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CIMM Rapport du Comité

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RAPPORT MINORITAIRE DU NOUVEAU PARTI DÉMOCRATIQUE
JUDY WASYLYCIA-LEIS, DÉPUTÉE

Il est de plus en plus urgent de trouver une solution au problème de la capacité du Canada à livrer concurrence en vue d’attirer les immigrants. Le Canada a besoin d’immigrants. Selon les données du dernier recensement, nous ne pourrons pas maintenir notre niveau de population ou notre main-d’œuvre qualifiée sans attirer davantage d’immigrants. Ces données soulignent l’importance de remanier notre politique d’immigration. C’est le message qui ressort au moment où nous amorçons une période de concurrence accrue pour les immigrants partout dans le monde.

Une politique inspirée d’une vision

Pour la plupart des immigrants, le choix d’une destination  un nouveau pays où ils espèrent avoir du succès et établir leurs familles  est fondé sur des critères très personnels et subjectifs. Il s’agit de comparer leur vision de l’avenir à la nôtre et à ce que les autres pays ont à offrir.

La vision du Canada s’exprime par ses loi, règlement, lignes directrices et programmes en matière d’immigration. Mais cette vision, dans les conditions actuelles, ne réussit pas à convaincre les immigrants éventuels que le Canada pourrait être leur terre d’accueil. Le gouvernement fédéral n’a pas de stratégie démographique clairement définie; ne présente pas de vision claire d’une ouverture à l’immigration, d’un pays qui puise sa force dans sa diversité et qui sévit sans hésiter contre l’intolérance.

La nouvelle Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, loin d’être visionnaire, trace la voie d’une approche marquée au coin de la prudence et constitue autant un obstacle qu’une invitation à l’immigration. Les nouvelles règles sont discriminatoires à l’endroit des sans diplômes même si ces personnes sont en mesure de contribuer à la société. L’adaptabilité est devenue le mot passe-partout de la nouvelle économie du savoir au Canada. Pourtant, nos exigences en matière d’immigration ne tiennent pas suffisamment compte de cette nouvelle réalité. De plus, des délais rétroactifs arbitraires, conçus pour réduire la longueur des listes d’attente, demeurent une réalité. Conjuguée à une approche de plus en plus restrictive en ce qui concerne les réfugiés, cette réalité laisse croire que le Canada abandonne graduellement les traditions humanitaires qui ont été au cœur de notre capacité à attirer des immigrants par le passé.

Une stratégie à volets multiples

Le Canada doit changer son approche. Pour réussir à attirer des immigrants dans un marché de plus en plus difficile, le Canada doit adopter une approche s’appuyant sur une stratégie à volets multiples qui signale très clairement qu’il est une destination de choix. Cela signifie qu’il faut regarder au-delà des intérêts économiques à court terme et des problèmes administratifs actuels. Pour que les politiques  parviennent à attirer les immigrants et à les convaincre de rester une fois ici, il faut qu’elles reconnaissent qu’ils ont besoin de sentir qu’il sont les bienvenus, qu’ils sont précieux et qu’ils pourront s’intégrer. Elles doivent incorporer les éléments suivants :

1.       La reconnaissance des diplômes étrangers

Le Canada doit améliorer le processus de reconnaissance des diplômes étrangers et de l’expérience. De nombreux immigrants trouvent que les qualités qui leur ont obtenu le visa d’immigrant s’avèrent de peu d’utilité, voire inutiles en vue de trouver un emploi dans leur domaine. Cette situation est devenue un problème chronique et paralysant pour les immigrants  un problème de plus en plus aigu selon certaines études. Elle mine la confiance des nouveaux venus, nuit à leur intégration et peut en bout de ligne les inciter à abandonner le Canada en faveur d’un autre pays plus accueillant. Il existe des centaines d’organismes de réglementation au pays, chacun ayant leurs propres normes et procédures. Le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership en éliminant ces obstacles, dont on trouve de multiples exemples dans la documentation, en élaborant des mécanismes qui permettront aux immigrants de se trouver un emploi dans leur spécialisation et en intégrant le plus rapidement possible les immigrants prêts à travailler.

2.       La réunification des familles

Le rôle précieux que la présence des membres de la famille peut jouer dans l’établissement de nouvelles racines a été sous-estimé. Désirer avoir les membres de la famille à proximité pour partager sa vie est une exigence normale autant pour les immigrants que les non-immigrants. Cela contribue au sentiment d’appartenance à la collectivité. De même, les membres de la famille peuvent fournir le soutien familier et éprouvé, plus particulièrement durant une période d’adaptation. Étendre la définition de la catégorie de la famille aux membres de la famille élargie  au moins les grands-parents, les sœurs et frères  calmerait une partie des appréhensions liées à l’immigration. Accélérer le processus de réunification des familles, qui peut durer des années dans certains cas, réduirait également le stress d’une séparation prolongée. L’accès à la famille pendant de courtes périodes est également important. Accélérer le traitement des demandes de visa ferait en sorte qu’il serait possible pour les membres de la famille de se rencontrer. Le rôle des liens familiaux et des liens culturels communautaires pour attirer et garder les immigrants ne peut être sous-estimé.

3.       L’abolition de la taxe d’entrée

Pour de nombreuses personnes, plus particulièrement celles provenant des pays moins industrialisés, le droit exigé pour l’établissement constitue un obstacle insurmontable à l’immigration. Communément appelée la « taxe d’entrée », ce droit de 950 $, ajouté aux frais administratifs de 500 $ par adulte et de 100 $ par enfant, fait que l’immigration est au-dessus des moyens de beaucoup de personnes qui ont tant à offrir au Canada. Il impose à d’autres au départ le fardeau d’une dette qui contribue considérablement au stress de l’établissement. Il faut cesser de prélever ces frais le plus tôt possible.

4.       Des services d’établissement efficaces

Toute politique qui veut attirer et retenir les immigrants doit prévoir des services généraux et des fonds suffisants, c’est-à-dire des services comme l’amélioration des compétences, l’aide à la recherche d’un emploi, la formation linguistique, des stratégies de logement abordable. Devraient également compléter ces services d’excellents programmes de sensibilisation de la population pour que davantage de Canadiens soient informés des avantages de l’immigration. Le gouvernement fédéral devrait prendre l’initiative de la refonte nécessaire des mécanismes d’aide à l’établissement en élaborant des services en collaboration avec les provinces et les territoires ainsi qu’en menant des consultations utiles avec les municipalités et en collaborant avec elles. Ces dernières, une composante indispensable, sont souvent oubliées mais souvent tenues d’assumer la responsabilité de l’établissement parce que le gouvernement fédéral a réduit les programmes sociaux. Il est indispensable que les immigrants aient facilement accès à des services d’établissement pour qu’ils puissent le plus rapidement possible s’intégrer à la société canadienne et commencer à participer pleinement à l’économie du Canada à la première occasion.

5.       Le multiculturalisme renouvelé

Bâtir en s’appuyant sur la diversité et préserver l’identité multiculturelle du Canada sont des notions qui doivent être au cœur de notre politique d’immigration. Il faut plus qu’une acceptation passive de nos différences culturelles. Il faut une stratégie proactive de promotion des relations raciales et ethniques afin de renforcer le respect de la diversité. Parallèlement à cette stratégie, il faut immédiatement mettre en place des mécanismes clairs pour contrer la haine d’origine raciale ou religieuse. Ces mesures envoient le message très important que le Canada est la terre d’accueil non seulement des personnes qui y vivent déjà, mais de toutes celles qui sont à la recherche d’un environnement stable et sécuritaire où s’installer.

Nous réussirons à relever ces nouveaux défis urgents dans la mesure où notre vision en matière d’immigration s’appuiera sur les traditions de ce pays d’immigrants qu’est le Canada et où nous mettrons cette vision en pratique en l’assortissant de notre générosité, de notre engagement et de nos ressources.