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AGRI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON AGRICULTURE AND AGRI-FOOD

COMITÉ PERMANENT DE L'AGRICULTURE ET DE L'AGROALIMENTAIRE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 12 mars 1998

• 0913

[Traduction]

Le président (M. Joe McGuire (Egmont, Lib.): Bonjour à tous. La séance est ouverte; nous avons un libéral.

Je suis désolé du retard. Habituellement, M. Chrétien nous force à nous mettre au travail à 9 heures tapant, mais il s'est relâché ce matin. C'est de sa faute.

Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous tenons aujourd'hui une séance d'information sur le Programme canadien de leadership en agriculture, ou PCLA.

Je vous souhaite la bienvenue au Comité de l'agriculture et de l'agroalimentaire. La plupart d'entre nous ont rencontré votre groupe hier lors de la réunion que nous avons tenue et à la réception.

Avez-vous un bref exposé à nous faire, Terry?

M. Terry Murray (président, Conseil canadien de la gestion d'entreprise agricole): Oui, monsieur le président.

Le président: C'est parfait. Après votre exposé, nous passerons aux questions.

M. Terry Murray: Merci beaucoup, monsieur le président.

Permettez-moi tout d'abord de vous présenter certains des participants au PCLA qui ont décidé de se joindre à nous ce matin: Mme Pauline Duivenvoorden, de Terre-Neuve; M. Vic Bruce, de la Saskatchewan; M. Conrad Toner, du Nouveau-Brunswick; Mme Sharon Moulder, de la Colombie-Britannique; et M. Grant Fotheringham, du Manitoba.

Le président: Vous pouvez les inviter à la table si vous voulez.

M. Terry Murray: S'ils étaient assis à la table, ils pourraient peut-être participer à la discussion et avoir une meilleure idée de la façon dont les choses se passent. Nous serions honorés de les avoir à nos côtés.

[Français]

M. Jean-Guy Chrétien (Frontenac—Mégantic, BQ): Il y a de la place.

[Traduction]

Des voix: Ah, ah.

M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.): Dites-lui d'être gentil.

M. Terry Murray: Il me faut aussi vous présenter ma directrice exécutive au Conseil, Mme Dorothy Middleton, et un autre administrateur d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, M. Jeff Wardrop, qui sont ici pour nous aider à mieux comprendre en quoi le programme consiste au juste.

À titre de président du Conseil canadien de la gestion d'exploitation agricole, je suis heureux de l'occasion qui m'est offerte de vous donner un aperçu du programme lancé par le CCGEA. Je veux parler bien sûr du Programme canadien de leadership en agriculture, communément appelé PCLA.

Nous sommes aussi accompagnés de M. Scott McLean, le coordonnateur du programme. Il est professeur à l'Université de la Saskatchewan et compte parmi nos membres les plus précieux.

Le Conseil canadien de la gestion d'exploitation agricole a été fondé en 1992 et il a reçu pour mission de s'occuper d'activités nationales qui conduisent à l'amélioration de la gestion des entreprises agricoles au Canada grâce à une plus grande utilisation de techniques décisionnelles et de pratiques de gestion agricole efficaces.

• 0915

Certaines de nos activités consistent bien entendu à définir les besoins nationaux et à y répondre, à coordonner les programmes existants et à favoriser l'échange d'information entre les différentes provinces du Canada, à communiquer cette information sur divers éléments de la gestion d'entreprise agricole aux intervenants, à élaborer des programmes nationaux et à donner des conseils à nos homologues provinciaux. Nos clients se recrutent non seulement parmi les agriculteurs et les directeurs d'exploitation agricole, mais aussi parmi les transformateurs et les fournisseurs qui jouent eux aussi un rôle en agriculture.

Si nous mettons à la disposition de l'industrie canadienne de l'agriculture les outils de pointe et l'information à jour dont elle a besoin, nous avons bon espoir qu'elle sera mieux en mesure de soutenir la concurrence sur les marchés mondiaux.

Non seulement nous aidons les agriculteurs, mais nous avons aussi l'impression d'aider les organisations agricoles de même que l'industrie agricole et agroalimentaire canadienne d'un océan à l'autre. Ce mandat est l'un de nos plus grands défis, mais aussi l'un de nos plus grands atouts.

Il est essentiel pour le CCGEA d'amener l'industrie et le gouvernement à définir les principaux enjeux liés à la gestion agricole. Nous considérons que notre conseil d'administration, qui se compose d'un directeur d'exploitation agricole et d'un représentant du gouvernement de chaque province en plus de deux représentants d'Agriculture et Agroalimentaire, est un modèle de partenariat entre le gouvernement et l'industrie. Je dois vous signaler que ce sont les groupes de coordination de chaque province qui proposent deux candidats, mais chacun de ces groupes est formé d'agriculteurs et de représentants de divers secteurs de chaque province, et en fait du Canada. Nous essayons ainsi d'échanger et de coordonner l'information et de susciter de plus grandes attentes pour toute notre industrie.

Nous sortons à peine d'un sommet sur la gestion des risques. Il y a trois ou quatre semaines, nous avons réuni ici à Toronto des représentants du secteur privé, d'organisations et du gouvernement pour arriver à mieux comprendre la gestion des risques. Nous prônons une approche systématique de la gestion des risques, au lieu de nous contenter d'identifier les différents outils, même s'ils sont importants.

Je dirais que la gestion des risques dans l'industrie agricole canadienne doit se faire à trois niveaux, à celui des producteurs, à celui des organismes de réglementation et à celui des organes de décision. Il faut que l'industrie comprenne où chaque intervenant se situe et quelle influence il peut exercer. C'est un exemple de l'échange et de la coordination de l'information dont je parlais.

Il y a également la question de l'adaptation et de la distribution de l'information. Nous avons un site Internet depuis longtemps, le FBMInet qui est bien connu. En un sens, c'est aussi une porte d'entrée.

Le Conseil lui-même a maintenant ce que nous considérons comme une autre porte d'entrée. Nous sommes ainsi reliés... il y a à peu près 1 800 liens au Canada et ailleurs dans le monde. Les gens peuvent accéder à notre système pour obtenir différents renseignements.

Nous essayons de fournir l'information désirée en espérant qu'elle est suffisamment à jour pour vraiment avoir une influence. C'est un autre défi pour nous: la maintenir à jour.

J'ai profité de l'occasion pour vous donner un bref aperçu de la situation, mais nous sommes ici pour vous parler avant tout du Programme canadien de leadership en agriculture qui est parrainé par le CCGEA, coordonné par l'Université de la Saskatchewan et dirigé par un comité directeur national.

Le PCLA vise à perfectionner les qualités de chef de trente personnes issues de l'industrie canadienne de l'agriculture. À la fin du programme, tout le monde sera gagnant. Nous avons seize hommes et quatorze femmes qui vont acquérir des habiletés qui non seulement leur seront utiles personnellement, mais qui profiteront aussi à l'industrie agricole canadienne et à la société canadienne en général. Cette contribution prend la forme du leadership, du leadership en agriculture.

C'est un concept qui peut ne pas paraître évident de prime abord, mais on parle souvent de la valeur du leadership dans l'arène politique et dans le secteur des affaires ou encore dans le domaine du sport professionnel. Pourquoi pas en agriculture? Eh oui, pourquoi pas dans l'industrie agricole et agroalimentaire, qui compte 1,9 million d'emplois—15 p. 100 de tous les emplois au Canada—et dont les exportations s'élèvent à 21 milliards de dollars? Il y a vraiment un besoin de leadership à tous les niveaux dans ce secteur.

• 0920

Nous sommes constamment soumis aux influences du commerce mondial et à l'évolution rapide des technologies, ainsi qu'à la réglementation du gouvernement et à l'auto-réglementation et pourtant l'industrie se porte bien dans toutes les provinces, d'un océan à l'autre. L'influence de l'agriculture sur notre société est énorme.

Étant donné la complexité des nombreux facteurs qui influent sur l'agriculture et l'agroalimentaire, il est plus important que jamais de nous doter des chefs dont nous aurons besoin pour nous guider au XXIe siècle.

La clé du succès est un programme national maintenant appelé le PCLA. Les programmes de leadership en agriculture de ce genre sont assez répandus à l'échelle locale et à l'échelle provinciale, mais le PCLA est un programme national dont les participants qui viennent de toutes les provinces prennent part à des séminaires partout au Canada et à l'étranger.

Le mot «excellence» et agriculture canadienne vont souvent de pair et cela s'explique en partie par l'importance que nos dirigeants politiques ont accordée au fil des ans à la valeur de l'industrie agricole et agroalimentaire au Canada. Aucune raison ne nous empêche de maintenir la tradition, de placer haut la barre et d'utiliser une approche créative et innovatrice.

Le PCLA est un exemple de ce que le Conseil canadien de la gestion d'exploitation agricole peut faire à cet égard à l'aide des fonds qu'il reçoit d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. En parrainant un programme qui aide à former des chefs de file plus efficaces pour l'industrie, nous avons mis en branle une série d'avantages qui continueront encore à se faire sentir bien après que les participants au PCLA auront obtenu leur diplôme.

Si le rôle du gouvernement est d'offrir des possibilités et de faire fonction de catalyseur de la croissance, alors le PCLA et le Conseil canadien de la gestion d'exploitation agricole sont des exemples idéaux d'un bon investissement de la part du gouvernement.

En fin de compte, nous tous au Conseil canadien de la gestion d'exploitation agricole sommes guidés par même la vision: utiliser les fonds publics dans l'intérêt public. Nous sommes toujours heureux de parrainer un programme lorsque nous sommes persuadés non seulement que le contribuable en aura pour son argent, mais aussi que le taux de rendement sera bon. Le PCLA est précisément un programme de ce genre, et nous ne doutons pas qu'il donnera un excellent rendement.

Soit dit en passant, M. George Brinkman a fait une étude sur le programme de leadership avancé de l'Ontario qui a fait clairement ressortir que le taux de rendement est de vingt pour un.

Je vais maintenant céder la parole à M. Scott McLean de l'Université de la Saskatchewan qui va vous donner plus de détails sur le programme lui-même.

Merci, monsieur le président.

M. Scott McLean (directeur du Programme canadien de leadership en agriculture, Division de l'enseignement postscolaire, Université de la Saskatchewan): Merci, monsieur le président. Permettez-moi pour commencer de remercier Terry de nous avoir donné quelques renseignements sur le PCLA et sa raison d'être. Je vais être bref. J'imagine que les membres du comité auront des questions à nous poser et je pense que le temps dont nous disposons ce matin sera mieux utilisé si je leur cède la parole.

Je vais me contenter de vous signaler une ou deux choses. Tout d'abord, même si le concept peut paraître nouveau à bien des gens autour de la table, ce modèle de développement du leadership dans l'industrie agricole a déjà fait ses preuves dans plus de la moitié des États américains. Depuis les années 60, un certain nombre d'États utilisent un modèle de développement du leadership semblable à celui que nous employons dans le cadre du PCLA.

Terry a décrit certains des objectifs et des fondements du programme. Je tiens seulement à préciser que les résultats attendus recoupent les objectifs visés pour les participants, la collectivité et l'industrie.

Les participants au programme pourront améliorer leurs connaissances et leurs compétences, élargir leurs réseaux personnels, prendre de l'assurance et acquérir une meilleure compréhension des questions touchant l'agriculture. Cependant, ils ne seront pas les seuls à profiter du programme. Nous croyons que l'industrie agroalimentaire canadienne bénéficiera également de l'apport des diplômés du PCLA.

D'après nous, l'industrie bénéficiera du programme grâce au leadership qu'ils exerceront au sein des organisations régionales, provinciales et nationales de l'agroalimentation; au dynamisme dont ils feront preuve dans la création de nouvelles entreprises agroalimentaires et l'amélioration des entreprises existantes; à leurs efforts de promotion de l'agriculture canadienne, tant au pays qu'à l'étranger; à leur influence, en tant qu'éducateurs, mentors et modèles de comportement, sur l'amélioration des méthodes de production et des pratiques de gestion des entreprises agricoles dans tout le Canada; et à leur capacité de promouvoir la coopération entre les diverses régions et les divers secteurs de l'industrie agroalimentaire canadienne.

• 0925

Je vais vous dire quelques mots seulement sur les moyens que nous entendons prendre dans le cadre du PCLA pour que nos participants perfectionnent leurs aptitudes au leadership. En fait, nous prônons une approche à trois volets de la formation de chefs pour l'industrie.

Premièrement, nous essayons d'élargir l'horizon de leurs connaissances et de favoriser une meilleure compréhension du leadership et de l'industrie agroalimentaire. Nous nous intéressons aussi à des questions précises—mondialisation, biotechnologie, éducation, sensibilisation du public, politique gouvernementale et finances.

Deuxièmement, le programme vise à aider les participants à pratiquer l'art du leadership. Nous croyons que pour devenir un bon chef, il faut avoir l'occasion de mettre en pratique des aptitudes et des comportements de chef. Tout au long du programme, les participants appliqueront l'art du leadership dans toutes leurs activités. Nous mettons l'accent sur les aptitudes nécessaires à la communication, au travail d'équipe et à l'analyse des problèmes.

Troisièmement, nous aidons les participants au programme à bâtir des réseaux efficaces pour qu'ils puissent mieux exercer leur leadership dans l'industrie. Le PCLA permettra de créer un réseau de chefs de file qui reliera les diverses régions du Canada et les divers secteurs de l'industrie agroalimentaire canadienne. Les participants pourront non seulement nouer des relations étroites entre eux, mais également élargir leurs réseaux personnels grâce à des rencontres avec des chefs de file et des spécialistes du Canada, des États-Unis et du Mexique.

Nous nous servons de différentes stratégies pour mettre le programme en oeuvre. La première consiste en des séminaires, dont celui d'hier au cours duquel nous avons eu le plaisir de rencontrer de nombreux membres du comité permanent dans le cadre de notre voyage d'étude de deux semaines sous le thème de la politique et des organisations agricoles.

De plus, tout au long du programme, les participants seront reliés entre eux sur Internet par un serveur commun à l'aide d'un logiciel de conférences assistées par ordinateur. Pendant dix-huit à vingt mois, ces trente chefs de file communiqueront entre eux, travailleront à des projets de groupe et perfectionneront leur connaissance des questions nationales grâce aux conférences assistées par ordinateur.

Je vous remercie tous de votre attention ce matin. Nous répondrons avec plaisir aux questions que vous pourriez avoir à nous poser.

Le président: Je vous remercie beaucoup tous les deux.

Comment les participants sont-ils choisis? Comment Conrad Toner, par exemple, a-t-il été choisi?

M. Scott McLean: Le processus de sélection est une chose à laquelle nous avons apporté beaucoup de soin. Au départ, il y a eu une campagne de sensibilisation du public et de recrutement à l'échelle du pays. Le processus s'est déroulé en deux étapes.

M. Murray a fait allusion aux groupes des homologues provinciaux du Conseil canadien de la gestion d'exploitation agricole. Un représentant du groupe des homologues provinciaux du CCGEA a été choisi dans chaque province pour présider un comité de sélection.

On a formé des comités composés de représentants de différents secteurs de l'industrie de chacune des provinces. Un formulaire de demande a été distribué à l'échelle du pays. Les demandes ont été présentées aux comités provinciaux de recrutement qui ont interviewé les candidats en se fondant sur un certain nombre de critères. Les candidats devaient travailler dans l'industrie agricole. Ils devaient avoir de l'expérience comme chefs et démontrer qu'ils possédaient des aptitudes au leadership. Ils devaient être au courant des questions d'actualité en agriculture et montrer qu'ils les comprenaient bien et pouvaient les analyser.

Après les entrevues, chacun des dix comités provinciaux a envoyé ses mises en candidature à un comité de sélection national qui devait choisir les trente participants au programme en se servant des mêmes critères que les comités provinciaux.

En plus de respecter les critères établis, nous devions veiller à ce qu'il y ait un juste équilibre, c'est-à-dire à ce que les candidats retenus soient représentatifs de tous les secteurs de l'industrie et de toutes les régions. Par exemple, nous devions nous assurer que toutes les denrées principales que nous produisons au Canada seraient représentées au sein du programme.

Le président: Bien.

Nous devrions maintenant passer aux questions, en commençant par M. Casson.

M. Rick Casson (Lethbridge, Réf.): Merci, monsieur le président.

Avez-vous l'impression que ces trente personnes constituent un échantillon représentatif de tous les secteurs de l'industrie—le bétail, les céréales et ainsi de suite?

M. Scott McLean: Oui, monsieur. Je ne sais pas si vous avez tous en main un exemplaire de notre brochure. Si vous prenez le temps de lire la biographie des participants au programme, vous constaterez que tous les grands secteurs d'activité sont représentés.

Environ les deux tiers des participants sont des producteurs primaires. Produits laitiers, porc, bétail, céréales, oléagineux, fruits et légumes, volaille, vous pouvez regarder la liste. Vous verrez qu'ils produisent de tout, des pommes de terre par exemple, et que l'industrie est donc bien représentée.

• 0930

M. Rick Casson: Combien de temps dure le programme? Quand recevront-ils leur diplôme?

M. Scott McLean: Le programme a débuté en septembre 1997 et se terminera en mars 1999, ce qui donne dix-huit mois.

M. Rick Casson: Et le coût. Qui l'assume? D'où vient l'argent?

M. Scott McLean: Le budget global pour le programme est de 721 000 $. La quote-part des participants est de 150 000 $, ce qui veut dire qu'ils paient 5 000 $ chacun. Le Conseil canadien de la gestion d'exploitation agricole, par l'entremise d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, a accordé une subvention de 381 000 $. Les contributions de l'industrie, c'est-à-dire l'argent recueilli par le secteur privé, représentent 70 000 $ et le reste, 120 000 $ je crois, constitue un appui non financier de la part du CCGEA et de l'Université de la Saskatchewan.

M. Rick Casson: Pensez-vous que les diplômés pourront travailler dans le secteur privé ou iront-ils voir du côté du gouvernement? Ou un peu des deux? Quel genre de dirigeants formez-vous dans le cadre du programme?

M. Scott McLean: Généralement parlant, je dirais que les participants seront appelés à jouer un rôle plus grand dans le secteur privé que dans le secteur public. Nous ne mettons pas l'accent sur la formation de fonctionnaires, mais, cela dit, nous reconnaissons que le gouvernement a un rôle à jouer dans l'agriculture au Canada et nous formons des dirigeants qui pourront interagir avec des intervenants sur la scène gouvernementale. Mais généralement parlant, je dirais—et peut-être que Terry aurait quelque chose à ajouter à ce sujet—que la plupart des participants au programme feront probablement une plus large place au secteur privé.

M. Terry Murray: Oui, effectivement. Et le secteur privé englobe non seulement l'agriculture, mais aussi les industries connexes.

J'ajouterais qu'ils exerceront aussi une influence dans leur interaction avec les bureaucrates ou les fonctionnaires de nos administrations provinciales et municipales. Ils auront une influence à ce niveau-là, sans oublier évidemment le niveau national.

Le président: Monsieur Chrétien.

[Français]

M. Jean-Guy Chrétien: Je voudrais vous souhaiter la bienvenue à tous les deux et vous remercier de votre exposé. Je voudrais présenter des excuses au nom de mes collègues du parti au pouvoir, qui sont représentés par seulement deux députés sur huit ce matin. J'espère que ce n'est pas par manque d'intérêt pour votre programme, que je trouve très intéressant. J'espère que tous les partis sont du même avis. En tout cas, les quatre partis de l'opposition sont bien représentés.

Dans les buts et objectifs du PCLA, on dit, à la fin du premier paragraphe, que le financement et le soutien du programme sont assurés par Agriculture et Agroalimentaire Canada, par l'intermédiaire du CCGEA. À cette lecture de ce paragraphe, j'avais cru comprendre que le programme était entièrement financé par le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.

Cependant, tout à fait au bas de la page, on dit que chacun des participants doit participer au financement du programme par une contribution de 5 000 $. Un peu plus loin, on donne la liste de sources importantes de financement. Il y a la Banque Royale, l'Association Charolais canadienne, le Devon Club, Manitoba Pool Elevators, la Coopérative fédérée du Québec et ainsi de suite.

Pourriez-vous me dire dans quelle proportion ces entreprises participent au financement du programme? En fait, donnez-moi seulement le montant du financement assuré par Agriculture et Agroalimentaire Canada.

M. Scott McLean: Comme je viens de le dire en anglais, le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire nous a donné une subvention de 381 000 $.

M. Jean-Guy Chrétien: 381 000 $.

M. Scott McLean: Oui.

M. Jean-Guy Chrétien: Sur un budget global de...?

M. Scott McLean: De 721 000 $.

M. Jean-Guy Chrétien: C'est donc environ 40 ou 45 p. 100. C'est beau. Le texte laissait entendre ici que le financement et le soutien étaient... J'aurais conclu, si je n'avais pas lu plus loin, que le financement était dû à 100 p. 100 à la générosité du ministère.

• 0935

Vos 30 participants sont-ils en fonction à temps plein? Il était question d'un diplôme dans une conversation que je tenais tout à l'heure avec mon collègue du Parti réformiste. Est-ce qu'ils sont à temps plein? Est-ce que des crédits seront alloués? Est-ce qu'il y aura un véritable diplôme, une attestation d'études, qui pourrait éventuellement être reconnue par l'industrie ou encore par des universités?

M. Scott McLean: Je vous dirai qu'ils ne sont pas étudiants à temps plein comme ceux des universités, par exemple. Ils participent à un programme de formation au leadership. Ils ont tous des carrières comme producteurs ou comme gens d'affaires dans le domaine agroalimentaire. Ils ne sont pas étudiants à temps plein parce qu'on ne voudrait pas demander à des gens d'abandonner leur carrière pour suivre le Programme canadien de leadership en agriculture.

M. Jean-Guy Chrétien: Ce ne sont donc pas des personnes qui sont libérées de leurs obligations courantes ou encore en congé sans solde.

M. Scott McLean: Exactement. Mais je pourrais vous dire qu'au cours des deux années du programme, les gens vont consacrer à peu près 50 jours à ce programme, comme cela a été le cas au cours des deux semaines de ce séminaire-ci consacré aux politiques et aux organismes agricoles. On a demandé aux gens de passer deux semaines avec nous. En cours de programme, ils vont consacrer plus de 50 jours au programme.

Entre les séminaires, qui se tiennent dans des lieux précis, il se donne, comme je l'ai mentionné en anglais, un cours sur Internet, lequel exige des participants entre trois et cinq heures par semaine de travail.

Le diplôme qui leur sera décerné, après qu'ils auront participé à ce programme de leadership, sera un certificat de l'Université de la Saskatchewan. Effectivement, nous prévoyons qu'il sera bel et bien reconnu comme un atout par l'industrie à l'avenir.

M. Jean-Guy Chrétien: Cela pourra très bien s'ajouter dans un C.V.

M. Scott McLean: Parfaitement.

M. Jean-Guy Chrétien: Cela étant dit, j'ai bien apprécié ce que m'a dit M. Murray—si ma mémoire est fidèle, il s'agissait bien de M. Murray—, à savoir que la représentativité était excellente. Il y aurait 16 hommes et 14 femmes d'inscrits. C'est merveilleux.

Votre dépliant est aussi très bien fait: il contient des photos, des notes sur les histoires personnelles, tout cela. J'ai cependant été déçu, dois-je dire, de constater la faible représentativité du Québec. Je n'ai dénombré que trois participants: Sylvie Mahannah, Ernest Desrosiers et Marie Bouillé. À moins que je fasse erreur, je n'en ai compté que trois sur 30, ce qui signifie 10 p. 100, alors que l'activité économique agricole au Québec représente environ 23 ou 24 p. 100.

Comment cela s'explique-t-il? Est-ce un manque de recherche? Est-ce dû à une publicité trop faible au Québec? Ou encore est-ce qu'il y aurait un manque d'intérêt chez les Québécois et les Québécoises pour votre organisme?

M. Scott McLean: Je vous confirmerai qu'il y a effectivement deux Québécoises et un Québécois inscrits à notre programme. C'est juste.

Nous avons aussi été un peu déçus par les résultats du processus de sélection au Québec, parce qu'on n'a pas réussi à créer un intérêt aussi grand au Québec qu'ailleurs au Canada. Mais il ne faut pas oublier que la langue de travail, dans ce programme, est l'anglais. Cela présentait certainement une difficulté pour les producteurs québécois et québécoises.

J'ajouterai que le Conseil canadien de la gestion d'entreprise agricole a aussi parrainé une étude de faisabilité pour la mise sur pied d'un programme en français, pour un programme canadien de leadership en agriculture pour le milieu francophone.

M. Jean-Guy Chrétien: Je reprends. Voulez-vous me dire que dans ce programme, la langue de travail est exclusivement l'anglais et que, de ce fait, un francophone unilingue ne pourrait y adhérer? Ai-je bien compris?

M. Scott McLean: Oui. Le programme se déroule en anglais, bien sûr.

M. Jean-Guy Chrétien: Et si je ne parle pas suffisamment l'anglais, je ne pourrai pas m'y inscrire.

M. Scott McLean: Cela ajouterait sûrement un défi pour les participants parlant uniquement le français.

M. Jean-Guy Chrétien: Monsieur le président, je soulève un débat que vous jugerez hors d'ordre. S'il y a 40 ou 45 p. 100 des coûts qui sont défrayés par Agriculture et Agroalimentaire Canada, il est totalement inadmissible qu'il ne s'adresse qu'à des gens bilingues ou à des anglophones unilingues.

• 0940

M. Scott McLean: C'est un projet-pilote dont l'un des objectifs était de nous renseigner sur la façon de faire un tel programme avec la participation des gens qui parlent uniquement le français.

Mais il faut ajouter que le Conseil canadien de la gestion d'entreprise agricole a décidé de préparer un programme similaire au Programme canadien de leadership en agriculture qui sera donné uniquement en français. Donc, au lieu d'avoir un seul programme pour des gens qui fonctionnent dans deux langues de travail, l'anglais et le français, il y aura deux programmes qui seront égaux et qui auront des objectifs pareils.

M. Jean-Guy Chrétien: Le deuxième programme en français, quand allez-vous le mettre sur pied?

M. Scott McLean: Je vais demander à Terry de répondre à cela.

[Traduction]

Le président: Je vais devoir céder la parole à M. Calder après cette réponse.

M. Terry Murray: Merci beaucoup.

Comme le ministre l'a annoncé hier soir au cours de la réception, nous avons approuvé hier le financement d'un PCLA national pour la communauté francophone du Canada. Je pense qu'il sera mis en oeuvre en 1999. D'ici là, nous devrions avoir aplani toutes les difficultés. Nous sommes très heureux de pouvoir vous confirmer aujourd'hui ce que le ministre a annoncé hier soir. Les choses vont donc bon train.

Scott McLean a tout à fait raison: il nous fallait en quelque sorte trouver un moyen de mettre à l'essai pour la première fois au Canada un projet-pilote de ce genre, dans l'espoir de pouvoir un jour offrir un PCLA national aux francophones. Nous avons réussi à relever le défi que nous nous étions nous-mêmes fixé. Nous en sommes très fiers.

Le président: Monsieur Calder.

M. Murray Calder: Merci beaucoup, monsieur le président.

Je vais m'arrêter brièvement sur ce point, après quoi j'aurai d'autres questions à vous poser. Si vous organisez un programme national pour les francophones, ils devront quand même être bilingues, parce que les régions visitées seront essentiellement anglophones, n'est-ce pas? Est-ce que mon hypothèse est juste?

M. Scott McLean: Oui et non, car le programme à l'intention de la communauté francophone est fondé sur une étude de faisabilité, sur une évaluation des besoins pour la communauté francophone du Canada. Les résultats de cette étude guideront la planification du programme qui ne sera peut-être pas identique au PCLA.

C'est une bonne observation, mais qui n'est pas nécessairement juste. La structure du programme sera légèrement différente parce qu'il est fondé sur des recherches effectuées auprès de la communauté francophone.

M. Murray Calder: Parfait. Sinon, un problème se poserait. Il faudrait pratiquement qu'un francophone soit bilingue, car autrement le programme devrait être limité à une région où on ne parle que le français. À dire vrai, sur le continent nord-américain, cela représente le Québec—avec quelques régions périphériques au Canada, parce que nous sommes bilingues. Je ne peux penser à aucun autre exemple, à moins d'aller complètement dans le Sud aux États-Unis, ou encore en France.

Est-ce que j'ai raison?

Le président: Je crois, monsieur Calder, que le Nouveau-Brunswick est une province officiellement bilingue.

M. Murray Calder: J'ai dit au Canada.

Le président: La Nouvelle-Écosse compte de nombreux francophones.

M. Murray Calder: J'ai dit au Canada. C'est aux États-Unis qu'un problème risque de se poser, parce que le programme vise à donner un aperçu de la situation en Amérique du Nord. Mais je ne veux pas me disputer.

J'ai lu votre documentation et je me suis posé trois questions. En quoi consiste le programme? À quoi va-t-il servir? Qu'arrivera-t-il après? Je comprends le programme. C'est un très bon programme. Je comprends aussi pourquoi vous l'offrez. Je veux savoir ce qui va arriver après.

À la fin du programme, tous les participants vont-ils rentrer tranquillement chez eux? Qu'est-ce qui va arriver?

M. Terry Murray: Je suis tenté de vous répondre que lorsqu'on a goûté à quelque chose du genre, on ne peut pas simplement rentrer tranquillement chez soi.

Vous allez peut-être trouver que c'est banal, mais je vais vous raconter ce qui m'est arrivé personnellement il y a vingt-cing ans. Il y a avait en Alberta un programme, un projet-pilote, qui a été abandonné. J'étais trop jeune à l'époque pour y participer, et cela m'a tellement enragé que je me suis fait un véritable défenseur de ce genre de programme à l'échelle du Canada. Nous avons raté des occasions inestimables en ne maintenant pas ce programme en Alberta à l'époque.

• 0945

Les candidats qui ont participé à ce programme il y a vingt-cinq ou trente ans en ont profité énormément. Les résultats ne s'en sont peut-être pas fait sentir avant dix ou quinze ans, mais ils n'ont pas cessé depuis de se multiplier. Les participants ont exercé une influence au sein des organisations de producteurs, au sein des organisations agricoles en général et dans le secteur privé, et ils continuent encore aujourd'hui à exercer une influence.

Même s'ils sont rentrés chez eux pour une courte période de temps, ils ont lentement commencé à s'intéresser à la politique—locale, municipale, provinciale, régionale. En fait, certains d'entre eux évoluent maintenant sur la scène nationale. Si le processus s'était poursuivi, comme c'est le cas actuellement en Ontario et au Nouveau-Brunswick, les résultats auraient été différents.

Non, ils ne restent pas chez eux à ne rien faire.

M. Scott McLean: Monsieur Calder, il y a trois choses que j'aimerais mentionner. Vous avez posé une excellente question: «Qu'arrivera-t-il après le programme?»

Pour commencer, la structure du programme amènera ces trente dirigeants à exposer leur vision des moyens qu'ils entendent mettre en oeuvre personnellement, à la fin du programme, pour jouer le rôle de chefs de file dans l'industrie. À notre dernier séminaire à Kananaskis, nous allons demander à chacun et chacune d'entre eux de nous présenter son plan personnel d'action et de nous exposer ses engagements face à l'industrie.

La deuxième chose que je tiens à dire, c'est qu'il y aura un groupe des «anciens». Un des objectifs du PCLA est de créer des réseaux entre des représentants de différents secteurs de l'industrie venant de régions différentes. Le groupe des anciens permettra de maintenir ces réseaux.

Le troisième point, c'est que nous surveillerons en permanence les activités de leadership du groupe. J'ai dit au début de mon exposé que le modèle que nous utilisons ici pour former des dirigeants pour l'industrie agricole canadienne a été mis à l'essai aux États-Unis. Des données ont été recueillies dans plus de vingt États sur les activités des participants à divers programmes de ce genre. Les résultats obtenus sont convaincants, car ils donnent clairement à entendre que ces programmes permettent de former des gens qui sont prêts à devenir des chefs de file et à transformer leur industrie.

Nous allons donc suivre de prêt les activités de nos diplômés, et nous nous attendons, comme dans le cas des programmes américains, à ce qu'ils assument des responsabilités sans cesse plus grandes sur le plan du leadership dans l'industrie.

M. Murray Calder: C'est bien, parce que je n'ai rien trouvé dans la documentation sur le rôle que pourront jouer dans l'industrie agricole les participants au programme une fois qu'ils auront approfondi leurs connaissances et acquis de nouvelles aptitudes. C'est parfait.

Merci, monsieur le président.

Le président: Merci. Monsieur Proctor.

M. Dick Proctor (Palliser, NPD): Merci, monsieur le président.

Si vous me permettez de changer le cours de la conversation, je demanderais aux étudiants qui sont assis devant un micro de nous dire ce qu'ils ont appris au cours de leurs voyages.

Je vois, d'après votre horaire, que vous êtes allés à Albany, Washington, Montréal et Ottawa. Hier, nous vous avons exposé les vues des différents partis et nos préoccupations quant à l'avenir.

Qu'avez-vous appris, par exemple, sur l'Organisation mondiale du commerce, sur la biotechnologie et sur l'avance ou le retard des Américains au moment où nous nous préparons tous pour la prochaine étape des négociations à l'OMC? Vos vues ont-elles changé énormément en raison de ce que vous avez entendu aujourd'hui?

J'aimerais connaître les impressions des participants qui sont à la table ou de tous ceux qui seraient prêts à partager leurs idées avec nous.

Mme Wendy Bullouch (étudiante, Programme canadien de leadership en agriculture): Je vais commencer si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Je m'appelle Wendy Bullouch et je viens du Manitoba.

Monsieur Calder, vous avez demandé ce que nous ferions lorsque nous serions de retour chez nous. Nous ne serons jamais plus les mêmes. Nous avons vécu une expérience extraordinaire et nous avons appris un tas de choses depuis septembre dernier.

Nous avons eu un séminaire sur le leadership à Saskatoon où nous avons appris en quoi consiste le leadership et pourquoi le leadership est important et où on nous a dit qu'il n'est pas toujours nécessaire d'être un «meneur» pour exercer son leadership, car il faut parfois savoir être un «suiveur».

• 0950

L'autre chose que nous avons apprise, c'est à quel point il est important de payer sa collectivité de retour. C'est ce que j'entends faire lorsque je rentrerai chez moi. Mais je sais aussi que lorsque je retournerai au Manitoba dimanche, je serai une personne bien différente de celle que j'étais lorsque j'ai pris l'avion pour Montréal il y a près de deux semaines.

Il serait important que nous sachions aussi si notre position est solide et si nous sommes prêts à affronter l'OMC. Nous avons passé quelques jours à Washington et nous allons nous faire avoir si nous ne sommes pas prêts.

La mondialisation est une autre question dont il nous faut prendre conscience, parce que nous devons pouvoir y faire face. Sinon, nous allons être perdants.

Il nous faut aussi prendre conscience du fait que nous sommes un groupe très fort. Nous sommes trente. Il m'arrive de plaindre Scott d'avoir à nous diriger, parce que nous sommes très exigeants et très indépendants. Mais nous avons un dénominateur commun et c'est notre attachement à l'industrie agricole, notre confiance en elle et notre engagement envers elle.

Nous allons réussir à nous trente à faire en sorte que l'industrie tout entière soit beaucoup plus forte, parce que nous avons maintenant des réseaux et des contacts dans chacune des provinces du Canada. Que je vive dans le centre du Canada ou que Sylvie, qui vient du Québec, ou Pauline, qui est de Terre-Neuve, ou nos collègues de la Colombie-Britannique... Nous avons noué des liens qui ne seront jamais rompus et qui nous seront très utiles dans les années à venir. C'est ainsi que nous pourrons exercer une influence comme groupe.

Ce n'est là que quelques-unes des nombreuses choses que j'ai retenues.

Mme Sharon Moulder (étudiante, Programme canadien de leadership en agriculture): Sharon Moulder, Colombie-Britannique.

Je suis assise ici en train d'essayer de me rappeler tout ce que nous avons appris et je me dis que les deux dernières semaines ont été tout simplement phénoménales. «Apprendre» et «expérience» sont des mots clés pour moi, parce que lorsque nous arriverons à la table des négociations de l'OMC nous devrons savoir non seulement ce que pensent les États-Unis et l'Europe, mais, ce qui est plus important encore, ce que le Canada pense.

Les opinions sont très partagées au Canada en fonction de questions régionales puisque les denrées produites sont associées à des régions. Il importe donc de s'organiser au niveau international, mais il faudrait aussi s'organiser au Canada de manière à savoir quelle sera au juste notre position.

Je ne peux imaginer aucune autre expérience du genre de celle que j'ai vécue ces deux dernières semaines. C'est phénoménal. Nous avons tous des vêtements de rechange, mais nous sommes nombreux à penser qu'il nous faudrait une autre tête dans notre valise, parce que la nôtre est déjà pleine. Comme Wendy vient de le dire, nous sommes des gens transformés. Cela ne fait aucun doute.

Le président: Monsieur Borotsik.

M. Rick Borotsik (Brandon—Souris, PC): J'aimerais poursuivre dans la même ligne de pensée. Dick a regardé mes notes encore une fois.

Mme Wendy Bullouch du Manitoba s'est jointe à nous après les présentations. Encore une fois merci, Wendy, d'être des nôtres, et à vous aussi Grant.

Juste avant la réunion, nous parlions de l'état de préparation des Américains aux négociations de l'OMC. Je tiens à dire au groupe—à Scott, à Terry et aux participants au PCLA—que ce que vous avez vu hier au comité n'est pas une indication de l'état de préparation des négociateurs canadiens. On nous a dit à maintes reprises... Les négociateurs canadiens nous ont exposé leurs vues, et ce sont des spécialistes. Je tiens à ce que vous le sachiez.

Ce que vous avez vu hier n'est pas représentatif de ce qui va se passer à la table des négociations. Ne craignez rien, des politiciens n'iront pas tout gâcher, d'accord? Nous pouvons compter sur des spécialistes pour défendre notre position devant l'OMC.

Toutefois, cela dit, ce sont les politiciens qui donnent le ton, et ça m'inquiète. J'ai essayé de faire valoir mon point de vue hier. Ce qui est prioritaire, d'après nous, c'est le commerce international et la mesure dans laquelle nous sommes prêts à nous présenter à la table des négociations, parce que c'est là que va se jouer l'avenir de l'agriculture au Canada.

Voici ce que j'aimerais que vous me disiez. Vous vous êtes rendus aux États-Unis. Vous êtes allés à Washington. Vous avez parlé à des gens qui vont être assis de l'autre côté de la table. Je voudrais que vous me disiez franchement quels sont à votre avis les points forts des Américains. Je sais que vous n'êtes pas entrés dans les détails, mais vous devez bien avoir une impression générale. Je voudrais que vous me disiez ce qu'ils vont proposer, d'après vous, parce que je dois vous avouer que j'ai peur. J'ai entendu dire hier que notre stratégie est de ne pas avoir de plan d'action et d'attendre d'être à la table pour nous mettre à négocier. Ce n'est pas la façon de s'y prendre. J'aimerais avoir vos impressions sur la tactique que les Américains vont adopter.

M. Vic Bruce (étudiant, Programme canadien de leadership en agriculture): Je m'appelle Vic Bruce et je viens de la Saskatchewan. J'aurais une ou deux petites choses à dire.

• 0955

Pour les Américains, libre-échange veut dire accès total et illimité à tous les marchés du monde, peu importe les autres, pourvu qu'ils y trouvent leur compte.

Si on veut jouer avec un géant, il faut avoir des règles, parce qu'on ne peut pas gagner autrement. Les Américains vont s'attaquer au marché de toutes parts. Ils sont là pour gagner, mais nous devons quand même faire du commerce. C'est ressorti clairement. Nous devons avoir des règles parce que nous sommes un petit joueur.

Je trouve que cette image vaut mille mots. J'imagine que c'est ce que le programme m'a appris. Je réponds indirectement à votre question.

J'étais impressionné lorsque je suis arrivé à Washington, mais pas autant que lorsque je me suis retrouvé sur la Colline du Parlement pour la première fois, hier. J'ai ressenti la puissance des Américains là-bas, mais c'est un sentiment d'appartenance que je ressens ici. Je ne pourrais pas mieux décrire mes impressions.

Je vais m'arrêter ici et laisser la parole à Grant.

M. Grant Fotheringham (étudiant, Programme canadien de leadership en agriculture): Grant Fotheringham, du Manitoba.

Je crois que nous devons prendre conscience de l'influence du lobby américain. Si nous avons des chances de réussir, c'est bien de ce côté-là. Le lobby lui-même est divisé. Vous avez dans un camp les producteurs de sucre contre les producteurs de blé et de blé dur... Ils n'ont pas encore adopté une position commune.

Je crois que nous pourrons les devancer si nous écoutons ce que la communauté agricole a à dire, qu'il s'agisse des questions qui intéressent la Commission canadienne du blé ou de la stabilisation des marchés. Si nos producteurs peuvent arriver à s'entendre, je pense que nous aurons une chance de l'emporter sur les Américains.

M. Rick Borotsik: Monsieur le président, je voudrais exposer certaines des craintes du groupe. Nous avons de très bons négociateurs. Quelqu'un a dit il y a quelques semaines qu'il faudrait avoir un système fondé sur des règles étant donné que nous devons nous en tenir aux règles puisque nous sommes le plus petit joueur. Les Américains n'obéissent pas aux règles, mais lorsqu'il en existe nous pouvons au moins interjeter appel. Nous sommes passées maîtres dans l'art d'interjeter appel. Croyez-moi. Nous avons de très bons négociateurs. Nous n'avons qu'à veiller à ce qu'ils continuent leur bon travail.

Il y a une autre chose: j'ai regardé la liste des séminaires et j'ai remarqué que Brandon n'y figure pas—ni Québec. Je vais donner un coup de pouce à Jean-Guy. Je ne vois ni Québec ni Brandon. Il faudrait peut-être y songer dans le cadre du prochain programme, Scott, lorsque vous préparerez la liste des séminaires pour le plan deux.

[Français]

M. Scott McLean: On a eu trois jours à Montréal.

[Traduction]

Nous n'avons pas mis Brandon sur la liste. Il est dommage que nous n'allions pas au Manitoba, mais nous avons passé trois jours dans la région de Montréal. C'est vrai, nous n'avons pas eu la chance d'aller au Manitoba.

Je crois cependant que le groupe des anciens prévoit de tenir sa première réunion à Brandon, au Manitoba, à l'été 1999.

[Français]

M. Rick Borotsik: Merci beaucoup, monsieur. Votre français est assez bien.

Le président: Monsieur Coderre.

M. Denis Coderre (Bourassa, Lib.): J'aimerais excuser l'impertinence de mon collègue séparatiste ce matin. S'il a pris les présences aujourd'hui, moi je les ai prises d'hier. On a remarqué l'absence de mon collègue. Malheureusement, c'est sans doute pour deux raisons: ou bien il n'était pas intéressé, ou bien il n'a probablement pas suffisamment de connaissances en matière agricole.

Je ne sais pas si je devrais vous parler ce matin en tant que membre du Comité de l'agriculture ou en tant que vice-président du Comité mixte des langues officielles. Regardez-moi bien: je suis membre du Parti libéral du Canada et donc fédéraliste. Toutefois, on peut avoir des griefs tout en voulant conserver ce pays uni.

Monsieur Murray, quand je vois le programme canadien que vous nous présentez, je trouve que c'est une idée extraordinaire. C'est un programme, à mon avis, qui va permettre de bâtir des liens et peut-être d'éviter des erreurs lors des négociations, parce que justement des liens se seront créés entre les producteurs et les leaders agricoles du Mexique, des États-Unis et du Canada.

Cependant, je me dois, comme membre de ce comité et vice-président du Comité mixte sur les langues officielles, de vous dire que je suis extrêmement déçu ce matin de voir qu'on est en train de mettre de côté une bonne idée parce qu'on a fait preuve d'insensibilité. Je ne veux pas d'un programme en français et d'un programme en anglais. Je veux un programme bilingue auquel un francophone comme un anglophone puisse avoir accès.

• 1000

On sait que cela est financé par des fonds publics et que 25 p. 100 de la population canadienne est francophone. Ce n'est pas seulement au Québec qu'il y a des francophones. Il y en a en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan et au Manitoba, surtout à Saint-Boniface. Je serai à Winnipeg lundi et mardi. Chose certaine, monsieur le président, je suis outré qu'un tel programme soit insensible à la réalité canadienne.

Monsieur Murray, je me vois dans l'obligation de faire une plainte officielle au commissaire aux langues officielles afin que dans les prochains programmes, vous preniez en considération le fait français au Canada.

Nous avons au Canada des producteurs extraordinaires qui sont francophones. Je ne parlerai pas trop longtemps là-dessus, mais j'espère que la prochaine fois sera la bonne et que je ne serai pas encore obligé, en tant que membre du Comité de l'agriculture, de tenir ce genre de propos.

[Traduction]

Le président: Y a-t-il d'autres questions?

[Français]

M. Denis Coderre: Si vous écoutiez mieux, vous pourriez être plus réaliste.

J'aimerais savoir ce que vous avez fait à Montréal, en anglais ou en français.

M. Scott McLean: D'abord, comme je le disais, c'est un projet-pilote. Notre vision à long terme est d'avoir un programme disponible pour les francophones comme pour les anglophones. On a fait un colloque à Montréal du 28 février au 2 mars. On a eu des conférenciers qui ont fait leur présentation en français et on avait l'interprétation pour eux.

La plupart des questions ont été posées en anglais parce que la plupart des gens étaient anglophones. On s'est débrouillés quand même à Montréal avec des personnes ressources francophones, et cela a bien fonctionné. Je pense que les gens du reste su Canada ont bien apprécié ce qu'ils ont appris à Montréal, à Saint-Valérien, à Sainte-Anne-des-Plaines et dans d'autres communautés qu'on a visitées.

Je suis d'accord avec vous: c'est bien un programme qui devrait servir à bâtir des liens entre les producteurs canadiens anglophones et francophones. Nous avons certainement l'intention de contribuer à l'édification de ces liens à long terme. Cependant, le projet-pilote consistait à réaliser le programme. On n'a pas réussi à faire face au défi dont vous parlez, mais je vous assure qu'on a l'intention de le faire à long terme.

M. Denis Coderre: Monsieur McLean, je m'appelle Denis Coderre. S'il faut des fonds supplémentaires, comme député, je suis prêt à exercer les pressions nécessaires pour qu'on augmente le financement afin de s'assurer qu'on puisse en avoir. Je ne demande pas à un anglophone de parler français. Je veux qu'un francophone, comme un anglophone, puisse avoir accès à ce programme dans sa langue. S'il faut plus d'argent pour la traduction simultanée... Ce matin, on discute dans les deux langues. M. Murray a son petit appareil et on se comprend. C'est ce genre de chose que je veux. Je ne veux pas qu'on mette de côté une idée extraordinaire pour des raisons de principe, pour des raisons aussi importantes. Merci.

[Traduction]

Le président: Monsieur Murray, vous avez le dernier mot.

M. Terry Murray: Merci.

À mon avis, il serait beaucoup plus avantageux à long terme pour l'industrie agricole que nous réussissions à amalgamer ces deux programmes et à favoriser la compréhension et le dialogue; je dirais même que c'est beaucoup plus important à long terme qu'une trame sonore de 30 secondes. Nous devons surmonter cet obstacle et tenir compte du fait qu'il y a des francophones partout au Canada. Nous avons des gens dont le français est la langue maternelle ou la deuxième langue. Nous avons la possibilité de les intégrer. Nous avons plus de 2 000 agriculteurs anglophones au Québec que nous aimerions aussi inclure. C'est un projet à long terme que d'arriver à faire régner l'harmonie et la bonne entente entre francophones et canadiens.

• 1005

Je suis moi-même producteur laitier et je suis très conscient des liens que nous avons noués dans le cadre d'un plan national avec la Commission canadienne du lait et l'influence de tout cela au Québec et ailleurs. Cela ne s'est pas produit du jour au lendemain. Il faut du temps pour qu'on arrive à avoir la confiance qu'il faut. Le fait que nous nous soyons arrêtés à Montréal est un parfait exemple de ce que j'essaie de vous dire. La mise en contact de producteurs francophones et anglophones est une première étape à franchir pour arriver à surmonter les obstacles.

Nous ne pourrons peut-être pas tout régler en deux étapes; il pourrait en falloir dix. Mais soyez assurés que c'est la vision que nous avons pour l'agriculture canadienne.

Merci.

Le président: Je vous remercie infiniment d'être venus nous rencontrer ce matin et pour la réunion d'hier. Bonne chance dans vos entreprises. Le PCLA est peut-être appelé à devenir un programme permanent. Merci à tous encore une fois.

Nous allons prendre une pause de cinq minutes, après quoi le Sous-comité du programme et de la procédure se réunira à huis clos. La séance est levée.