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AGRI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON AGRICULTURE AND AGRI-FOOD

COMITÉ PERMANENT DE L'AGRICULTURE ET DE L'AGROALIMENTAIRE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 7 mai 1998

• 0912

[Traduction]

Le président (M. Joe McGuire (Egmont, Lib.)): Je déclare la séance ouverte.

M. Dick Proctor (Palliser, NPD): Monsieur le président, avant que nous commencions, j'aimerais invoquer le Règlement.

Le président: Monsieur Proctor.

M. Dick Proctor: Il y a quelques semaines, nous avons étudié le projet de loi C-26. Une motion a été proposée par le Parti réformiste concernant l'article 7 et le vote s'est fait par appel nominal. Ce que je veux dire ne va bien sûr rien changer à ce vote, je sais que le résultat a été de six contre trois, mais j'ai par inadvertance voté contre la motion alors que j'avais l'intention de m'exprimer en sa faveur. Étant donné que je vais prendre la parole dans ce sens à la Chambre lorsque le projet y sera étudié, je voulais que la chose soit claire.

Le président: Nous l'avons remarqué au moment du vote.

M. Dick Proctor: Très bien. Merci.

Le président: Nous avons à l'ordre du jour, conformément à l'article 108(2) du Règlement, l'étude de la biotechnologie du point de vue des utilisateurs de produits. Actuellement, les agriculteurs canadiens ont recours à cette technologie pour des usages précis et nous aimerions savoir quelle est leur expérience des produits agricoles issus de la biotechnologie, comment réagit l'industrie alimentaire aux ingrédients obtenus grâce à la biotechnologie, et comment le secteur de la vente au détail réagit aux produits de la biotechnologie.

Nous recevons aujourd'hui Jim Fischer, président de AGCare; Tony Zatylny, vice-président, Protection des cultures, du Conseil du canola du Canada; Tom Lasseline du Soybean Growers' Marketing Board; Laurie Curry, vice-présidente, Politiques publiques et Affaires scientifiques, des Fabricants de produits alimentaires et de consommation du Canada; et Jeanne Cruikshank d'Halifax qui représente le Conseil canadien de la distribution alimentaire.

Soyez tous les bienvenus. Nous allons commencer par M. Fischer. Nous allons vous permettre à tous de faire un exposé avant de passer aux questions. Nous avons au total une heure et 45 minutes. Le nombre des questions que nous pourrons vous poser dépendra de la longueur de vos exposés.

Voulez-vous commencer, monsieur Fischer?

M. Jim Fischer (président, AGCare (Toronto)): Merci, monsieur le président.

Vous avez sous les yeux, ou du moins vous devriez avoir sous les yeux, un mémoire en anglais et en français. Je vais vous parler un peu pour commencer d'AGCare pour vous dire ce que nous faisons et pourquoi nous sommes ici, et vous remercier de nous avoir demandé de comparaître.

Premièrement, les produits biotechnologiques sont perçus par les agriculteurs comme un nouvel ensemble d'outils de gestion agricole, et non une panacée. Les agriculteurs doivent pouvoir accéder à ces nouvelles technologies au moment opportun, afin de demeurer concurrentiels et de produire des aliments selon la méthode la plus durable possible sur le plan environnemental. Autrement dit, la grande priorité doit être accordée à la méthode qui a le moins d'incidences sur l'environnement.

• 0915

Le cadre de réglementation canadien en ce qui a trait à la biotechnologie doit reposer sur une science sûre; il doit aussi garantir la sécurité publique et l'usage approprié de la technologie. Il doit reposer sur les faits et non sur les discours; il doit reposer sur la science véritable.

Il est certainement primordial que le consommateur soit conscient des progrès en matière de biotechnologie, et qu'il puisse avoir accès à l'information concernant le système fédéral d'homologation des produits.

Quant à ce que nous sommes, j'ai déjà fait un exposé devant certains d'entre vous, et je suis sûr qu'il y en a parmi vous qui savent ce qu'est AGCare, mais vous avez une feuille à la suite de l'exposé sur laquelle figure la liste des membres de notre organisation. Nous sommes les porte-parole de 45 000 agriculteurs qui font des grandes cultures et des cultures horticoles en ce qui concerne les sujets comme l'utilisation des pesticides, les questions liées à la biotechnologie et les autres questions environnementales telles que la gestion des nutriments, la qualité de l'eau, et la liste semble s'allonger.

Voilà donc de quoi nous nous occupons. Nous sommes un instrument de communication entre les agriculteurs et les consommateurs, et entre les agriculteurs que nous représentons et les autres agriculteurs aussi.

En ma qualité de président du groupe, je me présente aujourd'hui devant vous pour vous montrer clairement que les agriculteurs souhaitent et doivent avoir accès aux produits biotechnologiques en tant qu'outils de gestion agricole, pour que nous puissions rester concurrentiels et produire des aliments et autres produits agricoles de qualité avec les méthodes les plus durables sur le plan de l'environnement.

En ce qui concerne le cadre de réglementation, comme avec toute nouvelle technologie ou toute technique de gestion d'ailleurs, les agriculteurs considèrent que la biotechnologie joue un rôle clé dans la maximisation des profits tout en minimisant les risques. Le rôle du gouvernement fédéral quant à l'accès aux produits de la biotechnologie est clair: fournir un cadre de réglementation scientifique sûr qui garantisse aux consommateurs, aux usagers et à l'environnement en général des produits sans danger.

Le cadre de réglementation biotechnologique fédéral doit aussi être sensible aux besoins de l'industrie, secteur agricole compris. Il doit être structuré de façon à encourager et non pas à décourager tout investissement favorisant le développement de la biotechnologie au Canada. Nous vous recommandons donc de ne pas laisser le processus fédéral d'homologation des produits biotechnologiques emprunter le sentier tortueux et sans fin où s'est enlisée l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire.

Surtout en ce qui concerne le secteur des fruits et légumes, les effets de notre rébarbatif système d'homologation des pesticides d'usage soi-disant mineur mettent les agriculteurs canadiens dans une situation concurrentielle nettement défavorable face aux agriculteurs qui exportent les mêmes produits vers le Canada. C'est chose particulièrement ironique à un moment où les Canadiens consomment de plus en plus de fruits et de légumes afin d'être en bonne santé.

Nous sommes favorables à l'approche actuelle quant à la réglementation des produits de la biotechnologie en vertu des lois en vigueur relatives à la réglementation des divers aspects de l'agriculture et de l'industrie alimentaire, comme la Loi sur les semences, la Loi sur la santé des animaux, la Loi sur les engrais, etc.

En ce qui concerne l'évolution de la biotechnologie agroalimentaire, l'agriculture canadienne fait en ce moment ses premiers pas dans quatre principaux domaines prometteurs.

Actuellement, les produits de la biotechnologie à caractéristique unique sont actuellement disponibles, ce sont par exemple les produits qui offrent une résistance à un parasite ou à un herbicide et on peut citer le soja Roundup Ready dont on a modifié un gène sur peut-être 700 000 ou 750 000 pour obtenir une propriété donnée.

Deuxièmement, des aliments plus sains génétiquement modifiés sont mis au point; ce sont notamment les huiles végétales modifiées pour des raisons de nutrition ou les pommes de terre qui contiennent davantage d'amidon, moins d'eau et qui absorbent moins de gras lorsqu'on les cuit dans la friture. Des cultures spécialisées permettront de produire des substances pharmaceutiques et des vaccins; nous sommes actuellement en train d'introduire une protéine humaine dans une semence.

On prévoit que la production de cultures destinées à l'usage industriel deviendra l'une des applications de la biotechnologie à l'agriculture les plus importantes sinon la plus importante. Plus précisément, il s'agit ici de choses comme la fabrication de papier à partir de paille ou de tiges de maïs.

Qui en bénéficiera? Les avantages que pourront tirer les agriculteurs et les consommateurs de la biotechnologie sont bien évidents; il suffit de citer le soja modifié pour la fabrication de l'huile. Actuellement, Dupont et Pioneer aux États-Unis offrent une prime de 65¢ le boisseau aux agriculteurs qui cultivent 25 000 acres en soja plus faible en gras. Cette opération a pour objectif de produire un soja qui a une teneur nettement inférieure en gras saturés, ce qui veut dire qu'il n'est pas nécessaire de l'hydrogéner, c'est-à-dire qu'il peut rester stable sans passer par cette opération supplémentaire, et nous savons que l'hydrogénation a tendance à augmenter la cholestérolémie. Ce n'est qu'un exemple.

• 0920

Je peux vous donner un autre exemple, celui des plants de vigne résistants au froid que l'on est en train de mettre au point dans la péninsule de Niagara en Ontario. Cela pourrait donner au Canada une plus grande place à l'échelle mondiale, car il commence seulement à être connu pour la production de vins fins, ce qui représenterait des avantages tant pour le marché intérieur que pour celui des exportations.

Il y a un troisième exemple—qui ne figure pas dans le document mais qui est important pour moi—c'est la possibilité d'utiliser très prochainement de la luzerne transgénique qui survit en hiver. Cela se fait dans la vallée de l'Outaouais. Je l'ai vu dans ma propre exploitation agricole ce printemps puisque j'ai dû dépenser environ 2 200 $ pour réensemencer un champ de luzerne qui n'avait pas résisté à l'hiver. C'est donc une expérience en cours.

Je sais que l'Université de Guelph et d'autres établissements agricoles nord-américains sont en train de mettre au point une luzerne qui possède un gène antigel. On n'est pas en train de rêver en technicolor ici, mais d'une certaine façon, cela permettra à cette culture de rester trois ou quatre ans dans le sol au lieu de deux, comme cela a été le cas ces dernières années en raison de notre climat et d'autres facteurs, j'imagine.

Dans les cas où la biotechnologie peut constituer la seule solution, il existe certaines maladies des végétaux au Canada; on peut citer le fusarium, la moisissure et la brûlure de l'épi pour le maïs et le blé, et la moisissure blanche pour le soja et le canola, contre lesquelles les méthodes de sélection et de reproduction traditionnelles n'ont pu qu'opposer une résistance minimale, si résistance il y avait. Ces maladies peuvent endommager les cultures canadiennes de façon importante chaque année et les chercheurs pensent que la biotechnologie peut offrir des solutions à ces problèmes. C'est très possible, mais pas certain.

Il y a ensuite la gestion de la résistance. Les agriculteurs considèrent les produits de la biotechnologie non pas comme une panacée, mais plutôt comme un ensemble d'outils de gestion agricole supplémentaire, ne devant être utilisé qu'au besoin, et seulement si les avantages nous ont clairement été démontrés. Dans le domaine de la gestion de la résistance, les agriculteurs devront appliquer les meilleures techniques de gestion pour l'utilisation des produits de la biotechnologie, tout comme ils le font actuellement avec les pesticides chimiques et biologiques. Si on ne fait pas les choses comme il faut, on perdra la bataille.

En effet, une résistance aux herbicides et aux parasites apparaîtra vraisemblablement—et je dirais qu'elle apparaîtra—avec les produits de la biotechnologie, comme cela est arrivé avec les stratégies de lutte précédentes. La résistance est en réalité un fait normal et il faut l'admettre. Il faut donc être sur ses gardes, minimiser les risques en ce qui concerne la résistance et trouver des moyens de faire face à ces défis.

En ce qui concerne l'agronomie, dans les discussions pour savoir qui bénéficiera de l'introduction de cette technologie, on reconnaît rarement que les producteurs de blé sont les gestionnaires avisés qu'ils doivent être s'ils veulent rester en activité. Tandis que les outils de la biotechnologie deviennent disponibles, chaque agriculteur les évaluera pour voir quels avantages, y compris une plus grande rentabilité, chaque produit offrira en tant qu'outil. Avec tous les outils de production parmi lesquels ils peuvent choisir, les agriculteurs n'utiliseront que les produits de la biotechnologie qui ajoutent de la valeur à leur production et/ou à leur possibilité de commercialisation.

Pour l'étiquetage, le débat public concernant les produits biotechnologiques agroalimentaires a surtout porté sur le droit du public de savoir ce que contiennent les aliments qu'il consomme, ce qui est normal. Compte tenu du coût et de la logistique de la séparation des cultures au niveau des exploitations agricoles et les ingrédients alimentaires qui en découlent et qui suivent la chaîne alimentaire, pour atteindre finalement le consommateur sous diverses formes, un étiquetage indiquant que l'aliment ne comporte pas d'OGM—les OGM sont les organismes génétiquement modifiés—semble être la seule façon valable et raisonnable de donner aux consommateurs qui désirent ce genre de produits la possibilité de choisir. En autorisant à indiquer sur une étiquette «Ne contient pas d'OGM», un peu comme on le fait maintenant pour les aliments biologiques, répondrait au désir des consommateurs qui ne souhaitent pas absorber de produits obtenus par la biotechnologie agroalimentaire et sont prêts à payer davantage, s'il le faut, pour que soient cultivés et commercialisés des produits sans OGM.

Concernant l'importance de la communication, le gouvernement fédéral doit faire en sorte que les Canadiens puissent accéder facilement à l'information, qui doit être transparente, concernant la façon dont les produits de la biotechnologie sont approuvés et dont leur utilisation est réglementée. La théorie de la communication des risques a clairement montré que, là où il existe une lacune dans l'information, une information fausse ou une désinformation intentionnelle remplit rapidement la place laissée vacante.

En résumé, la biotechnologie ne sera pas la solution magique à tous les problèmes de l'agriculture, mais les producteurs du secteur agroalimentaire considèrent que cette technologie est parmi celles qui offrent les plus grandes possibilités. C'est une technologie du changement. Mais notre vie n'est que changement. Nous faisons un pas en avant, nous étudions avec soin la situation et nous faisons un pas de plus.

Monsieur le président, je vous remercie de votre attention.

Le président: Merci, monsieur Fischer.

Nous allons maintenant donner la parole à M. Zatylny.

M. Tony Zatylny (vice-président, Protection des cultures, Conseil du canola du Canada): Merci, monsieur le président. Nous sommes très heureux de comparaître devant le comité pour lui donner notre avis sur la façon dont la biotechnologie est en train de changer la production du canola.

La biotechnologie est un élément de l'évolution actuelle de la production de canola au Canada. Aujourd'hui, j'aimerais discuter avec vous des aspects suivants de cette évolution que sont le passage à un semis direct et à un travail réduit du sol, les avantages d'un semis précoce, le choix des herbicides et quelques-unes des options possibles ainsi que la rentabilité qui va de pair avec cela.

• 0925

La recherche sur ces éléments de la production de canola est menée dans divers centres de production de canola qui sont des exploitations agricoles de recherche appliquée dans des conditions réelles. Ces centres sont gérés par des agronomes du Conseil du canola du Canada. On peut obtenir de plus amples renseignements sur le conseil à Winnipeg ou à notre site Web. C'était la page publicitaire sur notre travail.

Les recommandations relatives à la production de canola ont évolué pour s'adapter aux outils de gestion dont disposent les producteurs. Le canola est une petite graine qui doit être ensemencée à une profondeur optimale de trois quarts de pouce à un pouce. Pendant de nombreuses années, le seul matériel de semis capable de faire le travail avec autant de précision a été le semoir à ouvre-sillons à deux disques, qui exige un lit de semence ferme et exempt de chaumes.

On a longtemps cultivé le canola dans des champs en jachère ou dans des champs où on utilisait le brûlage ou le travail du sol pour réduire la quantité de chaumes à la surface. Pour lutter contre les mauvaises herbes, les producteurs avaient recours à des herbicides incorporés au sol qui exigeaient au moins deux labourages. Les producteurs reconnaissent que ces pratiques ont entraîné la dégradation et l'érosion du sol, tout en coûtant plus cher, mais ils disposent de peu d'autres options pour les remplacer.

Grâce à l'évolution du semoir pneumatique, les producteurs ont été en mesure d'obtenir la profondeur précise des semis de trois quarts de pouce à un pouce nécessaire pour le canola. Par contre, ils devaient toujours avoir recours aux herbicides incorporés au sol pour le désherbage. Les quelques herbicides foliaires disponibles nous permettaient d'éliminer qu'un petit groupe de mauvaises herbes et étaient généralement beaucoup plus coûteux que les herbicides polyvalents incorporés au sol comme Treflan.

Les premières variétés de canola mises au point à l'aide de la biotechnologie ont été celles qui possédaient des caractéristiques de tolérance à l'égard des herbicides. De telles variétés étaient bien adaptées à la tendance au travail réduit du sol. Les herbicides appliqués sur le canola tolérant sont très efficaces et polyvalents. Cette année, entre 50 et 60 p. 100 des superficies cultivées en canola seront ensemencées avec du canola tolérant. Le motif principal de l'adoption rapide du canola tolérant est la capacité d'utiliser les méthodes de travail réduit du sol plutôt que le système des labours successifs d'autrefois.

En 1997, le conseil a fait procéder à une enquête qui a montré que 35 p. 100 des superficies ensemencées en canola tolérant l'ont été par semis directs, alors qu'il s'agissait de 19 p. 100 dans le cas du canola classique. Une enquête similaire menée en 1996 indiquait que 15 p. 100 seulement de tous les répondants avaient eu recours au semis direct pour le canola. Étant donné les conditions de sécheresse du sol dans les Prairies en 1998, un nombre encore plus grand de producteurs adopteront le semis direct comme méthode de conservation de l'humidité du sol.

Un autre avantage de l'utilisation de variétés de canola dérivés de la biotechnologie est la possibilité d'un ensemencement précoce au printemps. Depuis le début des années 70, on recommande en général d'ensemencer le canola sur un lit de semence chaud, ferme, humide et une fois que tout risque de gel est écarté. Cette recommandation ne répond pas vraiment aux exigences du plant de canola lui-même. Des recherches menées au Centre de recherche d'Agriculture Canada à Beaverlodge (Alberta) et à l'Université du Manitoba ont montré que le canola peut résister à des températures de -9 oC au stade du cotylédon.

Le motif de cette recommandation courante est le désherbage. La destruction des mauvaises herbes vivaces d'hiver telles que le tabouret des champs et la bourse-à-pasteur ne peut se faire qu'après le début de leur croissance en les éliminant par un labour ou à l'aide de l'application d'un herbicide avant l'ensemencement. Le sol doit être également réchauffé afin d'activer complètement les herbicides qui lui sont incorporés. C'est pourquoi la recommandation courante pour le semis repoussait souvent sa date à la deuxième quinzaine de mai.

Les recherches menées dans les Centres de production de canola en 1996 et 1997 montrent une tendance nette à l'accroissement du rendement et de la rentabilité si la date d'ensemencement est plus précoce. Les systèmes de production de canola tolérant sont bien adaptés à un ensemencement précoce, en raison de l'utilisation d'herbicides polyvalents qui luttent, entre autres, contre les mauvaises herbes vivaces d'hiver. Dans les documents du conseil, la date d'ensemencement précoce est la première journée où il est possible de se rendre dans les champs pour semer. La date «normale» est celle à laquelle la plupart des producteurs de canola faisaient leur semis et la date «tardive» se situe vers la fin de la période de semis.

Le semis précoce présente un avantage évident. Qui plus est, il offre au producteur de canola un avantage au plan de la marge sur coûts variables. Cette marge représente l'excédent du prix de vente par acre sur les coûts variables. Dans ce cas, les coûts variables sont notamment le prix des semences, des engrais, du carburant, etc., mais non les coûts fixes tels que l'amortissement du matériel, le coût de la terre ou de la main-d'oeuvre.

• 0930

La tendance à l'ensemencement précoce n'est pas limitée aux variétés de canola tolérant, mais la nature des produits chimiques utilisés avec de telles variétés favorisera certainement leur utilisation. Si l'ensemencement précoce était largement adopté, on obtiendrait, même en faisant une évaluation prudente, une augmentation du rendement moyen de 1,5 boisseau l'acre. Cela pourrait apporter plus de 150 millions de dollars de plus par année à la production. Cette augmentation du revenu pourrait être obtenue sans que les coûts augmentent pour le producteur.

Le Conseil du canola du Canada a commencé à comparer des variétés qui tolèrent les herbicides, y compris les systèmes Roundup Ready, Liberty Link et Smart dans ses centres de production de canola. L'objectif visé est l'établissement des critères du choix de la combinaison la plus appropriée variété-herbicide. On obtiendra le rendement le plus important en choisissant la meilleure combinaison pour chaque champ.

Dans l'exemple de Carman (Manitoba), qui date de 1997, il y a eu peu de différence de rendement entre les divers systèmes. Par contre, le rendement financier supérieur provenait des deux systèmes comportant une variété tolérant les herbicides. Dans le système de production classique, on a dû avoir recours à trois herbicides pour le désherbage alors qu'une seule application d'herbicide a suffi pour les systèmes de production de canola tolérant. Ce n'est là qu'un exemple parmi les nombreux essais semblables qui ont été effectués en 1997, et le travail se poursuit en 1998.

À l'heure actuelle, aucun système de production de canola ne semble avoir un avantage net. Chaque producteur devra prendre des décisions en choisissant la variété la plus adaptée, en tenant compte de la quantité et des types de mauvaises herbes présentes et de la rotation des herbicides. Si les producteurs peuvent choisir en permanence le meilleur système, cela pourra permettre au secteur de profiter de dizaines de millions de dollars de recettes supplémentaires. Encore une fois, de tels avantages ne sont pas réservés aux variétés produites par la biotechnologie, mais les producteurs pourront grandement profiter des possibilités ainsi offertes.

En résumé, les producteurs adoptent rapidement les variétés produites par la biotechnologie et ils adaptent leurs exploitations agricoles afin de tirer parti de la technologie. Les tendances émergentes comprennent la conversion rapide au travail réduit du sol, l'adoption de l'ensemencement précoce et le choix des combinaisons de variétés de canola et d'herbicides les plus appropriées. Les avantages offerts aux producteurs sont des rendements et des bénéfices accrus.

Nous n'avons pas discuté des avantages pour le Canada et les consommateurs. Si les outils produits par la biotechnologie peuvent aider à réduire l'érosion et la dégradation du sol, tout en réduisant la quantité de pesticides dans l'environnement, les avantages dépassent de beaucoup ceux offerts aux agriculteurs. Les progrès futurs de la biotechnologie continueront d'être acceptés par les producteurs s'ils contribuent à rendre l'agriculture durable et rentable au Canada.

Enfin, les producteurs reconnaissent également qu'il y a deux acteurs importants dans toute cette affaire: les consommateurs et les producteurs. La biotechnologie devra profiter aux deux pour être vraiment intégrée à nos systèmes agricoles.

Merci beaucoup.

Le président: Merci, monsieur Zatylny.

Nous allons donner la parole à Tom Lasseline du Soybean Growers' Marketing Board.

M. Tom Lasseline (président, conseil d'administration, Soybean Growers' Marketing Board): Merci de nous donner l'occasion de prendre la parole devant le comité.

Je n'ai pas rédigé de mémoire, mais l'optique des producteurs de soja est généralement prise en compte dans le rapport de Jim Fischer d'AGCare. Les producteurs de soja ont beaucoup participé à la création, à l'organisation et au développement d'AGCare.

Je vais me contenter de vous parler un peu de moi. Je suis exploitant agricole dans le sud-ouest de l'Ontario, dans le comté de Lambton qui est la circonscription de Rose-Marie Ur.

M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC): Est-ce pour cela qu'elle est enfin présente à une réunion?

Des voix: Oh, oh!

M. Tom Lasseline: J'ai une entreprise agricole de culture commerciale et d'élevage de bovins. Je cultive du soja, du blé, du maïs, un peu de foin et j'élève des bovins de boucherie. J'ai deux enfants et tous deux sont très impliqués dans l'agriculture. Ma fille et mon fils sont tous deux diplômés du Ridgetown College of Agriculture. Ma fille travaille pour l'Université de Guelph sur le campus de Bridgetown et mon fils me seconde.

Certaines caractéristiques dues à la biotechnologie qui seront utiles sont notamment la résistance aux herbicides. On utilise maintenant du soja Roundup Ready. Il est assez nouveau pour les producteurs de soja. Ce sera la première année qu'on va en cultiver une superficie importante. On l'utilisera, non pas dans toutes les situations, mais dans les champs où les mauvaises herbes constituent un problème. Il devrait augmenter le rendement.

On est également en train d'introduire le maïs Bt. Il devrait être favorable à l'environnement et réduire le recours aux insecticides.

Quant à la résistance aux maladies, on est actuellement en train ici, à AAC à Ottawa, de mettre au point une variété résistant à la moisissure blanche. Cela constituera un gros avantage pour les producteurs de soja. Grâce à la biotechnologie, c'est la valeur des récoltes qui va augmenter tout autant que les rendements.

• 0935

Pour le consommateur, les cultures améliorées grâce à la biotechnologie auront des avantages sur le plan nutritif, comme le soja de Dupont, qui est faible en gras saturés. Les aliments auront meilleur goût, et une plus longue durée de conservation en magasin et aucune protéine allergénique. Les récoltes que l'on pourra obtenir seront meilleures pour la santé et auront des ingrédients plus sains grâce à la biotechnologie.

Les cultures peuvent également produire des agents industriels comme les détergents ou les plastiques, plutôt que d'avoir recours à des sources non renouvelables comme le pétrole.

La biotechnologie est un outil qui permet de résoudre les problèmes de production et d'augmenter la valeur des récoltes. C'est un outil qui aidera les agriculteurs et les producteurs canadiens à rester concurrentiels sur le marché mondial. Les producteurs canadiens doivent avoir accès à toutes les technologies dont disposent leurs concurrents, notamment américains. Les producteurs espèrent donc que la réglementation de l'agriculture canadienne concernant les nouveaux aliments, y compris les produits de la biotechnologie, continuera à s'appuyer sur des données scientifiques.

Concernant les aliments destinés aux humains et aux animaux, et la sécurité environnementale, les cultivateurs ontariens utilisent maintenant les premiers produits de la biotechnologie que sont par exemple le maïs Bt et le soja Roundup Ready.

Ce sont les agriculteurs eux-mêmes, et non les entreprises, qui vont en définitive décider des cultures biotechnologiques qui seront faites en tenant compte du coût, de la valeur, de l'économie et de la facilité d'utilisation. Les premières cultures biotechnologiques avaient des caractéristiques qui constituaient une amélioration agronomique, mais par la suite elles auront des caractéristiques qu'apprécient les consommateurs: une meilleure qualité nutritive, un meilleur goût, une plus longue durée de conservation, une absence d'allergénicité, etc.

Les producteurs reconnaissent que, comme toute nouvelle technologie, la biotechnologie comporte à la fois des avantages et des risques. Les avantages éventuels pour l'agriculture canadienne sont énormes. Il est essentiel que le gouvernement canadien et l'industrie canadienne participent activement à la recherche biotechnologique sur les cultures et que les producteurs aient accès suffisamment tôt aux nouveaux produits.

Merci.

Le président: Merci, monsieur Lasseline.

Nous allons passer à Laurie Curry. Je vous en prie.

Mme Laurie Curry (vice-présidente, Politiques publiques et Affaires scientifiques, Fabricants de produits alimentaires et de consommation du Canada): Les Fabricants de produits alimentaires et de consommation du Canada, FPACC, regroupe plus de 180 entreprises membres de l'ensemble du Canada qui s'occupent de fabrication et de commercialisation de produits alimentaires, de boissons et de produits de consommation vendus par les circuits de distribution de la vente de détail, des épiceries, des pharmacies, des dépanneurs, des grandes surfaces et des services alimentaires.

Le secteur représente un volume total de 11 milliards de dollars environ, soit 13 p. 100 du produit intérieur brut de la fabrication. Le secteur des produits alimentaires et de consommation emploie plus de 250 000 Canadiens et se veut un secteur de croissance tant à l'intérieur du pays que sur nos marchés d'exportation.

Les FPACC sont heureux d'avoir la possibilité de comparaître devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire pour lui faire part de l'optique des membres de l'organisation en tant qu'utilisateurs des ingrédients découlant de la biotechnologie. Nous savons que le comité permanent va faire des recommandations au gouvernement tandis qu'il décide des prochaines étapes de l'élaboration de sa nouvelle stratégie canadienne pour la biotechnologie.

L'un des principaux éléments de la stratégie consiste à décider de la meilleure façon de réagir à la confiance du public dans la biotechnologie et à la nécessité d'informer.

Je vais vous faire part aujourd'hui de ce que font les producteurs de produits alimentaires pour mieux répondre aux attentes des consommateurs concernant les produits de la biotechnologie.

La biotechnologie alimentaire, c'est-à-dire les aliments nouveaux, est importante pour les fabricants de produits alimentaires puisqu'elle va augmenter les choix en matière alimentaire et fournir des avantages tels qu'une meilleure nutrition aux consommateurs. La biotechnologie va permettre au secteur alimentaire d'avoir accès à des ingrédients, des nutriments, des goûts et des additifs nouveaux. Le recours à la biotechnologie pourra entraîner un usage moins grand des produits chimiques en agriculture, comme nous l'avons entendu aujourd'hui, ce qui veut dire que l'environnement sera plus sûr et l'approvisionnement alimentaire plus sain.

La biotechnologie fait partie de longue date de la fabrication alimentaire puisqu'on utilise des bactéries de culture ou de la levure en boulangerie, malterie et fromagerie. Au Canada, la recherche et la commercialisation des oléagineux tels que le canola ont produit des huiles qui présentent des avantages nutritifs et qui ont une durée de conservation plus grande que l'on utilise actuellement dans l'industrie alimentaire. La biotechnologie moderne contribue aux nouvelles techniques de transformation alimentaire qui permettent aux chercheurs de produire des aliments qui ont des propriétés médicinales et que l'on appelle des aliments fonctionnels ou nutriceutiques.

• 0940

L'industrie alimentaire aura recours à la biotechnologie alimentaire tant qu'elle sera sans danger, qu'elle présentera un avantage nutritif et qu'elle augmentera la qualité générale et le choix des produits disponibles pour les consommateurs. Toutefois, étant donné que c'est un secteur qui fabrique des produits de marque à l'intention des consommateurs, nous savons que l'on ne pourra tirer pleinement profit de la biotechnologie au Canada que si ces produits sont largement acceptés par les consommateurs. Faute d'une telle acceptation, cette technologie ne pourra progresser. Il faut alors se demander comment le consommateur perçoit les aliments nouveaux.

L'année dernière, les FPACC, en association avec le ministère ontarien de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales a entrepris une étude sur les aliments nouveaux. Elle a abouti à la publication de ce document qui s'intitule Communicating to Canadians about Novel Foods. Il s'agit d'un outil de communication pour l'industrie en général, qui dépasse le secteur de la fabrication, ainsi que pour les autres intéressés importants, qu'il s'agisse des professionnels de la santé, du gouvernement, etc., sur l'amélioration de la communication s'agissant de cette technologie.

Bien que l'on dispose déjà d'information, tant sous forme d'études quantitatives que qualitatives, nous avons voulu approfondir le sujet en étudiant les principales théories des consommateurs en matière alimentaire. Nous avons en outre voulu transposer ces théories essentielles en une stratégie de communication à l'intention des consommateurs concernant les aliments nouveaux.

Cette étude a montré que les consommateurs attendent des fabricants, aussi bien que de ma collègue, Mme Jeanne Cruikshank, qui représente le Conseil canadien de la distribution alimentaire—c'est-à-dire les détaillants—qu'ils leur transmettent l'information.

Nous avons décidé d'effectuer une étude des archétypes. Cette technique permet de discerner ce que veulent dire les gens plutôt que ce qu'ils disent. C'est le Dr Clotaire Rappaille, expert en la matière, de renommée mondiale, qui a effectué cette étude. C'est en se fondant sur ce travail que les FPACC et le ministère ontarien ont préparé les documents pédagogiques—c'est-à-dire le guide que j'ai ici—qui sont utilisés pour aider l'industrie alimentaire à communiquer de façon plus efficace avec les consommateurs s'agissant des aliments nouveaux.

Je veux vous faire part aujourd'hui de certaines des conclusions et des implications de notre étude.

Je dois vous préciser que nous avions plusieurs objectifs en procédant à cette étude. Premièrement, nous voulions comprendre en profondeur comment la population se fait une opinion en matière alimentaire. Nous avons également essayé d'identifier les forces qui président aux attitudes de la population à l'égard des aliments nouveaux. De plus, nous voulions savoir quelles étaient les questions les plus importantes pour les Canadiens concernant les aliments qu'ils consomment. Enfin, nous souhaitions trouver le meilleur moyen de communiquer avec les consommateurs concernant les questions importantes pour que cette information sur les aliments nouveaux soit pour eux pertinente et utile.

Nos conclusions indiquent que les consommateurs connaissent le terme «biotechnologie», mais ne savent pas précisément qui en fait, où on en fait, quels produits en découlent ou quels procédés s'y rapportent. À l'heure actuelle, le sentiment à l'égard de la biotechnologie alimentaire est assez neutre. Nous croyons que la population canadienne pourra accepter de façon générale la biotechnologie tant que nous nous occuperons des questions essentielles qui intéressent les consommateurs et qui sont la confiance et la crédibilité des sources de la biotechnologie, les risques liés à la modification génétique des aliments, et l'information disponible et son mode de divulgation.

Voilà ce que nous ont dit les consommateurs sur les trois questions essentielles que sont la confiance, le risque et l'information.

Nous sommes en majorité des scientifiques à comparaître aujourd'hui devant le comité. À ce titre, nous voulons croire que si la population connaissait la réalité sur la biotechnologie, elle la considérerait comme une bonne chose. Mais l'étude montre clairement qu'il nous faut faire une distinction entre connaissance et attitude. Les connaissances, comme nous le savons tous, évoluent chaque jour. De nouvelles données apparaissent quotidiennement et chaque découverte peut modifier nos perceptions. Il faut alors se demander quel est le véritable problème.

Il y a une information abondante concernant les aliments, mais ce qui semble bien aujourd'hui peut être considéré comme mauvais demain. À qui puis-je me fier pour m'aider à m'y retrouver dans cette évolution incessante des connaissances? C'est ce que les consommateurs nous ont demandé.

Il ne suffit pas que l'industrie publie l'information sur la biotechnologie. Les consommateurs doivent savoir qu'en tant qu'industrie nous sommes dignes de confiance. En définitive, la biotechnologie sera jugée non pas en fonction des données, mais en fonction de ceux qui en parleront.

Les consommateurs nous ont dit que ce qu'ils veulent savoir de nous qui représentons l'industrie, c'est si nous avons un sens moral, si nous donnons les faits de façon honnête ou si nous essayons de cacher quelque chose, si leur sort nous intéresse ou si l'argent est notre seule motivation, si nous respectons les lois de la nature, si nous comprenons les risques ou si nous nous leurrons en disant qu'il n'y en a pas; en définitive, ils veulent savoir s'ils peuvent nous faire confiance.

• 0945

La question de la confiance est donc l'un des éléments essentiels auxquels l'industrie de la biotechnologie doit faire face aujourd'hui. L'autre est le risque. Certains membres de l'industrie peuvent croire qu'il n'est pas judicieux de parler des risques que comporte la modification génétique des aliments, car le grand public peut ne pas être à même de parfaitement comprendre. Toutefois, nous estimons qu'il y a un risque à transmettre un message uniquement favorable.

Les consommateurs savent que les connaissances évoluent fréquemment et hésitent donc à accepter les résultats des études scientifiques comme totalement dignes de foi. Ce n'est pas parole d'évangile; c'est ce que nous savons en ce moment. Heureusement, les consommateurs ont tendance à être réalistes. Ils peuvent admettre que des choses imprévues se produisent et que tout ce qui est nouveau n'est pas nécessairement bon.

Il ne faut pas essayer de convaincre les consommateurs que la biotechnologie ne comporte aucun risque. Il y a toujours un risque et notre travail consiste à faire en sorte de minimiser ce risque. Et nous devons divulguer ce que nous faisons pour minimiser ce risque.

Sachant ce que l'on sait de la confiance et du risque, il s'agit maintenant de se demander quelle information nous pouvons mettre à la disposition du public. Nous reconnaissons que la population a le droit de savoir lorsqu'il s'agit des aliments qu'elle mange. Mais notre étude a montré qu'il y a de nombreuses choses que les consommateurs choisissent de ne pas savoir aussi. Si on peut facilement accéder à l'information, et si la source est crédible, alors de nombreux consommateurs ne ressentent pas la nécessité de lire eux-mêmes cette information.

Nous reconnaissons que les consommateurs ont le droit de savoir et nous conseillons de fournir une information complète sur les aliments nouveaux. Ce message peut être transmis dans des dépliants, des brochures, sur les sites Web ou aux numéros 1-800.

La question de l'étiquetage est importante pour l'industrie. Nous sommes actuellement favorables à la politique gouvernementale en matière d'étiquetage qui exige des étiquettes identifiant les risques éventuels pour la santé et la sécurité, par exemple l'allergénicité.

Nous croyons aussi que les pratiques actuelles en matière d'étiquetage permettent à d'autres secteurs d'obtenir une information essentielle. On nous a dit aujourd'hui qu'il était possible qu'on obtienne moins de gras saturés ou d'acides gras trans pour ce qui est de... ou moins d'hydrogénation pour le soja. Dans ce cas particulier, nous pourrions en tenir compte dans nos habitudes actuelles d'étiquetage, et cela pourrait être repris à la partie nutrition de l'étiquette. En définitive, ce qui importe, c'est une information facile à trouver pour le consommateur.

Diverses organisations ont déjà entrepris des travaux pour répondre à l'intérêt croissant des consommateurs concernant l'information sur la biotechnologie. En plus des connaissances et des résultats de l'étude des FPACC et du ministère ontarien, il y a divers outils de communication qui existent actuellement. Dans le cadre de leur examen de la stratégie canadienne pour la biotechnologie, les FPACC recommandent au gouvernement d'évaluer ce qui a été fait jusqu'ici et de voir où il y a des lacunes à combler, plutôt que de recommencer au début.

Pour terminer, la biotechnologie a un rôle à jouer pour ce qui est de répondre aux désirs et aux besoins des consommateurs, et pour mettre en valeur la contribution de l'alimentation à la santé et au bien-être en général. La croissance de cette technologie dépend de l'acceptation des consommateurs. Il est important pour nous en tant qu'industrie et pour tous les acteurs de mieux comprendre ce que veulent dire les consommateurs plutôt que ce qu'ils disent au sujet des aliments nouveaux.

Il y a trois questions essentielles dont nous devons nous occuper. Ce sont la confiance, c.-à-d. qu'il n'y a rien à cacher; le risque, c.-à-d. qu'il y a toujours un risque, mais que les consommateurs veulent savoir ce que l'on fait pour le minimiser; et l'information, qui doit être facile à trouver. L'étude que nous avons entreprise nous a donné les outils pour communiquer de façon crédible avec les consommateurs et avec la population sur tous les aspects de la biotechnologie.

Encore une fois, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous.

Le président: Merci beaucoup.

Pouvez-vous fournir les résultats au comité?

Mme Laurie Curry: Certainement. Une copie de mon mémoire a également été remise au greffier.

Le président: Merci.

Jeanne Cruikshank.

Mme Jeanne Cruikshank (vice-présidente, région de l'Atlantique, Conseil canadien de la distribution alimentaire): Bonjour. Merci de nous avoir invités à vous donner l'opinion du secteur de la vente de détail des aliments sur ce sujet très important de la biotechnologie.

Le Conseil canadien de la distribution alimentaire (CCDA) est une organisation nationale sans but lucratif qui vise à favoriser et défendre les intérêts de l'industrie de la distribution alimentaire dans tout le Canada. Ses membres sont essentiellement des épiceries et des supermarchés de plus ou moins grande taille ainsi que des sociétés qui fournissent un large éventail de services de soutien à nos membres et à l'industrie.

L'effectif du CCDA représente environ 80 p. 100 du total de la distribution alimentaire du Canada et c'est le deuxième secteur de la vente de détail par son importance avec des ventes annuelles de près de 57 milliards de dollars. L'industrie compte environ 27 000 magasins de détail qui emploient plus de 430 000 personnes.

• 0950

Il est de première importance de fournir à nos consommateurs canadiens un grand nombre d'aliments sains parmi lesquels ils peuvent choisir. Les études réalisées sur les habitudes d'achat des consommateurs, notamment le rapport récent qu'est Trends in Canada 1997, semblent indiquer que l'on compte de plus en plus sur les détaillants et les fabricants pour fournir des produits alimentaires sains. Les chiffres ont varié au cours des cinq dernières années, mais ce sont eux qui, individuellement, restent essentiellement responsables. On compte moins sur le gouvernement fédéral et davantage sur les détaillants. C'est une responsabilité que dans notre secteur nous acceptons avec beaucoup de sincérité et c'est pourquoi, lorsque nous avons des occasions comme celles-ci, nous redisons au gouvernement l'importance primordiale de maintenir les normes élevées qui existent pour fournir aux consommateurs canadiens des produits alimentaires sans danger.

En tant que détaillants, nous rencontrons en moyenne deux fois par semaine le consommateur dans nos magasins et nous sommes aussi au courant du vieillissement de la population, ce qui pourrait indiquer que la définition de l'adjectif «sain» a également changé dernièrement. L'enquête Trends in Canada 1997 montre que ce sont les personnes de la catégorie des 65 ans et plus qui ont la plus grande confiance dans l'innocuité des aliments alors que les 25-64 ans, qui représentent la catégorie de consommateurs la plus importante, n'ont qu'une confiance moyenne de 20 à 25 p. 100.

Nous savons aussi parfaitement que nous avons affaire à un consommateur très perspicace, et dans de nombreux cas très instruit, s'agissant des produits qu'il désire acheter. La définition de l'innocuité alimentaire par le consommateur se rapporte bien souvent aux risques qui pourraient la compromettre. Selon Trends in Canada, ces risques sont les produits chimiques, les bactéries, les résidus des pesticides, la fraîcheur et la qualité liées au temps d'entreposage, la manutention et le contrôle du produit.

Dans le Canada atlantique, nous avons constaté une réaction très positive à un produit de la biotechnologie, la pomme de terre Nature Mark. Lorsqu'elle a été offerte au consommateur de la région comme produit ayant été cultivé selon de meilleures méthodes, ce qui permettait au consommateur d'évaluer les différentes options, c'est-à-dire la possibilité d'acheter un produit cultivé avec moins de pesticides, il l'a très bien accueillie. Et nous sommes un pays où la culture de la pomme de terre est fondamentale, ainsi le consommateur avait un nouveau choix possible.

La majorité des consommateurs canadiens ne connaissent cependant pas les méthodes de culture, et les avantages de ce secteur de la chaîne alimentaire ont été expliqués par les autres intervenants de la matinée.

Les produits qui offrent une valeur pour le client, qu'il s'agisse de la valeur nutritive réelle ou perçue par le consommateur, sont ceux qui vont être les plus facilement acceptés, dans la mesure où l'information est disponible et va permettre au consommateur de prendre une décision en connaissance de cause.

Lorsqu'on parle d'information, on en vient en général très vite à la question de l'étiquetage. Si l'étiquetage constitue un outil parmi tous les moyens d'information, je crois que le gouvernement, et plus particulièrement Santé Canada, a le devoir et la responsabilité de divulguer plus clairement et plus généralement les motifs qui ont justifié l'approbation de ces produits comme sûrs.

• 0955

Les consultations d'Industrie Canada, qui sont en cours actuellement, répondent également à ce problème. Et les responsables sont nombreux, mais je pense que malgré les défis, malgré la réduction des effectifs dans les systèmes fédéraux d'inspection des aliments et malgré les réalités économiques qui commencent à ébranler la confiance des consommateurs, nous avons un système réglementaire très solide et que les nouvelles lignes directrices permettent d'approuver des produits sûrs.

Comme je l'ai fait dans le passé au nom de l'industrie de la distribution alimentaire de détail, je demanderais aux organismes chargés de la réglementation, et à Santé Canada en particulier, de commencer immédiatement à jouer un rôle actif et à discuter de façon très positive et très complète du processus auquel sont soumis les produits dans notre pays avant d'être reconnus comme produits sans danger pour les consommateurs.

Actuellement, le système réglementaire est expliqué pour répondre à certaines critiques ou inquiétudes qui ont été exprimées à l'égard de l'approvisionnement en aliments sûrs. Je crois que nous nous porterions tous mieux, en tant que consommateurs et en tant que Canadiens, si nous adoptions une approche proactive pour permettre aux consommateurs de comprendre que le système solide qui a résisté au temps est aussi celui qui s'occupe des produits de la biotechnologie. Les membres du CCDA constituent l'interface avec les consommateurs au niveau du détail. Nous sommes tout à fait prêts à travailler avec le gouvernement pour relever ce défi et nous serons très heureux de faire notre part pour continuer à vendre à nos clients des produits que le gouvernement a jugés sans danger.

Nous demandons donc que le message concernant l'innocuité soit clairement transmis par les organismes responsables pour que nous puissions le compléter au niveau de la vente de détail. Nous ne pouvons pas, en tant que détaillants, accepter la responsabilité du processus réglementaire ni le commenter. Nous n'avons pas le savoir-faire voulu pour évaluer les produits et pour juger de leur innocuité au nom de nos consommateurs.

Les dialogues qui ont eu lieu dans le passé et les possibilités qui sont offertes actuellement ne sont qu'un début car il reste beaucoup de travail à faire encore et bon nombre d'associations et de secteurs de la chaîne alimentaire sont prêts à participer à la réalisation de ce travail.

Merci.

Le président: Merci beaucoup.

Il nous reste environ une heure pour les questions et nous allons donner la parole à M. Kerpan.

M. Allan Kerpan (Blackstrap, Réf.): Merci, monsieur le président.

Je tiens à vous souhaiter la bienvenue au comité.

Le sujet m'intéresse beaucoup car je suis agriculteur en Saskatchewan de profession et je reconnais certainement la nécessité et les avantages que présentent pour un producteur la nouvelle technologie et la biotechnologie qui ont fait leur apparition. J'ai écouté avec grand intérêt l'exposé de M. Zatylny sur le canola. Je semais du canola la fin de semaine dernière, j'ai donc beaucoup entendu parler de ce que vous avez dit; je suis tout à fait d'accord avec vous et je vous appuie.

Vous pourriez souhaiter répondre tous à ma question, mais elle s'adresse probablement davantage à Mme Curry.

Lorsque je regarde l'industrie et que je vois de quelle façon elle touche le consommateur—et nous sommes en fait tous des consommateurs—je me demande comment vous procéderiez pour calmer les inquiétudes exprimées par les consommateurs sur la nouvelle biotechnologie, sur certains des nouveaux produits, sur les nouvelles plantes et les nouveaux produits horticoles qui sont en réalité le fruit de cette biotechnologie. Il suffit de se rappeler la dernière session parlementaire au cours de laquelle nous avons eu une discussion très sérieuse sur la BST et le cheptel laitier. Je sais que de nombreuses personnes qui étaient très opposées à tout ce qui touche même de loin la nouvelle biotechnologie m'ont contacté en s'adressant à mon bureau.

Vous avez dit penser, dans votre exposé, que l'opinion du consommateur est probablement neutre. Je ne crois pas que ce soit tout à fait vrai si j'en juge par les appels téléphoniques et les lettres que je reçois à mon bureau. J'aimerais savoir comment le groupe des témoins prévoit obtenir une acceptation plus générale de la part des consommateurs en ce qui concerne les nouveaux produits?

Mme Laurie Curry: Je serais très heureuse de répondre à cela.

Lorsque nous avons étudié les archétypes, nous nous sommes rendus dans toutes les régions du Canada et cela a été fort intéressant. Nous avons aussi procédé à cette étude au Québec (Canada). Il s'agit de percer ce que veulent dire les gens plutôt que d'écouter ce qu'ils disent. Nous avons vu le rapport du Conseil canadien de la distribution alimentaire Trends in Canada 1997. La plupart de nos organisations membres font ce genre de recherche sur les tendances qui est de nature quantitative. Vous allez sur place poser des questions au public qui vous fournit des réponses.

• 1000

Ce que vous obtenez en général, c'est ce que les gens disent plutôt que ce qu'ils veulent dire. Il s'agit de faire la distinction entre ce qui se passe dans la tête et dans le coeur. Ce que vous voulez dire je crois, c'est que parfois, lorsqu'il s'agit de la biotechnologie et des choses nouvelles qui sont disponibles, les gens réagissent au niveau affectif.

Nous sommes allés parler à la population dans tout le Canada pour essayer de voir comment elle réagit à ces questions concernant les aliments au niveau du coeur et nous avons constaté que c'était très différent. Tout ce que nous pensions que les consommateurs voulaient savoir de notre part, c'est-à-dire tous les ingrédients d'un produit et tous les éléments nutritifs d'un produit, lorsqu'on cherche à un niveau plus profond, ce n'est pas vraiment ce qu'ils veulent entendre. C'est cette force dynamique qui a été intéressante.

Cela revient à ce que j'ai dit, c'est toute la question de la confiance et des personnes à qui on peut faire confiance. Ils nous ont dit qu'on pouvait mettre toute l'information qu'on voulait sur les étiquettes, mais qu'en définitive, s'ils ne vous font pas confiance, ils ne vont pas la lire de toute façon. C'est ce que cette étude nous a permis de découvrir.

Je dois vous dire que le Canada anglais a réagi de façon très différente du Québec et cela est dû à la façon dont on traite les aliments qui nourrissent votre corps. Par exemple, dans le Canada anglais, le corps est considéré comme une gêne et les aliments ne servent qu'à le nourrir. On mange tout simplement pour manger. C'est une chose très réelle tout comme la biotechnologie. Mais lorsqu'on s'adresse à la population québécoise, pour elle le corps représente la sensualité et l'alimentation est un plaisir.

Des voix: Oh, oh!

Mme Laurie Curry: Je sais que cela fait rire tout le monde, mais c'est intéressant. C'est ce que les consommateurs nous ont dit. Mais ils ne font pas de différence pour les méthodes d'obtention des produits.

Jeanne vous a parlé des pommes de terre à Halifax. Si vous regardez la pomme de terre, elle est comme toutes les autres, et ils veulent simplement savoir comment l'utiliser, comment la faire cuire. S'il existe des documents d'information, ils veulent savoir comment les obtenir.

Or ces produits portaient la mention «génétiquement modifié» et les consommateurs ont très bien réagi à cela.

Il y a peut-être un petit groupe de gens, comme l'a indiqué plus tôt Jim Fischer pour les produits biologiques, qui souhaitent avoir ce choix, mais je ne crois pas que ce soit la grande majorité de la population, en tout cas pas d'après notre étude.

M. Allan Kerpan: Sur la question de la confiance—et je suis d'accord avec vous, je trouve que c'est le mot clé ici—quel groupe ou quel organisme pourra, à votre avis, bénéficier de la confiance des consommateurs? J'y ai un peu réfléchi et franchement, si vous voulez que ce soit les gouvernements, à quelque niveau que ce soit, qui donne confiance aux consommateurs, ça ne se fera pas, car nous savons tous fort bien que les Canadiens de façon générale ne font pas confiance à leurs gouvernements.

Mme Laurie Curry: Pour ce qui est des gens en qui ils ont confiance, là encore les révélations ont été intéressantes. Ils nous ont dit avoir confiance dans les scientifiques canadiens, mais pas dans les scientifiques américains. Ils nous ont dit avoir confiance dans les professionnels de la santé canadiens—les médecins, les diététiciens, etc. Ils ont confiance dans l'information qu'ils lisent dans les journaux et les revues. Mais ils admettent que l'information évolue sans cesse et que ce qui est nouveau n'est pas nécessairement bon. Voilà donc les éléments à prendre en compte.

Il y a des différences. Au Québec, par exemple, on fait confiance aux chefs-cuisiniers, ou à ceux qui préparent la nourriture. Le Canada québécois se démarque nettement du Canada anglais dans notre étude. On a tendance à se tourner vers les professionnels de la santé notamment. En définitive, les consommateurs veulent être sûrs, je le répète, que quels que soient ceux qui prennent la parole sur le sujet, ils n'ont rien à cacher.

J'estime donc que si nous utilisons les outils dont nous disposons maintenant, nous avons tous un rôle à jouer pour essayer de mieux communiquer, indépendamment du fait qu'il s'agisse des représentants du gouvernement, des groupes de professionnels de la santé ou de l'industrie, par exemple.

Le président: Merci beaucoup.

Nous allons maintenant donner la parole à une députée du Québec pour voir ce qu'elle a à ajouter.

[Français]

Mme Hélène Alarie (Louis-Hébert, BQ): Bonjour, madame.

• 1005

Vous avez parlé de l'étiquetage. Ici, au Québec, on est très épicuriens, et j'ai constaté que les adolescents étaient des inconditionnels de la lecture des étiquettes. S'il est écrit sur un litre de lait que la date d'expiration est le 13 mai, ils ne boiront pas une goutte de ce lait après cette date même s'il est encore très bon. En tout cas, je les vois comme une classe à part qui lit vraiment les étiquettes. Ils sont des maniaques de l'étiquetage. J'ai eu cinq adolescents à la maison; ça m'a donc donné un bon échantillon.

Je trouve qu'il y a quelque chose de complexe dans l'étiquetage. Vous avez parlé de l'information qu'on doit donner. Comment peut-on avoir une approche proactive dans l'étiquetage? M. Fischer dit que si on écrit sur l'étiquette qu'un aliment «ne contient pas d'OMG», ce n'est pas proactif. Ça règle une partie du problème, mais ce n'est pas du tout proactif. Comment envisagez-vous, à la suite de vos études, de faire un étiquetage qui dise quelque chose, qui soit proactif et qui ne fasse pas peur aux gens?

[Traduction]

Mme Laurie Curry: J'ai écouté ce qu'a déclaré Jim concernant la possibilité de créer un créneau pour les produits sans OGM.

Il y a un exemple très récent qui ne concerne pas les OGM. Il s'agit de l'acide folique qui est devenu récemment un ingrédient que l'on doit obligatoirement ajouter à la farine pour l'enrichir dans notre pays. Si c'est obligatoire, c'est notamment parce que les États-Unis ont adopté cette mesure. Si les États-Unis ont décidé d'enrichir la farine en acide folique, en raison de la façon dont nous allons chercher nos sources alimentaires pour nous approvisionner de part et d'autre de la frontière, si la teneur de la farine en acide folique n'était pas exactement la même que celle des États-Unis, cela voudrait dire qu'il nous faudrait trouver deux sources d'approvisionnement pour la farine au Canada. C'est économiquement impossible à réaliser.

En définitive donc, sachant que cela est fait pour une bonne raison, c'est-à-dire pour essayer de réduire les malformations des tubes neuraux chez les nouveau-nés, le Canada s'est harmonisé avec les États-Unis et a rendu obligatoire la même teneur en acide folique pour la farine.

Si on prend cet exemple et si on passe ensuite au canola, au soja ou au maïs... Cela vaut pour pratiquement tous les produits. J'imagine que dans les trois prochaines années, il n'y aura pas un seul produit qui ne soit pas touché d'une façon ou d'une autre par la modification génétique. Cela veut-il dire que chaque étiquette devra porter la mention «contient des OGM»? Aura-t-on vraiment la possibilité d'obtenir des produits sans OGM? Je n'en suis pas sûre.

C'est pourquoi il vous faut vous écarter de l'étiquetage pour passer aux questions importantes que sont l'information et l'éducation du public—c'est-à-dire qu'il faut aller tout de suite dire à la population ce que cela signifie. Il n'y a pas de crainte à avoir, il n'y a pas de raison de s'inquiéter, et la population a simplement besoin d'être généralement... Il faut parfois commencer...

Il y a une organisation extraordinaire, la Key Foundation, qui va faire de l'éducation dans les écoles, de sorte que les jeunes enfants qui sont actuellement scolarisés en apprennent davantage sur la façon dont les aliments sont produits.

C'est une question très difficile. Voilà plus de cinq ans maintenant que nous en discutons avec le gouvernement, notamment avec Agriculture et Agroalimentaire Canada, avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments et avec Santé Canada. C'est pourquoi il faut qu'en définitive l'étiquette porte absolument, sans l'ombre d'un doute, toutes les mentions nécessaires en matière de santé et d'innocuité. Si le produit peut avoir des effets allergéniques, il faut le préciser. Si on incorpore une cacahuète à un nouveau produit, il faut qu'elle figure sur la liste des ingrédients.

Si vous avez par exemple enlevé d'une huile des acides gras trans importants, et si on donne cette huile à des prématurés, il faut que quelqu'un le sache. Dans ce genre de situation, l'étiquette l'indiquerait actuellement. La politique canadienne actuelle en matière d'étiquetage exige qu'on le précise.

Par ailleurs, si un produit est si nouveau et si différent—disons que ce n'est plus un yogourt, par exemple—il faut lui donner un autre nom. C'est l'aspect commercialisation de la question. Il faut ensuite éduquer et transmettre l'information sur ce nouveau type de produit, s'il est si différent du produit traditionnel.

[Français]

Mme Hélène Alarie: Finalement, les règles actuelles qui régissent l'étiquetage vous satisfont. Une amélioration serait peut-être beaucoup plus souhaitable au niveau de l'information. Une bonne stratégie consisterait peut-être à commencer au niveau des jeunes, de l'information et de l'éducation.

Monsieur, vous avez parlé du processus d'homologation des produits biotechnologiques. Vous nous recommandiez de «ne pas laisser le processus fédéral pour l'homologation des produits biotechnologiques emprunter le sentier tortueux de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire», ce qui, en tout cas, ne mènerait nulle part.

• 1010

Qu'est-ce que vous suggérez?

[Traduction]

M. Jim Fischer: Il faut dire pour commencer que les expériences que nous avons faites avec l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire qui n'ont pas été, disons, extraordinaires, s'agissant d'homologation de produits. Nous essayons d'obtenir une récolte en utilisant un produit, et ce produit est utilisé aux États-Unis et il traverse la frontière, mais on nous interdit de l'utiliser. Il faudra peut-être attendre plusieurs années avant qu'on puisse l'utiliser. Nous craignons que ce genre de situation se vérifie également pour certains produits de la biotechnologie.

Nous préférerions le statu quo, que la réglementation relève des diverses lois que je vous ai citées plus tôt et que vous avez sous les yeux. C'est vraiment la chose capitale.

[Français]

Mme Hélène Alarie: Merci.

[Traduction]

Le président: Monsieur McCormick.

M. Larry McCormick (Hastings—Frontenac—Lennox et Addington, Lib.): Merci beaucoup à chacun d'entre vous d'être venu participer à notre série de discussions sur la biotechnologie. C'est très intéressant. Plusieurs d'entre nous ont visité certains endroits de notre pays où cela se fait, par exemple Saskatoon, et nous allons nous rendre dans d'autres régions.

Pour l'étiquetage, je veux simplement vérifier une chose à laquelle j'aimerais que vous m'apportiez des précisions. Lorsque le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire est comparu, il nous a indiqué que lorsque la STbr allait devenir disponible, vous pourrez mentionner sur l'étiquette qu'un produit est «sans STbr». C'est une chose qui est possible actuellement aux États-Unis. Mais nous n'avons bien sûr pas ce produit, donc je ne porte évidemment pas de jugement là-dessus, mais nous devons parler de la STbr.

Je vais vous prendre un exemple un peu poussé—et vous pourrez me dire qu'il n'est pas lié à la question—, celui de l'AMI dont on a beaucoup parlé, pour toutes sortes de raisons valables, dans notre pays, et pour lequel de nombreuses personnes se sont impliquées. Avec Internet, les consommateurs se sont saisis du sujet, entraînés par un groupe, sans doute pour toutes sortes de raisons valables. Je ne suis pas ici pour en débattre.

Ce genre de groupe pourrait, j'imagine, se saisir de la question de la STbr si elle se posait, et cela pourrait toucher toute la biotechnologie car la STbr concerne le lait—cet aliment pur et complet. J'ai posé la question à d'autres groupes et à d'autres amis du secteur. J'imagine que de nombreuses personnes auraient préféré qu'on propose un autre produit comme dans le cas de la tomate Flavr Savr. ET je présume que Monsanto ne voudrait pas être le dernier à agir, pour l'argent, en ce qui concerne la STbr. Nous ne pouvons l'ignorer. Cela toucherait...

Je ne voudrais pas que cela touche la biotechnologie car elle a un potentiel énorme. Ce sera en partie une question d'acceptation par les consommateurs. Là où elle en est, avec les possibilités qu'elle offre et ce qu'elle peut nous réserver, la biotechnologie pourra être très profitable à tous les Canadiens dans la plupart des cas.

J'aimerais connaître votre avis là-dessus. Autrement dit, il nous faut parler de la STbr.

Mme Jeanne Cruikshank: Je serais très heureuse de m'exprimer sur le sujet.

Les questions d'étiquetage font honnêtement l'objet d'une bonne partie de la discussion que nous avons ici, mais l'élément central, comme l'a signalé Laurie Curry, est celui de la confiance. Dans une grande mesure, en tant que détaillants, c'est pour cela que nous pensons qu'il est très important de participer au processus.

Lorsqu'ils vont chez leur épicier, les consommateurs pensent que les produits qu'il leur fournit sont sans danger. C'était l'un des éléments clés lorsque nous avons introduit sur le marché la pomme de terre Nature Mark. Elle l'a été dans les magasins de la chaîne Sobey's au Canada atlantique. Les consommateurs s'attendent—et leurs attentes ont toujours été confirmées—à ce que les produits qu'ils achètent soient sans danger. Une grande partie de la responsabilité, au niveau du détail, consiste donc à éduquer notre personnel sur le sujet.

Par ailleurs, ce que les États-Unis ont fait en ce qui concerne la STbr et ce qui se passe au Canada ne sont pas deux choses comparables. À ce que je crois, lorsqu'on regarde la situation américaine, l'étiquetage aux États-Unis portant la mention «sans STbt» était davantage une question de commercialisation.

Cela revient à cette question très importante de la confiance et de l'intégrité. Les exigences publicitaires, les contraintes de la commercialisation, au Canada, autorise les consommateurs canadiens à croire que ce qui figure sur l'étiquette est utile, à s'attendre aussi à ce qu'on corrige si ce qui figure sur l'étiquette n'est pas vrai. C'est pourquoi j'estime que cette importance accordée à l'étiquette est une erreur car on ne peut l'interpréter dans le contexte voulu.

• 1015

Je suis certainement d'accord avec vous pour dire que chaque fois qu'on aborde un produit du lait, on crée toute une série de nouveaux problèmes et qu'on pose la question de la santé et des répercussions sur l'animal. Tout cela sert donc de toile de fond—dans la mesure où nous n'avons pas cette possibilité actuellement, mais où elle pourrait devenir une possibilité importante—sur laquelle évolue notre chaîne alimentaire et cela devrait permettre à la communauté agricole de mieux gérer les efficacités et les pressions.

Nous ne refusons pas la technologie, qu'il s'agisse d'informatisation ou autre, si elle facilite le fonctionnement des systèmes. Mais s'agissant de l'alimentation, la population n'a pas tendance à envisager la chaîne alimentaire et le processus comme un système industriel, ce qu'ils sont jusqu'à un certain point.

Je crois qu'il est aussi tout à fait essentiel de faire en sorte que les consommateurs canadiens puissent continuer à faire confiance au système et à croire qu'il va s'occuper de l'innocuité. Je serais d'accord avec Laurie sur ce sujet, à savoir qu'au niveau des détaillants, les lignes directrices tout à fait nouvelles qui traitent des problèmes des allergènes et des différences importantes sont élaborées dans l'optique des consommateurs canadiens.

Il me semble qu'il devrait y avoir une possibilité plus grande, pour ceux qui veulent savoir, de trouver cette information sur les pages du Web, dans des brochures, dans des documents que l'on peut fournir. Nous ne minimisons certainement pas ce défi dans les magasins de détail lorsque ces questions sont posées à Jeannot, le petit gars qui travaille le vendredi soir dans le rayon des fruits et légumes pour un salaire minimum. Il n'est pas en mesure de répondre, et il ne devrait pas répondre, mais dans un magasin, on s'attend à ce qu'il dise quelque chose aux clients. Il faut qu'il puisse orienter le client vers le bureau du service à la clientèle ou lui indiquer le numéro 1-800.

Je crois aussi que pour toute cette question, on préférerait, dans les magasins de détail, attendre que l'on soit suffisamment à l'aise avec les autres produits avant de passer au lait. Mais c'est une réalité qui fait partie du système, et si les produits ont résisté à l'examen rigoureux des organismes chargés de la réglementation, alors il faut que ceux-ci puissent garantir aux consommateurs canadiens qu'ils l'ont fait, que le produit est sans danger, qu'il est assorti de cette garantie. C'est la question essentielle pour les consommateurs.

M. Larry McCormick: Madame Curry?

Mme Laurie Curry: Je crois qu'en ce qui concerne la BST, il y a des opinions bien senties. C'est l'exemple classique du cauchemar en matière de communication. C'est l'exemple parfait du message bien senti ou positif qui n'a pas été transmis avant que le problème ne se pose.

Je ne montre personne du doigt en l'occurrence; je regarde simplement comment l'industrie et le gouvernement ont réagi. Les seules choses qui sont apparues, que ce soit sur le site Web, dans les journaux ou dans les lettres à la rédaction, venaient des groupes de consommateurs militants. C'est pourquoi nous devons nous demander très précisément, comment...? Nous devrions considérer la BST comme une leçon très dure. Le produit n'a pas encore été homologué, mais on devrait commencer dès aujourd'hui à préparer le terrain en transmettant un message très sérieux et bien senti.

Où est Santé Canada dans les nouvelles du soir? Je vois le commissaire de la FDA au journal télévisé du soir, mais Santé Canada ne vient pas prendre la parole pour parler de façon positive de son système sévère de réglementation.

Il faut qu'il y ait une communication proactive et que l'on dise: «Voici l'évaluation que l'on fait concernant l'innocuité des produits avant leur mise en marché. Voici le mécanisme auquel on soumet les produits de la biotechnologie avant de les homologuer.»

Nous ne demandons pas à un ministère de venir faire de la publicité pour un produit, mais il doit pouvoir signaler que le produit est passé par ce genre de système de réglementation. Il faut qu'il y ait un message bien senti et sérieux sur tous les produits de la biotechnologie. Nous avons là l'exemple classique d'un produit qui devait sortir avant qu'on n'en parle et ce sont notamment les inquiétudes des consommateurs qui l'ont emporté. Je crois qu'il y a beaucoup à apprendre de cette expérience et que nous pouvons agir de façon plus positive.

Le président: Monsieur Fischer.

M. Jim Fischer: Merci, monsieur le président.

Il n'y a pas une seule séance de comité permanent à laquelle j'aie assisté où la question de la somatotrophine bovine recombinante n'ait pas été posée.

Je suis moi-même producteur laitier. Je pourrais reprendre mot à mot ce que vous a dit Laurie. La STbr est venue la première. Elle est sortie tôt. Elle était bien en avance par rapport à tout le reste.

M. Larry McCormick:

[Note de la rédaction: Inaudible]

• 1020

M. Jim Fischer: Oui, c'est vrai. De nombreuses erreurs ont été commises au plan de la communication. Ce n'est pas qu'il y ait eu un manque de confiance ou que la confiance ait rapidement diminué. Mais la communauté agricole, sur qui on compte à mon avis pour avoir un résumé ou un rapport digne de foi, était divisée, en partie à cause du système canadien qui est différent de celui de nos voisins.

Il y a plusieurs raisons qui font que l'on a eu des problèmes et je crois qu'on doit en tirer la leçon. Je pense que le problème va se résoudre finalement et dans 10 ans, on n'en discutera même plus.

Le président: Aucun d'entre vous ne voit des inconvénients à la STbr? Tout le problème est venu d'un manque d'information simplement.

M. Jim Fischer: Je l'utiliserai pour environ 10 p. 100 de mon troupeau si elle était disponible, oui.

Le président: Même si Laurie Curry dit que les produits de la biotechnologie présentent des risques précis?

M. Jim Fischer: Chaque technologie présente des risques précis, monsieur le président. C'est un fait. Il s'agit simplement de maximiser les avantages et de minimiser les risques.

Le président: Quel risque présenteraient des produits modifiés par la biotechnologie? Nous comprenons facilement les problèmes que posent les pesticides, les résidus et les poisons, mais si on remplace un gène ou si on en enlève un, quel effet cela a-t-il sur la santé humaine?

Mme Laurie Curry: L'allergénicité est un exemple de risque possible qui doit être signalé. Si un nouveau produit qui sort contient maintenant, par exemple, une protéine de la cacahuète, il pourrait avoir un pouvoir allergénisant sur moins de deux pour cent de la population. C'est un risque et il faut que le public soit informé. Et c'est là que l'étiquetage intervient puisqu'il permet de dire qu'il y a maintenant une protéine de la cacahuète dans ce produit qui traditionnellement n'en avait pas.

La biotechnologie présente aussi des avantages énormes. Par exemple, on pourrait avoir à l'avenir une cacahuète dont on pourrait retirer la protéine car nous nous inquiétons de l'allergénicité de ce produit pour un pourcentage de la population qui ne peut pas consommer de produits contenant une protéine de la cacahuète.

Je voulais vous parler de la façon de minimiser les risques. Et c'est pourquoi c'est si important. Lorsque ces produits subissent la notification et l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux avant la mise en marché, c'est là que l'évaluation complète et exhaustive peut être faite. À titre personnel, je ne peux pas faire de remarque—je ne pense pas pouvoir faire de remarque en ce qui concerne la STbr. Elle est actuellement en train de passer par ce processus.

J'ai personnellement tout à fait confiance dans le processus qu'elle subit, et si Santé Canada estime pour finir qu'elle est sans danger, c'est un produit qui ne présente aucun danger. Ensuite, au niveau de l'industrie, c'est là que la communication sera très importante pour les consommateurs. S'il y a des risques, il faut les transmettre, et il faut que la population sache ce que l'on fait pour les minimiser.

Le président: Les Européens disent que le canola génétiquement modifié n'est pas le bienvenu sur leur continent. Comment les convaincre que le canola génétiquement modifié ne présente absolument aucun danger?

Mme Jeanne Cruikshank: Monsieur le président, avant qu'on abandonne le sujet de la STbr, je crois que vous auriez tort de quitter la réunion d'aujourd'hui en pensant qu'elle ne pose aucun problème. Au niveau du détail, actuellement et d'après les renseignements qui ont été donnés, il y aurait des problèmes.

Le message que nous essayons de faire passer, et sur lequel Laurie a insisté ainsi que d'autres, c'est que l'on doit tirer une leçon, qu'il faut que les organismes chargés de la réglementation fassent savoir que ce produit a subi un examen approfondi pour que, lorsqu'il apparaîtra dans les rayons des magasins, s'il doit apparaître, on sache que plusieurs évaluations ont été faites et que l'on peut être sûr de son innocuité pour le consommateur.

Selon le sujet, au niveau des détaillants, et surtout étant donné les problèmes qui entourent le lait et la question de la gestion de l'offre qui s'applique à l'échelle provinciale pour l'ensemble du pays et qui ajoute à la complexité de la question, les détaillants ont encore de nombreuses questions parce que l'on entend actuellement beaucoup plus parler ceux qui sont opposés à ce produit que ceux qui parlent du processus.

Tant qu'on n'aura pas pu garantir aux détaillants que certaines des inconnues ont été levées, ils ne seront pas à l'aise pour vendre ce produit au détail. Avec certaines de ces inconnues—et votre question portait particulièrement sur le risque—je ne suis pas sûre que le public puisse identifier ce risque. Les consommateurs estiment simplement qu'il y a certaines questions auxquelles on n'a pas répondu.

M. Tony Zatylny: J'aimerais revenir à la question de l'Europe et du canola. Il faut voir la question sous un angle plus général, celui du commerce mondial. Tandis que les tarifs douaniers vont être réduits au cours de la prochaine série de négociations sur le commerce mondial, les pays vont trouver d'autres moyens de contrôler le commerce et ce seront des questions liées à la santé et à l'environnement. À l'heure actuelle, en Europe, la communauté scientifique ne voit aucun problème à homologuer le canola OGM. Il n'y a pas de volonté politique de signer les homologations. Et pourquoi ne veut-on pas signer? On évite ainsi que le canola canadien arrive sur le marché. Tant que les Européens estimeront qu'ils peuvent avoir un avantage concurrentiel, ils ne vont pas l'homologuer.

• 1025

Pour les récoltes qu'ils ont besoin d'importer, comme le maïs et le soja, ils sont beaucoup plus prêts à activer le processus de réglementation. Ils n'ont pas besoin de notre canola. Ils vont sans doute être très prochainement nos concurrents et lorsqu'ils auront appliqué cette technologie, les règles du jeu seront à nouveau équitables.

Le président: Ils essaient de gagner du temps.

M. Tony Zatylny: Ils essaient de gagner du temps.

Le président: M. McCormick a une question de privilège et nous passerons ensuite la parole à M. Proctor.

M. Larry McCormick: Merci, monsieur le président.

J'aurais une petite remarque à faire sur la STbr. Je sais que Mme Curry a déjà précisé la chose, mais lorsque vous avez parlé de ce que faisait le gouvernement en la matière—et nous savons que Santé Canada est en train de faire une étude plus approfondie—il est clair que la politique entre en jeu. Et c'est ma circonscription de l'est de l'Ontario qui a porté la question sur la scène nationale du Parti libéral du Canada avec l'une des résolutions présentées il y a deux ans.

On y avait beaucoup réfléchi et je crois qu'il y avait beaucoup de gens neutres—et on avait fait de nombreuses études sur le sujet. Des centaines de personnes avaient participé à ces opérations et on avait le soutien de milliers de personnes, pourtant c'est vraiment devenu un problème et j'aimerais savoir comment on pourrait sortir de cette impasse.

Le président: Je crois qu'on pourrait parler encore longtemps de la STbr, mais nous ferions mieux de donner la parole à M. Proctor.

M. Larry McCormick: On le pourrait en effet. Merci beaucoup.

Le président: Nous ferions mieux de donner la parole à M. Proctor. Merci.

M. Dick Proctor: Je vais rester un instant sur le sujet de la STbr. M. Fischer, vous venez de dire que si elle était disponible, vous utiliseriez l'hormone de croissance bovine sur environ 10 p. 100 de votre troupeau laitier, et pourtant j'ai entendu dire que—même si elle n'a pas été homologuée au Canada et qu'on ne puisse pas l'utiliser—on peut facilement l'obtenir. Le savez-vous et des éleveurs de votre région l'utilisent-ils?

M. Jim Fischer: Je n'en ai pas entendu parler. J'ai dit que si elle était disponible, je l'utiliserais, en supposant que si elle est passée par le système canadien très sévère en ce qui concerne la santé humaine, par le système de la réglementation, c'est qu'elle a été jugée sans danger. Je l'utiliserais, mais je n'ai pas entendu parler de ce que vous dites.

M. Rick Borotsik: Vous auriez dû faire de la politique.

M. Dick Proctor: Quelqu'un de très bien placé et qui défend le produit a dit que lorsque l'Université de Guelph a essayé de trouver des troupeaux laitiers pour effectuer des essais de contrôle, elle n'a pas pu trouver un seul troupeau dans la région de Guelph qui n'avait pas fait l'expérience de l'hormone de croissance bovine.

M. Jim Fischer: Je le répète, je ne suis pas du tout au courant. Je suis tout à fait sincérité.

M. Dick Proctor: Très bien.

Madame Curry, en ce qui concerne vos remarques sur les attitudes des Canadiens anglais pour ce qui est de faire confiance aux professionnels de la santé et aux scientifiques canadiens, il me semble que l'industrie semble vouloir prendre de plus en plus en main ce secteur et pousser en quelque sorte les fonctionnaires de Santé Canada et les scientifiques canadiens un peu plus à l'écart. Voyez-vous également ce problème et pensez-vous que...

Mme Laurie Curry: J'aimerais que vous me précisiez ce que vous entendez par «prendre en main»?

M. Dick Proctor: Qu'elle voudrait s'occuper davantage de la question réglementaire ou qu'elle serait plus qu'heureuse de prendre davantage en main le secteur de la réglementation.

Mme Laurie Curry: L'industrie?

M. Dick Proctor: Oui, l'industrie. Pensez-vous que...

Mme Laurie Curry: Vous voulez parler des évaluations concernant l'innocuité avant la mise en marché?

M. Dick Proctor: Oui.

Mme Laurie Curry: Nous devrions peut-être faire la distinction, en ce qui concerne l'industrie... Pour ce qui est des systèmes d'homologation pour la déclaration relative à la santé et à l'innocuité, c'est une chose que l'industrie préfère laisser à Santé Canada ou à un autre organisme agréé qui a le savoir-faire voulu pour étudier et évaluer ces produits.

M. Dick Proctor: Un organisme agréé indépendant.

Mme Laurie Curry: Pour que ce ne soit pas une procédure d'autoréglementation de l'industrie qui permette d'approuver les produits s'agissant d'aliments nouveaux.

M. Dick Proctor: Je m'adresse maintenant aux producteurs de canola et de soja. J'ai lu récemment qu'au Texas on paie 2 $ de plus le boisseau les semences qui ont été génétiquement modifiées et qu'on donne 32 $ de plus l'acre pour le coût technologique de la culture. Est-ce la même chose dans notre pays? Pouvez-vous expliquer comment tout cela fonctionne?

• 1030

M. Tom Lasseline: Je peux vous dire ce qu'il en est pour le soja. Étant donné qu'il s'agit d'un nouveau produit, on demande effectivement un peu plus pour la semence et des droits pour la technologie et il s'agirait de 8,75 $ l'unité et non pas le boisseau. Une unité correspond à 50 livres sur le marché à l'heure actuelle.

Comme je l'ai dit dans mon exposé, ce n'est pas le cas de tous les producteurs. Ce sera un petit pourcentage seulement pour commencer, pour des raisons économiques.

M. Dick Proctor: On pense aussi généralement dans l'industrie que ces cultures génétiquement modifiées exigent une grosse mise de capital—il faudra à ces agriculteurs beaucoup d'argent au cours des cinq à dix prochaines années pour rester concurrentiels face aux Américains, aux Européens et aux autres. Pensez-vous que ces droits d'utilisation de la technologie doivent augmenter à la longue? En avez-vous une idée?

M. Tom Lasseline: En tant que producteur, non, je ne pense pas que ces droits augmentent. Il faut qu'ils soient légitimes, sinon je ne vais pas faire cette culture. Ce sont les dollars et les cents qui comptent en définitive. Nous voulons un produit sans danger. Le soja est très largement exporté et nous devons être concurrentiels.

M. Dick Proctor: Oui.

Monsieur Zatylny?

M. Tony Zatylny: Pour le canola, pour les variétés Roundup Ready, il y a une entente qui prévoit 15 $ l'acre pour l'utilisation de la technologie. Pour le système Liberty Link, la société recouvre ce montant sur le prix de l'herbicide.

Personne n'aime payer plus qu'il ne doit, mais par ailleurs, lorsque 50 à 60 p. 100 de la culture va être tolérante aux herbicides, les agriculteurs font le calcul et voient que le produit a une certaine valeur. C'est une chose dont ce soucient toujours les cultivateurs: la façon dont la valeur de ce qu'ils font se répartit.

Je dirais que dans le passé la plus grosse partie des bénéfices est allée aux inventeurs de la technologie. Au fur et à mesure que cette technologie arrive sur le marché et qu'elle devient plus concurrentielle, on peut espérer qu'une plus grande partie de cette valeur va revenir au consommateur et au producteur.

M. Dick Proctor: Est-ce que c'est ce que le marché va pouvoir supporter pour ce qui est des coûts supplémentaires ou est-ce que le vendeur dit: «Vous n'avez pas besoin d'utiliser autant d'herbicides, vous économisez donc de l'argent à ce chapitre et nous allons vous faire payer plus»? Y a-t-il une certaine logique aux droits qu'on vous fait payer?

M. Tony Zatylny: Je crois que tout le monde fait une sorte d'évaluation des avantages financiers et des risques. Peut-être que c'est ce que pourra supporter le marché, mais certainement si le producteur y voit une certaine valeur, il va l'acheter. S'il peut faire de l'argent avec la technologie, il va l'acheter.

Le président: Monsieur Fischer.

M. Jim Fischer: Monsieur Proctor, le marché fonctionne de façon intéressante. À cause de la technologie du Roundup Ready, certaines entreprises concurrentes ont dû réduire le prix des intrants pour la culture afin d'être concurrentiels avec cette technologie. Il y a donc concurrence et c'est une bonne nouvelle pour les autres cultures et pour certaines des mêmes cultures.

Mais si l'on suit votre raisonnement, comme je l'ai dit plus tôt dans mon exposé, nous l'utilisons comme un outil et il faut qu'il y ait un avantage. Le maïs Bt, par exemple, que l'on cultive dans la région de Tom, où il y a—quoi?—peut-être deux générations ou deux générations et demie de pyrale du maïs... Le fait est que dans ma région, dans le comté de Bruce, je n'ai pas besoin de cette technologie pour cette culture pour l'instant et peut-être que je n'en aurai jamais besoin, je ne vais donc pas l'utiliser. Mais Tom pourrait avoir à l'utiliser car il est situé un peu plus au sud, il y fait un peu plus chaud de quelques degrés, le parasite existe et pose un problème ou pourrait en poser un.

Il s'agit donc encore une fois d'un outil que nous évaluons tous individuellement en fonction de notre produit, de notre culture ou autre. Il faut qu'il y ait un avantage, faute de quoi nous ne l'utiliserons pas.

S'il y a une entente d'utilisation de la technologie, oui, il y a un coût inhérent et c'est normal. Si j'y travaillais en tant que chercheur, peu importe la compagnie, je m'attendrais à ce qu'il y ait un coût ou alors cela ne se réaliserait pas. Et je suis heureux que cela se produise. Encore une fois, s'il y a un avantage, je vais l'utiliser. Si le coût est trop élevé, je ne l'utiliserai pas puisque nous avons le choix.

M. Dick Proctor: Oui, je ne suis pas contre ce que vous venez de dire. Tout ce que j'essaie de faire, c'est de voir si le prix qu'on essaie de me faire payer est réaliste.

M. Jim Fischer: C'est le marché qui montrera s'il est réaliste ou non.

M. Tony Zatylny: Vous n'avez pas à payer 200 $ pour une paire de chaussures de course, mais beaucoup de gens paient ce prix.

Le président: Monsieur Borotsik.

M. Rick Borotsik: Merci, monsieur le président.

Il y a tout d'abord une chose que j'aimerais préciser. Tom, je veux que vous retourniez dans votre circonscription dire que Rose-Marie est là tout le temps et qu'elle est un membre très apprécié du comité, d'accord?

Qu'en dites-vous?

Mme Rose-Marie Ur (Lambton—Kent—Middlesex, Lib.):

[Note de la rédaction: Inaudible]

• 1035

M. Rick Borotsik: Je dois avouer que je blaguais. Rose-Marie est toujours présente.

Il y a une autre question que je dois poser. Vous avez parlé de sensualité lorsque vous avez mentionné les études faites au Québec. Était-ce aussi le cas au Manitoba par hasard?

Des voix: Oh, oh!

Mme Laurie Curry: Non.

M. Rick Borotsik: Non? Vous n'avez pas interrogé qui il fallait car je sais que c'est une chose que le Manitoba et le Québec ont en commun.

Des voix: Oh, oh!

M. Rick Borotsik: J'aimerais tout d'abord poser une question à M. Fischer.

Vous avez abordé la question de l'ARLA. Nous nous sommes occupés de l'ARLA. Nous avons traité des problèmes d'harmonisation et des obstacles que l'on rencontre lorsqu'on essaie d'harmoniser la réglementation de la lutte antiparasitaire avec ce qui se passe en partie aux États-Unis et au Canada. Vous en avez brièvement parlé au sujet de la biotechnologie.

Nous avons entendu dire, il y a deux jours, que le Canada était un chef de file mondial en matière de biotechnologie à l'heure actuelle, et c'est normal qu'il le soit, et je suis très excité par tout cela. Elle représente de toute évidence l'avenir.

Avez-vous des exemples ou des problèmes à signaler concernant l'interchangeabilité ou l'harmonisation de la biotechnologie avec les États-Unis? Est-elle possible? Devrait-elle être possible? Si oui, en tant que gouvernement, comment devons-nous envisager ce genre d'harmonisation de la biotechnologie?

M. Jim Fischer: Eh bien, c'est la même chose que pour les intrants pour les récoltes et les pesticides. Sur le plan international, il faut espérer l'harmonisation. Et je ne parle pas uniquement du Canada et des États-Unis.

Le problème que nous avons à AGCare, et que les agriculteurs en général ont, c'est que si...

Et oui, nous sommes un chef de file à certains égards...

M. Rick Borotsik: Jusqu'ici.

M. Jim Fischer: ... mais de nombreux pays font beaucoup dans différents domaines d'étude.

Supposons qu'un produit de la biotechnologie puisse être utilisé pour produire un aliment donné ou pour cultiver une récolte plus facilement ou de façon moins dangereuse pour l'environnement quelque part ailleurs, et qu'il nous faille attendre deux ou trois ans et que la partie réglementation est la même à 85 p. 100... Prenons ce chiffre parce que c'est ce qu'il est pour les pesticides, nous pouvons donc l'utiliser comme hypothèse. Je ne crois pas être très loin de la vérité en disant cela. Mais ces aliments entrent, ou du moins ils aimeraient pouvoir entrer dans le pays, surtout s'ils sont cultivés à une période de l'année où nous ne pouvons pas les cultiver. Ça, c'est un des problèmes que nous avons.

M. Rick Borotsik: D'accord. Est-ce qu'Agriculture et Agroalimentaire s'occupe de ces problèmes actuellement, à votre avis? Le ministère s'en occupe-t-il?

M. Jim Fischer: Il est très au courant des problèmes sans aucun doute et il prête l'oreille à ce que nous lui disons.

M. Rick Borotsik: Là n'est pas la question.

M. Jim Fischer: Pour être honnête avec vous, je ne sais pas dans quelle mesure le ministère ontarien de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales s'occupe de la question.

M. Rick Borotsik: D'accord, je comprends vos inquiétudes.

Le président: Tony, voulez-vous répondre?

M. Tony Zatylny: Pour ce qui est de ce que devrait faire le gouvernement en matière d'harmonisation et de commerce, pour le canola, nous avons exactement le problème inverse. Nous sommes les chefs de file en Amérique du Nord, nous avons toute la technologie et tous les produits, et les cultivateurs qui habitent au sud des provinces des Prairies veulent aussi avoir accès à cette technologie. Ils disent que les règles du jeu ne sont pas égales.

Notre pays est vaste et il nous faut toujours viser l'équilibre. Le gouvernement doit faire très attention à ne pas adopter une position dans l'est du Canada qui soit préjudiciable à l'ouest du Canada et vice versa.

Que doit faire le gouvernement? Il faut qu'il fasse très attention à sa façon de procéder.

M. Rick Borotsik: Soit dit en passant, vous avez tout à fait raison. Si nous avions gardé au départ la technologie pour le canola, nous n'aurions aucun concurrent dans ce secteur. C'est tout à fait vrai. Mais je ne peux pas dire si c'est bien ou mal.

Madame Curry, vous avez parlé en quelque sorte des trois piliers: la confiance, le risque et l'information. Je regrette de devoir vous le dire, mais on ne fait peut-être pas énormément confiance à l'industrie. Pour les consommateurs en particulier, les PDG se trouvent à égalité avec les responsables politiques lorsqu'il s'agit de confiance—du moins la plupart des responsables politiques.

L'industrie possède-t-elle son propre code de conduite? Dispose-t-elle d'un code quelconque qu'elle puisse montrer aux consommateurs en lui disant: «Faites confiance à l'industrie»?

La confiance est la chose la plus importante à mon avis. Elle vient nettement après l'information parce qu'il faut transmettre l'information. Comment l'industrie traite-t-elle ce facteur de confiance à son propre endroit?

Mme Laurie Curry: Lorsque nous prenons en considération les produits de la biotechnologie, nous ne les traitons pas différemment, pour ce qui est de l'élément confiance, de la façon dont nous traitons n'importe quel autre produit, bien franchement.

Pour l'essentiel de ce dont l'industrie est responsable en matière de visibilité à l'égard des consommateurs, notamment pour l'étiquetage, nous avons travaillé avec le Conseil canadien de la distribution alimentaire et avec quelques autres organisations...

• 1040

Je pensais que Jeanne l'avait apporté. Il y a un document qui s'appelle Le guide sur l'étiquetage et la publicité des aliments. C'est une publication de l'Agence canadienne d'inspection des aliments et on y dit à un endroit que l'industrie collectivement a adopté des principes généraux concernant la communication avec les Canadiens. Ces mêmes principes généraux, dans lesquels il est question de ne pas tromper le consommateur, de donner les faits, etc., tous ces éléments clés sont les mêmes que ceux qui régissent tous les aspects de l'étiquetage et de la communication à l'intention du public.

D'autre part, vous devriez savoir que nous travaillons en étroite collaboration avec les autres professionnels tels que les professionnels de la santé et les diététiciens, qui sont sans doute mieux placés sur la liste de la crédibilité que les responsables politiques et les PDG des sociétés. Je n'en suis pas sûr, mais les responsables politiques et les PDG se situent sans doute vers le bas de l'échelle. Nous travaillons donc en collaboration très étroite avec les autres organisations de professionnels de la santé par l'intermédiaire d'autres organisations de groupes de consommateurs, et nous faisons en sorte de leur fournir l'information la plus récente sur la biotechnologie. À leur tour, elles transmettent la plupart de cette information aux consommateurs.

M. Rick Borotsik: J'ai encore une question sur le sujet. Et je crois que c'est vous qui avez mentionné les groupes de consommateurs militants. Soyons très honnêtes et très francs sur le sujet—Larry l'a abordé—il y a en fait très peu de gens qui peuvent prendre position publiquement, quelles qu'en soient les raisons, qu'elles soient légitimes ou non. Comment comblez-vous cette lacune? Comment votre industrie essaie-t-elle de diffuser l'information correcte, si vous voulez, ou comment essaie-t-elle peut-être de neutraliser les fausses informations? Cela me fait vraiment très peur, je dois l'avouer. Il y a très peu de gens qui vont essayer de démolir un bon produit issu de la biotechnologie simplement parce que leur rôle consiste à détruire. Que pouvez-vous rétorquer à cela?

Mme Laurie Curry: Ça devient pour nous une question de responsabilité et en tant qu'industrie nous avons une très grande responsabilité. Nous représentons les produits de marque et les consommateurs savent qui appeler s'ils ne sont pas satisfaits. En ce qui concerne la communication, nous agissons de façon très proactive. Nous réagissons très activement aux lettres, aux lettres à la rédaction. Nous avons effectué cette étude; ses résultats vont être utilisés par tous nos membres de l'industrie alimentaire. Nous les avons très largement diffusés.

Nous avons rencontré en septembre 150 intervenants et nous leur avons fourni cette étude. Nous n'avons donc pas été égoïstes; nous ne l'avons pas gardée pour nous. Nous leur avons dit: «Voici un outil de communication, utilisons-le.» Nous préférons agir sachant que les consommateurs militants représentent en fait un très faible pourcentage de la population canadienne, selon ce qu'a révélé l'étude. Nous préférons agir pour contribuer à instaurer une communication très positive, une communication honnête et fiable à cet égard.

C'est donc à cela que nous consacrons une partie de nos efforts.

Le président: Nous allons manquer de temps. Monsieur Bryden puis madame Ur.

M. John Bryden (Wentworth—Burlington, Lib.): Je reprends en fait les questions de mon collègue, sauf que j'estime votre réponse insuffisante pour ce qui est de la réalité de ces groupes de défense, car la biotechnologie est une cible importante mais qui ne suscite pas une grande virulence de la part des groupes de défense internationaux qui font de l'argent en divulguant une information fausse sur des produits comme les vôtres; ils s'en servent ensuite pour attiser la colère du public sur laquelle ils tablent ultérieurement pour leurs campagnes de financement. Ils sont en outre facilement manipulés par les concurrents internationaux qui utilisent précisément ces industries pour attaquer les nouveaux produits que vous essayez de lancer. Étant donné cette situation, il est clair que si l'on distribue une information modérée, rassurante, ce n'est pas le moyen de lutter contre les groupes qui ne cherchent qu'à vous nuire.

Mme Laurie Curry: C'est l'une des principales raisons de notre étude. Mon nom figure en fait sur certains de ces sites Web et je reçois directement des courriers électroniques, de la part de consommateurs militants du monde entier, qui sont adressés à Laurie Curry et auxquels je dois répondre. Je ne sais si c'est le cas de quelqu'un d'autre, mais de mon côté, j'en reçois beaucoup chaque jour. Nous nous sommes demandés comment nous pouvions informer de façon proactive et pour cela, nous avons jugé nécessaire de disposer des outils voulus. Il nous fallait connaître l'opinion des Canadiens. C'est pourquoi nous avons entrepris cette étude. Il s'agit d'une initiative de 300 000 $ pour savoir exactement où en sont aujourd'hui nos consommateurs, c'est-à-dire les consommateurs canadiens.

Cela constitue donc un point de départ. Et vous avez tout à fait raison, dans le passé nous nous sommes surtout attachés à réagir et nous prévoyons être beaucoup plus proactifs. Ce travail va nous aider à l'être, mais nous ne sommes qu'un élément du puzzle et nous estimons que d'autres—et c'est pourquoi nous avons divulgué si largement cette étude—ont un rôle très précis lorsqu'il s'agit de transmettre des messages sur la technologie, qu'il s'agisse du gouvernement qui devrait être proactif au sujet du système sévère de réglementation que nous avons au Canada...

• 1045

Le président: Le Conseil du canola souhaite-t-il dire son mot?

M. Tony Zatylny: Au Conseil du canola, nous avons tout un dossier d'information pour nous permettre de répondre à n'importe quelle question concernant la biotechnologie. Mais nous recevons très peu d'appels par jour.

Il faut regarder autour de nous, les autres pays du monde. Prenez les Européens par exemple. Les consommateurs européens ont-ils le droit de faire confiance à leurs gouvernements pour ce qui est de les protéger? Ils pensent à la maladie de la vache folle et à d'autres choses. Dans ces pays, les gouvernements ont perdu la confiance de leurs électeurs.

Ici au Canada, les consommateurs pensent individuellement que nous sommes protégés par le système. Ailleurs dans le monde, ce n'est pas ce que l'on croit. Je ne sais pas comment vous pouvez faire comprendre aux Européens qu'ils doivent faire confiance à leurs responsables politiques, car l'histoire montre qu'ils n'ont jamais été crédibles.

M. John Bryden: Le gouvernement a donc un rôle à jouer. Puis-je proposer qu'on envisage pour le gouvernement un rôle plus sévère à l'égard de la divulgation de faux renseignements sur les produits en donnant par exemple plus de force à la Loi sur la concurrence? Est-ce la voie que l'on doit choisir? J'ai remarqué que M. Kerpan a déclaré que personne ne fait confiance au gouvernement et que le gouvernement n'a aucun rôle à jouer. Mais pour survivre—et je ne crois pas vraiment que ce soit très facile étant donné l'exemple européen—ne faudrait-il pas que le gouvernement devienne proactif et adopte des lois plus sévères?

M. Tony Zatylny: Je pourrais sans doute répondre à cette question. Si vous cherchez «canola» sur Internet, vous trouverez qu'il provoque la cécité, la diarrhée chronique, la maladie de la vache folle et j'en passe.

Aucun de ces renseignements n'a de fondement scientifique, et tout ce que nous avons à notre disposition pour nous défendre, c'est notre science. Lorsque vous avez recours à la science pour vous défendre contre des émotions, cela donne rarement des résultats. S'il y a un moyen de filtrer les messages pour ce qui est des références que vous utilisez lorsque vous alléguez de telles choses et si le gouvernement peut le faire, parfait.

Mme Jeanne Cruikshank: Je suis heureuse de vous signaler ces chiffres, ils valent ce qu'ils valent, concernant la fiabilité et les personnes à qui les consommateurs font confiance. Il est en effet vrai que l'on se fie moins au gouvernement fédéral depuis 1993 puisqu'on est passé de 16 p. 100 à 14 p. 100. Par contre, la confiance dans les détaillants a augmenté.

Je crois que ceux qui expriment leur mécontentement auprès des détaillants... Je reçois des lettres et des coups de téléphone. Les détaillants ont une marge bénéficiaire très serrée et s'il y a un client qui est mécontent dans votre magasin, cela veut dire qu'il va sans doute aller se servir ailleurs. Il est donc très important pour le tableau général de répondre à ces personnes. C'est pourquoi nous nous fions aux FPACC et aux autres qui ont une certaine crédibilité à certains égards.

Le secteur de la vente de détail a de très bonnes relations avec Agriculture et Agroalimentaire Canada puisque le ministère assume son rôle dans ce domaine. Malheureusement, je dirais que l'échange d'information n'est peut-être pas aussi bon avec Santé Canada. Je crois qu'il est important de divulguer chaque rôle; c'est ainsi que l'on obtient le tableau d'ensemble. Si l'on assume une attitude directive en disant ce qui ne va pas dans l'opinion de quelqu'un, qu'elle s'appuie ou non sur des faits scientifiques, c'est admettre qu'il y a des questions d'ordre affectif et des questions qui s'appuient sur des faits scientifiques.

Plutôt que de demander au Bureau de la politique de concurrence d'intervenir pour dire ce qui ne va pas dans l'opinion de quelqu'un, il y a un élément important qui manque, à savoir que le système canadien de réglementation aurait des choses très intéressantes à dire, mais qu'il ne l'a pas vraiment fait jusqu'ici. Voilà l'équilibre auquel il faut arriver. Nous sommes conscients de la diversité qui existe dans notre pays. Sur la côte ouest, ceux qui s'expriment contre le produit se font beaucoup plus entendre. Ils vont dans les magasins poser des questions difficiles. Mais jusqu'ici nous avons pu répondre grâce aux dossiers de l'Association des consommateurs du Canada et à d'autres documents.

Le président: J'aimerais passer la parole à Mme Ur.

Mme Rose-Marie Ur: Nous savons que nous nous sommes très bien comportés sur les marchés d'exportation. Il devrait y avoir une nette augmentation au cours des prochaines années.

Peut-être que Tom ou quelqu'un d'autre pourrait répondre à la question suivante. Pensez-vous vraiment que la biotechnologie est là pour le producteur autant que pour le consommateur? Qui en profite vraiment en définitive?

Je vois qu'on s'inquiète vraiment du coût des semences dans le monde de la biotechnologie. Va-t-on devoir éliminer progressivement les petites exploitations pour ne garder que les grandes? Bref, la biotechnologie est-elle importante pour le producteur ou pour le consommateur? Qui va vraiment être le bénéficiaire en définitive?

M. Tom Lasseline: Je crois que pour finir le producteur et le consommateur vont tous deux en bénéficier. Dans le secteur du soja, Roundup Ready n'est que la première étape.

• 1050

Nous avons beaucoup de chance, dans le secteur du soja, d'avoir développé notre marché d'exportation sur une identité préservée... Actuellement donc, je crois que les producteurs ontariens et canadiens de soja, par exemple, pourront faire face. Je crois que le consommateur, à l'heure actuelle, souhaite avoir le choix et j'espère que nous pourrons lui offrir ce choix. J'imagine que plus on offrira de nouvelles caractéristiques biotechnologiques profitables aux consommateurs, plus on acceptera la biotechnologie.

Mme Rose-Marie Ur: Est-ce qu'elle va en fait augmenter les bénéfices des cultivateurs ou le coût des semences représente-t-il une dépense supplémentaire?

M. Tom Lasseline: J'en doute fort. Il faudra qu'elle entraîne une augmentation des bénéfices, sinon nous n'y aurons pas recours.

Mme Rose-Marie Ur: Exactement.

Le président: Monsieur Fischer, voulez-vous intervenir?

M. Jim Fischer: Je crois Rose-Marie que l'histoire a montré qu'avec chaque nouvelle technologie, ce sont les premiers à l'adopter qui en profitent le plus au départ, peut-être plus que les autres, mais que ceux qui veulent l'adopter par la suite en profitent également, mais peut-être pas autant. Je parle ici de la population agricole.

Pour ce qui est de savoir dans quelles proportions respectives l'agriculteur et le consommateur vont en profiter—et je suis en l'occurrence un consommateur—je ne saurais dire, mais je crois vraiment que tous deux vont en profiter suffisamment.

Je ne crois pas que cela pose un problème. Les petites exploitations grandissent et je le répète, si je vois à cette technologie un avantage évident sur le plan environnemental, économique ou autre, je l'utiliserai. Nous savons que si cet avantage entraîne un prix inférieur pour le produit alimentaire, vous allez également en profiter.

Le président: Voulez-vous ajouter quelque chose?

M. Tom Lasseline: Oui. Je crois qu'il faut prendre en considération la biotechnologie dans le domaine médical. Elle a été très largement acceptée. L'insuline doit son origine à la biotechnologie.

Je pense que cela va prendre un peu de temps dans l'industrie alimentaire, mais il me semble...

Mme Rose-Marie Ur: Vous avez tout à fait raison d'avoir précisé cela, Tom, car pour une chose aussi simple, le grand public ne va pas nécessairement faire le lien avec la biotechnologie. Je crois que c'est le genre d'information qu'on devrait transmettre: il s'agit de quelque chose qui existe depuis longtemps et que l'on n'a jamais présenté comme un produit de la biotechnologie.

C'est une chose que l'on peut faire accepter. Cela nous permet d'entrouvrir la porte des consommateurs qui ont une opinion si négative sur la biotechnologie.

On ne leur fait part que des rares cas d'application de la biotechnologie qui ont donné de tristes résultats quelque part. C'est ce qu'on voit dans les journaux. Ce n'est pas l'aspect positif que l'on avance. On est toujours en train de réagir à quelque chose qui s'est passé, on n'est pas proactif. Comme l'a dit Mme Curry, on envoie des lettres de réponse, mais ce n'est pas un outil positif. Il faut être proactif, et ne pas avoir recours uniquement aux lettres de réponse.

Vous avez dit que vous aviez le document qui a coûté 300 000 $ sous les yeux. Jusqu'à quel point cela est-il allé jusqu'aux consommateurs? Je crois que la meilleure chose ici—et je le répète sans cesse—c'est de s'adresser aux jeunes parce qu'ils sont plus réceptifs à ce genre d'information.

Je ne sais si vous tenez des stands dans les foires et dans d'autres manifestations où vous pouvez montrer ce qui s'est passé. Par exemple, vous n'allez pas verdir parce que le maïs que vous consommez a été modifié, ou vous n'allez pas devenir lumineux la nuit. Vous pourriez transmettre l'information vraie aux gens qui participent à ce genre de manifestations de façon générale.

Le président: Pourriez-vous répondre brièvement? Il y a encore trois personnes qui souhaitent poser des questions et il ne nous reste que six minutes.

Mme Laurie Curry: Je suis d'accord avec ce que vous dites. Il nous faut être davantage proactifs et ce n'est que le point de départ. Cette information est sortie il y a un mois seulement. Nous l'avons divulguée en créant un très large partenariat pour que l'information soit de plus en plus transmise de façon proactive.

Le président: Monsieur Kerpan, puis Mme Alarie.

M. Allan Kerpan: J'aimerais reprendre là où Rose-Marie s'est arrêtée. Je crois que nous pouvons présenter cela sous un jour positif. Les séances de notre comité ont en fait pour objectif de veiller au bien-être et aux intérêts supérieurs du secteur agricole.

Je ne suis en fait pas membre de ce comité, je fais partie du comité de la justice, mais je suis venu aujourd'hui et je pense aux parallèles que l'on peut établir entre ce secteur et ce dont nous parlons actuellement, surtout dans le domaine de l'identification grâce aux empreintes génétiques et autres choses du même genre.

En tant que producteurs, nous devons voir le côté positif de la chose. J'en parlais à quelqu'un pas plus tard qu'hier soir dans l'avion.

Parlons du canola parce que c'est de cela que l'on parle. Nous pouvons maintenant semer du canola dans les régions les plus au sud de la Saskatchewan et même dans les États-Unis du Nord, ce qui était impossible il y a cinq ou dix ans. C'était pratiquement impossible. Tout cela est dû à la technologie, aux nouvelles variétés et à tout ce dont nous parlons aujourd'hui.

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J'ai un troupeau de bovins enregistrés et nous avons pour cela recours à l'identification par les empreintes génétiques. Ce sont les aspects positifs du sujet dont nous traitons. Cela a d'énormes avantages à long terme.

J'aimerais poser une question très générale à M. Zatylny.

Jusqu'où pensez-vous que nous puissions aller dans un avenir proche en matière de sélection des plantes, surtout en ce qui concerne le canola ou toute autre culture que vous voudriez mentionner?

M. Tony Zatylny: Je crois qu'il y a eu l'année dernière 800 essais en champs de plants issus de la biotechnologie au Canada. Nous sommes des chefs de file. Nous avons les scientifiques voulus. Cela dépend dans quelle mesure nous pouvons éduquer nos consommateurs, à commencer par les enfants, pour qu'ils considèrent l'agriculture comme un domaine professionnel possible. Nous avons besoin de nouveaux scientifiques spécialisés, nous avons besoin de personnes qui s'occupent de divulgation, nous avons besoin de personnes qui s'occupent de réglementation. C'est toute la question de faire accepter l'agriculture pour que la technologie se développe au point que, lorsque vous mangez vos aliments, vous êtes en meilleure santé, vous prolongez votre vie, et vous comptez moins sur le système de santé, parce que les aliments que vous mangez vous fournissent en fait tout ce dont vous avez besoin pour rester en bonne santé.

Cela se répercute sur toute la chaîne.

Le président: Cela semble très positif.

[Français]

Madame Alarie.

Mme Hélène Alarie: Les gouvernements exercent un contrôle de tout ce qui concerne l'export-import. À côté de cela, est-ce que l'industrie est en état de veille? Est-ce que l'industrie avertit parfois le gouvernement que tel ou tel produit est sur le marché? Comment cela se passe-t-il dans les faits? Il y a tellement de produits en provenance d'autres pays qui sont en circulation.

[Traduction]

Mme Laurie Curry: Avez-vous parlé de porcs? Dans ce cas, je ne pense pas pouvoir répondre.

Mme Jeanne Cruikshank: Lorsqu'on importe des produits d'autres pays, comment pouvons-nous être sûrs qu'ils ont été produits selon les mêmes critères que les produits canadiens?

Mme Laurie Curry: Il y a une définition des aliments nouveaux qui porte sur le fait qu'un produit est nettement différent de son analogue traditionnel et il faut alors savoir ce que veut dire «nettement différent». Le Canada doit alors soumettre ces produits à la notification d'avant la mise en marché.

Je crois que certains autres pays, les États-Unis par exemple, ont également un système. En ce qui concerne les produits importés, il nous est parfois moins facile de savoir ce qu'il en est des systèmes des pays d'origine. Je sais que le gouvernement envisage actuellement d'étudier les PGM réglementés, et l'un des aspects de ces PGM réglementés serait d'exiger qu'on fournisse l'information concernant les produits importés avant qu'ils n'entrent dans le pays.

Je regrette, je ne peux pas vous dire comment cela fonctionne pour l'instant.

Le président: Très bien.

Monsieur Harvard.

M. John Harvard (Charleswood—Assiniboine, Lib.): J'aimerais simplement ajouter un mot ou deux à la discussion concernant la confiance. C'est une question importante. Nous avons tous une place dans le système général, qu'il s'agisse des personnes chargées de la réglementation, des producteurs, des investisseurs, des responsables politiques, et de tous ceux qui se situent entre eux, y compris les détaillants.

Depuis un certain nombre d'années, les gouvernements, à tous les niveaux, ont essayé et ont réussi à de nombreuses reprises, en échouant parfois, à donner ce que j'appellerais une plus grande place au marché, ou à ceux qui travaillent sur le marché, en réduisant la réglementation, en harmonisant davantage, etc. Dans le monde politique, ou au sein du gouvernement, nous avons constaté que nous devrions pouvoir faire certaines choses pour que le marché fonctionne de façon plus efficace.

Ce que je trouve intéressant, c'est que si l'on a réussi à le faire assez bien, après certains tâtonnements, je vous l'accorde, les institutions publiques, y compris les représentants publics, sont de plus en plus attaqués. On a maintenant l'habitude, et c'est le cas depuis un certain nombre d'années, d'attaquer le Parlement, les responsables politiques et les bureaucrates. Si vous voulez vraiment insulter quelqu'un ou lui faire du tort, il suffit d'utiliser le terme de «bureaucrate». C'est une chose dont personne ne veut entendre parler.

Et les attaques qui s'adressent aux institutions publiques sont honteuses—absolument honteuses. Les bureaucrates, les fonctionnaires, ne sont pas parfaits, mais il me semble que la plupart d'entre eux sont très honnêtes, responsables et qu'ils essaient de faire un excellent travail. Pour cette question générale de la confiance donc, il faut bien voir que nous avons tous du travail à faire.

• 1100

Lorsqu'on en vient à la STbr ou autre, tout n'est pas simple. Il y a des risques. Et pourtant je sais que les responsables politiques ont très peur, en raison des attaques que l'on mène contre les institutions publiques ou parce que nous avons maintenant une industrie qui s'appuie sur la victimologie ou la victimisation. Si vous faites une erreur, même si vos intentions et vos motivations sont tout à fait bonnes, vous risquez un énorme... Tout le monde va s'en prendre à vous. Il ne faut donc guère s'étonner que les bureaucrates et les responsables politiques soient un peu timides. Ce n'est pas que ça me plaise, mais nous vivons dans une période où la confiance n'existe pas.

Je ne sais ce que vous pouvez faire. J'admets qu'il y a une place pour les producteurs de canola et je pense que vous avez fait un excellent travail. Il y a une place pour les consommateurs et les détaillants, et j'en passe. Mais nous pouvons dépasser les bornes lorsque nous attaquons les institutions publiques, comme cela a été le cas depuis un certain nombre d'années.

Je ne sais si quelqu'un veut répondre, mais voilà mon sentiment.

Le président: Madame Curry.

Mme Laurie Curry: Bravo! Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit.

Il y a en fait une extraordinaire possibilité avec la biotechnologie à l'heure actuelle et je veux parler de la nouvelle stratégie canadienne sur la biotechnologie. Je me demande en partie... On a beaucoup consacré d'argent à faire des tournées dans tout le pays, et j'ai assisté à la séance de Vancouver. Avec l'argent et l'importance qu'on a donnés à la question, il m'a semblé que l'on revenait en arrière pour se demander si la biotechnologie devait être autorisée. Je me suis dit, ma foi, elle existe déjà.

Néanmoins, nous avons aujourd'hui l'occasion extraordinaire de façonner la nouvelle stratégie en insistant sur la communication. Le gouvernement dispose d'une occasion extraordinaire et neutre de rassembler tout le monde. Nous devrions nous réunir pour constater que nous avons du travail à faire en matière de communication. Pour essayer de voir ce que les producteurs de semences vont faire et avec qui le secteur de la biotechnologie communique. Pour savoir qui est son principal public cible.

J'aurais préféré voir une stratégie nationale de communication en matière de biotechnologie ou une stratégie de communication. C'est à cela que nous devrions consacrer nos efforts.

Le président: Monsieur Fischer, puis M. Zatylny.

M. Jim Fischer: John, l'une des meilleures façons d'obtenir la confiance—et cela prendra vraiment beaucoup de temps—c'est que lorsqu'il y a une décision à prendre, on s'appuie sur la science et non sur les discours et la politique proprement dite. Il s'agit de quelque chose qui vise le long terme. Ce n'est qu'un paramètre que je vous précise, mais vous l'avez demandé.

Vous avez vu ce qui s'est passé en Europe avec la maladie de la vache folle. C'était entièrement politique. Les responsables politiques n'ont pas écouté les scientifiques et ils ont eu des problèmes. Si des leçons ont été tirées, nous en avons tirées. Cette expérience nous a appris quelque chose, mais nous le savions à l'avance.

C'est la meilleure façon d'essayer de redonner confiance dans le rôle que vous jouez.

Le président: Monsieur Zatylny.

M. Tony Zatylny: Je suis d'accord avec Mme Curry; il faut que tous les intervenants participent. Peut-être qu'au Canada, nous avons besoin d'attirer l'attention à l'échelle nationale sur la production alimentaire. Peut-être que ça devrait être une entreprise importante pour notre pays. Et je crois que nous pourrions la réaliser.

Il n'est pas nécessaire que le gouvernement soit toujours le moteur. Il peut parfois apporter son soutien. En tant qu'industrie, il nous faut décider qui est le plus indiqué pour prendre la tête du mouvement, qui est le plus indiqué pour apporter de l'aide, qui est le plus indiqué pour fournir l'argent, qui est le plus indiqué pour faire le travail, et qui est le plus indiqué pour s'occuper de la communication.

Une voix: Très juste.

M. Tony Zatylny: Nous nous laissons bien souvent polariser à cause des circonscriptions que nous représentons. Il est très difficile d'avoir une bonne perspective sur la stratégie nationale en oubliant son rôle au sein de l'entreprise ou dans sa région. Le gouvernement a pour rôle de faciliter ce genre de discussion.

Le président: Bien.

Monsieur Bryden.

M. John Bryden: Je ne suis qu'un simple député. Je vais de comité en comité et on apprend des choses à ce jeu.

Je veux vous faire part d'une réflexion pour terminer sur la question des groupes de défense qui répandent des informations fausses qui ont des répercussions sur votre capacité de vendre vos produits. Au comité de l'industrie, j'essaie de proposer un amendement à la Loi sur la concurrence qui ferait en sorte que lorsque des groupes de défense ou des groupes sans but lucratif qui cherchent à obtenir de l'argent ont recours à la publicité trompeuse pour cela, ils encourent des sanctions en vertu de la Loi sur la concurrence.

• 1105

Pour revenir à la remarque de M. Harvard, les responsables politiques, quoi que l'on dise, essaient de travailler pour vous. Nous travaillons parfois de façon mystérieuse peut-être, mais nous sommes là pour vous.

Le président: Je croyais que c'était le gouvernement qui avait découvert le canola.

Quoi qu'il en soit, merci infiniment à tous pour votre participation. La discussion a été très intéressante et elle nous sera très utile. Merci encore.

La séance est levée.