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HEAL Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON HEALTH

COMITÉ PERMANENT DE LA SANTÉ

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mercredi 4 février 1998

• 1523

[Traduction]

La présidente (Mme Beth Phinney (Hamilton Mountain, Lib.)): Nous commençons notre séance un peu plus tôt aujourd'hui parce que nous devrons aller voter, ce qui nous enlèvera probablement une heure de séance, au milieu de la réunion. Comme nos témoins sont déjà là, nous pouvons commencer.

Il s'agit de la 13e séance du Comité permanent de la santé qui fait l'examen des produits de santé naturels. Nous avons deux groupes de témoins. Souhaitons d'abord la bienvenue à Ken Broadfoot, de HerbTech Inc., puis à la Dre Mary Wu, que vous avez déjà rencontrée, de la Toronto School of Traditional Chinese Medicine.

Vous pouvez commencer, docteure Wu. Vous semblez mieux installée. Veuillez nous présenter vos collaborateurs.

• 1525

Dre Mary X. Wu (directrice, Toronto School of Traditional Chinese Medicine): Bon après-midi, mesdames et messieurs. Je vous présente le Dr Li, un médecin chinois, qui a également un doctorat spécialisé en recherche sur l'acupuncture, au moyen de techniques modernes, et M. Cheung, un homme d'affaires propriétaire et directeur général de Kwok Shing Enterprises Ltd.

Tout d'abord, je tiens à vous remercier tous d'écouter notre exposé, nos explications ainsi que nos plaintes. Lorsque nous parlions au PPT ou à Santé Canada, nos voix étaient entendues, mais c'était comme pleurer devant nos mères. Parfois, les mères n'écoutent pas... Nous voyons aujourd'hui la possibilité de pleurer dans les bras de notre grand-mère et de nous plaindre, en espérant que nos problèmes trouveront une solution.

Comme nous avons très peu de temps, je vais supprimer une partie de mes explications et essayer de vous présenter un exposé aussi bref et clair que possible. Je vais vous donner une idée des caractéristiques de la médecine chinoise traditionnelle ainsi que des remèdes médicinaux traditionnels chinois, puis je vais vous parler de certains problèmes associés à la réglementation des produits d'herbes médicinales chinoises traditionnelles au Canada et vous présenter quelques recommandations préliminaires sur une réglementation adéquate de la médecine chinoise traditionnelle.

L'histoire de la médecine chinoise traditionnelle remonte à plus de 5 000 ans. Elle fait partie intégrante de la culture et de la philosophie chinoise.

La médecine chinoise traditionnelle est un système médical distinct et complet, avec ses propres théories fondamentales, ses propres méthodes de diagnostic et ses traitements. La médecine chinoise traditionnelle comprend les herbes médicinales chinoises, l'acupuncture et le massage chinois, appelé tuina, dont le public n'entend pas très souvent parler.

La médecine chinoise traditionnelle s'est élaborée à partir d'expériences cliniques à long terme dans la prévention et le traitement des maladies. L'essence de la médecine chinoise traditionnelle a été documentée dans des centaines de manuels.

La médecine chinoise traditionnelle contribue de manière importante à la santé des Chinois depuis des milliers d'années ainsi qu'à d'autres personnes, partout dans le monde, depuis des siècles. Récemment, de nombreux pays du monde l'ont reconnue et acceptée. De nos jours, de plus en plus de Canadiens se tournent vers la médecine douce, y compris la médecine chinoise.

Ce qui est particulier à la médecine chinoise traditionnelle, ce sont les caractéristiques de la phytothérapie chinoise traditionnelle. Comme l'acupuncture, la phytothérapie chinoise est l'un des principaux éléments de la médecine chinoise traditionnelle.

Quand on parle de phytothérapie chinoise traditionnelle, on ne parle pas seulement des médicaments d'origine végétale. Il y a aussi des ingrédients provenant de sources animales et minérales.

La majorité des herbes chinoises sont utilisées en combinaison. Il est rare que l'on utilise une seule plante pour certaines conditions. Habituellement, il y a deux, trois, ou même dix ou quinze herbes médicinales différentes. Cette combinaison, de même que les méthodes de phytothérapie chinoise, relèvent d'une théorie fondamentale de la médecine chinoise traditionnelle, complètement différente de la médecine occidentale.

J'aimerais prendre quelques minutes pour vous expliquer la théorie médicale chinoise. Tout d'abord, elle découle du quotidien, de notre expérience quotidienne, de l'observation attentive, d'une synthèse intelligente et de vérifications cliniques répétées.

Nous remarquons peut-être tous qu'à l'occasion, notre corps est chaud, nous avons les yeux rouges, nous avons une sensation de brûlure dans le corps, nous sommes constipés et nous sentons une brûlure lorsque nous urinons le soir.

• 1530

Par contre, parfois notre corps est froid. Nous sommes frileux et frissonnons. Parfois, nous nous sentons extrêmement fatigués, sans énergie, alors qu'à d'autres moments, nous sommes hyperactifs. Nous voulons bouger et nous bougeons. Parfois, nous sentons une grande sécheresse. Nos yeux sont secs, de même que notre gorge et notre peau alors qu'à d'autres moments, nous sentons de l'humidité, une lourdeur et nous nous sentons gonflés.

Voilà les observations qu'ont faites les anciens. Ce sont les états fondamentaux de notre corps. Nous avons un état chaud, que nous appelons l'état de chaleur, et un état de froid. Il y a l'état d'excès, lorsque nous sommes excités et il y a l'état de manque, lorsque nous manquons d'énergie. Il y a aussi l'état de sécheresse et l'état aqueux. Nous appelons cela l'humidité.

Mère nature est aimante et bonne pour nous. Elle s'est très bien préparée pour nous. Dans la nature se trouvent des substances naturelles, provenant de plantes, d'animaux ou de minéraux. Ces substances ont aussi des propriétés naturelles. Certaines substances naturelles ont un effet rafraîchissant, particulièrement la menthe poivrée. Pour rafraîchir notre haleine, nous prenons des bonbons à la menthe qui peuvent avoir un effet rafraîchissant.

D'autres substances peuvent donner de la chaleur—les épices, par exemple, ou le piment. Quand nous mangeons des piments, notre corps se réchauffe et notre visage rougit. Si on en mange trop, on a une sensation de brûlure dans la bouche. Ces substances ont donc des propriétés calorifiques.

Certaines plantes médicinales ont pour fonction de réduire, encourageant le transit intestinal pour soulager la constipation. D'autres, comme le ginseng, peuvent nous donner un peu plus d'énergie.

Certaines substances naturelles ont un effet hydratant; elles nous donnent de l'humidité. Il y a des plantes médicinales qui sont asséchantes.

Ainsi, nous utilisons les herbes rafraîchissantes pour les états de chaleur et les herbes calorifiques pour les états de froid. Nous utilisons les herbes qui ont un effet réducteur contre les états d'excès. Nous utilisons les herbes qui ont un effet tonique pour les états de manque. Les herbes hydratantes, ou des substances comme le miel, sont utilisées contre les états de sécheresse et des herbes comme la poria, contre le gonflement.

C'est là la théorie fondamentale de la médecine chinoise traditionnelle. Voici comment on l'utilise. Nous n'employons pas un seul ingrédient chimique ou un seul composé chimique. C'est la grande différence entre les herbes médicinales chinoises et les produits pharmaceutiques.

Le corps est un organisme complexe. Il n'est pas si simple. Par conséquent, nos états peuvent aussi être très complexes. Ce n'est pas toujours tellement un état de chaleur, de froid, de manque ou d'excès; ça peut être une combinaison. Parfois, il y a un état de chaleur et la chaleur réduit l'humidité et les fluides. Par conséquent, il y a de la chaleur mais aussi un manque d'humidité, un état de sécheresse.

Pour traiter cet état, nous devons réduire la chaleur, d'une part, et réhydrater le corps, d'autre part. Il faut donner de l'humidité au corps en utilisant des herbes médicinales naturelles et d'autres substances. Parfois, l'organisme a perdu sa chaleur et nous avons froid. Il peut aussi y avoir de l'humidité dans le corps. Il faut réchauffer le corps et activer son fonctionnement pour éliminer l'excès de fluides.

Étant donné la complexité de l'état du corps, une combinaison d'herbes doit y être associée. S'il y a de la chaleur et de la sécheresse, il faut combiner des herbes médicinales qui réduisent la chaleur et qui hydratent. Quand il y a du froid, ou un manque de chaleur dans le corps, il y a aussi une accumulation de liquides. Nous devons réchauffer le corps et éliminer l'humidité corporelle, comme nous l'appelons. Il faut évacuer cette humidité excessive.

Voilà comment fonctionne la médecine chinoise. Il faut cinq ans de formation à temps plein pour obtenir un baccalauréat permettant de pratiquer la médecine chinoise en Chine, soit pour terminer une bonne formation de médecin. Il faut ensuite trois ans d'étude pour obtenir une maîtrise en médecine chinoise traditionnelle et trois autres années encore d'études à temps plein pour décrocher un doctorat en médecine chinoise traditionnelle.

• 1535

Ces diplômes sont comparables à ceux des médecins occidentaux. Les médecins de médecine chinoise traditionnelle sont aussi respectés que les médecins de médecine occidentale et utilisent à la fois les méthodes de diagnostic et de traitement occidentales et chinoises.

L'autre caractéristique de la phytothérapie chinoise, c'est qu'en général, les herbes médicinales chinoises traditionnelles sont sans danger et non agressives pour le corps, parce qu'elles sont naturelles et que leur contenu a une faible concentration. Il ne s'agit pas d'un ingrédient unique.

Si elles sont bien utilisées, elles n'endommagent pas le corps, bien qu'elles puissent parfois causer un peu de diarrhée, ce qui est toutefois voulu.

L'efficacité des herbes médicinales chinoises traditionnelles a été prouvée par des milliers d'années de pratiques cliniques et de vérifications. La médecine chinoise n'est pas seulement efficace pour les maladies chroniques et bénignes; elle est aussi efficace pour les maladies graves et les états critiques lorsqu'elle est utilisée par des spécialistes, soit seule ou associée aux méthodes occidentales. Si nous avons suffisamment de temps, je pourrai vous en donner quelques exemples, mais j'y reviendrai plus tard.

La phytothérapie chinoise traditionnelle existe au Canada depuis une centaine d'années et ces produits sont sûrs et à très faible risque.

Je dois dire encore une chose. La plupart des produits d'herboristerie chinoise traditionnelle au Canada sont importés mais préparés en Chine. Nous sommes ici à vous parler de cela parce que... Le problème avec la réglementation actuelle, pour la médecine chinoise traditionnelle, c'est que pour le praticien, dans les herboristeries chinoises, les étiquettes des produits sont masquées ou en partie rayées. Certains des ingrédients sont cachés. Certaines des compositions ou des ingrédients de toute la formule sont complètement occultés. En outre, les effets et le mode d'application du remède ne sont pas visibles.

Pourquoi? Parce que les allégations faites sur l'étiquette ne sont pas permises; nous ne pouvons pas dire qu'un produit sert à réduire la chaleur et à hydrater l'organisme, ni à équilibrer le yang pour réchauffer le corps, ou que nous voulons éliminer l'humidité.

Ce que nous pouvons dire, c'est que les diurétiques... Mais la terminologie de la médecine chinoise et celle de la médecine occidentale ne peuvent pas être aussi simplement rapprochées. Si nous le faisions, il y aurait des malentendus et davantage de problèmes.

Le deuxième problème au sujet des attributions de propriétés se rapporte à l'annexe A. On trouve à l'annexe A une liste de maladies qu'on ne peut prétendre traiter. Pour beaucoup de ces maladies, des herbes médicinales chinoises ont un effet, même si elles ne peuvent amener la guérison. Ainsi, nous ne pouvons guérir le cancer. Lorsque les cancéreux subissent une chimiothérapie, ils se sentent nauséeux et vomissent. Les herbes médicinales chinoises peuvent soulager ces nausées et ces vomissements. En outre, les patients sont affaiblis, mais les herbes médicinales chinoises peuvent leur donner des forces et faire en sorte qu'ils se sentent mieux. Nous estimons que c'est efficace.

Les attributions de propriétés interdites à l'annexe A constituent donc un problème pour les produits médicinaux chinois.

Certaines herbes médicinales sont considérées comme des drogues. Nous ne savons vraiment pas pourquoi. Ainsi, aucun produit qui contient certaines herbes considérées comme des drogues ne peut être importé au Canada. Pour éviter cela, les importateurs ont dû cacher le contenu des produits ou leur nom.

Il y a aussi la formulation. Comme je l'ai dit plus tôt, les remèdes à base d'herbes n'ont pas un effet unique. Nous réduisons la chaleur. Tout le monde doit réduire la chaleur. Toutes les herbes de la formule doivent réduire la chaleur. Ce n'est pas ainsi que ça marche. Les effets des herbes médicinales peuvent être assez différents, mais synergiques. D'ailleurs, c'est là tout l'art de la médecine chinoise traditionnelle. Il ne s'agit pas simplement d'accumulation d'effets.

• 1540

On nous dit que ce n'est pas permis parce que ça n'a aucun sens. Quel est le problème? J'y réfléchis depuis longtemps. J'ai parlé à des gens de l'industrie ainsi qu'à mes collègues. Pourquoi cela arrive-t-il? Est-ce une bonne ou une mauvaise chose?

Le problème, c'est que les herbes médicinales chinoises traditionnelles sont considérées comme des drogues. Ainsi traitées, elles doivent répondre à toutes les exigences des produits pharmaceutiques. Elles sont réputées être des drogues parce qu'en vertu de la définition actuelle de la Loi sur les aliments et drogues, tout ce à quoi on attribue des propriétés thérapeutiques est une drogue. Si je dis que le gingembre réduit les nausées et les vomissements, en vertu de la définition actuelle, le gingembre devient une drogue.

La présidente: Docteure Wu, vos collaborateurs vont-ils parler aussi?

Dre Mary Wu: Non.

La présidente: Ils ne vont pas parler tout de suite. Ils vont répondre aux questions?

Dre Mary Wu: Oui.

La présidente: Très bien. Pouvez-vous conclure, s'il vous plaît, et nous passerons à l'autre témoin.

Dre Mary Wu: Oui, je vais terminer. À cause de cela donc, les herbes médicinales sont traitées comme des drogues. Si on essaie de régler un problème à partir des feuilles et non à partir de ses racines, on ne l'éliminera jamais.

Nous recommandons donc qu'on reconnaisse la nature unique de la théorie de la médecine chinoise traditionnelle ainsi que les différences entre les produits à base d'herbes médicinales chinois traditionnels et les autres produits de santé. Il faut établir une structure réglementaire distincte, en tenant compte des compétences en matière de médecine chinoise traditionnelle, pour établir des politiques appropriées et appliquer une réglementation en la matière.

Il faut aussi créer un comité consultatif en médecine chinoise traditionnelle pour la réglementation des produits à base d'herbes médicinales chinois traditionnels et pour l'observation de ses règlements. Le comité devrait être composé de spécialistes de l'industrie, de praticiens, de chercheurs et de consommateurs de la médecine chinoise traditionnelle.

En outre, de précieux manuels de médecine chinoise traditionnelle devraient être acceptés en langue anglaise ou en chinois, puisqu'ils ne sont pas tous traduits.

Voilà mes recommandations.

La présidente: Nous passons maintenant à M. Broadfoot. Vous parlerez ensuite, au moment des questions. Monsieur Broadfoot.

M. Ken Broadfoot (président, HerbTech Inc.): Merci. Madame la présidente et honorables membres du Comité permanent de la santé, messieurs et mesdames les témoins, merci de nous donner l'occasion de parler au comité.

J'aimerais aujourd'hui vous donner le point de vue d'une société canadienne de recherche, de fabrication et de marketing. J'ai donné à votre personnel des copies du curriculum vitae du Dr Pang, qui a fondé notre société et qui est un éminent scientifique canadien, ainsi que des copies des formules de contrôle de qualité que nous utilisons pour évaluer la qualité et l'innocuité de nos produits, ainsi qu'un exemplaire de mon exposé.

Comme l'historique de notre société est pertinent pour votre examen, c'est par lui que je commencerai. HerbTech et notre société affiliée, C.V. Technologies, sont nées à l'Université de l'Alberta. Leurs principales activités sont dans le domaine de la recherche pharmaceutique et de la mise au point de produits, et portent particulièrement sur les plantes comme sources potentielles de produits de santé.

Depuis des centaines et peut-être des milliers d'années, certaines plantes sont utilisées à cause de leur effet bénéfique sur la santé. L'efficacité de ces traitements naturels a suscité notre curiosité: pourquoi certaines plantes et substances naturelles paraissent-elles avoir des effets bénéfiques sur la santé? Quels sont les ingrédients actifs de ces plantes qui causent ces effets? Peut-on extraire ces ingrédients actifs des plantes sans en changer les caractéristiques naturelles? Comment ces ingrédients végétaux naturels fonctionnent-ils dans l'organisme? Peut-on uniformiser ces produits afin que leur bioactivité soit la même, de lot en lot.

De bonnes recherches scientifiques nous ont permis de répondre à toutes ces questions sur la raison de l'effet de ces ingrédients sur la santé humaine, sur leur fonctionnement dans l'organisme, sur leur transformation et sur l'uniformisation de leur efficacité, de lot en lot. Que je sache, nous sommes la seule société nord-américaine à pouvoir faire tout cela.

• 1545

En fait, les produits de notre compagnie sont issus de l'union de la technologie pharmacologique nord-américaine et de l'art médical traditionnel pratiqué dans de nombreuses parties du monde, comme en Chine, en Amérique du Sud et ici même au Canada, par les guérisseurs des Premières nations.

Nos produits sont fabriqués à Saskatoon et vendus partout au Canada et dans le monde. Après deux ans d'existence, nous comptons 24 employés et leur nombre augmente rapidement.

Les caractéristiques du marché des suppléments d'aliments de santé sont vraiment intéressantes. En dix ans, le marché nord- américain des suppléments alimentaires est parti de presque rien pour dépasser les 3 milliards de dollars en 1996. Quarante pour cent des Nord-Américains achètent des suppléments de soins de santé. Il existe au moins six sociétés nord-américaines de suppléments d'aliments de santé et leur revenu annuel dépasse les 250 millions de dollars, et nos distributeurs aux États-Unis, Whole Foods, enregistrent des revenus de plus de 1,3 milliard de dollars. Le marché pourrait très facilement représenter de 25 à 30 milliards de dollars en Amérique du Nord d'ici dix ans.

Plus de 8 000 médecins agréés en Amérique du Nord prescrivent régulièrement des traitements de soins de santé non traditionnels, y compris des suppléments d'aliments de santé. Il ressort donc que de grands changements se produisent en matière de soins de santé.

Je vais maintenant vous présenter les recommandations d'HerbTech au comité permanent.

D'abord, les données du marché montrent clairement que le public accueille très positivement la médecine non conventionnelle. Le public veut avoir facilement accès et au moindre coût possible à des soins de santé d'un nouveau genre, y compris aux suppléments d'aliments de santé et aux remèdes à base d'herbes. La réglementation est dépassée et inutilement limitative. Nous recommandons d'appliquer à un cadre de réglementation les principes directeurs énoncés par le Comité consultatif sur les produits de santé naturels à l'issue de sa rencontre des 13 et 14 novembre 1997.

Deuxièmement, la réglementation gouvernementale portant sur l'industrie des suppléments alimentaires naturels et des aliments de santé doit viser d'abord et avant tout leur innocuité. Il est vrai que certains produits que l'on peut se procurer actuellement peuvent ne pas avoir été adéquatement analysés pour en garantir l'innocuité.

En ce qui concerne les fabricants de produits au Canada—et cela n'a rien à voir avec l'exposé de Mme Wu sur les herboristes chinois et d'autres questions, puisque nous ne traitons pas de cela—nous recommandons que les fabricants soient tenus de faire procéder à des analyses de toxicité aiguë et subaiguë pour tous les produits vendus comme aliments de santé et suppléments d'aliments de santé. Il existe dans tout le pays des laboratoires accrédités qui peuvent effectuer ces analyses contre rémunération. Deuxièmement, il faut demander à l'industrie de produire ces denrées dans des installations qui respectent des normes de transformation des aliments jugées acceptables pour d'autres types de produits alimentaires. Troisièmement, il faudrait demander qu'on procède à des analyses sur des produits finis pour détecter la présence de bactéries, de métaux lourds et d'autres éléments comme des résidus d'insectes. Enfin, à la recommandation numéro deux, nous demandons qu'un mandataire de la société certifie que les produits de celle-ci ne contiennent ni produit chimique artificiel, ni drogue ni rien d'autre qui ne figure pas sur la liste des ingrédients sur l'emballage. Certains se livrent à cette pratique et il faut y mettre fin. Pour y arriver, il faut s'adresser aux mandataires de la société.

La troisième recommandation vise à faire en sorte que les consommateurs disposent de plus d'informations fiables sur les suppléments de santé et les remèdes à base d'herbes. De façon générale, ce que les gens savent à ce sujet, ils l'ont appris par ouï-dire, étant donné que la réglementation ne permet pas de faire figurer certaines attributions de propriétés sur les étiquettes ni sur les produits ni sur le matériel publicitaire.

Pourquoi ne pas permettre que la législation régissant la publicité mensongère vise l'information que l'industrie diffuse? Cette législation existe déjà et des processus officiels sont prévus pour démasquer les annonceurs peu scrupuleux. Que les sociétés puissent dire la vérité à propos de leurs produits sans avoir à se préoccuper des allégations, et permettons-leur de faire état de renseignements non scientifiques qui intéressent la population.

La recommandation vise donc à faire en sorte qu'on permette aux sociétés alimentaires de publier de l'information factuelle, technique et scientifique décrivant le rendement et l'usage de leurs produits, et qu'on autorise les sociétés d'aliments de santé à publier de l'information non scientifique décrivant l'efficacité et l'usage de leurs produits, dans la mesure où cette information respecte les exigences de la réglementation canadienne en matière de publicité.

Enfin, une réglementation bien conçue devrait à notre avis tenir compte des facteurs économiques et concurrentiels qui influent sur les agriculteurs et les fabricants canadiens. Les perspectives économiques qui s'offrent au Canada dans ce secteur sont considérables. Déjà, de nouvelles cultures industrielles et le traitement de plantes comme le ginseng, l'avoine pour la fabrication de produits cosmétiques, la bourrache, la gelée royale d'abeille, l'échinacée, l'onagre et le chrysanthème-matricaire—et il y en aurait une longue liste à citer—se pratiquent au Canada, partout dans le pays, pas dans le nord, mais dans la partie sud du pays. Nous estimons que les Canadiens devraient avoir la possibilité de prendre leur part de ce marché et de concurrencer nos voisins américains en particulier.

• 1550

Nous recommandons expressément d'examiner attentivement les besoins de l'industrie en matière de réforme réglementaire afin que les agriculteurs, les fabricants et les négociants canadiens ne soient pas défavorisés sur le plan de la concurrence, face notamment aux États-Unis, et afin que les Canadiens puissent s'imposer sur ce marché et devenir des chefs de file mondiaux.

Pour terminer, madame la présidente, j'aimerais mentionner le Comité consultatif sur les produits de santé naturels. HerbTech estime qu'il a beaucoup progressé. J'aimerais féliciter le comité consultatif pour son travail. L'ébauche de cadre de réglementation qu'il a produit au cours de ses réunions—les dernières réunions ont eu lieu les 13 et 14 novembre 1997—constitue une grande amélioration par rapport au règlement actuel, à notre avis. Nous estimons que le règlement actuel est dépassé et ne répond pas aux besoins du public ni de l'industrie.

Madame la présidente, merci de nous avoir donné l'occasion de prendre la parole devant le comité. Sachant bien que vous avez à remplir une tâche complexe, si vous croyez que l'équipe scientifique d'HerbTech peut vous être de quelque utilité, n'hésitez pas à communiquer avec nous.

La présidente: Merci beaucoup. Nous vous remercions tous deux, et je suis sûre que vous pourrez compléter vos exposés au cours de la période de questions.

Monsieur Hill.

M. Grant Hill (Macleod, Réf.): Merci beaucoup pour vos exposés.

J'aimerais d'abord interroger M. Cheung, si vous me le permettez. Je crois que vous fabriquez les produits chinois.

M. Tony S. Cheung (directeur général et propriétaire, Kwok Shing Enterprises Ltd.): Non, j'en importe.

M. Grant Hill: Très bien. Sur le plan pratique, quels sont les produits qu'on ne peut pas offrir en vente libre ici au Canada et que les médecins et vous souhaiteriez voir ainsi vendus?

M. Tony Cheung: D'abord, il y a beaucoup de produits qui ne sont pas en vente libre en raison des propriétés thérapeutiques que nous leur attribuons. C'est la première raison. Deuxièmement, c'est que beaucoup de ces produits que nous importons ne respectent pas tout à fait les exigences en matière d'étiquetage. C'est la principale raison.

Est-ce que vous vous intéressez à des produits précis?

M. Grant Hill: Je voulais simplement avoir le nom de certains produits. Il y en a quelques-uns dans l'exposé ici. Y a-t-il beaucoup de produits interdits au Canada, ou seulement quelques- uns?

M. Tony Cheung: En fait, il y en a beaucoup. Il y en a beaucoup qui ne peuvent pas être importés, notamment ceux auxquels nous attribuons des propriétés et qui relèvent de l'annexe A. En fait, ces allégations ne correspondent pas vraiment à ce à quoi doit servir l'annexe A, parce que nous avons à l'annexe A, le sens de... Disons que pour les reins ou pour une maladie du coeur ou pour des choses comme cela, on ne vise pas en fait à traiter le symptôme de la maladie.

M. Grant Hill: À votre avis, y a-t-il un spécialiste à la Direction des produits thérapeutiques auquel vous pouvez vous adresser, pour échanger entre professionnels? Je n'ai pas constaté la présence de spécialistes dans ce domaine.

Dre Mary Wu: Je pourrais peut-être répondre à cette question, monsieur Hill.

L'actuelle Direction des produits thérapeutiques—et il n'y a pas de spécialistes en matière de médecine chinoise traditionnelle—a un comité consultatif d'experts dont je suis membre. Nous n'avons eu jusqu'à maintenant qu'une seule réunion, et je ne suis pas convaincue que ce soit suffisant étant donné que les membres du comité travaillent à temps partiel—pas même à temps partiel, on ne fait que les consulter. Nous ne sommes pas rémunérés. Nous ne nous réunissons que deux ou trois fois l'an, et compte tenu des piles de documents que nous devons examiner, je ne vois pas comment je pourrais trouver le temps de faire ce travail comme il se doit, sans compter que je dois enseigner et que je pratique la médecine.

Nous estimons donc que l'organisme de réglementation du gouvernement doit compter des spécialistes en médecine chinoise traditionnelle, en homéopathie ou encore d'autres spécialistes pour qu'ils prennent le temps de faire ce travail et de le faire adéquatement. Si on ne peut pas compter sur les experts dont on a besoin, le travail ne peut pas être bien fait.

• 1555

M. Grant Hill: Très bien.

Monsieur Broadfoot, vous appuyez le travail du comité consultatif. Votre société y a-t-elle participé directement—En êtes-vous membre?

M. Ken Broadfoot: Non, pas à ma connaissance, et je suis sûr de ne pas me tromper. Nous avons proposé que le Dr Pang y siège, mais le groupe avait déjà été constitué et il était trop tard. Je crois que c'est ce qui a mené à notre invitation devant le comité permanent.

M. Grant Hill: De votre point de vue, y a-t-il à la direction générale des produits thérapeutiques un expert auquel vous pouvez vous adresser en cas de problèmes, quelqu'un avec qui vous pensez qu'un dialogue peut être utile?

M. Ken Broadfoot: Si nous vivions à Ottawa, ce serait peut-être possible, mais il est très difficile d'avoir ce genre de dialogue à distance. Je sais que lorsque nous avons parlé à certaines personnes, elles ont essayé de nous aider mais, très franchement, pour nous, et c'est peut-être différent pour les herborisateurs chinois traditionnels, j'ai l'impression que les gens comprennent, mais qu'ils suivent des règlements tellement anciens qu'ils ne peuvent pas vraiment faire grand-chose. S'il y avait des règlements à l'heure de 1998, dans le genre de ce que fait le comité consultatif, je crois que les gens du ministère ferait tout à fait l'affaire.

La présidente: Madame Picard.

[Français]

Mme Pauline Picard (Drummond, BQ): J'aimerais bien comprendre. Vous dites que vous êtes la seule compagnie en Amérique du Nord à combiner ou à produire des herbes médicamenteuses, des herbes naturelles combinées de la médecine chinoise et d'autres médecines traditionnelles, et vous avez parlé des autochtones. Vous devez avoir des spécialistes. Sur quoi vous basez-vous pour produire un produit qui peut traiter ou apporter un certain soulagement? Vous devez avoir des biologistes, des scientifiques, des experts qui scrutent de la documentation pour pouvoir produire ces médicaments-là.

Vous dites qu'actuellement, le gros problème au niveau de la réglementation fédérale par rapport à ces produits-là est qu'il n'existe aucun expert en médecine traditionnelle. Avez-vous déjà fait des démarches pour promouvoir les experts qui travaillent dans votre compagnie, pour inciter le gouvernement à embaucher ces gens-là, qui pourraient établir une structure de réglementation convenable?

• 1600

[Traduction]

M. Ken Broadfoot: Il y a là deux questions auxquelles j'essayerai de répondre. Tout d'abord, la confusion qui règne peut-être quant à notre compétence scientifique. Nous avons sept titulaires d'un doctorat qui ont une formation de pharmacologue et qui viennent du côté pharmaceutique du développement des médicaments nord-américain.

Ils se sont demandé comment mettre au point des produits pharmaceutiques à partir de plantes et une chose en a entraîné une autre. Nous en avons mis au point pour des produits d'aliments de santé et nous avons arrêté de nous en inquiéter pour les produits pharmaceutiques. Nous avons découvert ce faisant un certain nombre de choses intéressantes. D'une part, pourquoi ces plantes sont-elles efficaces, comment agissent-elles sur le corps et comment les normaliser.

C'est la normalisation qui est assez spéciale parce que, jusqu'ici, on n'a pas réussi à normaliser des herbes d'une bouteille à l'autre. Beaucoup de plantes sont différentes. Il peut s'agir des mêmes espèces, mais on ne peut pas dire d'une bouteille à l'autre si elles contiennent les mêmes ingrédients. Cela n'a rien à voir avec le fabricant, c'est simplement un fait. Nous avons donc réussi à le faire.

La deuxième chose est que nous sommes une très petite entreprise et que nous avons en effet offert notre aide aux responsables de la réglementation. Nous n'avons pas hésité parce que nous sommes très occupés mais nous estimons toujours que si l'on a besoin de notre aide, nous sommes tout à fait prêts à l'accorder. Je crois que nous avons une des meilleures capacités pour ce qui est de l'examen scientifique des plantes médicinales au pays et nous serions très heureux de pouvoir partager ces connaissances. Il est simplement difficile de venir à Ottawa. Ce n'est pas qu'Ottawa n'est pas une ville magnifique, c'est juste que c'est très loin.

[Français]

Mme Pauline Picard: Merci.

La présidente: Merci, madame Picard.

[Traduction]

Monsieur Myers.

Oh, je suis désolée. Quelqu'un d'autre voulait-il répondre?

Dr Jia Li (Toronto School of Traditional Chinese Medicine): J'ajouterai quelque chose même si la question ne m'était pas directement adressée.

J'ai l'impression que beaucoup de gens ne savent pas grand- chose sur les plantes médicinales et les fabricants de ces remèdes. La première chose que j'aimerais préciser c'est que les produits ou les thérapies à base d'herbes médicinales n'ont rien de nouveau même si elles sont assez nouvelles en Amérique du Nord, au Canada. Ce n'est pas comme si nous venions juste de découvrir une nouvelle herbe, comme l'échinacée ou le millepertuis—ou que nous venions d'avoir une brillante idée et allions aujourd'hui fabriquer un produit sans aucune référence sans savoir comment il agit, simplement parce que l'on en a entendu parler.

Je viens de la Chine. Je sais que nous utilisons ces produits depuis plus de 5 000 ans ou deux mille ans et que c'est la même chose pour des tas de formules, pas seulement les ingrédients en particulier. On les utilise sans arrêt depuis plus de mille ans. De ce point de vue, ils ont déjà été testés même si cela ne signifie pas qu'ils ont été testés comme des produits pharmaceutiques. Cette pharmacologie et ce genre de projet de recherche scientifique n'existaient pas il y a mille ans, mais ils sont utilisés depuis longtemps et nous sommes sûrs qu'ils sont très efficaces et très sûrs. Sinon, nous n'aurions pas pu les utiliser pendant si longtemps.

Je pourrais en dire autant à propos d'un projet de recherche en Chine. Nous utilisons cette recherche pharmaceutique—ou sur les herbes médicinales si vous voulez—depuis longtemps. Je le sais parce que je viens du Centre de recherche de médecine chinoise traditionnelle de la Deuxième faculté de médecine de Shanghai. Nous avons une faculté de pharmacologie à base d'herbes médicinales. Nous faisons beaucoup de recherche là-dessus. Nous ne nous occupons pas d'un seul ingrédient; nous avons testé beaucoup de formules même si celles-ci restent très limitées à un si grand système médical.

Donc la référence à l'Amérique du Nord est peut-être limitée. Je sais qu'il y a quelques fabricants de produits à base d'herbes médicinales en Amérique du Nord, aux États-Unis et au Canada, mais la plupart n'ont encore que quelques produits comparés à ce que nous avons en Chine. Nous en avons des milliers. On ne les a pas mis au point en quelques années seulement. Il a fallu des siècles. Nous avons même beaucoup de références scientifiques qui nous viennent de là-bas. Si cela intéresse donc le comité consultatif, peut-être que nous pourrions aller chercher des références là-bas.

C'est une suggestion. Merci.

La présidente: Merci. Pourriez-vous me dire si votre nom est Dr Li ou Dr Jia?

Dr Jia Li: Mon nom chinois serait Dr Li.

La présidente: D'accord, nous l'indiquerons correctement.

Monsieur Myers.

• 1605

M. Lynn Myers (Waterloo—Wellington, Lib.): Merci, madame la présidente.

Docteure Wu, à la page 3, vous dites que les herbes médicinales sont en général sans danger et non agressives pour le corps. Je m'intéresse à la sécurité, à l'efficacité et aux effets secondaires et j'aimerais me renseigner sur la formation de ceux qui recommandent ce genre de produits. À la page 4, je note votre deuxième recommandation quant à une structure réglementaire distincte. Cela permettrait-il de considérer l'efficacité, la sécurité, les effets secondaires et la formation? Est-ce la façon dont vous voyez cela?

Dre Mary Wu: Les experts pourront répondre à ces questions. Si nous avons un expert en médecine chinoise traditionnelle parmi les responsables de la réglementation, toutes ces questions seront réglées.

M. Lynn Myers: Ils examineraient évidemment l'aspect sécurité. Ils examineraient les effets secondaires.

Dre Mary Wu: Oui, parce que la sécurité, l'efficacité et les effets secondaires des produits chinois traditionnels à base d'herbes médicinales doivent être évalués différemment de ceux des produits pharmaceutiques. Si nous utilisons donc les spécialistes des produits pharmaceutiques pour évaluer la sécurité, l'efficacité et les effets secondaires des produits chinois à base d'herbes médicinales, cela ne va pas marcher. Ils ne comprennent pas les théories médicales chinoises traditionnelles ni la théorie des herbes médicinales chinoises.

M. Lynn Myers: Et qui ferait partie de cet organisme? Qui serait chargé de la réglementation?

Dre Mary Wu: Le gouvernement devrait certainement en faire partie et des responsables de la réglementation. Il faut aussi des experts qui travaillent avec eux. Nous avons quelques personnes au PPT qui travaillent à l'élaboration d'une politique pour la réglementation des produits chinois traditionnels à base d'herbes médicinales. Il vaudrait mieux avoir un expert pour travailler avec eux à l'élaboration de cette politique plutôt que de n'avoir que des gens qui ne sont pas spécialisés ou qui ne connaissent pas suffisamment la médecine chinoise traditionnelle. Il faut des spécialistes. On ne peut pas trouver ces gens-là en dehors du gouvernement parce que les gens n'ont pas le temps de travailler comme cela sans être rémunérés, mettant de côté leurs affaires pour faire cette partie du travail.

La vice-présidente (Mme Elinor Caplan (Thornhill, Lib.)): Voulez-vous ajouter quelque chose, docteur Li?

Dr Jia Li: Me le permettez-vous?

La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Oui.

Dr Jia Li: Je crois qu'il y a deux gros problèmes à ce sujet. D'une part l'efficacité, de l'autre, la sécurité.

Disons que je vous donne une bouteille de produits à base d'herbes médicinales dont vous n'avez jamais entendu parler et que je vous dis d'essayer parce que c'est bon pour votre coeur ou votre foie. Vous serez peut-être sceptique et me demanderez comment vous pouvez me faire confiance quand je vous dis que c'est bon pour vous. Vous n'en avez jamais entendu parler et ce n'est pas recommandé par votre association médicale. Je vous réponds que nous utilisons cela depuis mille ans et que nous avons donc l'expérience de la chose, que c'est cela qui en a prouvé l'efficacité. Bien que l'on ne fasse pas de la pharmacologie depuis des siècles, c'est quelque chose que l'on doit comprendre parce que je travaille au Département de physiologie et que je connais assez bien la physiologie et la pharmacologie.

Lorsque nous recevons un projet d'une société pharmaceutique, elle nous donne l'ingrédient chimique simple et nous demande de procéder à une recherche sur ce produit. Elle doit être très précise. Vous ne pouvez pas mélanger toutes sortes d'éléments chimiques ensemble parce que les résultats obtenus pourront varier.

La majorité des produits à base de plantes médicinales sont des composés. Ce sont des mélanges de toutes sortes de plantes médicinales, ce qui rend les choses très difficiles. Même si nous n'étudions qu'une seule plante médicinale, comme le ginseng, même s'il ne s'agit que d'une plante, et que vous voulez le purifier ou en faire un extrait, il s'agit là d'un complexe chimique énorme. Il serait très difficile de respecter les exigences pharmaceutiques habituelles pour ces produits médicinaux parce qu'il y en a littéralement des milliers. Comment y parvenir en si peu de temps? Si cette mesure législative est adoptée, ces herbes médicinales devront avoir subi tout ces tests avant d'être approuvées au Canada. Cela serait très difficile.

Évidemment, il est nécessaire d'avoir des règlements, mais il y a peut-être d'autres façons d'étudier le problème. Aux États-Unis et en Chine, nous avons des organismes réglementaires différents, mais nous ne pensons pas du tout à une analyse chimique.

• 1610

Un autre facteur est celui de la sécurité et des effets secondaires. Nombre de gens diront peut-être: Quelqu'un m'a dit qu'une personne avait connu des effets secondaires en utilisant une herbe médicinale et que cette herbe—même si ça venait des journaux ou d'émissions à la télévision... Je me contenterai de dire que les produits à base d'herbes médicinales présentent relativement peu de danger bien que je dois avouer qu'on ne peut pas prendre n'importe quelle herbe médicinale sans avoir de problème. Même si je prends une tasse d'eau, si j'en bois trop, j'aurai peut-être des problèmes. Si vous allez au supermarché et que vous choisissez une denrée alimentaire que vous pensez inoffensive, si vous en prenez trop sans égard à votre état de santé, vous aurez peut-être des problèmes.

Alors évidemment une réglementation est nécessaire. Cependant, je crois que ces herbes médicinales présentent beaucoup moins de danger que les médicaments occidentaux.

La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup, docteur Li.

D'après la liste, nous devrions passer du côté du parti de l'opposition. J'aimerais savoir ce que le comité en pense puisque certains sont absents. Devrions-nous laisser la parole à l'opposition?

J'aimerais signaler qu'aucun démocrate ou conservateur n'est ici. Normalement, ce serait à ces partis de poser des questions. Puis on reviendrait au Parti libéral puis au Parti réformiste.

Peu importe. Poursuivons. Monsieur Volpe.

M. Joseph Volpe (Eglinton—Lawrence, Lib.): Merci.

Docteur Li, j'aimerais d'abord signaler que vous voudrez peut- être suivre certains de vos bons conseils et ne pas boire cette eau, surtout lorsqu'on la refroidit avec ce genre de cubes de glace. J'aurais pensé que cela allait à l'encontre de bonnes pratiques chinoises.

Pas de réaction. Très bien.

Pour passer à quelque chose de plus sérieux, certains ont manifesté quelques inquiétudes à l'égard des herbes médicinales, préoccupations dont vous également avez fait état. Si vous avez une herbe médicinale, comme le ginseng, qui comporte divers ingrédients actifs, faute de meilleur terme, rien n'indique lequel ou lesquels de ces ingrédients actifs sauront mieux aider le patient ou le client qui éprouve certains problèmes.

De plus, il y a le problème dont a parlé un peu plus tôt M. Broadfoot, soit l'uniformité de la posologie et l'uniformité de la qualité de la posologie; ce qui vaut pour un patient ne vaut pas nécessairement pour tous les autres.

Je dois vous avouer que j'ai certains doutes, et si je dois faire des excuses, je les ferai. Je me suis déjà rendu dans un établissement en Chine qui autorisait la distribution de ces produits. Les pratiques qu'on suivait à l'endroit que j'ai visité étaient telles que certains des chefs de ce ministère ont demandé que des entreprises occidentales investissent afin d'assurer un contrôle de la qualité et l'uniformité de la production.

Je vous demande de m'aider, comme consommateur, à mieux comprendre comment je devrais procéder si les produits à base d'herbes médicinales semblent être utiles—les gens sont toujours malades—mais ceux qui approuvent le genre de produits dont vous parlez, grâce à leur expérience et à leurs connaissances, cherchent de meilleurs mécanismes pour assurer la qualité du produit. Certains ont des doutes. Que devrais-je faire?

Dr Jia Li: Tout d'abord, je crois que vous avez parlé d'ingrédients. Prenons par exemple une herbe médicinale comme le ginseng. Nous savons que ce produit agit comme un tonique fortifiant. Vous dites que vous ne savez pas quels ingrédients actifs on retrouve dans le produit. Vous dites simplement le ginseng.

C'est une question importante parce que pour être honnête, nous ne pouvons y donner une bonne réponse. Ce n'est pas parce que je ne connais pas la réponse ou que certains experts ne la connaissent pas. Je ne crois pas que nous ayons ce genre de technologie parce que nous ne pouvons purifier que quelques ingrédients de certaines variétés de ginseng. Nous le faisons depuis déjà longtemps. On l'a fait en Chine, au Japon et aux États- Unis, et je crois d'ailleurs également au Canada.

• 1615

Ce n'est pas parce qu'on a purifié des ingrédients qu'ils ont la même efficacité que la plante entière. Ça, c'est le premier point.

Ce n'est pas comme un médicament. Si vous achetez une bouteille d'aspirine, vous devez savoir combien de milligrammes on y trouve. Il doit y avoir une normalisation. Ça vous permet de savoir que peu importe où vous allez, que cela soit dans une pharmacie ou dans un supermarché, vous aurez toujours le même produit dans une même bouteille.

Mais c'est bien différent lorsqu'on parle d'herbes médicinales. Habituellement, nous ne nous servons que de ce que nous appelons une décoction. Nous nous servons d'une solution aqueuse et il y a une procédure normalisée. Nous ne purifions habituellement pas les herbes médicinales, et certainement pas comme supplément chimique. Donc, c'est le premier point.

Je crois que quelqu'un a demandé comment on allait s'assurer que les diverses plantes contiennent toujours la même quantité de l'ingrédient donné. Ça n'a pas d'importance. Nous avons des règlements très stricts en Chine, où cette culture des herbes médicinales existe. Si vous voulez acheter du ginseng, qu'on appelle habituellement le ginseng de Sibérie ou de Chine, cette plante provient d'une province particulière et d'une région particulière, c'est un peu comme si vous vouliez acheter une bouteille de champagne. Nous savons que le champagne vient d'un petit village en France. Même si nous produisons un produit semblable au Canada, nous ne pouvons pas dire qu'il s'agit de champagne. Nous l'appelons peut-être un mousseux ou quelque chose du genre. C'est la façon d'assurer la qualité.

Ainsi, si un praticien prudent ou une compagnie qui fabrique des herbes médicinales utilise une norme très élevée, n'oubliez pas qu'ils utilisent toujours d'herbe standard, ce qui est bien établi. Ils choisissent toujours du ginseng qui a été cultivé dans un environnement naturel pendant cinq ans ou plus longtemps et où il n'y a pas eu de pollution. C'est comme ça qu'on assure la qualité du produit.

La présidente: Il ne vous reste plus de temps, monsieur Volpe.

Monsieur Anders.

M. Rob Anders (Calgary-Ouest, Réf.): Je m'excuse; je ne peux m'empêcher de me demander si certains de ceux qui sont dans la salle ont déjà pris de la soupe au poulet et aux nouilles lorsqu'ils avaient un mauvais rhume et s'ils se sont demandé si c'était le poulet ou les nouilles qui aidaient. C'est un peu ce à quoi m'a fait penser la question qu'on vient de poser.

Que pensez-vous du fait que vous avez un pays qui compte plus d'un milliard de citoyens, qui a une histoire de plus de 5 000 ans et que pourtant les fonctionnaires du nouveau ministère pensent en connaître plus long sur le sujet que vous?

J'aimerais revenir à certaines des questions qui ont été abordées lors du discours du Trône, on a signalé à ce moment-là que les Canadiens pourraient opter pour la médecine préventive; je me demande dans quelle mesure cela aura un impact sur vous ou les compagnies comme la vôtre en ce qui a trait aux pertes d'emploi et de revenus possibles. Est-ce que vous ou d'autres compagnies du secteur avez étudié la question?

M. Tony Cheung: Cela fait au moins dix ans que nous nous battons—je ne sais pas trop comment exprimer cela—avec Santé Canada. Il y a dix ans, nous avons eu un gros problème avec Santé Canada en ce qui a trait à l'angélique vraie. L'angélique vraie s'appelle aussi le dang gui, c'est ce que nous appelons la reine des herbes médicinales pour les femmes. À l'époque, Santé Canada disait que le dang gui présentait des problèmes et qu'il s'agissait là d'une plante toxique. En fait, Santé Canada ne sait pas vraiment ce qu'on retrouve dans l'angélique vraie, ni à quel type d'angélique il s'attaque. Enfin Santé Canada a dit qu'il s'agissait là d'un produit toxique et a refusé de nous laisser le vendre. Puis, nous avons découvert que l'angélique dont parlait le gouvernement n'était pas l'angélique vraie chinoise mais bien une angélique d'Amérique du Nord qui elle est très toxique.

C'est le problème que nous avons eu il y a 10 ans. En 1992, ils ont remanié les règlements de Santé Canada et déclaré que l'angélique était une nouvelle drogue, ce que nous n'avons pas compris du tout. C'est une plante qu'on utilise en Chine depuis des années, et qui n'a jamais posé de problème, mais tout d'un coup, Santé Canada fait ce genre de déclaration. Cela nous ennuie énormément, et nous trouvons que c'est injuste.

• 1620

Les préjugés de Santé Canada à l'égard de la médecine chinoise et des plantes médicinales ne cessent d'apparaître. Ce type d'angélique figure probablement dans environ 30 p. 100 de nos produits d'origine végétale. Donc, si ces règlements sont confirmés, si nous ne nous battons pas pour conserver le droit de l'utiliser, nous allons perdre 30 p. 100 du marché.

Par ailleurs, le ginseng est maintenant considéré comme une nouvelle drogue. Le ginseng est un tonique, et pratiquement tous les Chinois l'utilisent. Cela représente encore 30 p. 100 du marché.

Quand nous demandons un DIN pour l'angélique ou le ginseng, on nous le refuse. En mars dernier, CBC à Montréal a dénoncé les plantes médicinales chinoises, déclaré au public qu'elles étaient toxiques, et dit: «Faites attention quand vous prenez des plantes chinoises, elles sont dangereuses, et le consommateur doit s'assurer que les produits qu'il achète portent un DIN». Mais en fait, à l'époque, il n'y avait pas une seule plante médicinale chinoise qui avait un DIN. Aucun produit chinois d'origine végétale n'avait un DIN. Dans ces conditions, comment CBC peut-il annoncer cela publiquement à la télévision? C'est le gouvernement qui est responsable de cette situation.

Dans notre industrie, nous avons 5 000 employés. L'année dernière, c'est un secteur qui a diminué de moitié. En particulier dans la région de Montréal et de Québec, à cause des déclarations du gouvernement, le commerce des plantes médicinales a pratiquement disparu. Cela n'est pas juste pour notre communauté. Le gouvernement n'aurait pas dû prendre de telles mesures sans nous consulter.

M. Rob Anders: Je veux être certain de bien vous avoir compris. À cause des mesures prises par Santé Canada, vous dites que votre entreprise pourrait perdre 2 000 employés, quelque chose de ce genre?

M. Tony Cheung: Non, non. Je parle de l'ensemble de l'industrie.

M. Rob Anders: D'accord, il s'agit donc de plus de 2 000 emplois.

M. Tony Cheung: L'ensemble du secteur emploie 5 000 personnes.

M. Rob Anders: Oui. Donc, si cela représente 30 p. 100, cela fait plusieurs milliers d'emplois.

M. Tony Cheung: Oui, si le gouvernement applique des règlements comme ceux-là.

M. Rob Anders: Oui, bien.

La présidente: Merci, monsieur Anders. Madame Bennett.

Mme Carolyn Bennett (St. Paul's, Lib.): Merci.

Je suis heureuse de voir vos recommandations. Ce sont des produits auxquels les Canadiens ont aujourd'hui beaucoup plus facilement accès, et pour cette raison, pensez-vous que le gouvernement pourrait faire autre chose...?

De toute évidence, un étiquetage exact est important. Et je pense que vous aurez à coeur de nous aider si nous voulons être certains que les gens qui pensent acheter de l'échinacée n'achètent pas un produit qui contient du dristan. C'est un des problèmes du gouvernement, ou un problème récent avec la marque Sleeping Buddha, entre autres. D'après ce que vous dites, ces produits contiennent un mélange d'herbes très complexe.

Il y a maintenant un collège de naturopathie. Notre comité a été chargé d'examiner les produits en question, mais pensez-vous que nous devrions examiner en même temps les règlements qui régissent les praticiens? Est-ce que n'importe qui peut s'improviser spécialiste après avoir suivi un cours d'une fin de semaine?

• 1625

Ce qui m'inquiète surtout, ce sont les caissiers ou les caissières dans les magasins de produits naturels qui pensent pouvoir faire un diagnostic et conseiller un traitement, simplement parce qu'ils ont un certain produit quelque part sur leurs tablettes. Avez-vous une opinion à nous donner, à votre avis, sur ceux qui devraient vendre ou prescrire ces produits?

Dre Mary Wu: C'est une question qu'on nous a posée hier également. À l'heure actuelle, quand on parle de praticiens, cela relève des provinces. C'est de la compétence provinciale. Cela dit, la discussion ne tourne pas actuellement autour de la protection du public et de la santé des Canadiens. Ce sont des produits qui sont en cause, mais cela ne peut pas donner de bons résultats si on n'a pas consulté un praticien ou un spécialiste des plantes médicinales.

Il y a certains produits, qui se vendent sans ordonnance, et pour lesquels il est inutile d'exercer une surveillance. Prenez les pilules de ginseng, si on se contente de réduire le produit en poudre et de le mettre dans des capsules, c'est tout à fait sans danger. Mais pour d'autres produits plus compliqués, un praticien doit effectivement intervenir. D'une part, cela permet d'utiliser le produit d'une façon plus efficace et, d'autre part, c'est également plus sécuritaire.

À l'heure actuelle en Ontario—prenons l'exemple de Toronto— n'importe qui peut pratiquer l'acupuncture. Une fin de semaine de formation et ils peuvent commencer à pratiquer, alors qu'en Chine il faut cinq ans pour avoir un diplôme d'acupuncture et de médecine chinoise traditionnelle.

Je pense donc que des normes sont nécessaires pour les praticiens, car c'est le seul moyen de protéger les Canadiens et d'offrir des services de qualité. Cela dit, pour fixer ces normes, il faut se référer à la situation qui existe en Chine et aux États- Unis, par exemple le Collège de naturopathie.

Mme Carolyn Bennett: Lorsqu'un produit est présenté dans une bouteille individuelle, l'étiquetage est très important, mais dans la médecine chinoise traditionnelle, les produits se trouvent souvent dans de gros bocaux. Vous les achetez en vrac, et on les embouteille pour vous. À votre avis, que pourrait faire le gouvernement pour protéger le public lorsqu'il s'agit de produits en vrac?

Dre Mary Wu: Je dirais que 95 p. 100 des herbes embouteillées sont extrêmement sûres. Dans notre propre culture, dans notre tradition, il y a des herbes comme l'astragale, ou ce que nous appelons huang qi, qui sont également un tonique. Nous mélangeons cette herbe et une autre appelée dang gui et nous en mettons parfois dans le bouillon de poulet. Cela ne pose donc aucun problème.

Si un consommateur canadien entre dans le magasin de M. Cheung et lui dit qu'il veut acheter une demi-livre d'angélique pour assaisonner un poulet, s'il lui demande si cela risque de poser un problème... cela m'étonnerait. Cela dit, il y a des herbes plus fortes qui doivent être contrôlées.

En fait, dans les pharmacies chinoises, les pharmaciens vérifient toutes les ordonnances, si on peut les appeler ainsi. Les ordonnances chinoises pour des plantes médicinales sont des formules. Les pharmaciens doivent donc les vérifier très attentivement, vérifier la composition de chaque mélange et vérifier le dosage. Il y a donc un contrôle de la qualité et de la sécurité à ce niveau-là, même en l'absence de règlement du gouvernement. Nous faisons déjà cela.

Il y a d'autres types d'herbes, comme l'éphédra—et je ne vous parle pas de l'éphédrine, l'extrait, mais de l'herbe même, éphédra; nous utilisons cette herbe également, mais c'est beaucoup plus fort, et nous ne vendrions une demi-livre de cette herbe à personne. Par conséquent, même à l'heure actuelle, si vous entrez dans un magasin avec une ordonnance pour une demi-livre d'éphédra, on ne vous la donnera pas, car c'est beaucoup trop et c'est un produit avec lequel il faut faire attention.

Mme Carolyn Bennett: Pensez-vous que quelqu'un devrait contrôler les praticiens dans leurs bureaux mêmes?

Dre Mary Wu: Non. Il n'y a pas de règlement au Canada en ce qui concerne les praticiens.

Mme Carolyn Bennett: Y en a-t-il en Chine?

Dre Mary Wu: Oui. En Chine, vous devez avoir un diplôme. Vous devez avoir l'autorisation de délivrer des ordonnances dans les hôpitaux.

• 1630

La présidente: Je vais me permettre de poser quelques questions à M. Broadfoot.

Pouvez-vous nous dire quel pourcentage de vos ressources est consacré à de la recherche sur l'efficacité de vos produits? Deuxièmement, comment votre compagnie vérifie-t-elle que les produits qu'elle vend n'ont pas des effets nocifs?

M. Ken Broadfoot: Il y a deux compagnies qui collaborent dans ce domaine, et je vais donc vous donner des chiffres qui les concernent toutes les deux. Ces deux compagnies, HerbTech et C.V. Tech, consacrent environ 1,5 million de dollars par année à la recherche sur les plantes médicinales.

La présidente: Cela donne quel pourcentage?

M. Ken Broadfoot: Il s'agit de recherche sur les éléments actifs dans les plantes, et sur l'élaboration de nouveaux produits.

Deuxièmement, personne n'est venu nous dire après coup qu'un de nos produits avait posé des problèmes, mais nous procédons nous- mêmes à des tests de toxicité extrêmement sévères. Par exemple, comme nos amis vous l'ont dit, beaucoup de ces produits sont utilisés depuis des milliers d'années, et n'ont jamais rendu les gens malades. Toutefois, nous voulons être certains de ce que nous faisons, et par conséquent nous procédons à des tests de toxicité à des doses mille fois plus élevées que les doses normales, parce qu'en effet, une fois sur les tablettes d'un magasin, nous ne pouvons pas contrôler ce qu'on fait avec un produit. Je pense que c'est impossible pour un pharmacien chinois.

Ainsi, nous sommes absolument certains que nos produits sont tout à fait sûrs lorsqu'ils quittent notre usine. C'est la raison pour laquelle nous ne recevons pas de plaintes: ce sont des produits sans danger.

La présidente: Monsieur Drouin.

[Français]

M. Claude Drouin (Beauce, Lib.): Vous dites que ces produits sont sur le marché chez vous depuis des siècles. Fait-on des suivis? On peut avoir des allergies et certaines personnes peuvent avoir des effets secondaires après avoir pris certains médicaments ou subi des traitements de médecine traditionnelle. Êtes-vous certains que le produit est sans danger pour la population en général ou si c'est du cas par cas?

[Traduction]

M. Tony Cheung: D'après Statistique Canada, les herbes chinoises sont utilisées au Canada depuis très longtemps. Nous n'avons pas eu beaucoup de plaintes, et nous n'avons pas entendu parler de difficultés. En règle générale, les herbes chinoises présentent très peu de risques.

Quant à la situation en Chine, la Dre Wu pourra peut-être vous l'expliquer. Au Canada, nous mettons nos produits en marché depuis de nombreuses années, et nous n'avons pratiquement pas eu de plaintes sur des effets secondaires ou sur des problèmes particuliers.

La présidente: Madame Picard.

[Français]

Mme Pauline Picard: Madame Wu, j'aimerais bien comprendre pour que ce soit bien clair. À la lumière de ce que vous avez dit à Mme Bennett, j'ai cru comprendre qu'à l'heure actuelle, pour exercer la médecine chinoise en toute conformité, il vous faudrait avoir un cadre plus large en ce qui a trait à l'expertise des produits naturels et avoir des règlements propres à la médecine chinoise, comme vous l'exercez actuellement en Chine. Est-ce bien ce que vous avez dit?

[Traduction]

Dre Mary Wu: J'aimerais dire que la médecine chinoise traditionnelle est pratiquée ici comme elle l'est en Chine, mais je sais que c'est impossible. J'aimerais également que la médecine chinoise traditionnelle soit plus répandue ici.

• 1635

Depuis 2 000 ans, nous avons une tradition de passation des recettes. Nous appelons cela un secret. Quelqu'un a une recette secrète et la révèle à une seule personne de la génération suivante. Cela est protégé jalousement. Ici, nous avons beaucoup plus tendance à partager nos connaissances et nos compétences pour en faire profiter les Canadiens. Je pense qu'à l'avenir beaucoup plus de gens vont pouvoir offrir des services de qualité et des produits sûrs et efficaces dont les Canadiens pourront profiter.

Effectivement, j'aimerais beaucoup que des médecins traditionnels chinois puissent pratiquer ici comme ils le font en Chine, j'aimerais qu'ils soient aussi respectés. Je sais que cela n'ira pas sans difficultés, mais c'est nécessaire dans l'intérêt de la santé des Canadiens.

Mme Pauline Picard: Vous voulez répondre?

Dr Jia Li: Oui. Au sujet de l'éducation et de la réglementation de la médecine chinoise, c'est une tradition en Chine car il y a 1 000 ans, nous n'avions pas d'université. La plupart des formules et des expériences étaient transmises d'une génération à l'autre, mais en dehors d'un milieu universitaire.

Je sais que le gouvernement chinois a maintenant réglementé la pratique et les produits de la médecine chinoise traditionnelle. Depuis 50 ans, les praticiens doivent être accrédités s'ils veulent donner des consultations ou prescrire des herbes. Ils doivent avoir une formation médicale traditionnelle. Il existe en Chine une formation médicale officielle.

Je sais que certains pays comme le Japon, la Corée et quelques États américains ont des règlements comparables. Pour protéger le public, je reconnais que le praticien doit observer des normes très élevées, et doit comprendre parfaitement la nature du produit qu'il prescrit, et comprendre également l'état du patient. Ce n'est pas comme un produit qu'on vend au supermarché et qu'on peut donner aux gens sans aucun contrôle.

Au sujet de la sécurité, des effets secondaires et des tests d'allergie, il est certain que l'industrie elle-même doit exercer un contrôle. En Chine, on effectue beaucoup de tests. Nous savons que la plupart des produits sont très sûrs. Ils ont des effets secondaires minimes car les doses que nous utilisons ont été éprouvées et nous savons qu'elles sont sûres. Il y a également très longtemps que nous faisons des tests d'allergie.

Le praticien doit absolument comprendre qu'un produit est utilisé pour des raisons de santé. Il y a certains produits comme le gingembre ou l'ail qui sont très communs, et qui ont leur utilité. On peut utiliser l'ail pour prévenir certains types de maladie cardiaque. La plupart des produits d'origine végétale devraient être prescrits par un praticien. Il y va de l'intérêt des gens.

La présidente: Merci. Madame Caplan.

Mme Elinor Caplan: J'aimerais vous expliquer quelque chose et vous demander ce que vous en pensez. Toute la question de la réglementation des compétences professionnelles relève des provinces, bien sûr, et le gouvernement fédéral n'a en fait rien à dire. En fait, aucune province ne verrait avec plaisir le gouvernement fédéral s'aventurer dans le domaine de la réglementation des professionnels.

La présidente: Posez la question très vite.

Mme Elinor Caplan: Ce qui nous importe avant tout, c'est de réduire au minimum les risques pour le public canadien tout en élargissant nos propres horizons, tout en évoluant des méthodes allopathiques traditionnelles vers la médecine chinoise traditionnelle et les remèdes naturopathiques que nous voulons mieux connaître. Nous voulons être certains de pouvoir donner au public canadien les moyens d'information dont ils auront besoin pour prendre des décisions avisées, pour utiliser des produits sûrs et de haute qualité. Ce qui m'importe donc, c'est de savoir quel rôle le gouvernement fédéral, le ministère de la Santé peut jouer pour déterminer cette efficacité. Si avant la fin de nos audiences vous avez des opinions à exprimer sur ce rôle, sur l'importance qu'il devrait avoir, cela m'intéresserait beaucoup.

• 1640

Les recommandations du comité consultatif sur les différents niveaux de risque m'ont beaucoup intéressée et je suis tout à fait d'accord. La façon d'appliquer ces recommandations va être très importante, et nous allons avoir besoin de gens qui ont suffisamment d'expérience pour conseiller le gouvernement dans cette tâche. Je n'avais pas vraiment de question, mais je tenais à dire cela.

La présidente: Je répète ce que j'ai dit: si vous avez des observations avant la fin de nos audiences, n'hésitez pas à nous les envoyer par écrit, à les envoyer à notre greffier, si vous pensez que cela pourrait nous intéresser.

Je remercie infiniment nos témoins d'être venus.

Par ailleurs, j'aimerais dire aux membres du comité que deux étudiants de l'Université Carleton font actuellement une thèse sur les travaux de notre comité. Ils seront là demain matin pendant quelques minutes avant le début de la séance. En outre, cela n'est pas encore confirmé, mais il est possible que CBC soit ici demain à 9 heures. S'il n'y a pas d'objection particulière, je leur accorderai 15 minutes, en leur demandant de ne pas interrompre notre réunion, de ne pas distraire les députés en leur parlant individuellement, mais d'un autre côté, ils pourront leur parler après la séance.

Mme Elinor Caplan: Il n'y a pas d'autres délégations?

M. Lynn Myers: Nous avons terminé pour l'instant.

La présidente: Non, il n'y a personne. Nous n'avons pas besoin de revenir. La séance est levée.