréal et de Burger King pour nous donner des frites plus intelligentes? Je ne sais pas. Je passe du sublime au ridicule, mais la question est de connaître l'orientation que vous prenez en tant qu'industrie pour ce qui est de servir la clientèle qui nous intéresse.

Mme Carol Gray: Si je peux commencer, vous savez peut-être que la CIBC a émis un communiqué de presse au sujet de notre dernière alliance avec la Wells Fargo. Nous nous considérons comme un distributeur de services et de produits financiers aux petites entreprises. Par conséquent, lorsque nous croyons que nous ne pouvons pas fabriquer tous ces services et produits financiers et nous trouver dans le quartile supérieur en tant que fabricant, nous formons des alliances afin de pouvoir offrir les meilleurs produits et services à la clientèle. Il est dans l'intérêt du client, et en bout de ligne dans le nôtre aussi, que nous puissions continuer à entretenir ces rapports. Notre récente alliance avec la Wells Fargo en est un exemple, et je pense que vous allez en voir de plus en plus. Internet et la technologie peuvent en faciliter beaucoup de sorte que c'est distribué de façon facilement accessible aux clients.

M. Dan McTeague: C'est excellent.

Pourriez-vous nous donner une meilleure idée de ce que vous faites avec la Wells Fargo? Il y a quelques années, je pense qu'il y avait une certaine inquiétude au sein de l'industrie quant à la présence de la Wells Fargo au Canada. Donnez-nous une idée de ce que cette relation, cette alliance, signifie vraiment pour les Canadiens.

Mme Carol Gray: Un client qui voudrait emprunter jusqu'à 10 000 $ peut se présenter à un bureau de BizSmart ou à une succursale de la CIBC et présenter une demande d'emprunt au moyen d'un simple formulaire qui ressemble à une demande de carte de crédit. Le client consent à ce que sa demande soit examinée par la Wells Fargo. Advenant que l'emprunt ne respecte pas nos lignes directrices permanentes en matière de prêts, parce que le client y a consenti, nous transmettrons automatiquement sa demande à la Wells Fargo, qui répondra dans les 48 heures.

M. Dan McTeague: Il y a d'autres banques qui, je suppose, offrent le même service. Ma question est donc de savoir pourquoi quelqu'un serait obligé de recourir à ce mécanisme alors que c'est déjà offert par d'autres institutions financières.

Mme Carol Gray: C'est plus pratique, le guichet unique. Je pense que c'est principalement la commodité.

Nous constatons que pour la plupart de nos petites entreprises clientes—et je suis convaincue que mes collègues seront d'accord—leurs besoins sont beaucoup plus que seulement du financement. Ce que nous voulons faire, c'est de leur donner accès à du financement, puis d'être en mesure d'examiner leurs autres besoins pour les aider à faire prospérer leur entreprise. La croissance de leur entreprise n'est pas seulement une question de capitaux ou de financement, et nous avons donc d'autres façons de les aider.

M. Dan McTeague: Merci.

La présidente: Madame Kennedy-Loewen.

Mme Susan Kennedy-Loewen: Une autre forme d'alliance que la Banque Scotia a conclue dernièrement, et qui a également fait l'objet d'un communiqué, c'est un partenariat avec la United Grain Growers. Il nous a été possible de prendre en charge les services financiers et de devenir le fournisseur de services financiers aux agriculteurs qui traitent aujourd'hui avec la United Grain Growers. L'avantage de cette alliance, pour les agriculteurs, c'est qu'elle dégagera jusqu'à 200 millions de dollars en capital auprès de la UGG, et elle pourra consacrer cette somme à la fourniture de produits et de services qu'elle est la mieux placée pour offrir à ce marché.

• 1040

Je pense qu'il y a un besoin croissant sur le marché canadien de commencer à tenir compte des producteurs, des fournisseurs, des façons qui nous permettraient d'intégrer ces marchés pour accroître les possibilités, ce qui en bout de ligne deviendra un avantage sur le plan du chiffre d'affaires pour la petite entreprise, ou pour l'agriculteur dans le présent cas. La Banque Scotia examine en ce moment plusieurs de ces formes d'initiatives, de partenariats ou d'alliances stratégiques qui nous permettront d'ajouter de la valeur pour nos petites entreprises clientes du fait de leur regroupement.

Procuron est un autre très bon exemple qui nous permet de mettre la technologie de pointe au service des petites entreprises clientes de la Banque Scotia. Elles peuvent en réalité faire des achats en ligne en recourant aux achats groupés, et recevoir des escomptes. Elles auront des options et des solutions de rechange qui créeront de meilleures possibilités pour ce groupe, qui se considère un peu comme une industrie d'une entité, mais qui a besoin du pouvoir collectif.

La présidente: Merci beaucoup, madame Kennedy-Loewen.

Monsieur Rajotte, s'il vous plaît.

M. James Rajotte (Edmonton-Sud-Ouest, AC): Merci, madame la présidente. J'aimerais poser quelques questions à M. Tal, et ma première porte sur le dollar canadien.

Vous avez mentionné à quel point les facteurs économiques fondamentaux au Canada, je crois, étaient meilleurs que ceux que l'on retrouve aux États-Unis, et pourtant vous avez à peine effleuré la question du dollar canadien. Si les facteurs économiques fondamentaux sont mieux ici qu'aux États-Unis, pourquoi cette disparité entre les deux dollars?

M. Benjamin Tal: Tout d'abord, jusqu'à tout récemment, l'économie canadienne enregistrait un recul par rapport à l'économie américaine. À titre d'exemple, entre 1989 et 1999, le revenu disponible au Canada n'a pas augmenté du tout. Essentiellement, nous en sommes en ce moment au même point qu'en 1989, de sorte que nous avons perdu une décennie en fait de croissance du revenu. Aux États-Unis, il a augmenté d'environ 18 p. 100 ou 19 p. 100, de sorte que l'écart sur le plan du revenu entre les deux pays a augmenté. C'est une des raisons pour lesquelles l'économie américaine a été tellement vigoureuse, et c'est pour cette raison que le dollar américain a été si fort.

Au cours de la dernière année, nous nous sommes rapprochés, et peut-être que notre devise va un peu mieux que le dollar américain, mais je pense que le marché ne s'en rend pas compte. Le marché est en quelque sorte préoccupé par ce qui se passe aux États-Unis, et je pense que dans la mesure où le marché croit que les États-Unis vont se ressaisir d'ici la fin de l'année, l'attention restera sur les États-Unis.

Il est très difficile de faire concurrence à un géant comme les États-Unis. Nous avons gagné du terrain par rapport à d'autres devises, comme l'Euro et le yen et de nombreuses autres devises, mais non par rapport au dollar américain.

En toute franchise, si vous me demandez au sujet du dollar canadien, oui, il peut s'améliorer de un ou de deux cents au cours de la prochaine année, mais je ne le vois pas s'améliorer de façon importante. Encore une fois, tant que l'économie américaine continue de croître aussi rapidement, il sera très difficile pour le dollar canadien de s'améliorer. Et, une fois de plus, une des raisons en est que les taux d'intérêt au Canada sont encore beaucoup plus faibles que les taux en vigueur aux États-Unis.

M. James Rajotte: Ma deuxième question a trait à ce dont vous avez parlé au sujet du ralentissement aux États-Unis, qui serait lié au ralentissement dans le secteur manufacturier. Avez-vous une idée de ce qui aurait provoqué ce ralentissement du secteur manufacturier aux États-Unis? Est-ce seulement cyclique, ou y a-t- il une politique macroéconomique qui pourrait l'expliquer?

M. Benjamin Tal: Apparemment, l'économie réagit à l'augmentation des taux d'intérêt de l'année dernière, de sorte que c'est le cycle. Comme vous le savez, et tel que je l'ai mentionné plus tôt, M. Greenspan a haussé les taux d'intérêt afin de lutter contre l'inflation, parce qu'il y avait surchauffe de l'économie. Maintenant, c'est le problème inverse.

Il ne faut pas oublier non plus que le secteur de l'automobile aux États-Unis a été en véritable effervescence. Les ventes de nouvelles voitures aux États-Unis ont atteint environ 17,9 millions en 2000. Il s'agissait d'un record. Le niveau d'équilibre, si vous voulez, est d'environ 15 ou 16 millions. Vous ne pouvez pas soutenir une telle expansion. Je pense donc que l'actuel ralentissement dans le secteur manufacturier aux États-Unis reflète tout à fait ces facteurs.

M. James Rajotte: Ma dernière question, si je peux me permettre, se rapporte à ce que vous avez dit au sujet de la réduction du taux d'intérêt que M. Greenspan a mise en place, et les autres réductions du taux d'intérêt qui auront lieu l'année prochaine. Vous avez deux de ce que je pense vous appelez des chocs pour le système. Le sous-entendu est que l'impulsion pourrait être trop grande. Pour les décideurs au Canada, de toute évidence nous nous attendons à un ralentissement ici au cours des six à huit prochains mois. Quels conseils pouvez-vous nous donner en tant que décideurs? Si vous dites que ces deux facteurs aux États-Unis sont trop grands, quel serait, selon vous, une réponse mesurée au ralentissement ici?

• 1045

M. Benjamin Tal: Tout d'abord, compte tenu du fait que l'économie va ralentir, la chose à faire serait de réduire les taux d'intérêt. Je pense que c'est ce que va faire la Banque du Canada. Il ne faut pas oublier que nous n'avons pas suivi la Réserve fédérale américaine de façon aussi agressive. Donc, les taux d'intérêt au Canada n'ont pas diminué comme aux États-Unis, et notre marge de manoeuvre est beaucoup plus grande.

Ensuite, l'inflation au Canada est inférieure à celle enregistrée aux États-Unis. Donc, une fois de plus, notre marge de manoeuvre est beaucoup plus grande en ce qui concerne les réductions du taux d'intérêt.

Le troisième point est celui des réductions d'impôt. On ne pourrait choisir meilleur moment pour des réductions d'impôt au Canada parce qu'elles aident vraiment l'économie, maintenant qu'elle ralentit. Elles auront une incidence aux États-Unis au moment où l'économie se redresse. C'est une autre raison pour laquelle l'inflation pourrait être plus importante aux États-Unis. Au Canada, je pense que le moment n'est en effet pas mal choisi.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Rajotte.

Monsieur Savoy.

[Français]

M. Andy Savoy (Tobique—Mactaquac, Lib.): Merci, madame la présidente.

Je vous remercie de votre visite aujourd'hui.

[Traduction]

Merci beaucoup de venir nous rencontrer.

J'ai trois questions. Je vais commencer par l'aspect des PME. Vous conviendrez probablement avec moi qu'une PME dont le chiffre d'affaires est de 50 millions de dollars et qui compte 500 employés, c'est une farce. Dans ma circonscription, il y a quatre entreprises qui ne sont pas des PME. À ce sujet, j'aimerais avoir une ventilation selon le chiffre d'affaires de l'entreprise—500 000 $ au moins, 500 000 $ à 1 million de dollars, 1 million de dollars à trois millions de dollars, 4 millions de dollars à 9 millions de dollars, 10 millions de dollars à 25 millions de dollars, 26 millions de dollars à 50 millions de dollars—pour voir s'il y a une tendance dans les taux d'approbation.

Caroline, vous pourriez peut-être en parler. Y a-t-il des tendances dans les taux d'approbation fondés sur le chiffre d'affaires de l'entreprise—pas les PME en tant qu'un groupe général, mais ventilé comme cela?

Mme Caroline Hubberstey: Le sondage auquel je faisais référence avait été fait auprès des propriétaires de PME. Nous avons examiné le profil de l'entreprise emprunteuse. Lorsque vous êtes dans le secteur des petites entreprises—Benny pourrait peut- être préciser—la grande majorité des entreprises au pays sont petites. Soixante-quinze pour cent comptent moins de cinq employés. Nous ne constatons pas une grande différence dans le taux général d'approbation des emprunts lorsque nous tenons compte des recettes provenant des ventes. C'est passablement uniforme.

La majorité, ce sont de petites entreprises. Nous ne voyons pas beaucoup de différence dans le taux d'approbation des emprunts en ce qui concerne la taille de l'entreprise. Les statistiques relatives aux prêts que nous avons ventilées pour vous se fondent sur le niveau d'autorisation. Je pense que tout le marché des petites entreprises est défini de diverses façons.

Donc, oui, les statistiques que vous aviez—500 employés, 50 millions en chiffre d'affaires—c'est dans la partie supérieure. La grande majorité des petites entreprises comptent moins de 50 employés, probablement un chiffre d'affaires de moins de 5 millions de dollars, et le taux d'approbation des emprunts en ce qui les concerne est très bon.

M. Andy Savoy: Si vous le ventilez, comme j'ai dit, entre peut-être 250 000 $ ou moins, 250 000 $ à 500 000 $, et ainsi de suite, vous verriez qu'il n'y a aucune tendance dans le taux d'approbation entre une entreprise dont le chiffre d'affaires est de 26 millions de dollars et une autre dont le chiffre d'affaires est de 250 000 $...? Voyez-vous ce que je veux dire? Il n'y aurait aucune tendance dans les taux d'approbation décroissants?

Mme Caroline Hubberstey: Vous demandez quel est le taux d'approbation pour une entreprise empruntant 20 000 $ par rapport à une autre qui en emprunte 20 millions.

M. Andy Savoy: En réalité, en fonction du chiffre d'affaires. Y aurait-il une tendance entre une grande entreprise et une plus petite, selon la distinction faite pour les PME, pour ce qui est des taux d'approbation?

Mme Caroline Hubberstey: Je vais laisser chaque banque répondre à cette question, monsieur Savoy.

M. Andy Savoy: Ce que je veux, c'est que j'aimerais avoir des données à ce sujet.

M. Nick Stitt: Je n'ai pas les données exactes, mais je peux vous dire que notre portefeuille actuel—et je me concentre uniquement sur les petites entreprises dont le crédit est inférieur à 250 000 $ et le chiffre d'affaires inférieur à 2 millions de dollars—refléterait exactement les données concernant la population en général. Si vous examiniez la ventilation de nos prêts, ils seraient un reflet de ce qu'il y a dans la population, ce qui indiquerait indirectement que les approbations sont une forme dans toute la population. Donc si nous approuvons 80 p. 100 dans un cas, nous approuvons probablement 80 p. 100 dans l'autre, sinon nous aurions une distorsion dans le portefeuille. C'est une réponse indirecte; je n'ai pas les données exactes.

M. Andy Savoy: Puis-je obtenir les données? Caroline, pouvez- vous obtenir les données pour l'industrie, ventilées comme je l'ai dit?

Mme Caroline Hubberstey: Oui.

M. Andy Savoy: Deuxièmement, notre avenir passe par les PME. Nous nous rendons compte que nous nous acheminons vers un ralentissement de l'économie, et c'est attribuable en grande partie à l'innovation, à la R-D—nouvelles compagnies, nouveaux produits. La portion ou l'affectation de la propriété intellectuelle et du capital humain... Lorsque vous évaluez une entreprise, avez-vous des personnes ou une structure qui vous permettent d'évaluer adéquatement à la fois la propriété intellectuelle et le capital humain?

• 1050

Mme Caroline Hubberstey: Je vais laisser chaque banque répondre à cette question.

M. Jim Hamilton: Bien sûr. Merci.

C'est certainement un facteur critique, à n'en pas douter, et un aspect au sujet duquel nous continuons toujours de donner de la formation et du perfectionnement. À titre d'exemples, je pourrais mentionner notre équipe de l'industrie axée sur le savoir qui s'occupe des emprunts des industries de propriété intellectuelle, des industries cinématographiques, et d'un éventail d'autres types d'industries. C'est essentiel parce que ce n'est pas un terme comptable; c'est une clientèle qui découle de la valeur de cette éducation. C'est très certainement une priorité, et de toute évidence important.

M. Andy Savoy: Caroline, l'ABC a-t-elle une stratégie pour examiner cette question de capital humain et de propriété intellectuelle, sur la façon de bien l'évaluer pour s'assurer que nous en tenons compte de façon adéquate et que nous lui rendons ce qui lui revient.

Mme Caroline Hubberstey: L'ABC n'intervient pas dans les décisions d'affaires des différentes banques. C'est pourquoi j'invite les différentes banques à répondre aux questions sur la façon dont elles traitent ces questions particulières.

M. Andy Savoy: Bien.

M. Derrall Moriyama: À la Banque de Montréal, nous avons évidemment créé des centres de la technologie innovatrice d'un bout à l'autre du pays. Nous considérons qu'il s'agit effectivement d'une industrie en croissance, une industrie vivante, quelque chose que nous devons suivre de près et dont nous devons faire partie.

Mme Carol Gray: À la CIBC, en plus de l'approche que nous avons adoptée au sujet des entreprises axées sur le savoir, et qui est semblable à celle des autres banques, nous avons tout récemment mis sur pied à titre expérimental un programme de surveillance du crédit qui nous permettra d'évaluer l'expertise gestionnelle des entreprises en démarrage sur une base qualitative. Le fait de connaître l'expertise gestionnelle du propriétaire nous aiderait à assurer un financement aux entreprises en démarrage.

La présidente: Madame Loewen.

Mme Susan Kennedy-Loewen: Il y a des spécialistes en information et technologie dans certains centres, mais ces centres ne sont pas répartis de façon uniforme dans toutes les zones géographiques. Comme il n'est pas toujours possible de répondre aux besoins des gens de la région, nous avons établi un centre de ressources des petites entreprises. Ainsi, nos employés au Canada n'ont qu'à composer un numéro 1-800 pour obtenir des réponses à leurs questions sur les petites entreprises.

Nous voulons nous assurer que le manque de compétences dans une succursale ne nous empêche pas d'offrir un excellent service aux clients et de comprendre les besoins. Il est très difficile pour les banques de posséder toutes les connaissances nécessaires, mais nous avons établi un centre axé précisément sur le marché des petites entreprises et destiné à aider les banques à ce sujet.

La présidente: Monsieur Stitt.

M. Nick Stitt: À la Banque Toronto-Dominion, nous offrons des services bancaires aux entreprises, non seulement dans toutes nos 1 300 succursales de détail, mais aussi dans les centres d'affaires commerciales. Certes, les petites entreprises et les entreprises de haute technologie peuvent s'adresser à un centre d'affaires commerciales, qui est plus spécialisé dans le domaine. Elles peuvent aussi faire appel, à Toronto, à un groupe de spécialistes qui transigent avec les industries du savoir.

Pour ce qui est des petites entreprises, un grand nombre de vendeurs spécialisés ont été mobilisés récemment pour aider les succursales de détail dans les opérations de prêts aux petites entreprises. Ces employés peuvent se rendre chez le client pour réaliser directement avec lui des transactions de crédit.

M. Jim Howden: Nous avons plutôt tendance à nous occuper des petits prêts et des gros prêts de la même façon. Si nos directeurs de succursale ont besoin d'aide, ils peuvent communiquer avec les services de crédit de Toronto et de Vancouver où on les aidera à prendre une décision éclairée. C'est la formule du sur mesure.

M. Peter Thompson: À la Banque nationale, il est plutôt pratique courante d'évaluer la gestion et le capital intellectuel de toutes les entreprises. C'est particulièrement le cas des entreprises qui comportent plus de risques—je veux dire plus de risques pour ce qui est du produit. Dans le cas d'une dette de second rang ou d'une avance de fonds offrant moins de garanties, l'aspect gestion devient particulièrement déterminant.

La présidente: Merci.

M. Andy Savoy: Merci, madame la présidente.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Savoy.

Il y a encore quatre ou cinq personnes qui veulent poser des questions, et il va donc falloir accélérer un peu. Les prochains intervenants pourraient peut-être essayer d'en tenir compte.

Monsieur Brison, c'est à votre tour.

M. Scott Brison (Kings—Hants, PC): Merci, madame la présidente.

• 1055

Je vous remercie aussi tous de vos interventions. Je n'ai pas pu tout entendre. J'ai des fonctions parlementaires à remplir aujourd'hui, et je dois donc aller et venir.

J'ai quelques questions à poser. Ma première question a trait au rôle de Wells Fargo. Je crois comprendre que Wells Fargo est plus accommodante pour ce qui est de prêter aux petites entreprises notamment parce que ses taux d'intérêt sont plus souples. Est-ce une question de politique? On me dit que Wells Fargo fait preuve dans l'ensemble de plus de souplesse pour ce qui est d'évaluer les prêts à risques élevés et d'offrir des taux d'intérêt proportionnés aux risques.

J'aimerais savoir pourquoi nos banques ne s'intéressent pas aux situations à risque élevé? Au lieu d'opposer un refus aux petites entreprises, pourquoi ne leur prête-t-on pas davantage en cas de risques élevés en fixant des taux correspondants aux risques?

Mme Caroline Hubberstey: Les banques prêtent quand les risques sont faibles. Il faut dire que nous prêtons l'argent de nos déposants. Nous avons aussi des actionnaires et un organisme de la réglementation. Notre secteur est très réglementé et l'organisme de réglementation surveille les activités des banques. Nous ne sommes pas les seuls fournisseurs de services sur le marché.

Il y a d'autres fournisseurs qui offrent du financement à risque élevé. Les partenariats et les alliances stratégiques dont nous parlons avec d'autres fournisseurs qui offrent du capital à risque plus élevé permettent aux banques de sortir un peu de leur créneau de financement à faible risque. Aujourd'hui, les déposants ne touchent pas des taux d'intérêt élevés, mais tiennent à ce que leur capital soit garanti. C'est la raison pour laquelle je parle des alliances stratégiques auxquelles la CIBC a fait référence.

Mme Carol Gray: Il y a deux réponses que je peux donner à votre question. D'abord, Wells Fargo ne peut pas éliminer le risque sur les prêts aux petites entreprises. Par contre, elle peut diversifier son portefeuille, qui est très important et s'étend dans deux pays. Elle peut ainsi diversifier le risque, ce qui est plus facile pour elle que pour nous, qui sommes limités au marché des petites entreprises au Canada. C'est la première réponse à votre question.

Ensuite, Wells Fargo prête aux petites entreprises d'une façon beaucoup plus vaste et complète. Comme elle est établie aux États- Unis, elle a accès à un plus grand marché et connaît mieux les méthodes d'évaluation des éléments de risque des petites entreprises. Nous espérons pouvoir profiter de cela dans l'intérêt de nos clients.

M. Scott Brison: Est-ce que vos services de prêts aux petites entreprises et certains de vos services bancaires d'investissement sont intégrés actuellement? Les entreprises de la nouvelle économie n'ont pas autant besoin de financement par emprunt que d'une participation à l'investissement. Le service électronique Scotia ou les services bancaires d'investissement de vos banques ont joué un rôle très important dans le domaine de la biotechnologie ou de la technologie de l'information. Mais cherchez-vous à intégrer cet argent investi dans le domaine du savoir et vos services de prêts aux petites entreprises? Il me semble qu'il devrait y avoir une certaine synergie du côté de la nouvelle économie. Les entrepreneurs de la nouvelle économie ont plus besoin de financement par capitaux propres que de financement par emprunt. J'aimerais savoir s'il y a des stratégies à ce sujet dont vous pouvez nous parler.

M. Jim Hamilton: C'est une grande question. Je dirais que la stratégie consiste à travailler avec les différents services. Nous avons des règlements différents dans chaque service. Dans notre secteur, l'une des clés du succès est la collaboration avec nos filiales ou institutions apparentées, qu'il s'agisse des services bancaires et d'investissements offerts aux grandes entreprises ou des services de financement des petites entreprises.

• 1100

Nous entretenons d'excellentes relations avec eux. Ces services qui sont distincts communiquent beaucoup entre eux, et c'est ce que nous voulons.

Mme Susan Kennedy-Loewen: Certes, nous discutons toutes les semaines avec les services électroniques Scotia et le groupe des petites entreprises de la Banque Scotia des besoins des clients et des services à leur offrir. Je pense que nous avons une très belle occasion de continuer sur cette lancée. Nos stratégies sont très solides, et je peux sûrement vous fournir de la documentation à ce sujet.

Mme Carol Gray: Je pense que le Niagara Growth Fund est un excellent exemple de collaboration entre au moins trois de nos banques, dont les services bancaires d'investissement offrent des fonds de capital de risque. C'est un modèle que nous aimerions établir ailleurs.

M. Derrall Moriyama: Merci. Pour continuer d'entretenir de bonnes relations avec nos clients, nous voulons savoir exactement ce qu'ils vivent. Nous voulons retenir cette clientèle le plus que nous pouvons. Donc, s'il est possible de les aider en leur offrant d'autres services ou ceux d'entreprises apparentées, nous allons sûrement le faire de façon régulière, comme nous le faisons déjà.

La présidente: Quelqu'un d'autre veut répondre?

Dernière question, monsieur Brison.

M. Scott Brison: Puis-je poser deux brèves questions plutôt qu'une longue, madame la présidente?

D'abord, j'aimerais avoir un peu d'information sur les investisseurs providentiels. Malheureusement, au Canada, nous n'avons pas de réseau d'investisseurs providentiels renseignés. Nos banques sont tout à fait en mesure de renseigner des particuliers ayant un avoir net élevé pour qu'ils les aident à participer davantage à des occasions d'affaires. J'aimerais savoir s'il y a un intérêt à ce sujet.

Il y a aussi la question du microfinancement qui est un sujet complètement différent, et je sais que certaines banques ont participé à des initiatives à ce sujet. Le projet Calmeadow en est un. Mais quel est le taux de succès des mesures de microfinancement et avez-vous d'autres plans à ce sujet, le cas échéant?

Mme Caroline Hubberstey: Je vais répondre à la question sur les investisseurs providentiels au Canada. En fait, nous avons effectué beaucoup de recherches avec Allan Riding, qui est probablement l'un des principaux spécialistes dans ce domaine au Canada. Je suis heureux de le signaler aux membres du comité.

Mme Susan Kennedy-Loewen: Dans le centre de ressources, nous essayons d'établir des alliances tripartites pour constituer un groupe solidaire d'investisseurs providentiels. Quand les banquiers lancent un appel, ils servent de point de référence. Ce service fonctionne très bien jusqu'ici. Il en est à ses premiers balbutiements, mais je pense qu'il y a beaucoup de possibilités d'expansion.

M. Jim Hamilton: Je peux répondre à votre question sur le microfinancement, monsieur Brison.

Nous avons des alliances avec d'autres banques, ainsi qu'avec la Fondation canadienne des jeunes entrepreneurs, qui offrent du microfinancement. Nous avons aussi créé d'autres liens. Dans ce domaine, c'est l'aspect éducation qui est le plus important. Ce n'est pas tellement l'aspect financier. Une partie indissociable de ces programmes est le travail accompli bénévolement par notre personnel qui montre comment préparer des plans d'affaires, par exemple. Le volet éducatif est beaucoup plus important pour nous que les 10 000 à 15 000 $ de microfinancement versés.

La présidente: Monsieur Brison, avez-vous fini?

M. Scott Brison: Bien, vous me l'avez déjà demandé. J'imagine que c'était une question, madame la présidente.

La présidente: Concluez, monsieur Brison.

M. Scott Brison: Merci beaucoup. Toute la question de la formation d'un milieu plus animé de l'esprit d'entreprise m'intéresse, et c'est peut-être un sujet que notre comité pourrait examiner de plus près. Pour ce qui est de l'investissement providentiel ou de démarrage au Canada, je pense que les banques sont bien placées à ce sujet. Au lieu de simplement refuser un prêt à quelqu'un à Windsor, en Nouvelle-Écosse, on pourrait orienter les gens différemment pour qu'ils puissent trouver du financement par capitaux propres.

La présidente: Merci beaucoup, monsieur Brison.

Madame Torsney, c'est à vous.

• 1105

Mme Paddy Torsney (Burlington, Lib.): Merci.

Il me semble que, pour beaucoup de petits entrepreneurs, les choses se compliquent quand le nombre d'employés et de clients augmentent. Il y a des problèmes bien différents des problèmes de crédit qu'il faut examiner. Certes, celui qui avait un groupe de fournisseurs, et je pense que la Banque Toronto-Dominion a un groupe des achats en ligne à venir... C'est utile dans certains cas. Mais il y a beaucoup de problèmes de relations de travail, et je pense que c'est trop compliqué. On peut préférer être une SOHO pour ne pas avoir tous ces problèmes d'employés.

Je pense qu'il y a beaucoup de gens talentueux et de ressources auxquelles les banques pourraient faire appel pour aider les gens à se lancer en affaires. Ainsi, ils emprunteront davantage et auront plus de succès. Mais il faut établir un lien entre les deux. Si de plus en plus de gens travaillent seuls, la situation va se détériorer.

Je sais qu'à Burlington, la banque Scotia a établi un service de conseillers qui est confidentiel et indépendant. On n'y vend pas de produits; on offre seulement des conseils. Ce service était destiné aux particuliers, mais on constate qu'il y a beaucoup de petites entreprises qui demandent des conseils et veulent savoir comment aborder leur directeur de banque. Le service s'occupe des petites entreprises parce que le besoin existe et qu'il dispose du temps nécessaire. Mais je me demande quels sont les autres services indépendants qui existent, et ce que nous pouvons faire pour aider les gens à recruter et à prendre de l'expansion.

J'aimerais signaler que, pour moi, les conseils doivent être indépendants ou impartiaux, parce que trop souvent on ne veut pas parler à son directeur de banque. On craint qu'il refuse d'approuver le prochain prêt ou qu'il charge plus cher. C'est la nature humaine. Il y a des choses qu'on hésite à partager. C'est pourquoi il faut des services de consultation indépendants. Les chambres de commerce peuvent être utiles, mais souvent elles ne s'occupent pas des SOHO.

Mme Caroline Hubberstey: C'est une question très intéressante que nous avons examinée depuis que nous avons commencé à parler de l'accès à l'information, de la collaboration multipartite et du développement de compétences.

Le projet pilote dont j'ai parlé, auquel nous travaillons en partenariat avec Industrie Canada, est semblable à celui qui a connu du succès dans la région de Niagara—St. Catharines. Il sert, exactement comme vous l'avez dit, à fournir localement des ressources, qui sont souvent à la portée des petites entreprises. Si ceux qui m'ont conseillé ne sont plus là, qu'est-ce que je fais si j'ai une autre question à poser?

Cela permet de former un groupe de petites entreprises qui peuvent obtenir des informations et acquérir les compétences dont elles ont besoin localement. Nos séminaires sur le commerce électronique expliquent dans les grandes lignes où trouver de l'information dans son milieu, à qui s'adresser.

Les banques travaillent au niveau local, pour créer des liens avec d'autres intervenants afin d'aider les petits entrepreneurs à développer les compétences et les connaissances nécessaires.

La présidente: Madame Gray.

Mme Carol Gray: Toutes les banques apportent une contribution importante aux organismes de développement économique locaux et régionaux, qui sont des mines de renseignements. Nous aidons aussi la Chambre de commerce, qui est une autre source utile.

La popularité croissante d'Internet permet aux gens de visiter des centres de connaissance virtuels pour trouver de l'information. Ils n'y trouvent pas de conseils, mais les informations dont ils ont besoin. C'est ce que nous essayons de faire avec nos sites BizSmart.

Il y a aussi l'Association of Collegiate Entrepreneurs, que notre banque et d'autres appuient. C'est une autre forme de mentorat. Il existe différents moyens qui nous permettent d'aider les entreprises à s'organiser et à s'orienter en plus de leur fournir des conseils pratiques.

M. Derrall Moriyama: Avant ma mutation survenue tout récemment, je travaillais à Edmonton, où le gouvernement provincial a créé une pépinière de petites entreprises. Nous y avons participé avec d'autres banques.

C'était formidable pour les petits entrepreneurs qui voulaient vraiment obtenir de l'information dans différents domaines. Il y avait des avocats qui participaient ainsi que des comptables. L'entrepreneur pouvait téléphoner pour demander de l'aide sur toute une gamme de sujets: la dotation en personnel, les impôts, la planification d'entreprise, la structure. Je crois que cela a été très apprécié.

• 1110

Mme Paddy Torsney: Avant que M. Hamilton ne réponde, y en a-t-il qui offrent spontanément des conseils sur la façon d'améliorer les comptes clients ou de conquérir de nouveaux marchés? Parfois, je pense que les gens ne se rendent même pas compte qu'ils peuvent profiter de certaines informations. C'est utile que vous leur expliquiez comment faire, parce que s'ils peuvent faire payer le client dans un délai plus court, de cinq jours, cela est plus rentable pour eux. Les gens commencent à réfléchir et fixent des objectifs pour leur petite entreprise.

Mme Carol Gray: Je pense que les banques disposent ici d'une occasion unique. C'est nous qui transigeons avec le plus grand nombre d'entreprises, ce qui nous permet de colliger des données qui peuvent aider les entreprises à déterminer si elles se situent, sur le plan de la concurrence, dans le premier quartile. Par exemple, nous avons des données fondées sur les statistiques de l'industrie qui permettent, entre autres, d'établir si elles recouvrent ou non leurs comptes clients de façon concurrentielle.

Je sais que la CIBC—et je suis certaine que mes collègues peuvent parler pour eux-mêmes—dispose d'excellents outils. Nous pouvons créer en détail divers scénarios qui indiqueront de façon précise aux clients les mesures à prendre pour favoriser la croissance de leur entreprise, leurs points faibles et la façon dont ils peuvent améliorer leur fonds de roulement. Ces outils sont très pratiques. Les clients peuvent incorporer ces renseignements dans leur plan d'activités et mettre celui-ci à exécution très rapidement.

Mme Susan Kennedy-Loewen: [Note de la rédaction: Inaudible]... beaucoup de petites entreprises, et surtout les SOHO. Les banques veulent voir leur plan d'activités, mais elles ne le mettent pas toujours sur papier. Elles ont un très bon plan d'activités, mais dans leur tête. Si vous leur posez des questions à ce sujet, vous obtiendrez beaucoup de renseignements fort intéressants.

J'ai passé 18 ans dans le secteur bancaire à m'occuper surtout des petites entreprises. C'est quand on discute seul à seul avec elles qu'on en apprend le plus. Cette forme de dialogue favorise l'échange de renseignements. Nous devons faire en sorte que les banquiers sur le terrain comprennent bien ce qu'ils peuvent faire pour venir en aide aux petites entreprises. Voilà pourquoi nous avons demandé à un propriétaire de petite entreprise de bien vouloir rencontrer ce banquier afin de lui expliquer quand la banque rend service et quand elle ne le fait pas. C'est très important. Cette expérience a donné de bons résultats car elle nous a permis à tout le moins de sensibiliser le personnel de la banque à la situation.

La présidente: Merci beaucoup.

Monsieur Hamilton.

M. Jim Hamilton: Je voudrais tout simplement ajouter à ce que mes collègues ont dit.

Ce qui compte, c'est le soutien du personnel et la façon dont il s'intègre, avec les petites entreprises, les centres d'entreprises, dans les marchés locaux. Il s'agit là de l'élément clé du processus d'éducation. Nous fournissons à cet égard des guides préparés par l'administration centrale. La Banque Royale offre un programme appelé ViaSource, qui permet aux entrepreneurs de se conseiller les uns les autres. Toutefois, la clé, c'est la participation du personnel local à ces activités.

La présidente: Merci.

Merci beaucoup. Madame Torsney.

Mme Paddy Torsney: J'aimerais faire un dernier commentaire. Il serait peut-être possible d'établir des critères qui permettront à tous les banquiers de se fixer des objectifs, de recouvrer les comptes clients dans un délai moyen de cinq jours, par exemple. On pourrait s'assurer, de cette façon, qu'ils mettent à profit l'information recueillie.

La présidente: M. Howden souhaiterait également ajouter quelque chose.

M. Jim Howden: Je tiens tout simplement à dire que nos gestionnaires de comptes—je pense que cela vaut pour la plupart des banques—offrent des produits et des services qui aident les gens à gérer leurs rentrées de fonds. Par exemple, s'ils vendent des produits aux États-Unis, ils peuvent établir un système qui leur permettra d'accélérer le recouvrement des fonds.

Plus important encore, nous encourageons toujours nos clients à établir des liens solides avec leur cabinet de vérificateurs ou d'experts-comptables externes, leurs conseillers juridiques, par exemple, et aussi les firmes spécialisées dans les ressources humaines. Nous croyons sincèrement qu'une entreprise doit s'entourer de spécialistes de l'extérieur si elle veut réussir. Les experts-comptables et les avocats ne sont peut-être pas des gens très excitants, mais ils sont là à notre service, prêts à nous fournir des conseils.

La présidente: Merci beaucoup, madame Torsney.

Brièvement, madame Jennings.

[Français]

Mme Marlene Jennings: Merci beaucoup. Je voudrais toucher à la question des travailleurs autonomes, dont vous avez parlé. Quand je dis «travailleurs autonomes», j'entends les personnes self-employed. C'est la partie du marché qui est véritablement en croissance. Vous avez des forfaits, des produits et services à l'intention de cette clientèle en croissance.

• 1115

J'aimerais savoir si vous avez été à même de constater l'existence de barrières que créeraient soit des politiques gouvernementales, tous niveaux confondus, soit l'environnement dans lequel ces gens doivent travailler. Je pense que c'est très important, parce que M. Tal nous a dit que, dans cinq ou six ans, 20 p. 100 des gens seront des travailleurs autonomes. Je dois dire que je crois que nos politiques fiscales n'ont pas été conçues pour prendre cela en ligne de compte. Dans le milieu commercial, bien peu a été élaboré et mis en application pour prendre cela en ligne de compte.

J'aimerais donc savoir quels changements les gouvernements devront apporter à leurs politiques fiscales, par exemple, pour ne pas créer d'obstacles et pour appuyer cette nouvelle réalité. Et de votre côté, qu'est-ce que vous faites en tant qu'institutions financières pour aider ce secteur de notre économie?

[Traduction]

La présidente: Nous pouvons peut-être commencer de ce côté-ci. Monsieur Thompson.

[Français]

M. Peter Thompson: Je pense que ce sont là de très bons points. Je pense, de façon générale, que les gouvernements, tous niveaux confondus, comme vous dites, fournissent toujours une grande aide aux PME et aux travailleurs autonomes. Je crois qu'il sera important qu'ils demeurent vigilants afin de découvrir des programmes qui puissent servir d'incitatifs pour les travailleurs autonomes, sous forme de crédits d'impôt, de subventions ou de quoi que ce soit d'autre, pour stimuler et aider ces gens-là.

En ce qui concerne notre banque et la façon dont elle essaie d'aider ce secteur, c'est justement, comme on le disait plus tôt, en essayant, surtout dans le cas d'un travailleur autonome, de fournir une sorte de processus de formation. Grâce à une certaine formation, on tente d'informer autant que possible un entrepreneur sur toutes sortes de sujets qui se présenteront à lui.

Je pense que l'ensemble de ces mesures, que ce soit des subventions pour soutenir les fermiers ontariens, compte tenu de ce qui se passe aux États-Unis, la collaboration du gouvernement avec les banques... Il est très important qu'on établisse un partenariat entre nous pour aider ces gens-là afin d'assurer le succès de ce secteur.

[Traduction]

M. Benjamin Tal: Les deux grands défis auxquels font face les petites entreprises, outre le financement, sont les travailleurs qualifiés et le facteur temps. Elles nous disent qu'elles ont besoin d'environ 300 000 travailleurs qualifiés. Or, quand j'utilise le mot «qualifié», je ne fais pas uniquement allusion aux programmeurs d'ordinateurs et aux ingénieurs informatiques. Je fais allusion aux électriciens, aux plombiers, aux travailleurs qui ont des compétences, qui savent exercer un métier et non pas simplement parler de tout et de rien.

Une voix: Comme les gens autour de cette table.

Des voix: Oh, oh!

M. Benjamin Tal: Et des économistes.

On a tendance à croire, à tort, que le mot «compétences» est synonyme d'ordinateurs. Or, il est question ici de compétences pour lesquelles il existe un besoin. Il nous manque environ 300 000 travailleurs. Une petite entreprise sur cinq—ou 20 p. 100—affirme que la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée nuit à sa croissance. Une entreprise sur cinq, c'est beaucoup. Voilà pour le premier facteur.

Le deuxième facteur, c'est le temps, parce que nous savons que les propriétaires de petites entreprises vieillissent. Ils sont issus de la génération du baby boom. Leurs parents vieillissent, et ils ont des enfants. Il y a des propriétaires de petites entreprises qui passent actuellement neuf heures par semaine à s'occuper d'un parent âgé. C'est beaucoup, et cette exigence va aller en s'accroissant. Nous le savons. C'est donc là un autre défi auquel doivent faire face les petites entreprises.

Donc, à la question du crédit viennent s'ajouter les travailleurs qualifiés et le facteur temps. Je pense que le secteur bancaire et le gouvernement peuvent faire quelque chose à cet égard.

La présidente: Brièvement, s'il vous plaît, monsieur Hamilton, parce que le temps presse.

M. Jim Hamilton: Je dirais tout simplement—et c'est ce qu'on essaierait également de faire—qu'il faut s'adapter aux changements technologiques et rationaliser les processus qui ont un impact sur les petites entreprises.

Mme Susan Kennedy-Loewen: Je voudrais ajouter quelque chose.

La présidente: D'accord, madame Kennedy-Loewen.

Mme Susan Kennedy-Loewen: La haute technologie est très importante, mais je crois que le facteur temps l'est encore plus en ce qui concerne les propriétaires de petite entreprise. Nous devons tenir compte de leurs besoins personnels et des besoins de leur entreprise et les concilier. C'est primordial. Nous devons trouver un moyen de leur accorder une hypothèque sans leur créer trop de complications. Si nous accordons au client le financement dont il a besoin leur entreprise, si nous essayons de faire les choses simplement, le client en sortira gagnant.

• 1120

La présidente: Merci.

Monsieur McTeague, brièvement s'il vous plaît.

M. Dan McTeague: Merci, madame la présidente. Je voulais poser une question très simple.

Quand nous nous attendons à ce que l'économie connaisse un ralentissement, quand les choses deviennent un peu plus corsées, les grandes sociétés peuvent utiliser leurs biens affectés en garantie pour rembourser leurs prêts ou leur solde impayé et ainsi satisfaire aux exigences de leurs actionnaires et de leurs institutions. La petite entreprise, elle, est peut-être endettée jusqu'au maximum et n'a peut-être pas d'autre solution de rechange.

Je me demande tout simplement, dans l'esprit de ces nouvelles alliances et de ces idées nouvelles et novatrices que nous avons explorées, ce qui arrive à une petite entreprise dans une situation où, par exemple, un gestionnaire de banque a 300 autres comptes? Je sais que vous aurez une petite discussion amicale, mais cela fait beaucoup de gens avec qui traiter. Est-ce que vous leur fixer des ultimatums? Ou est-ce que vous leur dites, un instant, nous allons vous aider pendant les 8 ou 12 prochains mois, comme l'a laissé entendre M. Tal? Quelles mesures novatrices utilisez-vous pour venir à bout de cette situation?

La présidente: Monsieur Stitt.

M. Dan McTeague: Monsieur Stitt, nous allons commencer par vous.

M. Nick Stitt: D'abord, si vous jetez un coup d'oeil sur les taux d'utilisation du crédit renouvelable ou des lignes de crédit, vous allez constater qu'un grand nombre de petites entreprises disposent d'une marge suffisante qui leur permettra de couvrir temporairement tout manque de fonds.

Pour ce qui est de la façon dont nous collaborons avec elles, la succursale de la TD entretient des rapports différents avec le client. Les deux concentrent leurs efforts sur la situation personnelle du client, la situation de son entreprise. La succursale offre des services bancaires de détail et se porte à la défense du client. Elle veut agir dans l'intérêt de celui-ci et essayer de l'aider à résoudre ses problèmes d'abord parce qu'elle ne veut pas le perdre comme client et aussi parce qu'elle veut, manifestement, en attirer de nouveaux.

Nous pouvons, grâce à la technologie, examiner les comptes régulièrement et cerner les cas qui pourraient poser problème. Quand une telle situation se produit, des spécialistes de l'administration centrale s'entretiennent avec la succursale et le client.

Bien entendu, nous allons, au besoin, fournir du crédit additionnel aux entreprises pour leur permettre de survivre. Nous allons essayer de les aider en leur fournissant les outils et les conseils dont elles ont besoin. Nous avons tout intérêt à les aider à traverser cette période difficile. Les obliger à interrompre leurs activités n'apporte absolument rien à la banque.

M. Dan McTeague: Ce qui nous intéresse, toutefois... Il arrive—et nous avons vu ce scénario à maintes reprises, bien que je ne cible pas une banque en particulier—que vous resserriez le crédit accordé parce que vous croyez qu'il va y avoir une récession. Bien entendu, que la petite entreprise se débrouille ou non, il faut que la marge soit ramenée de 60 à 40 p. 100. Peu importe les moyens utilisés, elle doit s'exécuter dans un délai d'un mois.

M. Nick Stitt: Les choses se font différemment aujourd'hui. La composante économique a changé, tout comme la façon dont la TD transige avec les petites entreprises. Nous mettons l'accent sur les petites entreprises. Nous leur consacrons des ressources qui sont distinctes de celles qu'offre la banque commerciale, la banque d'affaires. Nous avons tendance à transiger avec elles séparément, chaque cas étant différent. Je ne vois pas comment nous pourrions appliquer des règles uniformes à toutes les petites entreprises.

La présidente: Monsieur Hamilton.

M. Jim Hamilton: Je voudrais tout simplement faire une observation.

Les petites entreprises, parce qu'elles sont si diversifiées, nous amènent à élargir notre gamme d'activités. Dans une certaine mesure, quand il y a des industries particulières qui sont en difficulté, les petites entreprises nous aident en fait à trouver des solutions. J'espère que cela contribuera à régler une partie du problème. Cela ne veut pas dire que nous sommes à l'abri de tout soubresaut économique, mais les petites entreprises nous permettent tout naturellement d'élargir la gamme de nos activités.

La présidente: Merci, monsieur McTeague.

J'aimerais, si vous me le permettez, revenir à ce que M. McTeague a dit.

Il y a environ un an—en fait, il y a 364 jours de cela—votre association et votre groupe ont comparu devant nous. Nous avons posé la même question et nous l'avons appliqué à un certain nombre de domaines, dont celui de l'agriculture, en raison de la situation concernant le prix des marchandises. Nous avons demandé aux banques quelles mesures proactives elles entendaient prendre, comment elles comptaient régler le problème. Malheureusement, ce n'est qu'aujourd'hui seulement qu'elles nous fournissent une réponse, et c'est regrettable. Mais plus important encore, le message que nous recevons des communautés ne correspond pas tout à fait à celui que nous entendons aujourd'hui.

• 1125

Hier, par exemple, j'ai reçu plusieurs courriels. Je suis étonnée de voir la réaction des gens quand nous demandons l'adoption de mesures proactives pour venir en aide au secteur agricole. Le dernier économiste qui a comparu devant le comité a dit essentiellement que le prix des marchandises n'allait pas s'améliorer. Toutefois, il a déclaré que le marché du crédit allait avantager les petites entreprises et que celles-ci allaient fort bien se débrouiller. J'ai les notes de M. O'Neill devant moi. Il a dit que la conjoncture économique allait avantager le secteur de la petite entreprise.

Je trouve cela inquiétant, car je vois ce qui se passe dans d'autres secteurs. On assiste à un effet d'entraînement quand une entreprise se livre à d'autres activités ou quand un électeur a des difficultés. En théorie, dans le secteur agricole, vous ne payez pas votre hypothèque sur une base mensuelle, mais essentiellement sur une base annuelle. Un de mes électeurs a décidé de payer son hypothèque deux fois l'an et de changer la date de paiement de mai à novembre. Cette décision lui a nuit, parce qu'on a jugé que son entreprise présentait maintenant plus de risques. Les banques, ou une banque en particulier, ont décidé que la culture commerciale présentait maintenant un risque plus élevé. Son taux d'intérêt est donc passé de 7 p. 100 à 10 p. 100.

Nous sommes confrontés à un problème énorme quand nous cherchons à savoir ce que vous comptez faire pour composer avec ces situations. Nous avons essayé de jouer un rôle proactif, mais je ne sais pas si, un an plus tard, nous avons fait beaucoup de progrès. J'utilise cet exemple hypothétique, mais si on prend quelques exemples et qu'on les réunit ensemble, je constate qu'il y a lieu de s'inquiéter.

Pour ce qui est du commentaire que M. McTeague a fait plus tôt concernant les prêts d'exploitation et les prêts à vue, le fait est que vous pouvez exiger qu'ils soient remboursés à n'importe quel moment. De nombreuses entreprises ne comprennent pas cela. Elles jugent qu'il doit y avoir une raison à cela.

Ce que nous voulons faire maintenant, c'est trouver des moyens de composer avec ce ralentissement, un ralentissement qui, d'après M. Tal, n'a rien à voir avec celui de 1991 et qui ne sera pas aussi grave que ce que laissent entendre certaines personnes, parce que la situation est différente. Le Canada se trouve en bien meilleure posture.

Comment allons-nous aider nos petites entreprises et le secteur agricole, par exemple, à traverser cette période difficile? Le secteur de l'automobile occupe une large place dans ma circonscription et il y a beaucoup de petites entreprises qui font affaire avec des sociétés plus grandes, sauf qu'elles ne possèdent pas, comme ces dernières, des biens affectés en garantie qui leur permettent de faire face à la situation. Quelles mesures proactives précises avons-nous prises pour leur venir en aide? Vous ne pouvez peut-être pas répondre à la question aujourd'hui, mais j'espère que vous serez en mesure de le faire, parce que c'est important. Comme on l'a dit plut tôt, les banquiers n'aiment pas les surprises, les clients et les députés non plus. Nous essayons d'être proactifs.

Nous vous avons rencontré le 2 mars, l'an dernier, et nous avons soulevé les mêmes questions. Nous avons dit, voilà ce qui est en train de se produire. Nous ne sommes donc pas surpris de la tournure des événements. Or, nous ne savons pas ce qui a été mis en place et c'est ce que nous voulons savoir. Nous voulons être en mesure d'aider nos électeurs, leur faire comprendre qu'ils peuvent se tourner vers nous pour obtenir aide ou conseils. Quelles mesures avez-vous prises? Que leur offrez-vous?

Vous pourriez peut-être commencer, monsieur Hamilton.

M. Jim Hamilton: D'abord, nos objectifs sont les mêmes. Nous voulons nous aussi aider nos clients à surmonter leurs difficultés. Nous avons entendu divers messages, mais en général de bonnes nouvelles, de nos experts en économie ici présents aujourd'hui.

Comme je l'ai déjà dit, madame la présidente, notre objectif à l'heure actuelle est de communiquer avec tous nos clients. Nous sommes très ouverts, et nous vous encourageons à dire à vos électeurs de ne pas hésiter à venir nous voir dès qu'ils entendent de mauvaises nouvelles au sujet de leur entreprise. Les rapports ainsi établis nous permettront, je l'espère, de surmonter cette crise. C'est là, à notre avis, le rôle des banques.

La présidente: Faites attention quand vous utilisez le mot «crise» dans le domaine agricole.

M. Jim Hamilton: Disons plutôt de surmonter les difficultés.

La présidente: Monsieur Moriyama.

M. Derrall Moriyama: D'abord, nous devons comprendre que nous présupposons que nous voulons accroître le nombre de clients. Je constate que la concurrence dans ce marché est très vive et je sais que les gens réunis autour de cette table ne se reposent pas sur leurs lauriers. Ils veulent accroître le nombre de clients. Pour y arriver, nous devons collaborer avec eux, établir des rapports à long, des rapports que nous ne pouvons pas rompre et rétablir en fonction de la conjoncture économique. Nous devons faire en sorte de bien comprendre l'industrie. Nous devons appuyer nos clients à travers toutes les épreuves, et ce, à long terme.

• 1130

Autre chose, c'est qu'il est très coûteux et très difficile pour nous de nous mettre à la recherche de nouveaux clients. Il est beaucoup plus économique de garder nos clients et de travailler avec eux. Il est donc de notre plus grand intérêt de maintenir notre portefeuille et de croître progressivement à partir de là.

Je le répète, nous devrions travailler avec nos clients, comprendre l'industrie, et suivre le courant avec eux.

La présidente: Je vous remercie.

Madame Gray.

Mme Carol Gray: Depuis un an, la CIBC a investi des millions de dollars dans la croissance de ce secteur, du côté des ressources humaines et de la technologie. Je pense que pour nous, la mesure la plus importante, pour répondre à votre question, c'est l'ajout d'employés qui traitent directement avec les petites entreprises clientes pour qu'elles aient plus facilement accès à nous et à une certaine expertise pour les aider. C'est là que nous avons mis l'accent depuis un an.

La présidente: Je vous remercie.

Madame Kennedy-Loewen.

Mme Susan Kennedy-Loewen: Je dois dire que je suis d'accord avec la plupart de ce qui a été dit jusqu'ici. Mais pour parler spécifiquement de la communauté agricole, je sais que la Banque Scotia a été très satisfaite de la croissance enregistrée dans l'encours du financement de ce groupe depuis trois ans. Le degré de délinquance que nous relevons dans ce marché spécifique est très faible. Nous ne voudrions absolument pas généraliser pour toute l'industrie, mais nous avons une opinion très positive des résultats de nos initiatives et des clients avec lesquels nous travaillons.

L'important, c'est que nous comprenons le marché agricole. Nous avons un spécialiste du prêt aux petites entreprises, qui s'occupe uniquement d'agriculture. Lorsqu'un client commence à éprouver des difficultés, nous aimons le voir tout de suite. Tout le monde le voudrait, parce que c'est regrettable lorsque les choses en arrivent au point où on sait qu'on aurait pu les aider si nos rapports avec eux avaient été assez solides pour qu'ils s'adressent à nous, leur banquier, dès le départ au sujet de leurs préoccupations.

Nous recourrons aussi à des services d'experts-conseils. Nous acheminons le client vers le groupe de médiation en matière d'endettement agricole pour être sûrs que toutes les possibilités et tous les débouchés sont explorés pour faire avancer les choses, et je pense que c'est une démarche très importante. Il faut aussi aller de l'avant avec les alliances et les partenariats, fournir de l'information qui peut aider ces gens dans ce genre de situations, et accroître les connaissances des banquiers pour qu'ils puissent examiner les possibilités et solutions pertinentes qui seront profitables non seulement pour eux, mais aussi pour le client.

La présidente: Je vous remercie.

Monsieur Stitt, vous avez la parole.

M. Nick Stitt: J'aimerais souligner que nous sommes aussi très intéressés à accroître notre part du marché du crédit aux petites entreprises. Au cours des trois derniers trimestres, nous avons d'ailleurs augmenté notre part du marché avec les petites entreprises. Nous avons des spécialistes en agriculture et sur ce plan, notre stratégie a été de mettre des spécialistes dans les succursales de détail dans la région rurales de tout le pays et partout où il peut y avoir des agriculteurs. Nous avons aussi des spécialistes au siège social.

Lorsque nous connaissons des difficultés... C'est un portefeuille très diversifié qui a un très bon rendement. Nous n'avons relevé aucun problème dans le portefeuille. Cependant, lorsque surviennent des situations qui touchent un segment spécifique, comme les éleveurs de porcins ou, comme en ce moment, les producteurs de céréale ou de graines oléagineuses, nous y sommes très sensibles, et nous savons qui sont nos clients dans le domaine. Les employés sur le terrain, de même que ceux de l'administration centrale, ont une démarche très proactive et veillent à ce que ces segments spécifiques de l'industrie agricole reçoivent l'attention voulue.

Je ne peux assez insister sur le fait que les petites entreprises clientes n'aiment pas venir voir leur banquier pour lui dire «J'ai des problèmes», même s'il serait bon qu'ils le fassent, parce que nous ne voulons pas qu'ils échouent. Il est tout naturel que nous ne voulions pas qu'ils échouent, alors nous travaillons avec eux.

Ceci dit, nous avons investi beaucoup d'argent dans des outils sophistiqués de gestion des comptes, l'utilisation de la technologie de l'information, afin de pouvoir prédire quels clients sont susceptibles d'éprouver des difficultés, les appeler et discuter avec eux de ce qui se passe dans leur entreprise et comment nous pouvons les aider à faire en sorte que la situation ne s'aggrave pas.

La présidente: Merci.

Monsieur Howden.

M. Jim Howden: Je n'ai pas beaucoup à ajouter au débat, à part que je comprends très bien que chaque client veuille être vu comme une personne et non pas traité comme un produit.

Je devrais peut-être ajouter que, dans notre organisation—et je pense que c'est le cas aussi de nos compétiteurs—il existe un mécanisme de plaintes. Nous n'en avons pas parlé aujourd'hui. Si vous n'obtenez pas la bonne réponse du gestionnaire des comptes, vous pouvez toujours vous adresser à son supérieur. Il y a donc possibilité de recours à un processus de jury.

La présidente: Merci, monsieur Howden.

Monsieur Thompson.

• 1135

M. Peter Thompson: Je pense que c'est important, et l'un des thèmes communs est certainement la spécialisation. Nous y accordons beaucoup d'importance et insistons beaucoup là-dessus, aussi en agriculture. L'une des raisons à cela, c'est cette nécessité de communication entre les représentants de la banque et le client, et son importance pour que nous soyons sur la même longueur d'ondes, pour que le client sache ce que la banque cherche à faire et que la banque comprenne les besoins du client.

Lorsque vous faites intervenir un spécialiste d'un secteur particulier, que ce soit l'agriculture, la haute technologie ou quoi que ce soit d'autre, lorsque ces gens sont plus près de parler la même langue, c'est beaucoup plus facile d'élaborer une espèce de plan avec des objectifs. En ce sens, je pense que c'est très positif et nous travaillons en étroite collaboration avec plusieurs communautés pour contribuer à éduquer les entrepreneurs sur les meilleures pratiques commerciales et sur la situation de leur secteur, comment transmettre une entreprise d'une génération à l'autre, etc. Je pense que ce sont d'importants efforts qui, au bout du compte, nous le souhaitons sincèrement, profiteront à nos clients. Nous espérons qu'ils en retiennent une partie et qu'ils l'appliquent à bon escient. Nous sommes très optimistes et pensons que ceci pourra donner de bons résultats.

La présidente: Je tiens à vous remercier tous.

J'apprécie surtout, monsieur Stitt, que nous ne voulions pas généraliser, d'aucune façon. Vous avez tout à fait raison de dire que le secteur des céréales et des graines oléagineuses est probablement celui qui est le plus en difficulté. J'aimerais demander à toutes les banques d'examiner ce qu'elles font de ce côté-là et qu'elles écrivent au comité spécifiquement pour le lui dire, parce que je crois qu'il est important de penser à l'effet de domino qui pourrait être déclenché si ce secteur n'était pas capable de faire face à ses besoins en matière de banque et de finances.

J'aimerais aussi vous demander que nous jetions un coup d'oeil sur le secteur de l'automobile et les répercussions qu'il a, parce que des régions différentes du pays sont touchées de façons diverses. De la même manière que nous ne voulons pas généraliser pour la communauté agricole, les même pratiques de financement pourraient ne pas s'appliquer partout au Canada en raison de conjonctures économiques différentes. Donc, si vous le voulez bien, peut-être pourriez-vous nous informer un peu là-dessus.

Je ne veux pas vous retenir outre mesure aujourd'hui, mais je vous remercie d'être venus. J'apprécie les messages que vous avez apportés, monsieur Tal: que la situation n'est pas si terrible que certaines personnes aiment à le dire; que nous nous débrouillons bien en tant que pays; que nous allons progresser ensemble; que nous nous en sortirons ensemble; et que les banques collaboreront avec nous.

En tant que Comité de l'industrie, nous avons toujours apprécié nos relations de travail avec vous, et nous sommes impatients de vous revoir. J'espère que cela ne prendra pas une autre année, bien que certaines choses intéressantes sont prévues pour l'automne, comme nous le savons tous.

Je vous remercie beaucoup de votre présence aujourd'hui et aussi pour votre temps. La séance est levée.

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