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FAIT Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON FOREIGN AFFAIRS AND INTERNATIONAL TRADE

COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 28 avril 1998

• 0900

[Traduction]

Le coprésident (M. Joe McGuire (Egmont, Lib.)): La séance est ouverte.

Bonjour à tous. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous entendrons aujourd'hui des représentants de la Banque mondiale. Nous avons le bonheur d'avoir avec nous des gens de la Banque mondiale et du Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale. M. Ismail Serageldin est vice-président des programmes spéciaux, et M. Alex F. McCalla, directeur du développement rural.

Bienvenue, messieurs. Nous ne disposons que d'une heure, car chacun de nos deux comités a une autre séance de prévue à 10 heures. Nous vous invitons donc à prendre, disons, 10 minutes pour faire votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons directement à la période des questions.

M. Ismail Serageldin (vice-président, Programmes spéciaux, Banque mondiale): Merci, monsieur le président. C'est un honneur pour nous de comparaître devant vous aujourd'hui. Je vais vous entretenir brièvement de la dimension mondiale de cette question, et je demanderai ensuite à mon collègue, M. McCalla, de poursuivre. Avec votre permission, nous allons partager les 10 minutes qui nous sont allouées.

Si j'ai bien compris, monsieur le président, le gouvernement canadien est à préparer son plan d'action pour donner suite à l'engagement qu'il a pris, lors du Sommet mondial sur l'alimentation, de contribuer à réduire de moitié la faim dans le monde d'ici 20 ans.

• 0905

Le gouvernement du Canada doit à tout prix profiter de la préparation de ce plan d'action pour redevenir un chef de file dans le domaine de l'aide à l'agriculture et au développement rural. Je suis convaincu que le Canada doit le faire non seulement parce qu'il s'impose de réduire la prévalence et l'incidence de la faim, qui touche à l'heure actuelle plus de 840 millions de personnes dans le monde, mais aussi parce qu'il y va de son intérêt et de celui de la prochaine génération.

Si je vous dis ces choses, c'est que l'humanité ne saurait survivre sans une transformation du monde rural et agricole dans les pays en voie de développement, car, je tiens à vous le rappeler, notre planète comptera, d'ici 30 ans, quelque 2,5 milliards d'habitants de plus. Ce sont les lois de la dynamique qui le disent. Il faudra donc pour nourrir ces nouveaux humains accroître l'approvisionnement alimentaire dans les pays en développement, car même si les exportations de vivres vers ces pays devaient augmenter du double au cours de cette période, il faudra parallèlement au moins y doubler la production d'aliments.

À moins qu'on opère des transformations qui permettent de réduire la pauvreté et d'accroître l'efficacité et l'efficience dans les secteurs de l'agriculture et du développement rural dans ces pays, on rasera inconsidérément des forêts, on bâtira à flanc de montagne, on laissera les sols s'éroder et les plans d'eau se dessécher. L'interface extrêmement étroite entre l'agriculture et l'environnement nous impose des choix auxquels nous nous devons de réfléchir.

Pour illustrer mon propos, je vous fais remarquer que la révolution verte qu'a réalisée la génération qui nous a précédés a permis non seulement de doubler la production alimentaire dans des pays comme l'Inde, mais a également sensiblement amoindri le besoin de cultiver de nouvelles terres. L'étendue des terres ainsi épargnées n'est pas négligeable; il s'agit de 300 millions d'hectares de sol. C'est plus que l'ensemble des terres arables du Canada, des États-Unis et du Brésil réunis. On peut donc facilement imaginer, n'eût été de cet accroissement de productivité, combien de forêts supplémentaires auraient été rasées, combien l'impact sur l'environnement planétaire aurait été plus grave, et combien la perte sur le plan de la biodiversité et de la fertilité des sols aurait été plus grande.

La transformation qui s'impose serait donc tout à l'avantage des pays industrialisés, du Canada et des générations futures. Nous croyons savoir maintenant comment nous y prendre. Nous croyons que les spécialistes de pays comme le Canada ou de la Banque mondiale, ainsi que d'autres de nos collègues du monde entier, sont à même de nous faire profiter des leçons tirées du passé. Nous savons qu'il s'impose de mettre en place des micro-politiques et des politiques sectorielles judicieuses, mais nous savons également qu'il nous faut intégrer au niveau communautaire notre action en matière de développement rural.

Ce qui inquiète la Banque mondiale, c'est que cette préoccupation semble maintenant échapper à l'attention mondiale et avoir été mise en veilleuse. Nous croyons que, même si la population des centres urbains va tripler dans le monde en développement et que la pauvreté urbaine y sera très prévalente, la meilleure façon de venir en aide aux pauvres des milieux urbains consistera à leur permettre de se procurer des aliments à bas prix, ce qui ne sera possible qu'à la condition de transformer le secteur rural de ces régions du globe. C'est par définition que les pauvres des villes doivent acheter leur nourriture, puisqu'ils ne sont pas en mesure de la produire. Comme ils doivent d'ailleurs y consacrer une grande partie de leurs revenus discrétionnaires, on peut, en abaissant le prix des aliments, et ce, sans aide gouvernementale et sans programmes publics spéciaux, améliorer de façon significative le bien-être des pauvres en milieu urbain tout en favorisant le développement des régions rurales.

Nous sommes par conséquent convaincus que si le Canada veut réaliser les objectifs qu'il s'est fixés à la suite du Sommet de Rome, contribuer à assurer la sécurité alimentaire et à réduire la pauvreté, et ce, tout en protégeant l'environnement, il devra apporter un soutien accru au développement rural par l'entremise de son programme d'aide publique au développement et promouvoir une intensification du genre d'efforts de recherche agricole internationale sans lesquels la dernière transformation n'aurait pas été possible. Les pays en développement ont un besoin pressant de cette aide, dont le Canada ne pourra d'ailleurs que tirer lui-même profit.

Je m'arrête ici, et j'invite M. McCalla à vous dire quelques mots.

Le coprésident (M. Joe McGuire): Monsieur McCalla.

M. Alex F. McCalla (directeur, Développement rural, Banque mondiale): Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis très heureux de comparaître devant vous, ici, dans cet édifice. J'y retrouve quelque chose de mon passé et de mes racines.

Il n'y a pas grand-chose à ajouter à ce qu'a dit M. Serageldin à propos de l'importance capitale que revêt le développement des régions rurales pour assurer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté à l'échelle mondiale. Nous oublions parfois que 70 p. 100 des pauvres du monde entier vivent encore en région rurale et que la majorité de ces 70 p. 100 tirent une partie ou l'entier de leurs revenus de l'agriculture. Les solutions aux problèmes de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire dans les pays en développement sont donc essentiellement tributaires de l'amélioration de la productivité et de la rentabilité de l'agriculture. Or, la recherche agricole est au centre de cette mission.

• 0910

Ismail me semble avoir mis quelque peu en sourdine le rôle primordial qu'il joue à titre de président du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, un réseau de 16 instituts de recherche agricole implantés dans différentes régions du monde, auquel le Canada a toujours apporté un soutien financier substantiel et stable, quoique de moins en moins considérable ces dernières années, tout particulièrement pour des travaux de recherche sur les cultures vivrières, si importantes pour l'amélioration du sort des pauvres des pays en développement.

Je crois également que nous oublions parfois que la recherche et les activités de développement dont nous faisons profiter les populations des pays en développement nous rapportent également.

Un pays commerçant comme le Canada profite non seulement des retombées directes de ses investissements dans certaines activités de recherche comme celles que mène sur le blé le CIMMYT, le Centre international d'amélioration du maïs et du blé, au Mexique, mais il en tire également des avantages indirects.

D'après les renseignements et les données que compile le Foreign Agricultural Service des États-Unis et dont j'ai pris connaissance, il ressort clairement que les pays qui ont investi judicieusement et utilement en agriculture dès les premiers stades de leur développement sont devenus d'excellents partenaires commerciaux une fois qu'ils ont commencé à s'enrichir.

On n'a qu'à s'arrêter un peu au rôle qu'ont joué les exportations de produits agricoles vers des pays comme le Japon, la Corée, Taiwan, et maintenant l'Indonésie, pourvu qu'on l'aide un peu, pour se rendre compte que les pays qui ont attaché tôt une grande importance à l'amélioration de leurs méthodes de production agricole finissent par se révéler, dans le contexte du développement global et de la mondialisation des marchés, de très bons clients pour des pays comme le Canada.

Au-delà de ces considérations, je crois que le Canada a manifestement, sur le plan de sa politique étrangère, traditionnellement joué un rôle prépondérant en matière de développement global, de réduction de la pauvreté et d'amélioration de la stabilité de l'économie mondiale.

D'ailleurs, je tiens simplement à vous rappeler, monsieur le président, que notre engagement—aussi bien le nôtre à la Banque mondiale que le vôtre comme pays—à améliorer le sort de ceux qui sont moins favorisés que nous peut également comporter pour nous des avantages très substantiels, à la fois directement, grâce à la recherche, et indirectement, grâce à l'expansion du commerce international et à la réalisation d'autres activités, ce qui revient à dire que nous devrions attacher beaucoup plus d'importance à la question du développement rural qu'on ne l'a fait au cours de la dernière décennie, où, comme l'a constaté la Banque et comme l'a signalé Ismail, l'on s'en est de plus en plus désintéressé.

Nous avons résolument entrepris, avec l'appui indéfectible de notre président, M. Wolfensohn, de mettre en oeuvre une stratégie de développement rural qui devrait nous amener à redoubler d'intérêt et d'effort dans ce domaine. Nous vous invitons d'ailleurs à vous joindre à nous pour relever ce défi.

Merci.

Le coprésident (M. Joe McGuire): Merci beaucoup, monsieur McCalla.

J'aimerais souhaiter la bienvenue au président du Comité des affaires étrangères, M. Bill Graham.

Comme vous le savez, la séance que nous tenons ce matin est une séance conjointe. Pour plus d'efficacité, étant donné que nous ne disposons que d'une heure, il serait souhaitable que chacun de nous ne prenne que cinq minutes, pose directement sa question en essayant d'éviter les longues déclarations et les grands discours. Tout ce que nous vous demandons, c'est de vous en tenir à des questions et à des réponses directes.

Monsieur Mills, voudriez-vous commencer, s'il vous plaît.

M. Bob Mills (Red Deer, Réf.): J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos deux invités. J'ai préparé à votre intention plusieurs questions qui entrent dans votre champ de compétence.

Nous constatons que la Chine a amorcé un virage spectaculaire. Les Chinois affirment que d'ici deux à cinq ans leur pays comptera 500 millions de consommateurs de plus, dont beaucoup quitteront les régions rurales pour aller vivre en milieu urbain. Je me demande comment le monde pourra nourrir un aussi grand nombre de nouveaux consommateurs.

Deuxièmement, dans le cas d'une culture comme celle du canola, par exemple, qui m'est personnellement familière, nous sommes parvenus, par manipulation génétique, à atteindre dans notre région une production de 60 boisseaux à l'acre, alors que cette production n'était que de 30 boisseaux à l'acre il y a cinq ans. Je me demande si les pays du tiers monde ont accès aux innovations du génie génétique, s'ils sont aussi en mesure que nous d'accroître ainsi leur production.

Ma troisième et dernière question n'est peut-être pas de votre domaine de compétence, mais il se peut que vous puissiez quand même m'éclairer un peu sur ce sujet. En 1994, la Banque mondiale a déclaré qu'on devrait privatiser, par exemple, les régimes publics de retraite, sur lesquels comptent les populations, notamment les pauvres. Je me demande quelles suites la Banque mondiale a données à cette déclaration, et comment les choses s'annoncent à cet égard, si jamais vous le savez.

Merci.

• 0915

M. Alex McCalla: Merci beaucoup. Je vais d'abord formuler des observations à propos de vos deux premières questions. Je laisse toujours à mon vice-président le soin de répondre aux questions touchant la privatisation des régimes de retraite.

La Chine présente un problème de toute première importance du fait qu'elle compte 1,2 milliard d'habitants, soit le quart de la population mondiale. Mais c'est également un pays qui, s'il change, sera en position d'interface en regard des marchés internationaux, ce qui pourrait avoir d'importantes conséquences sur le plan international. Voilà pourquoi notre organisme se préoccupe de la Chine comme membre, mais aussi parce qu'il se demande si ce pays a suffisamment investi dans la recherche agricole à long terme pour pouvoir continuer d'accroître sa production de denrées alimentaires de manière à être en mesure de nourrir une population en constante, bien que lente, augmentation, dont le niveau de revenu monte progressivement. D'ailleurs, comme vous le savez sans doute, cette question a fait l'objet d'un important débat dans les milieux internationaux ces dernières années.

Au départ, on s'était dit qu'étant donné que la Chine avait une grande capacité de production, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter à cet égard. Mais maintenant qu'on a effectué des analyses et examiné la question plus en profondeur, je crois qu'on prend davantage au sérieux le problème de la sécurité alimentaire à long terme de la Chine.

Nous avons mis en oeuvre un programme visant spécialement à aider la Chine à élaborer une stratégie à long terme de production de denrées alimentaires. Je crois que la preuve est faite que la Chine possède une bonne armada de scientifiques et de grandes possibilités d'accroître sa production. Il ne me fait aucun doute qu'elle deviendra au cours des 20 ou 25 prochaines années un partenaire commercial de plus en plus important sur les marchés internationaux. Voilà pourquoi, à mon sens, la question de la Chine revêt un intérêt non seulement national, mais mondial.

La deuxième question que vous soulevez est d'importance capitale. Je vais entreprendre d'y répondre, puis je vais laisser M. Serageldin ajouter ses observations aux miennes.

Votre question porte sur le potentiel de conversion des théories de la biologie moléculaire en biotechnologie. Les techniques dont vous nous avez parlé à propos du canola devront être mises à la disposition des pays en développement pour leur permettre d'accroître leur capacité de production de denrées qui revêtent pour eux une grande importance. Je crois qu'il s'agit là d'un enjeu majeur, mais dont on n'est pas encore en mesure de prévoir clairement l'évolution future, car, comme vous le savez sans doute, la recherche sur la mise au point des techniques biotechnologiques relève largement du secteur privé et est assujettie aux droits de propriété intellectuelle exclusive.

La question qui se pose est donc de savoir comment appliquer à l'igname et à la patate douce, au manioc et aux haricots, les techniques qui ont déjà fait leurs preuves dans le cas du maïs, du blé ou du riz. Je crois que c'est une question qui demeure centrale dans les délibérations du GCRAI. Je vais donc laisser Ismail vous dire ce qu'il en pense.

M. Ismail Serageldin: Merci.

La question clé, comme l'a souligné Alex McCalla, est vraiment liée à la nature de la science qu'on est à mettre au point dans ce domaine, au fait que, pour la première fois, un procédé scientifique est assujetti à des droits de propriété intellectuelle exclusive. Autrement dit, on est pour la première fois en présence de brevets portant à la fois sur un produit et sur un procédé. Auparavant, nous pouvions appliquer un procédé à différentes cultures et conditions qui pouvaient toucher les pauvres du monde entier, et protéger l'environnement dans les régions concernées. Aujourd'hui, c'est moins sûr. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles nous espérons vivement que le Canada se joindra à la Banque mondiale et aux autres pays membres du GCRAI, le réseau international de recherche en agriculture, pour s'attaquer à cette question et s'assurer que le système de libre accès à la technologie, qui a bien fonctionné dans le passé, soit maintenu au profit des pauvres du monde entier.

Cette question doit être examinée dans sa juste perspective. Certains de mes amis du secteur privé m'ont dit: «Qu'y a-t-il de mal à cela? Voyez ce qui se fait dans le domaine de l'informatique et des ordinateurs. Tout y est breveté, et chacun y trouve son compte. Les pays en développement peuvent toujours utiliser des ordinateurs qui datent de trois ou cinq ans.» Ce à quoi je réponds qu'il y a lieu de craindre que tout cela ne mène à une situation comme celle qu'on observe dans le domaine pharmaceutique, où, malgré les milliards de dollars qu'on y consacre à la recherche, il ne se fait presque aucune recherche sur la malaria même si cette maladie touche de 200 à 400 millions d'êtres humains, en débilite quelque 20 millions et en tue de un à 2 millions chaque année. L'OMS en a même été réduite à quémander 5 millions de dollars pour la recherche d'un vaccin contre cette maladie.

Le problème, c'est que ces gens ne présentent aucun intérêt pour le secteur privé et que ce genre de recherche vise le bien-être de la population en général. C'est pourquoi, à partir de cet exemple, on peut affirmer que l'application de ces techniques dépendra de l'intervention d'une instance internationale à laquelle, nous l'espérons, le Canada participera.

Le coprésident (M. Joe McGuire): Monsieur Sauvageau, aimeriez-vous maintenant prendre la parole?

[Français]

M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ): Bonjour, messieurs. Je suis très heureux de vous rencontrer ce matin.

Puisque nous n'avons que cinq minutes, je n'aurai que trois courtes questions. Je ne suis pas expert en agriculture comme ma collègue, Mme Alarie, qui va poursuivre au niveau des questions agricoles, mais j'ai lu un ouvrage dont vous avez sûrement entendu parler, La fin du travail, et j'aimerais savoir si vous pouvez nous donner votre avis.

Dans un premier temps, on parle de trois pays, les Comores, Madagascar et l'île de la Réunion en ce qui concerne la fabrication, la culture et l'exportation de gousses de vanille. On dit qu'actuellement, le prix de la vanille sur le marché international atteint environ 2 600 $ le kilo et que cela fournit une grande partie de leur PNB.

• 0920

Mais il faut savoir qu'aux États-Unis, une multinationale peut manipuler génétiquement cette production et produire de la vanille à 55 $ le kilo de gousses, ce qui pourrait faire perdre des emplois à environ 100 000 personnes dans ces trois petits pays. C'est un exemple des différentes manipulations génétiques qu'on peut effectuer partout dans le monde. J'aimerais tout d'abord avoir votre opinion là-dessus.

Dans un deuxième temps, toujours au niveau d'un monde sans paysans ou de la problématique au niveau de l'agriculture, on parle d'un programme ou d'un robot qu'on appelle le romper qui pourrait, sans l'aide d'aucune main-d'oeuvre humaine, cueillir, cultiver et transplanter tous les fruits à tête ronde, melon, citrouille, chou ou laitue. On parle encore là d'une perte d'emplois pour peut-être 100 000 Palestiniens. Quand cela sera établi un peu partout dans le monde, il y aura encore plus de personnes qui risqueront de perdre leur emploi.

Vous parliez tout à l'heure, monsieur McCalla, de l'utilisation d'ordinateurs ou de produits informatiques, de programmes au niveau de l'agriculture.

On dit aujourd'hui que selon les statistiques, il y aurait entre 15 et 20 p. 100 des producteurs agricoles qui utiliseraient les ordinateurs ou d'autres programmes informatiques. On prédit que, dans 20 ans, le nombre d'utilisateurs triplera, ce qui fera diminuer la main-d'oeuvre humaine dans la production agricole. Devant toutes ces données qui sont très effrayantes pour l'avenir, pourriez-vous nous commenter ces grandes poussées technologiques pour le futur?

M. Ismail Serageldin: La question de la transformation de la vanille est bien connue. La question n'est pas de savoir comment protéger la production de la vanille à Madagascar, mais plutôt de savoir comment transformer l'agriculture de Madagascar de telle manière que le revenu des planteurs à Madagascar s'améliore et qu'ils aient plus d'occasions de poursuivre cette production.

La question de la robotique sera limitée aux pays les plus développés et je ne pense pas qu'elle ait un impact important sur les situations au Bangladesh, en Afrique ou en Asie du Sud-Est. Finalement, l'utilisation de l'informatique sera, pendant une longue période encore, limitée aux producteurs des pays avancés, mais nous pensons toutefois que la transformation technologique peut être mise à la disposition des plus pauvres si elle est adéquate et bien adaptée. C'est là que le Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale joue un rôle important.

M. Benoît Sauvageau: Je vous remercie. Si j'ai un deuxième tour, je reviendrai.

[Traduction]

Le coprésident (M. Joe McGuire): Monsieur Harvard.

[Français]

M. Benoît Sauvageau: Ce n'est pas aussi alarmiste que ce qu'on retrouve là-dedans. Merci beaucoup.

[Traduction]

M. John Harvard (Charleswood—Assiniboine, Lib.): Merci, monsieur le président.

Je crois que je vais d'abord poser mes deux premières questions—j'espère avoir du temps pour une troisième—à vous, monsieur McCalla, puisque vous êtes citoyen canadien et que vous pouvez peut-être nous donner une idée de la façon dont vous percevez les politiques de votre propre pays concernant ces questions importantes dont vous nous parlez ce matin.

Premièrement, estimez-vous que notre pays devrait accroître le budget qu'il consacre à l'aide extérieure, au moyen de programmes comme ceux de l'ACDI, par exemple?

Deuxièmement, monsieur McCalla, vous avez tous deux souligné l'importance de la recherche et du rôle prépondérant que devrait jouer le Canada à cet égard. Croyez-vous que notre pays déploie suffisamment d'efforts dans le domaine de la recherche? On constate qu'en cette matière, nous privilégions de plus en plus les partenariats avec l'industrie privée et les universités. Croyez-vous que ce soit là une orientation souhaitable?

S'il me reste du temps, j'aurai une troisième question, pour M. Serageldin cette fois.

M. Alex McCalla: Je puis, sans aucune hésitation, répondre oui à votre première question, car, si je ne m'abuse, le Canada a, au cours de la dernière décennie, réduit progressivement son aide extérieure en général, notamment dans les secteurs de l'agriculture et du développement rural.

• 0925

Je crois personnellement que le défi que nous avons à relever est énorme, tant sur le plan scientifique que sur ceux du développement et de la sécurité alimentaire mondiale, et qu'il faudra—et je touche ici à votre question sur le partenariat—obtenir la participation et la collaboration de tous pour s'attaquer à ce problème d'importance primordiale.

Sur le plan de la recherche, je dois dire que le Canada a accompli beaucoup de choses. Il a toujours joué un rôle très important au sein du GCRAI, tant en y contribuant financièrement qu'en mettant à son service des Canadiens, scientifiques ou autres, qui y ont exercé une influence déterminante. Je dois toutefois ajouter que le Canada a réduit considérablement sa contribution financière au GCRAI, puisqu'il est passé du troisième au septième rang, je crois, parmi les pays donateurs. Je n'hésite pas à affirmer qu'il serait souhaitable que le Canada montre la voie à d'autres pays en faisant profiter le GCRAI de ressources supplémentaires et d'une participation accrue d'institutions et de personnalités canadiennes.

M. John Harvard: Ma dernière question s'adresse à M. Serageldin. Vous nous avez parlé de la nécessité d'accroître la production de denrées alimentaires à l'échelle mondiale. Vous avez souligné l'importance du développement rural. À l'époque où nous vivons, celle de la mondialisation, nous assistons à la libéralisation des échanges et à l'ouverture des marchés. Croyez-vous que cette évolution va dans le bon sens—que la mondialisation des marchés ne pourra que contribuer à résoudre certains des problèmes majeurs dont vous nous avez parlé?

M. Ismail Serageldin: La réponse est tout simplement oui. Je crois sincèrement que l'ouverture des marchés sera à l'avantage de tous. Nous n'avons pas là l'un de ces cas où certains gagnent et d'autres perdent. Avec ce système, tout le monde pourra y trouver son compte.

Aucun pays au monde n'a atteint l'autosuffisance complète en matière d'approvisionnement alimentaire—ni les États-Unis, ni le Canada, ni personne. Mais pour réaliser la sécurité alimentaire, nous devrons quand même accroître substantiellement la production, à la fois pour augmenter les revenus des consommateurs, réduire les pressions exercées sur l'environnement, atténuer la pauvreté et améliorer localement la sécurité alimentaire et la disponibilité des vivres.

M. John Harvard: Et maintenir le prix des aliments bas? Vous avez affirmé que le prix des aliments devait être bas.

M. Ismail Serageldin: Oui. Je crois que cette évolution va contribuer à maintenir le prix des aliments bas, car n'oublions pas que ce n'est que dans une proportion de 10 à 12 p. 100 que la production totale de vivres fait l'objet d'une commercialisation, autrement dit qu'environ 90 p. 100 des denrées alimentaires mondiales sont produites et consommées localement. Par conséquent, en réduisant le prix des aliments, on allège considérablement le fardeau de quelque 90 p. 100 des consommateurs d'un pays donné. Ces proportions varient d'un pays à l'autre, mais, dans l'ensemble, ce sont là les ordres de grandeur.

M. John Harvard: Merci.

Le président: Monsieur Hoeppner, puis M. McCormick.

M. Jake E. Hoeppner (Portage—Lisgar, Réf.): Merci, monsieur le président.

Bienvenue, messieurs.

D'après les rapports ou les statistiques de la Banque mondiale, le Canada est passé, depuis 1990, du troisième au douzième rang en ce qui a trait au revenu par habitant. Pouvez-vous nous expliquer ce qui a bien pu se produire? Je suis par ailleurs quelque peu surpris de vous entendre dire que le libre-échange sera avantageux et que le prix des denrées alimentaires doit baisser.

Au Manitoba, les bénéfices moyens des agriculteurs avant amortissement s'élevaient à 8 400 $ en 1996. Le coût des intrants y a grimpé à un point tel que personne ne peut plus survivre en agriculture.

Comment allons-nous pouvoir contrôler le coût des intrants? Car il semble être fixé de façon monopolistique dans le contexte de libre-échange que vous préconisez. On assiste actuellement à cet égard à un important débat concernant la Commission canadienne du blé—à savoir que si ce n'était de la libre entreprise dans certains secteurs céréaliers, comme celui du canola, nous crèverions tous de faim et serions tous dépendants de l'aide sociale. Quel contrôle allez-vous exercer pour maintenir à un bas niveau le prix des aliments et à un niveau élevé le coût des intrants, tout en permettant aux agriculteurs de subsister? Car je suis d'accord avec vous, quand l'agriculture est malade dans un pays, c'est tout le pays qui est malade.

M. Alex McCalla: Permettez-moi d'abord de répondre à cette dernière question. Je n'aborderai pas la question de la chute du revenu par habitant au Canada, car je n'en connais pas la réponse. Peut-être Ismail en sait-il quelque chose?

L'argument qui milite en faveur d'une libéralisation des marchés internationaux, à ce qu'il me semble, repose sur la présomption que la libéralisation permet à la fois d'importer des denrées alimentaires à un prix raisonnable et d'exporter plus facilement.

Je crois qu'en réalité si on examine la question des prix sur les marchés internationaux, un des facteurs qui expliquent qu'aux yeux des exportateurs canadiens ces prix ont été maintenus bas, c'est qu'on est intervenu sur ces marchés, et non pas en raison du libre-échange. On est intervenu au nom de pays comme les États-Unis ou encore de pays ou d'entités comme l'Union européenne, qui, en consentant des subventions sur le prix des aliments produits localement, ont contribué à faire baisser les prix sur les marchés internationaux. En libéralisant les échanges, on préviendra de telles interventions, ce qui devrait amener un alignement des prix sur les coûts de production.

• 0930

Je sais bien qu'il peut sembler quelque peu anormal de dire que nous voulons à la fois que les prix soient bas et qu'on produise davantage de denrées agricoles, mais, à mon sens, ce qu'il y a de merveilleux dans la technologie agricole, c'est qu'elle permet, sur le plan de la production, une plus grande efficacité par unité d'intrant. Si on parvient à le faire partout, on peut produire à meilleur coût et, partant, offrir aux consommateurs des produits à meilleur compte. En ce sens, il est donc très important de lier les questions de technologie, d'efficacité et de bas prix tout en assurant aux agriculteurs un profit raisonnable et en faisant le bonheur des consommateurs.

Je n'aborderai pas la question de la Commission canadienne du blé, d'accord?

M. Larry McCormick (Hastings—Frontenac—Lennox and Addington, Lib.): Merci, messieurs, de votre présence parmi nous.

En m'entretenant avec des gens de diverses régions du Canada, avec des gens du grand public, devrais-je dire, j'ai constaté qu'à peu près personne n'avait entendu parler de la famine qui sévit en Corée du Nord et du fait que près d'un million de personnes y sont mortes de faim l'an dernier. D'aucuns prétendent que si nous n'en avons pas beaucoup entendu parler, c'est qu'il s'agit d'un pays communiste.

Compte tenu par ailleurs de l'épidémie de grippe asiatique qui touche une partie de cette région, je me demande si vous croyez que cette situation aura une influence sur les investissements de sociétés internationales en Asie. Le cas échéant, croyez-vous que cette modification de leur politique d'investissement, même s'il s'agit de problèmes à court terme...? Car la grippe asiatique compliquera considérablement la reprise dans ces pays qui ont déjà un problème d'approvisionnement alimentaire.

L'autre chose dont j'aimerais que vous nous parliez, c'est du nombre de jours de réserves alimentaires dont dispose l'humanité. Il a toujours été alarmant de constater que nous avions des réserves pour un si petit nombre de jours. Nous avons l'hémisphère nord et l'hémisphère sud, et voilà tout. Maintenant nous avons l'El Ni«o, et nous jetons tout le blâme sur ce petit enfant.

Auriez-vous des observations à formuler à ce sujet?

M. Ismail Serageldin: Disons d'abord que la famine en Corée du Nord a manifestement quelque chose à voir avec les politiques désastreuses de gestion qu'a adoptées ce pays concernant l'économie en général et l'agriculture en particulier, auxquelles s'ajoutent les mauvaises conditions climatiques—donc avec une combinaison de ces deux facteurs. Il y a d'autres pays qui ont souffert des mêmes conditions climatiques et qui y ont mieux résisté du fait que leurs politiques étaient plus judicieuses.

Les investissements étrangers en Corée du Nord sont de toute façon déjà très limités en raison de la nature du régime. Par conséquent, je ne crois pas que le malheur qui frappe ce pays aura une grande influence sur les investissements du secteur privé dans cette région du monde, pas plus que je ne crois que la grippe asiatique aura un impact majeur sur les décisions des investisseurs. Il est beaucoup plus vraisemblable que leurs décisions soient influencées par les résultats de l'opération de sauvetage qu'effectue le FMI en Indonésie ainsi que par les chances de stabilisation des marchés dans ce pays et dans les autres pays de la région. C'est là notre opinion sur cette question.

Quant à l'El Ni«o, il a une certaine influence, et nous comprenons beaucoup mieux maintenant la façon dont ce phénomène se manifeste. Il occasionne des sécheresses dans certaines régions et des inondations dans d'autres, et un accroissement de l'aide publique devrait nous permettre de mieux prévoir ce phénomène dans l'avenir.

Pour ce qui est des réserves de nourriture, je crois qu'elles ont diminué radicalement, ce qui contribue toujours à faire monter les prix. Nous nous efforçons actuellement de reconstituer ces réserves, depuis le creux que nous avons connu il y a deux ans, mais nous sommes encore loin d'être en mesure de faire face à toute éventualité.

Je crois qu'Alex McCalla connaît mieux que moi les statistiques à cet égard.

M. Alex McCalla: Normalement, les réserves de denrées alimentaires équivalent à environ 20 à 22 p. 100 de la consommation annuelle. Au sommet de la flambée des prix en 1996, ces réserves ont baissé à 14 p. 100. À l'heure actuelle, elles ont remonté à environ 16 ou 16,5 p. 100, et elles ne dépassent pas tellement le niveau des stocks en cours d'acheminement. Elles se limitent tout au plus à la quantité de denrées généralement en transit entre Prince Rupert et Beijing, ou quelque autre destination.

Cette question est donc importante, car les réserves contribuent à la stabilité des prix internationaux. Par ailleurs, je ne suis pas certain que la solution consiste à maintenir d'importants stocks gouvernementaux. C'est donc une question qui n'est vraiment pas facile à trancher.

M. Larry McCormick: Monsieur le président, j'ai une question brève et je ne voudrais pas en faire une attaque à caractère politique contre les États-Unis, le Japon ou quelque autre pays.

Le Canada a apporté une aide passablement importante, notamment sous forme de vivres, à la Corée du Nord, et son ennemi, la Corée du Sud, a fourni pour au-delà de 100 millions de dollars en aliments et autre forme d'aide. Je crois que c'est important, car ce sont des vies humaines qui sont en jeu ici. À quoi pouvons-nous nous attendre à cet égard? Les États-Unis et le Japon s'apprêtent-ils au moins à envoyer des aliments pour venir en aide à ces populations?

• 0935

M. Alex McCalla: Si je ne m'abuse, les États-Unis ont expédié des PL-480 vers la Corée du Nord. Je n'en suis pas tout à fait sûr, mais je crois que c'est le cas.

Le coprésident (M. Joe McGuire): Monsieur Turp.

[Français]

M. Daniel Turp (Beauharnois—Salaberry, BQ): M. McCalla vient de faire allusion au mouvement de libre-échange qui progresse et qui peut avoir un impact sur la sécurité alimentaire. J'aimerais vous poser une question, monsieur McCalla, ainsi qu'à vous, monsieur Serageldin.

À la lumière notamment de l'insistance que M. Chrétien, le premier ministre du Canada, met sur le libre-échange dans les Amériques, quel est ou quel sera l'impact de cette libéralisation sur la sécurité alimentaire et quel rôle peuvent jouer la Banque, la FAO et d'autres organisations internationales dans les négociations concernant l'agriculture dans ce domaine du libre-échange?

M. Ismail Serageldin: Monsieur Turp, je crois que nous sommes convaincus, pour les raisons que M. McCalla vient d'expliquer, que le libre-échange sera très bénéfique à tout le monde, y compris aux pays en voie de développement. Il ne faut pas oublier que certains de ces pays producteurs agricoles sont aujourd'hui exclus d'accès au marché commun européen, où ils auraient des possibilités d'obtenir des contrats d'exportation importants. Ce ne sont pas seulement des exportations des pays du Nord qui iraient vers ces pays-là. Que ce soit pour la banane ou d'autres productions alimentaires, il y a des avantages de tous les côtés.

Deuxièmement, pour ce qui est de la participation de la Banque dans ce domaine, nous nous sommes engagés avec chacun de nos pays membres à expliciter l'expérience internationale pour qu'ils puissent choisir la série de politiques macroéconomiques et sectorielles dont pourraient bénéficier leurs producteurs agricoles et améliorer le niveau de production et de bien-être des populations.

Ces interventions sont faites auprès de chacun de nos pays membres, mais nous ne participons pas directement aux négociations entre les pays membres sur des accords de libre-échange.

M. Daniel Turp: Est-ce que la résistance de certains pays de l'Union européenne et aussi des États-Unis pour libéraliser le commerce des produits agricoles n'est pas bénéfique en ce qui concerne la question de la sécurité alimentaire?

M. Ismail Serageldin: La résistance porte surtout sur la subvention à la production agricole européenne qui joue un rôle important. Elle touche entre 50 et 100 milliards de dollars additionnels sur les consommateurs européens et fait elle-même un surplus de production. Nous ne pensons pas que l'aide alimentaire soit bénéfique à la production agricole dans les pays en voie de développement. Elle est nécessaire pour certaines situations humanitaires, dans certaines périodes, mais ce n'est pas une manière d'aider le développement de ces pays. Il est beaucoup plus utile de renforcer les capacités locales de la production et de permettre aux fermiers de produire eux-mêmes.

[Traduction]

Le coprésident (M. Joe McGuire): Messieurs, il est intéressant de constater que votre organisme contrôle le tiers de l'ensemble de tout le matériel génétique végétal entreposé dans les banques de gènes du monde entier. Si je ne m'abuse, ce matériel provient surtout de pays du tiers monde. Qu'obtiennent ces pays en retour? J'imagine que l'essentiel de la recherche est effectué par les pays industrialisés. Qu'obtiennent les pays du tiers monde en échange du matériel génétique végétal qu'ils vous fournissent?

M. Ismail Serageldin: Comme vous l'avez à juste titre souligné, les banques génomiques du GCRAI sont les plus importantes au monde, mais elles sont également les premières et encore largement les seules à être gardées sous surveillance intergouvernementale. Nous conservons ce matériel en fidéicommis au nom de l'humanité entière—600 000 obtentions.

Vous avez raison de dire que l'essentiel de ce matériel provient des pays en développement, mais, évidemment, le gros de la recherche qu'effectue le GCRAI profite à ces mêmes pays. La révolution verte, cette longue série de résultats qu'a obtenus le GCRAI, a été très avantageuse pour les pays en développement. Nous croyons que les systèmes de libre accès et de libre-échange ont bénéficié à tout le monde.

À ma connaissance, le Canada a d'ailleurs, à lui seul, profité de 4 500 de ces obtentions pour ses propres travaux de recherche au Canada. C'est un système dont nous souhaitons le maintien. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes quelque peu inquiets de l'introduction éventuelle de brevets ou de la notion de propriété intellectuelle exclusive en matière de biotechnologie, car une telle évolution nous obligerait alors à trouver d'autres façons de rendre possible le libre échange de renseignements, de données scientifiques et de matériel génétique. Autrement, nous risquons de voir des barrières s'ériger partout, ce qui ne pourrait être qu'au détriment tant des pays en développement que des pays industrialisés.

• 0940

Le coprésident (M. Joe McGuire): Merci.

Monsieur Calder, puis M. Proctor.

M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.): Merci, monsieur le président.

Sur la page frontispice de votre document sur le développement rural, j'attache beaucoup d'importance à la pièce de casse-tête qui se trouve au bas de l'image et sur laquelle apparaît le mot «formation». Je crois qu'il aurait fallu ajouter le mot «éducation» entre parenthèses au-dessous du mot «formation», car c'est cette pièce qui donne un sens à toutes les autres. Si je dis cela, c'est que j'imagine mal qu'un agriculteur habitué à labourer la terre à l'aide d'un bâton pointu tiré par un boeuf puisse du jour au lendemain et sans formation le faire à l'aide d'un tracteur Ford. Il ne saura que faire de ce tracteur. Mais il faudra absolument en venir là, car si la population mondiale doit atteindre les neuf milliards d'ici l'an 2030, l'agriculture va devoir devenir beaucoup plus intensive.

Nous devons non seulement apprendre aux gens du tiers monde à se nourrir, mais également leur enseigner, entre autres choses, pourquoi on met une graine en terre, pourquoi on laboure le sol de telle ou telle façon, pourquoi il faut tout faire pour prévenir l'érosion. Comment la Banque mondiale va-t-elle participer à ce travail d'information? Il s'agit là d'une question d'importance cruciale.

M. Alex McCalla: Au fil des ans, nos activités d'investissement ont porté dans une large mesure et de diverses manières sur la formation en milieu rural, sur la vulgarisation et sur le développement de compétences. Par l'entremise de notre institut de développement économique, nous participons à la prestation de programmes de formation à l'intention du personnel de nos pays clients. Nous contribuons à de nombreuses activités de vulgarisation, notamment en Afrique, comportant des séances de formation, des visites, etc., et nous continuons à investir dans le développement du potentiel de recherche dans ces pays.

Quant à votre question concernant l'intensification de l'agriculture, je partage entièrement votre opinion à savoir que nous devrons appliquer des méthodes de production agricole qui permettent cette nécessaire intensification. S'il est vrai que nous devrons produire de 80 à 90 p. 100 plus de denrées que maintenant sur la même surface cultivable, en utilisant moins d'eau que nous ne le faisons actuellement, il est clair que nous allons devoir intensifier la production agricole. Mais je pense que notre choix des moyens sera d'une importance proprement cruciale. Compte tenu que de nombreux pays en développement sont déjà aux prises avec un énorme problème de sous-emploi de leur main-d'oeuvre et risquent de voir les pauvres fuir massivement la campagne pour les bidonvilles urbains, je pense que nous devrions chercher des formes d'intensification axées sur une utilisation accrue plutôt que sur l'économie de main-d'oeuvre.

Nous devrions donc nous tourner davantage vers les biotechnologies, modifier nos techniques agronomiques et mieux assurer le déroulement efficace de l'étape des récoltes, sans pour autant recourir à des techniques mécaniques pour remplacer la main-d'oeuvre. À un stade ultérieur du développement, il faudra peut-être en venir là, mais, pour le moment, la Banque tient à s'attaquer au problème du développement rural en mettant l'accent sur l'utilisation intensive de la main-d'oeuvre agricole.

M. Murray Calder: Je suis de votre avis à 100 p. 100. Je crois qu'il est très important que nous nous engagions dans une sorte de programme d'intensification de nos efforts d'éducation dans les pays du tiers monde, car ces pays sont à la fois parties prenantes de la banque alimentaire mondiale et propriétaires d'une partie non négligeable du capital sur lequel la banque alimentaire doit compter—le sol cultivable.

J'illustre souvent mon propos en donnant l'exemple d'une pomme. Si vous prenez une pomme, la coupez en trente-deux tranches, enlevez la pelure d'une de ces tranches, vous avez là les deux meilleures catégories de sol qui servent actuellement à nourrir six milliards d'individus. Or, en l'an 2030, cette même parcelle nourrira neuf milliards d'individus. Nous devons apprendre aux habitants des pays du tiers monde non pas à revenir aux anciennes méthodes, mais à remonter le mouvement, à arrêter l'érosion, et si possible à reconstituer le sol, à l'améliorer et à le remettre en production.

M. Alex McCalla: Je suis tout à fait d'accord avec vous. Je tenais simplement à exprimer quelque réserve concernant votre idée de remplacer les boeufs par des tracteurs Ford.

M. Dick Proctor (Palliser, NPD): J'aimerais revenir sur la question qu'a posée le président au sujet de l'entreposage des graines. Au Canada, nous avons récemment transféré à Saskatoon des graines qui étaient ici à Ottawa—elles appartiennent au gouvernement canadien. Votre organisme a-t-il accès à cet entrepôt de graines?

M. Alex McCalla: Oui, j'en suis sûr.

Ismail.

• 0945

M. Ismail Serageldin: J'ignore tout des détails de cette question.

M. Alex McCalla: S'il s'agit d'un mélange de germes qui appartient à l'État, je suis sûr que nous y avons accès.

M. Dick Proctor: Vous avez mentionné ce matin que le Canada est passé du troisième au septième rang pour ce qui est de son aide financière. D'autres pays ont-ils devancé le Canada, ou bien le Canada est-il descendu plus vite que d'autres au point d'être remplacé par eux? Qu'en est-il?

M. Ismail Serageldin: Oui, d'autres membres ont monté plus vite qu'on ne s'y attendait dans presque tous les milieux. Il est étonnant que la contribution du Canada soit de l'ordre de 12 millions de dollars par année, alors que celle de la Suisse est de 20 millions, et celle du Danemark, de 19,8 millions. Les contributions du Japon et des États-Unis s'élèvent à quelque 40 millions chacun, celle de l'Allemagne, à environ 19 millions, et celle de la Banque mondiale, aux alentours de 45 millions.

Le plus impressionnant, c'est qu'après un examen très fouillé de ces questions, de petits pays comme le Danemark et la Suisse en sont arrivés à la conclusion que le meilleur investissement qu'ils pouvaient faire pour s'attaquer le plus efficacement possible aux problèmes liés à l'environnement, à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté était de contribuer au succès des activités du GCRAI. C'est pourquoi ils consacrent à ce soutien un pourcentage aussi énorme de leurs ressources relativement maigres.

M. Dick Proctor: Votre organisme a-t-il une idée du pourcentage que devrait idéalement représenter la contribution d'un pays par rapport à son PIB? Avez-vous à l'esprit un pourcentage cible que vous espéreriez voir atteint par les pays industrialisés?

M. Ismail Serageldin: Nous n'avons pas établi de pourcentage cible. Un des charmes du mode de fonctionnement du GCRAI, c'est que l'adhésion et la contribution y sont volontaires. On n'y négocie pas la part de chacun. Chaque pays qui souscrit à la vision globale du groupe à propos de ce qui doit être fait verse à sa discrétion une contribution. Toutes les contributions sont acceptées.

Je suis également heureux de vous faire remarquer que certains des pays en développement les plus pauvres versent une contribution de 500 000 $ par an—c'est le cas de l'Ouganda, de la Côte-d'Ivoire, de l'Égypte, de l'Afrique du Sud, du Bangladesh, du Pakistan et de tous les grands pays comme l'Inde, la Chine, etc. La Colombie fournit 2 millions de dollars par an. C'est donc dire que les pays en développement ont manifesté leur satisfaction à l'endroit de ce programme international en faisant eux-mêmes donateurs en plus d'être bénéficiaires. Nous espérons que cette marque de confiance, de même que les taux de rendement qui jouent entre 22 et 191 p. 100 selon les évaluations qui ont été faites concernant les exportations, convaincront le Canada qu'il ne saurait faire meilleur investissement que d'augmenter sa contribution.

Le coprésident (M. Bill Graham): Madame Augustine.

Mme Jean Augustine (Etobicoke—Lakeshore, Lib.): Merci, monsieur le président.

J'aimerais moi aussi souhaiter la bienvenue à nos invités.

Je crois que nous ne devrions pas poursuivre plus avant cette discussion sans aborder la question du rôle des femmes dans la réalisation du programme visant à s'attaquer au problème de la malnutrition de manière à atteindre l'objectif qu'on s'est fixé pour l'an 2015. Je pense également que le plan d'action ou le projet dans lequel se sont engagés la Banque mondiale et le groupe consultatif doit porter d'une façon ou d'une autre sur la question de la propriété des terres et de la place des femmes sur ce chapitre. Pourriez-vous nous dire un mot du rôle des femmes dans ce domaine en général?

M. Ismail Serageldin: Je suis heureux que vous ayez souligné cet aspect de la question. Nous sommes très conscients du fait que, dans certaines régions du monde—en Afrique, par exemple—, les femmes produisent 80 p. 100 de la nourriture et reçoivent pourtant moins de 10 p. 100 des salaires et possèdent moins de 1 p. 100 des terres. Donc, la transformation non seulement de l'agriculture, mais également de la situation générale des habitants des pays en développement, devra passer par l'émancipation et l'affirmation des femmes.

À cet égard, la Banque mondiale est le plus important commanditaire de programmes d'éducation, et surtout le principal moteur des efforts qui sont déployés non seulement pour instruire les femmes, mais aussi pour accroître le nombre de jeunes filles qui s'inscrivent à l'école primaire. Dans des pays comme le Niger et le Mali, seulement une fillette sur quatre fréquente l'école. Il s'agit pourtant de la génération montante, qui sera constituée aux trois quarts d'analphabètes si nous n'y faisons rien. C'est pourquoi la Banque mondiale investit quelque 2 milliards de dollars par an dans le secteur de l'éducation. Cette contribution n'est pas comprise dans les données comptables montrant nos efforts au titre du développement rural—on la retrouve sous la rubrique des programmes d'éducation—, mais elle est au coeur de notre stratégie visant à promouvoir la transformation que nous préconisons.

Le GCRAI est par ailleurs très préoccupé de ce que les cultures vivrières soient généralement l'affaire des femmes. Dans la plupart des ménages, les hommes s'occupent plutôt de ce qu'on appelle les cultures commerciales, de celle du coton, par exemple, laissant aux femmes la production des denrées alimentaires. Donc, à bien des égards, le travail du GCRAI porte directement sur la défense des intérêts des femmes.

• 0950

Je m'occupe personnellement en outre du GCAPD, le Groupe consultatif d'assistance aux plus défavorisés, qui s'efforce, auprès des populations les plus pauvres au monde, d'amener les gens, principalement les femmes, à se lancer dans des activités micro-économiques. Qu'il s'agisse de la Banque Grameen ou d'autres institutions de ce genre, ce que nous essayons de faire, c'est de rendre les services financiers accessibles aux femmes au même titre qu'aux hommes.

Je suis donc ravi que vous ayez soulevé cette question qui, d'ailleurs, ne peut être qu'au coeur même de toute stratégie efficace.

Mme Jean Augustine: Merci, monsieur le président.

Le coprésident (M. Bill Graham): Monsieur Grewal.

M. Gurmant Grewal (Surrey-Centre, Réf.): Merci, monsieur le président, et bienvenue, messieurs.

L'ACDI ayant ces cinq dernières années diminué ses décaissements dans les secteurs de l'agriculture, de l'alimentation et de la nutrition, les Canadiens veulent que l'argent de leurs impôts soit utilisé de manière efficiente et efficace à la poursuite des objectifs de développement durable, de réduction de la pauvreté et de consolidation de la sécurité alimentaire dans le monde.

Selon moi, expédier des bateaux complets de sacs de denrées alimentaires n'est qu'un palliatif. À votre avis, sur quoi devrions-nous mettre la priorité? Devrions-nous, par exemple, revoir nos objectifs et nous lancer dans une révolution verte, promouvoir l'autosuffisance alimentaire et la diversification de la production agricole, introduire de nouvelles variétés de cultures plus appropriées, ou encore faciliter l'accès aux intrants agricoles, comme les fertilisants et les produits chimiques?

Premièrement, ne croyez-vous pas que nous devrions, dans la poursuite de nos objectifs, coordonner davantage nos efforts avec ceux des ONG, par exemple avec ceux de l'organisme PLAN International en Afrique, qui est très actif en matière de développement rural?

Deuxièmement, les pays devraient-ils se fixer individuellement des objectifs réalistes ou réalisables en ce qui concerne leur ratio APD/PIB, au lieu de s'en tenir à un objectif collectif de 0,7 p. 100 qu'ils ne réalisent en pratique qu'au tiers, donnant ainsi un faux espoir aux pays du tiers monde et aux pays en développement?

M. Alex McCalla: Je vais d'abord répondre brièvement à votre première série de questions.

En ce qui concerne l'aide alimentaire, je crois que notre position est très claire: l'aide alimentaire ne devrait être accordée que comme aide de dernier recours, car elle n'est pas un moteur de développement très efficace, en ce sens qu'elle n'incite pas ceux qu'elle nourrit à travailler et que la façon dont elle est généralement distribuée entraîne forcément une baisse du prix des produits intérieurs, ce qui ne peut que compromettre notre objectif de stimulation de la production nationale.

Nous devrions, selon nous, avoir comme objectif général de faire en sorte d'amener les agriculteurs et les membres des collectivités rurales à accroître leurs revenus, peu importe qu'ils y parviennent en rendant leurs cultures vivrières plus productives ou en exportant davantage de denrées agricoles.

Je ne crois pas qu'il soit réaliste de prôner l'autosuffisance, car je ne connais aucun pays au monde qui soit autosuffisant, et je ne crois pas que nous devrions encourager les pays en développement à essayer de le devenir. Nous devrions plutôt les inciter à se concentrer sur les cultures où ils sont le mieux en mesure d'exceller, et ce, sans que leurs intrants soient nécessairement subventionnés.

Je crois que la tâche qui nous attend en matière de développement rural à l'échelle planétaire est si colossale et si complexe qu'elle doit se faire en partenariat avec tous les intéressés, et, plus particulièrement, en interaction avec les ONG, qui sont souvent beaucoup mieux placées que nous pour s'occuper de développement rural en collaboration avec les collectivités concernées.

M. Gurmant Grewal: Quel est votre avis sur la question du ratio APD/PIB?

M. Ismail Serageldin: J'ose espérer, monsieur, que nous pourrons assister à un renversement de la tendance actuelle, où les niveaux d'APD baissent constamment dans les pays de l'OCDE. Les objectifs qu'avait fixés notre groupe avaient pourtant été adoptés par tous les pays membres de l'OCDE, mais pour les atteindre, on devra consentir de plus grands efforts.

Plusieurs pays, dont les Pays-Bas, la Suède, la Norvège et le Danemark, ont réussi, malgré leurs difficultés financières, à maintenir ce ratio de 0,7 p. 100 dont vous faites état et qui a plusieurs fois été adopté par diverses organisations internationales. En dernier ressort, c'est toutefois à chacun des États souverains qu'il revient d'en décider pour lui-même, mais, tout compte fait, je crois que la contribution des pays de l'OCDE devra se traduire non seulement par des mesures de soutien au commerce, mais aussi par une aide proprement dite accrue, et, dans certains cas, par une aide mieux ciblée.

En dernière analyse, ce n'est pas seulement l'importance des montants d'argent qui compte, mais aussi la façon dont ils sont utilisés. J'espère d'ailleurs que le genre d'examen que nous faisons aujourd'hui à propos des orientations de l'aide, des rendements élevés que peut rapporter la recherche agricole à l'échelle internationale et de l'à-propos de privilégier certaines activités fort rentables vous amènera à faire des choix permettant à un pays comme le vôtre de tirer le maximum de profit de son investissement.

Le coprésident (M. Bill Graham): Merci.

Il ne nous reste que cinq minutes. Il y a encore M. Bonwick et Mme Alarie qui voudraient prendre la parole. Je vous demanderais donc d'être le plus brefs possible.

M. Paul Bonwick (Simcoe—Grey, Lib.): Promis.

Merci, messieurs.

• 0955

La disponibilité des capitaux semble être un facteur clé en matière de développement et, comme M. Calder l'a signalé, pour vous permettre d'enseigner aux gens du tiers monde comment tirer profit de la R-D. Vous avez donné quelques exemples de la position qu'occupe le Canada dans tout cela et signalé que nous sommes passés du troisième au septième rang en ce qui a trait à notre contribution. Vous avez cité aussi en exemple d'autres pays qui ont accru leurs investissements. Comment le Canada se compare-t-il aux autres pays en ce qui concerne son ratio d'APD/PIB? Vous avez parlé de 12 millions de dollars, contre 20 millions dans le cas de l'Allemagne, par exemple. Mais en effectuant ce genre de comparaison, le pourcentage d'aide par rapport au PIB doit présenter de l'intérêt, non?

Je me demande par ailleurs si, dans le cadre d'un accord multilatéral quelconque, on ne pourrait pas établir la quote-part de chacun des pays membres en fonction de sa richesse relative, qu'il s'agisse du Canada, de l'Allemagne ou des États-Unis, par exemple?

M. Ismail Serageldin: Ce qu'il y a de merveilleux dans le cas du GCRAI, c'est que c'est une association tout à fait volontaire qui ne comporte aucune entente ni quote-part. Chacun y apporte ce qu'il veut et tous les partenaires y partagent le même souhait de maximiser les résultats.

Pour ce qui est de la proportion d'aide par rapport au PIB, je pense que le ratio de la Suisse et celui du Danemark sont de beaucoup supérieurs à celui du Canada. En revanche, celui de l'Allemagne est probablement plus faible.

M. Paul Bonwick: Évidemment, toute entente multilatérale étant volontaire... De toute façon, c'est librement que les partenaires sont invités à apposer leur signature sur la ligne pointillée avant qu'on établisse de quel ordre sera la quote-part de chacun. C'est simplement une idée qui m'est venue à l'esprit.

M. Ismail Serageldin: C'est juste.

Le coprésident (M. Bill Graham): Merci.

Madame.

[Français]

Mme Hélène Alarie (Louis-Hébert, BQ): Ma question porte sur la sécurité alimentaire. Il y a eu le Sommet de Québec en 1995 et celui de Rome en 1996, où on s'est engagé à réduire considérablement le nombre de personnes sous-alimentées. Parallèlement à cela, je lis que l'ACDI diminue d'année en année sa contribution à ces mêmes personnes. J'ai donc quelques petites questions parce que je commence à être un peu découragée après tant d'années. Est-ce qu'il y a un manque de volonté ou d'intérêt? Est-ce qu'il y a un défaut de cible? Est-ce qu'on ne cible pas la bonne chose? Est-ce que les mesures d'aide sont inappropriées depuis des années?

Ma dernière question serait de savoir si vous avez un rapport qui suggère d'intégrer complètement les activités de développement agricole aux priorités de programmation. Est-ce qu'on a fait des erreurs?

M. Ismail Serageldin: Nous sommes aussi coupables, à la Banque mondiale, que l'ACDI d'une réduction des investissements dans le secteur agricole et le développement rural, et nous pensons que ceci a été le résultat du fait que, dans beaucoup de pays, les décideurs, que ce soit dans les pays donateurs ou les pays récipiendaires, ne mettaient pas suffisamment l'accent sur l'agriculture et le développement rural. Donc, nous voici avec vous ici en train d'animer un débat pour essayer de renverser cette direction.

Mous pensons avoir maintenant les bonnes solutions. Nous espérons que le Canada se joindra à nous et augmentera son financement.

Le coprésident (M. Bill Graham): Il est 10 heures et il faut que nous terminions cette réunion. Je regrette beaucoup, mais il y a un autre groupe qui arrive.

Je me réjouis que nous ayons pu tenir cette fois-ci une séance conjointe avec nos collègues du Comité de l'agriculture.

Monsieur Serageldin, je crois que c'est la troisième fois que vous venez devant notre comité, et j'espère vous revoir la prochaine fois.

[Traduction]

Le Comité des affaires étrangères suspend ses travaux jusqu'à 10 heures. Quant aux membres du Comité de l'agriculture, ils peuvent retourner vaquer à leurs occupations.